1. Mahaut, fille de personne

Par Elka

L’auberge sentait le lard et l’oignon – les composants principaux de la plupart des plats qu’on y servait. C’était un établissement trapu, avec un sol de terre battue et des petits carreaux donnant sur la place du château. La salle principale n’était pas bien grande, les clients s’y entassaient autour de tables en bois taché par le gras et les débordements de boissons, dos et coudes se rencontrant à chaque mouvement trop ambitieux.

Avant, la gérante devait crier par-dessus le chahut des conversations pour faire passer les plats et les choppes sans risquer de coller ses poignets d’amour contre n’importe qui. Depuis quelques temps, elle passait un plateau à Mahaut, qui se glissait comme une anguille, et distribuait poêlées de patates et sourires courtois.

Elle avait débarqué en ville un beau matin, sans presque rien savoir d’autre que son prénom et son âge – douze ans –, avec juste une robe de toile grossière sur le dos et une élégante broche épinglée au cœur. Elle était entrée au Canasson Chantant par hasard, et la veuve l’avait prise sous son aile. Mahaut logeait sous les combles, dans une chambrette à l’exiguïté rassurante, et travaillait pour payer le gîte et le couvert.

Après bientôt trois semaines, elle se sentait tout à fait à l’aise.

— P’tite Mahaut, tu m’en remets une giclette ? la héla un habitué en tendant sa choppe.

La jeune fille tendit le bras pour s’en saisir et rejoignit la gérante suant devant ses casseroles, qu’elle remuait d’une main experte, un poing sur la hanche. Elle avait le chignon haut et le regard droit.

— Pas de soucis en salle, Mahaut ?

— Aucun, patronne, dit-elle en actionnant le tonneau de bière.

Elle était devenue experte pour remplir un verre et enlever la mousse. Au lieu de repartir tout de suite, elle avança le nez au-dessus des fourneaux.

— Ça a l’air bon !

— Je t’en ai mis une assiette de côté.

— Merci, patronne !

Un sourire illumina le visage de la femme. Mahaut ne savait pas ce qu’elle serait devenue sans la chaleur de sa présence et cet amour avec lequel elle la gâtait. L’idée de poser un bisou sur sa joue la traversa, mais elle ne put s’y résoudre et retourna dans la mêlée du bruit et des corps pour servir l’habitué. Elle allait prendre une autre commande quand la porte de l’auberge s’ouvrit.

— Bienvenue ! lança-t-elle en s’approchant avec difficulté. Vous voulez une table ? Il reste quelques chambres, si vous désirez.

Elle venait de remarquer les vêtements du nouveau venu – la patronne lui avait appris à repérer les voyageurs.

Celui-ci était assez âgé. Les rides de son front accentuaient la force de son regard. Il avait une peau mate, usée par les ans et le soleil, comme le cuir de sa sacoche et de ses chausses éculées et salies de terre. Sa cape de voyage, ainsi que ses braies et son surcot, avaient été raccommodés en plusieurs endroits.

— Je verrai pour la chambre, répondit-il d’une voix craquelée. Pour l’heure, je voudrais manger.

— Il y a de la place là-bas, je vous apporte le plat tout de suite.

— Avec du thé. Il faudrait nourrir ma monture, aussi.

— Je m’en occupe!

Elle alla prévenir la gérante, posa une assiette et un bol fumants devant le voyageur et quitta l’auberge pour aller à l’insectarie.

C’était une belle journée, le ciel d’un bleu lumineux avait encouragé les gens à sortir. L’auberge donnait directement sur la place principale et son marché perpétuel. Quand elle le pouvait, Mahaut adorait y flâner. Elle comptait et recomptait ses écus durement acquis, aussi bien devant les tartelettes à la croûte dorée, que face aux étals de vêtements.

La patronne n’avait pu lui offrir que le strict minimum, et Mahaut rêvait d’un surcot coloré ou d’une tunique aux manches brodées. Le blanc et le marron se confondaient un peu trop à son goût à sa peau pâle et à ses cheveux bruns coupés au carré. Une touche de rouge ferait oublier « ses vilaines tâches de rousseur », avait mentionné une marchande, et Mahaut s’en était allée honteuse et vexée, se jurant de ne jamais rien lui acheter.

L’insectarie de l’auberge se trouvait à l’arrière. Une route dérobée permettait d’y accéder sans passer par les grandes artères de la ville. Là, les pavés étaient rarement entretenus, et il fallait combler certains nid-de-poules avec de grosses pierres récupérées en dehors des fortifications.

Mahaut n’était encore jamais sortie de l’enceinte du château. Parfois, l’idée la traversait, mais elle était bien dans la routine rassurante de l’auberge et du marché. L’extérieur demeurait pour l’heure aussi inquiétant et vertigineux que le vide béant de sa mémoire.

Mahaut remarqua d’abord la charrette. Quelqu’un avait dû aider l’homme à la dételer car elle était de belles proportions. Une toile – arrondie par des arceaux – protégeait de potentielles marchandises. La curiosité la poussa à s’approcher, mais elle remarqua alors la monture et ne put s’empêcher de lâcher une exclamation admirative :

— Ce que t’es beau !

Le scarabée rhinocéros ignora son compliment. Il promenait sa corne sur le sol à la recherche de nourriture. Mahaut s’empressa de ramener des brassées d’herbes hautes et de feuilles, et de remplir son abreuvoir d’une eau claire. Puis elle se posta contre la barrière et l’admira.

Le soleil donnait des reflets dorés à sa carapace, comme du caramel liquide. Ses six pattes puissantes étaient d’un noir aussi profond que sa tête, sur laquelle sa longue corne recourbée aurait intimidé n’importe quel soldat sur-entraîné.

— Mais tu as l’air gentil comme tout, souffla Mahaut.

Elle hésita, mais déverrouilla le box pour s’approcher prudemment. Le scarabée colla aussitôt sa corne contre elle, cherchant une friandise cachée, et elle le repoussa en rigolant.

— J’ai rien de plus, désolée. Y a que ma broche, là dessous.

Elle caressa l’exosquelette tout doux de l’insecte et, en gage de sa bonne foi, délaça son surcot pour lui montrer le bijou en argent épinglé sur sa chemise.

— Tu vois ? Rien de plus.

Elle le laissa manger et remit le loquet derrière elle. Du pouce, elle caressa sa broche. La patronne n’aimait pas qu’elle travaille avec un objet aussi précieux, mais Mahaut répugnait à s’en séparer. C’était tout ce qui restait de sa mère.

Elle ne se souvenait ni de son visage, ni de sa voix, ni des circonstances de sa mort : mais elle savait que cette broche était son dernier présent.

Plusieurs fois, elle l’avait minutieusement observée, sans déceler aucun indice. Le bijou représentait une rose entourée de quatre feuilles, le tout joliment ouvragé.

Tout d’un coup, un hurlement inhumain déchira le ciel.

 

Mahaut se précipita vers le marché mais ne comprit pas immédiatement ce qu’elle vit. En lieu et place des auvents et des étals lourds de marchandises, il n’y avait que des décombres dans un nuage de poussière. Les gens couraient, s’enfermaient dans les bâtisses basses ; il y avait comme un cri de terreur continu, ponctué de l’écroulement d’un bâtiment, quelque part.

Un nouveau hurlement, rauque et profond, résonna. Pétrifiée, Mahaut leva les yeux.

Une silhouette noire fendit les airs, ondulant comme un serpent sur l’eau, mais pourvu de deux larges ailes de chauve-souris et de quatre pattes rabattues sous son corps.

Mahaut recula, le cœur battant à tout rompre. La créature se posa sur le toit d’une maison. La jeune fille vit les griffes s’enfoncer dans les tuiles, qui dégringolèrent et se fracassèrent au sol ; la queue, qui se terminait en pointe de flèche, fouetta les murs et brisa une vitre. Elle dressa ensuite son long cou vers le ciel et poussa un cri stridulent, victorieux.

— Mahaut ! s’exclama quelqu’un.

La patronne venait d’ouvrir la porte de l’auberge, le visage blanc de peur, les yeux écarquillés.

— Ma petite, viens vite !

Mais le dragon – car s’en était un, quoi d’autre sinon ? – posa ses yeux brûlants sur l’aubergiste. Il l’avait entendue, malgré la distance et la grêle de débris que sa présence sur le toit provoquait. Ses ailes se déployèrent et, d’un mouvement, l’envoya dans les airs. Il fondit sur la place et se posta face au Canasson Chantant dans un tremblement qui fit tomber Mahaut et ébranla les fenêtres. Il commença à s’approcher en grondant et la patronne claqua le battant pour se protéger.

Le sang de Mahaut ne fit qu’un tour. Sa main trouva une pierre de belle taille qu’elle saisit.

— Hé, toi ! appela-t-elle avec rage.

Elle s’avança vers le monstre et lança son projectile de toutes ses forces. Il tomba devant le dragon sans le toucher, mais attira pleinement son attention. Sans le lâcher du regard, elle se pencha pour ramasser deux autres pierres.

— Va-t-en de là !

Son second lancer toucha sa cible. Les yeux de la créature parurent s’allumer de la même colère qui quitta subitement Mahaut. Il fit un pas vers elle, son cou au ras du sol, allongeant sa tête dans sa direction.

Elle n’avait jamais eu si peur de sa vie. Instinctivement, elle jeta son dernier projectile sur le museau du dragon, qui gronda, claqua des mâchoires, mais n’arrêta pas sa progression.

Elle devait courir, maintenant, même s’il était évident qu’il la rattraperait. Elle avait la gorge sèche, les oreilles bouchées par le sang qui pulsait dans ses tempes.

Un objet jaillit alors devant le dragon, le stoppant net. Il y eut quelque chose de comique dans la façon dont il cligna des yeux, mais quand le débris heurta sa cornée, un rugissement monstrueux jaillit de sa gorge, arrachant Mahaut à sa tétanie.

— Cours ! ordonna quelqu’un.

C’était un garçon de son âge, une fronde à la main. Ses jambes tremblaient, mais son geste était assuré quand il fit à nouveau tourner son instrument.

Le dragon dut saisir la manigance, car il allongea sa gueule vers Mahaut, comme un serpent attaquant sa proie, et lui frôla la jambe alors qu’elle se jetait sur le côté. Ignorant la brûlure à sa cuisse, elle se précipita vers le garçon et sauta sur lui. Ils heurtèrent douloureusement le sol, au moment où la queue de la créature sifflait au-dessus de leurs têtes.

— C’était moins une, dit-il d’une voix blanche. Vite, faut partir.

Ils se remirent debout pour s’éloigner, le dragon lâcha trois brefs jappements. Le garçon se retourna, prêt à user de sa fronde à nouveau, mais Mahaut le tira par le coude.

— Joues pas les héros ! reprocha-t-elle.

Une étrange chaleur commença à palpiter au niveau de son cœur, alors qu’elle entraînait le garçon dans leur fuite.

Soudain, un vrombissement se fit entendre. Ils s’engouffrèrent dans une ruelle et, dos au mur, haletants, ne purent s’empêcher d’observer la suite. C’était la première fois que Mahaut voyait la garde royale en action.

Ils étaient six, et leurs montures brillaient de mille couleurs sous le soleil. La capitaine montait un lucane aux reflets bordeaux qui plongea vers le dragon ; sa cavalière asséna un grand coup d’épée qui fit voler des écailles.

Le combat dura assez pour que Mahaut perde espoir. Le dragon louvoyait entre les coléoptères, fouettait les élytres de sa queue pointue, les balayait d’un puissant coup d’ailes. Contre sa poitrine, la chaleur s’intensifia tant qu’elle eut la sensation d’étouffer.

— C’est quoi, ça ? s’enquit le garçon, ébahie.

Il désignait sa broche, qui luisait comme un soleil. Aussitôt, le dragon cria. Il effectua une vrille élégante dans les airs, esquiva une libellule, envoya un puissant coup de patte dans une cétoine, et fila droit vers Mahaut.

La broche brûlait mais ne la blessait pas. Mue par un instinct inconnu, Mahaut quitta son abri de fortune et fit face à la bête. Elle détacha son bijou d’un geste sec et le brandit au-dessus d’elle. Elle sentit quelque chose vibrer contre sa paume, comme un gros bourdon, et la lumière parut s’intensifier avant de former un rayon qui heurta le dragon.

Celui-ci geignit de douleur, menaça de se jeter sur Mahaut, avant de se prendre un second rayon. Blessée, la créature s’éleva loin au-dessus de la garde royale avant de s’échapper et de disparaître à l’horizon.

Mahaut tomba à genoux, hébétée. Autour d’elle le silence était total, à moins que ce ne soit le coton qui paraissait boucher ses oreilles. Elle avait la gorge sèche et les mains fébriles. Sa broche était redevenue ordinaire ; elle l’épingla maladroitement à sa chemise.

— Bah dit, qu’est-ce qui vient de se passer ? demanda le garçon pour eux deux.

Elle secoua la tête, tout aussi perplexe.

 

La garde royale mit pied à terre au milieu de la place dévastée. Tout autour, les gens quittaient prudemment leur abris, foulaient du pied les fruits écrasés, ramassaient distraitement les tissus, poussés par un besoin de remettre de l’ordre. Frissonnante, Mahaut relaça son surcot sur sa broche et croisa les bras sur sa poitrine.

— T’as froid ? s’enquit le garçon.

— Je ne sais pas, bredouilla-t-elle.

Les évènements commençaient à s’emboîter, ce qui ne l’aidait pas à se calmer. Pire, la capitaine leur fit signe de s’approcher. Ils s’avancèrent sous l’attention de tous, ce qui était terriblement gênant. Mahaut préférait son bon vieil anonymat. Elle coula un regard en coin à son compagnon, qui marchait le dos droit mais serrait les poings et les lèvres. Il avait de courts cheveux ailes de corbeaux, la peau blême, le nez en trompette et une cicatrice sous l’œil droit. Il portait un tablier de cuir taché, une ceinture dans laquelle il avait coincé sa fronde, et un pantalon épais rentrée dans de lourdes bottes. La tenue des forgerons. Sa fausse assurance fondit totalement devant les soldats, ne laissant de lui que sa grande carcasse maigrichonne.

Bertille Lucanus, capitaine de la garde, les observa de haut pendant ce qui parut une éternité. Ses épais cheveux clairs paraissaient blancs sous le soleil, et son armure d’argent était éblouissante. L’avoir vu combattre dans le ciel la rendait encore plus impressionnante sur terre. Elle fronça les sourcils.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle.

— Robin Janvier, répondit aussitôt le garçon.

Mahaut retint sa surprise. C’était les orphelins de naissance qu’on nommait avec les mois de l’année. Dame Lucanus fit passer son regard perçant sur Mahaut qui s’apprêta à répondre quand un claquement sourd retentit.

— Elle y est pour rien !

La patronne du Canasson Chantant les rejoignit d’un pas pressé, les pommettes rouges. Elle relevait sa robe pour avancer plus vite, et écrasait sans vergogne tomates et laitues.

— Je me porte garante d’elle, Dame, dit-elle en se postant entre sa protégée et la soldate. Mahaut est à Fort-Levant depuis moins d’un mois et elle est amnésique.

— Est-elle muette aussi, que vous deviez vous exprimer pour elle ? reprocha la capitaine d’un ton aussi tranchant que son épée.

Le teint de la patronne vira au lait caillé, et Mahaut surmonta son stress pour se décaler et déclarer :

— Je ne suis pas muette, mais c’est vrai que je ne sais pas d’où je viens, ni quel est mon nom de famille.

Elle soutint l’attention de Dame Lucanus.

— Et cette broche, que tu caches ?

La jeune fille porta instinctivement la main à son cœur.

— Je la tiens de ma mère décédée. C’est tout ce que je sais.

— Ce qui vient de se produire…

— C’était la première fois, Dame, je vous le jure !

Elle déglutit, mais sa gorge resta aussi sèche qu’une poignée de sable. Dame Lucanus l’étudia encore plusieurs secondes avant que ses traits ne se détendent et qu’un très léger sourire lui tire la commissure des lèvres.

— Apaise-toi, petite, je ne vais pas punir celle qui a sauvé notre ville. Et vous aussi, madame, ajouta-t-elle en se tournant vers l’aubergiste. Je suis mère, je comprends votre férocité à la défendre, mais elle ne risque rien.

Son visage se fit alors plus sérieux.

— Cependant, vous vous doutez que les choses ne peuvent s’arrêter là. Un dragon à Fort-Levant, ça ne s’est jamais vu. Les derniers se terrent dans les recoins du monde et ne s’aventurent normalement plus dans les lieux habités.

Elle passa la main dans ses cheveux, cachant difficilement son anxiété, ce qui se révéla plus inquiétant encore que l’attaque qu’ils venaient de subir.

— Tu vas venir au château avec moi, petite. Le roi doit être mis au courant.

La tête lui tourna. Le roi ? Elle entendit à peine Robin qui s’exclamait :

— Si elle va rencontrer le roi, moi aussi ! On était deux à se battre !

— Calme-toi, garçon, lui dit sèchement Dame Lucanus. Mahaut me semble être la personne importante dans cette histoire.

Le garçon se froissa, les yeux soudain brillants et pleins de rage. Mahaut le regarda à travers son cœur qui caracolait d’adrénaline et d’anxiété mêlées, à travers le sang qui lui cognait aux tempes. Elle leva les yeux, loin au-dessus de Bertille Lucanus, de ses soldats, des toits colorés des maisons ; à flanc de montagne, ses tours lancées à l’assaut du ciel, le château la menaçait de son inconnu.

— Je veux qu’il vienne, décida-t-elle. Je ne viens qu’avec lui.

Elle lui prit la main pour appuyer sa décision, la serrant très fort pour ne pas trembler, affrontant le regard de la capitaine des gardes en se retenant de ciller. Elle ne voulait pas y aller seule, certainement pas. Tant pis si elle ne connaissait Robin que depuis quelques minutes.

Dame Lucanus les jaugea l’un après l’autre, laissa échapper un soupir résolu, et accepta d’un hochement de tête.

— Mahaut, tu montes avec moi. Ghislain ! interpella-t-elle en se retournant, tu prends Robin Janvier avec toi. Hâtons-nous !

Mahaut se tourna vers la patronne, en proie à une violente panique. Ils partaient ? Déjà ?

L’aubergiste posa les mains sur ses épaules, hésita, puis l’attira brièvement contre elle. Une étreinte forte, qui réchauffa Mahaut mieux que de belles paroles. Elle se détacha, osa un sourire et accepta l’aide de Dame Lucanus pour grimper sur sa monture.

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Nanouchka
Posté le 21/06/2023
Salut Elka,

Ébouriffant, comme premier chapitre ! Ma partie préférée, ce sont les insectes à taille de mammifère, clairement. J'ai senti ma curiosité fantasyque (pourquoi pas) piquée et je veux désormais tout savoir sur leur fonctionnement.

La protagoniste amnésique avec le bijou relique de famille me semble assez courante dans les romans fantasy. Est-ce que tu prends le trope pour ensuite le détourner, ou pas forcément, c'est juste que t'aimes bien ce perso et tant pis si c'est un trope ?

Pour le moment, elle m'a semblé sympathique, avec sa bonne humeur, son envie de bien faire, sa gentillesse envers Bertille et Robin, sa combattivité. Elle a l'air très... sereine, en fait. Ça me donne la sensation qu'elle n'aura pas de transformation émotionnelle à traverser au fil de l'aventure (du genre "apprendre à pardonner ses imperfections et à s'aimer telle qu'elle est"), qu'il s'agira plutôt d'une histoire de retrouver la mémoire au fil des péripéties royales et dragonnesques ; c'est un pressentiment avéré ou complètement à côté de la plaque ?

C'est fluide, le monde est clair, les scènes ont un bon rythme.

Je me demande si le premier chapitre n'est pas un poilinou trop chargé. Parce que ça fait direct situation initiale (l'auberge), élément déclencheur (le dragon), l'héroïne révélée comme élue (le bijou) et le départ pour l'aventure (la convocation au chateau et l'au revoir à l'aubergiste). Ce qui est un gros gros gros condensé de début d'histoire, du coup. T'avais envie d'entrer dans le cœur du récit au plus vite ? J'ai vu que tu mettais que tu voulais faire efficace car c'est pour la jeunesse, t'imaginais quel âge du coup ? Parce qu'autant les pitits (9-12), ils ont besoin que ça envoie direct, autant les ados ont plus de patience pour d'abord apprendre à connaître leur perso point de vue, et ensuite partir à l'aventure.

Au niveau des caractérisations (en adjectif/adverbe/compléments), j'ai eu le sentiment que certaines étaient vagues/génériques, et gagneraient à être plus spécifiques et sensorielles.
Pour te donner un exemple : "La salle principale n’était pas bien grande, les clients s’y entassaient autour de tables en bois taché par le gras et les débordements de boissons, dos et coudes se rencontrant à chaque mouvement trop ambitieux." "Pas bien grande" pourrait être une image d'équivalence de taille ("aurait pu contenir deux charrettes à peine"), "débordements de boissons" pourrait être "mousse de bière" (ou ce qui est le plus servi et bu là), et "mouvement trop ambitieux" pourrait être "chaque fois qu'un voyageur s'étirait les jambes". Pour le même nombre de mots, on aurait plus d'images claires, je me dis, tout un monde qui habiterait dans notre cerveau.

Voilà toutes mes penséééééées. Bonne journée !
Elka
Posté le 13/07/2023
Coucou !
Ohlala je suis désolée j'ai du retard dans mes réponses. Merci pour ton retour super complet ♥
Alors le récit est effectivement destiné pour du 12/13 ans (j'ai eu la chance de pouvoir le tester sur une lectrice de 12 ans, et de ce que j'ai su de son retour ça a tapé là où je voulais. Mais j'ai bon espoir que des lecteurices plus âgé.e.s y trouveront aussi leur compte)
Donc oui, le rythme de ce premier chapitre est voulu. Je connais pas propension à tout laisser traîner, et c'était aussi un exercice pour moi d'installer aussi vite mais précisément que possible la situation initiale et l'élément déclencheur. Y a aussi une autre raison, mais chut.
Néanmoins ta remarque est prise en compte ! Je la croiserai avec d'autres retours.
Du coup, en ce qui concerne le cliché amnésie + bijou magique, c'est aussi totalement voulu. Mais plus pour partir du connu et y apporter un plus que parce que j'adore ça.
J'aime bien l'idée d'avoir une base connue et facile, et d'apporter davantage. On verra si j'y arrive.

Merci encore pour ton retour, Nanou ! ♥
EryBlack
Posté le 17/03/2023
Coucou ! Je commence ma turbo-lecture de Mahaut avec grand plaisir ! Par rapport à la première version, comme je te disais, je trouve que les petits ajustements (notamment dans les rapports tactiles entre Mahaut et l'aubergiste/Robin) sont pertinents.
Je trouve aussi que ça démarre vraiment bien comme ça. J'ai beau aimer, comme tu le sais, les histoires où il ne se passe rien, là j'ai l'impression de m'engouffrer dans l'histoire et c'est très cool, je vois bien des jeunes ados apprécier ça tout particulièrement. Je trouve équilibrée cette façon de présenter au début les éléments importants et puis de s'arrêter là sur le contexte, qu'on découvrira aussi au fur et à mesure, du coup. Par rapport à de nombreuses histoires de fantasy qui tiennent à présenter beaucoup de choses en long large et travers dès les premiers paragraphes, je pense que tu as fait un bon choix narratif ici !
Une réplique que je trouve savoureuse : "Mahaut me semble être la personne importante dans cette histoire". Y a un ptit côté briser le 4ème mur (genre hé ho le lecteur tu as bien compris ?) je trouve ça amusant et naturel, vraiment bien vu ! Les insectes géants sont extrêmement cools visuellement aussi (j'espère juste qu'il n'y a pas d'araignées. Claquette. Je compte sur toi. Ne me déçois pas.)
Mon petit relevé de coquilles/questions (et comme convenu ensuite je suspendrai mon radar, mais tant qu'à faire puisque j'ai tout noté) :
- "poignets d'amour" : poignées
- le qualificatif de "jeune fille" pour Mahaut qui a douze ans m'a fait un peu tiquer, mais je sais que c'est un interminable débat :') Je crois que j'aurais dit "la petite", mais ça peut aussi sonner trop enfantin. C'est du détail.
- "cri stridulent" : là aussi j'ai tiqué donc c'est juste une vérification, tu voulais bien dire "stridulent" (comme le chant des cigales par exemple) et pas "strident" ? Je me suis dit que c'est cool un dragon qui stridule mais ça n'évoque pas de bruit très impressionnant ou agressif pour moi, donc à voir sur l'effet que tu voulais provoquer.
- "s'en était un" : c'en
- "ses ailes se déployèrent et (...) l'envoya dans les airs" : l'envoyèrent
- "s’enquit le garçon, ébahie." : ébahi
- "Joues pas les héros !" : Joue. Et en incise, je crois qu'on dirait plutôt "lui reprocha-t-elle".
- "Bah dit" : dis
- "leur abris" : abri
- "cheveux ailes de corbeaux" : Antidote confirme que l'expression est au singulier, invariable : cheveux aile de corbeau.
- "un pantalon épais rentrée dans de lourdes bottes" : rentré
- "L’avoir vu combattre" : c'est Bertille, donc vue

Voilà ! Je m'arrête là et je poursuis ma lecture pour te faire des retours plus globaux et centrés sur l'intrigue <3
Elka
Posté le 18/03/2023
Une Erybou ♥
Encore merci de venir lire Mahaut ! Ton retour sur ce premier chapitre me rassure beaucoup en plus, toi qui avait lu la V1. Je pense aussi qu'en chapitre 1, si je visais la jeunesse, il fallait quelque chose de plus efficace que d'habitude. Un chapitre 1 qui accumule bien "présentation du personnage, du monde + élément perturbateur"... Bon, d'autant plus que j'en avais un facile qui me tendait les bras xD
Merci pour (TOUTES) ces fautes, jkfehkeh Je m'y attendais pas de t'avoue, puisqu'on m'avait dit que ça allait xD
Mais j'ai bien fait de te dire de t'épargner les corrections, ma collègue qui le lit m'a dit qu'elle l'avait imprimé et corrigeait machinalement ce qu'elle voyait ahaha
Donc tout ira bien. Ce texte aura une version propre.

Je vais corriger tout ça dans un premier temps !
EryBlack
Posté le 18/03/2023
Je trouve toujours des trucs mais je suis d'accord avec ce qu'on t'a dit : ça va. Sur les chapitres suivants j'ai repéré des choses mais j'ai pas eu de mal à passer par-dessus donc ça m'étonnerait que les ME n'y parviennent pas ! Top quand même si t'as une correctrice volontaire ^^ (la question est : a-t-elle pu se retenir d'écrire des petits commentaires de prof ?)
JeannieC.
Posté le 05/03/2023
Coucouuu !
Me voici enfin pour découvrir Mahaut, et je ne suis pas déçue <3 Déjà, l'atmosphère, l'entrée tout en douceur dans l'histoire avec cette auberge, ses odeurs, les clients animés, les dynamiques autour des plateaux qui vont et viennent. Tout cela nous met l'eau à la bouche, et j'ai aimé le naturel des dialogues échangés. Joli nom au passage, pour cette auberge <3 La relation entre Mahaut et sa patronne semblent sympathiques, c'est chouette, ce n'est pas l'image de la petite orpheline maltraitée.
Et puis peu à peu on découvre les éléments fantastiques de ton monde, le scarabée-rhino, très original. J'ai bien aimé cette sensibilité entre Mahaut et les animaux, on la ressent vite et très naturellement. Et puis poum badaboum, l'action arrive d'un coup. C'est prenant et immersif. On sent que tout ça va rapidement dépasser aussi bien Mahaut que sa patronne. Ah et coup de coeur pour la soldate - capitaine au féminin, c'est cool.

Deux tout petits chipotages :
>> "Bah dit, qu’est-ce qui vient de se passer ?" > "dis" plutôt ?
>> "Je la tiens de ma mère décédée. C’est tout ce que je sais." > Je trouve "décédée" pas très naturel dans sa bouche. "qui est morte" ?

Très engageant tout ça <3
Je poursuis !
Elka
Posté le 07/03/2023
Coucou Jeannie !
Merci de venir lire Mahaut ♥
Je reçois beaucoup trop de compliments sur le nom de l'auberge xD J'ai seulement déformé le "Poney fringuant" de Tolkien, hein

J'espère que la suite te plaira tout autant !
CelCis
Posté le 05/03/2023
Coucou Elka,

Du médiéval, une petite fille amnésique, des insectes: trio gagnant!
Il y a aussi beaucoup de tendresse/amitié ici: celle de l'aubergiste, que je vois comme un peu bourrue mais tendre, puis de Mahaut vis-à-vis de Robin.

Ca commence tout en douceur. On ressent l'atmosphère bon enfant du Canasson Chantant (puis ce nom!), avec l'aubergiste au grand coeur, les clients sympas, et la petite, évidemment.

Même avec les insectes, elle a le feeling. Belle description du scarabée rhino qu'on peut imaginer sans peine. C'est à se demander ce qu'il y a d'autres comme insectes dans ce monde.

Puis la belle scène bien construite passe à la destruction avec le dragon qui s'amuse à grimper sur les toits. Mahaut se révèle être une fillette qui a du courage. En même temps, tu décris bien sa peur au niveau physique.

"Le combat dura assez pour que Mahaut perde espoir": ça permet bien de comprendre où en est le combat.

Enfin, l'irruption de la magie qui laisse tout le monde pantois. Ahhh, mais quels pouvoirs possède Mahaut? Qui est-elle? Que de questions... Et puis ce ptit jeune courageux, Robin. Janvier. Ce nom de famille me fait penser au livre Larispem :) J'aime bien quand on peut faire des liens avec d'autres univers.

Une capitaine, yeah. Je plussoie :D Forte, et qui ne décide pas d'arracher la broche à Mahaut (on ne sait jamais, hein). Jusqu'ici, je trouve que tu décris des personnages hauts en couleurs mais "honnêtes", droits. Mais peut-être que la suite me donnera tort....

Quelques détails:
- "La patronne venait d’ouvrir la porte de l’auberge, le visage blanc de peur, les yeux écarquillés": j'ai l'impression que "de peur" n'est pas nécessaire, on le devine aisément.

-"Les évènements commençaient à s’emboîter, ce qui ne l’aidait pas à se calmer": je comprends ce que tu veux dire, mais cela me paraît un peu étrange, le mot "emboîter"

Je continuerai avec plaisir!
Elka
Posté le 05/03/2023
Bonjour Celcis, bienvenue par ici !
Un grand merci pour ta lecture et pour tout ces compliments ♥ j'espère que la suite te plaira tout autant.
Pour Larispem... tu as bien raison, j'ai dû tirer cet aspect "nom de famille-mois" de là... mais je n'y ai pas pensé tout de suite. C'est à la relecture que je me suis dis que mince, j'ai dû piquer l'idée là-dedans. En même temps, elle a le mérite d'être simple, évocatrice et jolie !
A bientôt, alors !
Rachael
Posté le 26/02/2023
Eh, eh, me voilà arrivée pour lire Mahaut, maintenant que j'ai quelques chapitres à me mettre sous la dent.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça part au quart de tour. Beaucoup d'action donc, mais tu prends quand même le temps de poser le décor, ni trop ni trop peu, pour qu'on puisse se faire une idée de l'univers dans lequel on a débarqué : insectes géants, dragon, on peut dire que ça promet.
Pour moi tout cela est très bien maîtrisé, aussi bien l'exposition que l'action, et on a déjà des tonnes de mystères, et deux petits héros qui n'ont pas froid aux yeux. Un vrai plaisir !
Elka
Posté le 26/02/2023
Salut Rachael ♥
Je suis très contente de te voir ici, et j'espère que tu apprécieras autant la lecture de la suite que de ce premier chapitre !
Merci de te lancer dans l'aventure
Finch
Posté le 15/01/2023
Bonjour,

Ce 1er chapitre m'a donné envie de lire la suite. Je vais filer lire le prochain. On a envie d'en savoir plus sur ce personnage principal (mention spéciale pour le scarabée j'adore les insectes).

Le rythme est bon et ne se lasse pas en enchainant les paragraphes avec déjà pas mal d'action.

Éventuellement je dirais attention à l'unité de temps dans un chapitre qui laisse écouler quelques semaines puis décris une scène sur quelques minutes mais ici c'est bien géré.

Je donnerai surement aussi mon avis au prochaine chapitre.
Elka
Posté le 18/01/2023
Bonjour Finch,

Bienvenue ici, et merci de ta lecture ! Il semblerait que mon premier chapitre remplisse son office alors ♥
En ce qui concerne l'unité de temps, je suis soulagée que tu trouves ça bien géré mais je suis pas certaine de comprendre : le chapitre lui-même se passant sur une heure.

J'espère que la suite te plaira aussi !
Merci ♥
Flammy
Posté le 09/01/2023
Coucou !

J'étais curieuse, donc me voilà par ici =D Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on a pas le temps de s'ennuyer dans ce chapitre ='D Tout s'enchaîne très vite, mais vu que c'est pour jeunes ados niveau cible, ça me choque pas ^^ Et puis, tu prends le temps quand même de décrire un peu, de présenter le décor et les spécificité rapidement, donc je ne me suis pas sentie perdue.

Bon, la broche est très suspicieuse ='D Le dragon avait l'air de s'y intéresser. Un moyen d'éliminer une arme contre les dragons ? Est-ce que c'est vraiment juste une arme ou est-ce que ça pourrait servir aussi à contrôler le dragon ? Surtout qu'il devrait pas être là. Bref, beaucoup de questions. J'espère que ça passera bien au château, et qu'on va pas juste jeter Mahaut en considérait qu'elle porte la poisse ^^"

Et j'ai beaucoup aimé les interactions avec Bertille <3

Bon courage pour la suite =D
Elka
Posté le 14/01/2023
Coucou Flammy !
Ça me fait hyper plaisir de te voir ici ♥

J'ai fait attention au rythme, effectivement. C'est quelque chose sur lequel je me concentre davantage, particulièrement sur les débuts. Pendant longtemps, mes démarrages étaient lents, ou alors il se passait un truc et après ça traînaiiiiiit.
Je cherche l'équilibre entre ces moments posés dont j'adore parler, et les phases d'actions ou de révélations, ou les moments qui font réellement avancer l'action.
Comme tu le dis, en plus, je vise un public assez jeune. Donc si je dois mettre un gros dragon, autant le voir vite !

Mince, tu as deviné. Chapitre 2 : Mahaut passe par la fenêtre xD

Merci beaucoup pour ton retour, Flammy. A vite, alors !
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