Il saute rapidement sur ses pieds afin de retrouver le téléphone resté dans la poche de son pantalon. Lequel a été abandonné là avant de rejoindre la salle de bain. Il cherche frénétiquement le portable sous le tas de vêtements, répétant nerveusement :
- C'est la sonnerie de Yann, où est cet engin !?
Nelcha observe son petit manège, impuissant. Voila, qui n'est guère agréable, quelques secondes auront suffi pour qu'il n'existe plus. Il se contente de soupirer se tournant vers la fenêtre, un peu blasé.
La sonnerie s'est tue, le portable dans la main, Liam tourne la tête et devine l'expression de Nelcha. Son propre profil oscille entre la peur de ce que pourrait signifier ce coup de fil impromptu et la culpabilité d'avoir provoqué un malaise en abandonnant aussi vite son partenaire.
- Je... Il... il est à l'hôpital. Il est plus de deux heures du matin, il n'est pas censé avoir le droit de garder son téléphone allumé dans la chambre. C'est peut-être grave.
Il hésite à rappeler.
Le chanteur prend la parole de bonne grâce.
- Ne t'inquiète pas, je comprends tout à fait, rappelles-le, l'autorise-t-il d'un sourire.
Hors de question de finir la nuit sur une note négative, il aimerait bien avoir l'occasion de conclure !
Liam n'a pas le temps de s'exécuter qu'un nouveau message dans sa boite vocal s'annonce.
Il l'écoute et son visage blanchi a vu d'œil.
- Du sang ? murmure-t-il. Qu'est-ce qu'il raconte cet andouille ? sort-il, se parlant à lui-même.
Il rappelle de suite, faisant les cents pas autour du lit.
- Allo ? Yann ?
Il est aussitôt abasourdit par le flot de paroles.
- Quoi ? As-tu vu une infirmière ? Comment ça ? Non, joins une infirmière enfin ! tente-t-il de le résonner. Qu'est-ce que tu espères que j'y fasse de là où je suis ? Calme-toi ! Je sais, je comprends. Elle va venir. Tu es certain d'avoir appuyé sur le bouton ? Veux-tu que je joigne le service ? Ok, attend, je prends le fixe.
Liam quitte la chambre pour revenir aussi vite, avec sur une oreille le portable et sur l'autre le fixe sans fil. Cette conversation étrange se poursuit, laissant Nelcha interrogateur, n'entendre que la moitié de l'échange.
- Oui, bonsoir excusez-moi de vous déranger à une heure si tardive, serait-il tout de même possible d'avoir le service réa, s'il vous plaît ? Je suis au courant, il se trouve que mon ami qui est hospitalisé chez vous, vient de me laisser un message des plus déstabilisants. Il serait recouvert de sang et tenterait d'appeler une infirmière sans succès. Puisqu'il a interdiction de se lever... Très bien j'attends merci.
Liam continue de marcher de long en large et la fatigue entame son masque déjà crispé, en lui dessinant quelques cernes bleutés sous les yeux.
- Pardon ? Yann Paillet. Oui, c'est ça. D'accord merci. Oui oui, j'attends.
Les secondes semblent des minutes, Liam se mord la lèvre. Dehors la neige continue inlassablement de tomber. Nelcha frisonne et décide de se glisser sous la couette.
- Qu'elle aille le voir lui déjà ! Ha c'est bon ? Ok très bien si elle est déjà sur place. D'accord oui. L'infirmière est arrivé entre temps, glisse le blond, une main sur le combiné à l'intention de la créature nouvellement introduit dans son lit. J'attends qu'on me dise ce qu'il se passe.
Le chanteur se contente d'un pauvre : - Prend ton temps -, en opinant du chef.
- Oui allo ? Re-bonsoir madame, oui ?
À mesure que Liam assimile l'explication, son teint pâlit de plus belle.
- C'est dû à quoi ? Une très forte anémie ? répète-t-il après elle, hébété. Vous n'aviez pas prévu ça ? Comment ça, il va falloir le mettre sous perfusion ? ! Il sort demain non ?
En réaction à la réponse qu'il obtient, un abattement le pousse a s'assoir sur le lit.
- Merde, grince-t-il tout bas. Enfin déjà hier et avant-hier, vous nous disiez que ce n'était pas grave ! Chaque soir, il y a quelque chose de nouveau, s'énerve-t-il finalement. Sous cortisone ? Allergique ? Qu'est-ce que j'en sais moi, demandez-le lui enfin ! Qu'ils sont lourds ! grogne-t-il. Pouvez-vous me le passer s'il vous plaît, son portable a coupé. Allo Yann ? L'infirmière m'a dit, ça va ? Tu es sûr ? C'est normal ça, t'inquiét'. Je sais que tu as eu peur, tu as bien fait. Ok, je passe te rendre visite demain.
Liam sourit un peu.
- On ne va pas parler du concert à l'heure qu'il est voyons ! Oui ça s'est bien passé. Bien sûr que tu nous as manqué. D'accord, tu vas dormir ok ? Si tu as le moindre souci n'hésite pas à recommencer, bisous.
Ses yeux s'arrondissent.
- Nan idiot, je ne te dirais pas où tsss !
Liam rougit et se détourne de Nelcha gêné par la situation.
-T'es idiot va dormir, ajoute-t-il à l'intention de son interlocuteur.
Nelcha affiche un petit sourire à son tour.
- Amusant comme le malade arrive à dédramatiser la chose. Et Liam est si mignon à se préoccuper et s'inquiéter. Son expression amusée le rend encore plus beau.
- Je suis vraiment désolé, s'excuse de nouveau le blond en raccrochant. Il s'est réveillé couvert de sang, sans savoir pourquoi. Putain, ça continue les emmerdes imprévues, voilà que maintenant il déclare une anémie. C'est vraiment le pire des scénarios. Je n'ai pas osé lui dire ce que l'infirmière m'a avoué.
- ...
- Pardon je ne suis plus avec toi là. Et les infirmières qui ne répondaient pas ! Bouton débranché y parait j'te jure ! continue-t-il.
Se rapprochant il ajoute : - Comment je vais lui dire demain ?
L'invité observe son hôte visiblement abattu. Ne sachant de quelle manière réagir, il se contente de l'enlacer.
- Je ne sais que dire, ça m'attriste pour lui.
- ...
- Et pour toi.
- ...
- Tu préfères rester seul ?Je peux rentrer en taxi si...
Liam se trouble.
- Ha non, ne me quitte pas maintenant, s'il te plaît ! Je suis désolé, je n'en parle plus, réagit l'architecte à ses derniers mots.
Nelcha, assez surpris de cette réaction, lui prend le menton entre les mains.
-Chuuuut mon doux, je reste si tu le souhaites.
- Merci, je dois juste prévenir Gabriel de la situation. S'il l'apprend de quelqu'un d'autre alors que je ne lui ai rien dit, je n'ose pas imaginer la scène. Et je suppose que Yann s'attend lui aussi, à ce que je le tienne au courant.
- Acquitte-toi donc de tes obligations ! Et si après, tu as envie de parler, je suis là d'accord ?
Un léger baiser atterrit sur la bouche du blond qui s'empresse de reprendre son fixe.
*
Gabriel craignait la colère de Uzu, à présent il trouve son silence glacial pesant. Le silence pourtant ne dure pas.
- J'espérais que tu me dises si tu m'aimes toujours, lâche, étrangement calme, l'asiatique. Vu que tu ne me l'as pas montré de la journée et que ton comportement ces derniers temps et si bizarre. Tu es tellement distant, tellement focalisé sur le groupe ou sur Yann.
- ...
- J'ai vraiment eu envie qu'au moins, tu me le dises, poursuit-il étant donné que l'autre ne répond pas. Lequel de nous deux a vraiment changé ? Je ne sais pas si c'est en toi ou en moi que je n'ai plus autant foi. Avant je n'en avais pas besoin de ces mots là, j'avais confiance. Ça n'est plus le cas.
- ...
- Cela dit, en fin de compte, si je te cuisine là-dessus, la seule chose que j'apprendrais vraiment, c'est que tu es prêt à me dire ce que j'ai envie d'entendre.
- Et ça t'laisse indifférent c'que j'te dis d'puis une heure ? se plaint Gabriel.
-...
- C'qu'est drôle Youz', c'est qu'Yann a tenté une fois d'plus de m'faire dire, que j'l'ai jamais aimé. V'la deux ans qu'y passe son temps à douter d'mes sentiments. J'ai dû m'tromper qu'que part si ça s'reproduit aujourd'hui avec toi. Ça vient forcément d'moi. Pour toute réponse j'ui ai dit : « C'est là qu'il a toujours été l'problème avec toi ! Youz' y m'croit quand j'ui dis qu'je l'aime. » Et j'ui ai démontré qu'pourtant j'agis pas différemment avec toi. Bha visiblement j'me trompais !
- Tu lui as vraiment dit ça ?
- Tu crois qu'j'mens ?
- Non, c'est que...
- Quoi ?
- Et bien, pour calmer Yann tu lui parles de moi et pour me rassurer, tu me parles de lui. Je ne suis pas très fin en ce qui concerne les rapports humains et les sentiments mais je trouve ça franchement maladroit.
- Bha ok ch'uis pas doué ! J'l'admets.
- ...
- Ça... ça m'fais mal quand j'entends Yann renier les sentiments qu'j'ai pu avoir pour lui et j'me sens carrément lamentable quand tu m'dis qu't'as pu confiance et qu'tu vas jusqu'à douter que j't'aime.
- Gabriel j'ai carrément peur que tu me largues pour retourner avec ton ex, j'ai besoin d'être rassuré c'est tout.
- ...
(Silence mal à l'aise).
- Et là, tu vois quand vois la tête que tu tires, que j'y lis l'effroi et que tu ne réponds rien à ce que je viens de t'annoncer, je m'aperçois qu'il y a quelques mois tu aurais juré tes grands dieux que jamais tu me laisserais pour lui et je me dis que j'ai raison de m'inquiéter.
Gabriel prend un temps avant de répondre, la culpabilité le submerge.
-Tu comprends, j'ai cru qu'il allait mourir, j'ai eu tell'ment peur. Pour toi ç'peut paraitre stupide, il est juste malade sauf qu'y'a tellement d'gens qui meurent autour d'moi. J'étais soulagé d'le savoir en vie mais franchement quand j'l'ai vu dans c't'état ça m'a terrifié d'nouveau. Et lui, c'con, il arrêtait pas d'répéter ça, que j'l'aimais pas, que j'l'avais jamais aimé. J'voulais pur'ment m'défendre d'ses accusations et l'rassurer lui aussi. Si jamais il mourait en pensant ça ? Y fallait qu'j'fasse qu'que chose !
- Qu'est-ce qui s'est passé ? interroge anxieux Uzu qui sent le nuage noir assombrir le ciel de leur couple.
Les mains de Gabriel se mettent à trembler.
-Je... J'ai raconté n'import' quoi.
- N'importe quoi ?
- Qu'si y'avait une chance qu'y m'croit, j'étais prêt à t'quitter. Ch'ais même pas pourquoi j'ai dit ça, sembale-t'il en voyant la réaction de Uzu. C'est sorti sans réfléchir, s'empresse d'assurer le goth.
Ce n'est pas suffisant, le visage de Uzu est livide, aucune expression ne s'y forme, aucune réaction non plus. Il a l'impression d'avoir pris une vague glacée en pleine tête. Il est comme assommé.
-C'tait pas vrai, mon amour crois-moi, j'ai pas du tout envie de t'plaquer, j'ai passé tout l'trajet du r'tour à me d'mander si j'étais fou d'avoir dit ça ! J'taime ! J'ten supplie faut qu'tu m'crois.
- Est-ce que tu l'as embrassé ?
- ...
Le silence de Gabriel est à ce moment là, la pire des réponses.
- Et est-ce que vous...
- Noon !
- Nan bien sûr pas à l'hôpital !
- Youz'...
- Ne me touche pas ! Et arrête ton cirque ! Qu'est-ce que tu veux ? Lui ou moi ? Est-ce qu'au moins tu le sais ?
- Toi, bien sûr qu'c'est toi ! J'te d'mande pardon, s'teuplaît pardonne-moi, j'fais nawak. Ch'ais même pas c'qui m'a pris.
- Ce qui t'as pris ? Tu as laissé parler ton cœur pardi !
-Noon Youz' non ! J'étais pas dans mon état normal.
Uzu s'est rassis, ou plutôt effondré sur le canapé. Gabriel, à genou sur le sol attend la sentence, quand le téléphone se met à sonner.
*
-Allo Gab ? Ha Youd'zeu. Oui, j'ai vu l'heure, mais...
Surpris Liam ôte un instant le téléphone de son oreille. La grimace qu'il affiche laisse à penser que le ton, à l'autre bout du fil, n'est pas des plus sympathiques.
-Youdzeu a horreur d'être réveillé, confie-t-il d'un air dépité à Nelcha, une main sur le combiné. Heu oui... Nan, Youd'z, écoute j'aimerais simplement parler à Gabriel, c'est au sujet de Yann...
Le dernier mot s'avère avoir déclenché une cascade de hurlements de la part de son interlocuteur. Liam éloigne de nouveau le téléphone et échange un regard embêté avec son invité du soir. Celui-ci a tout le loisir, de prendre la mesure du niveau d'animosité de l'individu se trouvant au bout du file et ce, même s'il ne comprend pas ce qu'il se dit.
- Au moins Youd'z à retrouvé sa voix, murmure Liam avant de tenter d'en placer une. Non Youd'z, c'est parce que Yann a... allo ? Allo ?
- Il a raccroché ? l'interroge anxieux l'androgyne enroulé dans la couette.
Liam lui répond par la négative, d'un hochement de tête puis reprend la conversation téléphonique, cette fois avec la personne concernée. La discussion sera courte, visiblement Gabriel a d'autres chats à fouetter ce soir, que la santé de son bassiste.
-Ça va ? s'enquière le chanteur quand Liam se laisse retomber sur le lit.
- Oui, je crois qu'il y a de l'eau dans le gaz entre ces deux là. J'ai dans l'idée que Yann n'est pas étranger au problème et j'imagine que mon intervention n'a pas aidé. C'est le souci avec lui, même quand il n'est pas là, il fout la merde chez tout le monde.
- J'avais cru comprendre que son enfer est pavé de bonnes intentions.
- Tu mets le doigt dessus.
La main de Nelcha glisse dans son dos, Liam se laisse entrainer par sa bienveillance et le rejoint sous les draps.
-Je déteste ça, le savoir là-bas, rabâche-t-il. Ce séjour est beaucoup trop long à mon goût. Tous les jours, ils trouvent un truc nouveau. Mince c'est censé être une maladie sans gravité, tout le monde l'attrape !
À la mine ennuyée de son partenaire, il s'excuse une nouvelle fois, blottissant son visage dans les boucles du chanteur compréhensif qui l'enlace, le sert et lui offre toute sa douceur.
- Désolé je ne cherche pas à te gaver avec ça.
- Là, reste contre moi, ça va aller mieux j'en suis certain, lui assure-t-il.
- J'ai perdu mon frère de la sorte, lâche le blond qui éprouve le besoin de révéler à un inconnu un des épisodes qu'il s'applique pourtant à cacher à son entourage d'habitude. Il est né avec une malformation cardiaque, nous étions habitués aux hôpitaux depuis sa naissance, puis il y a eu cette opération bénigne. Tout s'était très bien passé, il devait rentrer rapidement. Puis l'infection nosocomiale a pointé son nez, vicieuse, récalcitrante. Au début ça n'avait l'air de rien. De la fièvre qui ne descend pas, un abcès repairé tardivement, que de petites choses idiotes. Mais très vite l'inquiétude s'est installée. Les allers-retours entre chez nous et les différents services médicaux, ont duré des mois, septicémie, coma médical, amputation. Chaque fois de nouvelles découvertes, des complications, de plus en plus graves. Il y est mort, malgré l'acharnement thérapeutique, sans une véritable raison, injustement. Personne n'est parvenu à y croire et personne n'a compris. Nous pensions tous que son cœur serait le responsable, qu'un jour ou l'autre sans doute... mais ça...
Son interlocuteur reste un instant interdit, et plutôt que de manquer de tact par une quelconque parole, l'androgyne se contente de garder le silence, préférant l'embrasser avec douceur.
- Désolé, je continue à plomber l'ambiance.
- Arrête de t'excuser, ma parole c'est une vraie maladie ça ! Tu n'as rien à te faire pardonner insiste Nelcha espérant l'apaiser.
Liam a envie d'oublier et cette nuit lui en offre l'occasion, il serait dommage de ne pas en profiter. La douleur est-elle une excuse valable ? Ces questions restent en suspend. À l'image d'un animal blessé, le jeune homme se laisse cajoler, surpris par sa propre capacité à se vider l'esprit. Il ne s'en croyait plus capable. La douceur affable de son amant apparaît semblable à un sucre que l'on diluerait dans le médicament afin de le faire « passer » plus facilement. Son invité lui permet presque tout. Liam décide d'arroser sa décision de lâcher prise, de nouveaux verres d'asti sucré, frais et emmiellé.
L'heure avancée et l'alcool les ont rendus dolents, ils passent à l'acte dans une totale nonchalance. Enfin, le blond s'endort pour quelques heures de nuit sans rêves.
*
L'asiatique est désemparé par la situation autant que par ce coup de téléphone.
- C'est vraiment le comble !
Il abandonne Gabriel à sa repentance pour disparaître quelques minutes dans la chambre.
- Je te déteste, lâche finalement le japonais quand il est rejoint par son amoureux accablé de remords. J'ai tellement peur, je me sens si mal et tout ça c'est de ta faute.
- Ho Youz'...
- Largue-moi.
- Quoi ? souffle effaré le goth.
En réalité Uzu tente le tout pour le tout afin d'avoir une réponse véritable et honnête à ses questions. Persuadé que la seule solution est de mettre Gabriel face à une situation fatale afin qu'il n'ait pas le temps de réfléchir.
- Je continuerais à chanter dans le groupe.
-Noon, s'affole Gabriel au pied du mur. You'z j'ten prie !
Ses bras cherchent à l'attirer vers lui.
- Quitte-moi, insiste Uzu. Choisis Yann et arrête de nous torturer lui et moi.
- Pas ça, j'ten supplie, j'taime, fais pas ça.
- Prend une décision immédiatement ! lui crie le japonais. Tu n'auras pas de meilleur moment !
Gabriel s'accroche à Uzu du plus fort qu'il est capable. Il n'arrive plus à contrôler sa respiration, le sang bat à ses tempes. Puis, une douleur électrise sa poitrine et l'oblige à tout lâcher. Soudain le sol se dérobe et le décore disparait.
Uzu a déjà été témoin de quelques crises d'angoisse plus ou moins importantes, ainsi que de l'état catatonique qui souvent suit. C'est pourtant la première fois qu'il voit son copain perdre connaissance.
*
La nuit est calme, le couple d'un soir dort depuis presque deux heures et demie, lorsque le téléphone sonne une nouvelle fois.
- Allo ? Youd'z ?
Liam a à peine le temps de réaliser qu'il est bien éveillé, que déjà la voix de son ex résonne, affolée, à son oreille.
-Ho là, je vais t'aider, calme-toi ! souhaite-t-il, espérant rassurer l'asiatique en panique.
Nelcha surprend d'un œil endormi, son bel étalon bondir une nouvelle fois hors du lit.
- Quoi ? Que s'est-il passé ? Ok tu l'as couché en posi... Youdzeu ? Youdzeu respire, zen ! Si tu dérailles aussi, tu ne réussiras pas à l'aider ! Écoute-moi maintenant. Tu vas le mettre en position latérale de... Ok si c'est fait et bien...
Un soupir de lassitude glisse entre ses lèvres.
- Cesse de me couper la parole ! exige de suite le blond.
Liam se tourne vers son invité.
- Décidément quelle nuit !
Dehors, une tempête de neige fait rage, depuis un moment, les rues et les trottoirs ne se différencient plus. Nelcha doute d'être à sa place ici. À cet instant il n'en a pas l'impression. Jamais il ne s'était senti aussi étranger quelque part.
- Laisse-le revenir à lui doucement, il est en état de stress ça va peut-être le laisser affaibli, il faut lui laisser le temps. Maintient-le bien sur le côté. Place-toi derrière lui, réconforte-le, touche-le, au besoin couvre-le, il risque d'avoir des sueurs froides et des variations de température. Voilà, reste prés de lui. Tu lui parles.
L'androgyne capte les mots, les bouts de phrases et les questions qui arrivent bien souvent après des minutes de silence. Cette histoire n'est pas la sienne, il n'est que le simple spectateur de cette sorte de comédie dramatique.
- Est-ce qu'il respire normalement maintenant ? Ok au besoin prend un sac en papiers. Il est donc sujet à ce genre de crises ? C'est habituel ? D'accord, il doit avoir des médicaments ? Nan, appeler le SAMU pour ça, ne servirait à rien à mon avis. Attend qu'il se relève seul. C'est bon ? Renseigne-toi sur ce qu'il prend. Bon ça va aller ? Oui aide-le et après couche-le. Tu as une idée de ce qui a pu engendrer la crise ? Bon, calme le jeu ok ? Vous en parlerez calmement plus tard, là il va être épuisé. Rappelle-moi s'il y'a un autre problème. Mais non ce n'est pas ta faute...