03. L'enfer de Lilith.

Notes de l’auteur : Mêmes mises en garde que pour le chapitre précédent, donc (en ajoutant toutefois une mise en garde concernant de la torture et du cannibalisme cette fois).

C’est pourtant précisément là que ce genre de malade commet la pire des erreurs de jugement, en essayant de s’arroger le pouvoir absolu : l’orgueil finit toujours par ressurgir. La contraindre totalement ne servait strictement à rien en définitive. Ce qui est atroce à dire, c’est qu’il faut toujours une carotte à l’âne si vous voulez qu’il avance (parce qu’il finit par mourir sinon, de toute façon). Mais ce salaud a cru bon de la manger devant un bourrin rendu fou par la faim. Dans un premier temps, il s’est contenté de laisser le malheureux en pâture à ses mignons sous les yeux de sa belle…

Quitte à griller en enfer quoiqu’il advienne, je suppose qu’ils pouvaient se permettre de tester sur cette victime le genre de sévices qui leur serait probablement réservé dans l’après vie (s’il y a seulement une justice au-delà). Mais la chose eut un contre effet : Lilith était trop souvent passée par là. Voir son amant se faire molester de la sorte ne pouvait que les rapprocher davantage. Elle priait juste pour qu’ils ne le tuent pas et mettait déjà en garde s’ils devaient jamais y venir. Pour autant, le père lui assura bien qu’il n’attenterait pas aux jours de leur nouveau captif (mais moyennant quelques conditions cependant). Je crois qu’elle aurait accepté de tout endurer pourvu que son amant puisse vivre (même s’il était peu probable qu’elle puisse à nouveau lui parler un jour). Et le père joua là-dessus.

Comme promis, ils ne tuèrent pas le jeune homme.

On lui creva néanmoins les yeux et on exigea de Lilith qu’elle garde le silence en sa présence quoiqu’il arrive. Le père avait prétexté, en aparté, qu’aucun mal ne lui serait fait à elle, tant que le garçon continuerait de lui renouveler sa loyauté. Mais pour que son idée abjecte se concrétise, il fallait obtenir de lui une soumission rapide et l’on s’aperçu rapidement que la simple souffrance ou l’humiliation ne menaient nulle part. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il refusait de renier son tout récent attachement quelle que fût l’intensité de la douleur infligée (quand bien même il ne datait que de quelques jours tout au plus). Le torturer d’entrée de jeu avait sans doute été une erreur de calcul au final. Dans les faits, une fois ce cap dépassé, il était peu de choses qui pouvaient encore avoir d’emprise sur ce jeune homme (du moins à court terme). Le père de Lilith a bien dû s’en rendre compte. Toutefois (et même s’il ne était pas particulièrement pressé), il semblait néanmoins avoir en tête quelque chose pour accélérer le processus. 

Pour autant, bien que prisonnier, bien que torturé et malgré ses treize ans, leur jeune jouet avait l’air de garder la tête froide (pour le moment). Parvenir à éliminer quatre hommes lors de son incursion pour sauver une simple demoiselle en détresse témoignait peut être aussi d’une forme de contrôle (au-delà de la simple chance).

Nota bene : Oui, je sais, elle onze ans, lui treize, tous deux mineurs. Mais bon, en ces temps-là, ce n’était pas forcément rare non plus. Au moins ils étaient plus ou moins dans la même tranche d’âge et sans liens de parenté. De toute façon, on n’est franchement plus à ça près concernant Lilith. (Dans ma jeunesse, ce n’était pas vraiment plus reluisant non plus à ce niveau là).

Le problème, c’est qu’il s’est juste mesuré à  une meute entière de chiens  enragés, dirigée par une ordure de la pire espèce : il n’aurait sans doute jamais pu s’en sortir tout seul. Il avait beau tenir le cap, ça ne pouvait pas durer. Mais il leur a fallu trois autres jours de tortures pour le faire craquer. Je ne sais pas à quoi ça tient, mais je suppose que quand on est pris et damné, l’illusion de l’amour pour lequel on a combattu (et déjà souffert) est peut être le seul phare pour s’y retrouver dans une brume épaisse. Difficile de discerner clairement la lueur diffuse mais si on a la chance de l’apercevoir, vaut-il mieux ne pas la perdre de vue si on ne veut pas se perdre tout court ? Je suppose donc qu’on a dû jouer sur cette peur en particulier en conséquence. Le jeune garçon savait que sa dame était nécessairement passée par là mainte fois auparavant (ou qu’il n’y avait aucun espoir pour qu’il puisse lui éviter de connaître ce genre de traitement à nouveau). Mais elle vivait encore…

Je me demande toujours aujourd’hui (si cette histoire est vraie, mais je présume qu’elle l’est) comment on peut s’accrocher à la valeur de la vie en pareille circonstance (surtout quand il ne s’agit pas de la sienne et quand ça ne repose sur aucun lien durablement établi).

On lui a simplement murmuré à l’oreille qu’on la tuerait s’il ne reniait pas ses sentiments. Ce mensonge instillé aux oreilles du condamné et sa nature : je crois que c’est à peu près ce qui s’est ancré le plus profondément dans l’âme de la jeune Lilith. Les jeux de son père ont toujours été absolument abominables, mais l’aversion pour ce procédé née de cette affaire a probablement façonné la vision du monde de la jeune adolescente en une fois : plus surement que toutes les années passées avec son père. Elle, savait qu’elle ne craignait rien tant que le jeune homme se cantonnerait à sa version des faits. Mais lui, n’en savait rien. Et elle était tenue au silence. Il n’y avait pas besoin de quoique ce soit d’autre. Il a objecté, s’est mis à gémir puis à fini par pleurer de désespoir des larmes mêlées de sang. Il n’avait pas vraiment le choix : il devait bien sentir que ça finirait mal…

Alors puisqu’il était foutu après tout…

Il était contraint d’aller dans leurs sens, s’il y avait une chance pour qu’au moins elle s’en sorte. Parce que sinon, ils pouvaient tout aussi bien les tuer tous les deux (de toute façon). Du moins, je suppose que c’est à peu près ce qu’il devait se dire. Et finalement, au bout de lentes minutes de persuasions, il s’est résigné à mentir (lui-aussi) pour le bien de cette jeune dame…

Laquelle était toujours présente. A postériori elle en a toujours parlé, dit-on, avec une profonde rage. Elle n’aurait pas prononcé un mot : ses proches ne l’auraient pas permis de toute façon. Elle a dû attendre en silence qu’il la condamne (en pensant agir dans son intérêt). Je crois qu’elle aurait mille fois préféré mourir pour une vérité dite que souffrir pour un mensonge d’amour. Le père s’est immédiatement empressé d’ironiser et de lui dire à quel point il était désolé, que le jeune homme allait bien répondre de son méfait et de sa duplicité. Mais il était nécessaire qu’elle comprenne l’utilité du châtiment qu’il lui réservait (prétextant que s’il ne faisait rien, elle allait fatalement recommencer un jour ou l’autre).

Selon lui, il fallait qu’elle comprenne à quel point elle avait été idiote…

(Comme si c’était de sa faute).

Les tortures qui s’en suivirent ont compté parmi les peines les plus dures dans l’état de Lilith. Elle a d’ailleurs dû les subir une seconde fois à l’époque où elle-même était maîtresse du Treizième. Mais elle l’a fait fièrement, de son plein gré, pensant sincèrement que se plier à la loi était la meilleure leçon à tirer de cette pénible  expérience (qu’avait exigé son père à l’origine)…

Il y a de ces gens, j’vous jure : comme s’il y avait à apprendre de la barbarie du genre humain (si ce n’est qu’il vaut mieux se méfier du moindre de ses représentants). Par miracle, elle n’a pas fait de fausse couche. Mais pour information, à sa mort, l’imagerie tridimensionnelle de sa dépouille a mis à jour d’anciennes escarres, vestiges des lacérations vaginales datant vraisemblablement de ces deux époques et qui corroborent son récit (et ce n’étaient pas les seules cicatrices bien entendu). Elle précisa toutefois qu’elle n’avait pas été pénétrée directement par aucun de ses tortionnaires (ni à l’époque de sa capture, ni durant les neuf mois qui ont suivi). Raison pour laquelle, on peut être pratiquement formel sur la paternité de sa première « portée » comme elle l’appelait elle-même en employant volontairement un terme d’usage animalier…

Mais je suppose là encore que le terme lui vient de son paternel. Ou alors simplement peut-être parce qu’elle reniait déjà le fruit de cette brève union suite à cette soi disant trahison (je ne saurais jamais vraiment). Le pire dans tout ça (je crois), est sans doute qu’on est tout à fait en droit de lui en vouloir à elle aussi, après tout ce qu’elle a fait subir à ses pairs (malgré tout ce qu’elle a vécu). Mais ce n’est pas vraiment à moi de lui jeter la première pierre (pas après toutes les mochetés que j’ai vues dans ma propre enfance, que j’ai tolérées durant mon adolescence ou que j’accepte en partie maintenant en tant qu’adulte sous le couvert du cynisme)…

Enfin, je suis de mauvaise foi aussi : je casserai bien du sucre sur son dos un peu plus tard.

Pour lors, ce qui l’avait vraiment détruite je crois (et c’est d’ailleurs devenu la peine maximale sous son autorité), c’est qu’à son retour de sa semaine de souffrances, ils l’ont juste castré devant elle pour parachever leur sombre office…

Pour être sûr qu’elle ne recommencerait plus (même si elle se payait jamais le luxe d’être « idiote »). En définitive, je crains qu’elle n’ait espéré que ses souffrances pussent prendre fin. Qu’elle s’imaginait même prendre les restes de son amant perdu et entamer « quelque chose ». Qu’on les aurait laissés tranquilles tous les deux après tout ce qu’ils avaient enduré.

Elle n’aurait pas pleuré (toujours selon elle, mais je la crois toujours du coup). Elle serait restée silencieuse étouffant sans doute  sa rage montante du mieux qu’elle le pouvait à moins que la mort de l’âme ne l’ait cueillie avant l’heure. Sa haine devint alors sans borne et dirigée contre tous. Envers les gens du clan bien sûr, contre l’humanité en générale mais aussi à l’encontre de ce nouvel eunuque qui lui avait ôté le droit à une mort sans doute bien plus rapide que toutes les souffrances qu’elle endura pour lui, tout ça pour rien. C’est du moins ce qu’elle devait penser. Elle aurait certainement préféré être morte plutôt que d’endurer le meurtre systématique de chacun de ses espoirs : cet abruti qui gisait devant elle lui avait interdit cette fin par faiblesse sentimentale et pour quoi ? Pour endurer encore et toujours tout le reste, avec la certitude désormais de demeurer seule à jamais. Elle aurait pu se contenter de l’eunuque (elle en a eu beaucoup par la suite), mais son orgueil venait de naître.

Elle n’était plus capable de se rendre compte qu’il n’y était pour rien : son abruti de père avait pris sa décision depuis longtemps, bien avant leur rencontre (mais cette fois, il avait fait une erreur de calcul qui allait lui être fatale).

On ne l’a plus touchée par la suite. Elle a de facto cessé de demander de l’alcool pendant sa grossesse (moins pour sa progéniture que pour éviter tout embêtement) et elle s’est mise à chercher dehors sa pitance avec l’aide de quelques femmes qui avaient fini par lui accorder leur pitié. Personne n’aurait cru bon d’en rajouter une couche : ils avaient fini de s’amuser avec elle. Ils pensaient que l’endoctrinement avait été efficace et qu’elle ne s’éloignerait jamais bien loin. Elle avait même la permission de son père (lui-même croyant faire preuve de grandeur d’âme). Mais il ne voyait rien venir. En secret, elle ruminait sa vengeance.

Elle accoucha dans l’indifférence totale, loin du camp. Et jusqu’à ce jour, on ne savait pas ce qu’il était advenu de sa progéniture. Elle est finalement revenue comme tout le monde s’y attendait…

Et pendant l’année qui suivit son accouchement, les choses ont pu paraître revenir à la normale. Le jeune homme était maintenu en vie (pour l’exemple). La mère de Lilith venait fréquemment lui apporter à manger. Comme je l’ai dit, Lilith a eu le temps d’avoir un enfant de son père. La consanguinité n’aurait pas eut de prise sur leur fils, mais ça n’a pas empêché Lilith de se venger sur lui pour tous les méfaits du pasteur après sa mort. D’autant que le père semblait s’y être attaché (c’était un garçon après tout). Et il était vraiment trop petit à l’époque pour ses sales lubies. Aussi le pater le cajolait souvent. En tous les cas, l’attachement (difficile de parler d’amour paternel) qu’il avait pour lui l’avait même poussé à se rapprocher de sa fille (du moins, c’est ce qu’il pensait). Mais à l’aube de son treizième anniversaire, Lilith avait choisi de s’offrir elle-même son premier véritable cadeau.

Son père était sobre…

Lilith a confessé par la suite que c’était une des raisons pour lesquelles elle avait eu peur qu’il ne se doute de quoique ce soit (et qu’il se refuse). Mais chose étonnante, au moins à l’époque, la demoiselle Lilith (qui jusque-là feignait plutôt l’indifférence, même lorsque la bagatelle  l’intéressait : pour protéger ses miches toujours), a su se montrer très convaincante (selon ses propres dires). Toujours est-il qu’aucun des résidents masculins du camp n’a compris qu’elle préparait son coup depuis deux ans. La suite est vachement dégueu (mais à la mesure de tout le reste). Elle a attendu le bon moment : pas trop tôt (pour que le sang affluant s’écoule plus vite) et pas trop tard non plus (pour qu’il ne puisse pas éprouver le moindre plaisir).

Lilith, d’un geste aussi soudain que violent, aurait alors refermé ses puissantes mâchoires (entraînées sur la viande saignante treize ans durant) au beau milieu de cette faveur contre nature. Le porc s’est simplement vidé très lentement de son sang (et en se tordant de douleur) : sa dernière gâterie en somme…

Ouais, ouais, je sais : c’est immonde.

Mais ça faisait longtemps que ça lui pendait au nez, de toute façon. Tôt ou tard ça lui serait retombé sur la trogne (je pense). Paraît qu’après ça, dans le Treizième et suite à l’avènement de Lilith, « se faire sucer » aurait acquis autant de signification que l’image de l’épée de Damoclès (le côté poétique en moins je suppose).

Et si d’ordinaire, le vieux cochon ne succombait à ce plaisir coupable qu’en proférant force menaces (et non sans s’être muni d’une arme au préalable), il aura eu le tort (pour le coup), de simplement baisser sa garde (estimant le cumul de ses mesures dissuasives suffisant).

Son couteau ne lui a servi a rien. L’homme est resté en état de choc plusieurs instants avant de réaliser que Lilith s’était saisie de la dite lame. Elle l’a de suite dissuadé de porter les mains à son sexe dans l’espoir d’endiguer l’hémorragie.

Pour la première fois de sa vie, elle pouvait à présent se délecter du regard terrifié de son paternel, contrit par la douleur : regard braqué sur elle alors qu’elle écoutait avidement les vaines suppliques de ce dernier (relégué, à peu de chose près, au sort qu’il avait réservé à son ancien amant deux ans plus tôt). Elle se serait alors parée de son plus beau sourire carnassier : une expression qu’on ne lui connaissait pas encore…

Puis elle l’aurait éventré lentement et froidement, avant qu’il ne meure des causes de la perte massive de sang (pour qu’il ne parte pas non plus du simple épuisement de ses forces).

A ce moment là de l’histoire, le sort de la plupart des hommes du camp devait vraisemblablement déjà être le même que celui du patriarche (et ceux qui n’y étaient pas encore passés, allaient subir une fin sans doute bien pire). Pour info, comme à peu près toutes les baraques aux normes de n’importe quel secteur, ce complexe entier (ainsi que ses dépendances) était simplement insonorisé. Aucun de ceux qui ont crié n’aurait pu être entendu : une ironie que les dames du camp ne pouvaient qu’apprécier à sa juste valeur, je suppose.

Et la légende veut que le soir même, Lilith ait profité de l’occasion de son treizième anniversaire, pour convier ses sanglantes comparses à un bien étrange banquet. Pour la première fois de sa vie, elle allait goûter à de la chair préparée (et bien cuite qui plus est)…

Mais de la chair humaine en l’occurrence.

Quand elle était petite, les soirs où il était passablement éméché, son père aimait à répéter à la jeunotte (pour lui faire peur) que la nuit tombée était propice à la sortie de démons voraces, courant les rues : de cruels satyres se repaissant de la viande des petites filles comme elle. Allant jusqu’ à prétendre faire partie de cette engeance lui-même. Mais à sa connaissance, Lilith ne l’avait jamais vu agir de la sorte : il voulait juste la terroriser en l’occurrence…

(Bien mal lui en prit).

Il paraît qu’à la suite de ce festin maudit, le cœur des « mâles » du camp fut servi en dessert…

Mais seule Lilith osa manger le sien : celui de son père (qui était cru qui plus est) et bien qu’en définitive, le reste des femmes avaient toutes finies par rallier la petite pour participer à la préparation de cette orgie macabre. Par la suite, on a appris que de ses compagnes de l’époque, aucune n’avait survécu. Elles ont toutes été éliminées au fur et à mesure, à un moment ou un autre. Certaines ont bien tenté de devancer Lilith, avant cette éventualité, mais sans succès.

Quoiqu’il en soit, avant la fin de cette nuit, elles avaient en outre célébré leur liberté retrouvée par le sacrifice de la mère de Lilith (brûlée vive), de même que son eunuque d’amant (qu’elle égorgea elle-même). On dit qu’il aurait souri juste avant de mourir, en entendant la voix de sa belle (ainsi que les rires de femmes en guise de fond sonore). Mais j’imagine que son expression naïve a dû vite faire place à un rictus de souffrance et d’incompréhension au contact de la froide lame qui lui trancha la gorge. Pour autant, il est le seul, dont elles n’aient pas entamé les restes : elles lui auraient même offert une sépulture chrétienne apparemment (selon les dires de Lilith toujours, lesquels restent relativement fiables malgré tout). Du reste, elles auront finalement clôturé leur sauterie en trinquant « à Dieu » (pour honorer une habitude de leurs défunts tortionnaires) ou adieu en l’occurrence.

Comme je l’ai dit, l’histoire de Lilith n’appartenait alors qu’à la liste des faits divers du treizième secteur. Mais la dame est rapidement devenue très influente…

Le fief de son père lui revint naturellement à sa mort. Une possession qui était déjà loin d’être négligeable qui plus est. Ses comparses d’alors qui se satisfaisaient encore d’une certaine entente tacite entre elles s’étaient en outre armées sur les dépouilles des hommes de cette plantation. Leur groupe ressemblant désormais davantage à d’antiques amazones. Surtout qu’on dit, qu’elles défendaient déjà tout aussi farouchement leur tout nouveau territoire, que leurs anciens pairs masculins. Mais avec le temps, Lilith est devenue extrêmement gourmande et opportuniste (en s’endurcissant encore davantage avec l’âge)…

Et même si à ce temps là, elle comptait toujours pas mal de ses primes alliées, il lui apparut bien vite important  de trouver des soutiens supplémentaires : « ailleurs ». Ce qu’elle fit : la possession du bastion familial étant pour ce faire, un atout des plus précieux !

Au début, elle se contentait simplement de s’acoquiner de toutes les manières possibles (souvent par la couche) avec de puissants seigneurs, avant d’en précipiter la chute par la manipulation. En les trahissant au profit de rivaux plus influents par exemple (pour refaire la même derrière et ainsi de suite). Tous ces stratagèmes dans le but unique de pouvoir un jour, trôner seule, à la tête d’un secteur qu’elle grignotait déjà ainsi pendant les années qui suivirent la mort de son père, pour finalement régner sans partage et présider à la vie des sujets acquis de la manière que tout le monde sait. Une chose que ses « amies » restantes d’alors n’ont pas manqué de critiquer : ce qui ne leur a pas vraiment réussi non plus. Car c’est plus ou moins durant cette période, en tout cas, qu’elle a supprimé les dernières survivantes de sa première sororité : forte d’une autorité à présent bien mieux assise (d’abord dans son propre district, puis sur toute l’étendue de la plaque superficielle et même au-delà).

Mais ce qui facilita le mieux son œuvre, c’est qu’elle était également parvenue à tisser des liens occultes avec des ordres oubliés qui détenaient encore les clefs du seul savoir restant (souvent issu d’une forme de tradition orale) et dont l’usage pervers ne tarda pas à faire des ravages. La citée entière avait encore contre elle son isolement et celui du reste du monde à son encontre. Mais pour parachever son ouvrage, elle a sciemment (et secrètement) répandu les bacilles et autres germes responsables d’épidémies qu’on pensait à jamais disparues…

Pour décimer ceux qui ne se soumettaient pas et contraindre les autres à accepter sa loi (dispensant elle-même vaccins et antibiotiques contre la loyauté de ses ouailles). On peut même dire que les soins promis (et le plus souvent offerts) en échange d’une forme de servitude de ses contemporains ont rapidement accru la ferveur de ses défenseurs.

En fin de compte, le lieu qu’était le treizième secteur fut rapidement englouti dans la tourmente (dans l’indifférence du reste du monde à son égard) pour faire place à l’enfer selon Lilith.

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