Une douce explosion de folie

Par Oihana
Notes de l’auteur : L'Angoisse

Je voudrais me noyer dans mes songes les plus informes, retomber dans les espaces que mon esprit crée et  déblatérer avec ces fantômes oniriques dont le discours me berce et m’entraine dans mes états solitaires : douloureusement euphoriques, tristement suffocants,...

Les notes d’un instrument, étranger à ma conscience, viennent alors se porter à mes oreilles. Je parviens sans aucune difficulté à en saisir la délicate mélodie ; je prends ces notes, les enlace, je ne les reconnais pas, elles me connaissent. Je sombre lentement dans une délicieuse somnolence à travers laquelle je m’enfuis.

Mais loin de m’endormir soudainement je tremble. La peur me saisit, un cri cogne sous ma poitrine, je cours sur les dalles froides et le hurlement retentit, émanant de l’ensemble de mon corps. Il résonne dans ce salon où règne le désordre, heurte les murs d’un blanc dont je jalouse la perfection et s’achève en brisant l’unique fenêtre de cet univers en un millier de reflets étoilés, au cœur de la nuit. Alors, je frissonne, ce vent de liberté nocturne vient me frôler. Là, s’est ouvert mon échappatoire à la douleur, à la souffrance.  Ils m’ont noyé, mes semblables, jusqu’à ce que mon corps ne me réponde plus, jusqu’au grondement de la tempête sous mon crâne, qui même dissipé, résonne comme un écho infernal. Je pourrais les quitter, là maintenant, mais rien n’y fait, la peur résiste. Je chancelle puis m’immobilise, je ne parviens pas à cracher ce mal qui prend racine. Ainsi, je ne peux trouver la sérénité ici, mais je prends tristement conscience que je ne trouverai pas non plus cette paix ailleurs ; alors, je me noie.

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Jean Zolad
Posté le 24/09/2023
C'est super cool encore une fois, tu écris vraiment bien, j'adore. J'aimerais bien savoir également qu'est ce qui se cache derrière cette tristesse, c'est très intriguant !
Oihana
Posté le 24/09/2023
Contente de la curiosité que suscite ce poème et encore merci pour ce soutien ! Ce poème est, pour moi, semblable à une crise de folie: on veut s'échapper de notre maison mais même de notre propre corps qui nous enferme. Cette pensée se fractionne: on rêve de partir, on hurle et pleure quand on canstate que nous ne sommes pas à notre place, une fois que la pensée atteint son but (la fuite), le sentiment de liberté nous submerge mais c'est une illusion puisque nous ne savons pas où aller une fois qu nous quittons notre refuge. L'idée de se noyer dans toutes ces émotions représente une détresse sans lutte.
Je vois ce poème comme une tentative de fugue nait de l'angoisse mais qui échoue par peur.
Antarctique
Posté le 23/09/2023
Encore un beau poème qui m'a parlé : la fenêtre qui se brise en reflets étoilés (très belle image) et le vent de liberté nocturne, je l'ai ressenti chaque nuit depuis au moins un an je pense, le calme lunaire, le silence, la fraîcheur... la nuit est la liberté quand on désespère. Pourtant, on doit se battre contre le démon d'angoisse, on voudrait rester là et on se noie. Encore une belle lecture. J'attends la suite !
Oihana
Posté le 24/09/2023
Toujours une immense joie de recevoir vos commentaires ! La nuit nous renvoie en effet à nos angoisses de vie car elle nous expose la possibilité de fuire dans l'absence des regards, mais elle fait également peur par son mystère.
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