Raph avait déjà su au moins une fois ce que ça faisait d'avoir un flingue pointé en sa direction. Cela ne voulait pas dire qu'il savait complètement garder son sang-froid et la situation dans laquelle il se trouvait actuellement, à savoir être mis en joue par non pas une, mais cinq personnes, et être tenu de s'expliquer sur sa présence et ses objectifs sous peine de balle dans l'occiput protubérant, n'était clairement pas une situation agréable pour lui.
Le jeune homme était relativement confus par tout ce qui venait d'arriver. Une partie de son cerveau se disait que ça risquait d'arriver et qu'il y avait bien un moment où ça allait merder, une autre lui disait que ouais, c'était peut-être une bonne idée que lui et Henry soient venus, une troisième lui hurlait « Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? », une quatrième était encore sous le choc parce que qui aurait prévu que ce grand machin habillé en scaphandrier attaquerait Renard et, de façon générale, cette histoire commençait à prendre un tournant absolument bizarre et ça ne lui plaisait pas du tout.
« J'ai posé des questions et nous aimerions des réponses ! »
Raph fut instantanément tiré de ses pensées par la très forte voix de la personne à qui l'arme appartenait, une femme de petite taille en habits de ville, avec des cheveux noirs qui recouvraient presque ses yeux, un béret militaire sur la tête et un air furieux. Il tourna doucement son regard du côté d'Henry, qui était resté plutôt calme. Ce dernier s'éclaircit la voix et parla finalement, ne semblant pas le moins du monde terrifié par la seconde femme, celle avec les lunettes de soleil et la cravate rouge, qui l'avait braqué.
« Eh bien, si vous baissiez vos armes et nous laissiez du temps, nous pourrions vous donner toutes les explications nécessaires. »
Quelques secondes d'un silence pesant s'ensuivirent à nouveau, le quintet se regarda et, finalement, baissa très doucement les armes mais leurs visages montrant qu'au premier coup fourré, ça allait être la bagarre. Fort heureusement, étant donné qu'il était clair pour tout le monde qu'il y avait deux portés disparus, personne ne voulait en arriver là.
« Merci, reprit le scientifique d'une voix assurée. Et ensuite… bonjour. Je suis le Docteur Henry Castafolte. Et laissez-moi vous parler d'avenir. De notre avenir. »
Henry leur expliqua donc tout ce qu'il y avait à savoir. Qui étaient-ils, quelle était leur mission, pourquoi étaient-ils venus ici et ce qu'ils avaient voulu empêcher (ou, en tout cas, les grandes lignes). Les cinq musiciens écoutèrent tout avec attention et ne questionnèrent même pas leur histoire. Après tout, vu leurs vies et le fait qu'ils pouvaient littéralement croiser des grenouilles-requins mutantes marchant sur deux pattes dans la rue si l'auteure le sentait bien, ça aurait été un peu l'hôpital se foutant de la charité de dire que ce genre de choses était irréaliste. Et vu l'accoutrement et la tête des deux ainsi que de celui ayant abordé le Boogieman, il y avait de très fortes chances que ce qu'ils prétendent soit vrai. Cyborg Noodle, elle, se sentait bizarrement très satisfaite de savoir qu'Henry était lui-même un robot. Solidarité entre membres d'une même espèce.
« OK, donc si on récapitule, dit Del, on a notre ami et votre ami qui sont perdus on ne sait où et dans le futur, votre pays est dominé par des gens au gros melon qui ont fait carrière sur Internet, c'est bien ça ? »
« Boarf, après, « au gros melon », ça, je sais pas, intervint Raph.
« Vous plaisantez ?, rétorqua Cyborg. Les Français se font une spécialité d'avoir un énorme melon et de penser qu'ils savent tout sur tous les sujets, c'en est presque hilarant ! C'est peut-être pour ça qu'ils me font tant rire. »
« …ouais, ça, j'aurais bien du mal à te contredire. »
« Mais qu'est-ce que ça à voir avec nous ?, demanda Paula, histoire de faire se recentrer la conversation. Parce qu'on n'est pas les seules célébrités, très loin de là, et que même Stu… 2D et son gang sont les gens connus dans le lot, pas nous ! »
« Nous devions agir vite et même si nous n'avions pas toutes les informations, avoua Henry, celles dont nous étions en possession pointaient en tout cas vers vous. Je ne nie pas qu'à première vue, le lien est bizarre, mais c'est la vérité. »
« Glrglrlgrglglglgarglelegargl. »
« Iel dit que c'est bien beau, tout ça, mais qu'on a quand même deux gars perdus dans le temps et qu'on n'a aucun moyen de les retrouver. »
« Ça, par contre, c'est une erreur car il s'avère que je possède sur moi quelque chose qui peut nous permettre de les retrouver ! »
Henry, pour prouver ses dires, sortit de sa poche une autre machine, celle qu'il avait terminée plus tôt.
« Ce petit bijou a été conçu dans le but de pouvoir localiser n'importe quelle personne sur Terre, tous lieux et toutes époques confondues. Soit la personne est téléportée jusqu'à nous, soit l'inverse. Donc, la seule chose qu'on peut vous proposer, c'est que si c'est la deuxième solution qui se passe, on va les chercher tous ensemble et on se quitte bons amis. Deal ? »
« Deal. »
Tout le monde se rapprocha d'Henry, qui ne perdit pas de temps et pianota le nom « Renard ».
Ce fut bien le petit groupe nouvellement formé qui fut téléporté et atterrit sur un sol rocailleux et poussiéreux. Se relevant rapidement, Henry reconnut vite l'endroit où ils se trouvaient désormais.
« Retour à la case départ, on dirait. »
« De quoi ?, demanda Cyborg.
« C'est le futur, justement. Même jour que celui où on est partis et probablement qu'il n'y a que quelques minutes ou au pire, quelques heures qui se sont écoulées depuis notre départ initial. Toutefois, je ne sais pas encore dans quelle ville ou quel village en particulier on a échoué. Ce qui peut possiblement vouloir dire que votre ami Boogie-Woogie, s'il n'est pas avec Renard, risque de se retrouver face à une multitude de dangers qui pourraient lui être-OW ! »
Henry fut interrompu dans son discours par un projectile qui lui arriva droit dans l'œil et fut projeté à une vitesse si fulgurante qu'il en fut déséquilibré et tomba sur les fesses. Immédiatement sur leurs gardes, les autres se mirent à jeter des regards tout autour d'eux… et purent assister au spectacle du Boogieman et du Visiteur qui étaient juste à quelques pas de là et se balançaient des petits cailloux. Paula et Jimmy ne purent s'empêcher de pouffer de rire en voyant ça.
« Ah, Henry, Raph, s'exclama Renard dès qu'il vit les autres, j'aurais besoin d'aide, si ça vous dérange pas ! Je maîtrise complètement la situation, bien sûr, mais un peu d'aide serait tout de même la bienvenue ! »
Ce fut l'Evangelist qui, contre toute attente, apporta ladite aide en se détachant du groupe.
« Gargleglegleglrrrrglgggggg, dit-elle au Boogieman, qui devint rapidement effrayé.
« De quoi ?, demanda Raph, qui tentait encore d'enregistrer ce qu'il était en train de voir.
« Iel est en train de le menacer de dire son vrai nom devant tout le monde. Bon, iel ne peut parler que par gargouillements, donc ça n'aurait pas marché en soi, mais on aurait aidé. Oh, et oui, ne dites jamais son vrai nom en face de lui si par hasard, vous en prenez connaissance. »
« J'note. »
« Cool. Hé, Sun, s'écria Cyborg, toi et l'autre, vous pouvez arrêter de faire les gosses et venir, histoire qu'on essaie de-attends, putain, c'est un mec mort, là ? »
Tout le monde se tourna dans la même direction que l'hybride et le groupe entier put ainsi constater qu'il y avait bien un homme mort face à eux. Plus précisément, un homme en chemise hawaïenne orange, jean, lunettes de soleil, bracelets et bagues, qui avait un trou dans la poitrine et du sang qui s'en écoulait.
« Ah, lui, expliqua Renard, c'est rien. Juste un hippie à la con qui a tenté de nous attaquer pendant notre duel. Jeff Surf, Jeff Skate ou un truc du genre. Il a voulu nous étrangler pour ramener nos têtes au Roi, si j'ai bien compris ses discours sans aucun sens, mais je ne l'ai pas laissé faire et je lui ai tiré dessus ! »
« Ouais, bon. Par contre, ça veut dire qu'on va devoir planquer le corps quelque part et je sais pas qui ici sait le fa- »
« LES MAINS EN L'AIR, VOUS ETES TOUS EN ETAT D'ARRESTATION SUR ORDRE DU ROI RICHARD ! »
Le groupe se tourna vers la source de la voix légèrement synthétique ayant crié et eut le déplaisir de se retrouver face à un quintet de jeunes hommes et femmes aux cheveux bruns, aux yeux rouges, habillés de jeans noirs et de t-shirts arborant le logo de Deadpool et à l'armement conséquent. Pour couronner le tout, les nouveaux arrivants étaient accompagnés de longs machins rouges sur pattes qui ressemblaient à de gros doigts et faisaient des « Grrr, grrr ».
Personne n'eut besoin de demander qui étaient ces gens, leur objectif et leur nature hostile étaient suffisants pour qu'ils devinent que c'était des ennemis. Jimmy dégaina aussitôt son pistolet et tira sur l'un de ces humanoïdes, qui s'écroula. Les autres firent pareil et en ni une, ni deux, les « policiers » (il semblait que cela soit basiquement leur rôle) furent tous neutralisés. Renard tenta de tirer dans l'un des doigts sur pattes. Cette fois, ça ne marcha pas. Ce fut à cet instant que le groupe décida de courir.
« J'espère que vous avez bossé votre cardio, se contenta de dire Henry avant que la poursuite ne s'engage.
Cinq minutes, deux stands de nourriture renversés, autant de « C'est pour le travail ! » prononcés par Raph pour ne pas attirer l'attention et une partie de chamboule-tout (c'était gratuit et le Boogieman voulait jouer) plus tard, le groupe manqua de s'écrouler sur un trottoir et, ayant semé leurs poursuivants, put reprendre son souffle avant de se relever et de, finalement, regarder autour d'eux et essayer de savoir ce que c'était que cette ville dans laquelle le groupe avait atterri.
Déjà, il était possible de remarquer qu'il faisait nuit, probablement 21 heures, vu que les rues étaient loin d'être vides et que le haut du Soleil était encore légèrement visible. En fait, c'était même tout le contraire : il y avait beaucoup d'animation, beaucoup de discussions et beaucoup de gens qui marchaient vite et regardaient soit le sol soit leurs pieds. En résultaient beaucoup d'entre eux se cognant les uns aux autres avant de s'excuser ou de lâcher des « Putain, mais vous pouvez pas faire attention ? », ce qui était presque comique. Il y avait également beaucoup de magasins, de panneaux publicitaires et d'enseignes illuminées par des néons. Le groupe ne perdit pas de temps à remarquer que 85 % de ces magasins et de ces pubs avaient un rapport au sexe. Des bordels, des boutiques X, des pubs pour des vibros, des films porno de toutes sortes. Ah, et quelques bars, aussi.
« On est dans un des rêves humides de Frank Miller ?, demanda Paula.
« Non, parce qu'au vu des conversations et de la langue parlée, on est bien en France, lui répondit Henry. Toutefois, c'est vrai qu'on pourrait se méprendre. »
« J'aurais dit John Kricfalusi parce que, quand même, vous avez vu tous les trucs pédos sur ces étalages et dans ces boutiques ?, intervint Del.
« Alors, même si ça m'amuse beaucoup, moi, je me dis plutôt qu'il faudrait essayer de bouger à nouveau avant de faire des blagues, rétorqua Renard. Qui sait si nos poursuivants ne sont pas en train d'appeler des renforts autre part ? »
« Bonne idée, dit Cyborg, mais qui est le plus susceptible ici de savoir où aller pour être en sécurité ? On ne sait pas vraiment grand-chose de ce futur, excepté les quelques infos que vous nous avez données. Surtout qu'on était pas censés avoir ce genre de complications et des trucs qui nous courent après ! »
« J'pense savoir, intervint Raph. De ce qu'on sait, ce futur est dominé par les créations venant directement d'Internet et je vis au 21ème siècle, donc tout ça, c'est des trucs qui font partie de mon vocabulaire. En plus, on a Henry et il a une base de données. En gros, tant qu'on reste ensemble, j'pourrai renseigner tout le monde. »
« Retenez bien cette leçon, seconda Henry. Je l'ai apprise en étudiant Camping Paradis, je peux confirmer que c'est quelque chose de très utile. »
« C'est quoi, ça, Camping Paradis ? »
« Eh bien, il s'agit du second guide de survie télévisuel le plus efficace au monde, le premier étant Koh-Lanta- »
« Est-ce qu'on pourrait bouger, s'il vous plaît ? »
Malgré toute la retenue dont le Visiteur essayait de faire preuve, il était très clair qu'il commençait à vaguement stresser, aussi tout le monde décida que ce serait en effet une bonne idée de bouger et se leva pour explorer la ville.
Enfin, « explorer » n'était pas vraiment le terme exact. Disons que c'était plutôt « essayer de faire que personne ne sache qu'ils venaient juste de tuer les flics de cette ville, trouver un endroit paisible et ensuite tenter de faire que le groupe rentre à Kong tranquillement ». Fort heureusement, pour être discrets, ils l'étaient. Tellement que 6 personnes, au moins, leur sont rentrées dedans. Le groupe jetait des regards un peu partout pour s'assurer de ne pas recroiser un de ces humanoïdes bizarres, sauf Henry, qui semblait plongé dans ses pensées (ou plutôt, dans sa base de données).
Au bout de 2 minutes, une enseigne attira l'attention de Raph, nommée Le Choix de Buscarron. Un nom qui lui disait quelque chose. Il fit donc s'arrêter les sept autres, expliquant que ce serait probablement un lieu à peu près sûr, au moins pour quelques heures. Commençant à s'approcher, ils purent voir un grand homme à la forte carrure, barbu et tatoué, au regard ferme, en train de discuter avec… un adulte en t-shirt Batman et pantalon de pyjama Spider-Man trop grand pour lui et qui semblait se comporter comme un gosse ? Il allait y avoir un moment où le caractère absurde de ce monde allait arrêter d'être surprenant et ce moment n'était pas maintenant.
« Pourquoiiiiiii ? »
« Parce que tu es mineur et que ce bar est interdit aux mineurs ! »
« Pourquoiiiiiii ? »
« Parce que c'est mon bar et que c'est moi qui instaure les règles. »
« Pourquoiiiiiii ? Le Roi s'en fiche ! »
« Si tu penses que je suis le Roi, achète-toi des lunettes ! Et ensui- »
L'homme s'arrêta dans son discours quand son regard croisa ceux du groupe. S'ensuivit un soupir presque agacé avant qu'il ne dise au gamin une dernière fois de dégager (ce qu'il fit en pleurant).
« Wendy, Jack, je sors quelques secondes, pensez à préparer les armes, au cas où !, dit-il en se retournant vers le bar.
« OK !, lui répondirent deux voix plus jeunes.
Le barbu se mit à courir en direction du groupe, tout en regardant d'un peu tous les côtés, et cela ne lui prit que quelques secondes pour arriver à leur niveau.
« Bon, dit-il tout de suite en s'adressant surtout à Henry et Renard, je sais pas comment les Pouces Rouges ont fait pour pas vous voir, mais autant profiter de cela ! Suivez-moi et vos amis aussi ! »
Tout le monde prit un air étonné. Les Pouces Rouges ? C'était quoi ? C'était les humanoïdes de tout à l'heure ? Est-ce que ça veut dire qu'il sait ce qui leur est arrivé ? C'est pas possible, il n'était pas là quand ça s'est passé ! Est-ce que l'auteure avait encore décidé de faire n'importe quoi ?
« Vous êtes sourds ou quoi ?, reprit l'homme d'une voix plus autoritaire. Je vous ai dit de venir, j'essaie de vous sauver la vie, là ! »
« Euh, les gars, dit enfin le Visiteur après s'être réveillé, j'pense que ce serait mieux qu'on fasse ce qu'il dit, pas vrai ? »
Les autres se regardèrent et approuvèrent. Bon, c'était pas comme ça que la confiance mutuelle allait s'établir, mais Raph semblait connaître l'endroit et personne ne connaissait d'autre endroit où aller, donc par défaut… les six musiciens et les deux voyageurs temporels suivirent donc leur interlocuteur et rentrèrent dans son bar. A leur surprise, c'est dans un lieu à l'ambiance curieusement festive que nos amis débarquèrent. Beaucoup de gens qui semblaient déjà bourrés et parlaient très fort ou proposaient des challenges débiles à leurs amis, impliquant à 80% le fait de montrer ses parties génitales à quelqu'un. Des gens essayaient de reproduire des danses vues sur TikTok ou dans Fortnite (déjà, que ça soit toujours aussi reconnu dans le futur était une surprise en soi), d'autres chantaient (mal) des chansons paillardes, d'autres encore s'embrassaient à pleine bouche. L'ambiance normale dans un bar, quoi.
Le groupe se retrouva vite derrière le comptoir, où se trouvait un groupe de personnes, notamment deux, un homme et une femme, habillés en pirates, avec tout l'attirail, les armes. Probablement des employés, même si leurs accoutrements provoquaient des levers de sourcils incrédules chez les musiciens.
« Bien, reprit l'homme. Moi, c'est Buscarron. Eux, c'est Wendy et Jack. »
Les susnommés tournèrent leurs têtes et saluèrent les nouveaux venus.
« Et basiquement, là, vous êtes en sûreté. Ce bar, c'est l'un des rares endroits que cette saleté de cabot n'a pas encore réussi à prendre. Normalement, aucun Pouce ne pourra faire de connexion entre vous et ce lieu, il faudra juste que personne ne se fasse trop remarquer. »
« Woh, attendez, attendez, intervint Cyborg. C'est quoi, ça, un Pouce ou Pouce Rouge ou je-sais-pas-quoi ? Et comment vous savez qu'on est probablement en danger parce qu'on les a croisés ? »
« C'est les forces de police au service des Rois. Parce que ces trois-là ont une grosse réputation et qu'il fallait s'y attendre. Et aussi un peu parce qu'on nous avait mis au courant. »
Le tenancier de bar avait désigné Henry, Raph et Renard en parlant de « ces trois-là ».
« Quoi qu'il en soit, reprit Buscarron, vu que vous êtes là, ça pourra nous apporter une aide précieuse ! »
« Oui, alors, s'exclama le Visiteur, nous, on était en train d'essayer d'empêcher l'événement ayant provoqué ladite situation et de renvoyer nos copains (« Attends, on se connait depuis pas longtemps, tu peux pas dire qu'on est copains ! », s'interposa Paula) à leur époque, donc excusez-moi, cher Monsieur, mais j'pense pas que ça va se passer comme ça ! »
Le voyageur temporel avait essayé de prendre le ton de voix le plus définitif possible, mais l'air ferme et décidé de Buscarron lui fit se dire qu'il risquait de se voir adresser un refus.
« Est-ce que vous savez au moins depuis combien de temps on est dans cette merde ? »
Le pirate attendit quelques secondes après avoir posé sa question et put ainsi se rendre compte que, comme il s'en doutait, aucun ne semblait avoir de réponse.
« Presque 20 ans. Et s'il y a bien une chose sur laquelle on est tous d'accord, c'est qu'on en a un peu ras le cul. Vous vous en rendez compte, quand même ? Je sais que vous, vous voyagez dans le temps constamment, mais quand même. »
« Comment vous savez ce qu'on fait ?, demanda Raph, levant un sourcil étonné.
« Parce que les gens qui vous ont croisé ces dernières années ont très rapidement craché le morceau après deux-trois verres. Y'en a qui ne tiennent absolument pas la bibine, même encore aujourd'hui. »
« Mufufumfufmfmfmmouf. »
« Il dit, clarifia Cyborg, que même si c'est certes très intéressant et que c'est aussi désolant que plus personne ne tienne l'alcool, ça ne nous explique pas en quoi ce monde est actuellement si merdique que vous le dites. Au passage, perso, moi, ça me donne juste envie de rentrer. Ce qu'on aurait dû faire dès le début. »
Buscarron se contenta de hocher la tête.
« Bien. Mais d'abord, racontez-moi ce que vous, vous savez. »
Le groupe ne se fit pas prier et expliqua donc : qu'apparemment, ce monde était dominé par des créations d'anciennes personnalités d'Internet revenues sur le devant de la scène de manière assez directe parce qu'on-ne-savait-qui s'était foutu de leurs gueules et aussi parce qu'ils en avaient marre de leur retraite forcée. Du coup, le monde était devenu chelou et des humanoïdes aux yeux rouges ainsi que des gros doigts de la même couleur faisaient office de forces de police. Le vieux loup de mer se contenta d'écouter et de hocher la tête.
« Ce qui fait que donc, on est ici. »
« Ouais, reprit Buscarron, sur les grandes lignes, c'est ça. Mais pour creuser un peu, déjà, il faut savoir que plein de gens essaient toujours de savoir qui est la personne qui a déclenché toute cette merde, vu que les tweets originels ont disparu juste quelques heures après avoir été postés. »
« Si c'est quelqu'un de célèbre, demanda un Jimmy assez incrédule, il y en a au moins un qui a dû retenir le nom, quand même, non ? »
« A une époque où le temps d'attention de quasiment tout le monde avait déjà baissé comme pas possible ? »
L'ancien hippie ne sut pas quoi répondre à cela.
« Enfin, bref, continua le loup de mer. Y'a des Créations qui ont trouvé ça drôle, d'autres qui n'étaient même pas au courant… mais celles qui l'ont mal pris l'ont VRAIMENT mal pris. A partir de là, tout s'est déroulé très vite. Même aujourd'hui, ça m'étonne encore, la façon dont c'est arrivé. Un jour, on était tranquilles à savourer notre retraite et faire nos jobs et le jour suivant, la tête de cet abruti de Panda est sur toutes les télés de France à nous expliquer qu'il est le nouveau roi de France, à quel point il est supérieur à nous et à quel point il fera un meilleur job que tous ceux avant lui, vu qu'il a maintenant tous les pouvoirs. Soudainement, il n'y avait plus de Macron, plus de gouvernement, plus de partis politiques, juste lui. »
« Panda ?, demanda Del. Genre, c'est un putain de panda qui parle qui dirige votre pays depuis des années ? »
« Déjà, il n'y a pas que lui et, ensuite, oui et non. Maître Panda, il y a bien longtemps, était devenu célèbre en tant que chanteur dans l'émission Salut les Geeks jusqu'à ce qu'il décide de voler l'émission à son créateur, Mathieu Sommet. Il a échoué parce que je-ne-sais-plus-qui s'est fait sauter et que l'émission s'est arrêtée peu après, avec toutes ses Créations qui ont été libérées de leurs obligations. Ce qui fait que durant plusieurs années, il est resté éloigné du monde et reclus, uniquement entouré de sa garde de ninjas et de son homme de confiance, le Professeur. Non seulement ça, mais de plus, avant la fin de SLG, son émission Panda News avait été annulée dès le premier épisode de la nouvelle mouture, parce que ça se voyait qu'il avait viré conservateur et que les gens en avaient marre de voir une 100ème chaîne de conservateurs se parlant entre eux. »
« Charmant, se contenta de répondre sarcastiquement Henry.
« Du coup, tout ça combiné, vous vous doutez bien que la conquête du pays, c'était quelque chose qu'il considérait sérieusement. »
« Mais c'est juste un gars déguisé en panda qui sait bien chanter, intervint Raph. Honnêtement, même avec une armée de ninjas et un savant fou, j'ai bien du mal à imaginer le type qui a chanté L'Hôtel Anus et Et ça fait plop, plop, plop aux commandes du monde. »
« Si tout le monde cessait de m'interrompre, rétorqua Buscarron d'une voix qui commençait à trahir un certain et passable agacement, je pourrais avancer plus vite dans mon histoire ! Bref. Même si c'est vrai, ce que je n'avais pas précisé, c'est qu'au moment où il s'est déclaré roi… il n'était pas le seul. En fait, actuellement, il y a trois rois en France. »
« Comme si c'était pas suffisamment compliqué… »
« Là, actuellement, on se trouve dans le royaume de Richard. Lui et moi avons le même créateur, Antoine Daniel. C'est un chien en peluche et basiquement, il est obsédé sexuel, violent, mégalo, tout ce que vous voulez. La seule raison pour laquelle on peut s'exprimer librement ici, c'est qu'on est l'un des rares lieux qu'aucun Roi n'a réussi à prendre. Pas mal des Pouces Rouges aux ordres de Richard y ont laissé la vie en tentant de nous arrêter, du coup, les Rois se méfient. »
« Et le troisième, on imagine qu'il vient du même moule ?, demanda une Cyborg qui commençait franchement à être consternée par la situation qui se dessinait peu à peu.
« Oui, bien qu'il fait de son possible pour paraître le contraire. Le Prof de Philo, qu'il se nomme. C'est l'une des multiples Créations d'un homme uniquement connu sous le surnom de « Kriss ». Il prétend être prof de philosophie, mais tout ce qu'il fait, c'est juste parler très fort et tuer quiconque fait un « hors-sujet ». Pas vraiment ce qui fait un bon prof, mais voilà. Ah, et aussi, il fait une fixette sur la télévision. Rien de bien intéressant. »
« C'est vrai. »
« Enfin, bon, donc, c'est le Panda qui décida en premier d'aller foutre le bordel et les deux autres ont conclu une alliance avec lui. Du coup, ils se sont formés des armées avec les Pouces Rouges, qui sont ces humanoïdes jumeaux et ces gros doigts rouges que vous avez probablement dû croiser- »
« Glrglrlgrrglglglgurlgglr. »
« Iel dit que pour sûr, on les a croisés. »
« Bah, voilà. Et ces trucs, vous en croiserez probablement dans toutes les rues, s'ils se sentent d'humeur guerrière. C'est vraiment des excités de la gâchette, ces gens-là. »
« Et qui crient beaucoup, aussi, ajouta le Visiteur, bien que ce n'était pas vraiment quelque chose d'important à savoir.
« Ils crient pas autant que le gars qui est venu un jour en hurlant qu'il était un croisé et que nous devions tous nous repentir avant qu'Apollon ne nous fasse tous brûler pour nos crimes. »
Pour toute réponse, les huit lâchèrent collectivement un gros « Quoi ? ».
« Le plus beau étant qu'on a découvert plus tard dans les journaux qu'en fait, c'était un type qui s'était juste bourré la gueule et qui avait passé les heures avant d'entrer à fixer le Soleil, vu qu'il se croyait dans Dark Souls. »
« OK, nique la logique. »
« Enfin, bon, du coup, ça fait 20 ans que la France est divisée en trois et gouvernée par ces cons. »
« Et personne ne fait rien ?, demanda Paula. Les autres pays ont dû au moins tenter de faire quelque chose, non ? »
« Officiellement, tout le monde est neutre à condition que les Rois ne se mettent pas à aller envahir un autre pays que la France. Officieusement, c'est plus compliqué. Pas mal de pays sont déjà empêtrés jusqu'au cou dans leurs propres problèmes, donc les gouvernements ne voulaient pas s'en rajouter un nouveau. Les Anglais ne s'impliquent plus du tout dans rien parce que depuis le Brexit, c'est ce qu'ils ont toujours fait, les Américains essaient toujours de résoudre le problème des violences policières, sans compter que la Virginie et le Canada sont en guerre depuis des années, merci à Drake et Pusha T. Ah, et les Suisses aussi sont neutres. Y'a beaucoup de pays qui sont dans la merde, ça me prendrait trop de temps pour tout expliquer. »
« Et c'est tout ? »
« Non. En plus de ça, il y a d'autres pays qui, de façon clandestine, ont décidé de nous venir en aide contre les Rois. En envoyant des espions, en prenant contact avec les membres des différents réseaux de résistance répartis un peu partout en France, en faisant saboter des actions. Ça a eu pas mal de succès, à la fois parce qu'on fait bien gaffe à travailler main dans la main, en coopération, mais aussi parce que les Rois sont peut-être puissants mais ils n'arrivent pas à voir au-delà de leur propre mégalomanie. Ils sont tellement convaincus que rien ne peut les arrêter qu'ils ne pourraient pas voir des bombes posées sous leurs sièges, même avec des panneaux lumineux placés en-dessous ! »
« Parce que quelqu'un a déjà essayé ça ? »
« Non. Par contre, quelqu'un a déjà mis un de ces moutons mécaniques explosifs sous les toilettes du Panda. S'il y a une chose qu'on n'arrive toujours pas à réaliser, c'est le fait que les vers de terre font d'excellents concepteurs d'armes. Le seul problème, c'est qu'il a explosé trop tard. »
« Ah. »
« Du coup, on a pas mal de gens qui se sont éparpillés un peu partout dans ces groupes, des gens qui viennent du Gondor, des Skylands, d'Equestria, de l'ancien Underground… et vu qu'il y a autant de touristes que de gens qui sont là pour aider, ça permet d'embrouiller encore un peu plus les Rois. »
« Alors, la façon dont vous nous en parlez, quand même, dit Paula, ils ont quand même l'air de sacrés incompétents. Comment ils ont fait pour rester en place pendant presque 20 ans ? »
« Y'a plus beaucoup de politiciens, les Pouces Rouges punissent très sévèrement ceux qu'ils chopent, parfois sans raison, les gens ont peur ou sont des fans des Créateurs qui pensent sincèrement que les Créations ont raison dans tout ce qu'elles font ? »
« C'est, en effet, des bonnes raisons. »
« Après, il y a bien eu des tentatives pour les détrôner de façon directe. Les Créateurs ont passé quelques années à rester cachés quand les Créations ont pris le pouvoir. Durant ce temps-là, il y avait une prophétie selon laquelle Antoine, qui avait atteint un statut quasi-mythique dû à sa nature de reclus, pourrait réussir à rassembler tous les autres et à provoquer la fin des Trois Royaumes. Il a fini par réapparaître et du coup, les Créateurs y ont vu la chance de pouvoir faire s'accomplir ladite prophétie. »
« Et ? »
« Ils ont été vite vaincus et tués par le Panda. Tout le monde. Parce que ça restait quand même des gens normaux sans pouvoirs ou armes qui ont foncé vers l'ennemi sans rien préparer. Ce qu'on voudrait éviter. »
Tous ceux dans le groupe qui n'avaient pas parlé avaient patiemment écouté et, ils l'admettaient, ça faisait beaucoup de choses à digérer et à retenir. En fait, personne n'avait vraiment l'envie de questionner Buscarron parce que si ça se trouve, il n'avait peut-être pas complètement fini. En tout cas, ce qu'ils savaient, c'est que ça allait être compliqué de se souvenir d'absolument tout.
« Ah, et le dernier truc important, c'est qu'en plus de s'être alliés entre eux, les Rois ont aussi comme alliés un bon nombre d'autres Créations, qui les suivent parce qu'ils ont promis de fermer les yeux sur leurs actions. Vous pouvez imaginer quel genre d'actions c'est, après tout, ce n'est pas pour rien qu'on les appelle les « Belliqueux ». En plus d'eux, il y a aussi deux autres clans : les « Neutres » et les « Démocrates », dont les noms vous disent tout ce qu'i savoir sur leurs positions respectives au sujet des Rois et des Créateurs. »
Un nouvel instant de silence s'ensuivit, histoire que tout le monde puisse finir d'imprimer tout cet immense paquet d'infos et que le groupe puisse bien se rendre compte que ce futur était, sans aucune ambiguïté, merdique. Pas besoin de se demander pourquoi Buscarron semblait vouloir leur aide. Ce fut finalement Cyborg qui, après avoir réfléchi, se décida à parler à nouveau.
« Mais techniquement, vous avez prévu quoi ? C'est quoi, vos grandes idées pour les vaincre ? »
« S'occuper de tout le clan, répondit le pirate sans une once d'hésitation. J'ai expliqué qu'attaquer directement les Rois avait été une très mauvaise idée. Du coup, notre objectif, ce serait de faire tomber les autres Belliqueux. Rassembler les différents petits réseaux de résistance. Mettre les alliés hors d'état de nuire. Attaquer le Roi du royaume après ça. Bouger autre part et refaire la même chose, avec probablement plus de gens nous accompagnant. Le tout jusqu'à ce que tout le monde soit vaincu. Simple, basique. »
« Vous êtes vieux, quand même, intervint Raph, ce qui provoqua un soupir exaspéré chez la guitariste, parce que si c'était une référence à quelque chose que seuls ces Français connaissaient, elle et ses potes allaient avoir besoin de cours et ils risquaient d'être longs et autant dire qu'on était pas sortis de l'auberge, si ça se passait comme ça !
« Je m'en fous, se contenta de répondre Buscarron. Moi, ce dont je me soucie, c'est qu'on en peut plus d'avoir ces trois crétins sur leurs trônes, qu'on a sérieusement besoin d'aide, peu importe d'où elle vient, et que si vous pouviez nous donner un peu de cette aide, ce serait déjà beaucoup. »
La voix du pirate était restée ferme et sérieuse tout du long, mais la fatigue dans cette même voix pouvait se faire entendre au fur et à mesure qu'il parlait. Avec ça et toutes les informations que le groupe avait encaissé et accumulé depuis tout à l'heure, il y avait au moins deux choses qui étaient claires. La première était que dire « non » n'était probablement pas le meilleur choix de réponse qui soit. La seconde, eh bien…
« Ecoutez, reprit Cyborg, vu qu'on n'avait pas prévu originellement de rester, on a aucun endroit pour dormir. Vous pourriez nous prévoir au moins un coin pour ça ? J'pense qu'au moins, après une bonne nuit, on serait au moins capables de donner une vraie réponse. »
Le pirate esquissa un faible sourire.
« On a des trucs dans l'arrière-boutique. C'est très rustique mais vous pourrez dormir de façon décente. »
Sans se le faire redire deux fois, Buscarron appela Wendy et Jack et chargea ces derniers d'emmener le groupe là où il était possible de dormir, ce qu'ils firent. Les huit se retrouvèrent quelques minutes plus tard dans une immense pièce sombre et sans aucune décoration, aux murs de pierre. La chose la plus visible à ce sujet était quelque chose n'étant paradoxalement pas visible, à savoir le fait qu'il faisait putain de froid. L'autre chose visible était les multiples sacs de couchage qui se trouvaient un peu partout dans la pièce et qui signifiaient qu'ils n'étaient probablement pas les premiers à avoir créché dans l'arrière-boutique de ce bar.
Il ne fallut pas longtemps avant que les sacs ne soient « préparés » et que chacun choisisse le sien. Après 20 minutes, tout le monde était réparti par groupes de 2 dans son sac de couchage, prêts à enfin passer une vraie bonne nuit de sommeil.
« Cy' ? »
Enfin, en théorie. En pratique, durant lesdites 20 minutes, presque tout le monde s'était endormi. Sauf Paula et Cyborg. La première essayait de trouver le sommeil et se tournait et se retournait tandis que la seconde n'avait toujours pas fermé les yeux et regardait le plafond.
« Dis, choute… t'as pas une impression de déjà-vu depuis que ces types sont entrés à Kong ?, demanda l'hybride d'un ton soucieux.
« Euuuuuuh… non, pas spécialement. »
Paula était surprise par la question, clairement.
« Moi, je n'arrête pas d'y penser et c'est vraiment bizarre… mais j'ai l'impression que je les ai déjà rencontrés quelque part. Leurs gueules me semblent beaucoup trop familières pour que ce ne soit qu'une simple coïncidence. »
« C'bizarre… moi, ils me disent rien du tout. T'es vraiment sûre ? »
« Aussi sûre que le fait qu'on est dans un sac de couchage, dans l'arrière-boutique d'une taverne. Tu sais autant que moi que cet univers n'est pas toujours le plus stable, du coup, je pense que c'est pas irréaliste d'avoir ce genre de suspicions. »
« Hm hm. »
Le silence s'ensuivit pendant quelques secondes avant que Cyborg ne reprenne.
« Bon, par contre, on est bien d'accord qu'on les envoie pas chier ? »
« On est d'accord. »
« Tu penses qu'on reviendra avant qu'eux ne reviennent ? »
« Ça dépend. Ça serait drôle, j'trouve. »
« Moi aussi. »
« Câlin ? »
« Câlin. »
La pièce retomba à nouveau dans le silence complet et plus rien ne se fit entendre de toute la nuit. Malgré le fait que cette journée avait été des plus intenses, personne n'était particulièrement effrayé par ce qui allait se passer dans les jours qui allaient suivre. Après tout, ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'ils avaient combattu des trucs semblant au-delà de leur niveau. Des pirates. Des démons. L'alcoolisme. Probablement que ces gars-là ne seraient pas réellement différents. Non pas qu'il fallait prendre ça à la légère, mais vu les infos données par Buscarron, ce ne serait probablement pas les adversaires les plus terrifiants qu'ils allaient avoir à affronter.
Ca serait probablement simple. Oui, c'était la chose à se dire : ça serait probablement quelque chose de simple. On se lève, on botte des culs, on note des noms, on rentre à la maison et c'était fini.
Avec un peu de chance, ils pourraient même rentrer avant que Stuart et les autres ne reviennent, ça, dans l'idéal, ce serait cool.