Voici l’autonomie partielle

Par Fifrou

- Bonjour Maman !

Et toujours avec ce sourire à la fois innocent & factice, je salue en ce matin cette femme si dévouée envers cet être en qui elle a donné la vie, et me salue en retour avec un sourire intentionné. J’ai grandi, j’ai su pour l’instant me développer et je sais maintenant ce qui permet l’échange de sentiment envers ces personnes qui vivent autour de moi, je sais qu’un sourire rend satisfaction, je sais qu’un rire se partage, je sais qu’un regard suffit, je sais. J’en apprends toujours sur ce monde et je ne pense pas finir d’en apprendre un jour car ce dernier est vaste, bien plus vaste que je ne pouvais l’imaginer ; il est d’une infinité en égal de l’espace car chaque personne se vit par un schéma plus complexe les uns que les autres. Et dans le fond, ce n’est pas plus mal. Cela cause l’évolution. M’y voilà, je suis maintenant capable de marcher, parler, courir, échanger, bien que l’on me parle comme si je n’étais encore qu’un nourrisson ; je déchiffre ces paroles vides de maturité par des codes que moi seul puisse comprendre car mon esprit m’est propre et mes actions ne sont compréhensibles que par mon seul esprit ; j’ai grandi que j’ai dit, j’ai grandi et mes sens également. Alors je marche, alors je parle, alors je mange de moi-même sous l’œil satisfait d’une mère comblée par une autonomie créée d’un acharnement sentimental et d’un apprentissage né de sa seule loi, son être.

Qu’est-ce que plus beau qu’une mère savourant l’instant de son enfant qui sait maintenant se servir de lui-même en imitant les propres techniques de son propre comportement ? Alors je découvre l’amour, l’amour d’une personne envers qui mes actions touchent son cœur pourtant si grand, en qui mes gestes, mes réflexions et mes choix s’accordent avec ses attentes inconscientes ; car le lien est déjà présent et il me faut maintenant l’entretenir. J’ai déjà quelques années mais je ne me sent toujours pas prêt d’accepter que je dois vivre de moi-même, que je dois maintenant, en dehors de la mort, agir de ma volonté en égalité avec mon cœur et mon esprit, je n’ai guère le choix et pourtant, il le faut ; je me dois, alors j’avance, alors j’accepte, du moins j’essaye. Et quand maman n’est pas là, je crie, je joue, je pense et surtout je tente, je demande alors à celle qui me garde de me laisser agir mais cette dernière me bloque, cette dernière m’empêche de découvrir, elle m’empêche d’expérimenter par sa seule crainte ; celle de me blesser, paradoxale souffrance mentale au détriment du physique que je comprends et que je ne comprends pas. Alors j’avance, alors j’accepte, du moins j’essaye. Et quand maman est là, je l’appelle, je crie « Maman », je lui demande un tas de choses, un tas de rien qui pour moi se résout encore à un tas de tout, mais elle me bloque, cette dernière m’empêche de comprendre car elle n’a pas le temps ; elle ne peut gérer l’habitat et ses habitants, ce que je comprends, mais que je ne comprends pas. Alors je me tais, alors je m’assied, du moins dans l’instant.

Et c’est petit à petit que je prend place, que je gagne avec devoir une personnalité qui me deviendra propre au fur et à mesure du temps, de ce temps égoïste mais altruiste, généreux du partage de son être le plus pur, lui-même. Un jour, je sais qu’un jour je saurai m’exprimer, qu’un jour elle comprendra et qu’un jour, je partirai ; jusque-là je vis et j’essaye d’être celui qui de plus en plus puisse rendre ces doses sentimentales qui ont été les fondements de mon existence, histoire d’effacer toutes ces dettes apparentes à celle d’un homme honnête qui vit sa vie normalement mais qui ne convient pas à la découverte de son propre corps, de son propre esprit et de sa propre vie. J’ai grandi, mes questionnements aussi. Il me semble même qu’un début de gratitude commence à s’ouvrir de la part de cette mère qui m’observe avec tendresse et attention, la gratitude de maman, voici ce qu’il me manquait pour comprendre l’entièreté de l’équilibre d’une relation, je te donne du pain et tu me donnes de l’eau, le tout avec un plaisir sans attente ; c’est à la fois complexe mais simple, maintenant je comprends. Imposteur.

Il me faut donc me rendre digne de cette gratitude, il me faut continuer, ça ne s’arrêtera donc jamais ; un devoir contre un due, un devoir contre un devoir, une certaine équité qui se forme en une boucle fantasmatique à cause de ce fameux temps personnifié. Il est temps d’y aller, c’est l’heure du coucher, cet abri requiert de l’habilité et de la rigueur envers ses règles dictées par cette même femme, des règles compréhensible mais lassante par prise de ma liberté qui va devoir se gagner également. Alors je ferme les yeux, je me berce maintenant seul avec l’émotion de son baiser sur mon front, je me berce et je m’end..

L’évolution.

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Miyuki
Posté le 03/10/2019
Ce chapitre est un bien bel hommage à l’amour qu’une mère porte à son enfant et comment ce dernier se positionne face à cet amour, comment il l’appréhende et comment il peut y répondre. Ce questionnement sur le fait de vivre par soi-même et d’avoir à faire ses propres choix me semble très juste et reste une des grandes problématiques et une des grandes peurs de l’être humain : se détacher de son premier « groupe social » qu’est la famille pour s’en créer d’autres de lui-même. Le narrateur commence à prendre conscience de la complexité de la vie qui lui a été donnée… Petite note négative, je n’arrive pas vraiment à me faire une idée exacte de son âge à chaque étape… Ou est-ce voulu ? Merci pour cette découverte !
Fifrou
Posté le 03/10/2019
Exactly !
Mmh c'est surtout être dans l'obligation d'être en vie, de le rester et de s'y tenir, de réfléchir, de marcher, de parler, de vivre tout simplement
Vis à vis de l'âge c'est voulu, je souhaite faire une évolution séquentielle et l'âge s'en suivra par l'image que vous lui donnez car je ne connais pas les préceptes d'un enfant par son âge et par ses étapes de vie, c'est une écriture d'instinct que je pratique finalement, mon savoir est très limité, d'où le sentiment de "vague"
merci pour tout ces commentaires qui me rendent un réel sourire et une grande satisfaction !
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