- Reviens ici, cria l’un de mes deux poursuivants.
Deux coups de feu retentirent. Putain !! Mais ces deux enfoirés me tiraient dessus en plus !
Je courais de toutes mes forces, le plus vite possible. Ce soir-là, j’étais sorti en plein milieu de la nuit alors que le gouvernement avait instauré un couvre-feu pour ralentir une pandémie. Non seulement j’étais une racaille qui sortait sans permission, mais en plus j'étais un gros poissard. Je m’étais retrouvé à quelques mètres de deux hommes qui venaient d’abattre une personne sans respect au milieu de la rue. Et forcément, poisseux comme j'étais, l'un d'eux m'avait repéré. Heureusement que j’étais quelqu’un de sportif, parce que sinon je serais déjà mort à cet instant. Je courais comme un dératé, martelant à toute vitesse les trottoirs de la rue Tête d'Or.
Je refusais de mourir ici. Quelle honte! Deux autres coups de feu retentirent derrière moi. L’une des deux balles fit voler en éclat le rétroviseur d’une voiture garée un peu plus loin. Quant à l’autre, je ne voulais même pas savoir où elle s’était logée. J'allais peut-être mourir. Malgré ça, je ne ressentais pas de peur particulière. Juste une certaine excitation due à la course poursuite. Ma seule pensée était celle des portes du paradis, s'ouvrant devant moi... Je me voyais mal être jugé par un saint, tout ça pour ne pas avoir respecté le couvre-feu. (Je sais, ça n’a pas de sens, mais on ne juge pas. Chacun son cerveau, OK?).
Je sautai par-dessus le capot d’une voiture qui était garée sur le passage piéton juste devant moi. Une scène digne d'un film d’action. Comme quoi, on était pas obligé de s’appeler John Wick pour faire ça. Alors que je commençais à virer à gauche sur la place Cardinal Jean Villot, un cinquième coup de feu retentit. Soudain, la douleur déchira mon épaule droite. J'étais touché? Merde, j'étais touché !
- Mais quel bâtard ! m’exclamai-je de douleur en me tenant l’épaule.
Je n’avais pas le temps d’y penser, il fallait fuir. Je connaissais très bien le quartier. J’avais l’intention de couper par le petit parc pour enfants situé en face de l’église. Ce parc était très peu éclairé en pleine nuit. Ça augmenterait mes chances de survie. Je sautai alors par-dessus la grille. Arrivé en haut, j’en profitai pour jeter un coup d'œil rapide derrière moi. Les deux hommes, qui me poursuivaient, n’étaient plus très loin. Il ne me restait plus qu’à prier pour que les coups de feux aient attiré les flics, et qu’ils viendraient me sauver. (Non mais tu rêves mon gars, on est à Lyon, pas dans un film de Batman !!). C’était ma chance pour distancer ces deux connards, je n’avais plus qu’à sprinter à travers le jardin.
ET VLAN !!
Je venais de glisser sur un truc et m’étais ramassé par terre comme une merde qui fait ploc. Si ça, ce n’était pas la poisse. Le truc sur lequel j'avais glissé était en fait une Majorette Cars. Je savais que les Disney c’étaient pourri, mais là, franchement, déjà que mon épaule me faisait un mal de chien ! Je relevai la tête : évidemment les deux hommes m’avaient rattrapé. mon coeur battait à une vitesse folle, il faisait chaud, très chaud.
- Je n’ai rien contre toi, mais tu comprendras que je ne peux pas te laisser aller raconter tout ce que tu as vu à la police ? envoya celui qui n'était pas armé.
Il était petit et trapu. Il avait l’air d'avoir une mâchoire assez carrée, parsemée d’une grosse barbe à la Hipster.
A ce moment-là, dans les films d’actions, la victime aurait répondu qu’il n’avait rien vu, ou alors “nique ta mère !''. J’aurais bien pris la deuxième option, histoire d’être un rebelle jusqu’au bout. Mais la vérité c’est que j’avais la gorge bien trop sèche et le souffle bien trop court pour pouvoir dire quoi que ce soit. Je m’étais à demi redressé sur les fesses. J’avais l’impression que ma main droite s’enfonçait dans le sol. J'avais de plus en plus chaud. La sueur coulait dans mes yeux, troublant ma vision. J’avais du mal à voir clairement le visage des deux hommes qui se dressaient devant moi. L’homme armé leva le bras pour pointer son arme en direction de ma tête. Il se tenait à peu près à deux mètres de distance. Il était plus grand que son partenaire. Ce con portait un blouson en cuir alors qu’il faisait plus de 30 degrés la nuit ces temps-ci.
J’eus le réflexe débile de tendre mon bras droit pour placer ma main entre son arme et mon visage. J’eus à peine le temps d’entrevoir clairement son visage éclairé par ma main qui s'était mise à briller. Comme brille un métal chauffé à très haute température.
La suite se déroula en un éclair. J’eus tout juste le temps d'entrevoir la stupeur sur le visage du tueur qui me visait avec son flingue, que les deux hommes prirent feu.
Ce n’était pas le genre de feu que l’on voit dans les films, quand un mafieux met le feu à de l’essence pour brûler une baraque. Non, c’était plus comme si soudainement, Dracarys lui-même leur avait mis le feu. (Oui, je suis un Geek !!). On aurait dit que les flammes étaient vivantes. Elles étaient tellement intenses que j’ai bien cru prendre feu avec eux. Cette scène aussi surprenante soit-elle, avait duré une quinzaine de secondes. Et soudain… Plus rien.
Non, mais vraiment plus rien. Les flammes de l'enfer disparurent en emportant avec elles les deux salauds qui étaient sur le point de me tuer. Il ne restait d’eux que quelques cendres qui virevoltaient. Même un mégot de cigarette fait plus de cendre. J’étais resté bien une trentaine de secondes à les regarder se faire emporter par une légère brise. Ma main ne brillait plus, mais elle était devenue toute rouge du milieu de mon avant bras, jusqu’aux extrémités de mes doigts. Un rouge sang qui était encore très chaud.
Mais que venait-il de se passer au juste ? Je levai la tête pour observer autour de moi. Sur ma droite, quelques fenêtres s'éclairaient les unes après les autres. Je restais pour l'instant dissimulé par le feuillage des arbres du jardin, mais ça ne durerait pas longtemps. En face de moi, l'église Saint nom de Jésus paraissait toujours aussi calme. Sur ma gauche, tout était éteint. C’était un immeuble réservé aux bureaux d’une agence immobilière. Et le bâtiment derrière moi était en travaux. j'espérais que personne n’ait vu ce qu’il venait de se passer.
Pas le temps de se poser des questions, il ne fallait pas que je traîne et qu’on me trouve ici. D’ailleurs, il ne fallait pas qu’on me trouve tout court, car le simple fait d’être dehors en pleine nuit était une infraction au couvre-feu. Sans réfléchir, je courus vers la sortie qui était derrière moi. Je devais rentrer chez moi sans que personne ne me voie.
Mais quel con. Qu’est ce qui m’a pris de vouloir prendre l’air, en pleine nuit, de marcher aussi loin, et ce, pendant un couvre-feu national. Je pense qu’il me fallut bien plus d’une heure pour arriver à mon appartement situé dans le septième arrondissement de Lyon.
Arrivé chez moi, je me dirigeai dans la salle de bain pour me mettre de l’eau sur le visage. Mais merde, je n’arrivais toujours pas à croire ce qui venait de se passer plus tôt dans la nuit. Pleins de questions se bousculaient dans ma tête. Qui étaient ces hommes ? Pourquoi ont-ils tué quelqu'un ? Et pourquoi ils ont tout à coup pris feu ? Est ce que c’était moi qui leur avais fait ça ? J’examinai ma main droite. Elle avait repris sa couleur d’origine, c’est à dire blanc comme un cul. Je me mis à m’examiner à travers le miroir en commençant par le visage. Ces derniers temps, j’avais perdu du poids. Cela faisait bien deux semaines que je ne m’étais pas rasé. J’avais les yeux creusés par la fatigue. On aurait dit la tête d’un dépressif en dépression (NO comment!!). Pourtant ce n’était pas le cas. Mon œil droit était un peu plus rouge que le gauche, et le brun de mes iris n’était pas tout à fait le même des deux côtés. Le droit était un peu plus jaune.
D’un coup, je me rappelai qu’on m’avait tiré dessus. J’eus beaucoup de mal à enlever mon tee-shirt : j’avais tellement transpiré qu'il me collait à la peau. Après avoir bien bataillé, je me tournai dos au miroir pour examiner mon épaule droite. RIEN !! Absolument rien. Ni trou dans le corps, ni douleur, ni trace de sang. Pourtant, j’aurais juré que j’avais bien pris une balle à cet endroit. J’entrepris alors de jeter un œil à mon tee-shirt. Il y avait bien un trou de la taille d’un impact de balle et du sang sur mon tee-shirt à cet endroit là (Mais What the Fuck!!). J’avais sous les yeux la preuve qu’on m’avait bien tiré dessus. Je réexaminai donc mon épaule droite. Toujours rien. Rien de chez rien. R A S. Pas le moindre petit trou ou la moindre gouttelette de sang.
Putain, ce bâtard avait défoncé mon tee-shirt de Running man (Oui, je sais, ne vous moquez pas, on à pas tous le même sens des priorités. D’accord?). Je ne pouvais pas jeter un vêtement taché de sang. Ça serait trop risqué. Et si quelqu’un le trouvait ? Je devrais le brûler ? Mon tee-shirt préféré, putain. Je le jetai dans la bassine qui était au coin de la salle de bain. j’avais plein de questions sans réponse, mais une chose était sûre, j’étais encore en vie et j’avais besoin d’une bonne douche.
Le réveil du lendemain fut très compliqué. Est-ce que j’avais rêvé de tout ça ? Comme tous les matins, j’avais à peine ouvert les yeux que le chat tigré, qui pensait être le propriétaire de mon appartement, vint ronronner auprès de moi. Non pas pour me souhaiter un bon réveil, mais parce que Monsieur voulait boire au robinet de la salle de bain. Quelle ingratitude. Je me levai avec beaucoup de mal pour aller ouvrir le robinet de la salle de bain. Pendant que le chat buvait, je remarquai que mon tee-shirt blanc taché de sang baignait toujours dans la bassine. Ce n’était donc pas un rêve.
Pendant que je me faisais couler un café, je parcourais le fil d’actualités des réseaux sociaux à la recherche d'indices. Pas loupé. Juste en dessous d’une jolie paire de fesses d’un poste de “garde la pêche” un article du 20 minutes avait pour titre :
“Meurtre d’une jeune femme dans le sixième arrondissement de Lyon”
Je cliquais sur le lien pour pouvoir lire l’article. Celui-ci disait :
“Dans la nuit du vendredi au samedi 24 Juillet, Olivia Simon, jeune chercheuse en physique, a été retrouvée assassinée par balles dans le sixième arrondissement de Lyon. Les raisons et l’auteur des faits ne sont pas encore connus. La police locale a retrouvé ce qu’il semble être l’arme du crime, dans un square quelques rues plus loin. On peut donc écarter le suicide des scénarii possibles. La brigade anti- criminalité a ouvert une enquête. Une personne proche de la victime nous a rapporté qu’Olivia avait une attitude étrange depuis quelque temps. Les parents de la jeune fille de 28 ans sont en ce moment interrogés par les forces de l’ordre. Un appel à témoin à été lancé dans l’espoir d’avoir plus d’informations sur ce meurtre, commis cette nuit aux alentours d’une heure et demi du matin. Pour le moment les autorités n’ont pas voulu divulguer plus d’informations, l’enquête suit son cours.”
C’est tout ce qu’il y avait. Rien ne faisait mention de l’apparition soudaine de flammes Olympiques en plein milieu d’un jardin d’enfants, ni d’une course poursuite, ni sur la disparition de ces deux hommes qui avaient voulu me tuer. Si ces deux types ne s’étaient pas embrasés, mon nom figurerait aussi dans cet article de faits divers, et quelques semaines plus tard, la société indignée aurait oublié tout ceci.
Et maintenant ? Que devais-je faire ? Continuer à vivre normalement ? Non, j’avais besoin de réponses à mes questions. Mais où ? A qui est-ce que j’allais bien pouvoir raconter ça ? « Bonjour, hier soir j’ai mis le feu sans faire exprès à deux types qui s’en prenaient à moi. Vous avez une explication ? » Je ne suis pas sûr que ce soit l’idée du siècle. Mais j’avais besoin de savoir. Je tapai « mettre le feu par la pensée » dans la barre de recherche Google de mon smartphone. Et bien entendu, des bandes annonces de film et ce genre de conneries tombaient comme résultats. Ce n’est sûrement pas sur le Net que j’allais trouver mes réponses. Si ça se trouve, j’étais un mutant ? Ou alors ! Albus Dumbledore allait frapper à ma porte pour me révéler que j’étais un sorcier et que j’allais être admis à Poudlard (Quoi ? On a le droit de rêver, non?). Bref, de toute façon j’avais toute la journée pour faire des recherches. A cause de la pandémie, je n’avais plus de travail et du temps à tuer.
La première étape était de bien comprendre ce qu’il m’était arrivé. Comment est-ce que j’avais pu faire jaillir des flammes ? Je me concentrai sur ma main droite pour voir ce qui allait se produire, mais à part avoir la même tête qu’un constipé sur son trône, rien ne se passa. Mon chat était posé devant moi et me toisait comme s'il me découvrait pour la première fois. Il devait sûrement se dire que j’avais vraiment l’air d’un gros con. J’avais essayé plusieurs fois de me concentrer, mais rien à faire. Il n’y avait donc aucun moyen de contrôler ce truc ? peut-être que je possédais un Migi, comme dans Parasite (Oui, j'ai beaucoup d'idées débiles comme ça. Et alors ?).
La deuxième étape consistait à faire des recherches sur les forums pour voir si ce genre de truc était déjà arrivé à quelqu’un d’autre auparavant. Mais comme vous pouvez l’imaginer, je fis chou blanc. Qui parlerait librement de ça, si ça lui était arrivé ? Personne. Si c’était le cas, on les prendrait pour des fous ou alors ils seraient enfermés dans un laboratoire top secret du gouvernement et plus personne n’entendrait parler d’eux.
J'arrêtai donc de faire mes recherches. Ce n’est pas comme cela que j’allais obtenir des réponses. Donc, comme tous les autres jours depuis des mois, je me suis mis à geeker sur la console toute la journée. Mais je n’arrivais pas à chasser cette scène de mes pensées. J’avais quand même tué deux personnes. Et devant une église en plus. Mais d’ailleurs, et si c’était la main de Dieu ? Cette théorie me paraissait moins stupide que celle de Dumbledore ou des X-men. Mais je n’étais pas croyant du tout. Je n’étais pas non plus du genre à croire ce que je voyais ou ce que j’entendais, comme la plupart des gens. J’étais même plutôt du genre à m’intéresser au surnaturel, aux énergies, etc... D’ailleurs, je pratiquais moi-même du Reiki. Et si c’était ça ? Non, non, débile, ce sont des soins énergétiques, pas des sortilèges. Plus je me posais de questions, plus je m’imaginais des théories plus loufoques les unes que les autres. Mais rien à faire, il m'était impossible de mettre mon cerveau sur off. J’avais quand même tué ces deux mecs. Involontairement, certes, mais est-ce que cela faisait de moi un meurtrier ?
Les deux nuits qui suivirent furent épouvantables, je revoyais la scène en cauchemar. Le bruit des flammes qui désintégraient ces deux pauv’ types me réveillait en sursaut, tout en sueur, le souffle saccadé. Bokouro, mon chat, avait beau se caler sur mes jambes pour ronronner, je n’étais pas plus rassuré pour autant.
Deux jours après l’incident, quelqu’un frappa à ma porte vers 11h du matin. Je pensais que c’était enfin mon colis Chronopost qui avait déjà trois semaines de retard, mais non. Ce n’était qu’un doux rêve, brisé par la présence d’un homme en costume/cravate accompagné d’un policier en uniforme.
- Bonjour Monsieur, vous êtes bien Johann Meyer ? demanda l’homme qui ressemblait à un mélange de Mister Bean et de Hercule Poirot.
- Oui, c’est bien moi, répondis-je. Que puis-je faire pour vous ?
- Je suis le commissaire Dupont de la brigade criminelle, rétorqua-t-il. Je ne peux pas vous en parler ici, il faut que vous nous suiviez au commissariat.
- Très bien, je prends mes affaires et je vous suis.
Le fait que je ne paraisse pas étonné de la situation ne devait pas jouer en ma faveur, mais que pouvais-je faire d’autre ? Je n’avais aucun intérêt à ne pas obéir. Le trajet en voiture ne fut pas trop long, mais très étouffant. Aucun de nous trois n’avait prononcé le moindre mot, jusqu’à arriver dans le bureau du commissaire Dupont au commissariat central du huitième arrondissement. Son bureau était impersonnel et quasiment vide. Il ressemblait plus à une salle d'interrogatoire. A croire que la police bossait en télétravail.
- Asseyez-vous, m’ordonna le commissaire.
Pendant que je m’asseyais devant lui, le policier en uniforme referma la porte et alla se placer derrière son chef, les bras croisés derrière le dos, debout, droit comme un piquet. Il me regardait de haut. Il pensait sûrement m’impressionner. Je trouvais qu’il avait une tête de Playmobil (Je sais, il y a mieux comme description, mais franchement, c’est celle qui lui va le mieux!!). Le commissaire soupira.
- Vous savez pourquoi vous êtes là ? demanda Hercule Dupont (C’est le petit nom que je lui avais trouvé dans ma tête, je trouvais que ça lui allait bien)
- Non, mentis-je.
Le visage du poli-playmobil, qui était resté silencieux tout ce temps, vira au rouge. Il avait l’air en colère. C’était bien la première fois que je voyais un Playmobil en colère.
- Vendredi soir, une jeune femme de 28 ans a été retrouvé morte devant son lieu de travail, Cours Lafayette, côté du sixième arrondissement, enchaina le commissaire en étalant devant moi les photos de la scène de crime.
- Pauvre femme, j’ai vu ça dans les journaux, lui répondis-je.
Ça, c'était vrai.
- Elle a été tuée par balles, continua le commissaire. Une dans le ventre, une dans la poitrine, et une en pleine tête.
- En effet, ce n’est pas cool pour elle, rétorquai-je. Mais je ne vois pas en quoi cela me…
- Elle a été tuée avec cette arme, poursuivit le commissaire tout en m’ignorant. Elle appartenait à cet officier de police.
Il avait sorti un revolver, rangé dans une pochette en plastique et une photo du policier en question. J’essayais de garder une expression aussi neutre que possible tout en regardant la face de l’homme qui m’avait tiré dessus deux jours plus tôt. Ce fils de pute, il avait fait un trou dans mon tee-shirt. Je ne pouvais pas m’empêcher de revoir l’expression sur son visage quelques fractions de secondes avant sa disparition.
- L’avez-vous déjà vu ? demanda le commissaire.
- Jamais vu ! mentis-je. Mais pourquoi ne pas lui demander directement ? lui demandais-je tout à fait conscient de ce qu’il allait me répondre.
- Ce monsieur et son chef de secteur, dit le commissaire en sortant la photo du policier en question, ont disparu au cours de la même nuit.
Cette nuit-là, ma vision était un peu troublée, et le parc pas très éclairé. Je n’avais pas pu reconnaître l’homme sur la photo, mais ça devait sûrement être le deuxième type que j’avais carbonisé.
- C’est embêtant, en effet. Mais je ne vois toujours pas pourquoi vous me dites ça à moi.
Le policier en uniforme gardait toujours la tête haute, mais maintenant il serrait les poings. Le commissaire sortit une troisième photo de son tiroir, accompagnée de deux autres pochettes en plastique. Sur la photo, il y avait la trace d’une main sur le sol, comme si elle avait été moulée dans le béton. L’un des sac comportait une balle de pistolet 9mm, quant à l’autre, il y avait cette putain de voiture Cars qui m’avait fait trébucher.
- Vous reconnaissez cet objet ? demanda le commissaire qui m’avait vu fixer la petite voiture.
- Non, lui mentis-je à nouveau. Je me demande tout simplement pourquoi vous me montrez tout ça.
Il fit remonter vers moi les trois dernières pièces à convictions qu’il venait de sortir.
- Et bien, dit-il, il se trouve que l’on a retrouvé votre ADN sur le sang qu’il y avait sur cette balle, et je suis prêt à parier que ceci est l'empreinte de votre main droite. Quelque chose à dire?
- Waouh, vous avez de l'imagination, lui rétorquai-je.
- NE MENTEZ PAS !! s’écria le policier en uniforme, qui nous faisait une démonstration de sa belle voix pour la première fois depuis 11h du matin.
Il avait fait un pas en avant et levé le poing. D’un geste de la main, le commissaire le remis à sa place. Quelle autorité, ce n’est pas avec mon chat que ça marcherait. Le commissaire Dupont continuait de me fixer de son regard, dont je n’arrivais pas à déterminer l’expression. Puis, il reprit.
- J’aimerais savoir M. Meyer, comment votre ADN s’est retrouvé sur les lieux d’un crime ?
- Moi aussi ! lui répondis-je avec insolence. Mais je n’en sais absolument rien, et je n’ai aucune explication à vous donner. De plus comment pouvez vous être sûr qu'il s'agit bien du mien ?
- Voyons, vous savez bien que vous avez un casier judiciaire rempli de diverses bagarres de rue. Notamment contre les Redskins et les Skinheads. J’ai juste eu à rechercher dans nos fichiers si cet ADN correspondait avec des personnes déjà fichées, et bim, voilà de la racaille.
Putain ! Je savais bien que taper sur ces abrutis n’allait vraiment mener à rien. A ce moment-là, je me suis souvenu que mon oncle Arnaud, qui est dans la police municipale, m’avait dit : “si un jour tu te fais arrêter pour quoi que ce soit, il faut toujours répondre que tu ne sais rien, coupable ou pas coupable” (Ça reste entre vous et moi, d'accord ?). Le commissaire esquissa un demi-sourire tout en continuant à me fixer droit dans les yeux. J’avais peur, qu’à force, ses yeux sortent de leurs orbites, et finissent par tomber sur la table. Il ne fit pas cas de mon insolence et continua.
- Plusieurs témoins ont dit avoir vu une personne correspondant à votre description, partir en courant du jardin d’enfants où l’arme du crime a été retrouvée.
- Monsieur, je ne me risquerais pas à sortir en pleine nuit et prendre une amende de 135 euros, lui répondis-je toujours sur un ton condescendant.
Son sourire ne s’effaça pas pour autant. Des petits cons comme moi, il avait dû en voir passer.
- Avouez qu’il y a de quoi se poser des questions quand on voit que deux de vos empreintes ont été trouvées sur les lieux, continua t-il.
- Donc, si je comprends bien, rétorquai-je, j’aurais pris l’arme de votre collègue, abattu une femme de sang froid. Et je me serais tiré une balle moi-même dessus, tout ça pour abandonner l’arme et la balle quelques rues plus loin, tout en prenant soin de bien laisser une trace de ma main dans le sol ? Franchement, vous êtes amateur de films russes ou quoi ?
C’était vrai que vu comme ça, cette histoire paraissait absolument incohérente. Le commissaire se leva brusquement de sa chaise, posa ses deux mains sur le bureau et se pencha vers moi. Il avait perdu son petit sourire narquois (Je sais, vous vous dites que je suis un génie. J'ai un don pour énerver les gens!!).
- Ecoutez-moi bien, Monsieur Meyer, dit le commissaire en serrant les dents. Si vous n’êtes pas déjà en train de croupir en prison, c’est uniquement parce qu’on n’a pas retrouvé vos empreintes sur l’arme du crime et que mes deux officiers sont toujours introuvables. Alors je serais vous, je ne jouerais pas au plus malin avec moi.
Cette fois-ci, il était vraiment en colère. Je me levai à mon tour.
- Comme je vous l’ai dit, je ne sais absolument pas du tout de quoi vous parlez, lui balançai-je d’un ton sec. Cette nuit-là j’étais chez moi, probablement en train de dormir, comme tout le monde, pour cause de couvre-feu. Je n’ai jamais vu, et je ne connais pas vos deux policiers. Et pour finir, je ne sais absolument rien de ce meurtre. Donc, si vous n’avez rien contre moi et rien d’autre à ajouter, je ne vois pas ce qui me retient ici. Et la prochaine fois, on ne se verra qu’en présence d’un avocat.
Finalement, je ressorti du commissariat avec encore plus de questions.
Tout d’abord, des flics ont descendu une chercheuse,mais ça, encore, c’était le truc le plus logique du moment. Car ce soir-là, ma main avait tellement chauffé, qu’elle avait fait fondre le béton pour y laisser une marque bien distincte. Et pour finir, je n'avais pas réalisé que la balle dans mon épaule était ressortie à ce moment-là.
Merde, ça voulait dire que j’étais le nouveau Wolverine ? Alors pourquoi j’ai mal aussi longtemps quand je me cogne le petit doigt de pied contre ce putain de meuble à l’entrée de mon appartement ? (Avouez, Je sais que vous aussi ça vous arrive souvent !!). Tout cela n’avait aucun sens.
merci pour ton commentaire.
J'ai décidé récemment de me lancer et d'éditer mon histoire.
N'hésite pas à m'ajouter sur mon instagram.
Çà serait un plaisir d'échanger avec toi.
Je découvre ton récit avec un peu de retard, mais j'avoue que je suis content d'être finalement tombé dessus !
L'essentiel a déjà été dit par mes voisins du dessous : le récit est bien construit, l'action dynamique, tu as su créer une ambiance et un rythme qui captivent le lecteur et l'amènent à se demander ce qui va arriver ensuite. D'ordinaire, je ne suis pas un grand fan des histoires ancrées dans le monde moderne, mais je dois avouer que l'idée d'associer les mondes imaginaires et la magie au Lyon de notre époque fonctionne très bien. Le contexte est crédible, j'aime l'humour de ton personnage et les références pop-culture qui lui donnent immédiatement un côté sympathique. Le gros plus, c'est qu'on peut facilement s'identifier à lui, et ce doit être encore plus aisé pour nos amis Lyonnais.
Bref, je suis curieux de découvrir la suite de ce récit, et je vais de ce pas cliquer sur le bouton "suivant" pour la dévorer.
Content que ça te plaise. Je le donne à fond pour que ce monde complexe soit simple et attractif.
Bonne lecture à toi
C'est vivant, dynamique , je suis assez curieuse de découvrir la suite.
Merci beaucoup pour m'avoir fait part de tes impressions. J'espère que la suite te plaira autant.
J'ai hâte de savoir ce que tu en pense
Bonne lecture
Merci pour le compliment. J'espère que la suite te plaira tout autant !! N'hésite pas à me dire si tu vois des incohérences ou ce genre de choses !!
Bonne lecture !
Bravo pour ce premier chapitre. J’aime beaucoup comment l’histoire commence, direct dans l’action, ça intrigue tout de suite. J’aime beaucoup l’humour et les références pop culture et aussi que ça se passe vraiment en ce moment avec la référence à la pandémie, on peut vraiment superposé la fiction à la réalité, ce qui fait qu’on se sent transporter dedans sans difficulté. Ton titre est bien aussi. Pour l’instant, j’adhère, je vais continuer cette lecture 😊
je suis Brutus, j'adore tes chapîtres, très intéressant, très bien écrit et j'ai envie de connaître la suite ! c'est prometteur effectivement.
continue comme ça !!! je perd mes épines pour toi ❤️ 🌵
Tout d'abord j'aime beaucoup le caractère de Johann, c'est un peu le mec "au point où j'en suis, je n'ai plus rien a perdre"
Les références que tu fais, sont superbes, déjà parce que je comprend et j'aime beaucoup ces références mais en plus, parce que cela donne de la modernité a ton texte. Il y a de tout, que ce soit des films, du gaming, des saga... Et j'en passe
Bravo pour ce premier chapitre, personnellement j'ai directement accroché ^^
On sent le plaisir que tu prends à écrire et ça fait du bien ! J’aime bien le fait que ça se passe dans une époque contemporaine marquée par le Covid, ça peut sembler bête... mais j’aime bien !
J’ai juste quelques remarques pas plaisantes à te faire, j’espère que tu ne les prendras pas mal…
J’ai un peu de mal avec deux passages de ton chapitre :
Le premier, c’est quand il se fait tirer dessus. Se prendre une balle, même si elle est non létale, ça fait super mal ! Là, je n’ai pas l’impression qu’il souffre tant que ça… Après je ne sais pas s’il a été touché directement ou pas, mais dans le doute, je préfère soulever ce point. Le passage où il râle sur son t-shirt troué m’a fait sourire, c’est soit un peu maladroit, soit Johann Meyer est un homme au nerf d’acier. Ouais, c’est drôle, mais le lecteur aura du mal à considérer l’évènement comme quelque chose de grave si le personnage lui-même s’en fiche.
Le deuxième, c’est l’interrogatoire et notamment le fait que la police ait son ADN. Il a fait l’armée ou non, ça ne change rien. Aux dernières nouvelles, les flics n’ont accès qu’à des sections d’ADN et elle ne les récupère que dans le cadre d’un délit et l’armée ne récupère pas l’ADN de ses soldats.
Le dernier truc est assez personnel. Je n’ai aucun mal avec les références pop culture. J’en fais aussi. Mais là, je trouve qu’il y en a beaucoup trop. Après j’ai vu d’autres commentaires ou au contraire, c’était apprécié donc…
Merci beaucoup pour ce retour.
pour l'histoire de la balle, j'ai rajouté un petit passage dans ma correction que je rééditerai avec le chapitre 3.
Quand à l'ADN trouvé sur place, je n'ai pas trouvé meilleur idée pour le moment mais je prends en note et merci pour ce retour.
En ce qui concerne les références à la pop culture, certain chapitre son moins fourni que d'autre, j'essai de trouver le bon équilibre entre humour et action.
J'espère que la suite de l'histoire te plaira, j'attends d'autres de tes commentaires avec impatience.
Merci beaucoup Pandasama !!
Premier chapitre vraiment sympa, rien qu'au titre ça donnait pas mal envie. L'écriture est fluide et agréable à lire. L'humour est bien maîtrisé et bien dosé.
Les références pop culture sont très bien placées et nous rapproche du personnage principal. Ton histoire est intrigante et ça nous donne envie d'en découvrit plus.
À bientôt ;)
Merci pour l'encouragement, je vais faire de mon mieux pour ne pas vous décevoir.
Bienvenue sur PA 8D Et il est temps de commenter !
Commentaire cool : mdr maintenant quand je vais passer dans le quartier, je vais prendre garde que personne ne se prend pour Firestorm lol
Ça sent le complot du gouvernement cette histoire de flics qui abattent une chercheuse ! J’ai hâte de voir où tu veux en venir !
Commentaire constructif : Tes points forts sont les idées, les descriptions sont sympas, on voit qu’il y a une certaine maîtrise de l’écriture et surtout des actions, ce qui n’est jamais une étape facile, c’est un bon point ! C’est fluide et sympa à lire, autant par les formes que par le style en humour !
C’est une bonne idée que l’histoire se déroule à Lyon, de ce que j’ai lu pour le moment, tu connais le quartier ce qui facilite l’écriture. Attention néanmoins pour plus tard, description de l’environnement et tout ça. Pour l’instant ça va parce que c’était surtout de l’action !
Je me dis qu’on ressent bien l’année qu’on a passé covid + confinement et que c’est pas plus mal d’avoir son propre endroit où s’évader.
Les références à la pop culture dynamisent ton texte et permettent de se faire une idée sur le caractère de ton personnage. + le langage familier ! Le rendu te correspond bien, je te retrouve bien tout au long de l’histoire. Par contre, fais attention plus tard à ce que ce soit bien mesuré et que l’histoire ne se perde pas dans le côté plus “rigolade”, mais je suis sûre que tu seras géré ça !
J’ai trouvé que, même si la scène du début est très bien écrite, il manquait malgré tout un climat de peur, de danger, et peut-être de douleur. Peut-être que tu devrais, lors de la réecriture, ajouter une petite phrase de description quand le perso se prend une balle. Je pense que même sous l'adrénaline, il doit ressentir quelque chose. Peut-être un petit cri de douleur ? La main sur son bras pour l'aider à courir ? Des réflexes plus naturels !
C’est quand même bien maîtrisé, bravo !