Une histoire qui fit long feu

Par Oyoèt
Notes de l’auteur : La prochaine fois que vous allumez un feu dans votre cheminée, faites un peu plus attention...

J’aimerais vous parler

D’un petit feu follet,

D’un feu de cheminée,

Brindille calcinée.

Ce petit feu mignon,

C’est ironique, non ?

Est né telle une branche

Comme un balai sans manche.

 

Il n’était pas à sa place, triste et perdu.

L’ultime goutte d’eau ? La corde d’un pendu

Qui vint, sans crier gare, se frotter à lui,

Bien qu’il n’eut signé que pour porter des fruits ;

Jamais de gens innocents comme vous et moi.

Cet incident créa chez la branche un émoi

Tel, que n’y tenant plus, elle se brisa net !

Sauvant le malheureux, qui, pour payer sa dette,

Invita la branche à venir se réchauffer

Autour d’un âtre et d’une tasse de café.

Arrivant bras dessus, rameau dessous chez l’homme,

Notre branche en aurait fait pousser une pomme

De bonheur : un foyer, des amis, une place.

Ce fut pleine de joie et de doutes fugaces

Que la branche se cala bien au fond de l’âtre,

Libérant enfin le feu, qui flambait pour quatre !

 

Le feu resta l’hiver, le printemps et l’été,

Et brûla sans aucune discontinuité.

L’automne vint, l’homme ravitailla le feu

Qui brilla plus que jamais de cent mille feux.

Toute la maisonnée le louait sans arrêt,

Et félicitait l’homme d’avoir su ferrer

Ce feu qui leur assurait une vie tranquille,

Loin du froid, de la misère et de tout péril.

Que ce soit pour cuisiner un ragoût bien chaud,

Pour éclairer la nuit sombre comme un cachot,

Ou même pour chauffer des corps transis de froid,

Le feu était à son poste, fier et bien droit.

 

Puis un jour survint, où ses flammes se courbèrent ;

Ses cendres accumulées ne le laissaient guère

S’acquitter dignement de ses devoirs ignés ;

Il sentit alors la fatigue le gagner.

Bientôt ses braises pâles rêvaient de brasiers,

Tandis qu’en cet âtre s’éteignait sa lignée.

 

Pouvez-vous imaginer sa stupéfaction

Quand notre feu se réveilla en pleine action !

Arrivé par hasard, et Dieu seul sait comment,

Dans un four crématoire, ou brûlaient hardiment

Rois, pouilleux, savants et artistes de renom.

Il reconnut pourtant, fidèle compagnon,

Son bon ami, son hôte, son quasi-pendu,

Qui réclamait, à titre posthume, son dû.

Le feu, par amitié autant que par devoir,

Fit à cette Terre son dernier au revoir,

Et suivit son ami jusqu’à son cimetière.

On pouvait encore l’apercevoir hier

Danser accompagné sur la tombe de l’homme :

C’était un petit feu follet et un fantôme...

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