Je voudrais me noyer dans mes songes les plus informes, retomber dans les espaces que mon esprit crée et déblatérer avec ces fantômes oniriques dont le discours me berce et m’entraine dans mes états solitaires : douloureusement euphoriques, tristement suffocants,...
Les notes d’un instrument, étranger à ma conscience, viennent alors se porter à mes oreilles. Je parviens sans aucune difficulté à en saisir la délicate mélodie ; je prends ces notes, les enlace, je ne les reconnais pas, elles me connaissent. Je sombre lentement dans une délicieuse somnolence à travers laquelle je m’enfuis.
Mais loin de m’endormir soudainement je tremble. La peur me saisit, un cri cogne sous ma poitrine, je cours sur les dalles froides et le hurlement retentit, émanant de l’ensemble de mon corps. Il résonne dans ce salon où règne le désordre, heurte les murs d’un blanc dont je jalouse la perfection et s’achève en brisant l’unique fenêtre de cet univers en un millier de reflets étoilés, au cœur de la nuit. Alors, je frissonne, ce vent de liberté nocturne vient me frôler. Là, s’est ouvert mon échappatoire à la douleur, à la souffrance. Ils m’ont noyé, mes semblables, jusqu’à ce que mon corps ne me réponde plus, jusqu’au grondement de la tempête sous mon crâne, qui même dissipé, résonne comme un écho infernal. Je pourrais les quitter, là maintenant, mais rien n’y fait, la peur résiste. Je chancelle puis m’immobilise, je ne parviens pas à cracher ce mal qui prend racine. Ainsi, je ne peux trouver la sérénité ici, mais je prends tristement conscience que je ne trouverai pas non plus cette paix ailleurs ; alors, je me noie.
Je vois ce poème comme une tentative de fugue nait de l'angoisse mais qui échoue par peur.