02/04/2025 – Ces minutes dérobées

Ce matin encore j’ai goûté à la douceur de ces minutes dérobées.

Ce matin encore j’ai été témoins de toute la tendresse que deux âmes inconnues peuvent s’offrir. C’est une tendresse particulière, presque unique et éphémère, car elle se mêle à la découverte. On se découvre, on plonge dans des sensations nouvelles et on s’aime d’un amour égoïste, qui n’a pas pour vocation d’être partagé. Non cette tendresse on la vole et on l’offre.

Ce doux abandon de toutes raisons, il n’y a que dans le noir qu’il peut se produire. Il n’y a que dans le noir que les inconnus deviennent des amants de tout temps, car ils se découvrent, oui, mais surtout ils se connaissent. Ils se connaissent car ils ne sont plus tout à fait eux dans le noir, ils ne sont que tendresse et caresses. C’est pour ces moments malhonnêtes, hors du temps, ces pauses de l’âme et du paraître que j’aime à rencontrer les gens.

Et au matin venu, la raison reprend ses droits, chacun revêt son unicité, et l’on se regarde tendrement dans les premières lueurs. C’est dans ces regards que l’on sent la peur, la gratitude, la solitude et la beauté de nos pairs.

Alors on décide de se lever, on se retient pour faire durer à jamais cet instant hors du temps, mais il faut vivre désormais. Il y’a dans cet instant de décision, teinté d’hésitation, une douleur du cœur toute particulière. Les corps déchirés se manquent. Nous pensons déjà à cette chaleur perdue que l’on n’est jamais sûr de retrouver.

Et l’on se quitte comme on s’est rencontré, joue contre joue, en parfait inconnus, le cœur un peu plus léger.