Comme elle le lui avait promis, sa geôlière lui rendit visite régulièrement.
Il lui arrivait d'ouvrir simplement la lourde porte de fer sans bruit et de rester sur le seuil sans un mot. Elle pouvait aussi surgir subitement devant la princesse étendue sur son lit, endormie.
Parfois, elle choisissait d’apparaître à sa guise dans un coin sombre de la chambre sans passer par la porte, et se délectait du frisson d'angoisse qui s'emparait de sa prisonnière lorsqu'elle la voyait se détacher de l'ombre à quelques centimètres d'elle.
Mais jamais elle ne lui adressa la parole.
Les semaines passèrent et Juliette désespérait de parler à nouveau à quelqu’un. Qui que ce fut. Le silence était son pire ennemi.
Elle pouvait sentir la femme l'observer pendant de longues heures alors que la jeune fille était incapable de la voir et de l’entendre. Mais toujours, elle s'éclipsait dès que Juliette tentait d'entrer en contact avec elle ; que ce soit par les mots ou par les gestes.
Au creux de ses nuits, il lui arrivait de rêver au contact de ces doigts longs et fins sur sa peau.
Effleurant.
Enflammant.
Promettant.
Mais pour le plus grand soulagement de la princesse, ce traitement d’indifférence ne dura pas éternellement.
Une nuit, la magicienne décida de se matérialiser sur la petite chaise de bois placée à quelques mètres du lit dans lequel était toujours allongée la princesse, supposément endormie. Juliette n’était plus paralysée par la peur, par l’appât des ténèbres, l’angoisse de parler et de ne jamais recevoir une réponse. Elle était simplement fatiguée de faire semblant de ne rien voir, ne rien entendre.
Ne rien ressentir.
Alors Juliette marmonna à travers le tissu du drap, sans cesser de fixer le plafond au dessus d'elle.
— Je sais que vous êtes là.
La femme vêtue de noir s'immobilisa, étonnée. Juliette ne pouvait la voir, la chambre étant plongée dans une obscurité totale, pas un rayon de lune ne venait troubler la noirceur de la nuit.
La surprise eut raison de la magicienne, et elle laissa échapper quelques mots malgré elle.
— Comment avez-vous pu me distinguer dans le noir ?
Un long soupir, tremblant, sanglotant, s’échappa de la gorge de Juliette.
Le bonheur d’entendre une autre voix que la sienne.
Des mots qui lui étaient adressés.
À elle et à elle seule.
— Je n'ai pas dit que je vous avais vue. J'ai dit que je savais que vous étiez là. Et soit dit en passant, je vous remercie de daigner enfin m'adresser la parole. Madame est trop bonne ! grinça Juliette.
— Mais comment êtes-vous parvenue à deviner que j'étais là, puisque vous ne m'avez pas vue ? demanda la magicienne, son ton ralenti par la méfiance, ignorant avec brio l'attaque de la jeune fille.
— Le léger froissement presque inaudible de votre manteau, le souffle régulier de votre respiration, le flottement de cette fumée dans laquelle vous apparaissez et disparaissez. Après ces jours… ou ces mois, ou… – Pff, je ne sais plus ! – de solitude, j'ai appris à sentir la moindre perturbation de l’air dans cette pièce. J’ai appris à reconnaître l'odeur de vos vêtements, de vos cheveux, de votre peau. J'ai appris à ressentir la froideur de votre souffle sur mon visage dès que vous êtes près de moi. Pendant tout ce temps où vous avez cru me regarder à mon insu, vous vous trompiez. Je ne suis peut-être pas sorcière, mais je suis capable de sentir et ressentir. Pendant tout ce temps, alors que vous croyiez m’espionner, je savais que vous étiez là. Mais je me taisais. Je savais que si je parlais, vous disparaîtriez. Alors, je me suis tue.
Elle marqua une courte pause, puis elle se redressa brusquement sur son lit. Son ton se fit alors suppliant, résonnant.
— Mais allez-vous enfin accepter de me parler ? Pourquoi prétendre m'aider alors que vous n'avez fait que reproduire le traitement que m'infligeaient mes parents ? Qui êtes-vous pour pouvoir vous mouvoir sans bruit et apparaître à tout moment et à n'importe quel endroit ? Qui êtes-vous pour me retenir prisonnière dans ce donjon ? Mais qui… juste… Qui êtes-vous ?
La magicienne se leva de son perchoir et s'approcha lentement de la princesse qui ne savait où regarder tant elle était incapable de discerner les formes et les mouvements dans les ténèbres.
— Vous posez bien trop de questions pour votre âge, lâcha la femme, sans émotion aucune. Bien, je vois que l'on n'a pas osé mentionner mon nom en votre présence et que l'on a préféré nier jusqu'à mon existence. Voilà une bien curieuse façon de traiter une femme, ne trouvez-vous pas, princesse ? Mais puisque cela vous intéresse tant, je serais ravie de palier votre ignorance.
La femme en noir croisa les mains devant elle, et Juliette crut distinguer un éclat bleu sur l’un de ses doigts.
— Je vais donc vous proposer un marché : restez enfermée docilement dans cette tour, faites-moi don de votre vie et de votre liberté, et en échange, je vous offrirai le savoir. Mais prenez garde. Le marché est soumis à des règles. Vous n'aurez droit qu'à une seule question par jour. Réfléchissez bien…
Sa voix traînante glissa, coula, dégoulina dans l’obscurité du donjon avant de s’implanter dans le crâne de la jeune fille. Juliette accueillit le frisson froid qui secoua le bas de son dos avec une délectation qu’elle ne comprit pas.
— Alors, princesse, marché conclu ? poursuivit la voix, doucereuse.
La princesse Juliette sembla hésiter à sacrifier sa vie contre la connaissance de cette femme inconnue, mais elle restait profondément persuadée que l'identité et le passé de cette créature était intimement liés à sa propre histoire. Ou alors… peut-être désirait-elle y être liée ?
Et elle était la seule personne à lui avoir jamais offert une réponse.
Une réponse qu’elle voulait entendre, de cette voix caverneuse, de cette bouche sinueuse.
Elle s’entendit répondre, la gorge nouée, moite :
— J’accepte.
— Bien. Alors je vous écoute, Juliette. Réfléchissez bien à votre première question…
— Qui êtes-vous ?
— Je suis la magicienne la plus puissante vivant encore en ce monde, expliqua calmement la femme en noir. Mon pouvoir à lui seul suffirait à détruire toute trace de vie sur cette planète. À cause de cela, j'ai été bannie du royaume de votre cher père, il y a maintenant seize ans.
— Une magicienne, donc pas une sorcière, hmm… marmonna Juliette, comme pour elle-même, l’air pensif. Tiens, c’est amusant, cela me fait penser à… Attendez ! s’écria-t-elle soudain, révoltée. Quoi ? C'est là votre réponse ? Attendez. Vous avez été bannie du royaume ? Mais pour quelle raison ? Vous ne m'avez même pas dit votre nom !
— Un nom ne définit pas une personne, rétorqua la magicienne, sombre. N’y attachez pas trop d’importance. Un nom ne vaut rien. Vous m'avez posé une question, j'y ai répondu. Souvenez-vous, Juliette. Un jour, une question, une réponse.
Le chuintement désagréable de sa sentence résonna longuement dans les oreilles de la jeune fille.
Après avoir été prisonnière de ses questions, elle était désormais prisonnière de ses réponses.
— Bonne nuit, princesse.
La magicienne disparut dans un nuage de fumée bleue, invisible dans la pénombre. Mais Juliette n'avait plus besoin de voir la brume céruléenne pour la deviner.
Ni pour la désirer.
***
Les jours passèrent, les questions s’amoncelèrent, les réponses fusèrent.
Tantôt fugaces, tantôt sincères.
La princesse Juliette ne tarissait jamais d’interrogations, bien que tous ces doutes convergeaient vers le lieu qui était devenu sa maison, et la femme qui se présentait comme son hôte.
L’histoire du Pic de la Tourmente, la nature qui en avait pris possession, la magie qui l’habitait.
La magicienne répondait à chacune des demandes.
À demi-mots, à demi-lèvres.
Une par une.
Mais la déchirure de sa bouche, l’ombre de son silence étaient promesses de tout.
Sauf de vérité.
***
Un jour, alors que le soleil fêtait ses dernières heures dans un ciel éclatant de rose et d'orangé, la princesse, postée devant la meurtrière pour admirer le spectacle, entendit des pas résonner dans l'escalier de pierre. La porte s'ouvrit délicatement pour laisser apparaître l'élégante stature de la magicienne. Juliette se retourna et lui adressa un faible sourire, avant d’aller s'asseoir docilement sur la chaise en bois, impatiente.
Elle attendit.
La femme toute de noir vêtue s'approcha de la table, tendit une main laissant apercevoir une grosse bague surmontée d'une pierre couleur aigue-marine vers ce triste mobilier, et une seconde chaise de bois apparut en face de la première. La magicienne s'assit lentement. La princesse suivit des yeux chacun de ses minuscules mouvements avec une langueur, une avidité qu’elle ne prit pas la peine de dissimuler.
— Bonjour, Juliette.
— Bonjour, Madame, répondit la princesse avec politesse et une pointe d’anticipation, sans se départir de son sourire enthousiaste.
La magicienne leva la tête, et malgré sa capuche d'un noir profond, la princesse pouvait sentir le frôlement de ces yeux qu’elle devinait perçants, envoûtants.
— Puisque nous allons toutes deux vivre dans ce château pendant… un certain temps… commença la jeune fille, j’aimerais pouvoir vous appeler autrement que par ce sempiternel « Madame », si vous me l’autorisez. C’est austère, et assez décourageant, je dois l’avouer. C’est pourquoi je vous demande simplement de me dire votre nom.
Le coin des lèvres violettes se retroussèrent dans un rictus amusé.
— Tout le monde m'appelle Crudelis.
— Crudelis ? répéta Juliette, détachant les syllabes une à une, abasourdie.
— Voilà un nom bien laid, c'est sans nul doute ce que vous pensez à cet instant précis, n'est-ce pas ? Qui mériterait de porter un nom aussi détestable ? Je me le demande aussi. Savez-vous seulement ce qu'il signifie ? l'interrogea-t-elle.
Elle se délectait de la surprise, de l’appréhension que les traits de la jeune fille reflétaient sans honte.
— Non.
— Crudelis vient de l’ancien silva, la langue du peuple disparu des silves. Les humains qui peuplaient la Forêt il y a des siècles, des Andes jusqu’en Crystallide. Le peuple de vos ancêtres. Dans cette langue oubliée, Crudelis signifie « cruelle », expliqua l'élégante femme, d'un ton calme et posé.
La princesse resta longuement bouche bée. La vérité était qu’elle ne savait que répondre face à tant de détachement et d’indifférence envers ce mot qui avait tout d’une prison empoisonnée, et rien d’un nom donné à un enfant. Elle ne comprenait pas pourquoi on avait associé à cette femme un mot au sens aussi barbare, sans même la connaître.
Sans raison aucune.
Crudelis se mit soudainement à rire.
Un rire sinistre, grave ; lugubre.
Qui s’étira, s’écoula dans le noir, dans le silence.
S’insinua sous la peau de Juliette pour y rester.
Pendant une éternité.
Lorsqu'elle reprit ses esprits, la magicienne se leva tout aussi lentement qu'elle s'était assise et sans adresser un seul regard à la princesse qui était toujours figée d'étonnement, elle ouvrit délicatement la porte, avant de la claquer violemment derrière elle.
Juliette tressaillit, et de rage, abattit son poing sur la table, qui émit un faible craquement. L’impact la fit grogner de douleur, le vieux bois craquelé était plus solide qu’il en avait l’air.
Ses yeux se perdirent un instant dans le petit rectangle de paysage que lui offrait la meurtrière de sa chambre. Dehors, au loin, elle crut apercevoir des feuilles grises qui avaient poussé sur les arbres nus et asséchés. Mais peut-être était-ce là une illusion bercée par la lueur fantomatique de la nuit naissante.
Puis elle s'affaissa progressivement sur le petit meuble de bois poli et nicha son visage au creux de ses bras. Se cacha du regard cinglant qu’elle sentait encore accroché à elle.
Qu’elle voulait sentir.
Plus proche.
Le rire moqueur de la magicienne résonnait encore douloureusement, comme un refrain maudit enfermé dans son crâne.
***
Le jour suivant, la jeune fille fut réveillée aux aurores par l'arrivée de sa geôlière qui était pour la première fois accompagnée d'un immense et magnifique loup au pelage noir soyeux et au regard luisant de manière irrégulière. L’œil gauche comme un bouton d’or, l’œil droit comme un épis de maïs fané.
— Oh, quel bel animal ! Mais c'est étrange… J'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part, fit remarquer Juliette, fixant le loup d’un air absent.
La bête lui rendit son regard sans ciller.
— Ce doit être une erreur, rétorqua la magicienne d’une voix aussi cassante que du verre brisé. Il n'a jamais quitté ce château.
Elle s'assit sur une chaise, son compagnon se coucha à ses pieds, puis elle attendit calmement dans le silence le plus parfait. Elle caressait l’immense bête noire d'un geste mécanique lorsque la jeune fille se décida enfin à poser la question tant attendue.
— Je voudrais savoir pourquoi vous me retenez prisonnière de ce donjon.
Crudelis leva lentement la tête vers sa prisonnière, sa bouche pourpre formant une ligne tordue, irritée.
— Je croyais que vous souhaitiez en apprendre plus sur le monde, néanmoins, toutes vos questions semblent porter sur ma personne.
Juliette haussa les épaules.
— Parce que j’ai besoin de ces réponses pour comprendre.
Crudelis s’écarta légèrement pour s’appuyer contre le dossier en bois, et la princesse eut si peur qu’elle s’éloigne qu’elle manqua tendre une main vers elle.
— Vous en avez besoin… ou vous en avez envie ? susurra la magicienne, sirupeuse comme le venin du serpent.
Les sourcils blonds de la princesse s’arquèrent sur son front.
— Vous n’avez pas restreint le domaine de mon interrogation dans votre marché. Répondez à ma question, s’il vous plait.
La magicienne croisa les bras sur la petite table.
— Pour vous protéger.
— Vous mentez.
— Non.
— Alors pourquoi ne pas m'avoir ramenée chez moi et enfermée dans ma chambre comme l'avait fait mon père ? J'aurais été aussi bien protégée qu'ici, si ce n'est même plus. Le palais royal n’est pas appelé la Bastille Noire pour rien, après tout ! s’esclaffa la princesse, cynique.
Elle marqua une courte pause quand la magicienne émit un petit rire sarcastique.
— Puis je serais partie vivre avec le prince Edouard dans la Maison des Miroirs, où je serais restée enfermée dans mes appartements. C'est exactement la même chose. Je ne vous pose qu'une question par jour, comme vous me l'avez ordonné, la moindre des choses serait d’y répondre avec franchise !
— Sachez simplement qu'il vaut mieux être prisonnière d'une femme que prisonnière d'un homme, affirma Crudelis sèchement, les lèvres serrées.
— Que voulez-vous dire ? Qu'en savez-vous, au juste ? soupira la princesse, sentant la patience la quitter peu à peu.
— Non, Juliette, l’arrêta la magicienne, secouant la tête.
Dans un mouvement souple, avec toute la douceur du velours, Crudelis se leva et entreprit de se diriger vers la porte.
— Une question par jour, souvenez-vous.
Dans un grognement incontrôlé, la princesse, folle de rage et de désespoir, sauta du lit, courut vers la magicienne et lui barra la route de ses bras tendus.
Au fond d’elle brûlait le désir de se jeter sur elle, écraser ses mains sur les épaules de velours, entortiller ses doigts autour de ses poignets… mais elle se retint, et choisit de d’expulser toute son ardeur dans ses mots.
— Arrêtez ! Ne jouez pas sur les mots comme cela. Vous n'avez pas le droit de briser le pacte qui nous lie. Vous m'avez fait promettre de rester votre prisonnière à jamais. En échange j'obtiendrais les réponses aux questions qui me hantent. Mais vous refusez de répondre sincèrement à ces questions qui me tiennent tant à cœur, et vous vous entêtez à vous cacher derrière ce stupide manteau alors qu'il n'y a personne d'autre ici que vous, votre chien et moi !
Oubliant sa retenue, elle décrivit un pas en avant, inquisiteur.
— Mais que cachez-vous réellement ? Vous évitez de donner des détails, vous tournez autour de la vérité, vous la touchez du bout des doigts, sans pour autant vous en saisir. Si vous croyez que je ne l'ai pas remarqué, vous vous trompez. Mais pourquoi refusez-vous de me donner les véritables réponses ? Moi, je ne crois pas que vous cherchiez à me protéger. Je crois que la seule personne que vous protégez, c'est vous. Vous êtes égoïste. Mais je dois vous dire que si vous ne tenez pas votre promesse, alors le marché ne tient plus. Et plus rien ne me retient ici.
Le loup s'approcha lentement d’elle en grognant férocement, ses griffes crissant sur le sol de pierre. Quant à sa maîtresse, elle demeurait immobile et muette face à l'attaque de la princesse. Une expiration à peine audible lui échappa néanmoins, et ses lèvres indigo s’entrouvrirent.
— Princesse, il est des choses en ce monde qu'il vaut mieux que vous ignoriez pour l'instant. Croyez-moi sur parole. Je suis navrée mais je ne peux vous laisser quitter cette chambre. En revanche, si vous refusez de coopérer avec moi, je me verrais forcée d'employer la manière forte, et hélas, je doute que cela vous satisfasse…
La jeune fille avança encore vers la magicienne, ses sourcils blonds haussés dans un air de défi.
— Ah oui ? Eh bien, je suis navrée, Crudelis, mais moi, je ne coopère pas avec une femme sans cœur.
La magicienne tressaillit imperceptiblement, avant de se ressaisir. La tête baissée, totalement dissimulée sous son capuchon de velours, elle répondit d'une voix rocailleuse, mais pas moins glaciale.
— Très bien. Puisque je n'ai pas de cœur, alors j'agirai comme tel.
Elle tendit une main d'une blancheur cadavérique vers la princesse, et celle-ci fut violemment projetée en arrière, et atterrit brusquement sur le lit.
Une épaisse chaîne de fer naquit des ténèbres et emprisonna fermement sa cheville droite.
— Puisque vous refusez d'entendre raison, petite sotte insolente que vous êtes, alors je vous forcerai à l'obéissance, claqua-t-elle froidement. Ne m'attendez pas demain, je ne viendrai pas. Dorénavant, un de mes serviteurs vous apportera votre souper. Quant à moi, je n'ai plus rien à vous dire. Adieu, Juliette.
Elle sortit de la pièce en claquant la porte derrière elle, mais ses pas ne retentirent pas immédiatement dans l’escalier.
Du plus profond de ses entrailles, Juliette sentit un cri de colère gronder au fond de ses entrailles, et elle le laissa sortir sans remords. Ivre de rage, elle tira de toutes ses forces sur la chaîne, mais son extrémité était fermement ancrée au pied du lit.
Alors, elle put entendre les pas de Crudelis fouler les marches de l'escalier une à une, avec une lenteur agonisante.
Elle pouvait imaginer son sourire venimeux, et sa longue main caressant la tête de son fidèle compagnon. Seul à supporter son odieuse présence.
Pourtant, elle aurait aimé la supporter encore, cette odieuse présence.
Ne serait-ce que quelques secondes de plus.
Écouter le rire grinçant, sentir la froideur de ses gestes, observer la courbe violette de ses lèvres, même si ce n’est seulement pour se moquer d’elle.
Après de longues minutes passées à tenter de briser la chaîne, sans être parvenue ne serait-ce qu'à déformer un de ses lourds maillons, Juliette s’abandonna à la fatigue.
S’abandonna au Néant de son esprit.
De la même manière, je me demande bien ce qui pousse la sorcière à l'observer, s'intéresser à elle et la "protéger" alors que je croyais que son but était que la malédiction s'accomplisse pour qu'elle soit vengé.
Il y a une fixette sur l'idée de l'innocence et des hommes de manière générale dans le récit, pourtant on peut briser l'innocence de bien des façons.
Effectivement, tu mets le doigt sur un comportement étrange de la magicienne ! Ses désirs ne sont pas si clairs au fur et mesure de la progression de l'histoire ^^
La conception de l'Innocence est celle de la magicienne, qui a conçu la malédiction, et pour elle oui ce sont les hommes qui sont responsables. Mais les épreuves que traversent Juliette (y compris celles imposées par Saphira) prouvent que ce n'est finalement pas si simple x)
((fais coucou au loup)) Bon, tu ne dois pas être une extension de Crudelis (j'aime pas ce nom :< les gens sont trop cruel de l'avoir appelé comme ça !) tu dois vraiment être un compagnon. Reste à savoir si Madame Magicienne a menti en disant qu'il ne l'avait pas quitté ou s'il y a un petit mystère de ce côté là....(ou alors c'est le loup qui se dédouble et (repart sur un monologue de deux heures))
Perso moi ça m'a pas dérangé d'avoir à nouveau cette mention de "Sans Coeur", c'est le titre de l'histoire après tout. Et le rappel titille ma curiosité. Je me demande jusqu'à quel point c'est vrai qu'elle est "Sans Coeur"...
J'aime bien le fait que malgré son éducation très "on essaye de la préserver au maximum", Juliette ait quand même un petit caractère où elle s'énerve ponctuellement (et à juste titre en plus). J'aime aussi le fait qu'elle réussisse à surprendre la Magicienne en ayant conscience de sa présence.
Malgré la chaine et la situation qui s'est aggravée (pour combien de temps ?) je maintiens que la Mistinguette est quand même plus en sécurité ici que chez son père ou chez son fiancé.
Très curieuse (comme d'hab) de découvrir la suite !
Décidément, lire l’évolution de tes pensées sur le loup me fait beaucoup rire ahah. Quant à savoir si la magicienne a menti ou pas... Tu verras ça plus tard, ou pas :P Mais je pense que tu auras des éléments pour pouvoir en juger ! (Ahahah mais vraiment toutes tes théories qui se déroulent à l’infini me font beaucoup trop rire, je me reconnais beaucoup aussi dans cette manière de réfléchir, avec 12 000 pensées qui tournoient dans la tête et qui se succèdent sans s’arrêter ^^)
Merci pour ton ressenti sur la mention de Sans Coeur, ça m’aide :) Je crois que j’avais choisi de garder qu’une des deux mentions mais je ne sais plus, je sais que parfois la formation est très importante et d’autres fois moins donc ça dépend !
Je suis contente si malgré son innocence et son ignorance, Juliette ne paraisse pas être une simple coquille vide qui subit sans réfléchir et se poser de questions, je voulais vraiment avoir un personnage très curieux qui se pose plein de questions et qui n’a pas toujours les moyens de trouver les réponses !
Ravie de voir que tu fais autant confiance à la magicienne, reste à voir si tu t’es trompée ou pas :P
Merci encore pour ton commentaire <3
Vraiment très sympa ce chapitre (=
Mes remarques :
"Comment avez-vous pu me distinguer dans le noir ?" -> comment avez-vous pu me voir ? (dans le noir est implicite)
Encore une ref au fait que la magicienne n'a pas de cœur. Je me demande si ce ne serait pas pertinent d'en faire un peu moins souvent, pour que ça garde de l'impact quand ça arrive. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire.
Un plaisir,
A bientôt !
Merci pour la proposition de correction, je vais voir ça !
Et intéressant ton idée sur les réfs à la Magicienne Sans Coeur ! Je vais essayer de voir lesquelles sont les plus impactantes pour supprimer les autres ! Effectivement ce serait mieux d'en avoir moins ^^
Je pensais peut-être garder celle-là qui me semble plus pertinente, surtout que c'est justement cette référence-là qui peine la magicienne sur le moment ! Tu en penses quoi ? :)
Encore merci beaucoup pour ton aide <3