#03. 4th Dimension

Notes de l’auteur : Cette fois, ce n'est pas posté tard le soir ! On s'améliore, les gens !

Plus sérieusement, voici la nouvelle histoire du recueil et je tiens à le dire tout de suite : c'est l'une des deux histoires dont je suis la plus satisfaite parmi toutes celles dans le recueil et j'espère qu'elle vous plaira autant que moi, j'ai aimé l'écrire ! Le fait qu'il y a deux membres du Pig Crew sur qui j'avais pas encore écrit avant n'y est pas étranger.

Enjoy !

Elle avait l'impression de tomber en arrière dans le temps. A moins que ce ne soit dans une autre dimension. Ou les deux en même temps. Bon Dieu, elle ne savait même plus. Tout était si lent autour d'elle. Même sa chute était ralentie.

Combien de temps ça prendrait avant qu'elle ne s'écrase ? Parce qu'elle sentait bien que ça arriverait à un moment ou à un autre, donc à quel moment ça se produirait ? Juste pour qu'elle ne s'étonne pas si soudainement, elle se mettait à morfler et que plus rien ne bougeait.

Qu'est-ce qu'elle détestait ce genre de moments. Elle ne sentait rien, tout était bizarre (enfin, encore plus que d'habitude) et déstructuré et elle avait l'impression de ne pas être dans son corps du tout. C'était juste une âme, un fantôme qui flottait tandis que plein de choses se dévoilaient puis disparaissaient tout autour d'elle. Des choses qui étaient floues mais qu'elle arrivait toujours à un moment à reconnaître, même si c'était sur le point de s'effacer.

Ici, il y avait l'image de cette grande maison où elle habitait avec toute la famille quand elle avait, quoi, sept-huit ans ? Elle tourna la tête vers la gauche et put voir la figure de cette dame en tenue de soirée avec qui elle avait passé une nuit il y a cinq ans de cela. Si elle tournait la tête vers la droite, c'était un grand immeuble qu'elle voyait. L'immeuble qui abritait la compagnie qu'elle dirigeait autrefois et qui, avant, était dirigée par les deux personnes qu'elle pouvait voir quand elle relevait la tête vers le haut. Ses parents.

Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait ce même rêve. Les fois précédentes, à chaque fois que son visage se retournait, inévitablement, vers le haut et qu'elle les voyait, elle essayait de tendre la main vers eux, priant pour qu'elle puisse les atteindre, qu'elle puisse finalement les voir clairement et qu'elle puisse aussi les serrer dans ses bras et leur dire tout ce qu'elle n'a pas eu le temps de dire. Mais ça ne marchait jamais. Du coup, elle avait fini par se résigner à juste tomber et à se sentir engourdie et mal à cause de tout ce qu'elle voyait.

D'une certaine façon, elle trouvait que ça représentait bien son état d'esprit et comment sa vie s'était déroulée jusque-là de son point de vue.

Oui, définitivement, elle détestait ces cauchemars. Est-ce que ce n'était pas possible qu'elle puisse… rêver qu'elle faisait un pique-nique ? Après tout, elle venait soudainement de rencontrer plein de gens et avait maintenant un pied entre deux mondes et deux époques. Ou… affronter un Kraken. Fait de marshmallows et de sauce barbecue. Qui avait comme projet de détruire la maison toute en or et diamants qu'elle s'était faite construire pour qu'elle puisse y habiter avec d'autres, inviter ses crushs et avoir une vie sympa ensemble. Parce qu'on ne touche pas à sa putain de maison en or, c'était quelque chose sur lequel elle restait intransigeante.

Enfin, ça, c'était des pensées pour quand elle se réveillerait. Parce que là, c'était juste elle, ses fragments de mémoire qui se transformaient en cendres petit à petit et finissaient dispersés par le vent, cette chute qui n'en finissait pas et cette impression qu'elle avait cassé un truc en tombant. Mais pas un vase ou quelque chose comme ça, plus l'un de ces artefacts ou de ces plans de la réalité dont le scientifique – Frank, c'était bien son nom ? – lui avait parlé. Peut-être que ça expliquait pourquoi elle se sentait si absente. D'habitude, elle était un peu plus investie dans d'autres rêves.

Quand elle s'écrasa finalement sur le sol, ça lui fit moins mal que ce qu'elle imaginait. Mais elle le sentit quand même bien passer. Les dernières choses qu'elle fit alors qu'elle sentait qu'elle était en train de reprendre prise furent de tenter de poser ses mains sur le sol, comme si elle souhaitait l'agripper, et de lâcher un rire nerveux qui sonnait comme si on venait de lui asséner une centaine de coups de poing et qu'elle s'apprêtait à recracher ses intestins…

 

Jane Toliver, ancienne femme d'affaires et mercenaire extraterrestre à la peau grise, aux cheveux verts et aux yeux oranges, ouvrit soudainement les yeux et put constater qu'elle se trouvait dans un grand lit et que les rideaux étaient déjà ouverts, révélant que le soleil semblait déjà bien levé depuis un bon bout de temps. L'oreiller était confortable.

« Woaw, on dirait que Samus vient enfin de se réveiller. »

Elle tourna la tête vers la source de la voix sarcastique mais joviale qui venait de parler et fit face à une autre femme à la peau verte, aux cheveux roses et aux yeux bleus en train de lire un comic-book. Caroline était son prénom. Elles avaient fait connaissance quand Jane avait posé le pied pour la première fois sur la Terre D-795, il y a presque deux semaines. Apparemment, Caroline était arrivée quelques jours avant elle et était toujours en train d'essayer de s'habituer à sa nouvelle vie. Sa personnalité avait fait un certain effet à Jane, ce qui n'arrivait pas tout le temps, et elles avaient donc commencé à parler régulièrement.

Ce qui les avait amenées à passer la nuit dernière ensemble. Et donc, le réveil.

« L'est quelle heure ? »

« Oh, répondit Caroline, il est 10h30. Tu peux encore prendre un p'tit-déj' si tu te bouges le cul et que tu te lèves tout de suite. Enfin, sauf si mon charisme éblouissant et mon lit confortable t'ont rendue incapable de te lever ! »

Jane lâcha un petit rire.

« Je t'emmerde, ma chère. De plus, si je me souviens bien, c'est toi qui m'as demandé d'être ici, donc clairement, ça veut bien dire ce que ça veut dire ! »

« Ça veut surtout dire que tu devrais te lever avant que je te force à sortir de ce lit. »

« Tu tiendrais pas deux secondes face à moi ! »

« Oh, tout comme toi, ne t'imagine pas quoique ce soit ! Je veux dire, on est tellement fabuleuses, si ça continue comme ça, on pourra pas avoir un combat car on aura trop envie de s'épouser ! »

« …t'as un point. »

« Allez, sors ! »

Ce fut avec une certaine difficulté que Toliver décida donc de sortir du lit de son amie. Elle n'allait pas se mentir, c'était actuellement une bonne façon de se lever et de commencer la journée. Echanger des blagues avec quelqu'un dont la personnalité lui plaisait et être bercée par les rayons du Soleil, c'était quelque chose qu'elle ne vivait pas souvent. Ca faisait du bien.

Une fois levée et après avoir enfilé quelques vêtements, elle se dirigea tranquillement vers la porte.

« Hé, Jane. »

Elle s'arrêta et se retourna.

« Hm ? »

« Ca va ? Je t'ai vue t'agiter dans ton sommeil. »

La jeune femme prit un sourire gêné face à cette question.

« Euh… ouais. Je crois que ça va. C'est mes cauchemars… tu sais, t'as déjà vu. »

Caroline hocha la tête en réponse.

« Pas de souci. Si t'as envie de faire quelque chose pour te distraire, je suis là, OK ? Et si ça continue à t'inquiéter, t'en fais pas, je garde la bouche fermée. »

L'alien n'eut pas besoin de lui répondre par autre chose qu'un sourire et un hochement de tête avant de sortir. Une nouvelle journée commençait et pour le moment, elle allait pouvoir penser à d'autres choses que cette autre dimension où elle se retrouvait plongée tous les soirs.

Peut-être qu'elle devrait aller discuter avec cette femme qui joue de la guitare. Elle pourrait lui apprendre à en jouer, ce serait cool, ça.

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