Chapitre 1 (première partie)
Comme chaque soir, le crépuscule pointa le bout de son nez. Les derniers rayons du soleil venaient caresser les branches des arbres comme pour les saluer avant de disparaître et laisser place à l’obscurité. C’est bien là que tout se joue n’est-ce-pas? La routine voulait que la présence de ces derniers rayons provoque les frémissements des feuilles à mesure que le soleil finissait sa course dans le firmament. Des murmures doux venaient se faire entendre. Pas de fantômes au cœur de la forêt, juste une autre vie. Une que nul ne connaissait. Une que nul n’imaginait et qui pourtant se trouvait être bien présente. La forêt n’était pas seulement la demeure d’animaux divers et variés, elle était peuplée d’êtres aussi puissants que mystérieux.
Les murmures grandissaient. En tendant l’oreille pourtant ils restaient imperceptibles pour quiconque n’avait pas l’habitude de les écouter. Certains diraient qu’il s’agissait simplement du bruit du vent dans les arbres. D’autres, qu’il ne pouvait s’agir que de fabulations. Qu’importe! Ce soir, la raison de ces murmures n’était autre que les bruits de pas qui étaient venus troubler cette quiétude de début de nuit. Ils avaient d’abord été lent puis l’instant d’après plus rapides et enfin plus rien. Le silence était revenu. Des ombres venaient se mouvoir au coeur de la forêt, semblant sortir tout droit de l’herbe florissante et des arbres tout autour. Quelques rires s’envolaient vers les cimes mais vers le Sud, là où les pas avaient été entendus clairement, le ton était tout autre.
“Qu’est-ce donc? demanda une première petite voix fluette”
- Un bébé! répondit avec douceur la seconde à la fois choquée et consternée
- Un bébé humain. Trancha une troisième un peu plus grave qui ne cachait pas son mécontentement.
Auprès du petit être chétif déposé au pied d’un arbre, trois ombres s’étaient attroupées pour voir de quoi il en retournait exactement. L’enfant semblait paisible, les yeux clos, sommeillant comme un bienheureux. Une attitude que seuls les enfants pouvaient avoir.
Dormir n’importe où sans se soucier de ce qui se passait autour. Pourtant ici, seul et sans défense, combien de temps pourrait-il tenir? Pas longtemps, la question ne se posait même pas. Le froid, les animaux sauvages, les deux ensemble. Il ne pouvait tout bonnement pas rester là. Les ombres bougeaient légèrement, bercées par les brises du vent qui se levaient soudainement. Des trois, la plus grande ombre se démarquait, reculant pour se matérialiser on pouvait entrevoir à la lumière de la lune des reflets brun marbrés sur sa peau. Plutôt directif, il croisa ses longs bras sur son torse avant de chuchoter comme s’il ne voulait pas réveiller l’enfant endormi.
- Anthéa, vas chercher Rowan. Ne parle à personne. Hâte toi sans même te retourner. Nous t’attendons ici.
- Mais Loup, je veux rester moi aussi. Couina la plus jeune des trois.
Le dénommé Loup ne l’entendait clairement pas de cette oreille, soufflant en direction de la plus jeune, il la regarda s’agiter avant de planter son regard dans le sien avec le plus grand sérieux et souffla.
- De nous trois tu es la plus agile, celle qui file le plus vite, j’ai toute confiance en toi. Tu verras le bébé humain dès ton retour. Je te le promets. Fais-le. Maintenant. Pars, fais la course contre le vent!
Ses yeux noirs fixant ceux de son aîné, la petite lui offrit son plus beau sourire.Un défi, une mission, il n’en fallait pas plus pour qu’elle ressente une fierté et une envie de bien faire au-delà de toute raison. D’un petit signe de tête, elle lança un dernier regard attendri vers l’enfant avant de tout simplement disparaître parmi les arbres. D’un pas assuré et dissimulant un sourire satisfait Loup venait s’approcher de l’enfant et soupira.
“Trouvons de quoi le couvrir, la Terre n’a pas besoin de ce genre d’offrande. Ce n’est qu’un bébé. Laid! Mais un bébé tout de même.” Argua-t-il sans lâcher l’enfant des yeux.
- Ce n’est qu’un tout petit humain Loup, ne sois pas si dur. Chuchota la troisième ombre qui se décidait seulement à prendre une apparence plus vivante.
- Ils nous laissent leurs déchets et maintenant leur progéniture. Tu ne vois donc pas ce que cela signifie Isla? Maugréa le premier en tournant vers elle son visage courroucé.
- Tais toi donc..Couvrons cet enfant. Si jeune et déjà...Je ne comprends pas, ce n’est qu’un bébé…Répliqua-t-elle en retenant un flot de larmes.
Isla n’avait pu rester silencieuse, sa voix ne s’élevait jamais plus haut qu’un murmure, d’une douceur à nulle autre pareille. Elle donnait l’impression de danser sitôt qu’elle se levait. Le trio n’avait rien de banal, tous si différents et pourtant complémentaires ils se donnaient le change en permanence. Regardant autour d’eux, ils ramassaient quelques feuilles au sol et les tissaient entre elles avec une dextérité déconcertante.
Loup regarda alors sa jeune amie avec une expression de dégoût très claire. Hors de question qu’il ne pose un doigt sur cet infâme petit paquet déposé ici. Ils n’étaient pas du même monde, pas de la même espèce et qu'est-ce qui lui disait qu’il n’attraperait pas une maladie ou pire. Si l’enfant se réveillait, que se passerait-il? Isla s’approcha alors, laissait ses prunelles ocre redécouvrir avec tendresse ce petit visage fin qui dormait à poings fermés. En retenant son souffle, elle laissait la couverture de feuilles se superposer à celle déjà présente et se mit à sourire malgré tout.
Les hommes pouvaient se montrer cruels, elle le savait déjà depuis très longtemps. Il leur arrivait de détruire la nature, de s’entretuer, de tuer des animaux pour leur bon plaisir ou d’abandonner leurs animaux de compagnie et désormais, certains venaient d’arriver à un point de non retour en abandonnant l’un de leurs enfants! Sa sensibilité n’était plus un secret pour personne, elle, si proche de tout être vivant voyait le malheur et la désolation dans chaque acte et vivait les pertes avec une intensité que personne ne comprenait. Sans quitter l’enfant des yeux elle murmura.
“Loup! C'est une petite fille!”
- Qu’est-ce que ça change? marmonna-t-il sans accorder la moindre attention à l’enfant.
- N’as-tu donc pas la moindre once d’empathie? soupira-t-elle en guise de réponse.
- Non! Les humains, garçons ou filles, se valent tous. Ils détruisent, sont égoïstes, bruyants et arrogants. Ils pensent que la Terre leur appartient, mais c’est faux. Nous appartenons à la Terre, elle nous héberge, nous nourrit et nous abrite. Un jour, quand il sera trop tard, ils comprendront peut-être. Mais le problème, le vrai problème, c’est qu’ils nous entraînent tous dans leur chute. Trancha-t-il en la dardant d’un regard lourd de sens.
- Peut-être que..Commença-t-elle pour essayer de défendre la petite fille.
- Que quoi? Tonna Loup dans un éclair de colère.
Son ton cassant et froid fit peur à la jeune Isla qui baissa de nouveau les yeux sur l’enfant avant de regarder de nouveau son ami de toujours et chuchota.
“Et s’il n’était pas trop tard, elle pourrait nous aider..”
- Tu es folle! C’est insensé! Comment peux-tu imaginer une telle chose? NOUS, ne collaborons pas avec cette espèce, JAMAIS! S’énerva-t-il avant de se mettre à faire les cent pas.
- Mais Loup…Le supplia-t-elle.
Les larmes commençaient à monter dans les yeux de la violette, il ne comprenait pas, définitivement pas. Mais Loup ne commandait pas les êtres de la forêt. Anthéa allait revenir avec Rowan. C’était lui, et lui seul qui avait le pouvoir de décider. Prenant son mal en patience elle laissait sa voix monter en une douce mélodie. Les notes venaient bercer l’enfant qui ne bougeait toujours pas mais dont le visage arborait désormais un sourire. Elle aimait la musique cette petite humaine? Elle aimait sa voix? Elle l’endendait? Isla se mit à sourire malgré elle devant le regard désabusé de son compagnon râleur. Loup n’était pas quelqu’un de mauvais, mais forgé dans l’écorce du plus vieux chêne de la forêt il avait un code de conduite très strict. Protecteur, provocateur, il n’hésitait jamais à se faire entendre et à exprimer clairement ce qu’il ressentait.
La lune poursuivait sa course, les étoiles scintillaient au-dessus d’eux et la vie des habitants de la forêt suivait son cours. Isla voyait les animaux affluer, passant, s’arrêtant parfois pour regarder ce qu’ils gardaient ainsi. Elle remarqua sur le tard Loup penché au-dessus d’un jeune renard trop aventureux qui avait eu quelques déconvenues la nuit passée. Une patte blessée, il n’avait pas hésité à venir, clopin-clopan, chercher de l’aide auprès des esprits. Loup avait été le plus réactif et avait convié le jeune canidé à revenir le voir pour s’assurer de sa bonne guérison. Le jeune renard avait fait part de son histoire à Loup, rien de bien extraordinaire. Les responsables de cette plaie, les humains et leurs pièges, encore et toujours.
L’être de la forêt nettoya et pansa la plaie comme il l’avait fait la veille. Quelques nouvelles réflexions lui passaient bien par la tête mais il prenait sur lui pour ne pas exprimer tout haut, ce qu’il pensait tout bas, du moins pour le moment. Isla ne le lâchait pas des yeux, il avait changé au fil du temps, physiquement et mentalement, tout comme elle. Sa peau devenait plus foncée, les marbrures qui rappelaient l’écorce des arbres se faisaient plus prononcés aussi. Elle l’avait connu alors que le sommet de sa tête n’arborait que quelques branches ornées par de petits bourgeons mais aujourd’hui, sa tête était recouverte de feuilles de chênes, vertes, oranges, jaunes et rouges, comme si les quatre saisons y étaient représentées et ses yeux, bien qu’il jura encore qu’ils ne changeaient pas en fonction de son humeur, variaient bien du ocre jaune au rouge.
La plaie était recouverte d’un remède à base de feuilles et le renard filait sur trois pattes aussi vite qu’il le pouvait sous le regard bienveillant de Loup. Lorsqu’il ne fut plus qu’un infime petit point au loin, l’esprit se retournait vers Isla et désigna le bébé d’un signe de tête.
“Elle n’a pas froid? marmonna-t-il.”
- Non, ça a l’air d’aller, c’est gentil de t’en inquiéter. Lui répondit Isla dans un sourire ravi.
- Je ne m’inquiète pas pour elle, mais pour toi. S’il devait lui arriver quelque chose je sais que ta culpabilité reviendrait et que tu ne t’en remettrais pas! lâcha-t-il abruptement.
Isla le fixa un instant avant de détourner le regard. Il avait raison, elle ne le savait que trop bien, mais l’entendre dire de cette manière si crue, c’était difficile pour elle. Les bruits familiers de la forêt ne cessaient de croître, de s’éparpiller aux quatre vents mais entre eux le silence revenait, témoin d’une certaine tension qui perdurait. Loup s’était mit à longer les arbres, allant et venant sans cesse. Avant qu’il n’ait eu le temps de comprendre, des cris résonnaient à ses oreilles et Anthéa apparut, souriante et gesticulante comme à son habitude.
- C’EST BON, ROWAN ARRIVE. IL ARRIVE!!!!!
L’esprit tourna la tête rapidement vers elle et hocha la tête en signe de remerciement pour cette mission dûment remplie. Isla, quant à elle, grimaça en regardant l’enfant qui venait de se réveiller en sursaut et qui commençait à pleurer et à crier. Les deux compères croisèrent leurs regards avant que Loup ne vienne poser sa main sur l’épaule de la cadette en prenant la parole.
“Parfait, tu nous a rendu un fier service.” Murmura-t-il en esquissant ce qui ressemblait le plus à un sourire pour lui.
- Le bébé va bien? Pourquoi il pleure? Demanda le jeunette en faisant une petite moue.
- Peut-être parce que tu es arrivée en hurlant? Ricana Loup en luttant pour ne pas lancer de regard vers Isla qui tentait d’apaiser l’enfant, en vain.
- Oooh..Pardon! Chuchota Anthéa en baissant la tête.
La petite tortillait ses racines en se dandinant. Entendre le bébé humain pleurer n’était pas agréable du tout, les sons qui quittaient ce petit corps n’étaient absolument pas mélodieux et perturbaient la sérénité des lieux. Ses petits poils se hérissaient, signe qu’elle était mal à l’aise, et, pour tenter de se ressaisir elle regarda vers celle qu’elle considérait comme son modèle. Cette dernière portait le petit être criard dans ses bras, essayant de chanter pour l’apaiser. Voir Isla bouger était une ode à la poésie. Tout son être paraissait ne faire qu’un avec la forêt, le vent, les étoiles et la lune. Elle bougeait en rythme avec eux, sa grâce s’exprimait librement tout gardant la petite fille contre elle pour la réconforter. Mais elle le savait, elle n’avait pas la chaleur corporelle des humains, pas leur façon de bouger, pas le timbre de voix de ceux qui avaient choisi de la laisser ici. Pauvre enfant, elle devait bien se sentir seule et perdue. Loup ouvrit la bouche, s’apprêtant à demander à Isla de faire taire le bébé quand un silence lourd s’installa dans la forêt. Quelques feuilles se mirent à frémir en rythme et un bruit de pas vint résonner, reconnaissable entre mille. Les trois esprits se regroupèrent avant de s’agenouiller au sol et attendirent. La petite fille dans les bras de l’esprit bleue s’était arrêtée de pleurer. A croire qu’elle avait compris que désormais il fallait se taire. Entre ses petits doigts potelés qui jouaient avec l’une des pétales blanches d’Isla et ses petits yeux marrons qui captaient ses prunelles jaunes, Isla lui accorda un sourire doux et affectueux. Elle l’aimait déjà cette toute petite chose, elle n’y pouvait rien et en son for intérieur, priait et espérait pour que Rowan soit de son côté.
Je t'indique ici quelques maladresses, je n'ai pas tout noté, mais c'est pour te donner un exemple de ce que l'on retrouve souvent dans ton texte ;)
Un bébé humain. Trancha une troisième un peu plus grave qui ne cachait pas son mécontentement. (ici, tu ne dois pas mettre de point entre le dialogue et l'incise. c'est une virgule que tu dois poser. Si tu sépares l'incise du corps du dialogue, ça n'a plus de sens.
Les ombres bougeaient légèrement, bercées par les brises du vent qui se levaient soudainement (pour cette phrase, tu peux supprimer l'adverbe légèrement, car ton verbe bercer donne le sens d'un mouvement lent)
Quelques phrases on un problème de ponctuation ^^
Anthéa, vas chercher Rowan (Ici, tu as un problème de conjugaison. Va ne prends pas de s, puisque qu'il est à l'impératif. On ne met un s que lorsque le verbe à l'impératif est suivi d'un en ou d'un y. Exemple s : vas y ou parles en)
Mais Loup, je veux rester moi aussi. Couina la plus jeune des trois. (pareil ici, tu as coupé l'incise du dialogue par un point, alors que c'est une virgule que tu dois mettre) je ne citerai pas les autres ^^ mais je pense que tu pourras modifier les autres.
Le dénommé Loup ne l’entendait clairement pas de cette oreille, soufflant en direction de la plus jeune, il la regarda s’agiter avant de planter son regard dans le sien avec le plus grand sérieux et souffla. (ici, tu peux te passer de l'adverbe ^^ ils sont à bannir lorsqu'ils ne sont pas nécessaires. Puis, tu as une répétition d'idée avec souffler. )
Ce n’est qu’un tout petit humain Loup, ne sois pas si dur. Chuchota la troisième ombre qui se décidait seulement à prendre une apparence plus vivante. (cette phrases est un bonne exemple de problème de ponctuation et d'incise. Ce n'est qu'un tout petit humain, Loup. (la virgule se met toujours avant une appellation) Ne sois pas si dur, chuchota la troisième ombre. (Pour éviter d'alourdir l'incise, je te conseille de décrire sa prise de forme dans un paragraphe descriptif, à la ligne, au lieu de l'inclure dans l'incise. et peut-être nous expliquer plus clairement comment elle prend forme ^^)
je lirai la suite bientôt ^^ c'était un plaisir de te lire
Pour ce qui est de la ponctuation lors des dialogues je m'en suis rendue compte sur le tard et je sais que j'ai toute cette partie à revoir.
Je prends note de chacune de tes remarques et conseils qui vont vraiment m'être précieux lors de la phase de réécriture!
En tout cas, je suis contente que ce début d'histoire te plaise et j'espère que la suite ne te décevra pas.
Très jolie trinité que tu nous as décrite. Sa présentation permet à elle seule de créer les bases d'un univers qui semble souvent bouvlersé par ces chers humains. J'aime beaucoup.
Mon petit trio a bien son univers et j'espère que la suite saura tout autant de plaire, dans les hauts comme dans les bas!
J'aime beaucoup ces trois personnages si différents, et que tu arrives à rendre bien visuels :)
Il y a une sorte de poésie dans le style de cette histoire qui me plait beaucoup !
En tout cas je suis vraiment heureuse que ça puisse te plaire!