« Gros ! »
« Man ! »
« Gros ! »
« Man ! »
« Est-ce que vous pouvez me rappeler pourquoi on devait les chercher ? »
« Parce que les Neutres et les Démocrates sont des alliés efficaces face aux Belliqueux. Si j'reprends les mots prononcés durant la réunion. »
« Oui, mais je ne vois pas en quoi ces deux… machins sont des alliés efficaces. »
« Il faut tout le monde. S'il faut tout le monde, bah, on engagera tout le monde. Heureusement, sinon, si on avait eu que des Belliqueux, ça aurait été compliqué en cas de trahison. »
Maxim se contenta de soupirer d'ennui. Cela faisait une demi-heure qu'ils avaient quitté leur QG temporaire. Leur contact les avait avertis que des mouvements importants avaient eu lieu de la part d'autres groupes et que c'était à leur tour d'entrer en scène, leur recommandant d'engager le plus de Créations possibles. Les deux derniers camps ne s'étaient plus engagés de façon frontale depuis le massacre des Créateurs mais cette fois, les actions de ces dernières heures pouvaient bien les convaincre de repartir lutter. Pour preuves, l'assassinat du Tueur et la disparition soudaine du Patron commençaient à faire parler. D'autres actions et des recrutements devaient donc suivre pour montrer que ce n'était pas un feu de paille.
Ce qui avait donc mené le trio Maxim-Ariane-Mallory dans une station-service à la propreté plus que discutable, en périphérie, où ils avaient trouvé les Hippies, anciennes Créations de Mathieu Sommet et Kriss. Ces 30 dernières minutes avaient été consacrées à essayer d'établir le contact avec eux, avoir une discussion construite pour les convaincre de les rejoindre et être frustrés parce que c'était très sûrement impossible de discuter avec eux, vu qu'ils disaient basiquement n'importe quoi et étaient distraits par leurs propres hallucinations ou des idées de paroles de chansons que Hippie!Kriss avait soudainement en tête au sujet de la société moderne. Ou des festivals de « Gros » et de « Man ».
« Certes, il nous faut tout le monde, Ariane, mais j'ai la conviction qu'on en tirera rien, de ces deux-là ! Je pense qu'on peut bien tirer une croix sur certains d'entre eux, juste certains, et prendre avec nous les plus utiles. Parce que, très franchement, ces deux-là commencent sérieusement à me taper sur les nerfs, on dirait vous… excepté que quand vous parlez, vous faites des efforts pour être compréhensibles ! Là, je pense qu'on ne pourra rien en tirer. »
« Tu préfères t'occuper du cuisinier qui danse en mode collé-serré avec les paquets de biscuits apéro dehors, peut-être ? »
Howlett tourna la tête vers l'entrée de la station-service et put voir un homme en costume blanc avec un drapeau bleu-blanc-rouge au col, des lunettes sur le visage… et le pantalon baissé, en train de se frotter sensuellement contre des paquets de biscuits Tuc et des sacs de noix de cajou, son érection visible. Pour couronner le tout, Milkshake, de Kelis, résonnait dans les haut-parleurs et accompagnait ses mouvements. Sans aucune explication, bien sûr. L'Anglais n'eut qu'à le regarder pendant quelques secondes pour faire son choix.
Qui fut de s'éloigner du groupe pour aller interpeller le cuisinier, sous les regards ébahis des deux femmes.
« Laisse-moi deviner, demanda Mallory. Tu t'attendais à ce qu'il juge que c'était mieux, les Hippies ? »
« Oui. J'imagine que j'avais tort… ce qui ne veut pas dire qu'on va abandonner. On a dit qu'on ramènerait tout le monde et c'est ce qu'on va faire. »
Sans y réfléchir à deux fois, l'espionne s'approcha de Hippie!Sommet, lui prit son joint et en tira un bon coup, sous les regards médusés des deux fumeurs de beuh. Non seulement ça, mais après cela, elle passa le joint à Mallory, qui s'empressa aussi d'en tirer un bon coup. Les deux femmes se contentèrent de tousser pendant quelques secondes au lieu de recracher leurs poumons, comme ça aurait été le cas pour n'importe quelle personne inexpérimentée.
« Je me disais bien que *kof* ça, ça me servirait un jour ! »
« Woaw ! Ça faisait longtemps que j'avais pas vu des gens avec autant de cran, man ! J'adore ça ! »
« En plus, c'est la meilleure de tout le pays, grosse ! Tu peux pas dépasser la qualité de celle-là ! »
« Bon, c'était quoi que vous vouliez nous demander ? Vous avez gagné notre respect, là ! »
Ariane, un sourire satisfait sur le visage, leur raconta donc qui étaient-ils, leur objectif et pourquoi ils avaient besoin de gens comme les Hippies. Pour affirmer encore plus leur discours, les récents événements furent cités. Au bout d'une heure (le tout entrecoupé de refus de fumer encore plus de joints), les deux anticapitalistes acceptèrent finalement de se lever et de les rejoindre, leur avouant que bien qu'ils avaient tenté de lancer quelques actions pacifiques contre la monarchie il y a plusieurs années de cela, ils s'étaient vite retrouvés parmi les Neutres suite à l'absence de résonance ou de soutien populaire. Le fait que la connexion mentale du Hippie à lunettes roses avec le Patron s'était récemment tue l'avait surpris, mais il n'avait pas fait le rapprochement jusqu'à maintenant.
A la toute fin de la discussion, Ariane et Mallory acceptèrent quand même de fumer un second joint pour marquer leur accord avant que les quatre n'aillent retrouver Maxim et Olivier, le cuisinier aux pulsions très spécifiques.
« C'est bon, mec, s'exclama la démone, t'avais dit qu'on y arriverait pas mais on les a finalement convaincus, ils viennent avec nous ! Toi, t'y es arrivé ? »
Pour toute réponse, le quatuor put voir que le Britannique était en train de se masser les oreilles tandis que son interlocuteur, bien qu'il avait remonté son pantalon, n'avait pas cessé sa parade nuptiale envers les paquets de biscuits apéritifs qui étaient répartis tout près de lui.
« On peut… dire ça, ouais. J'ai bien passé trente minutes à le supplier de remonter son froc, mais pour le reste, j'ai réussi à le convaincre de nous rejoindre en lui disant qu'il pourrait très bien cambrioler les réserves de nourriture des châteaux des Rois. »
« POUVEZ-VOUS IMAGINER CELA ?, hurla soudainement le cuisinier. Moi, Chef Olivier, l'un des plus grands chefs que ce pays ait connu, présentateur de l'une des émissions culinaires les plus diffusées… et maintenant, plus personne ne souhaite m'ouvrir sa porte alors que toujours plus d'aliments m'inspirent et pourraient me permettre de révolutionner la cuisine, comme ceux que vous voyez devant vous ! Et les Rois, ces malotrus, comment ont-ils osé me renvoyer tel un vulgaire mendiant ? Ah, ils paieront, ils paieront ! Et ceux qui leur servent de cuisiniers aussi ! Ou peut-être que je pourrais leur apprendre comment faire. Tant de choix… »
Il fallut au moins dix secondes pour les cinq autres pour pouvoir formuler une réponse, étant donné ce monologue énervé des plus surprenants.
« J'crois que je commence à comprendre pourquoi les biscuits apéro lui font cet effet, lâcha Mallory.
« Ouais, bon, est-ce qu'on pourrait ne pas trop se concentrer sur ça ?, rétorqua Maxim. Bon, tout le monde, je me répète pas deux fois : on dégage, on vous ramène au QG et, après, va falloir un peu attendre avant que tout le groupe EN ENTIER ne soit là. Essayez de vous tenir un peu tranquilles, on aimerait pas vous perdre dans des circonstances stupides. Pigé ? »
Les deux Hippies et le cuisinier hochèrent la tête et, juste quelques secondes après, le quintet repartit vers la base en pressant le pas.
« FAITES-LEUR LA- »
Le Pouce Rouge qui était en train de hurler à ses derniers congénères encore vivants cet ordre ne put terminer sa phrase, un coup de hache bien placé détachant sa tête de son corps. Tous les gros doigts qui étaient là (une quinzaine) étaient morts et une dizaine des humanoïdes à yeux rouges les avaient rejoints. En comptant celui que l'Enfant de Juron venait de tuer, il n'y en avait plus que trois.
Les deux autres, d'ailleurs, n'osaient plus vraiment attaquer. Le premier, qui avait la moitié de son crâne entier faite de métal et qui parlait d'une voix extrêmement synthétique et dénuée d'émotion (malgré le fait qu'il avait encore clairement des organes et de la peau humaine), était en train de regarder la seconde, complètement humaine mais dont le t-shirt Deadpool et le jean noir commun à chaque Pouce humanoïde était caché par l'épais kigurumi de dinosaure qu'elle portait, qui regardait l'Enfant hurler de nombreuses insultes pour célébrer sa victoire.
« ANALYSE DE LA SITUATION. CHANCES DE VICTOIRE : 1 %. UNE RETRAITE SEMBLE ETRE LE MEILLEUR PLAN. DEMANDE D'ABANDON DE LA MISSION. »
« Euuuuuh… alors, j'crois que vu la situation, y'a peut-être une autre possibilité, lui dit la seconde avant de se tourner vers la Création de Frédéric Molas. On se rend, cessez les coups de hache, on veut proposer une alliance ! »
« ENFANT DE JURON !, hurla un vieillard qui sortait en courant de la cabane que les Pouces tentaient de prendre d'assaut avant de se faire massacrer. J'ai enfin réussi à retrouver le sort dont nous avons besoin pour nous débarrasser de ces farouches ennemis ! MUCHA MUCHOS CHOSINEROS ! »
Le vieux sorcier commença à agiter des billets sous les nez des deux survivants, qui restèrent interdits face à cela.
« ANALYSE DES BILLETS DE BANQUE. ILS SEMBLENT TOUS VRAIS. LE FAIT QUE LE MAGICIEN EN POSSEDE ALORS QUE LUI ET LE DENOMME « ENFANT DE JURON » HABITENT DANS UNE CABANE DELABREE EST PARADOXAL. INVESTIGATIONS NECESSAIRES. »
« MAIIIIIIS c'est parce que ce connard dépense tout en magazines porno ! En plus, on était censés avoir des Créations qui devaient nous rembourser leurs dettes, mais aucune de ces enflures ne s'est ramenée et ça fait 2 ans, les putain de bâtards ! »
« INVESTIGATIONS CONCLUANTES. »
« Bon, OK, OK, reprit la femme. Si, euh… vous voulez votre argent, les Rois ont ce qu'il faut ! Toute façon, nous, on a suivi parce que le chef avait pris les premiers abrutis pour le job et, euh… on aimait pas ce job non plus ! En plus, on a une paie de merde ! »
Un silence se fit pendant quelques secondes, durant lequel le Magicien et son apprenti jaugèrent du regard leurs deux interlocuteurs. Le vieillard n'était même pas en train de regarder en-dessous du visage de la fille du duo, ce qui illustrait très bien la gravité de la situation.
« D'accord, très bien, on vous croit ! Enfant de Juron, prépare tes armes, s'exclama le Magicien. Une nouvelle grande aventure nous attend ! »
« MES CALCULS ESTIMAIENT UNE CHANCE D'ALLIANCE A 20 %. J'IMAGINE QU'IL N'EST PAS TOUJOURS POSSIBLE D'ETRE CORRECT DANS SES ESTIMATIONS- »
« On s'en occupera plus tard, tête de bite !, interrompit le destructeur de jeux pourris en hurlant. Vos potes nous ont forcé à sortir de la retraite, alors on va aller défoncer les chefs, pigé ? »
« QUELLE BRUTE. CES GENS SONT VRAIMENT TOUS DES IMPOLIS. »
« Preemo, on s'en occupera plus tard. Là, ils sont déjà loin, suivons-les. »
« BIEN, VYLRA. SUPPRESSION DE L'OBJECTIF INITIAL EFFECTUEE, NOUVEAUX OBJECTIFS AJOUTES. »
« En prenant en compte le fait que vous venez de ressusciter nos hommes, Madame, cela n'excuse pas le fait que vous avez brutalement assassiné les nouveaux seconds de notre maître. »
Le Pouce Rouge barbu et au cache-œil qui avait pris la parole au nom de tous ceux actuellement présents à la cantine avait bien résumé la situation. Parce que la dernière chose qu'ils s'attendaient à voir était une femme au masque de cochon débarquer et leur annoncer que leur maître allait prochainement rencontrer sa fin, qu'elle était la nouvelle boss et que tous leurs morts étaient revenus, bien que différents. Les quelques Pouces ressuscités qu'elle avait ramenés avec elle pour prouver son point, bien que semblant en bonne santé, avaient tous en commun d'avoir un air soudainement très absent et de demander à être nommés « Pighead », tout en marmonnant des histoires sur des exploits qu'ils n'avaient jamais accomplis.
« Je pouvais bien le faire. Après tout, leurs nouvelles versions sont déjà là, de là où je viens ! De plus, ce n'est pas comme s'ils étaient essentiels au scénario mais évitons les spoilers. »
« Woah, woah, woah !, reprit le Pouce Rouge. De quoi parlez-vous ? Ou, en tout cas, pouvez-vous reprendre depuis le début ? Vous ne faites aucun sens dans ce que vous dites et c'est bien compliqué pour moi de vous prendre au sérieux à cause de cela ! »
Pighead lâcha un léger soupir d'exaspération.
« Bon. Si t'insistes… l'univers que vous connaissez ? C'est juste un prototype boiteux et mal fait qui va s'écraser un jour dans tous les cas. Et je reprends les choses en main. Le seul petit problème, c'est qu'il y a quelques personnes dans cet univers qui sont pas là dans le nouveau ou que j'ai pas encore intégré. Je mets l'accent sur « pas encore ». Vous en faites partie et, avant que je ne puisse fermer les clés du magasin, il faut que je m'assure que tout le monde soit là. J'ai visité les châteaux des Rois et tous les Pouces qui y étaient sont déjà partis, j'les ai répartis à différents points dans le temps. Vous êtes les derniers. »
L'explication était simple et rapide. Honnête. Les Pouces Rouges présents à cet instant vous diraient « brutalement honnête ». Ce qui n'était pas vraiment un compliment. D'ailleurs, ils ne savaient pas vraiment quoi répondre. Jusqu'à ce que le borgne barbu ne reprenne la parole.
« Ça n'a aucun sens. Qu'est-ce que nous y gagnons même à vous suivre ? »
« L'assurance d'une nouvelle vie. Pouvoir tout reprendre de zéro, littéralement. Je veux dire, le quatrième mur est quasiment pulvérisé et en cendres dans ce monde que j'ai créé, donc vous vous souviendrez de ça… mais pour le reste, nouvelle vie. Vous serez vos propres maîtres. Vous n'aurez plus besoin de personne, surtout pas de quelqu'un comme lui. C'est ça, que je vous offre. C'est pas tentant ? »
En réponse, plusieurs Pouces Rouges commencèrent à parler et à émettre des réserves.
« Comment savez-vous que nous n'avons pas besoin de Maître Jacket ? »
« C'est lui qui nous a créés ! C'est à lui que nous devons obéir, comment pouvez-vous remettre en question son autorité, sa puissance ? »
« Vous avez perdu la raison ! »
« Vous pouvez vous transformer en abomination eldritchienne, vous, peut-être ? »
« En plus, on a pas fini de manger ! »
Le chef dut claquer des doigts et intimer le silence pour que leur interlocutrice puisse à nouveau parler et éviter que les choses ne dégénèrent en bazar.
« Vous voulez savoir comment je sais tout ça ?, se contenta de répondre Pighead d'une voix confiante. C'est simple. »
Et, devant toute l'audience, elle retira son masque (qui semblait être revenu à son état de simple masque de plastique après avoir agi tout du long comme un second visage, chose qui poussait deux-trois Pouces à ne pas la regarder dans les yeux) et le laissa tomber par terre. Sans rien dire d'autre. Cette fois, le silence qui se fit fut encore plus fort, paradoxalement, que les précédents. Tous les Pouces devinrent bouche bée. Certains en laissèrent tomber leurs fourchettes, d'autres laissèrent carrément tomber leur assiette encore à moitié pleine. Ils avaient vu et entendu beaucoup de choses, mais cette fois, ça dépassait tout ce à quoi ils s'attendaient. Le borgne dut se frotter les yeux trois fois pour s'assurer qu'il ne rêvait pas.
« C'est… c'est impossible. »
L'auteure se contenta de sourire.
« Je sais. Et je pense qu'avec ça, j'ai pas besoin d'en dire plus. »
Elle n'avait, en effet, pas besoin de dire plus, c'était vrai. Il fallut quelques secondes aux Pouces pour faire le lien entre toutes les informations, mais quand il fut fait, leur réponse fut claire.
« POUR PIGHEAD !, hurla le borgne en levant le poing.
L'exclamation fut entonnée en chœur par tout le reste des gens présents.
« BRIGADE CRIMINELLE ! »
Ariane, qui avait pris Olivier et Mallory avec elle, fit s'ouvrir la porte en or massif (enfin, plutôt, en métal imitation or, ce qui était le faux signe de richesse le plus pathétique depuis la faillite de 50 Cent, en des temps immémoriaux) qui donnait accès à l'intérieur de l'extravagante maison appartenant à l'homme qu'ils recherchaient. Un baron de la drogue excentrique et avec au moins la moitié des neurones cramées qui était responsable de nombreuses overdoses et morts à cause de ses produits ou parce qu'un de ses hommes de main avait fait un truc qu'il n'aimait pas. Toutefois, il était aussi prompt à perdre tous ses moyens si une personne extérieure s'en prenait à lui donc un faux kidnapping surprise allait forcément lui faire faire pipi dans son panta-
« Hé, hé, yo, les gens, pas la peine de s'énerver, on est coooooool, ici ! Paix et amour ! »
Encore une fois, quelque chose qu'ils n'avaient pas prévu venait apparemment de s'inviter au spectacle. Ce quelque chose d'imprévu étant la cible en elle-même. En effet, l'homme connu sous le surnom de « Imgéj Capulo » (Cyborg avait finalement raison au sujet des faux noms), double du YouTubeur connu comme Jigmé, était assis en tailleur sur son canapé de soie noire, habillé d'une robe de bure orange et en train de méditer, un sourire idiot sur les lèvres et semblant être parti autre part, sous les yeux ébahis du trio.
« Mais… mais qu'est-ce qui vient de se passer, ici ? »
« Très simple, Oli', répondit Mallory. J'pense que tous les autres vont bien plus vite que ce qu'on pensait. »
Un peu plus tôt
Un grognement se fit entendre, suivi d'un immense splash quelques secondes plus tard. Il ne savait pas vraiment nager, mais c'était ça ou des piques dans les couilles. Il avait choisi l'eau, à la surprise de personne.
Jimmy dut prendre vingt secondes à agiter les bras assez péniblement avant de pouvoir toucher le bord de la piscine dans laquelle il avait atterri. C'était absolument désagréable à tous les points de vue. Del, lui, s'était posé sur un transat et se permettait de faire comme si la maison lui appartenait.
« Mec, pourquoi tu m'as pas aidé à me sortir de là ?, demanda Manson d'une voix calme, mais trahissant sa déception.
« J'suis immatériel, mon frère, je t'aurais servi à rien. »
Une fois la question répondue et vite répondue, le duo se mit à observer la maison où ils avaient atterri. Qui était probablement la maison la plus extravagante qu'ils avaient vue. Tout était fait de matières extrêmement luxueuses. De l'or, de l'argent, des rubis, des diamants partout. Tellement qu'en fait, une partie de tout ça était du toc. Ça ne se voyait que si on s'approchait vraiment près mais, vu la personnalité de l'homme qui habitait cette demeure, peu de gens avaient tenté et parmi ceux qui l'avaient fait, seuls deux en étaient ressortis vivants sur cinq. Toutefois, est-ce que cela allait effrayer nos courageux héros ? Sûrement pas !
En tout cas, ils n'avaient pas intérêt à l'être, parce que nous sommes bien trop loin dans l'histoire pour reculer. Mais ce n'est que mon avis tout personnel.
Après avoir passé vingt minutes à attendre que les vêtements de Jimmy sèchent, lui et Del décidèrent d'essayer de trouver une entrée. Ça ne leur prit pas plus de quelques secondes, vu qu'ils purent voir une porte ouverte presque en face d'eux. Ne se posant pas de question, le hippie et le fantôme empruntèrent ce chemin pour se retrouver à l'intérieur de la luxueuse demeure appartenant au double de Jigmé. Ledit intérieur était encore plus extravagant, tellement que même Elvis Presley en pleurerait de honte. Les canapés étaient couleur crème, il y avait des têtes d'animaux rares empaillés partout sur les murs, les papiers peints étaient recouverts d'or, de nombreuses plantes exotiques, des photos du propriétaire de la maison s'affichant avec de multiples personnes en habits de soirée, une gigantesque statue d'El Dorado qui touchait le plafond et semblait en fait avoir des difficultés à être contenue dans cette pièce…
Oh, et bien sûr, la table centrale du salon était saupoudrée de cocaïne déjà à moitié consommée et des bouteilles d'alcool plus ou moins remplies étaient sagement posées debout sur le sol. Quand les deux hommes virent ça en particulier, Del put remarquer que Jimmy, pendant un court instant, semblait décontenancé par ce qu'il voyait. Toutefois, il se reprit au bout de cinq secondes et se tourna vers le fantôme.
« Soudainement, je ne sais pas si j'ai envie de rester ici. De plus, il n'y a personne dans cette maison, à part nous, donc moi, je propose qu'on se casse et qu'on dise à tout le monde qu'il n'y avait rien, parce que c'est clairement ce qui se passe. »
Puis, il tourna les talons, s'apprêtant à repartir… pour se retrouver face à un homme asiatique habillé d'un costume-cravate blanc sur chemise rouge, un sourire bien trop étendu pour être humain et de la poudre blanche sur toute la moitié basse de son visage.
« Et merde. »
« HE ! Yo, les gens ! J'sais pas qui vous êtes, mais j'suis content, j'avais l'impression de pas avoir tué assez de gens aujourd'hui ! Maintenant que j'ai l'un des moutons roses de Gerkaloam avec moi, je peux tout faire ! »
Avant que Jimmy ne puisse lui demander de dire des choses faisant sens, le criminel fit prendre à sa main droite la forme d'un pistolet, visa le barbu et tira légèrement à côté, faisant exploser un vase à quelques pas des deux intrus. Il ne fallut pas plus de quelques secondes au hippie et à Del pour comprendre qu'ils n'allaient pas pouvoir éviter la mort une seconde fois et qu'il était donc nécessaire de dégager.
Jimmy s'élança donc vers le mafieux, lui décocha un coup de poing bien placé et fonça vers la porte d'entrée avant de se jeter dessus, espérant la casser d'un coup d'épaule suffisamment puissant. Sauf qu'à la place, il se cogna violemment contre la porte, lâchant un cri de douleur à cause du fait qu'il venait de se massacrer l'épaule contre quelque chose de bien plus solide que cette dernière.
« Ah, déso' mais ça, c'est pas possible !, lâcha le mafieux d'un rire hystérique. Y'a que mes empreintes digitales qui peuvent la faire s'ouvrir. Après, pas que je me plains, ce qui se passe, c'est juste trop marrant ! »
Manson dut agir vite s'il ne voulait pas se retrouver transformé en passoire, alors commença-t-il à laisser traîner ses yeux un peu partout. Il put voir autour de lui plusieurs étagères et armoires sur les côtés ainsi que de nombreux objets s'y trouvant. Sans réfléchir, il prit un vase et le lança à la tête du double de Jigmé, qui le fit exploser d'un coup de pistolet invisible. Mais il en fallut plus pour arrêter l'ex-hippie, qui se saisit d'une pile de magazines (des exemplaires de Playboy) et les jeta sur le mafieux. Cela ne lui fit rien. Par contre, il ne put rien faire face à la plante verte qui suivit.
Recouvert de terre partout sur son visage et dans ses yeux, le criminel aveuglé se mit à tirer un peu partout dans les murs, les impacts manquant de frôler Jimmy plusieurs fois. Toutefois, cela ne dura pas longtemps car Del, qui était jusque-là resté passif, décida d'agir et se jeta directement dans le corps du double de Jigmé. Pas « sur » lui. « Dans » lui. Le baron de la drogue s'arrêta de tirer, pris de tremblements incontrôlés et semblant furieusement se débattre contre la présence indésirable s'étant introduite en lui.
J'ai décidé, en accord avec moi-même, de vous laisser 10 secondes pour évacuer les vannes prévisibles. Faites vite, j'ai une histoire à continuer de raconter et je déteste quand vous prenez trop de temps. De plus, il n'y a que Pighead qui peut se permettre de m'interrompre longtemps comme ça et elle n'est pas là.
Reprenons. Après la courte, mais intense bataille mentale se déroulant sous les yeux de Jimmy, le corps de son adversaire arrêta de s'agiter dans tous les sens et, relevant la tête, il dévoila ses yeux, devenus entièrement blancs, signe que Del avait réussi à prendre le dessus.
« Vas-y maintenant !, qu'il lâcha. Tu fonces, tu l'assommes, tu poses pas de questions ! »
Manson ne se fit pas prier et, se lançant à nouveau, il lui asséna à nouveau un coup de poing, dans la mâchoire cette fois-ci, ce qui lui permit de dégager un passage. A ce même moment, Del s'extirpa du corps d'Imgéj pour rejoindre son ami, maintenant qu'ils avaient la possibilité de se cacher quelque part dans la maison. Les tirs de flingue invisible reprirent dix secondes plus tard. Heureusement, Jimmy parvint à monter vers les escaliers menant au premier étage, ce qui le mit temporairement hors de portée des balles. Toutefois, il allait falloir trouver un endroit où se cacher pour quelques secondes, histoire de décider quoi faire.
Jetant des coups d'œil un peu partout, l'ex-hippie ouvrit une porte. Il y avait des cartons vides et des pots de crème au chocolat Mont Blanc dispersés partout pour aucune raison. Il referma la porte et en rouvrit une autre. C'était les toilettes. Il en rouvrit à nouveau une autre. Il dut la refermer aussi sec à cause d'un singe roux en peignoir se mettant à lui hurler dessus en allemand. Encore une autre. Il put assister pendant quelques secondes à une bataille incroyable entre la mage Ruth Bader Ginsberg et une armée de vers de terre géants menés par Kanye West sur le balcon. A ce moment-là, il commençait à fatiguer sérieusement mais il fallait continuer parce que sinon, la mort allait venir le faucher et ce n'était clairement pas ce qu'il dési-
« Hé ! »
Il tourna la tête, ayant entendu une voix bien trop enjouée pour ce que c'était. D'abord, il ne vit rien en face de lui, ce qui l'amena naturellement à penser qu'il était déjà vraiment fatigué et que ça allait pas l'aider.
« Héééééé, par ici ! »
Mais le fait que ladite voix se remit à parler et qu'en plus, une patte rose était en train de s'agiter dans sa direction lui fit réaliser qu'il n'était pas en train de délirer. Du coup, il partit en direction de la patte et fit un grand saut vers l'avant en entendant les tirs qui recommençaient.
Jimmy (rapidement rejoint par Del) se retrouva soudainement dans un immense dressing, avec des piles de vêtements colorés et excentriques menaçant de s'écrouler à tout moment, des armes qui s'y trouvaient là pour on ne savait quelle raison… ainsi que deux poneys femelles portant des lunettes de soleil et des robes de bure. La première, celle qui avait fait signe au barbu, avait la peau et la crinière entièrement roses, l'un des plus immenses sourires qu'il était possible de faire et trois ballons imprimés sur son postérieur. La seconde, à la posture distinguée, avait la peau blanche, la crinière violette et trois diamants imprimés au même endroit, observant la salopette de Manson et son visage d'un air presque dégoûté.
Lui, ce n'était pas le fait que deux poneys venaient de le sauver qui l'étonnait, mais le fait que l'une des deux semblait ne pas être effrayée par le fait de se trouver dans la maison d'un criminel incontrôlable et armé jusqu'aux dents.
« Eh bah, ça alors, lâcha Del, qui semblait nettement plus surpris par leur présence. Si je m'attendais… »
« Tu les connais ?, se contenta de demander Jimmy.
« Mec, c'est les princesses d'Equestria ! Elles sont souvent dans les journaux, tu savais pas ? »
« Je ne pouvais pas acheter de journaux jusqu'à ce que je sois avec vous. »
« Tu les volais même pas ? »
« Non. »
« Excusez-moi, messieurs, intervint la poney blanche après avoir toussé pour signaler sa présence, mais si cela ne vous dérange pas, cette situation où nous nous trouvons actuellement est très inconvenante et il serait bon que nous pensions à un moyen de nous sortir de là. »
C'est là que tout le monde se rappela que le double de Jigmé était toujours debout et pas loin.
« Vous avez raison, reprit l'ex-hippie, mais le problème, c'est que je n'ai pas d'idée de comment on peut faire, Madame… »
« Rarity ! Et mon amie ici présente qui, pour une fois, est silencieuse, ce qui est plus qu'inquiétant de mon point de vue, se nomme Pinkie Pie. »
« Oh, non, non, j'suis pas silencieuse !, répondit énergiquement la susnommée. C'est juste que je trouve ce qui se passe super-excitant mais j'ai aussi trop d'idées sur comment on peut essayer de vaincre ce type sauf que si je me mettais à le dire tout de suite, il pourrait nous retrouver et on finirait avec plein de trous dans le bidou et ce serait pas cool, du coup, je crée les idées dans ma tête et il y en a ENORMEMENT ! Tellement que si on essayait de tout faire rentrer dans un burrito, ça finirait par exploser partout, même le plus géant des burritos n'arriverait pas à rester enroulé ! »
Cinq secondes de silence abasourdi s'ensuivirent face à cela.
« Oubliez ce que je viens de dire, reprit Rarity de façon enjouée, elle va très bien. »
« Je vois ça. Mais pourquoi vous êtes spécifiquement dans cette pièce ? »
« Oh, c'est super-simple !, s'exclama Pinkie. En fait, nous six, on a vu que ces trois humains super-méchants voulaient secrètement bombarder Equestria, mais pas avec des bombes à confettis, et tout prendre pour eux-mêmes et vu que ça enfreignait des traités, on a dit que c'était pas cool et on a décidé d'aider les gens qui faisaient de la résistance ! Pas littéralement, hein, parce que la résistance, ce n'est pas une matière qu'on peut prendre pour faire du pain avec, ce serait trop bizarre, sinon. Même moi, j'ai jamais pu utiliser ça et pourtant, j'arrive à faire du pain avec tout ! Enfin, bref. On est donc parties vers la Terre mais une fois arrivées, moi et Rarity, on a réalisé que les autres n'étaient plus avec nous. Mais il en fallait plus pour nous convaincre de renoncer, alors on a exploré la ville discrètement pour les trouver et on a demandé à ce gars ! Mais il a pas répondu et s'est juste contenté de nous kidnapper – j'admets qu'on n'était pas entièrement prêtes à se battre – et de nous ramener chez lui parce qu'apparemment, je serais un… mouton rose de Gerkaloam ? J'veux dire, j'suis déjà allée à Gerkaloam et leurs milkshakes sont les meilleurs, là-bas, mais c'est pas compliqué de voir qu'on est pas des moutons, même si j'ai déjà vu Applejack en imiter un une fois, c'était trop marrant ! Du coup, il nous a attachés mais ses liens étaient pas solides du tout, donc j'ai pu me libérer rapidement et libérer Rarity et c'pour ça qu'on s'est retrouvées ici quand vous êtes arrivés ! »
« D'a… ccord. C'est… bizarre. »
« Oh, ne vous inquiétez pas. C'est sa façon habituelle de raconter les choses. Vous vous y habituerez. »
« OK, OK, s'exclama Del, mais là, la question, c'est : on fait comment pour sortir ? On va pas rester là pour l'éternité et si vos potes sont autre part, va falloir qu'on prévienne les nôtres, histoire de les aider ! »
« En fait, lui répondit la créatrice de mode, j'étais en train de regarder ce qu'il y avait autour de nous et ces discussions au sujet de Gerkaloam m'ont donné une idée. Je pense que vous pourrez nous aider, Monsieur… »
« Jimmy. »
« Merci. Quoi qu'il en soit, mon cher, il va falloir vous mettre des nouveaux vêtements pour qu'on puisse mettre mon idée en action. Et aussi, parce que cette salopette vous va moyennement. Voici ce qu'on va faire… »
« Hééééééééé, les geeeeeens ? Vous êtes oùùùùùùù ? C'est pas très gentil de me laisser en plan comme ça. Après tout, vous allez mourir, c'est un moment très important de votre vie, donc il faut quand même que vous soyez là pour y assister ! »
Imgéj, malgré le fait que Del avait réussi à le posséder et qu'il avait l'air d'un immense bouffon (ce qu'il était) à ne pas réussir à toucher qui que ce soit, avait toujours cet immense sourire cocaïné sur le visage. En fait, il était très content de ce qui se passait. Généralement, la plupart des gens qui venaient le déranger mouraient en quelques secondes et il trouvait que ce n'était pas intéressant. Par contre, là, c'était un vrai challenge, donc les tuer n'allait être que plus satisfaisant !
Toutefois, après quelques dizaines de secondes, quand la porte du dressing s'ouvrit, son cerveau réduit en pots de Blédina par sa drogue ne put se préparer à ce qu'il était en train de voir.
Jimmy Manson avait revêtu un pull de Noël avec marqué « Dauphins, rubis et Margaret Thatcher 4life 3 » dessus, des Crocs rouges, des lunettes bleues avec des spirales, un short marron à l'odeur nauséabonde et un bonnet jamaïcain avec de fausses dreadlocks dessus, le tout par-dessus sa fidèle salopette.
« Hé, ho, cool, brother, c'est bon, on est pas là pour la nouba ! Connais-tu les enseignements de paix et d'amour de Krishna ? »
Sa voix avait baissé de deux octaves et l'accent qu'il avait pris pour encore plus la déguiser était bizarre, cela le faisait sonner comme un homme avec la double nationalité écossaise et uruguayenne (c'est littéralement la meilleure façon pour moi de le décrire). Le double de Jigmé ne bougea absolument pas, son cerveau échouant à deviner que cette personne était la même personne qu'il poursuivait il y a encore quelques minutes.
Jimmy, lui, n'était pas rassuré, malgré tous les efforts qu'il mettait dans sa tentative d'apparaître comme une espèce de leader spirituel charismatique. Mais en voyant que son adversaire semblait complètement abasourdi par ce qu'il voyait, il en conclut que cela marchait. Se rapprochant donc du baron de la drogue, il passa son bras autour de son épaule d'une manière se voulant paternelle.
« C'est très simple. Pour commencer, tu vas fermer les yeux et te concentrer afin de te vider de tes mauvaises ondes et de purifier ton karma… »
Pendant qu'il parlait, les trois autres étaient déjà en train de s'enfuir, direction le Choix de Buscarron. Comme quoi, même pour créer des tenues horribles, Rarity était la plus douée.
« Vous savez, j'aime bien quand il nous fait un résumé détaillé comme ça. J'comprends mieux, soudainement. »
Même si j'étais fier du compliment, je n'allais pas le montrer.
« Oui, c'est vrai, dit Ariane. En plus, ça va nous faciliter la tâche. »
Quelques minutes plus tard, le trio et le double de Jigmé repartirent sans que rien n'ait explosé. La porte resta ouverte. La maison fut illégalement investie par Florian Philippot, qui voulait faire un come-back comme chanteur de variété. Personne ne s'en préoccupa.
« SCIES CIRCULAIRES PREPAREES. DANS L'ATTENTE D'UN SIGNAL POUR FAIRE FEU. ESTIMATIONS DE VICTOIRE CONTRE L'ADVERSAIRE : 65%. »
« PUTAIN, allez, on les défonce, ces trouducs ! »
« Preemo, je pense qu'on devrait le laisser faire, c'est notre « Leeroy Jenkins » après tout ! »
Vylra n'avait pas tort car quelques secondes après qu'elle ait dit ça, l'Enfant de Juron était déjà en train de trancher en deux quelques Pouces Rouges qui surveillaient le champ de tournesols où le quatuor avait échoué et ses alentours. Elle pensa qu'au fond, s'être alliés avec lui et le Magicien avait été le bon choix à prendre et pour elle qui n'était pas une stratège, c'était quelque chose dont elle pouvait être fière.
Toutefois, ça ne voulait pas dire qu'elle allait devoir rester immobile longtemps car un bruit se fit entendre dans un buisson et, alors qu'elle était juste en train de se retourner pour voir, quelque chose s'était déjà jeté sur elle, tentant de la rouer de coups. Elle riposta en mettant un coup de poing dans cette apparition, ce qui la fit tomber par terre. Pouvant voir un peu mieux ce qui venait de l'attaquer, la Pouce Rouge vit en face d'elle un poney orange aux yeux verts, à la crinière blonde et avec un chapeau de cowboy sur la tête, la fixant avec colère.
Super, pensa-elle, comme si on n'avait pas déjà assez d'emmerdes…
Sans rien dire, l'attaquante se lança à nouveau sur Vylra, qui la contra d'un coup de poing dans le ventre. La poney, qui faisait preuve d'une énergie débordante, répondit en la frappant à la tête. Puis au cou. Vylra riposta par un coup de pied bien placé dans la mâchoire et, alors que les deux se préparaient à se lancer l'une contre l'autre, Preemo, les scies sauteuses sortant de ses bras étant toujours parées à tirer, mit l'attaquante en joue.
« PRESENCE INCONNUE DETECTEE. ANALYSE EN COURS. PRET A TIRER SI NECESSAIRE. »
« J'vous préviens, s'exclama la poney d'un fort accent qui semblait tout droit sorti du Sud des Etats-Unis, si vous pensez qu'vous allez pouvoir m'faire toucher terre si facilement, vous avez tous tort ! Moi, c'est Applejack, codirigeante d'Equestria et porteuse de l'Elément de l'Honnêteté et la personne la plus déterminée d'ce coin du Multiverse ! Mes copines disent « têtue », mais elles exagèrent toujours un peu. Quoi qu'il en soit, c'est elles que j'recherche et si vous m'dites pas où elles sont, vous allez tous y passer, j'vous l'garantis ! »
Quand la poney révéla son nom, Vylra se sentit un peu idiote. Elle avait oublié que ses supérieurs avaient rapporté la présence des Mane Six à travers différents coins du pays. Ce qui rendait cette situation embarrassante, pour sûr.
« Euuuuuuuh… je sais pas où elles sont, avoua-elle d'un air un peu gêné. Mais on peut peut-être les retrouver ? Je crois. On va vers le… »
« PUTAIN, VOUS FOUTEZ QUOI ? FAUT QU'ON VOUS ABANDONNE ICI OU QUOI ? »
Ces douces paroles pleines de paix et d'amour ne venaient, pour une fois, pas de la bouche de l'Enfant de Juron mais du Magicien, qui était en train de courir vers leur direction. Il s'avère que lui et son apprenti étaient déjà bien loin mais qu'ils ont dû s'arrêter en voyant que leurs équipiers n'étaient plus avec eux. Il fallut 5 minutes à Applejack pour raconter toute l'histoire et aux autres pour conclure qu'ils avaient tous le même objectif. Ils ont tous pensé ça en même temps, de façon bizarre. Généralement, le Magicien et l'Enfant ne comprenaient pas tout tout de suite, il fallait toujours attendre pour que tout le monde soit sur la même longueur d'onde quand ils discutaient. A croire que ce conflit faisait quand même des miracles chez certains…
Quoi qu'il en soit, quelques minutes plus tard, le – désormais – quintet repartit vers leur objectif principal, à savoir le château du Roi Richard.
Quand le Professeur, génie scientifique excentrique et possesseur (encore à ce jour) du don connu comme la « Science Infuse », vit Maître Panda, Premier Roi de France, débarquer dans son laboratoire en ruminant, il n'eut pas besoin de plus de temps pour comprendre que quelque chose le tracassait.
« La conférence Zoom s'est-elle bien passée ?, demanda-il d'une voix douce.
« On ne s'est pas menacés de je-ne-sais-quelle-torture, répondit le Panda d'une voix bien plus rauque et grave. C'est déjà un bon point. J'espérais qu'on puisse au moins arriver à ce stade. »
Le Prof haussa un sourcil.
« Mais pourquoi cette tête, alors, si ça semble s'être bien passé ? »
« Parce que c'est bien la seule bonne nouvelle dans un océan de mauvaises, rétorqua-il en même pas deux secondes. J'imagine que tu sais pour notre connexion mentale avec le Patron ? »
Le savant hocha doctement la tête.
« Bah, apparemment, c'est pas le seul à qui il est arrivé quelque chose. Le Tueur a été retrouvé mort il y a quelques heures de cela dans les ruelles et les premiers indices semblent pointer vers le Batman Qui Rit. »
« Mais n'était-il pas censé être mort depuis plusieurs décennies ? »
« Oh, tu sais bien ce que c'est. La Mort ne retient jamais personne éternellement, tout ça, tout ça. »
« J'imagine. Est-ce que ce n'est que ça ? »
« Non. Le double de Jigmé est porté disparu. Non pas qu'il était utile à quoi que ce soit, mais ça m'en fait toujours un de moins. Tout cela combiné commence à créer des mouvements de protestation chez les sans-dents. Tout ça commence à vraiment être suspect, c'est pour ça que j'ai demandé aux autres Rois de prévenir les Belliqueux qui sont chez eux. J'ai fait pareil avec les miens et j'ai demandé à Richard d'aller chercher le corps du Tueur, en guise de faveur. »
« Est-ce pour l'utiliser pour ma machine ? Je voulais te dire qu'elle était presque prête, nous pourrons commencer les phases de test d'ici quelques jours et des Pouces Rouges sont apparemment déjà volontaires, de ce que j'en ai entendu. »
La nouvelle sembla faire naître pour la première fois de la journée un sourire sur le visage du dictateur, qui jeta un coup d'œil à un anneau noir qu'il portait au majeur.
« Oh, non. Tu as fait un excellent travail depuis le début et je suis sûr qu'avec cela, notre domination complète se fera sans soucis. Je le veux pour autre chose. »
Soudainement, un bruit d'explosion se fit entendre. Maître Panda souffla d'exaspération et partit vers la direction des toilettes.
« Encore ces putains de moutons explosifs de merde ! Ca fait la troisième fois cette semaine, marre à la fin ! »
« Maître, tu n'es probablement pas au meilleur de ta forme, je peux m'en charger si tu le désires. »
« Naaaaaaaaaaan, ça va, faut juste que je rappelle mes contacts chez Leroy Merlin et on a des nouvelles chiottes demain, pour le reste, tu connais les protocoles dans ce genre de cas ! »
Le château ne prit que quelques minutes à s'écrouler quand l'explosion retentit.
Pighead était en-dehors de l'habitation de MrJacketBarths. Maintenant que les derniers Pouces Rouges étaient partis là où elle voulait qu'ils partent, elle n'avait pas pu s'empêcher de mettre un peu de dynamite dedans. Un peu beaucoup. Beaucoup. Après tout, l'overkill, ça n'existait pas, pas vrai ?
Les espèces de sosies super-vilains de membres de ces groupes qu'elle n'écoutait plus depuis un bail étaient encore dans une des pièces secrètes du château. Dans quelques secondes, ils seraient enterrés et verraient leur fin ici, avant même d'avoir commencé à faire quoi que ce soit. Les fantômes des victimes du Tueur, qui s'étaient déjà échappés et voletaient en groupe, tournant autour de la bâtisse s'effondrant… elle ne savait pas. Non, elle ne s'en préoccupait pas. A sa connaissance, il y avait déjà des versions de Gydias et du Commissaire bien vivantes dans sa nouvelle Terre. Les autres… déjà morts, donc probablement que si ces fantômes changeaient de dimension, ça aurait pas trop de conséquences. Mais ce n'était pas son but.
Tournant la tête, l'auteure fit face à une grande et luxueuse Lamborghini au rouge pétant. C'était celle de Jacket. Elle n'avait pas souvenir qu'il en avait une avant, mais c'était toujours bien de voir des choses qui avaient échappé aux regards avant. Et puis, après tout, cette voiture était à elle, maintenant. Quand elle était sortie du château et avant de provoquer l'explosion, elle avait sommairement utilisé ses capacités pour pouvoir la modifier de sorte à ce qu'elle puisse, si elle accumulait suffisamment de vitesse, pouvoir voyager vers une autre timeline ou un autre univers alternatif, celui que le conducteur désirait. Et quelques armes, aussi. C'était toujours un bonus sympa.
Sautant dans la voiture, il ne fallut que quelques secondes à Pighead pour tourner la clé de contact et démarrer le bolide, laissant le château à son triste sort. S'élançant sur l'autoroute, elle était fin prête pour son dernier objectif.
Les Arènes de Nîmes. La fin de cet univers mourant.