Wtme. Chapitre 4: Rin - Une Alliée Inattendu.

Notes de l’auteur : N'hésitez pas à voir mon Instagram pour des illustrations et du contenu supplémentaire.

J'en ai plus qu'assez. Entre le gorille dopé aux hormones et Kana que
         je porte sur mon dos, je suis à bout. C'était la goutte d'eau qui a
         fait déborder le vase. Tout ce que je voulais, c'était mener une vie
         tranquille, mais maintenant, je me retrouve dans la ligne de mire d'un
         groupe de cinglés.

Je jette un regard fatigué autour de moi, cherchant une échappatoire.
         De l'autre côté de la rue, je repère une petite station de tramway
         baignant sous une lueur vacillante, comme une vieille lampe sur le
         point de s'éteindre. L'endroit semble oublié, figé dans le temps. Les
         murs sont recouverts de graffiti colorés, et des détritus jonchent le
         sol. La saleté et la dégradation de cet endroit me donnent une
         impression de négligence totale, comme si personne ne se souvenait de
         l'existence de ce lieu.

Malgré la difficulté de marcher, je traverse la rue, attiré par l’idée
         d’un refuge. Je m'effondre lourdement sur le premier banc que je vois,
         le souffle court, les muscles tendus par l’effort. Kana pèse sur mon
         dos, mais mon épuisement dépasse de loin la simple fatigue physique.

         Rin — J'ai eu de la chance d'avoir intercepté cette seringue à temps.
                  Vu le liquide qu'elle contenait...
                  Voix grésillante — Au vu de son contenu, l'analyse préliminaire
                  indique qu'il s'agit d'un tranquillisant à action rapide. Dosage
                  élevé.
                  Rin — J'imagine que mon oreillette fonctionne toujours. La geek, tu me
                  reçois ?
                  Hikari — Cinq sur cinq. Pourquoi tu es en train de porter une charge
                  lourde ?
                  Rin — Euh... ?

Mon regard se tourne vers Kana, qui somnole sur mon épaule, et sans la
         moindre honte, je la jette au sol comme un vulgaire sac.

         Hikari — Cela n’a rien changé. T'es en surpoids.
                  Rin — T’as le sens de l’humour aujourd’hui ?
                  Hikari — Non. Juste les données.
                  Rin — Ce n'est pas elle le problème, c'est ce stéroïde-man de tout à
                  l'heure.
                  Hikari — Je remarque que tu aurais pu être plus galant en la déposant
                  sur le banc.
                  Rin — La galanterie ? Que ce soit le banc ou le sol, elle ne sentira
                  pas la différence. Le banc est pour moi.
                  Hikari — Sinon, qui est cette fille ?
                  Rin — C'est Kana, une amie d'une amie. Je me suis retrouvé dans ce
                  pétrin juste pour la récupérer.

Je réalise que cela fait déjà un quart d'heure que j'ai quitté la
         ruelle, et je ressens toujours les effets de l'altercation, bien
         qu'ils s'atténuent progressivement. Initialement, je ne ressentais
         rien, alors peut-être que la source de la douleur est autre chose. La
         douleur est trop intense pour y réfléchir clairement maintenant.

         Hikari — D’après les analyses, tes mouvements actuels et ceux d'avant
                  le combat indiquent que tu supportais une force équivalente à cinq...
                  Rin — G !
                  Hikari — Exact, et cela est monté à six à un moment donné.

Cela correspond aux différentes ondes de choc que j'ai ressenties
         pendant l'affrontement. Je commence à comprendre le schéma : je perds
         environ un G toutes les quinze minutes. C'est dangereux ; je ne peux
         pas rester immobile ici pendant près d'une heure et demie.

         Rin — Hikari, trouve un moyen pour que je puisse bouger rapidement.
                  Hikari — ...
                  Rin — Hikari ?
                  Hikari — Yes, Sir !

Je me retourne soudainement, et à ma grande surprise, je vois mon
         propre prototype d'androïde s’avancer vers moi, vêtu de mes affaires
         de sport. Il se dresse, imposant et immobile, comme un colosse
         silencieux, son regard vide me surplombant.

         Rin — Wouhaaa !

Je perds l'équilibre, surpris par la vision, et tombe lourdement au
         sol. Je soupire incapable de me relever se serai trop d’effort pour
         rien, mes muscles encore tendus par les résidus de gravité qui pèsent
         sur moi.

         Rin — Qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi as-tu activé le prototype
                  alors qu'il n'est même pas fini ?

La voix de Hikari résonne depuis l'androïde, calme et précise.

         Hikari — Comme tu ne pouvais pas te déplacer pour le moment, j'ai pris
                  l'initiative d'activer l'androïde que sur lequel tu bricoles.

Je soupire, regardant l'androïde vêtu de mes vieux vêtements de sport.
         À la fois agacé et quelque peu impressionné, je secoue la tête.

         Rin — Et tu as trouvé ça pertinent de l'habiller avec mes affaires de
                  sport ?
                  Hikari — Pour être discrète, tes vêtements sont plus
                  appropriés, non.

Hikari, a l'habitude à anticiper mes besoins. Elle trouve des solutions pratiques
         dans des situations imprévues grâce à une certaine créativité, bien que son
         approche soit parfois un peu abrupte.

         Rin — Cependant, les mouvements sont encore un peu maladroits, non ?
                  Tu vas faire quoi maintenant ?
                  Hikari — Etant donné les circonstances actuelles. Puisque je ne peux
                  pas t'aider physiquement au vu de ton poids plus que imposant,
                  je vais porter ta pote au poste del'AGL le plus proche. Il te reste
                  exactement quarante-sept minuteset vingt-six secondes avant que
                  tu puisses bouger librement.
                  Rin — Pourquoi précisément quarante-sept minutes ? Il manque 30
                  minutes a tes calculs.
                  Hikari — Étant donné que tu peux gérer trois G lors des
                  entraînements, j'ai enlevé ton temps de récupération pour
                  l'adapter à ton état.
                  Rin — ...
                  Hikari — Tu veux râler ou tu veux que je me dépêche ?

Toujours le même ton, toujours le même schéma. Un jour, peut-être,
elle changera. Peut-être pas.

                  Rin — Hikari, fais vite pour l'amener à un poste de garde, puis
                  reviens me chercher. 

Pendant que Hikari s'éloigne avec Kana, le ciel s'assombrit
         rapidement, annonçant l'arrivée de la nuit. Un léger vent se lève,
         faisant virevolter quelques papiers et détritus sur le quai du tram
         abandonné. Je regarde le plafond de l’abri, mes muscles toujours
         tendus par cette capacité assez contraignate. Le bruit des pas de
         l'androïde s'évanouit dans le lointain, laissant le silence
         m'envelopper de nouveau.

Je baisse les yeux et découvre une petite sacoche accrochée à ma
         ceinture, quelque chose dont je ne me souviens pas avoir pris. Dans la
         confusion de la bataille, j'ai dû la ramasser par inadvertance en
         pensant qu'elle appartenait à Kana. En l'ouvrant, je trouve deux
         seringues remplies d'un liquide distinctif. Sur l'étiquette, un nom se
         détache nettement : "Nerve Blaze."

Alors que je rumine sur la nature de la seringue saisie pendant
         l'affrontement, une révélation me frappe : et si cette seringue était
         liée au comportement anormalement résistant et agressif des jeunes
         sous les ordres de Kain ? Cela expliquerait leur endurance surhumaine
         et leur agressivité accrue, des traits qui ne sont pas naturels chez
         des personnes ordinaires. Cette hypothèse suggère que Kain pourrait
         avoir accès à des technologies et des savoirs scientifiques avancés.

Non seulement il semble capable de recruter et manipuler des jeunes à
         ses fins, mais il les transforme littéralement en armes humaines. Si
         mon hypothèse est correcte, Kain pourrait posséder un laboratoire,
         voire un réseau de distribution pour ce "Nerve Blaze", peut-être même
         avec l'aide de corporations occultes.

Kain et ses lieutenants ne sont pas des amateurs. Leur organisation
         est structurée, chaque action soigneusement planifiée. Ils avaient
         prévu le lieu, les véhicules, la méthode d'enlèvement. Tout cela
         indique des ambitions bien plus grandes que de simples confrontations
         de rue ; leurs plans pourraient affecter toute la ville.

Je dois analyser cette seringue dès que je serai chez moi.
         J'utiliserai tout ce que j'ai pour comprendre cette substance, même si
         la biochimie n'est pas vraiment ma spécialité...

Et puis, il y a la question primordiale et immédiate de rentrer chez
         moi. J'en ai marre de m’être mis dans cette situation. Normalement, je
         n’interagis pas avec les autres, mais dès que je commence à interagir
         avec Kin, des problèmes surgissent. Sans mon intervention, c'est elle
         et d'autres qui auraient été enlevés. Ça m’énerve.

Je n'avais aucun de mes équipements avec moi puisque j'étais à
         l'institut, et je n'arrive même pas à me lever pour retourner sur le
         banc. La pluie commence à tomber, doucement d’abord, mais je sens
         qu’elle menace de s’intensifier. Ça fait déjà près de trente minutes,
         et Hikari prend son temps pour revenir.

La pluie tambourine doucement sur le toit métallique de l’abri, créant
         un rythme régulier dans le silence qui m’entoure. Allongé à même le
         sol, je sens que je peux enfin me mouvoir un peu plus. Même si je suis
         à l’abri des gouttes, le froid du sol se propage à travers tout mon
         corps. Je ferme les yeux un instant, laissant le bruit apaisant de la
         pluie occuper mes pensées.

Cela fait déjà près de 30 minutes, et Hikari met un temps fou à
         revenir. Est-ce que je vais vraiment devoir passer la nuit ici ? Je me
         retourne en position de pompe pour essayer de me relever, mais mes
         bras protestent encore sous la fatigue.

C’est alors que j'entends des bruits de pas qui résonnent sur les
         pavés humides. Sans y prêter attention au début, je finis par
         remarquer une paire de chaussures juste devant moi.

         Rin — Tu reviens enfin, Hika...

Je lève les yeux vers la silhouette approchante, et je réalise que ce
         n’est pas Hikari. La forme des chaussures, la silhouette...

         Rin — ...Kin ?
                  Kin — Je t'ai enfin trouvé... attends... laisse-moi reprendre mon
                  souffle... J'ai dû parcourir toute la ville pour te retrouver ici.

Les lampadaires vacillants projettent une lumière faible, à peine
         suffisante pour éclairer son visage trempé. Elle se penche vers moi,
         ses cheveux collés contre son visage, dégoulinant de pluie.
         L’inquiétude dans ses yeux contraste avec mon apparente nonchalance.

         Rin — Tu m’as retrouvé... bien joué.

Je réponds, un peu détaché, toujours à moitié allongé sur le sol. Je
         fais un effort pour me redresser, mais mes bras n’obéissent pas,
         encore trop faibles sous la pression qui s’atténue à peine.

         Kin — J'espère que tu n'attends pas le tram. Cet arrêt n'est plus
                  desservi depuis longtemps... Pourquoi tu es par terre comme ça, tu
                  fais des pompes ou quoi ?

Elle s’approche, et sans même attendre ma réponse, elle saisit mes
         bras pour essayer de me soulever. Mais malgré ses efforts, mon corps
         est toujours aussi lourd.

         Kin — Attends, je vais t'aider... Huiii, je n'arrive même pas à te
                  faire bouger d'un millimètre. T'as pris du poids ou quoi ?

Elle rit légèrement, essuyant rapidement l'eau de son visage d’un
         geste, mais je sens une tension dans sa voix. Son sourire ne masque
         pas l’inquiétude qui la traverse.

         Rin — C'est compliqué.
                  Kin — Ça a un lien avec ton combat ?

Son ton change, devenant plus sérieux. Elle ne lâche rien, et je le
         sais. La pluie continue de tomber autour de nous, mais c’est comme si
         elle n’y prêtait même plus attention. Elle veut des réponses, et elle
         ne partira pas sans les obtenir.

         Rin — Qu... Quoi ? De quoi tu parles ?
                  Kin — Je t'ai vu sur les caméras de sécurité. Tu t'es battu pour
                  défendre Kana et Mio, même si... elle n'en avait pas vraiment besoin.
                  C'était impressionnant, mais j'ai vu que tu étais en difficulté.

Je sens son regard se poser sur moi, lourd d’attentes. Elle a tout vu,
         évidemment. Mais je ne peux pas tout lui expliquer. Pas maintenant.

         Rin — Je ne suis pas aussi méticuleux que je le pensais... J'ai
                  complètement oublié qu'il y avait des caméras de sécurité dans cette
                  ruelle. J'ai perdu de ma lucidité en plein combat. Maintenant,
                  qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ?
                  Kin — Alors, qui a ramené Kana ? Vu que tu ne peux pas bouger...

Elle ne me laisse aucun répit, et je reste silencieux. Hikari a fait
         tout le travail, mais je ne vais pas tout révéler, du moins pas pour
         l'instant. Kin soupire, visiblement frustrée par mes non-réponses.

         Kin — Soupir... D'accord, passons cela, mais tu vas devoir m'expliquer
                  ce qui s'est passé et surtout, qui sont ces gens ?
                  Rin — Normalement, c'est moi qui soupire... Je ne peux pas
                  t'expliquer.
                  Kin — Pourquoi pas ?
                  Rin — Tu ne pourrais pas comprendre. C'est trop dangereux.

Elle se penche encore plus vers moi, déterminée. Je sais que je ne
         vais pas m’en sortir facilement avec elle.

         Kin — Attends, attends, tu te moques de moi. Je n'ai rien pu faire
                  face à ces garçons, même avec ce que tu m'as donné, et toi, tu les
                  mets KO en un clin d'œil ? Dans la ruelle, tu as volé dans tous les
                  sens et tu n'as rien de cassé. Toi et eux, vous avez fait tellement de
                  dégâts qu'il y a des fissures et des trous partout. On aurait dit
                  qu'une bombe avait explosé !

Je reste silencieux. Comment pourrais-je lui expliquer tout ça ? Ce
         n’est pas comme si elle pouvait comprendre le poids de mes
         capacités... ou des leurs.

         Kin — Réponds-moi ! Et ce bras bizarre que tu as... Je pensais l'avoir
                  imaginé quand tu m'as sauvé, mais je l'ai revu sur la caméra de
                  sécurité. C'est quoi cette histoire, Rin ?

Je soupire, sachant que je ne peux plus éviter cette conversation.
         D’un geste, je lui fais signe de me ramener un petit caillou qui
         traîne à quelques mètres.

         Rin — Ramène-moi ce caillou, là-bas.

Kin fronce les sourcils, dubitative.

         Kin — Tu veux vraiment que je te ramène un caillou ?
                  Rin — Regarde-moi. Je ne peux même pas me gratter le
                  nez qui me démange depuis tout à l'heure.

Elle soupire à son tour, visiblement agacée, mais elle s’exécute. Au
         passage, elle attrape ma main et la dirige vers mon visage, me
         permettant enfin de me gratter le nez. Un soulagement immédiat
         m'envahit.

         Kin — Voilà, heureux ?

Je hoche la tête en signe de remerciement, tandis qu'elle ramasse le
         caillou et me le tend.

         Kin — Tiens.
                  Rin — ...
                  Kin — Oh, pardon.
                  Kin — Tiens.

Je tends la main et elle me donne finalement le caillou, l’observant,
         curieuse. Je serre la pierre dans ma paume, sentant chaque détail de
         sa texture brute. Puis, je me concentre sur sa structure moléculaire,
         ressentant les vibrations subtiles qui la composent.

         Kin — Qu'est-ce que tu vas...?

Elle s'interrompt, suivant chacun de mes gestes avec attention.
         Lentement, la roche commence à changer, se remodelant sous l’influence
         de ma volonté. Elle s’étire et se densifie, enserrant mes doigts, puis
         recouvrant mon poing entier. Ce qui était un simple caillou se
         transforme en un gantelet de pierre compact et solide.

Je lève la main, laissant le gantelet bien visible. Kin reste
         silencieuse un instant, ses yeux scrutant chaque détail de cette
         transformation.

         Kin — Incroyable… La densité de la matière a changé, tu as reconfiguré
                  la structure de base... C'est comme si tu manipulais les atomes
                  eux-mêmes.

Elle examine ma main de près, presque comme une scientifique en pleine
         observation, ses yeux brillants d’intérêt.

         Kin — Ce n’est pas juste de la magie... Tu modifies réellement la
                  matière... la composition atomique, c’est ça ?

Je hoche la tête légèrement, maintenant le gantelet un instant de plus
         pour qu'elle puisse l'examiner. Puis, avec un mouvement subtil, la
         pierre commence à se désintégrer, se fragmentant en petits morceaux
         qui tombent doucement au sol. Ma main redevient normale, sans laisser
         la moindre trace de l'altération.

Kin regarde les fragments avec fascination.

         Kin — Ça défie toutes les lois de la physique qu'on connaît. Si tu
                  peux manipuler la matière de cette manière... les possibilités sont
                  infinies.

Je reste silencieux, la laissant digérer ce qu’elle vient de voir,
         sentant que son esprit tente déjà de comprendre les implications
         scientifiques de ce pouvoir.

         Rin — Tu comprends maintenant pourquoi je ne voulais pas te montrer
                  ça.

Kin se redresse légèrement, les yeux toujours fixés sur les fragments
         de pierre au sol. Elle semble perdue dans ses pensées, essayant de
         relier ce qu’elle vient de voir à tout ce qu’elle connaît. Son cerveau
         semble tourner à plein régime.

         Kin — C’est... tellement plus que ce que j’imaginais. Si tu peux faire
                  ça avec un simple caillou, tu pourrais... littéralement créer ou
                  détruire des objets solides, non ?

Je soupire, sachant très bien où cela va mener. Cette curiosité, ce
         besoin de comprendre.

         Rin — C'est plus compliqué que ça. Ça demande de l'énergie, de la
                  concentration, et il y a des limites. Ce n'est pas aussi simple que de
                  claquer des doigts et de tout transformer. Et ça dépend aussi de la
                  roche que j'ai sous la main.

Je laisse échapper un soupir, déjà habitué à ce besoin insatiable
         qu’elle a de tout comprendre. Je sais où cela va mener, et ce n’est
         pas un terrain sur lequel je suis prêt à m’aventurer.

Kin fronce légèrement les sourcils, mais je vois bien qu’elle cherche
         déjà des réponses. Il faut que je mette fin à ses questions avant
         qu’elle ne s’enfonce trop.

         Rin — Ne cherche pas à comprendre maintenant, c’est juste comme ça.
                  Certaines personnes ont des... capacités particulières. Fais-moi
                  confiance.

Elle me fixe un instant, et le silence s’installe, seulement brisé par
         le bruit apaisant de la pluie qui martèle le toit de l’abri. Je vois
         son esprit en ébullition, mais elle finit par hocher la tête.

         Kin — D'accord... mais un jour, tu devras tout m'expliquer.
                  Rin — Je te le promets.

Je commence à sentir mes muscles se détendre, récupérant lentement.
         Bouger devient bien plus simple. Je crois que les effets sont
         supportables, mais je suis exténué. Heureusement que Kin est arrivée,
         car Hikari n'est toujours pas revenue.

         Rin — Je peux commencer à bouger... ça ira pour rentrer, même si ça
                  reste compliqué.
                  Kin — Besoin d’un coup de main ?
                  Rin — Ouais, merci.

Elle m’aide à me relever, et je prends appui sur elle. Une fois
         debout, je retrouve un semblant de stabilité. Kin m’observe un
         instant, l’air toujours curieux.

         Kin — Tu ne vas pas abandonner pour retrouver cette fille qui se
                  faisait passer pour Mio, pas vrai ?
                  Rin — Je vais voir ce que je peux faire. Si je ne fais rien, je sais
                  que tu vas te jeter dans les ennuis.
                  Kin — Oui !

Je la regarde, surpris par sa légèreté dans toute cette situation. Ce
         n’est pas vraiment son genre, et pourtant...

         Rin — Tu prends ça plutôt bien... Ça m’étonne, venant de toi, la
                  curieuse.
                  Kin — Eh bien, parfois, les rumeurs sont vraies, non ? C'était toi
                  hier soir, pas vrai ? Avec ces griffures et l’androïde de l’AGL
                  détruit ?

Je serre les dents en entendant cette question, mais elle éclate de
         rire, amusée par la situation.

         Kin — D’accord, d’accord, pas de questions.
                  Rin — Je ne vois pas de quoi tu parles. Et si ça avait été moi,
                  j'aurais été beaucoup plus discret.
                  Kin — C'est vraiment cool de traîner avec toi.

Je la regarde, fatigué. La seule réponse que j’arrive à lui offrir,
         c’est un soupir.


         -------------------------------------Epilogue-------------------------------------

Dans une contrée lointaine, là où l'hiver règne en maître et où les
         paysages sont perpétuellement drapés de blanc, une silhouette
         solitaire avance. Le vent mordant emporte avec lui des flocons de
         neige qui tourbillonnent autour d'elle, s'accrochant à son long
         manteau tacheté de rouge sombre. Chaque pas laisse une empreinte nette
         dans la neige épaisse, marquant son passage dans ce désert glacé.

Sous sa capuche tirée bas, son visage demeure caché, dissimulant son
         identité à quiconque croiserait son chemin. Quelques mèches de cheveux
         bleutés s'échappent parfois, balayées par le vent. Derrière elle, des
         stèles grossières parsèment la neige, érigées en mémoire de ceux
         qu'elle a vaincus pour survivre.

Ces stèles ne sont pas seulement des symboles de deuil, elles
         racontent son histoire. C’est elle qui les a érigées, une par une,
         après avoir défait les soldats qui tentaient de la capturer. Chaque
         croix représente une bataille livrée pour sa liberté, un obstacle
         qu’elle a surmonté en quête d’un avenir qu’on lui a arraché. Dans sa
         fuite désespérée, ces soldats n’ont été qu’un autre obstacle à sa
         quête de justice.

Elle s'arrête un moment, pose une main sur l'une de ces croix. Ses
         doigts tracent les contours rugueux du bois qu'elle a elle-même
         assemblé, un hommage silencieux à ceux qu'elle a dû abattre, non par
         haine, mais par nécessité. Chaque respiration crée un nuage de vapeur
         qui se dissipe rapidement dans l'air glacial, emportant avec lui des
         fragments de regrets qu'elle n'ose exprimer à voix haute.

Le vent hurle dans le silence de la plaine enneigée, mais même ce
         bruit naturel ne parvient pas à étouffer les échos de ses souvenirs.
         Sous son manteau, bien dissimulé, elle serre une amulette, dernier
         vestige tangible de son royaume, de sa famille. Ce sont ces souvenirs,
         mêlés à la douleur des trahisons, qui la poussent à avancer, malgré
         tout. Elle ne se permet pas de ralentir, pas tant qu'elle n'aura pas
         honoré la promesse qu'elle s'est faite.

Soudain, une rafale plus forte soulève sa capuche, révélant brièvement
         un visage marqué par les épreuves. Ses yeux bleus, empreints d’une
         résolution farouche, fixent l’horizon avec une détermination presque
         palpable. Malgré les cicatrices invisibles laissées par ces batailles,
         une lueur d'espoir persiste dans ses yeux. Elle sait qu'un jour, elle
         reviendra. Elle retrouvera ce qu’elle a perdu, et alors, plus rien ne
         l’arrêtera.

Chaque pas la rapproche un peu plus de son objectif. Au-delà des
         montagnes et des plaines gelées, elle poursuit inlassablement sa
         route, guidée par un sentiment de devoir et de rédemption. Les
         souvenirs de son royaume, autrefois prospère, la hantent. Des éclats
         de rires, des cris étouffés par le bruit du métal, des palais dorés
         désormais assombris par les trahisons. Elle avance avec la certitude
         que, malgré tout, elle retrouvera un jour ce qu'elle a perdu.

Seule, dans cet océan de neige, elle marche. Mais quelque part,
         peut-être que d'autres aussi tracent leur propre route, leur propre
         quête. Pour l’instant, la neige est son seul compagnon, et le froid
         son seul réconfort. Pourtant, dans cette quête solitaire, chaque pas
         la rapproche de son destin, même si ce dernier reste incertain.

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
PassionneedArt
Posté le 28/10/2024
Je viens de découvrir ton histoire, j’aime beaucoup ! Ton style est plutôt fluide et et les personnages attachants.

Je te fais un récap de ce qui a attiré mon attention au fil de la lecture:

Tu as fait quelques répétitions dans le premier chapitre, avec " notre première rencontre " quand Rin racontait la première fois que Kin lui a adressé la parole, mais autrement tu en fait peu.
Les souvenirs qu’évoque Kin dans le deuxième alors qu’elle est dans le feu de l’action auraient pu perdre notre compréhension, mais tu les as bien gérés.

Cet épilogue est vraiment intrigant, cependant ce n’est pas la fin de ton histoire j’imagine, c’est donc un peu étrange de parler d’épilogue même pour clôturer une partie.
En tout cas, hâte de lire la suite !
Rin Pawaa
Posté le 01/11/2024
Merci beaucoup pour ton retour ! Je suis ravi(e) que cette introduction te plaise et que le style ainsi que les personnages t’aient accroché(e).

J’ai bien noté tes observations, notamment sur les souvenirs évoqués par Kin et les répétitions. En relisant, j'ai effectivement remarqué cette coquille avec "première fois". Merci pour ton œil attentif, je vais corriger cela de ce pas.

Pour éviter de surcharger les scènes d’action, j’ai fait attention à garder la narration claire et à travailler les transitions. J'ai beaucoup retravaillé cette partie; cela paraissait clair dans ma tête, mais à l'écrit, c'était une toute autre affaire. Cela reste un bon exercice ! L’objectif était de rendre ces scènes immersives sans que les souvenirs ou transitions viennent casser le rythme.

Quant à l’épilogue, j’ai choisi ce terme pour marquer une fin, ou plutôt une pause dans l’histoire, permettant de clore un "arc" ou un fil rouge. Cette séparation par "épilogue" est un choix que je compte utiliser pour chaque nouvelle étape de l’aventure, comme une pause avant de replonger dans l’intrigue principale.

Et si tu veux voir des illustrations par rapport à mon histoire, n'hésite pas à aller voir mon Instagram ! Merci encore pour ton message, et à bientôt pour la suite !
Vous lisez