2-1 : Marchandage illégal

Façade haute de 5000 pieds, de bardage de cristal noir et toit de tuiles rouges. Avec une grande porte à double battant en bois d’haebén et un jardin à la géométrie shamaryenne plus loin.

C’est le devant du manoir des Pijnóz.

 

Entrent YIRGATT, TYBÉRONE et un valet

 

YIRGATT, faisant une moue méprisante,

Ah, ce sacré Zamine ! Toujours prompt à la bagarre ! C’est qu’il ne veut pas usurper son titre si durement volé. Il n’est pas bien difficile de lui chercher des soux à ce nalbouin. Et Arouéz… Hum !!!

 

TYBÉRONE

Vous n’avez aucun doute. Vous faites blêmir votre Nuance envers l’Empereur en semant la haine dans le cœur des concitoyens. Vous trois pourriez en pâtir. Vous les détestez donc à ce point ?

 

YIRGATT

Sache, jeune homme, que, dans la vie, il ne faut pas se laisser guider par la peur ou le doute sinon on ne fait rien de son être. Et encore moins pour s’occuper son paraître. Il faut faire flamboyer sa Nuance et ne pas hésiter à battre le monde quand il est chaud.

 

TYBÉRONE, sibyllin,

C’est peut-être mon destin … En ce qui concerne notre affaire …

 

YIRGATT

Ne te fie pas trop à ce dernier. Tortueux et méprisant. Capricieux, le calice se fait sa lie en la rivière des cheveux de blé de Djulieta. Les maux provoqués par cette apparition se trouvent mailles à partir quand ils sont opposés à d’autres mots. Ceux de similaires jouvenceaux qui frissonnent face à elle. Ne vous lassez pas si vite dans les malfaçons des gens. Ne vous sommez pas en limites de manières de ce que vous devez faire. Le temps s’élime, plus le fil de la tisseuse se tire. C’est une longue missive à travers l’espace et le temps, ardent Tybérone. Vous ne savez ce que sont les chemins bleutés quand ils deviennent innombrables à celui qui s’y perd pour quérir le cœur de Djulieta. Trop vite et tu saurais la brusquer. Trop lentement et tu te verrais la manquer. Pour vous prévenir du tout et du bien, sa conquête ne sera rien et mal parti par rapport aux vôtres anciennement charmées. Mon assentiment pour votre potentielle oasis de désir ne serait être que l’agrément de votre accomplissement. Vous savez que ce soir a lieu la fête des Teinteries, qui célèbre l’avènement de notre empereur. C’est un usage sacré qui pourrait faire place à une idylle divine. Vous y êtes déjà invité ? … Bien ! Nous nous y retrouvons donc. (De sa main musculeuse, il lisse son col doré de pourpoint albâtre et sort avec TYBÉRONE.)

 

LE VALET, affairé sur les ferrets,

 

Astiquer le mobilier de rose et d’haebén, faire luire l’argenterie, dépoussiérer les tapis birzans... Ce n’est qu’un fragment qui n’en finira de mon équipée. (Les autres au loin lustrent dorures, porcelaines…) Dans cette vaste pièce solaire et bleuet au plafond de verre, je ne sais trop que faire. (Il trime à finir le dernier couvert.) Oh, tâches ingrates ! Elles deviennent dures à se faire achever.

 

 

 

S’insurge brusquement Térua dans la pièce.

 

 

 

TÉRUA, LE PAGE DE DJULIETA

 

Valet ! L’inflation de votre peine n’est pas de droit à cet endroit !! Comme toute soubrette et valet, votre travail consiste à entretenir la demeure de notre seigneur sans se faire prier. Tout ce que vous faites dans votre dur labeur est forcément avec plaisir. Dut-il vous agenouiller pour vous faire reluire les dessous. Sinon, ce serait la porte pour vous, comprenez-vous ?

 

 

 

LE VALET

 

Oui, j’ai compris. J’effectuerais ma besogne avec minutie et silence. (Vindicatif. En aparté. Au public.) Cela me ferait mal de prendre la porte. Qu’il vienne s’il ose me sonner la cloche.

 

 

 

TÉRUA

 

On a à protéger les apparences et à préserver la réputation de Sieur Pijnóz des satanées moqueries de courtisans plaisantins.

 

 

 

LE VALET

 

Oui, m’sieur Térua.

 

 

 

TÉRUA

 

Je vois là encore quelques traces sur cette saucière. Est-ce de la minutie ? Je dirais que vous faites ça avec facétie. Vous êtes…

 

 

 

LE VALET, écoutant d’une oreille. En aparté. Au public.

 

Quel fossoyeur de bonhomie ! Un bonsoir ne lui ferait pas de mal.

 

 

 

TÉRUA

 

Est-ce vous m’entendez parler au moins ? J’ai l’impression que vous ne m’écoutez pas !! (Il va pour souffler une menace.)

 

 

 

LE VALET , le remettant à sa place.

 

Rappelez-moi une chose déjà. Vous êtes cher mais vous n’êtes pas maître. Même que vous l’aimez bien… Tu tut… Tout le monde le sait au manoir et il serait dommage qu’une personne l’ébruite au dehors. Comme vous le claironnez : ‘’ Il faut saillir les apparences pour faire jaillir la réputation de Sieur Pijnóz, toute sauve des espiègleries’’. Conséquemment, je m’occuperais de cette saucière si vous vous préoccupez de la votre. Et tout le monde restera dans les petits papiers de tout le monde.

 

 

 

TÉRUA, ne sachant où se mettre,

 

C’est que… Vous...

 

 

 

LE VALET

 

Je clôturais ce flot de mots si vous êtes raisonnable.

 

 

 

TÉRUA, bas au Valet, le regard assassin,

 

Vous croyez que j’ai de la raison Je pourrais vous faire taire ...

 

 

 

LE VALET, effrayé, sentant les choses s’inverser,

 

Comment ?!! Vous ne pouvez p…

 

 

 

TÉRUA, la mire d’une foudre meurtrière,

 

Je peux disposer de vous comme il me semble. Hybride informe. Pâle coloré. Vous n’êtes rien dans ce monde. Reprenez votre travail.

 

 

 

LE VALET, En aparté. Au public.

 

Je ne suis point fou pour plus asticoter un vrai barré du bocal. La bière est bonne mais l’enterrement, non. Allons-y. (Il s’éloigne de lui furtivement et se remet au travail.)

 

 

 

TÉRUA

 

Oh, ces domestiques au sang-mêlé ! De sales vermines qu’il faudrait fouler du pied plus qu’écouter. (Il se regarde dans un miroir aux frisures crème.) Que diantre ! Cela m’a fait blanchir ma face. Au moins, mes lignes tatouées se mettent en relief pour ma beauté !

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