21 MAI 2013 – 8H – AÉROPORT INTERNATIONAL JOHN F.KENNEDY
Pierre, Ian et Damien étaient dans le hall de l’aéroport et regardaient les écrans pour savoir à quel terminal sortiraient Lucas et les autres. Après cinq minutes de recherches, Ian désigna du doigt et dit qu’ils sortiraient Terminal 3.
Ils avancèrent au-devant du groupe provenant de la Nouvelle Orléans.
— Dis-moi, Ian. C’est vrai que tu es immortel ? demanda Damien.
— Oui, pourquoi me demandes-tu ça ?
— Une rumeur qui circulait sur toi. Je voulais savoir et te demander directement.
Cinq minutes plus tard, Lucas et son groupe apparurent. Ils récupèrent leurs valises et sacs puis s’approchèrent des trois généraux. Lucas et Kristof saluèrent avec respect Ian, Pierre et Damien et ils présentèrent Fadoul et Atul aux généraux. Pierre remercia la Pelerin de participer à cette mission et fit de même pour le châtieur
— Votre escale à la Nouvelle Orléans n’était pas trop dure ? demanda Pierre.
— Non, très cool. Trois vetâlas, un rakshasa et Juan qui a disparu, répondit Lucas
Ian demanda des explications sur la disparition de Juan. Kristof raconta ce qui était arrivé en détail à la Nouvelle Orléans. Le fait que Juan, encore en colère suite à sa défaite contre Pierre, avait décidé de prendre une chambre d’hôtel et de les attendre là-bas. D’après le réceptionniste et le personnel de l’hôtel, il serait parti faire quelques courses une vingtaine de minutes avant notre arrivée. Après le diner, Lucas et Kristof ont cherché Juan une bonne partie de la soirée et même de la nuit.
Sans résultat.
Damien rappela aux autres qu’ils avaient du boulot. Pierre acquiesça et dit qu’il ferait son possible pour trouver une trace de Juan. Il prit son téléphone et appela.
Ils sortirent de l’aéroport, un mini-van les attendait. Ils montèrent tous à l’intérieur.
— J’ai demandé au Père Benoît de lancer un avis de recherche pour Juan. Il me tiendra au courant s’il a quelque chose.
Ian prit le volant. Il mit le nom de leur destination dans le GPS puis démarra.
Au bout de trente minutes dans les rues de la grosse pomme, ils arrivèrent devant le lycée Français de New-York. A l’entrée, se trouvait une plaque sur laquelle était inscrit :
« L'ÉDUCATION PEUT TOUT CHANGER : LES HOMMES, LEUR VIE, LEUR ENTOURAGE ET LE MONDE »
Ian, Kristof et Lucas sourirent en lisant cette phrase.
— Pourquoi souriez-vous ? demanda Pierre.
— Tout simplement parce que cette phrase ne peut pas vous inclure, rigola Ian.
— Vieux schnock, lança Damien.
En entrant, ils croisèrent des jeunes, qui semblaient être les « stars » de l’établissement. Ces lycéens martyrisaient deux de leurs camarades plus frêles. A leur passage, tous les lycéens stoppèrent et suivirent les clercs du regard.
— Yo guys ! Look at this. There is a Catholic boys-band who will do a concert (Yo les mecs! Regardez ça. Il y a un boys band catholique qui va faire un concert… en anglais), lança un jeune homme noir avec l’allure de 50 cents.
Atul se retourna et s’approcha de lui. Il sourit, enleva ses lunettes de soleil et posa une main sur l’épaule du lycéen.
— Ecoute jeune agneau, dit le châtieur.
Atul regarda les cheveux du jeune lycéen.
— Euh non ! Se moqua Atul… Jeune mouton à la vue de ta coiffure. Je présume que tu es un adepte de Rap, style 50 cents. Juste une précision, à propos de cet artiste. Sais-tu au moins pourquoi il se nomme comme ça ?
— Euh… non… monsieur, bégaya le jeune afro-américain.
— Tout simplement, parce que c’est ce que vaut sa musique : cinquante centimes, lança le châtieur sur le ton de la moquerie.
Il rejoignit ses confrères, qui l’attendaient un peu plus loin. Le jeune lycéen resta figé. Les autres élèves présents se mirent à éclater de rire et sifflèrent. Pierre s’agaça à cause de ce brouhaha.
— Tu as trouvé cela drôle ? demanda Pierre.
— Oui, dit Atul.
— Moi, j’ai trouvé ça drôle, lança gaiement Ian.
— Ça promet, lança Damien.
Ian le regarda avec un sourire de satisfaction.
Une femme blonde aux yeux bleu turquoise et à la taille mannequin arriva dans le couloir. Elle s’approcha des castiens. A son apparition, tous les lycéens s’arrêtèrent de rire, les sifflements se turent et pour des raisons connues d’eux seuls, les étudiants se mirent à reculer prudemment avant de s’éparpiller rapidement et silencieusement.
— Bonjour messieurs et madame. Est-ce vous, la cause de ce vacarme ? demanda-t-elle.
— Veuillez nous excuser, madame, répondit Pierre.
— Excuses acceptées. Que faites-vous ici ?
— Nous cherchons le directeur, dit simplement Pierre.
— Et pourquoi cherchez-vous le directeur ?
— Nous avons quelques questions à poser au directeur.
— Vous en avez de la chance ! Je suis le directeur de cet établissement, ou plutôt sa directrice.
L’exorciste regarda, avec beaucoup d’intérêt, la poupe et la proue de la directrice. Fadoul semblait faire de même, malgré son infirmité visuelle. Pierre fit claquer ses doigts et une petite étincelle frappa Ian et Fadoul, au niveau de leur tempe. Ils regardèrent Pierre. Ce dernier leur jeta un regard pour leur faire comprendre qu’ils devaient arrêter de mater la directrice.
Lucas s’émerveilla du charisme et de l’autorité qui transpiraient de son maître.
Damien s’impatienta, avec une moue d’agacement. Atul regarda partout avec curiosité pendant qu’il frottait du bout des doigts son chapelet de 108 perles. La directrice s’en aperçut et convia les castiens à la suivre.
La jeune femme les mena au bureau de la direction. Atul, Fadoul, Lucas et Kristof firent signe à Pierre qu’ils se séparaient pour enquêter de leur côté. Le clerc acquiesça d’un petit geste de la tête.
La directrice s’arrêta devant la porte de son bureau et remarqua que quatre d’entre eux n’étaient plus là.
— Ils sont allés faire quelques courses dans une épicerie, pour le déjeuner, mentit Pierre avec un sourire d’innocence.
Sans chercher à comprendre, elle les invita à s’asseoir. Pierre et Ian s’exécutèrent. Damien resta debout et regarda la femme avec insistance. La directrice fixa l’assassin qui n’était pas assis.
— Vous ne vous asseyez pas ? demanda la directrice.
Damien souffla et la fixa.
— Non ! dit-il en croisant les bras… Je suis très bien debout.
— Très bien, sourit-elle.
— Voilà ! Nous sommes ici pour vous demander des informations sur une de vos élèves, dit Pierre.
— Et comment s’appelle-t-elle ? demanda la directrice.
Damien ressentit quelque chose d’inhabituel. Il n’arriva pas à savoir si la directrice était démoniaque ou angélique. Il perçut de drôles de variations. Quelque chose de malsain émanait d’elle. Quelques instants plus tard, toute sensation disparut.
— Elle se prénomme Daniella, dit Pierre.
— Et, elle a un nom de famille, cette Daniella ? demanda la directrice.
Elle chercha dans son ordinateur. Elle ouvrit le dossier des élèves de son lycée, tapa Daniella dans la case prénom, lança une recherche et à la grande surprise, elle trouva quatre filles portant ce prénom. Elle regarda les généraux.
— quatre Daniella dans mon établissement. Auriez-vous quelques détails qui pourraient m’aider ? interrogea la directrice.
— Hmm ! Je dirais qu’elle est une enfant adoptée, dit Pierre.
Elle vérifia dans le dossier des quatre élèves et un nom sortit du lot.
Une seule fille correspondait à ce critère. Elle se nommait Daniella Brown, élève moyenne, mais souvent en retenue pour problèmes de comportement.
— Merci infiniment. Auriez-vous son adresse s’il vous plait ? demanda Pierre.
Damien changea de fasciés. La directrice écrivit l’adresse sur un post-it qu’elle donna à Pierre. Elle se leva, regarda au travers de la fenêtre et sourit.
Pierre et Ian se levèrent. Damien sortit en premier. La directrice leur emboita le pas. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant le lycée où encore une fois les élèves se turent et se dépêchèrent de disparaitre du champ de vision de la directrice.
— Je vous salue messieurs. Je vous souhaite une bonne journée, dit la directrice en saluant les prêtres.
— Merci infiniment, madame la directrice, dit Pierre.
La directrice retourna au lycée. Damien la suivit du regard et la fixa intensément. Elle s’arrêta et tourna la tête puis fit un clin d’œil à Damien. Il grogna. Pierre et Ian regardèrent Damien avec interrogation. Le pasteur se retourna et siffla pour appeler un taxi. Son fasciés de sociopathe était toujours là.
— Damien, lança Pierre d’un ton autoritaire. Quel est le problème avec la directrice ?
— Elle n’est tout simplement pas humaine. Et nous avons aussi ces saletés de clébards qui attendent le moment propice pour nous attaquer, répondit Damien sous le ton de la colère.
— Messieurs, calmez-vous. Et Damien a raison. Il y a des lycaons qui ne nous épient pas très loin, dit Ian.
— Très bien, se calma Pierre.
Pierre sortit son téléphone et appela Lucas.
Dans les trois minutes qui suivirent, le groupe de Lucas arriva du trottoir d’en face. Ils commençaient à monter dans le van quand un taxi passa et s’arrêta. Le chauffeur qui avait pris les trois castiens la veille sortit et donna un message à Pierre. Mais en croisant le regard de Lucas, il entama brutalement une transformation en loup-garou.
Lucas se mit à trembler. Son teint devint gris-bleu et ses yeux tous noirs. Atul brandit son chapelet de 108 perles et récita une incantation en hindi.
— Par la bénédiction de la Trimûrti, je demande que tout se fige hormis mes compagnons et moi.
Toute la rue, véhicules et passants, se figèrent. Damien frappa Lucas, qui s’évanouit de suite. Kristof se téléporta derrière le loup-garou, figé lui aussi. Et l’assomma. Il reprit sa forme humaine.
— C’est quoi ce bordel ? Il arrive quoi au gamin ? demanda Damien
— Plus tard Damien, s’il te plaît. Atul tu peux effacer les mémoires aussi ? demanda Pierre.
Le châtieur fit oui d’un signe de la tête. Pierre ordonna à Kristof et Ian d’embarquer le chauffeur de taxi, qui recouvra ses esprits, dans le taxi, et de filer à l’adresse que leur avait fourni la directrice du lycée.
— Amène-les à cette adresse. Ne sors aucun croc. Ne jette aucun regard à mon apprenti, sinon je laisse mon meilleur ami te cuisiner aux petits oignons. Et je te promets que je ne l’en empêcherai pas. Je tournerai le dos, menaça. Pierre
— D’accord, monsieur, dit le chauffeur apeuré en regardant les castiens.
— Mais tu parles français !? Se moqua Pierre.
— Oui monsieur. Je parle français, rétorqua le chauffeur.
Kristof et Atul montèrent à l’arrière du véhicule. Ian s’assit à l’avant côté passager. Le chauffeur entra dans le taxi et démarra. Il prit le post-it et lut l’adresse. Il sentit son cœur s’accélérer.
— Mais vous me demandez d’aller dans le Bronx ! Je ne peux pas, lança le chauffeur paniqué.
— Et pourquoi ne pourrais-tu pas y aller, mon petit loup ? demanda Atul dont la bouche se trouva au niveau de l’oreille du conducteur.
— Ce quartier appartient à un clan de vampires. Eux et nous sommes ennemis jurés, dit le chauffeur.
— Vampire !? Hmm. Intéressant. Tu nous y amènes quand même, répliqua sèchement Ian.
Le chauffeur appuya sur la pédale d’accélération. Ils mirent environ vingt minutes pour y arriver. Le lycaon sentit ses poils se hérisser.
— Que vous arrive-t-il ? demanda Kristof en regardant le chauffeur de taxi.
— C’est juste que la garde diurne des vampires m’a repéré. Méfiez-vous d’eux. Surtout que Maîtresse Joan a dû prévenir toutes les meutes. Et de plus, certains lycaons travaillent pour les vampires, expliqua le chauffeur.
Il arrêta le taxi. Et montra la maison de l’adresse indiquée sur le post-it.
— Vous êtes arrivés au 1767 Watson Avenue, montra le chauffeur.
— Très bien. Maintenant pars d’ici. Et qu’on ne te revoie plus ! lança Ian.
Le chauffeur démarra et partit en trombe.
De leur côté, après le départ du taxi. Fadoul posa la main sur Lucas pour comprendre son mal. Elle retira immédiatement sa main et fixa Pierre et Damien.
— Vous saviez qu’il n’est pas né humain le petit ? demanda- t-elle.
— Oui, je suis au courant de son origine, répondit Pierre.
— De quoi parlez-vous ? s’agaça Damien qui leva Lucas, qui reprit ses esprits.
— D’après certaines rumeurs, Lucas serait l’enfant maudit de la Lune et du Sang, dit Pierre.
Lucas entendit cela mais ne réagit pas et monta dans le van. Pierre, Damien et Fadoul firent de même. Le clerc prit le volant et jeta un regard dans le rétroviseur de l’habitacle, pour regarder Lucas.
— Je suis au courant Pierre. Et rassurez-vous, je ne vous mangerai pas ! rit Lucas.
Damien haussa le sourcil. Fadoul sourit et Pierre démarra la voiture.
Ils arrivèrent quelques minutes après Ian et les autres. Ils sortirent du van.
L’équipe de nouveau réunie s’approcha de la maison.
Toutes les maisons aux alentours étaient disposées pareillement. Maisons en brique rouge sur deux ou trois niveaux. Celle-ci avait un portillon et un portail, pour le passage d’un véhicule venant ou sortant du garage, en fer forgé blanc.
— Nous y sommes ! C’est dans cette maison que nous trouverons très certainement Daniella, l’un des deux jumeaux, dit Pierre.
— Oui. Mais le problème c’est que nous avons toujours des clébards à nos trousses, lança Damien.
— Et probablement des vampires, d’après le gentil petit chauffeur de taxi, dit Atul avec une petite touche d’excitation dans la voix.
Un jeune garçon de l’âge de Lucas, noir de peau, descendit du bus à quelques mètres des castiens. Il portait la tenue d’un apprenti archangélique n’ayant pas encore choisi la caste dans laquelle il allait faire ses armes, c’est-à-dire blanc avec le col noir. Lucas l’aperçut. Le jeune afro-américain vit Lucas et s’approcha.
— Salut Lucas ! Que fais-tu devant chez moi ? demanda le jeune garçon.
— Bonjour David ! Je suis ici pour venir voir une certaine Daniella.
David regarda les autres membres de l’équipe. Il fut choqué et fit une révérence aux généraux.
— Messieurs et Madame. Que me vaut cet honneur ? demanda David.
— Bonjour David. Je suis le Père Pierre Francesco, dit Pierre. Et voici le Père Merrin. Et Lucas est mon apprenti. Atul. Fadoul. Ian et Kristof. Dis-moi pourquoi n’as-tu pas choisi de caste ?
— Tout simplement, aucun membre titulaire de caste ne veut de moi, répondit-il avec dégoût.
— Ah intéressant, sourit Pierre en regardant Damien.
Damien fit non de la tête. Pierre n’insista pas.
— Au fait messieurs-dames. Daniella est ma grande sœur. Et je pense qu’elle n’est pas encore rentrée. Enfin je dis cela mais je suis revenu à la maison après de longs mois d’absence, dit David.
Il reprit ses bagages. Et entra dans la petite cour. Il invita les castiens à le suivre. Il ouvrit la porte. Et d’une voix enjouée, il cria.
— Maman ! Papa ! Je suis rentré. Et nous avons des invités !
Une femme noire, de taille moyenne, fine ayant des attraits physiques quasi identiques à Halle Berry et un homme noir de grande taille apparurent. Ils saluèrent les clercs. La femme prit David dans ses bras. L’homme invita les castiens à s’installer dans le salon.
— Oh mon fils. Cela faisait longtemps. Ta mère est si heureuse de te revoir.
— Maman. Tu m’étouffes. Lâche-moi s’il te plaît. Une voix se fit entendre.
— C’est moi je suis rentrée.
Une jeune femme blanche, aux cheveux courts noirs coiffés en pétards avec des mèches blondes descendant le long du front et des yeux vairons, bleu et rouge, entra.
— Bonjour Daniella. Viens ma fille. Nous avons des invités, dit l’homme noir.
— Oui papa. J’arrive de suite. Avant je dois prendre le p’tit dans mes bras.
Elle embrassa sa mère, prit son petit frère dans ses bras. Ensuite, elle entra dans le salon pour embrasser son père. Elle regarda les castiens, les salua mais eut une étrange sensation à la vue de Pierre.
— Euh… Bonjour… Je suis Daniella Brown. Que nous vaut la visite de castiens, bégaya-t-elle.
Pierre se leva et la regarda dans les yeux. Elle eut une accélération du rythme cardiaque. Le général lui fit une révérence.
— Nous sommes venus pour vous, Daniella Brown, répondit Pierre.