Il y avait tellement de sang répandu partout que c'était difficile de déterminer à qui lequel appartenait. Les caméras qui servaient, il y a encore quelques minutes, à diffuser le live étaient brisées et hors d'usage. Il y avait des traces de poison, des objets gelés, d'autres qui avaient pris feu… les Arènes de Nîmes étaient devenues un immense bordel, pour l'expliquer de façon courte.
Un coup de feu résonna et l'homme aux ailes de dragon qui était encore un certain reviewer de vidéos il y a quelques minutes s'effondra, le corps criblé de balles et quelques dernières flammèches sortant de sa bouche. Il était celui qui avait tenu le plus longtemps, mais même lui n'aurait pas pu continuer à se battre éternellement. Les autres, n'en parlons pas.
Il ne restait plus que 5 minutes.
Pighead baissa sa mitraillette et soupira, contemplant le carnage qu'elle venait tout juste de causer. Il y avait des dizaines de corps partout, tout était détruit, il y avait eu des cris et appels à l'aide jusqu'au dernier moment, les écrans géants connectés à Twitch ne passaient que de la neige (ce n'était pas censé le faire) et ses vêtements étaient recouverts de sang avec quelques déchirures par-ci par-là. Elle savait que c'était un peu du sien et un peu du leur, mais n'avait pas envie de s'arrêter pour déterminer ce qui était à qui. Elle avait réussi son objectif quasiment sans faillir, ce n'était pas le moment de poser un genou à terre !
Revenant sur Terre, l'auteure s'avança vers la dernière personne qui était encore consciente. Il s'était pathétiquement traîné vers une chaise encore en état. Pourquoi, ça, elle n'avait pas la réponse. Tout ce qu'elle voyait, là, c'est que lui aussi était recouvert d'hémoglobine, qu'il était en train de cracher ses tripes, que son masque de clown avait été littéralement tranché en deux dans la bataille, que ses vêtements étaient troués et que sa coupe Mohawk partait complètement en cacahuète. Les seuls bruits qui s'entendaient encore étaient lui en train de tousser et de lâcher des râles de douleur. Elle lui marcha sur le pied.
« Oh, oups. »
Son expression était devenue faussement souriante.
« On dirait bien que je t'ai fait un peu plus mal, quelle béta je suis. »
Il continua de tousser et de cracher du sang pendant encore quelques secondes avant de pouvoir finalement prononcer un mot.
« C'est… *koff* ...t'avais pas complètement tout ruiné, toi et un mec bleu à poil, la dernière fois que… *koff* …j'ai entendu parler de toi ? »
L'auteure souffla par le groin pour seule réponse.
« Ça s'est arrangé. »
« *koff* *koff* …aaaaaaah, putain, t'y es pas allée de main morte, espèce de… eh, attends, c'était quoi, ça ? T'es venue… *koff* …faire ta déclaration au sujet de quoi ? Tes vieux trucs… que t'assumes plus ou au sujet de… la famille YouTube qui pue la merde ? »
Pighead fut surprise qu'il avait encore assez d'énergie pour se lancer dans ce genre de conversations de façon complètement casual. Bon, après, le petit rire qu'elle lâcha montrait qu'elle ne semblait pas totalement s'en plaindre. Est-ce qu'il se disait que ce serait la seule occasion pour lui d'avoir une discussion avec elle ? Sûrement.
« Probablement un peu des deux. Je veux dire, ne prétendons pas que ce soit quelque chose qui a de l'importance. C'était au moins un peu fun de pouvoir avoir pu se défouler, surtout avec tous les pouvoirs à la con que je leur ai donné dans le temps. Ça n'a rendu que leurs défaites plus jouissives ! »
Son discours était devenu plus animé au fur et à mesure qu'elle parlait, s'accompagnant même d'un sourire presque carnassier.
« Mais bon, ça n'efface pas le fait qu'ils sont toujours là. Profitant bien de leur succès, pour la plupart, c'est fou à quel point la majorité d'entre eux a décidé de faire comme Ridley et de s'accrocher à ce qu'ils ont, tels des moules sur leurs foutus rochers. A dire que non, je n'ai pas fait ce qu'on m'accuse d'avoir fait, même si des fois, tout le monde est unanime pour dire que c'est vrai. A aller dire que c'est la politique, le wokisme, la cancel culture, les islamo-gauchistes vegans à la solde du lobby des Reptiliens d'Amazonie qui mangent des trans et rendent les chats gays… ou quelque chose dans le genre, je ne sais plus, on oublie vite ! »
Sa posture jusque-là molle semblait avoir retrouvé de l'énergie en se mettant à parler et parler. Suffisamment pour qu'elle aille mettre un coup de pied dans un des corps. Elle ne s'était même pas ennuyée à retenir qui était qui. Ils étaient presque tous les mêmes pour elle, après tout.
« Ou à dire que mais si, je vous jure que j'ai changé et soit c'est pas vrai, soit dans les cas où c'est sincère, ça prend des années avant de se voir. Parce que de toute façon, c'est comme pour tout. Tu penses connaître une célébrité et tu ne te doutes jamais qu'au fond, ce que tu vois, c'est seulement ce qu'ils ont décidé de te montrer. Sauf que maintenant, on a les relations parasociales, donc c'est pire. »
L'homme étant toujours en train de saigner sur sa chaise n'écoutait que d'une oreille. Faut dire, il ne savait pas pourquoi il serait tenu d'écouter ça avec ses deux oreilles. Il venait de se faire cribler de balles, son plan génial (selon lui) était complètement parti en fumée et il n'y avait plus que lui dans ces Arènes devenues un résultat du chaos s'étant déchaîné il y avait encore quelques minutes de là. Il pensa à Sasha. Où était-elle ? Elle était venue avec lui, pourtant !
« Oh, si ça te chagrine tellement, tu seras heureux de savoir qu'elle est vivante. Elle et tous les autres sont partis vers la destination de tout le monde. Enfin… sauf l'autre, tu n'auras pas de difficultés à t'imaginer pourquoi. »
Il se mit à esquisser un petit sourire en entendant cela.
« De toute façon, ne t'imagine pas que vous allez revivre heureux après le passage dans le portail. Je sais pas ce que j'ai foutu pour qu'elle se mette à voir quelque chose en toi. Un kidnapping, une discussion qui vous laisse à peine le temps de vous connaître, un bisou et c'est bon, vous êtes un couple heureux et amoureux ? Je pourrais dire que c'est la drogue, mais j'ai toujours été sobre à part quelques bières par-ci par-là, donc aucune excuse, honnêtement. C'était une mauvaise idée. Tout comme te lancer si tôt dans le monde sans avoir rien préparé était une mauvaise idée, Jacket. »
MrJacketBarths, tel était le nom de ce wannabe maître du monde, toussa encore un peu. Il ne voulait pas donner l'impression que ça lui faisait mal d'entendre ça… mais au fond, ça le blessait un peu dans sa fierté. Cela faisait tellement d'années qu'il avait réussi à pouvoir contrôler cette Terre entière, juste par du talent et de la chance, et on venait lui dire que tout ça, en fait, c'était de la merde depuis le début. Ce qui était impossible, ses plans étaient bien trop développés et ingénieux pour ça ! Même si cette histoire de deal avec un démon était absolument tirée par les cheveux. Même si ces explosions qui avaient libéré les Créations ici étaient bien trop surnaturelles pour que ce soit lié à lui faisant tirer des missiles depuis la Maison Blanche, comme lui et les médias sur le coup l'avaient toujours clamé. Même s'il n'avait jamais tué personne dans des accès de rage, comme il l'avait toujours clamé, même pas l'automobiliste qui lui avait cassé les burnes sur la route alors qu'il fuyait l'asile.
La seule chose qui était sûre, c'était de constater à quel point des gens avaient trop de temps libre, trop d'argent, et montaient des asiles pour y enfermer n'importe qui sous n'importe quel prétexte… d'abord, ça commençait à se prendre pour des psys sur Twitter et à faire les soi-disant chasseurs de faux TDI et ça finissait comme ça. Plein de mots viennent à l'esprit pour désigner ceci et aucun d'entre eux n'est positif.
Plus que 2 minutes.
« J'croyais que… *koff* …toi et moi, on était la même… la même personne, pourtant. »
Le silence se fit pendant 5 secondes avant que Pighead ne vienne lui asséner un coup de poing dans le ventre, faisant recracher à Jacket encore un peu plus de sang. Même dans la souffrance, il ne pouvait pas s'empêcher d'être satisfait d'avoir apparemment touché un point sensible.
« Tu ressembles autant à moi que moi, je ressemble à Nadine Morano ! Comment tu peux même nous comparer ? Surtout qu'à l'époque, j'avais une autre forme et… et elle aussi est kaput, tiens. Me demande bien ce que j'en ai foutu. Ce sera un truc à faire une fois que tout sera terminé. Toute façon, mon point tient, tu n'étais juste qu'une version alternative parmi tant d'autres et c'est tout-qu'est-ce qui te fait rire, abruti ? »
En effet, Barths avait commencé à rire pendant qu'elle parlait. Elle détestait ça parce que non seulement, c'était toujours aussi cliché, mais ça lui donnait aussi envie de tuer directement les gens qui faisaient ça, même quand ce n'était pas le plan !
« Tu sais que… tu t'es quand même contredite pas mal dans ton petit discours ?, dit-il avec le peu d'énergie que sa voix avait retrouvé. Tu viens de me faire tout un speech sur comment YouTube, ça pue la merde, et pourtant… pourtant, y'en a qui ne sont pas morts, ils sont passés dans les portails. C'est… *koff* …quel niveau d'hypocrisie, ça ? Si tu pensais vraiment ça, t'aurais laissé aucun survivant ! »
Le regard de Pighead s'assombrit légèrement.
« Certes. Mais 1) apparemment, présomption d'innocence et de bonne foi, tout ça, sinon ça fait de toi la méchante et 2) tu vois, moi, l'univers que j'ai créé, contrairement à mon monde ou ton monde, c'est un monde qui ne ferme pas les yeux quand quelqu'un fait des choses dégueulasses. Ce serait bien trop chiant si tout le monde avait la même bonté que Superman. Mais là-bas, on sait qui sont les méchants et à moins qu'ils ne font de vrais efforts pour se repentir, le moment où tu décides de jeter à la poubelle ton humanité de n'importe quelle façon que ce soit… le karma ne prendra pas beaucoup de temps pour revenir te mordre au cul. Je ne sais pas s'ils le savent, mais ils s'en rendront probablement compte à un moment et vite. »
Elle redevint silencieuse et se remit à observer les Arènes. Son cerveau était, pour une fois, vide de pensées. Peut-être que c'était pour pouvoir bien se souvenir une dernière fois de comment c'était. Pighead ne semblait d'ailleurs même plus en colère ou agacée. Même un peu mélancolique. Jacket ne répondit plus rien, son regard essayant de décoder ce qu'elle était en train de penser mais sans y parvenir.
Plus que 50 secondes.
Puis, l'auteure revint vers lui et le prit par le cou sans aucune délicatesse. Il lâcha quelques gargouillements (ou, en tout cas, des bruits s'en rapprochant) en réponse. Pighead ouvrit un portail. Jacket put l'observer pendant quelques secondes. C'était lumineux, coloré. Ça ressemblait presque à une vision que quelqu'un pouvait se faire de l'au-delà durant un trip. Ça aurait presque paru rassurant si ce n'était pas un portail où elle allait le jeter et où il allait se mettre à flotter pour il-ne-savait-pas-combien-de-temps.
« J'te hais, tu le sais ? »
Plus que 35 secondes.
Ce fut la seule réponse qui lui passa par la tête. Pighead ne répondit rien. Elle pensait qu'elle aurait eu plus de choses à lui dire, mais finalement, non. Alors même que c'était la première fois qu'elle le voyait depuis… non, en fait, c'était juste la première fois.
Revenant soudainement sur Terre, elle arrêta de réfléchir et balança Barths dans le portail comme un vulgaire sac à patates avant de rester là, à regarder l'intérieur. Ça allait prendre un bon petit moment avant qu'il n'atterrisse quelque part. Mais il finirait bien par trouver son chemin, elle le savait. Enfin, « trouver son chemin », c'était un peu exagéré vu qu'il n'avait plus aucun contrôle sur rien, mais bon, elle savait ce qu'elle sous-entendait par là.
« Je sais et je suis désolée. »
Plus que 20 secondes.
Au fond, Pighead était un peu déçue. Elle aurait pensé que lui et elle auraient plus de choses à se dire, depuis le temps. Mais non. C'était dommage. Mais bon, c'était comme ça. De toute façon, les choses qui ne se déroulaient pas vraiment comme ce qu'elle avait prévu, c'était un truc qu'elle connaissait bien. Quand ça se passait comme ça, généralement, il fallait essayer d'improviser un peu. C'était ce qu'elle allait faire.
Claquant des doigts, l'auteure se retrouva dans sa nouvelle voiture. Il y avait un bol de céréales au chocolat pas fini sur le siège passager. Elle le terminerait plus tard.
Pighead démarra la voiture et partit en trombe du parking où elle s'était garée. Plus que 15 secondes. Elle s'engagea sur la route et accéléra. Plus que 12 secondes. Elle n'aurait pas besoin de beaucoup de temps pour pouvoir s'échapper, merci à toutes les améliorations qu'elle avait ajouté à la Lamborghini de Jacket. Plus que 7 secondes. Ça allait le faire sans problème, surtout si elle se le répétait avec assez de conviction.
Plus que 2 secondes.
Une immense explosion de lumière se déchaîna soudainement derrière elle, engloutissant tout sur son passage. Pighead avait tout prévu pour que rien ne soit laissé derrière. En quelques dizaines de minutes, absolument tout cet univers aurait disparu. Fini. Plus rien. Même au niveau du canon, plus personne ne se souviendrait de son existence et elle n'hésiterait pas à faire son possible pour s'en assurer.
Appuyant sur quelques boutons maintenant que sa voiture était à pleine vitesse, ledit véhicule se mit à crépiter et, au moment même où l'explosion allait les rattraper, la voiture et la conductrice disparurent dans les flots de l'espace-temps, au moment même où cette Terre sans désignation voyait son existence s'achever dans un halo de lumière blanche et pure.
Les ordinateurs n'avaient pas été éteints une seule fois depuis qu'il avait commencé à s'impliquer dans tout ce bordel, c'est-à-dire depuis la semaine dernière. Sur les écrans se trouvaient des données, des profils, des noms, des chiffres qui défilaient sans s'arrêter. C'était bien la seule chose qui faisait un peu propre dans tout cet immense bordel qui, croyez-le ou non, était une chambre. En fait, c'était une seule pièce qui était composée d'un lit rudimentaire (un matelas et une couverture), d'un seau à moitié rempli d'eau et avait une fenêtre et des murs (sans papier peint). Mais l'homme qui s'y trouvait n'était pas dérangé par cela. A vrai dire, c'était son quotidien depuis longtemps, du coup, il n'y faisait même plus attention.
L'homme en question, qui était revêtu d'un long hoodie noir, de jeans, de baskets et avait le visage caché par des lunettes de plongée et un masque avec une tête de raie stylisée imprimé dessus, n'avait pas dormi depuis au moins deux jours et si on lui retirait ses lunettes, il serait tout à fait possible de voir les immenses marques de fatigue sur ses yeux. Mais quand on était dans sa position, il était facile de ne plus se soucier du simple fait de dormir.
Bon, après, c'était difficile de s'identifier à sa situation parce que tout le monde n'était pas un pirate informatique venant d'un univers où tout était relativement parti en couille et qui s'était récemment vu promettre une chance de s'échapper dudit univers.
En parlant de ça, le hacker fut interrompu par la sonnerie de son téléphone. C'était Hung Up de Madonna. Ce genre de très vieilles chansons, c'était pour lui des reliques précieuses d'un temps où tout était bien moins merdique qu'avant. Il pourrait l'écouter se répéter au moins 4 fois de suite, mais ce n'était pas le moment. Il décrocha.
« Stingray ? »
« Ouais ?, répondit-il d'une voix grave et trahissant un léger épuisement.
« Les gens arrivent bientôt, il va être temps de passer à l'étape supérieure. Va y avoir des gens qui vont débarquer dans ta piaule et t'en fais pas pour ça, c'est moi qui m'en occupe. Juste, fais-leur un peu de place. Bon, allez, tschuss, je te rappelle ! »
Stingray n'eut pas le temps de répondre que son contact avait déjà raccroché. Il soupira. Il aimerait bien que ce genre d'appels contienne plus d'informations et ne se fasse pas à l'improviste mais bon, ce n'était pas lui qui était aux commandes.
Il se remit à ses ordinateurs. Melchisedech semblait l'avoir laissé un peu en paix, ces derniers temps. Il espérait que ça puisse continuer car, après la dernière fois et même si ça l'emmerdait, il ne pouvait plus compter que sur lui-même, désormais.
« Non mais, y'a vraiment des gens qui vous comprennent ? Excepté le vieux, parce qu'il est traducteur donc ça compte pas. J'veux dire, je suis ex-trafiquant, pas Prix Nobel, moi ! »
Steven-Elon Hipanhsé (« Non, mais lui, il a plus une tête à s'appeler Jean-Roger, je pige pas pourquoi il a pris ce nom ! »), professeur d'université et Création de feu Bruce Benamran, souffla très fort pour montrer son agacement face à ce que le Geek venait de lui dire. Son Créateur parlait de ce genre de sujets tous les jours et tout le monde arrivait à le comprendre, alors pourquoi lui, ça ne marchait pas ? Bien sûr, c'était parce qu'il était bien trop pompeux pour essayer de s'abaisser au niveau des gens autour de lui, mais ça fait bien plus d'une centaine de fois qu'on lui a dit et il s'obstine à ne pas comprendre.
A ce point-là, c'était mieux d'abandonner et ne pas trop prêter attention. Toutefois, vu que c'était lui qui avait le plus d'informations parmi le quatuor, c'était lui qu'il fallait écouter.
« Ce que le chauve est en train de dire, expliqua le vieil homme normalement reconnaissable par sa chemise orange (le petit groupe était en train de discuter dans l'immense jacuzzi de l'appartement du scientifique, personne n'ayant vu d'inconvénient à cela), c'est que basiquement, la raison de pourquoi on devrait tous s'allier et rejoindre les autres, c'est parce qu'il a du fric, qu'il peut essayer de parler aux autres groupes pour essayer de tous les unir et qu'il connait aussi pas mal de choses au sujet de pourquoi on est dans la merde ! »
« Aaaaaaah, d'accord… mais par contre, ils sont tous déjà partis vers le château de Richard, du coup, ça risque d'être un peu compliqué. Je veux dire, c'est probable que tout le monde va s'allier s'ils se retrouvent tous au même endroit au même moment, donc ça, ça ira mais pour le reste, s'il faut se taper du vocabulaire compliqué… »
« Albert Einstein, sauvez-moi de ces Cro-Magnon en puissance… BON. Même si ces arguments ne sont pas complètement idiots en eux-mêmes, vous devez savoir que pour les rejoindre, j'ai déjà tout prévu pour que notre voyage soit le plus rapide possible. En effet, grâce à des composants qu'il m'a fallu des années pour retrouver et assembler, j'ai pu réussir à créer une voiture volante pouvant se déplacer à vitesse supersonique et pouvant accueillir au moins 6 personnes, 10 si on en met dans le coffre. »
« Vous rémarquez qu'il n'a pas dit « créer » et c'est normal, parce qué lés composants, il lés a volés !, s'empressa de rajouter Sebastian Castellanos, version alternative (et encore, c'était loin d'être sûr, même moi, je ne sais pas vraiment) d'un enquêteur ayant fait face aux ténèbres et savant fou de son état.
« Eh, ça va, c'était Elon Musk et on sait très bien que lui n'aurait pas fait mieux. Puis, je lui ai juste donné un coup sur le crâne et absolument rien de plus, vraiment ! »
Un silence se fit pendant quelques secondes avant que le Geek ne reprenne la parole.
« Ah, je comprends pourquoi vous avez le nom, soudainement… »
« Oui. Bon, après, moi, je dirais que c'est pas une grande perte. »
« Je confirme. »
« Aussi. »
« Y'aurais bien voulu pratiquer ouné petite expérience sur son cerveau, mais on né peut pas tout avoir, vous savez… »
« Enfin, bref, du coup, j'ai créé cette voiture volante et je suis en train de prototyper une deuxième. Je ne sais pas quand est-ce qu'une production de masse pourra être envisageable ou si c'est même possible, mais j'espère bien que ça se fera ! »
« Mais… les voitures volantes, ça existe déjà depuis des dizaines d'années. »
« Certes, mais elles carburent toujours à l'essence ! Celle-ci, toutefois, n'en a pas besoin. »
« Ah bon ? Elle utilise quoi ? »
« Du sirop de pêche ! »
« OK, nique la logique. Encore. »
« Du coup, elle est déjà prête et on peut directement aller vers le château de Richard, ça nous prendra juste quelques dizaines de minutes. 5 heures, au pire. »
« Eh bah, cool, c'est super, qu'est-ce qu'on attend ! On fonce ! »
Aussitôt après avoir dit ça, HC!Benzaie sortit immédiatement du jacuzzi et partit vers… on ne savait où, parce que Steven-Elon n'avait pas dit où elle se trouvait. Heureusement, il revint vite quand on lui fit remarquer qu'ils étaient toujours dans le jacuzzi, qu'ils ne s'étaient pas rhabillés et que monter tout nu dans une voiture volante était la dernière chose qu'ils feraient, même dans ce futur parti en couille.
« C'est encore loin, Reims ? »
« Basiquement… ça devrait nous prendre 3 semaines. »
« Vous êtes sûr que ça ira ? »
Pour répondre à la question de Maxim, Buscarron se tourna vers le groupe entier. Tout le monde était engagé depuis le début dans des discussions au sujet de tout et de rien et ça ne s'était pas arrêté, Cyborg se trouvait sur les épaules de Paula et s'amusait à faire la cavalière (Paula elle-même ne semblait pas agacée par ça, à en juger par le fait qu'elle se retenait de rire), le Visiteur était en train de courir pour rattraper les autres parce qu'il s'était arrêté pour faire pipi et Pinkie Pie chantait la chanson des kilomètres à pied qui usent les souliers. Puis il retourna à nouveau la tête vers le rouquin.
« Ouais. Sans problème. »
Quand Pighead resurgit dans la Terre D-795, elle et sa voiture se retrouvèrent loin de la ville. Plus précisément, près d'un champ de tournesols. L'atterrissage avait fait moins mal aux fesses que ce qu'elle avait pensé, ça, c'était bien.
Elle continua à conduire. Il n'y avait absolument personne. Elle regarda un peu partout. Toujours personne. Finalement, l'auteure décida de s'arrêter un moment et gara son véhicule dans un champ de tournesols avant de descendre de la voiture.
Il faisait beau et le soleil était éclatant. Il y avait un petit vent frais. Les tournesols étaient jaunes et semblaient avoir bien poussé. Ça aurait presque pu lui faire oublier que c'était un mauvais futur, l'espace de quelques secondes. Pighead marcha un petit peu, de façon insouciante, sans se préoccuper de ce qui était autour d'elle. Après quelques secondes, elle se retrouva sans vraiment s'en rendre compte près d'une grotte. C'était bizarre, pensa-elle, elle se serait attendue à en voir une dans une forêt, plutôt.
Elle laissa son regard traîner vers l'entrée de la grotte. Elle n'avait pas prévu de s'y aventurer, parce qu'elle n'avait pas le temps, mais vu qu'elle prenait une petite pause avant de repartir…
Cette entrée était comme toutes les entrées de grotte : il faisait noir, ça semblait profond et ce n'était pas vraiment hospitalier. Rien de nouveau. Pighead tourna encore un peu la tête vers le champ de tournesols, puis revint reposer son regard sur l'entrée de la grotte… et ce qu'elle vit la surprit au plus haut point.
Un groupe de jeunes femmes venait de littéralement apparaître par surprise devant elle. Elle savait que c'était d'autres femmes grâce à leurs voix, vu qu'elles étaient en train de lui tourner le dos, et elle pouvait les entendre très clairement parler fort, des cris de douleur être poussés et, à en juger par leurs exclamations, une main avait été écrasée et une épaule, mordue. Naturellement, Pighead voulut s'approcher pour pouvoir s'informer de ce qui se passait.
Mais quand elle fut à leur portée, un clignement d'yeux suffit pour les faire disparaître. Elles n'étaient plus là. Elles n'avaient jamais été là. Les longues oreilles de l'auteure s'aplatirent et son visage, après quelques secondes de choc, prit une mine dépitée. Elle se mit à regarder ses baskets. Il n'y avait toujours qu'elle. Le vent continuait de souffler doucement.
Evidemment.
Pighead passa encore quelques secondes immobile avant de se retourner et de repartir vers sa voiture, mais en traînant des pieds, cette fois. Elle qui pensait que ce genre de choses ne lui ferait plus rien aujourd'hui…
Elle continua à marcher puis, une fois qu'elle fut à nouveau dans sa voiture, elle passa encore quelques secondes à regarder le vide, l'air absent. Avant qu'elle ne se mette une bonne grosse claque pour revenir à elle et se souvenir qu'elle avait une nouvelle chose à faire, maintenant qu'elle était revenue chez elle.
Pighead démarra la voiture et commença à partir vers son nouvel objectif. Elle espérait qu'ils arriveraient tous vite. Ce qu'elle avait vu allait vite rejoindre la liste des visions inconfortables qu'elle voudrait oublier le plus vite possible pour une raison ou une autre.