1-3 : Mal de haine et d'amour

ZYNNTOLI

Le bellâtre des tourments s’amène. Prestez-vous vers le manoir, je vous mande. J’ai à faire le sondage d’une âme bien réprimée.

 

AROUÉZ

Je place en toi l’espoir d’un aveu résolu … Allez, my lady Blue, partons ! (Sortent ROER, AROUÉZ et LADY ZOLINA.)

 

ZYNNTOLI

Bien le jour, ami de tout jour.

 

EREMNÉO

Pour nous, de toujours est trop court

 

ZYNNTOLI

Certes. Pour sonner le tocsin, l’instant est bien sourd.

 

EREMNÉO

Oh ! Tu as raison. Le moment est triste, court et sourd. Le soleil paternel est parti vers l’horizon.

 

ZYNNTOLI

Quel est ce temps affadi que tu nous prêtes là. Puis-je en avoir la raison ? Si ce n’est claire et nette, je la veux quand même.

 

EREMNÉO

Justement, j’aimerais rompre le temps pour ne rien ressentir.

 

ZYNNTOLI

Va ! Malade ?!!

 

EREMNÉO

D’amour...

 

ZYNNTOLI

Perdu ?

 

EREMNÉO

Tous les jours que je me dés-aime.

 

ZYNNTOLI

Oh ! À bas le flambeau ?! Il va en guerre contre lui-même. Il en essuie le rameau. Pour un amour ?

 

EREMNÉO

Hélas ! Oui, pour un amour. Plus récent que le bruitage que j’ai entendu. Ne me claire cette voie quand j’entends le son argentin de la fontaine couvrir le tumulte assourdissant. Qu’il soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Si présent dans cette volonté parasite d’hôte. Si absent de mon existence d’émotion autre. un chemin vers son but. Tout est passé dans la haine. Tout est futur mais plus encore avec l’amour ou autrement malheur … Bonheur ! ô douloureux bonheur d’aimer! Ô malheureux bonheur ! Ô absolu, créé du néant ! Ô cruel plaisir ! Être de non-existence ! Existence d’être à ses côtés ! Éternité éphémère ! Illusion substantielle du beau ! Beau du laid. L’est, la beauté, si glacée, si chaleureuse ! Voilà l’amour que je sens et je n’y sens pas d’amour… Tu te moques mélancoliquement de moi, n’est-ce pas ?

 

ZYNNTOLI

Non, mon cher ami : je jalouserais plutôt de l’attention.

 

EREMNÉO

Fiévreux avare que tu es ! Et quid d’autre ?

 

ZYNNTOLI

L’autre que j’aperçois m’a l’air dans un sale état.

 

EREMNÉO

Oui, tel est la cause de l’apathie. La pesanteur qui me choit t’emprisonne. La contagion s’affile de vices pour atteindre son but. Prend garde et parti ! Ne sois pas affecté avec ma motion de sentiment car elle est tenace. … Pour toi, c’est un croyant délire… Tu me montres trop ce que tu veux croire et me culpabiliser en visions. Pour me guérir de ce que j’ai, tu te comportes en salvateur sympathique. Aucune besoin de ça. L’amour est une douce brise réparatrice. Brute et clarificatrice, c’est comme une éclair qui foudroie le mal en la racine. Qu’est-ce encore qui honore mon capricieux cœur ?

 

ZYNNTOLI

Quand une certaine racine est broyée, c’est l’origine de tous les maux. Comme le scintillement dans le ciel. Liquéfié, c’est une ozone pure qui asphyxie.

 

EREMNÉO

Bah ! Je suis déjà à moitié mort si je dois vivre sans amour ! Je ne serais plus qu’un fantôme. Ce ne serait plus EREMNÉO que tu verras, il sera ailleurs. Au revoir, mon cousin. (Il va pour sortir)

 

ZYNNTOLI

Doucement, je ne voulais te froisser dans tes plans détaillés. Cela me fait injure que je sois devenu plus ennemi qu’un ami pour toi.

 

EREMNÉO

Rassure-toi. Tu es toujours un ami pour moi. C’est difficile

 

ZYNNTOLI

Dites cette difficulté franchement.

 

EREMNÉO

Franchement ? Tandis que mon cœur me trompe. Je ne sais plus si je souffre ou si j’aime. Dis donc à un fou de retrouver la raison ! Ah ! Ce serait plus facile de juste admirer une femme.

 

ZYNNTOLI

En t’auscultant, j’avais examiné vrai.

 

EREMNÉO

Excellent docdouleur ! … Je prime que son éclat luit en la nuit.

 

ZYNNTOLI

Plus son éclat brille, bel ami, plus tu la sentiras en la Nuance.

 

EREMNÉO

La Nuance-ci ne pâlirait pas à côté de celles de grands seigneurs. En plein d’effets, elle est puissante en caractère et inatteignable en sentiment. Elle se transpose dans une autre dimension où vit loin l’Amour. Elle ne se courbe pas au charme coloreyscent. Elle se dérobe aux sortilèges nyctaléscents. qui pourraient l’apprivoiser. Oh ! Elle ne maudit pas son enchantement dans le miroir ivorey. C’est dans sa sainteté, telle une Source, que se conjure ses beaux trésors !

 

ZYNNTOLI

Par les Sources ?! Ne serait-ce pas trop exagéré ?

 

EREMNÉO

Je me conjure si ce n’est pas l’idéale sincérité que tout le monde complaît. En outre, en assoiffant sa sincérité par ses hauteurs, elle en oublie sa grandiosité de son charisme. Elle est trop étincelante, trop prudente, trop prudemment étincelante, car elle pressent le goût du miel en mon espoir. Elle n’a même pas l’attention que je portais envers elle. Ce déni ment ce que j’éprouve.

 

ZYNNTOLI

Je te prête ma lanterne, si tu veux bien.

 

EREMNÉO

Oh ! J’en ai trop eu l’usage. Que me sous-entends-tu ?

 

ZYNNTOLI

Suis le chemin de la dénégation. Ou va vers des passe-blancs.

 

EREMNÉO

Ce serait un bien horrible usage de tromper la réalité trop exquise. Les tristes bouffons de la Cour sont bénis. Oui, se parent de luxure. Oui, se tardent de compromissions. Et n’acceptent rien de leur noirceur ou noient leur blancheur pour être comme tous. Coloré. Cela me rend malade d’incrédulité cet impérieux besoin de se mirer dans la masse. Elle reste inchangée. Cet inexpiable cadeau fait me retrouver et me perdre à la fois. Adieu ! Je pars en cette mansuétude.

 

ZYNNTOLI

Je paierai ton absolution, dussé-je mordre le noirot diable par la queue ! (Ils sortent.)

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