#01. Konnichiwa

Notes de l’auteur : Salutations ! Après cette intro, il est temps de passer aux choses sérieuses et quoi de mieux que de faire un infodump au sujet de persos importants ? Rien du tout !

Ce chapitre est très long, je le conçois, mais j'ai fait de mon possible pour qu'il reste agréable à lire. J'espère que cela vous plaira ! En tout cas, ça m'a bien amusé de l'écrire et d'écrire sur quelque chose que je voulais faire depuis un petit moment.

Tous les personnages présents appartiennent à leurs créateurs respectifs et seuls mes OCs m'appartiennent. Tout commentaire est appréciable ET apprécié ! Si vous avez aimé, le chapitre 2 sortira samedi prochain, donc stay tuned ! ^^

New Kong Studios, Angleterre, 2021

Les terres britanniques étaient curieusement ensoleillées, ce jour-ci. Enfin, « curieusement », pour les personnes qui croyaient que l'Angleterre était un pays où il ne faisait jamais soleil. Mais ce n'était pas l'heure pour commencer une dissertation sur les clichés typiques de l'Angleterre. Toujours est-il que le soleil était déjà levé et que les citoyens vaquaient à leurs occupations, vu que ce monde était un des nombreux mondes sans COVID-19, quels bâtards chanceux.

C'est à ce moment, alors que le soleil était déjà levé depuis plusieurs heures, qu'une jeune femme étant encore au lit décida d'ouvrir les yeux et de, justement, sortir dudit lit, le tout avec un grand sourire sur les lèvres et une démarche énergique. Passant dans la salle de bains juste à côté de sa chambre, elle ne prit que quelques minutes pour se doucher et refaire le trajet en sens retour pour s'habiller avant de finalement descendre les escaliers, direction le rez-de-chaussée.

Marchant d'un pas enjoué, la jeune femme entra dans le salon (qui était dans la même pièce que la salle à manger), où se trouvait 5 autres énergumènes : une autre jeune femme à la peau légèrement pâle, aux cheveux bruns coiffés en piques et vêtue entièrement d'habits de cuir noir avec des lunettes de soleil et une cravate rouge pour compléter, un homme barbu et chevelu aux yeux jaunis, à la peau craquelée et portant une salopette, un être inhumain entièrement vêtu d'une tenue de scaphandrier et à la peau verte, un second être tout aussi étrange, à la peau brûlée à certains endroits, habillé d'un simple t-shirt et d'un short et dont la tête était littéralement un aquarium peuplé de tentacules violettes avec de multiples yeux et un fantôme à la peau bleue, aux yeux blancs et au look gangsta.

C'est à ce moment-là, je pense, que des présentations sont nécessaires.

La jeune femme que nous avons commencé à suivre au début de ce chapitre se nomme Cyborg Noodle et, comme vous avez pu instantanément le deviner par le nom, elle n'était pas complètement humaine. En fait, il y a encore quelques années, elle ne l'était pas du tout. Androïde créée il y a un petit peu plus d'une décennie auparavant par Murdoc Niccals (bassiste et leader autoproclamé de Gorillaz, insupportable narcissique, possiblement l'Antéchrist), elle le servit fidèlement pendant une période bizarre de la vie du groupe, période qui aura donné naissance à l'album Plastic Beach et qui prit fin, au moins pour elle, quand elle fut mise hors-service par la vraie Noodle pour l'empêcher de massacrer tout le monde (une sombre histoire de bug).

Toutefois, Cyborg survécut. Très difficilement, mais elle survécut. Plastic Beach tint encore debout, mais à partir de là, elle était seule et présumée morte. Ce fut grâce à une combinaison de magie, de technologie et d'un peu d'aide qu'elle parvint à se remettre debout et à même transcender sa précédente condition, ayant acquis une part d'humain en plus d'une part androïde. C'est aussi à ce moment-là qu'elle commença à développer sa propre personnalité et à faire des choses de son propre chef, que ce soit en termes de musique ou en termes de juste en savoir plus sur les humains. Pendant plusieurs années, elle continua à jouer de la guitare. Apprit à jouer des synthétiseurs, à utiliser des samplers. Composa des démos. Etendit sa garde-robe. S'acheta une moto. Apprit à apprécier ce type bizarre à l'entrée qui n'arrêtait pas de montrer la direction de l'ascenseur et en fit son majordome. Et surtout, surtout, elle voulut monter son propre groupe, quelque chose qu'elle voyait comme la dernière étape, celle qui lui permettrait de prouver qu'elle n'était plus sous la coupe de Murdoc.

La seconde jeune femme, qui était assise sur une chaise et fumait une cigarette, se nommait Paula Cracker. Tous les fans de Gorillaz la connaissent, mais c'est quelque chose dont elle préférerait se passer, étant donné qu'elle a l'insigne honneur d'être la membre la plus détestée de toutes les incarnations du groupe. En effet, elle et 2D (l'abruti aux cheveux bleus préféré de tout le monde) étaient précédemment un couple, mais ledit couple prit fin brutalement quand elle et Murdoc furent surpris en train de faire la bête à deux dos dans les toilettes. C'était à la fin des années 90 et même après plusieurs décennies, c'est toujours ce pourquoi on se souvient de Paula. Elle n'avait rien fait d'autre de mémorable (et elle l'admettait elle-même), mais le problème est que les fans (surtout les fangirls) de 2D étaient… très passionnés quand il s'agissait de ce sujet.

Paula ne le prit pas très bien, au début. Les années 2000 en particulier furent une période compliquée pour elle, sa tristement célèbre interview dans Rise of the Ogre servant à immortaliser ladite période. Non seulement le fait de s'être faite jeter du groupe avant qu'il ne devienne gros, elle l'avait eue mauvaise, mais elle prenait constamment le risque de se faire emmerder par des fans trop zélés quand elle sortait. La combinaison de tout cela causa une dégradation de sa santé mentale assez spectaculaire et des envies de meurtre très violentes. C'était une période où l'approcher était un mauvais plan, surtout quand elle était ivre. Et elle l'était facilement. Plusieurs groupies qui avaient tenté le diable se firent casser le nez ou le visage et la police dut être appelée plusieurs fois à cause de bagarres dans des bars. Ce qui permit à Paula de devenir très amie avec la cellule de dégrisement. A cause de cela, sa vie se résuma à peu près à se faire emmerder, répondre de la façon la moins diplomatique possible, se bourrer la gueule, aller chez sa psy et prendre des médocs.

Un jour, elle décida de réessayer la guitare. Depuis l'incident et son renvoi du groupe, elle n'y avait plus que rarement touché et elle trônait surtout dans le salon de son appartement, mais sa vie avait pris un tournant sombre et il lui fallait quelque chose pour décompresser. Elle réessaya et ne s'en sépara plus depuis, devenant même encore meilleure que durant les années 90. Ce n'était qu'un hobby n'étant pas des plus importants, mais cela fut une première étape pour qu'elle puisse reprendre le contrôle de sa vie, avoir quelque chose auquel se raccrocher et, surtout, se mettre à ignorer tous ces gens chiants qui voulaient lui attraper la veste pour un truc qu'elle avait fait il y a plusieurs décennies.

Ce fut fin 2019 qu'elle et Cyborg Noodle se rencontrèrent. Plus précisément, les deux se trouvaient dans un bar à Lincolnshire (Cyborg avait une maison là-bas, pour quand elle voulait quitter Plastic Beach) et la seconde vint aborder la première en lui proposant un verre. C'était la première fois depuis très longtemps qu'on lui faisait ce genre de proposition. Elle accepta. Les deux femmes se mirent à discuter pendant plusieurs heures, à prendre d'autres verres et l'alchimie commença à se créer. En fait, elle se créa tellement bien que le lendemain, elles se réveillèrent chez la clone de Noodle. Dans le même lit. Il y eut une certaine confusion pendant 5 secondes, puis chacune des deux décida qu'elle aimait bien l'autre et elles continuèrent à se voir, de plus en plus souvent, discutant de tout et de rien, révélant des anecdotes diverses sur Gorillaz et le temps qu'elles ont passé comme membres et jouant de la guitare ensemble.

Ce fut finalement grâce au lien qu'elle et Paula avaient formé que Cyborg eut finalement le déclic, l'inspiration pour monter son groupe. Cracker fut on ne peut plus heureuse de la suivre. Après tout, sa vie avait été incertaine durant des années (surtout dans un monde où vous étiez susceptible de gagner l'immortalité selon des conditions arbitraires) et maintenant, non seulement elle avait définitivement regagné une passion, mais elle avait aussi gagné une petite amie et une possibilité d'être connue pour autre chose qu'un truc stupide qu'elle avait fait à l'époque où Sonic commençait tout juste à laisser les gens adaptant ses aventures essayer la 3D. Même prendre les médicaments n'était plus autant une corvée qu'avant.

Le scaphandrier (pour faute d'une meilleure désignation) aux mains vertes qui lisait le journal dans le canapé du salon répondait au nom de Boogieman. Aussi connu comme « Sun Moon Stars » et « Flatulence » (mais il déteste qu'on le nomme comme ça, bien que ce soit son vrai nom), ce n'était définitivement pas un être humain. D'origine démoniaque et étant la personnification humanoïde de tous les maux de l'humanité, il était censé devenir le cinquième Cavalier de l'Apocalypse, mais il se fit jeter avant d'avoir commencé et se retrouva tout seul, jusqu'à ce que Murdoc l'aborde et lui propose un deal incluant son âme. Ce ne fut que pour mieux le trahir après, étant donné que le bassiste ne possédait aucune âme et n'avait d'ailleurs aucune race, également. Le Boogieman ne le prit pas très bien et, comme résultat, Plastic Beach fut le théâtre d'une intense bataille entre les musiciens, l'armée de fantômes au service de la créature et les Black Clouds, les pirates de l'air en guerre contre Murdoc à l'époque.

A la fin, le Boogieman fut vaincu et dut disparaître. Il se replia autre part dans le monde des humains et était toujours accepté en Enfer, mais à partir de là, il était seul, sans vraie fonction à occuper et avec l'impression constante d'avoir été pris pour un con. Il restait puissant, vu que l'humanité en général était très loin d'être devenue pacifiste, mais tout ce qu'il pouvait faire, c'était traîner là où il lui était possible de traîner, jouer des mauvais tours aux gens et les absorber grâce à ses pouvoirs, de la même façon qu'il avait tué ce policier anonyme, des années auparavant. Le tout en ayant la réputation d'être « cette créature ayant naïvement accepté ce deal avec Murdoc Niccals et n'ayant même pas réussi à obtenir sa part du gâteau ». Les années passèrent et Flatulence devint à chaque année toujours un peu plus amer et rongé par sa solitude, en plus d'être toujours plus brutal avec ceux qu'il voulait emmerder.

Jusqu'à un jour de février 2020 où, alors qu'il vagabondait à Lincolnshire, il vit un visage qu'il ne s'attendait pas à apercevoir : celui de Cyborg. Instantanément, il décida que s'il ne pouvait pas se venger du bassiste pour l'avoir arnaqué, il pourrait se venger d'elle pour avoir tenté de le canarder comme un vulgaire pigeon. Usant de ses pouvoirs de téléportation et du fait qu'il avait un couteau sur lui, il tenta donc de la poignarder. Le problème était que Cyborg avait de très bons réflexes et qu'en plus, Paula était avec elle. Vous pouvez imaginer comment ça a tourné. Le démon, malgré sa condition et ses pouvoirs, ne put rien faire face à des coups bien vicieux portés aux parties sensibles par les deux femmes, à un point où il manqua de s'évanouir, étant donné que même à terre, elles s'acharnèrent sur lui. Et cela aurait pu être pire si un second être n'était pas intervenu.

L'Evangelist, la créature avec un aquarium en guise de tête, était cet être. Iel n'était pas humain du tout, comme le Boogieman, mais là où lui représentait tout ce que l'humanité avait de mal, iel représentait leurs qualités. Non seulement ça, mais c'était possiblement le seul être qui pouvait offrir à Murdoc une chance de rédemption pour toutes ses mauvaises actions. Les deux étaient tout simplement le yin et le yang. Classique. Sauf que quelque chose, dans le cas de chacun des deux, perturbait l'équation : le Boogieman avait un grand objectif mais avait complètement échoué à l'accomplir, l'Evangelist attendait constamment de pouvoir accomplir un grand but qui ne venait jamais. Ce qui créait chez eux l'impression d'être juste inutiles. Du coup, leur seule occupation était de vagabonder et d'attendre.

Je disais plus haut que la défaite du Boogieman l'avait laissé tout seul. Ce n'était pas complètement vrai, car malgré leurs natures complètement opposées et le fait qu'ils étaient censés s'affronter à cause de ça, la solitude et le besoin de faire taire leurs sentiments d'inutilité respectifs les avaient poussés à former probablement l'une des amitiés les plus bizarres ayant jamais existé. Ce qui mena donc l'Evangelist, pour revenir à ce jour, à s'interposer entre le Boogieman et le duo Cyborg/Paula pour tenter de calmer les choses et éviter que la seule personne qu'iel connaissait finisse dans un état pitoyable. Un hybride robot/humain, une humaine sous médocs et sans grandes compétences en combat et une créature à tête d'aquarium qui s'exprimait uniquement par des gargouillements (et le langage des signes) tentant de discuter, ça sonnait comme le début d'une mauvaise blague, mais curieusement, un contact arriva à s'établir.

Le quatuor retourna finalement vers chez Cyborg et l'Evangelist expliqua de façon très résumée l'histoire que je viens de vous raconter à l'instant, tandis que le Boogieman était allongé sur le canapé du salon en train de se remettre de ses blessures. De façon surprenante, la discussion dura au moins plusieurs heures, l'hybride s'étant montrée bizarrement curieuse à ce sujet. Bien lui en prit, car cela lui permit de réaliser à la fois ce qui l'avait poussé à tenter de commettre son geste mais aussi que, depuis le début, ses actions ne se traduisaient pas simplement par « lol, je veux faire le mal ». Sauf quand il tenta d'enlever le lamantin à Plastic Beach, ça, aucune excuse ne pouvait justifier cette action. Avec tout ça, qu'est-ce que Cyborg eut comme idée pour essayer de changer la situation des deux créatures ? Leur proposer de jouer avec elle et Paula dans son groupe.

L'idée fut d'abord accueillie avec scepticisme, bien évidemment. Genre, on parlait de demander à deux êtres surnaturels et aux pouvoirs possiblement infinis de prendre des instruments et d'en jouer. Ce qui est complètement absurde, mais étant donné qu'ils n'avaient aucun autre objectif dans la vie, qu'est-ce qu'ils pouvaient bien faire d'autre ? Les deux furent d'accord sur le fait que rester seuls n'était peut-être pas le meilleur plan et que peut-être que ce ne serait pas mal d'essayer d'être copains. En guise de bonne volonté, Cyborg s'excusa auprès du Boogieman pour avoir tenté de le transformer en canard laqué il y a des années (le démon s'excusa aussi pour la tentative d'empalement). Ce fut après quelques mois à traîner avec les deux femmes qu'ils acceptèrent finalement de suivre l'androïde dans son projet.

Le fantôme bleu qui lévitait en plein milieu du salon se nommait Del. De toutes les personnes qui étaient actuellement présentes dans la pièce, il était le seul à ne jamais avoir eu de mauvaise relation à un moment avec le groupe ou à avoir une histoire tournant autour de Murdoc et de ses plans. C'était en effet l'un des plus chers amis de Russel, les deux s'étant connus alors qu'ils étaient encore adolescents (ils faisaient partie du même crew de rappeurs) et étaient devenus extrêmement proches, Del n'hésitant pas à le considérer en public comme le petit frère qu'il n'a jamais eu. Mais ce n'était pas destiné à durer et la vie du jeune homme, ainsi que de quasiment tout le monde, lui fut enlevée lors d'un drive-by shooting. Russel fut le seul survivant et sa psyché déjà fragile fut encore un peu plus amochée quand tous les esprits de ses amis, Del inclus, rentrèrent dans son corps et se logèrent dans son esprit. Pour couronner le tout, les auteurs du massacre ne furent jamais identifiés.

Si l'impression qu'il laissa à l'époque de la sortie du premier album, surtout grâce aux clips de Clint Eastwood et Rock Your House, parle toujours pour elle-même même après toutes ces années, ce qui se passa après pour lui est déjà plus intéressant. A un moment entre 2002 et 2003, Russel décida de se faire exorciser pour que les âmes de ses amis puissent partir vers l'au-delà et reposer en paix. Cela marcha mais le processus fut assez douloureux et sa santé mentale en prit encore un coup (ce qui le poussa à regretter de l'avoir fait). Et pendant au moins un peu plus d'une décennie, Del disparut. Puis, au milieu des années 2010, cette situation changea. Des rumeurs, des posts épars sur Twitter, des fils de discussion sur des forums et sites obscurs dédiés au paranormal (le Wiki Parawatch, notamment), une minorité de gens juraient leurs grands dieux qu'ils avaient actuellement vu le fantôme apparaissant et disparaissant à plusieurs endroits, quelques témoignages disant même qu'il était capable de toucher des objets solides.

Ce n'était pas tout le monde (de façon étonnante, même si ce monde était dominé par l'anormal et l'absurde, vous arriviez toujours à trouver des gens qui pouvaient vous dire que ce que vous disiez était complètement illogique et n'avait aucune chance d'être vrai), mais ce fut assez pour arriver jusqu'aux oreilles de Paula, qui avait bien souvenir d'avoir directement vu Del se manifester au moins deux ou trois fois durant son temps passé dans le groupe, sans compter qu'il était facilement reconnaissable en général. Immédiatement, sentant qu'il y avait une opportunité, les quatre zigotos partirent en voiture vers l'Amérique (là où il était généralement aperçu) pour essayer de le rencontrer. Ce fut à Harlem, après 5 jours de trajet en voiture et de recherches, que le fantôme se présenta à eux. Enfin, non, ce n'était pas tout à fait correct. Disons plutôt que pendant qu'ils se promenaient à Harlem, Del les avait aperçus et, ayant au moins reconnu Paula, avait décidé de se cacher pour faire une farce au groupe. Et même si invoquer un trio de gorilles-zombies aux yeux rouges n'était pas la blague la plus marrante au monde, cela parvint toujours à faire hurler de rire le fantôme, surtout quand le Boogieman sauta de peur dans les bras de Cyborg.

Une fois ce moment très drôle pour certains et moins pour d'autres passé, les quatre ne tardèrent pas à se présenter et à expliquer à Del comment ils se sont rencontrés, le groupe qu'ils prévoyaient de monter et leur souhait de le recruter comme membre. S'attendant à devoir argumenter pendant un moment, quelle ne fut pas leur surprise d'entendre leur interlocuteur leur répondre juste par un « OK, ça a l'air d'un plan cool », le spectre admettant tout simplement que même si c'est fun de se promener dans des endroits random en faisant un peu n'importe quoi, il allait bien finir par se faire chier un jour, donc autant essayer de se trouver un vrai objectif dans la vie. Encore mieux, il invita ses interlocuteurs à le suivre vers une maison vide pas loin, dans lequel il s'était installé, et leur montra une boîte à rythmes qu'il avait volé quelques mois auparavant dans un magasin et des textes qu'il avait écrit sur des feuilles de papier. Une visite complète de la maison et pas mal de burritos avalés plus tard (le fantôme connaissait un bon restaurant et le quatuor avait terminé tous les snacks qu'ils avaient pris pour le voyage), Del était officiellement membre du groupe.

Les cinq retournèrent en Angleterre quelques jours plus tard, ayant décidé de tous vivre ensemble (en tout cas, dans le même coin et pas trop loin les uns des autres), et continuèrent à vivre leur vie tandis que certains commencèrent à trouver des instruments leur correspondant (après plusieurs tentatives qui ne marchèrent pas trop, malgré l'hilarité involontaire de ces moments, comme quand Paula tenta de se diversifier en essayant les maracas), batterie pour Del, basse pour l'Evangelist et claviers/samplers pour le Boogieman. L'avenir se dessinant pour nos amis semblait glorieux. Et ce fut à cet instant que la dernière pièce du puzzle entra en scène.

L'homme barbu et chevelu à salopette répondait au nom de Jimmy Manson (aka « Little Jimmy Manson ») et ce n'est pas peu dire que son histoire est l'équivalent d'un camping-car en feu poursuivi par une meute de loups et s'apprêtant à tomber du haut d'une falaise. Le tout intentionnellement. Son histoire avec le groupe remonte au début des années 2000, alors qu'il avait auditionné comme guitariste après le renvoi de Paula et avant l'arrivée de Noodle. Ça n'a pas marché et Jimmy le prit assez mal. Ce type savait parfaitement bien jouer de la guitare, était un ancien hippie, avait ingéré suffisamment de drogues pour pouvoir tuer un éléphant et était toujours vivant et pensait que ça allait assurer son entrée dans le groupe. S'ensuivit donc l'impossibilité d'accepter qu'ils avaient préféré une (à l'époque) gamine de 8 ans. Cela n'empêcha pas Murdoc de rappeler Jimmy et de l'engager en tant qu'A&R. Techniquement, il était censé être le lien entre le groupe et EMI, chez qui le groupe était signé à l'époque, mais étant donné que « Gorillaz » et « professionnalisme », ça faisait 100 000, tout ce qu'il fit fut être embarqué dans les mauvais plans du bassiste et prendre encore plus de drogues.

Tout comme Paula, sa psyché se fissura au bout d'un moment et ses désirs de revanche envers le groupe, ainsi que son envie de se faire du fric au niveau des ventes d'albums grâce au drame que cela causerait, se firent de plus en plus présents. Mais au contraire de la susnommée, qui ne passa jamais vraiment à l'action et préféra essayer de passer à autre chose, Jimmy n'avait que son désir de faire se crasher le groupe comme seul objectif et combiné avec son cerveau cramé par les drogues, il n'eut bientôt plus aucun scrupule et c'est durant la tournée pour Demon Days qu'il mit ses plans en action. Il engagea d'abord des tueurs de façon anonyme. Les tentatives furent toutes infructueuses mais étant donné que le groupe avait plusieurs autres ennemis sur le dos à l'époque et qu'il arrivait à rester suffisamment discret, personne ne se douta que c'était lui.

Sauf qu'à un moment, Murdoc finit par découvrir son objectif et décida de concevoir un contre-plan, approchant l'homme et lui proposant de continuer le plan jusqu'au bout et de tuer tous les membres durant une vidéo pour pouvoir ensuite démarrer un nouveau groupe tous les deux. Motivé par la revanche et par une étrange obsession envers le bassiste qu'il nourrissait depuis des années, Manson accepta. Ce qui mena au tournage du clip de El Mañana et à la tristement célèbre attaque du moulin. Un instant bien connu par tous les fans du groupe (même si, curieusement, ces derniers ont désigné plusieurs responsables pour l'incident), donc ce qu'il est nécessaire de savoir est qu'ultimement, Noodle resta vivante (mais avec un sacré paquet de traumas) et Jimmy mourut, le contre-plan de Murdoc ayant fonctionné comme un charme.

Problème, le corps de l'homme ne fut jamais retrouvé et le bassiste a, encore aujourd'hui, la réputation d'être un menteur pathologique. La vérité était qu'effectivement, Jimmy avait survécu. Grièvement blessé, avec un sacré paquet d'os cassés, mais vivant. Il resta enterré sous les restes de l'île flottante, évanoui, et même s'il n'y arriva pas du premier coup, il finit finalement à s'extirper des décombres avant de s'enfuir. Traumatisé et en proie au sevrage, Manson passa les journées qui suivirent à courir et se cacher, sans aucun but. Gorillaz ? Il ne savait désormais plus où ils se trouvaient et les symptômes du sevrage le rendaient complètement inefficace. Ses plans étaient partis en fumée et maintenant, il n'était plus qu'un ex-hippie pitoyable que la Mort avait curieusement décidé d'épargner pour on ne sait quelle raison. Tout ce qu'il avait à faire, c'était survivre.

Toutefois, les années qui suivirent ne furent pas clémentes pour Jimmy. Forcé de se sevrer, sans personne à appeler (il avait coupé les ponts avec sa famille depuis longtemps) et considéré, non sans raison, comme un monstre par tous ceux qui savaient, Manson voyagea clandestinement sous de faux noms dans plusieurs pays, se rasant la barbe et le crâne pour ne pas attirer les soupçons, squattant des appartements vides et mangeant à des soupes populaires pour subsister, devant même recourir une ou deux fois au cambriolage de maisons. Son tempérament revanchard et cupide se dissipa au fil des ans et au fur et à mesure que le brouillard enveloppant son cerveau se dissipait, seulement pour être remplacé par une immense culpabilité. Les membres de ce groupe qu'il avait un jour tant détesté se mettaient à venir le tourmenter dans ses rêves et, parfois, durant ses journées. Ceux qui l'avaient rencontré parlaient d'ailleurs tous de lui comme d'un homme stressé, nerveux, sur le qui-vive, toujours prêt à exploser et qui pouvait très bien se mettre à courir en hurlant car « elle » était à ses trousses et avait une hache et ne le laisserait en paix qu'après l'avoir tué.

Cela dura pendant 5 ans. En 2011, la culpabilité et le regret étaient tellement écrasants que Jimmy craqua et décida de revenir en Angleterre (où il avait grandi et dont il était légalement citoyen, bien qu'il était né en Amérique) et de se constituer prisonnier, avouant tous ses crimes. Son procès fit les pages de plusieurs tabloïds et il fut condamné à 8 ans de prison pour tentative de meurtre. Enfermé à la prison de Wandsworth, c'est finalement durant sa peine qu'il parvint à faire la paix avec lui-même et son passé, agissant comme un prisonnier modèle à partir de là. En 2019, il put enfin redevenir un homme libre, ses cheveux et sa barbe étaient revenus et ses vieux habits avaient été passés au lave-linge. A partir de là, sa vie reprit. Il était toujours sans-abri, devait toujours manger aux soupes populaires, squattait toujours des appartements vides et mal chauffés mais tout cela était bien moins dur mentalement. Les fans du groupe lui en voulaient toujours pour ce qu'il avait fait durant les années 2000 et, au fond, il comprit très bien pourquoi. Mais l'avenir était devenu moins sombre pour lui.

Ce qui nous amène enfin au milieu de l'an 2020. Comme pour les rencontres précédentes, celle-ci fut complètement due au hasard. Cyborg sortait d'un rendez-vous à Londres, chez Domino Records, pour leur faire écouter des démos et les convaincre de signer le groupe (le verdict fut « Merci, vous pouvez nous laisser le CD, on vous rappellera »), et retournait vers l'hôtel pour retrouver ses copains quand elle passa à côté de Jimmy, qui faisait la manche. Il fallut qu'elle se retourne et regarde un peu mieux pour se rendre compte de qui était-ce. Manson, lui, eut une réaction d'inconfort en la voyant, pour des raisons évidentes. Les deux passèrent plusieurs secondes à se regarder presque comme des chiens de faïence avant que Jimmy n'engage la conversation (si « Arrêtez de me regarder comme ça, s'il vous plaît » est une phrase qu'on utilise pour commencer une conversation). Lui et Cyborg discutèrent pendant quelques minutes et la seconde put observer cet homme qu'elle n'avait connu avant qu'à travers les journaux.

Parce qu'elle savait qui il était, elle avait lu les news à son sujet et les deux-trois interviews qu'il avait accepté (avec une certaine reluctance) durant son temps en prison et, du coup, avait une bonne connaissance des actes de Manson. Mais bizarrement, elle avait dû attendre de vivre de son côté pour en savoir plus sur lui. Durant le temps passé à Plastic Beach et ses premières années d'existence, elle n'avait jamais su que Manson existait. Elle savait pour l'incident du clip d'El Mañana, Murdoc lui avait dit ce qui s'était passé et ce que lui avait fait mais il ne lui avait jamais parlé de Jimmy et de son but. Apprendre qui était le responsable de toute cette tragédie avait tout simplement permis à Cyborg d'en savoir plus sur elle-même. Après tout, c'était bien cet incident entier qui avait abouti à sa création. Et donc, d'une certaine façon, si Jimmy Manson, ce type qui faisait la manche devant elle et n'avait qu'une vieille chemise en jean et une salopette ayant bien vécu comme habits, n'avait pas existé, elle non plus n'aurait pas existé. Ou alors si, mais elle n'aurait pas été la même, niveau personnalité. Peut-être.

Tout cela pour dire qu'avec ce qu'elle savait sur lui et ce que ça lui avait permis de piger pourquoi elle avait existé en premier lieu, elle se sentit bizarrement responsable de lui. Elle voulut donc l'aider. Jimmy refusa poliment, tout d'abord, parce qu'il ne se sentait pas encore prêt à venir parler aux membres du groupe, mais quand elle lui expliqua qui étaient ses amis et le fait qu'ils n'étaient pas les Gorillaz, il changea d'avis. Après tout, elle lui avait fait cette proposition de façon spontanée et n'était pas en train de le filmer pour ensuite poster le tout sur YouTube et se faire mousser, donc c'était probablement sincère. Le déjeuner qui s'ensuivit se déroula comme un charme et même si Manson était un peu renfermé, il parla malgré tout de certains de ses voyages et des quelques amis qu'il s'était fait.

Il revint même à Lincolnshire, les cinq étant d'accord sur le fait que le laisser tout seul ne serait pas un bon plan. Jimmy était toujours un peu nerveux, vu que les amitiés durables étaient quelque chose qu'il n'avait pas connu depuis presque 2 décennies (ou était-ce 3 ?), mais il se mentirait s'il disait que ça ne lui faisait pas plaisir de pouvoir se remettre à discuter normalement avec des gens qui souhaitaient le sortir de sa misère, le tout sans arrière-pensée. Du coup, il était resté avec eux. Il n'avait pas de plan, juste essayer d'en profiter pour se réintégrer à la société avec l'aide de ses nouveaux amis. Cela sembla plutôt bien marcher, vu qu'après quelques mois à tenter de retrouver le rythme et le style de vie d'une personne normale, il devenait bien plus énergique et ouvert à la discussion au fur et à mesure que les jours passaient. Ce fut quand il se mit à tester les percussions et les platines présentes dans le studio que Cyborg avait aménagé chez elle que le puzzle fut enfin assemblé. A partir de là, The Rejects (nom que Del avait trouvé en blaguant sur le fait que les six faisaient partie de ceux qui avaient été laissés sur le côté durant l'histoire du groupe) était né.

Leur chemin, maintenant que le groupe semblait à peu près complet, consistait maintenant à se faire connaître. Les six se mirent à répéter de façon plus constante et professionnelle, à composer quelques démos et à demander aux salles de concert les plus proches une occasion de pouvoir y jouer. Eventuellement, ils eurent ladite occasion. Ils tentèrent d'abord de se présenter comme juste un groupe débutant sans aucune mention de leurs liens passés avec Gorillaz, mais étant donné que leurs faces étaient reconnaissables, ça ne marcha pas vraiment, ce qui fait que quelques journaux locaux et pas mal de curieux furent attirés, certains qui voulaient chercher la bagarre et d'autres se demandant s'ils savaient vraiment faire de la musique.

Les premiers concerts se passèrent bien. Il y eut pas mal de covers qui furent jouées, Cyborg et Paula (qui décidèrent d'assurer le chant à tour de rôle) n'avaient pas encore pleine confiance en leurs voix respectives, surtout la seconde, qui n'avait jamais vraiment chanté dans un groupe avant, mais elles firent leur possible. Un gars de la sécurité se prit un potiron dans la gueule parce qu'un type voulait démarrer une embrouille mais ne savait pas bien viser (il fut vite dégagé). Quelqu'un monta sur la scène pour hurler dans le micro que l'un de ses anciens potes était un gros naze et que Jésus aimait tous les gens présents dans la salle (il fut aussi vite dégagé, mais ça fit rire tout le monde). De façon générale, c'était une plutôt bonne expérience.

Alors, le groupe continua. On se mit à parler d'eux dans certains cercles, de ces gens anciennement affiliés à Gorillaz qui étaient revenus et faisaient leur propre truc. En parallèle, ils continuèrent à composer et ce ne fut qu'à la toute fin de 2020 qu'ils se mirent à sortir quelques singles pour tâter le terrain en préparation de leur vrai premier album. Ils trouvèrent également un label en la personne de XL Recordings et c'est ce qui nous amène à aujourd'hui et Cyborg poussant la porte du salon des New Kong Studios, l'habitation des Gorillaz.

Probablement qu'à ce moment-là, vous vous demandez « Mais les membres des deux groupes avaient des relations plutôt orageuses, selon ce que tu viens de nous raconter ? Pourquoi ils ont pu venir s'installer ici ? Ca ne fait aucun sens ! ». Ce à quoi je vous répondrai : une autre histoire pour un autre jour. Maintenant que tout le background est posé, revenons à l'histoire qui va nous intéresser.

« Comment va ma bande de misfits préférée ?, s'exclama avec joie l'hybride en entrant dans la pièce. Ses amis la saluèrent et Paula se leva pour venir l'embrasser.

« Oh, rien de spécial. On a le studio pour au moins une bonne partie de la journée, vu que les singes, Damon & Jamie sont en train de préparer leur tournée et, du coup, ils utilisent les portails pour contacter certains des gens qui ont joué sur le dernier album. Si tout se passe bien, ils reviendront en fin d'après-midi ou ce soir. »

La clone de Noodle eut son sourire qui lui monta jusqu'aux oreilles. C'était de plutôt bonnes nouvelles.

« Et pour Adam ?, continua-elle.

« Si j'me souviens bien, dit Del, la dernière fois, on avait dit que Russ' s'occuperait de tous ces trucs avec les services d'immigration avant de le tester comme chanteur. Probablement qu'ils en profiteront aujourd'hui. »

« Génial !, s'exclama Cyborg en s'extirpant délicatement des bras de sa compagne pour prendre son petit-déjeuner. Cette journée ne pouvait pas mieux commencer, décidément.

« Sinon, si quelqu'un s'y connait, commença Jimmy de sa voix grave mais réservée, je regardais justement les portails il y a quelques heures et y'a des trucs que j'ai un peu de mal à comprendre. »

« T'es suffisamment réveillé pour aller mettre ton nez dans ce genre de trucs, alors qu'on est tôt le matin ? »

« Cy-Cy, répondit Paula en pouffant légèrement de rire, il est presque 11 heures du mat'. »

« Oh. J'imagine que j'ai dû vraiment bien dormir. Mais ouais, Jim, qu'est-ce qu'il y a avec ces trucs ? »

« Oui, reprit le susnommé, en fait, j'essayais de comprendre comment tout cela marchait et, comme on le sait déjà, on peut s'en servir pour aller dans d'autres villes du monde entier mais je lisais des feuilles sur lesquelles le cornichon avait écrit et il y a des mentions bizarres, des trucs genre ''C-153'', ''H-365'' en-dessous des noms de villes et je ne sais pas à quoi ça correspond. »

« Honhonhon hon honhon honhon ufm. »

Tout le monde se retourna vers la source de ces bruits bizarres et étouffés, à savoir le Boogieman. Lesdits bruits étaient sa seule manière de parler et il fallait toujours traduire pour lui.

« Il dit que c'est peut-être en référence à la façon dont tout ce truc des réalités alternatives est fait, la classification, ce genre de trucs, répondit Del.

« Tu connais ce genre de trucs, Sun ? »

« C'est un démon, sûre qu'il doit probablement connaître, dit Cyborg en rigolant. Hé, sinon, pour changer de sujet, je me disais que vu qu'on avance vraiment bien sur l'album et que niveau deadline, y'a pas de problème, pourquoi pas prendre une journée pour se détendre un peu et faire les cons ? Relâcher la pression. »

Sa proposition fut accueillie avec des exclamations collectives de joie. Cela faisait au moins 2-3 mois que le groupe travaillait de façon sérieuse sur son album et essayait plein de trucs, ne prenant de pauses que le week-end. Du coup, une petite journée un peu « off » avait l'air pas mal. Oui, définitivement, à cet instant, les Rejects étaient probablement les personnes les plus heureuses au monde.

 

Un laboratoire souterrain quelque part en France, 2040

Un pays, une planète et possiblement une ligne temporelle étant réduites à un tas de merde, c'était absolument horrible quand vous étiez un péquin moyen. Ça l'était un peu moins quand vous aviez un cerveau constamment en ébullition, que vous étiez sans cesse en train de concevoir de nouvelles choses et que vous aviez les ressources nécessaires pour cela. Et d'ailleurs, créer de nouvelles choses, c'était exactement l'occupation à laquelle un homme moustachu en blouse blanche, aux cheveux en pétard et au visage sale, était en train de se livrer.

Le Docteur Henry Castafolte était occupé à observer sur ses ordinateurs les différentes timelines dont il avait réussi à découvrir l'existence jusque-là et à prendre des notes. Sa journée avait été l'une de ses plus productives depuis un bail, ce dont il était très fier. Juste quelques heures avant, il avait réussi à achever la conception de sa dernière machine et depuis, il n'avait pas cessé de prendre des notes au sujet de potentiels incidents. Plus loin dans le grand laboratoire, un autre jeune homme avec des habits de ville, une barbe de trois jours, des cheveux coiffés en piques et avec un fusil posé sur ses genoux procrastinait, vu qu'il n'avait trop rien à faire. C'était Raph (enfin, c'était par ce surnom que les gens le connaissaient), le parfait exemple du type à la vie simple qui devient soudainement impliqué dans une histoire dépassant tout ce qu'il connait. La première fois, c'était compliqué, mais il avait fini par s'y habituer.

Un bruit de téléportation se fit soudainement entendre et un troisième homme en manteau long, lunettes de plongée et le visage couvert de cicatrices apparut tout aussi soudainement, l'air fier et le sourire aux lèvres. Le Visiteur du Futur (aussi connu comme « Renard »).

« C'est bon, les gars, encore un désastre évité, s'exclama-il d'une voix guillerette. En fait, c'était super-simple, il suffisait de manger son Pitch avant qu'il ne le mange et bam, ça évitait que les sorciers vaudou de la Nouvelle-Orléans utilisent les odeurs de brioche émanant de son corps pour créer ces zombies qui nous ont emmerdé comme pas possible ! »

« En effet, répondit placidement Castafolte, c'était plutôt bien joué. Ils se sont volatilisés en moins de deux et, pour une fois, rien n'est venu perturber nos plans, donc honnêtement, oui, bien joué. »

« Vous dites ça comme si c'était la première fois depuis des années qu'on réussissait quelque chose, intervint Raph, alors qu'honnêtement, depuis Néo-Versailles, on s'en est plutôt bien sortis, pas vrai ? »

« Permets-moi de tempérer ton optimisme, Raph, mais je te rappelle que plusieurs de nos missions ont connu des complications. Les attaques en pleine rue, le combat contre cette cellule des Templiers qu'on a dû démanteler, les enfants-cyborgs de Kanye West et leur armée de vers mutants géants… »

« Oui, mais bon, reprit le Visiteur pour que tout le monde puisse revenir au sujet, dans tous les cas, on est ressortis vainqueurs ! Et là, c'est pareil, on a encore gagné ! »

Faisant un check à ses deux meilleurs compagnons de voyage et son sourire lui arrivant presque aux oreilles, cela se voyait que pour le voyageur temporel, cesser d'enchaîner les boulettes à chaque mission lui donnait toujours un peu plus confiance en lui et un peu plus de détermination. Leur objectif principal était à chaque fois un peu plus proche de réussir. C'était cool. Toutefois, le moment d'euphorie générale se calma vite et Henry retourna vite à ses ordinateurs.

« Je pense que le changement a dû s'accomplir, voyons ça-oh, bon Dieu. »

Les deux autres vinrent observer et, vu les yeux hallucinés d'Henry, les changements avaient dû être massifs et pas franchement positifs.

« Il se passe quoi ?, demanda Raph.

« Je vous dirais bien de regarder par vous-mêmes, mais même avec ça, je pense que vous n'y comprendriez rien. C'est littéralement un bordel qui vient de se présenter à nous… et les nouveaux grands méchants de ce monde sont des figures dont j'espérais qu'on n'aurait jamais à les croiser. »

Avant que ses deux amis ne posent des questions, Henry tapota sur les touches de son clavier et, rapidement, plusieurs portraits s'affichèrent : un homme en costume de panda, un chien en peluche au corps abîmé et avec un œil en moins, un homme en blouse blanche avec les cheveux en pétard, les sourcils broussailleux et muni d'un immense marteau, les trois revêtus de capes, de couronnes et de bijoux si luxueux qu'il était clair que ça leur avait coûté la peau du cul. Raph les reconnut immédiatement.

« Maître Panda, Richard et le Prof de Philo ? Je croyais qu'ils avaient disparu ? »

« Apparemment, non, continua Henry tout en tapotant à nouveau sur son ordinateur, de nouveaux portraits apparaissant au fil des secondes. Et il semblerait bien que ces gens étant venus du même moule que nous soient revenus en force et pas pour le meilleur. Raph, c'est toi, le geek parmi nous, essaie de collecter toutes les infos que tu peux sur tous ces gens, je consignerai tout dans ma base de données quand ce sera fait. Renard, prends quelques armes au cas où, le combat au corps-à-corps est très efficace mais il y a peut-être une chance que ce ne soit pas suffisant. Moi, je vais continuer à me renseigner, histoire de savoir comment changer ça ! »

Le trio se mit immédiatement au travail. Ce nouveau futur paraissait juste complètement ridicule, vu de loin, mais s'il y avait bien une chose qu'ils avaient appris après des années à tenter de sauver le futur et de voyager dans le temps, c'est que si on commençait à se dire qu'on pouvait prendre son temps parce que quelque chose de ridicule se trouvait face à nous, c'était déjà foutu. Du coup, il ne fallait pas perdre de temps et aller vite. Quelques heures plus tard, tout était prêt, les trois voyageurs temporels savaient quoi faire et il ne manquait plus qu'une chose : savoir où aller et à qui parler pour faire que ce futur ne soit pas leur futur. La routine, quoi.

« OK, annonça le scientifique, donc, on sait qui sont les gens qu'on est susceptibles de croiser dans ce monde, on a tout l'équipement nécessaire. De ce que j'ai pu réussir à comprendre, c'est quelqu'un de connu qui a partagé des vidéos des anciennes émissions où les trois étaient, le tout accompagné de commentaires sarcastiques, et, du coup, c'est à cause de ça et du fait qu'ils ont pas trop apprécié leur retraite forcée, dirons-nous, qu'ils ont décidé de conquérir la France. Du coup, il faut retourner en 2021, là où l'évènement s'est produit, et convaincre la célébrité de ne rien faire. Renard, moi et Raph, on se cachera comme on peut une fois arrivés à notre destination et, si ça dégénère, on viendra t'aider. Simple, net, aucune possibilité de bavure. »

« Eh bien, ne perdons pas de temps, s'écria le Visiteur d'un air théâtral. L'univers a encore besoin de nous, alors allons-y ! »

Ce fut sur ces paroles pleines d'optimisme que le trio, les mains jointes, s'aventura à nouveau dans les tréfonds du temps.

 

Après plusieurs heures de délibérations et de plans plus ridicules les uns que les autres (« Mais si, bien sûr qu'on peut partir au Canada et aller faire une surprise-partie improvisée dans les locaux de chez OVO, c'est fun ! »), le sextet de musiciens avait finalement décidé de juste rester au studio et de glander et ce serait très bien comme ça. Jouer aux jeux vidéo. Probablement regarder la télé et rigoler un bon coup devant on ne savait quel téléfilm un peu con-con. Des bons vieux trucs bien marrants entre copains.

Le Boogieman, lui, avait décidé de faire un aller-retour par sa chambre pour prendre un de ses claviers. Ce qui était complètement contradictoire avec le fait que c'était une journée de pause, mais c'était habituel pour le démon, qui ne pouvait plus passer cinq minutes sans. Les autres avaient théorisé que c'était parce qu'il craignait d'oublier comment s'en servir. Ce n'était peut-être pas ça, mais c'était l'une des hypothèses les plus réalistes.

L'aller fut simple pour la créature et le retour aurait pu l'être aussi… si des bruits de chute ne s'étaient pas faits entendre, suivis par des bruits de pas et la source desdits bruits semblant se cogner contre la porte.

« Ah, meeeeeeeeeerde… »

La porte s'ouvrit, révélant un homme étrange au visage couvert de blessures qui pointa son doigt en sa direction.

« NON ! Surtout, n'allume pas ton ordinateur ! »

Sun ne répondit absolument rien, fixant l'apparition. Son interlocuteur, constatant le mutisme de la créature, fut désarçonné pendant au moins une fraction de seconde.

« Alors, reprit-il finalement, j'imagine que tu te demandes pourquoi faut pas le faire, hein ? Mais parce que si tu le fais, VOILA CE QUI VA SE PASSER ! »

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