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Par Rouky

J’ouvre les yeux.

Suis-je devenu fou, ou ai-je bien entendu des bruits de pas ? Merde, je me suis assoupi quelques minutes... Quelqu’un en aurait-il profité pour se faufiler dans l’église ?

A ma gauche, roulé en boule contre le mur, Silas dort profondément. J’hésite à le réveiller, mais je préfère qu’il reprenne des forces.

Je me lève discrètement, balaie la nef du regard. Personne. Peut-être était-ce simplement dans ma tête.

Je me fige. Un souffle, là, derrière moi.

J’ai à peine le temps de me retourner qu’un coup porté à ma tempe me fait voir trente-six chandelles. Je m’écroule au sol, la douleur irradiant mon crâne. De mes paupières mi-closes, j’aperçois deux hommes s’avancer vers Silas. L’un d’eux, que je suppose être mon agresseur, porte un gourdin.

L’homme sans gourdin saisit brusquement Silas par les cheveux, le forçant à se redresser.

Brutalement réveillé, Silas hurle en découvrant les détraqués. Son regard affolé se pose sur moi, à moitié conscient au sol, et ses cris de terreur redoublent. Il tente de se débattre, mais l’homme est plus solide que lui. Il le traîne jusqu’à l’autel en marbre dressé au milieu de la nef.

— Y s’faufile bien, c’petit-là ! rit l’homme sans gourdin.

— Lâchez-moi ! ordonne vainement Silas.

J’essaie de me relever, mais ma tête tourne tant et si bien que je crois m’évanouir encore. Je reste donc couché, spectateur impuissant.

L’homme sans gourdin force Silas à s’allonger sur l’autel, tandis que l’autre sort des cordelettes, les fixant aux poignets et aux chevilles de mon compagnon d’infortune.

— Arrêtez, je vous en supplie ! s’époumone Silas. Pourquoi vous faites ça ?

Ainsi entravé, le jeune homme ne peut que bouger la tête. Il tourne un regard suppliant vers moi, et ses lèvres murmurent :

— Pitié, aide-moi...

— On fait quoi, alors ? dit l’homme sans gourdin. On attend l’curé ?

— Y devrait pas tarder ? demande le second. L’autre va r’prendre des forces d’un moment à l’autre.

— Bah, t’as qu’à lui taper d’ssus encore une fois.

— Faut point l’buter. Pas tant que l’curé brise la malédiction.

— Mouais... pas faux.

L’homme-gourdin me regarde, se demandant visiblement si je compte me lever bientôt.

Bien que la fureur me hurle de me jeter sur eux et de les fracasser à coups de poings, ma douleur et ma fatigue m’ordonnent quant à elles de rester allongé, de fermer les yeux un instant.

Je peine à rester éveillé, le regard ancré dans celui de Silas. Des larmes perlent au coin de ses yeux. Il tente de bouger les mains, mais elles sont solidement attachées.

Le voyant faire, l’homme-gourdin rit à gorge déployée.

— Regarde comme y s’tortille ! Y m’rappelle les porcs que j’égorge.

— J’aimerai bien l’étriper d’mes propes mains, renchérit le second. Faut vraiment qu’on attende le prêtre ?

— Ben ouais. Imagine que l’malédiction reste après leur mort. Ben rebelote, on retomberait d’ans. Va qu’on batte d’abord l’gamin, puis l’autre.

J’ai envie de les interroger, de comprendre. Mais comme je le disais tout à l’heure, mes poings ont une fâcheuse tendance à parler avant ma voix.

Avec un cri de désespoir, je me lève tant bien que mal. Les deux hommes se tournent vers moi, riant de ma démarche peu assurée.

— J’m’en occupe, dit l’homme-gourdin.

— Attention, le prévient le second. Souviens-toi : faut pas l’tuer.

L’homme-gourdin s’approche de moi, le regard noir.

Je me redresse de toute ma hauteur... et fonce sur lui.

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Portequigrince
Posté le 21/09/2025
Ce chapitre est court mais on en apprend tout de même un peu plus! il y a donc une malédiction qui se trimballe et nos amis en serait la solution? Bizarre bizarre et cette histoire de curé...en 1620 ça n'inspire rien qui vaille!
Rouky
Posté le 22/09/2025
Ah ah, plus qu'à lire la suite pour en apprendre toujours plus ! ^^
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