Une bouteille à l'amour (nouvelle, partie 1/4)

Notes de l’auteur : cette nouvelle comporte des scènes susceptibles de choquer. Nous avons tenté d’en repérer les principales thématiques sensibles ci-dessous. Attention : la liste suivante peut bien entendu divulguer certaines surprises contenues dans l'intrigue.

Thèmes sensibles : fluides corporels (allusions), gros mots (insultes), sexe (allusions), violences physiques et psychologiques.

La sirène ne bougeait pas.

Elle fixait Hyacinthe de ses yeux orangés et vitreux, prête à bondir sur lui. Lui et sa jument s’étaient retrouvés face à elle par hasard, sur la plage de Virgade… Cependant qu’Hildegarde tractait sa charrette, guidée d’une lanière, il avait repéré d’étranges bruissements dans un dépôt d’algues brunes.

« Un phoque, s’était-il dit tout en s’approchant. La marée l’aura fait s’échouer jusqu’ici. »

Il ne s’était méfié que trop tard. Ce ne fut qu’en remarquant le torse dénudé et humide que Hyacinthe Aubrin-Sceau se rendit compte de son erreur.

L’étrange créature, à moitié enfouie sous cet amas de varech odorant, les avait aperçus la première. Elle s’était immobilisée sans un bruit, comme pour faire la morte. Hyacinthe trembla face à cette poitrine, dans un mélange de honte adolescente et d’effroi. Le bas du corps, dissimulé par la végétation, demeurait invisible ; mais celui-ci se terminait supposément par une queue de poisson… Ces écailles brillantes que Hyacinthe remarquait désormais sur la peau grisâtre ne laissaient guère de doute.

Ils se dévisagèrent ainsi pendant une éternité. Lui, les bras ballants, qui n’osait pas même avaler sa salive ; et ce monstre, appuyé de ses coudes contre la grève. Ni l’un ni l’autre n’osait remuer un sourcil. Au loin, la mer s’illuminait. Ses mouettes gouailleuses couvraient le ressac de leurs piaillements ; Hildegarde, indifférente, reniflait.

Cette surprise passée, Hyacinthe comprit trois choses. Premièrement qu’il ne pouvait utiliser ce terme de « monstre », puisqu’il se déclinait au masculin : ce qu’il avait en face de lui était une femme, à n’en pas douter. Deuxièmement, que c’était en réalité la sirène qui se trouvait dans une situation de vulnérabilité : coincée sous le poids de ce banc d’algues, elle avait tenté à grand-peine de s’en échapper à tâtons. Et troisièmement, qu’elle devait le trouver bien stupide, à la zieuter ainsi… Comptait-il l’égorger, oui ou non ?

« Bonjour, lança-t-il au débotté. Vous allez bien ? Je m’appelle… »

Il s’était rattrapé juste à temps ; gare, il ne fallait jamais donner son nom à une créature féérique… C’était un coup à se retrouver envoûté, esclave des Royaumes Incertains. Sa tante, la grandissime Véronique Sceau, l’avait bien mis en garde sur ce point.

« Je suis le neveu d’une sorcière, reprit-il avec un peu d’embarras. On respecte vos semblables, par ici. Vous n’avez rien à craindre de moi. Et vous, vous êtes… »

Pour toute réponse, la sirène lui renvoya un feulement. Ses dents effilées reflétaient la lumière du soleil levant qui, de son point de vue, surgissait probablement entre les épaules de Hyacinthe. Celui-ci se maudit à nouveau ; non, il ne pouvait quand même pas lui demander comment elle s’appelait ! D’abord parce que c’était hypocrite de sa part ; ensuite et surtout car connaître le véritable nom d’un démon revenait pour un humain à le conjurer, à s’en assurer la soumission et la possession. Les lois de la magie allaient dans les deux sens.

Les mains palmées de cette nymphe des eaux se crispèrent sur du sable. À tout le moins, Hyacinthe l’avait suffisamment rassurée pour la convaincre de se mouvoir à nouveau… Mais elle ne parvenait à trouver de meilleure prise. Lorsqu’il avait croisé son regard, Hyacinthe l’avait cru fixe et colérique. En fait, les yeux de son interlocutrice n’avaient tout simplement pas de paupières… comme tous les poissons, d’ailleurs.

Des cris, au loin, arrachèrent Hyacinthe à ses observations ; ce n’étaient pas des mouettes, cette fois-ci, mais des hommes. Il jeta un coup d’œil derrière lui : d’autres paysans arrivaient avec leurs montures, leurs attelages, leurs grosses voix. Eux aussi étaient venus ramasser le goëmon accumulé durant la nuit, pour le revendre aux hauts-fourneaux des verreries… À Virgade, c’était une manière d’arrondir les fins de mois. Surtout lors de la morte-saison.

« Il faut vous cacher », décida aussitôt Hyacinthe.

Par chance, ces paysans commencèrent leur ouvrage par les mottes d’algues les plus éloignées de la côte. Il eut donc tout le temps de remplir sa charrette d’une belle cargaison odorante. La pluie hésitait encore à tomber tout à fait ; ses gouttelettes claires se mêlaient au sel des embruns sur le front de Hyacinthe, ainsi qu’à celui de sa sueur. Son corps et la pelle ne faisaient qu’un. Lorsqu’il repassa devant les badauds, sa rossinante au bout d’une laisse, le vieux meunier de la côte se moqua de lui :

« Déjà fini ! Tu ne l’as remplie qu’à moitié, ta carriole… Les petits bras de Môssieur Aubrin-Sceau fatiguent vite, on dirait !

— C’est Hildegarde que je ménage, fit mine se vexer Hyacinthe. Elle vient tout juste de mettre bas. Et puis, de quoi te plains-tu ? Ça fera plus de goëmon pour toi.

— Bah ! Puisque tu rentres tôt, tu diras à la Mam’zelle Sceau qu’elle doit encore me livrer ses bougies… Ça urge !

— J’aimerais tant t’aider… Malheureusement, je suis bien trop épuisé pour ça. Môssieur Aubrin-Sceau rentre se coucher, tu n’as qu’à dire tout ça à ma cousine toi-même ! »

Des rires gras retentirent dans le dos de Hyacinthe alors qu’il s’éloignait vers le sentier côtier. Ces gars du village s’engonçaient, depuis toujours, dans une compétition virile et épuisante… toujours les mêmes vannes, les mêmes poncifs. Du haut de ses dix-neuf ans, il avait déjà appris à ne pas rentrer dans leur jeu ; c’était le seul moyen de le gagner. Les nœuds de son estomac se dénouèrent ; d’ici quelques minutes, il serait à la maison.

Pour le confort des travailleurs, la mairie avait disposé sur la pente des Falaises Jaunes un long chemin en rondins, ancrés dans le sol sableux puis la lande. Hyacinthe apercevait déjà la villa ancestrale des Sceau, sur son plateau rocheux ; la frontière entre ce précipice et la civilisation. Il s’arrêta un moment à l’enclos pour cracher sa salive et reprendre son souffle : à marcher trop vite sur cette pente, il s’était fait un point de côté. Hildegarde, qui avait mieux supporté l’effort, grignotait déjà du foin dans l’auge. Comme le véhicule s’était arrêté, une tête humanoïde surgit soudain de la masse brunâtre entreposée sur le plateau arrière. Ses yeux de feu épiaient les alentours avec vivacité.

« Pas… encore, lui intima Hyacinthe entre deux ahanements. On pourrait nous…

— Tu n’es pas seul, s’égaya soudain la voix d’une jeune fille à la fenêtre de la maison. Tu t’es enfin trouvée une petite amie, Hyatt ? »

La sirène se rétracta aussitôt dans son fourré d’algues, mais trop vite ; une floppée du chargement tomba aussitôt près des roues dans un grand « splotch » et révéla encore davantage sa silhouette. Impuissant, Hyacinthe vit alors s’ouvrir la porte de service : un nez crochu en sortit, suivi du reste de sa cousine… Azalée. Elle n’avait que trois ans de plus que lui ; aussi, ils avaient toujours été proches. Perchée sur son petit escalier, elle le dévisageait de deux yeux aussi ronds qu’écartés. Son sourire fondit dès qu’elle aperçut la créature qu’il avait ramenée chez eux. Tout en laissant tomber à terre sa truelle et son arrosoir, elle s’écria aussitôt :

« Sainte-Mère ! Mais où as-tu trouvé ça ?

— Parle moins fort, ragea Hyacinthe. Tu vas nous faire repérer… Et rends-toi utile, va plutôt chercher Tante Véronique !

— Mais enfin, tu sais bien qu’il n’y a que moi ici ! C’est la quinzaine des foires, tout le monde est parti avec Mère pour Fort-d’Orée !

— Eh bien, aide-moi au moins à faire rentrer cette démone, alors… Grouille, Zal ! »

Agacée, Azalée consentit néanmoins à agripper une des épaules de la sirène pour aider son cousin. Ensemble, ils la hissèrent jusqu’à la buanderie… Le plus vite possible, avant qu’ils ne se fissent repérer par un passant. Puis, tandis que Hyacinthe traînait leur invitée sur le plancher ciré, Azalée courut dans toute la maison pour claquer les portes, fermer les volets et tirer les rideaux. La femme-poisson laissait sur son passage une longue traînée d’eau poisseuse, d’une odeur si piquante qu’elle masquait déjà celle, plus écœurante, de l’huile de lin. Après discussion, Azalée et Hyacinthe décidèrent de l’installer dans la salle de bain.

Dans son malheur, elle avait de la chance : il y avait là l’unique baignoire de Virgade, et la première. La mère d’Azalée, Véronique, l’avait d’ailleurs inaugurée en grandes pompes ; c’était une preuve tangible d’ascension sociale pour sa famille. Bien entendu, la matriarche n’y était pas pour grand-chose. Sur le papier, toutes les possessions immobilières du clan lui appartenaient : c’était son dû, par tradition, car elle dirigeait les enchanteresses de leur clan. Mais ce n’était pas le commerce des talismans, des sortilèges et des exorcismes qui avait enrichi les Sceau ; c’était celui des chandelles, sceaux et savons que les autres membres de la famille, ces profanes, avaient fabriqué et vendu à grands prix… jusqu’à bâtir plusieurs fabriques dans tout le pays. Hyacinthe appartenait à cette longue lignée de Sceau dénués de tout pouvoir magique, condamnés à trimer pour leurs parentes sorcières ; l’idée d’emprunter et souiller ainsi la magnifique baignoire de la grandissime Véronique lui procurait donc un petit plaisir coupable. Azalée, qui lui apportait un baquet rempli d’eau, s’alarma :

« On ne pourra pas la garder là bien longtemps ! Les gens ne tarderont pas à poser des questions, lorsqu’ils verront la maison toute claquemurée… Bon sang, Hyatt, tu ne pouvais pas la remettre à l’eau ? Si un de ces bouseux la découvre, elle finira dans une exhibition de monstres… ou sur une table de dissection !

— Tu plaisantes, s’indigna Hyacinthe. Le phare… Les baigneurs… Les bateaux, au loin ! On l’aurait repérée tout de suite, grosse maligne. Tu sais bien que les sirènes doivent remonter à la surface pour respirer !

— Les naïades, tu veux dire ? Une sirène, c’est une femme à corps d’oiseau.

— Hein ? Mais on s’en fout !

— Bon, bon, pesta Azalée tout en croisant les bras. Qu’est-ce qu’on fait, alors ? Je te préviens… Il est hors de question que j’essaye de la renvoyer dans son monde par un sortilège ! Même en suivant les instructions d’un grimoire, c’est bien trop dangereux. Et très en dessous de mes capacités. Mère pourrait s’en charger… mais elle ne revient qu’après-demain !

— Tantine ? Je ne pense pas qu’elle réagirait très bien à tout cela, maugréa Hyacinthe. Elle penserait d’abord à nous, et pas à… notre invitée. Zal, si elle lui faisait du mal…

— Mets-toi un peu à sa place, l’interrompit sa fille tout de go. Son rôle, c’est de nous protéger des chasseurs de sorciers ! Pas d’aider des sirènes en goguette !

— Alors on n’a pas le choix, admit Hyacinthe. La seule solution, comme tu disais, c’est de la remettre à la baque. Il faudra attendre minuit.

— C’est une nuit sans lune, le rassura Azalée d’un air satisfait. Il n’y a jamais personne sur la plage à cette heure… Et ce sera marée haute ! À deux, avec la carriole, ça ira vite.

— Non, décréta-t-il d’un bras levé. J’irai seul. »

Ses yeux étaient revenus, par réflexe, vers le sujet de leur conversation. La sirène… non, la naïade les observait avec un intérêt farouche. Agrippée de ses paumes visqueuses à la vasque de porcelaine, elle s’y était contorsionnée pour caler sa magnifique queue argentée. La nageoire caudale et striée pendait sur le rebord, telle une serviette grise ; un léger mouvement de va-et-vient, presque félin, l’agitait. Quant à Azalée, son front s’était marqué d’une ride colérique. Elle paraissait s’offenser de cette défiance envers son autorité naturelle d’aînée :

« Comment ça, seul ?

— Il n’y a pas de risque zéro. À deux, on sera moins discrets… Imagine qu’on se fasse choper par les garde-côtes de la préfecture ? Non, insista-t-il en secouant la tête. Tu vas rester ici. Comme ça, si les choses tournent mal, si quelqu’un me repère de loin… Tu me fourniras un alibi plus tard.

— Ce serait plus logique d’inverser nos rôles… Tu n’as aucun pouvoir, Hyatt. Je suis plus à même de me défendre !

— C’est moi qui me suis engagé à la protéger, insista-t-il. C’est moi qui nous ai embarqués dans cette histoire, Zal. C’est MA merde. »

Sa cousine se pinça le nez, mais n’insista pas. Azalée avait beau se réfugier derrière son statut de sorcière, elle n’avait jamais fait preuve d’une grande ténacité.

« Ce que tu peux être têtu, soupira-t-elle. Très bien, faisons comme ça. Et puisque tu ne veux pas éveiller les soupçons… je ferais mieux de courir au potager, non ? Les gens vont se poser des questions si j’arrive en retard. À ce soir. »

Et elle les planta là, tous les deux. Hyacinthe avait obtenu gain de cause, mais l’hostilité passive d’Azalée ne lui avait pas échappé. Il s’en voulait de l’avoir rabrouée ainsi ; mais la laisser gérer cette situation, c’était faire ce que sa tante aurait voulu. Même absente, son influence hantait chaque acte, chaque respiration de sa fille… La grandissime Véronique était pour eux une figure protectrice mais terrifiante. Hyacinthe ignorait ce qu’elle était capable de faire à une innocente, une étrangère au clan qui le mettait en danger par sa seule présence. Il ne voulait pas le savoir. Soucieux, il récupéra le seau en bois et en déversa le contenu dans la baignoire. Sa cousine l’avait averti que la naïade ne devait en aucun cas se dessécher, sans quoi elle développerait des lésions. D’un air appréciateur, cette dernière trempa son doigt puis agita plusieurs fois les longues nageoires de son corps, dans un exercice d’éclaboussement modéré. Sitôt Azalée partie, la créature s’était tout à fait détendue. D’ailleurs elle s’allongeait déjà contre l’appuie-tête, pour s’exclamer dans un son de scie à métaux :

« Mais quelle conne ! »

Hyacinthe sursauta, et glapit :

« Tu sais parler ?

— Tout le monde sait parler, le nargua-t-elle de cette étrange voix glissante. Tu veux une médaille ?

— Mais, depuis tout à l’heure… Tu n’as pas pipé mot !

— J’avais aucune envie de parler avec cette teigne. Toi, ça va.

— Zal n’est pas… m-méchante, bafouilla-t-il. Ce sera une grande sorcière.

— Peut-être. Mais ce sera toujours une teigne. Tu as vu comment elle a déchargé toute sa contrariété sur toi ? À sa place, tu n’aurais pas fait ça.

— Heu… Tout le monde a sa personnalité.

— Mouais. Tu ressembles à un galion, et elle à un mérou crevé. Vous flottez tous les deux, mais la comparaison s’arrête là. »

Les pieds de Hyacinthe, pourtant arrimés au plancher, chancelaient. Il n’aurait su dire ce qui le perturbait davantage : parler avec une créature qu’il ne connaissait jusque-là que par des gravures, ou l’entendre proférer ces jugements lapidaires et impertinents. Le choc de leur rencontre passé, il avait été commode de la traiter comme un animal exotique et sauvage ; mais ces soudaines paroles l’avaient ramené à son embarras initial. Fasciné, il continuait à fixer la sirène, qui le dévisageait avec une égale intensité.

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Banditarken
Posté le 25/04/2025
Coucou !
Je suis arrivée ici par le hasard contrôlé des algorithmes qui connaît ma passion pour la mer et ses créatures les plus mystérieuses mais aussi pour les contes !
Comme d'autres l'ont dit avant, tu as une plume très fluide, très agréable, on se laisse porter facilement et surtout, on visualise très vite le contexte. En quelques phrases, tu parviens à esquisser des personnages que l'on devine hauts en couleur, une dynamique dans cette petite ville côtière et on a aucun mal à lui imaginer une réelle profondeur.
J'avoue avoir été un peu déroutée, par contre, par le verbiage de la sirène (ou naïade ^^) qui m'a , très honnêtement, sortie de l'histoire. Ce ne sont que quelques répliques, et même s'il y a un effet un peu comique qui arrive avec elle, je trouve que son ton familier et très (trop) actuel ne colle pas tout à fait avec ce que tu mets en place dans ce premier chapitre. Après, ça reste du détail et c'est très certainement voulu, donc ce n'est vraiment pas bien dramatique. En tous cas, il me tarde d'attaquer la suite de ton histoire, alors je te dis à bientôt ! :)
Arnault Sarment
Posté le 25/04/2025
Bonjour à toi @Banditarken et merci pour ton commentaire ! J'espère que le reste de l'histoire te plaira.

C'est vrai, le parler de la sirène/naïade peut dérouter... En même temps dans mon univers les démons savent automatiquement parler la langue de ceux auxquels ils apparaissent. Alors dans ce cas, pourquoi s'exprimeraient-ils nécessairement dans un langage châtié ? On va dire que Hyacinthe est tombé sur une sirène gouailleuse et ordurière, voilà tout. ^^
Rimeko
Posté le 19/12/2024
Hello Arnault !
Ravi’e de profiter des Histoires d’Or (oui je suis en retard pour faire mes commentaires, on ne commentera pas…) pour découvrir plus de nouvelles sur PA, j’adore ce genre !

Quelques remarques au fil de ma lecture :
"— C’est Hildegarde que je ménage, fit mine (de) se vexer Hyacinthe."
"il y avait là l’unique baignoire de Virgade, et la première" Hmm, logique que ce soit la première si c'est l'unique, non ?
"Un alias que tes ancêtres se sont choisies (choisi)" Accord avec "alias" ^^
"qu’elle s’était tenue en équilibre sur sa propre nageoire caudale, solidement engoncée dans ce lit liquide et improvisé" Je n'arrive pas à visualiser sa position ? C'est quoi le "lit liquide" ?? Parce qu'on peut pas s'appuyer sur de l'eau quoi...
"elle s’apeura" Il me semble que la forme pronominale de "apeurer" n'existe plus aujourd'hui... Bon, après un mot désuet ça peut coller au ton de ta nouvelle, mais je signale au cas où :P
"Elle et sa SMALA DE MALHEUR !" J'ai haussé un sourcil à l'argot algérien - c'est voulu... ?
"— Merci », opina Hyacinthe" La virgule introduisant une incise doit aller à l'intérieur des guillemets :P

Bon déjà ça parle Bretagne, forcément ça me plaît x) Et j’apprécie d’autant plus que ça ne s’arrête (ni ne commence, d’ailleurs) pas aux korrigans ou autre légende un peu vue et revue, mais plutôt qu’il y ait de vrais détails de la vie locale (comme la récolte du goëmon), qui ancrent vraiment le conte dans son environnement, et le concept plus global des deux mondes voisins, ainsi que de la puissance des noms.
Ta plume est très sympa, fluide et tout, on se laisse embarquer sans problème aux côtés de ton personnage. Même la scène du “tribunal” avec tous ces personnages hauts en couleur est bien gérée - j’ai peut-être bien eu 2-3 moments de confusion au milieu de toutes ces femmes différentes, mais globalement pour une scène avec tant de personnages qui parlent, c’était un tour de force !
Le ton du conte est présent, et fonctionne bien, mais en même temps je trouve ça très cool qu’on s’en détache un peu avec quelques éléments plus… euh, modernes, peut-être ? avec la façon dont ça aborde la sexualité, de manière assez factuelle et “crue” plutôt qu’avec des jolies métaphores qui font litote. Et ça sert le propos, à mon sens, ou tout du moins ce qui me semble être les thèmes de ce texte : la sortie de l’adolescence (aussi bien via le prisme physique / sexuel, que du côté de l’indépendance), le carcan et les influences familiales, l’appartenance et les dynamiques de pouvoir au sein d’une relation… Du coup, mon petit cœur apprécie d’autant plus la fin : non seulement Hyacinthe s’est débarrassé de l’ascendant de sa famille magicienne, puisqu’il pourrait faire mieux qu’elles et donc se débarrasse de ce complexe, mais surtout il n’en abuse pas et respecte la confiance de sa sirène, c’est beau <3
Arnault Sarment
Posté le 19/12/2024
Merci pour ce beau commentaire, je suis ravi de ton passage ! Je vais regarder les coquilles dont tu parles avec attention pour corriger.

La Pluvède que je décris ressemble effectivement beaucoup à ma Bretagne natale, sans en être une copie. J'ai puisé mon inspiration dans ces fours à goëmon (creusés dans le sol) qu'on trouve encore partout sur les côtes, même s'ils ne sont plus utilisés. J'adore que mes personnages aient une vie professionnelle, ça aide à les "ancrer" dans leur monde et les crédibiliser comme tu dis ! Pour la sirène/naïade, je fais référence au mythe de Marie-Morgane (prénom qui, à en croire les étymologistes, signifie "née de la mer").

Et oui, honnêtement il y a trop de personnages dans la scène du tribunal familial, surtout pour une nouvelle... Mais je ne sais pas, j'avais envie de vraiment mettre en scène un Hyacinthe submergé par le nombre, cerné. Mes nouvelles et romans se passent dans le même univers où d'autres membres de la famille réapparaissent, donc ce passage sert aussi à introduire des caméos / figures récurrentes (Garance et Anthéa devraient avoir leurs propres nouvelles dont elles seront les protagonistes, notamment). Dans la logique de l'univers que je décris, ç'aurait été bizarre que ces membres de la famille ne soient pas présents à l'évènement...

Pour l'ambiance effectivement on a un petit côté conte de fées mais je me réserve le droit de m'en détacher. C'est plutôt un récit d'adolescence : premiers amours, prise d'indépendance, découverte des valeurs personnelles, etc.
Isapass
Posté le 11/12/2024
Bonjour !
Jolie surprise que ce conte ! Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, et j'avoue que la longueur de la nouvelle m'a fait un peu peur, mais je n'ai pas regretté le voyage !
D'abord, j'ai trouvé ta plume très agréable à lire : fluide, riche et variée. J'ai été transportée assez facilement dans une petite ville bretonne et je me suis laissée guider.
Le début est relativement classique, mais la force de l'histoire ce sont ces différentes parties, qui portent chacune leur propre ton. Dès la première réplique de la sirène, par exemple, on sort un peu du conte pour un ton plus moderne, qui évolue tranquillement vers une romance (du côté de Hyacinthe en tout cas). J'ai trouvé charmante la scène où Hyacinthe lit les poèmes en rougissant et avoue à la sirène qu'il est vierge. Et j'ai trouvé émouvant qu'il s'enflamme pour elle et qu'il soit triste au moment de se séparer d'elle.
Ensuite, nouveau changement pour cette scène à la fois désolante et drôle du tribunal matriarcal ! Pauvre Hyacinthe XD Je n'aurais pas aimé être à sa place. En tout cas les répliques et réactions des femmes sont savoureuses !
Quant à la fin, j'ai beaucoup aimé le personnage du père qui s'avère beaucoup plus sage que les magiciennes. Et la découverte finale de Hyacinthe vient joliment conclure l'histoire de manière inattendue : à la fois romantique et en forme de pied de nez de Hyacinthe envers celles qui ont exercé un pouvoir sur lui toute sa vie. Pied de nez dont il décide de ne pas abuser, et c'est tout à son honneur !
Merci pour ce moment de lecture !
Arnault Sarment
Posté le 11/12/2024
Quel commentaire fourni, tu me gâtes ! Merci, @Isapass. Je suis heureux que l'histoire t'ai plu !

Et oui mes nouvelles sont longues (un peu moins de 10 000 mots) mais comme j'écris de la Fantasy il y a de la mise en place à faire, de l'exposition... C'est un peu incompressible. Je suis content que tu aies pensé à la Bretagne en lisant ces lignes car c'est exactement mon inspiration pour la côte de Virgade !

Et oui, c'est une romance aussi pour la sirène ; les sentiments sont réciproques. Mais comme le dit le père de Hyacinthe, ce n'est pas une humaine mais une déité, un pur esprit qui vit au-delà du rationnel : elle ne peut pas penser comme une mortelle, aimer comme une mortelle. Toute relation longue durée au sens traditionnel était donc impossible mais ça n'a pas empêché une belle rencontre. ^^
Cléooo
Posté le 10/12/2024
Bonjour :) Comme d'autres, me voici dans le cadre des histoires d'or et j'ai beaucoup apprécié cette nouvelle.
La chute tout particulièrement! J'aime le côté intègre de Hyatt, qu'on pressentait tout du long, j'aime le fait qu'il aime qu'elle lui ai fait ce cadeau (ce cadeau d'accepter son cadeau) et qu'il accepte qu'elle ne lui appartient pas.
Des passages sont un peu crus, mais ils se fondent bien dans le texte, l'ensemble est très équilibré !
C'était un plaisir à lire.
Arnault Sarment
Posté le 11/12/2024
Bonjour @Cléooo et merci pour ce commentaire qui m'a fait chaud au cœur ! Hyatt est un "vrai" gentil, c'est suffisamment rare parmi mes protagonistes pour être signalé.

Pour les passages crus, j'ai un peu galéré parce que l'histoire parle d'un éveil à la sexualité quand même, au bout d'un moment il faut appeler un chat un chat. Mais je ne voulais pas non plus être plus explicite que nécessaire ; d'autant que Hyacinthe n'a que dix-neuf ans et que ça impose un peu de distance.
Nqadiri
Posté le 09/12/2024
Cela donne envie de se plonger (littéralement) dans tes autres textes :)
Hyacinthe est sympathiquement décrit. On a envie de le découvrir dans d'autres situations.
Tu devrais lui remettre un prix au "Concours Lépine du sauvetage d'ondéen", mais avec moins de trophées et plus d’écailles.
Arnault Sarment
Posté le 09/12/2024
Merci beaucoup pour ton passage et ce commentaire élogieux ! Plutôt que le concours Lépine, ce serait plutôt le concours Lécaille effectivement.
Edouard PArle
Posté le 23/11/2024
Coucou Arnault !
Je découvre ta nouvelle à l'occasion des histoires d'or et j'ai passé un chouette moment. Cette nouvelle a une ambiance vraiment particulière, il y avait vraiment une sensation de découverte, de fraîcheur. Il y a des moments de poésie, d'humour, de description, de dialogue. C'est vraiment une lecture touchante, mais pas que. Elle questionne aussi sur le rapport à la sexualité, à l'adolescence, le dialogue générationnel... Bref, ça suscite la réflexion, c'est vraiment chouette.
J'apprécie également le développement des personnages, on sent qu'il est travaillé. Je me demande si ces personnages existent en dehors de cette nouvelle ? C'est un peu ma sensation, j'ai l'impression en tout cas que tu es très à l'aise avec l'environnement de cette nouvelle et ses personnages.
Quelques passages que j'ai apprécié :
"Ce n’était que le ramdam du ressac, l’immensité combinée de l’océan et de la nuit. Il n’y avait plus que lui, ici. Lui et son ridicule. Un fidèle compagnon, et le seul. passage" joli et triste
"Ne t’avise pas de juger notre cousin. Tu n’as pas démérité dans ta jeunesse !" xD
"« Merci, cher cousin… pour cette rafraîchissante honnêteté. Notre grandissime suzeraine pourrait prendre exemple sur toi. »" xD
Un plaisir,
A bientôt !
Edouard PArle
Posté le 23/11/2024
Ah oui, et j'ai oublié : super titre ! J'adore tous ses double sens^^
Arnault Sarment
Posté le 24/11/2024
Merci @Edouard PArle pour ce gentil commentaire qui m'a fait très plaisir ! Je suis ravi que mon histoire t'ait plu.

Avec cette nouvelle, j'avais envie de faire un truc plus mignon que ce que j'écris d'habitude ; c'est ma petite romance paranormale à la "Twilight" en quelque sorte ! C'est tout à fait ce que tu décris : l'éveil à la sexualité est surtout un prétexte pour que le protagoniste s'affirme et décide quel genre de personne il peut être. Romance mais aussi récit de formation ("Bildungsroman").

Et oui, effectivement tous les récits que j'ai postés sur Plume d'Argent se passent dans le même univers donc il y a des membres de la famille Sceau dans chacun d'entre eux. Hyacinthe, Azalée et Narcisse apparaissent notamment dans la nouvelle "Belle Plante". La nouvelle "Femme au Foyer" se passe deux siècles plus tôt mais au même endroit (à l'époque où le manoir familial de Virgade n'était qu'une humble chaumière).
Edouard PArle
Posté le 24/11/2024
"Romance mais aussi récit de formation" Oui, cet aspect se ressent !
Ok, chouette d'écrire plein de récits dans un même univers (=
Au plaisir !
Le Diable
Posté le 01/11/2024
Le transport de la demoiselle de la charrette pleine de varech à la baignoire avec la traînée d'eau baveuse est épique. Merci pour cette partie de jambes et queues en l'air!
Arnault Sarment
Posté le 01/11/2024
On ne pense pas assez au côté logistique de la chose, dans ces histoires de sirène ! D'autant que la mienne n'a pas la de jambes, la pauvre... Merci pour ce gentil commentaire, je suis heureux que mon histoire t'ait plu !
elisadocourt
Posté le 28/10/2024
Azalée, tu as déconné… Ici, on a horreur des balances. En tout cas, quel plaisir ce fut de te lire ! Ta plume est percutante et déterre un vocabulaire oublié qui apporte un charme indéniable à la nouvelle et aide à bâtir une ambiance tangible. Il faut dire que l’univers est dépeint avec brio ; je suis complètement fan de la toponymie. Les dialogues, les personnages, l'intrigue... tout est là pour happer le lecteur. Je n’ai pas vu le temps passer ! Bravo et merci pour cette nouvelle. Je file dévorer tes autres textes.
Arnault Sarment
Posté le 28/10/2024
Roh, merci pour ce beau commentaire ! Ravi que ça t'ait plu autant.

Si tu aimes Azalée (ou pas), tu pourras la recroiser dans la nouvelle "Belle Plante". Je compte aussi écrire d'autres nouvelles sur cette fratrie, d'ailleurs.
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