Verset V - Frère d'armes

Notes de l’auteur : Trigger Warning : description de torture et de corps grièvement blessé.

Ainsi naquit un écrin pur : Lumière, la première de ses Entités. “Sois ma compagne, Lumière, donnons la vie dans notre Univers”, dit encore Néant.

 

(Le Grand Livre de l’Obscurie, annoté par l’archidiacre Jérimadeth Ie,

IVe Âge de la Création)

 

 

Commandant Cédalion, XIVe légion, commandant de la portée Laetere.

 

« Seigneur-guide, notre Messager ; ma servitude s’éteint avec le halo qui s’achève. Avant de m’endormir, dans Tes entrailles je remets mon âme. Je T’offre ma nuit et mon sommeil pour refaire mes forces, et que mes rêves T’appartiennent. Je vais dormir et quand le soleil saillera de Ton étoile-sanctuaire, je connaîtrais la joie de Te servir à nouveau. Tu es ma voix, je serai Ta main… »

Un bruit discret presse la psalmodie du commandant Cédalion. Un grattement, sur la porte de ses quartiers.

« Il n’y a pas de vie, il n’y a pas de mort ; il n’y a que l’Obscurie, enfant de la parole de Néant. »

Le Novarien souffle son cierge de bétyle. Il cligne des yeux pour chasser les étoiles noires de ses rétines, persistant comme des réminiscences nostalgiques de sa prière du soir.

En embrassant ton essence, illustre Messager, je ne fais qu’un avec Néant.

La flamm’ombre s’étant tue, l’éclairage électrique sort de sa torpeur, palpite avec un temps de retard avant de reprendre possession de la pièce.

Nouveau grattement. Cédalion se relève, tiré de sa longue génuflexion, et se détourne de son sanctuaire afin de saisir sa ceinture-étuis. L’Oblitorion bien placé sur la hanche, il va ouvrir. L’huis siffle, s’efface pour laisser place aux courants d’air du couloir de pierres.

Une silhouette sous capuche se tient juste devant l’ouverture, voûtée presque à l’angle droit. Son ample manteau brun ne parvient pas à masquer la maigreur de sa silhouette, trahie par la saillie de sa colonne vertébrale. Une Gargoule. Impassibles, deux Hydres l’encadrent : Cédalion reconnaît le rouge et le jaune de la Dracène Acrise.

La milice du vicaire Neptis. Donc, cette Gargoule…

« Assistante-laborantine du vicaire Neptis, je présume ? »

Celle-ci ne répond pas tout de suite. Les bords de sa capuche sont occupés à examiner la large stature du Novarien, de bas en haut, avec une lenteur presque agaçante. Enfin, la Gargoule relève la tête dans un râle appréciateur. La lumière révèle l’éclat de ses yeux noirs, puis ravine un visage émacié comme une volée de marches millénaires. Une fente apparaît, s’incurve en une myriade d’angles craquelés – un sourire :

« Appelez-moi Fremyn, officier Cédalion.

— Que me vaut l’honneur de cette visite, en un degré si sombre ?

— Êtes-vous toujours hanté par votre échec, officier Cédalion ? »

Je suis le bras armé de l’Obscurie, l’acier de sa volonté.

Mais cette main est blessée…

« Je n’ai pas ouï-dire que vous auriez été nommée confesseuse, assistante.

— Le poids de votre péché est suffisamment lourd pour être partagé, officier Cédalion, poursuit-elle de sa voix traînante.

— C’est commandant Cédalion. Il incombe à moi seul de corriger cet outrage fait au Messager, car j’en suis responsable.

— Plus maintenant, officier Cédalion, plus maintenant. Cette affaire vient de ressurgir… d’outre-tombe, si je puis dire. »

Le Novarien ne parvient pas à réprimer l’expression de surprise qui lui détend le visage. La Gargoule s’en délecte en inondant le couloir de son rire grêle, rêche comme une toux.

« Le vicaire Neptis a hâte de s’entretenir avec vous, officier Cédalion. »

Le commandant ne dormira pas de sitôt ; c’est porté par le doute autant que par le devoir qu’il suit Fremyn. Celle-ci cultive le mystère et sombre dans le silence, alors qu’elle le mène en direction des silos d’atterrissage. Aux portiques de sécurité, les Hydres contrôlent le laissez-passer de la Gargoule, puis saluent le Novarien qui l’accompagne. Enfin, les reptiles ouvrent les lourds battants de la double porte anti-explosion.

Cédalion lâche d’un sifflement appréciateur :

« Un bouraq ? Que me vaut cet honneur ?

— C’est la navette personnelle de mon maître. Vous y serez tout à votre aise, officier Cédalion. »

Le luxe du véhicule offre un contraste saisissant avec les angles froids de la caserne souterraine. À l’image de l’art kérubin, il est tout en courbes, et ses teintures marbrées changent à la lumière. La rampe d’accès présente ses marches en bois flammé, rehaussées d’un verni acajou.

Le commandant s’arrête juste devant.

« Qu’y a-t-il, officier Cédalion ? demande Fremyn.

— Je ne pourrais jamais monter, ainsi affublé. »

Le Novarien désigne ses semelles de cuir dur, aux crampons maculés du sable poisseux des sous-sols d’Ocrit. L’assistante du vicaire se fend d’un nouveau ricanement, puis claque ses doigts frêles – le bruit d’une craie qui casse :

« Ne vous formalisez pas de ce genre de détails, officier Cédalion. »

Trois petites Gargoules descendent la rampe. Des enfants, à en juger par leur taille et leur précipitation[1].

[1] Les enfants Gargoules, ou “Gargoulets”, sont servants pour les dignitaires de l’Obscurie jusqu’à leur arrivée à maturité. Lesdits dignitaires ont tous les droits sur eux et n’hésitent pas à les maltraiter en cas de mécontentement. Afin de les motiver, dit-on. Quoi qu’il en soit, les Gargoules n’ont pas toutes la chance de passer à l’âge adulte.

Empêtrés dans leur éternelle bure brune, ils transportent un bac d’eau, une serviette et une chaise à rotation. Fremyn désigne le siège, qu’ils posent devant les premières marches :

« À vous l’honneur, officier Cédalion.

— Commandant, j’ai dit. »

Le Novarien s’installe. Aussitôt, les Gargoulets s’affairent autour de lui : on lui ôte ses chaussures, on lui lave les pieds dans la bassine, puis on les lui sèche avec la serviette. Ensuite, les Gargoules font pivoter la chaise pour placer l’officier en surplomb de la rampe. Il se lève, nus pieds, campé sur les marches de bois.

« Allez vous installer, officier Cédalion », indique Fremyn.

Une fois tout le monde à bord, le bouraq décolle. Le commandant se sent presque gêné par toute la richesse qui l’entoure ; il ne s’autorise qu’un fond de larme de léviathan parmi les boissons qu’on lui propose, et c’est à peine s’il s’assoit au bord d’un des canapés en velours pourpre. Heureusement pour lui, le vol ne dure pas : le château de Béthanie surplombe sa caserne[2].

[2] Emprunter les escaliers et les ascenseurs aurait permi de gagner le château en moins de deux sabliers. Le vicaire semble vouloir impressionner son hôte…

« Par l’ordre de la sainte Obscurie, veuillez transmettre votre identité. Château de Béthanie, terminé. »

La requête lugubre résonne même dans la partie privée de l’appareil. Cédalion entend Fremyn intimer à l’Hydre de pilotage de transmettre le code du vicaire, afin de contourner les barrages de sécurité.

« Soyez le bienvenu dans votre demeure, vicaire Neptis. Le bras d’accostage numéro sept est à votre disposition. Château de Béthanie, terminé. »

Une langue de fer se déplie d’un orifice à flanc de muraille, et le bouraq se pose sur la plateforme. Des pinces articulées agrippent ses trains d’atterrissage : les vents peuvent être violents à cette altitude car des bourrasques spatiales se mêlent parfois au ciel ocritien[3].

[3] Et ce malgré le Phylactère, le champ de force qui confère atmosphère et protection à Ocrit… ainsi qu’une délicate teinte orangée.

Une fois la rampe abaissée, les servants se précipitent à l’extérieur avec les souliers de l’équipage. La paire d’Hydres descend ensuite, Devarïm en main. Fremyn suit, puis c’est au tour de Cédalion. Assis sur la chaise à rotation, le commandant attend que les Gargoulets lacent ses chaussures. Il s’accorde un instant de répit et contemple l’immense forteresse, aux allures de terrible géant sous une couverture de zébrures ocre.

« Êtes-vous pensif, officier Cédalion ? s’enquiert Fremyn, les pans de son manteau à l’horizontale.

— L’esprit du Messager a l’air agité, ce soir.

— Ce ne sont que des perturbations dans l’atmosphère artificielle. Le Phylactère nous protège des aléas de l’espace. N’ayez crainte, officier Cédalion. »

Comme pour la contredire, des grondements sourds se diffusent dans le ciel, à tel point que la Gargoule est obligée de crier :

« Si nous y allions, officier Cédalion ? »

Le Novarien se lève sans attendre et suit son hôtesse. Si les Hydres parviennent à garder une bonne prise de leurs griffes sur la plateforme, Fremyn et lui doivent se courber pour garder leur équilibre sous les assauts de l’air. Alors que Cédalion se force à avancer jusqu’à l’entrée dans le mur du château, des glapissements aigus retentissent derrière lui. Il se retourne, sur le qui-vive. Le servant qui portait la chaise vient de trébucher, et les deux autres gigotent autour de lui faute de savoir quoi faire. Le Gargoulet finit par se relever, sonné.

« Non, crie Cédalion, ne reste pas face au… »

Il n’a même pas le temps de finir sa phrase que déjà l’aquilon s’engouffre dans la bure du petit servant, la fait gonfler comme un ballon en vessie de groc. Fatalement, le servant est entraîné en arrière. Il tend les bras, tente désespérément d’agripper le sol. Mais l’appel du vide se fait le plus fort : la Gargoule est arrachée à son support. Dans un cri dilaté, l’enfant se fond avec la tornade éternelle qui caresse les formes de Béthanie, à l’instar d’une feuille sous la brise. Cédalion est seul à le regarder disparaître. Les autres Gargoulets ramassent la chaise comme si rien ne s’était passé. Quant aux Hydres, elles ne se sont même pas retournées.

« “Si Néant n’a pas pourvu d’ailes les créatures intelligentes, c’est pour leur apprendre l’humilité”, récite Fremyn, imperturbable. Suivez-moi, officier Cédalion. »

La plateforme débouche sur un couloir de service, muni d’ascenseurs mécaniques. Les servants prennent congé tandis que le Novarien descend avec la Gargoule et son escorte. L’équipe change d’élévateurs plusieurs fois avant de parvenir au niveau souhaité : un étroit corridor aux dalles sombres, recouvertes de poussière. Le commandant Cédalion reconnait l’endroit.

Le laboratoire du vicaire… L’antre de secrets aussi insondables que l’esprit du Messager Lui-même.

Ils atteignent une porte métallique, rouillée par les cycles. Deux Hydres montent la garde, roides sous leurs écailles noires et leur crâne blanc : l’unité Skalla. Malgré la présence de Fremyn, la procédure exige qu’Acrise montre patte blanche aux sentinelles. C’est sans un mot, pas même une œillade de connivence, que l’une des gardiennes ouvre l’huis.

Un sifflement, puis une odeur d’éther qui prend Cédalion à la gorge. Fremyn se permet un râle satisfait : elle est de retour chez elle. La Gargoule pénètre dans les lieux et indique au Novarien d’en faire autant.

Une fois entré dans le laboratoire, le commandant Cédalion marque un temps d’arrêt, mal à l’aise à la vue du décor. Est-ce vraiment le Messager qui dicte au vicaire d’accomplir toutes ces choses ? Les aquariums emplis de vertébrés livides – voire spectraux – agitent l’endroit dans un mouvement perpétuel, le… touillent comme le fond d’une vase, dans une écœurante teinture verte. Les cages habitées par des créatures innommables, pour la plupart croisées entre plusieurs espèces existantes, mettent à mal toutes les croyances du Novarien.

Un… un hybride vermal-groc ? Quelle horreur !

Des écrans photomobiles bourdonnants dévoilent l’intimité de plusieurs sujets en cellule. Mais le plus déroutant doit être, sans aucun doute, ces atroces bocaux d’alcool où flottent des têtes, des membres ou des corps conservés. S’y distinguent là des restes novarii, gargouléens, ainsi qu’un corps difforme de bébé rhakyt, et une tête d’enfant kérubin. Non, une double tête, les visages figés dans une stupeur immortelle.

Cédalion n’ose même plus déglutir. À l’inverse, la voix du vicaire se réjouit :

« Laetere XIV/1, enfin ! Venez, approchez. »

Alors que Fremyn s’est déjà fondue dans son ombre, le Keroub redresse sa lourde tête au-dessus de son tablier maculé de traces poisseuses. Il est penché sur une chaise métallique truffée de bras mécaniques, eux-mêmes greffés de seringues et d’outils peu rassurants, de la simple lame au chalumeau de précision. Et sur ce siège se trouve attaché un Novarien en piteux état. Déjà peu rassuré, Cédalion tique en voyant l’uniforme :

« Mais, c’est…

— Oui, anticipe le vicaire Neptis. C’est un sergent obscurien. De la Dracène Ghalya, précisément. Elle a abandonné son unité à son sort, mais il a réussi à s’en sortir.

— Que s’est-il passé ? »

Le Keroub affiche une mine satisfaite : son invité est tout ouïe. Il s’éloigne de la chaise et ajuste son cache-nuque, avant de caresser du regard ses bêtes en cage. Enfin, il poursuit :

« Un Agent infiltré… Enfin, disons, un informateur m’a appris qu’une relique importante allait être pillée au sud du Secteur 5.4, dans des catacombes impies proches du Puits-sec. J’ai aussitôt fait dépêcher une unité sur place pour trouver l’artefact et appréhender le suspect.

— Les choses ne se sont pas passées comme prévu ?

— Précisément, commandant Cédalion. »

Un ricanement de l’assistante-laborantine ponctue cette réponse. Le vicaire l’ignore et reprend :

« Comprenant que notre cible allait lui échapper, la relique avec elle, la Dracène a opté pour la disparition pure et simple de ces deux éléments. Elle a ordonné le bombardement du site par son bahamut.

— C’est ce qu’il lui est arrivé ? »

Cédalion coule un regard en biais vers le sergent, salement amoché. Une partie de son visage demeure à vif, la chair écorchée jusqu’à même révéler une orbite vide. Ses doigts sont crispés de douleur sur les accoudoirs, au point que les jointures de ses phalanges changent le bleui de sa peau en un blanc exsangue. Son uniforme est imbibé d’un sang violacé. Mais, le pire de tout, c’est qu’il manque au malheureux son masque respiratoire : sans assistance, il mourra bientôt dans d’atroces souffrances…

Mais que fait le vicaire ?

« Pas seulement, réplique ce dernier. Le site s’est effondré et notre ami ci-présent en a été victime. S’il est avec nous maintenant, c’est parce qu’il a pu joindre le relai le plus proche, qui l’a aussitôt rapatrié. Mais notre cible a pris la fuite en parvenant contre toute attente à détruire le bahamut.

— “Détruire le”… De quelle force de frappe disposait-elle ?

— J’aimerais le savoir, lâche Neptis avec agacement. Mais cette créature n’a même plus la force de parler. Fremyn, le Nicken v12 ! »

La Gargoule sourit franchement – un enthousiasme malsain – et actionne un des leviers. Une seringue s’approche du sergent attaché et lui injecte un produit trouble dans le cou.

« Bien, se délecte le vicaire. Et maintenant, le stimulant numéro trois. »

Une main de fer s’active alors : elle sectionne une bande de chair sur le bras mis à nu, et y introduit un autre fluide… noirâtre, cette fois.

Le Novarien s’éveille en hurlant. Son œil s’imbibe de bleu, la pupille entièrement dilatée. Ses muscles se tendent à l’extrême, creusant des ravins autour de sa carotide. Ses lèvres sombrent dans un violet toujours plus obscur, sinistre, tandis que des artères de la même teinte pulsent sous l’épiderme du malheureux. Et ce regard… Jamais je n’ai vu une telle peur dans les yeux d’un de mes soldats.

Neptis se rapproche du prisonnier haletant. C’est avec une douceur presque perverse qu’il lui susurre :

« Votre bahamut, comment a-t-il été détruit ?

— Par une torpille Lo… Lorne-V.

— En es-tu sûr ?

— C’est… ce que le pilote m’a… transmis avant… avant que je perde le contact. Pitié… »

Le vicaire l’ignore superbement et se tourne vers Fremyn :

« Cherchez des fichiers sur la vente de torpilles Lorne-V au marché noir. »

Puis il revient au sergent :

« Et cette cible, qui était-ce ? La connaissez-vous ?

— Tout… tout le monde la connait, ici, répond le Novarien entre deux gémissements.

— Qui était-ce ? », répète Neptis.

Le sergent tourne sa face ravagée vers le commandant Cédalion, en retrait. À la vue des yeux écarquillé du prisonnier, l’officier sent un malaise étreindre ses entrailles, aussi glacial que le vide cosmique.

« Je… je l’ai reconnu, grince le sergent. C’était Laetere XIV/2. »

Puis il sombre à nouveau dans l’inconscience. Le commandant recule de plusieurs pas.

“Êtes-vous toujours hanté par votre échec, Officier Cédalion ?”, avait demandé Fremyn. Le vicaire savait déjà quel était ce suspect. Pourquoi lui infliger ceci ?

« Laetere XIV/2, répète lentement Neptis. Votre ancien ami, si je ne m’abuse ?

— Il était bien plus que ça. C’était mon frère d’armes.

— Le seul à avoir… contré l’ordination. À avoir déserté les rangs sacrés de l’Obscurie. Vous n’avez jamais réussi à mettre la main dessus, jusqu’à présent ?

— Si vous savez quelque chose, envoyez-moi là où je dois être », répond sèchement Cédalion.

Le Keroub arbore un sourire satisfait – la peau sèche de son visage semble prête à se rompre. Fremyn relève la tête de son écran :

« Des Lorne-V sont parfois vendues à Lengel, vicaire. Par l’Angelot.

— Tiens donc, le monde est bien petit sur l’étoile-sanctuaire. »

Le vicaire interrompt son ricanement en posant les yeux sur Cédalion.

« Étant données les circonstances, j’imagine que vous jugerez préférable d’intervenir vous-même au lieu d’envoyer votre lieutenante ou vos sergents, commandant. Allez chercher votre équipement, je vous ferai parvenir votre ordre de mission. »

Neptis se détourne pour de bon, rompant là leur entrevue. Puis il reporte son attention sur le sergent, toujours attaché… et affaissé sur la chaise, inerte.

« Ce specimen s’en est allé rejoindre les pieds du Messager, quel dommage. Nous n’en avons plus besoin, assistante : jetez-le dans la cage numéro quinze, il nourrira nos petits compagnons. »

Seigneur-guide, notre Messager…

 

À peine un degré plus tard, le commandant Cédalion se retrouve dans un amphiptère en approche de Lengel. Il a troqué son uniforme trop voyant contre une tenue sobre, et son masque respiratoire est à présent dissimulé sous un voile, faute de mieux. Sur ses genoux repose une bure de Gargoule, le seul camouflage qu’il ait pu trouver. Le manteau du pèlerin. Ou du pénitent…

« Par l’ordre de la sainte Obscurie, veuillez transmettre votre identité. Tour de contrôle, terminé. »

Le Novarien transmet les codes fournis par Fremyn.

« Bienvenue à Lengel, commandant Cédalion. Nous envoyons une escorte à votre rencontre. Tour de contrôle, terminé.

— Non, ne… »

Deux aspics décollent déjà du dessus des remparts, à l’extrême droite de son champ de vision. Moi qui espérais passer incognito. Dans leur empressement, les chasseurs vont couper la route à une autre navette en arrivée pour la ville. Ils se séparent et l’encadrent, un en haut, un en bas, puis ils viennent à la rencontre de Cédalion. Un pan de muraille s’écarte pour dévoiler un passage dérobé à l’attention du spationef.

Entrée dans Lengel. Le commandant lève un regard sur la ville fatiguée qui s’étend devant lui.

Me voici. Devant Néant et devant l’âme de son Messager, j’en fais le serment : tu ne m’échapperas pas, Abriel !

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Emmy Plume
Posté le 06/03/2022
Hello Julien
Un nouvel ennemi s'avance sur le chemin de notre Abriel, et je ne pouvais rêver mieux qu'un ancien frère d'arme pour pimenter le conflit ! Moi qui croyait que le narrateur du début était Abriel, il s'avère en fait qu'il s'agit d'un pauvre garde, à la fin tragique. Ce vicaire est exécrable, et il faut vraiment être aveugle dans sa foi pour ne pas être horrifié par sa cruauté sadique ! Tu nous laisse entendre que cette visite au "labo" chamboule un peu Cédalion, j'espère qu'elle finira par le retourner complètement, quitte à payer ça d'un petit coup de pouce d'Abriel *v*
(ah, et ne t'en fait pas, je n'attends pas des réponses interminables à mes commentaire, faut pas que ça te stresse ;)
En tout cas, j'ai hâte de savoir la suite, alors bon courage et à bientôt ! =^v^=

Emmy
Julien Willig
Posté le 07/03/2022
Salut ! :)

Oui, Abriel se traîne un passé compliqué, et celui-ci ne va pas tarder à refaire surface. C'était important pour moi de traiter l'histoire aussi par les yeux de l'antagoniste, et de... voir ce qui peut se passer ;)

En fait, c'est bien Abriel qui est présent dans le prologue : la scène se passe après tout ça, mais je ne m'étais jamais rendu compte que l'interrogatoire auquel Cédalion est témoin pouvait porter à confusion ! :o
Je vais voir ce que je peux faire pour rendre les choses un peu plus évidentes, du coup^^

Et du coup, oui, les questions de foi et d'allégeance vont beaucoup se poser, car effectivement le vicaire représente ce qu'il y a de pire...

Aucun stress, j'aime beaucoup développer ! C'est seulement que tes observations étaient tellement justes que je ne pouvais que dire : "oui" xD

Merci beaucoup et à bientôt ! :)
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