« Je me méfie de la pureté, des grands sentiments, des envolées sublimes. Je recule toujours devant trop de perfection, trop de bonté, trop de noblesse : j’ai le pénible sentiment qu’on me ment. J’ai le goût des choses qui mordent, des orties, des mauvaises herbes, des pensées féroces. »
« Anne mes soeurs Anne » de Lydie Salvayre, dans Sororité, dirigé par Chloé Delaume, Points, 2021
« Vous savez mieux que moi qui je suis.
Voilà ce qu’en vérité la sorcière avoue. Il y a dans ma conscience un principe trompeur. Je ne peux croire en moi. Je ne peux croire qu’en vous. Ma conscience est incompétente. Je renonce à ma conscience. […]
Ce permanent soupçon de soi comme un reproche qui fredonne, musique dissonante du doute, écho des cris et du craquement.
Ce permanent soupçon de soi et tout ce qui s’ensuit, j’appelle ça complexe de la sorcière. »
Le complexe de la sorcière, Isabelle Sorente, Jean-Claude Lattès, 2020
J'ai lu (englouti) le livre Sorcières de Mona Chollet, déjà un classique !
Un commentaire à la pertinence de haute volée puisqu'il va juste me servir à dire que j'adore ces citations et que tu as fait un très bon choix en les sélectionnant !
(en vrai une phrase sur deux de cette chère Chloé aurait le potentiel de finir dans mon fichier à citations)
Bref
Plein de bisous !
PS : je suis en train de capter que je suis en train de lire ta dernière fiction en date dont tu parlais sur ton JDB. Ouais je suis longuet à la détente !
Une réponse de haute volée à un commentaire plus pertinent que tu ne le crois : les lecteurices de Chloé Delaume sont mes ami-es ! (elle est balèze la madame, puréééé... On s'en reparle quand tu veux !)
PS : bon là c'est pas Chloé directement, mais quand même... Mieux vaut trop la citer que pas assez.
Avec plaisir pour reparler de Chloé ! et de tant d'autres choses, se donner des niouzes et tout <3
La couverture de ton histoire est magnifique, je trouve que les couleurs sont particulièrement bien assorties. Ca me paraît bien coller avec le titre de ton histoire.
Intéressant ces deux citations, c'est surtout la première qui m'a interpellé. C'est vrai que du trop blanc peut souvent cacher quelque chose de moins pur....
Ah, je suis contente que la couverte te plaise : elle est signée d'un(e) artiste que j'aime tellement que je pioche dans son portfolio pour toutes mes images PA (et je trouve toujours de quoi illustrer mes histoires) !
Après tes "Silhouettes" - dont je ne tarderai pas à retourner poursuivre la lecture - les Histoires d'Or m'amènent par ici pour découvrir cette autre histoire de ta plume. Ces seules citations me donnent déjà matière à n'augurer que du bon pour ce texte !
L'idée qu'il faille se méfier de la pureté me rappelle une conception approchante dans "Les Limbes du Pacifique" de Michel Tournier. Il y avance que la pureté a quelque chose d'inhumain et de violent. C'est vouloir atteindre une blancheur qui fait mal, par le fait même qu'elle est impossible.
Je sens venir avec cette citation un univers et des personnages tout en nuances, plein de fêlures et d'humanité. Des êtres cassés, comme je les aime.
Quant à la sorcière avouant avec ironie "vous savez mieux que moi qui je suis", ce sont là aussi des mots forts. Une violence là encore : quand autrui vous dit qui vous êtes, au point qu'on se soupçonne soi-même.
Que du bon ! Je file de ce pas vers le chapitre suivant !
Je suis contente que ces deux citations soulèvent déjà des réflexions ! Déjà, parce qu'elles me parlent beaucoup. Et puis aussi, parce ce qu'ouvrir un roman sur des citations peut donner un côté intello et gratuit pas forcément bienvenu - ce que je ne souhaite évidemment pas.
Je ne connais pas ce livre de Michel Tournier, mais je me le note ! Je suis d'accord avec toi : la perfection, la pureté sont impossibles et cachent forcément des violences sourdes. Quant à la citation centrée sur la sorcière, je vais tâcher de m'en servir comme fil conducteur.
J’arrive ici un peu par hasard, j’ai vu de la lumière. Ton résumé (avec cette vieille femme toute "en angles cassés" notamment) puis les deux citations là donnent vraiment envie de plonger dans ce texte.
Comme Rimeko, je suis intrigué par le "Complexe de la sorcière" rien qu’avec ce beau passage. Intéressant et triste, très vrai, ce constat que bien souvent celles et ceux qu’on opprime se détestent eux mêmes et laissent inconsciemment d’autres dire qui elles ou ils sont. Comment s'auto-culpabiliser...
+1 aussi pour le trop de pureté, trop de noblesse. On préfère les cassures, quand c'est lisse on peut difficilement être ému.
Je poursuis ! À de suite
Un chat doré qui voit de la lumière et qui rentre dans un soleil bleu, j'adhère !
Ces deux lectures (Lydie Salvayre et Isabelle Sorrente) m'ont beaucoup marquée, je suis contente que ces passages parlent. Et vu comment tu les interprètes, je vois qu'ils fonctionnent bel et bien avec les thématiques que je veux explorer dans ce roman !
Le complexe de la sorcière (qui m'a retourné les méninges dans le bon sens), c'est plutôt un récit autobiographique. L'autrice s'est sentie obsédée, voire hantée par l'image d'une femme dans une cellule. Elle décortique cette image et propose tout un tas de réflexions sur les sorcières, la place des femmes, la culpabilité et la violence, et comment tout ce pan de l'histoire occidentale est encore ancré dans nos têtes aujourd'hui. Ça m'a énormément parlé...