Assaillie par la nuée de dossiers, je dresse tout juste mon regard quand Estelle entre. Elle ne s’en vexe pas, prend le temps d’attendre que je termine la lecture du rapport de la dernière mission. Je cligne des yeux, chasse la migraine qui pointe comme je peux, la remercie d’un mouvement de tête pour sa patience et reprend doucement.
- Oui ?
- Le mage qu'Astrielle a sauvé s’est réveillé explique la jeune chimère, lissant nerveusement les plis de son maillot, Liberty a dit que je devais te prévenir.
- Une bonne nouvelle, par Skadi, je n’y croyais plus ! Merci Estelle. Et ce mage, il se sent comment ?
- Il semble un peu pertubé et très triste aussi. Mais il va bien, il a plus de blessures !” décrit-elle, croisant ses mains tout en parlant.
J’hoche la tête. La chimère a marqué un arrêt en m’entendant pester sur Skadi. La croyance la plus répandue reste le culte de Vanadhey, déesse créatrice. Sans que je ne l’explique, j’utilise toujours le nom des divinités draconiques. Je préfère de loin les divinités guerrières des dragons. Skadi, déesse de l'ardeur, me parle bien plus - d’un point de vue extérieur, ça doit être déroutant de ne pas entendre le nom de la déesse primordiale. Se reprenant très vite, la petite chimère prend les devants tandis que j'emboite son pas. Je promène mon regard sur l’apprentie guérisseuse. Ses traits restent déterminés tandis que son regard se perd dans le lointain. Sans prendre la peine d’étirer mon pouvoir, je devine qu’elle s’égare dans ses pensées. Un instant, je balbutie entre engager la discussion et continuer le chemin silencieusement, mais ma curiosité prend le dessus.
- Ta formation te plaît ? Liberty se révèle plus exigeante qu’elle en donne l’impression mais elle fera de toi une guérisseuse de talent.
- J’ai remarqué !” ponctue la jeune Elseker, un petit frisson de nervosité parcourant ses ailes. Elle secoue la tête et ajoute, mais je crois que je ne m’en sors pas trop mal. J’ai pas les pouvoirs guérisseurs de Liberty, mais je retiens bien tous les médicaments et traitements ! Parfois j’en oublie quelques uns, alors je me repère sur le grand livre de Liberty.
- Si ça peut te rassurer, je crois qu’il existe plus de traitements que de membres présents ici.
Le visage d’Estelle se tord, surpris et elle me regarde sans comprendre. Loin de dissimuler les émotions de la jeune fille, les traits de celle-ci les reflètent sans le moindre artifice. A vrai dire, sa surprise semble presque caricaturale. Ses yeux se plissent et elle penche sa tête sur le côté.
- C’est rassurant ? s'étonne-t-elle.
- Oui. Ce que je veux dire c’est que tu es courageuse d’apprendre tout ça, alors ne te décourage pas. Tu sais quoi ? Si ça t'intéresse, je demanderai l’avis de Liberty sur comment tu t'en sors.
- Tu peux faire ça ?
Cette fois-ci, ses yeux s’arrondissent comme des lunes. J’avale avec difficulté mon rire. Par Skadi, l’innocence d’Estelle est rafraîchissante dans un tel monde. Demander l’opinion de la guérisseuse officielle ne me demande aucun effort. A vrai dire, je peux même lui glisser un mot dans notre discussion qui ne devrait pas tarder. Mais l’expression de son apprentie me donne la sensation que je lui promets de décrocher une des deux lunes. Ce dont je ne suis a priori pas capable, même si une partie de mon esprit s’échauffe à réfléchir à une façon d’utiliser mon pouvoir pour y parvenir. Je laisse couler ma fierté et balaye cette idée pour me tourner vers mon guide.
“Il faut bien que j’abuse un peu de mes pouvoirs de meneuse de temps en temps” je glisse à Estelle, ponctuant mes paroles d’un clin d’oeil avant d’entrer.
Ce qui fait naitre des étoiles pour les yeux, bien que son air émerveillé laisse bien vite place à une expression sérieuse. L’infirmerie veut ça, je suppose. Mon regard se perd dans l’immense pièce. A vrai dire, l’infirmerie ressemble plus à un labyrinthe organisé minutieusement qu’un hôpital de secours. Point pour Ystafel, puisque leurs hôpitaux doivent être bien mieux organisés qu’ici et surtout, plus fonctionnels. D’un autre côté, j’ai une totale confiance en Liberty. Outre sa grande connaissance médicinale qu’elle a acquise en travaillant d’arrache-pied, elle s’appuie aussi sur une maîtrise impressionnante de ses pouvoirs guérisseurs. Une bonne chose pour les Monarques, les blessés vont et viennent au gré des missions.
“Je vais la prévenir ?” s’enquit Estelle.
Je secoue la tête, lui expliquant que je vais m’en charger. D’un regard, je balaye la pièce. Comme toujours, la guérisseuse ne se tient pas à son bureau. Si c’est la première pièce que nous voyons en arrivant, c’est aussi là où se tient le moins souvent Liberty. Le meuble de bois où s’empilent des fiches en tout genre n’est pas sans me rappeler le mien. En moins ordonné et à vrai dire, je doute que la guérisseuse regarde souvent ses dossiers. Au moins et de ce que j’en sais, le nécessaire se trouve dessus et je parie qu’Estelle les remplit soigneusement. Au vu de son jeune âge, je ne peux qu’admirer la performance. Ignorant le claquement régulier de l’horloge situé derrière ce grand meuble de bois, je ne prends pas le temps de m’arrêter sur la salle d’opération. Isolée derrière une porte bleu et sur la gauche du bureau, elle ne laisse échapper aucun bruit. Et je ne perçois aucun mouvement. Non à vrai dire, je parie plutôt qu’elle se trouve avec un patient. Le nouvel arrivant peut-être ?
Fait d’un enchevêtrement de larges rideaux blancs, les blessés se reposent dans les pièces aménagées. Seuls les rideaux séparent les petites chambres, mais à ce détail près, les dortoirs sont confortables et propres. De toute manière, personne ne s’éternise jamais ici. Sauf dans les cas graves.
Oui, Liberty se trouve sans doute là-bas. Presque paresseusement, j’en appelle à mon pouvoir et me concentre sur les énergies que je perçois. Sans la moindre difficulté, je reconnais l’énergie stable mais vibrante de Liberty. Effleurant sa conscience, je note qu’elle dégage un aura de calme. Je l’interprète comme un bon signe, le signe que le mage va bien. Doucement et tout en subtilité, je me concentre sur notre lien, imaginant le fil qui nous lie. Cette approche fait réagir la chimère qui se retourne. Alors que je suis pourtant habituée à cette perception, je m’émerveille de la précision de celle-ci.
Liberty ? Estelle m’a prévenue, je viens d’arriver.
- Tu peux venir, il est réveillé. Oh, dis aussi à Estelle de prendre de l’eau fraiche.
- C’est noté.
J’informe la concernée qui s’empresse d’aller chercher une bouteille d’eau. D’un pas assuré, je me dirige donc vers le lit où est installé le nouvel arrivant. Il doit avoir dans les dix-sept ou dix-huit ans et la première chose qui me frappe, c’est la douceur qui émane de son visage. Les traits peu marqués, ses cheveux de jais s’emmêlent les uns aux autres dans un désordre ordonné et ses yeux, deux orbes d’argent brillant avec intensité, se détachent de son visage. Plutôt frêle, je note qu’il ne porte aucun bandage. Liberty s’est bien débrouillé. Celle-ci se tourne justement vers moi et m'accueille d’un petit mouvement de tête.
- Mathia, la mage dont je te parlais.
- J’espère que tu lui as dit à quel point j’étais géniale ? je demande avant de me tourner vers le mage, amicale. Mathia, enchantée !
- Eiden. Et… De même.
Gêné ou pensif, bien que je penche pour la première option, il détourne le regard. Dans le même temps, Liberty darde son attention sur moi, consternée que mes premiers mots soient ceux-là. Loin de réagir, je mime l’innocence. Alors que je m’apprête à poser quelques questions à Eiden, je m'interromps en voyant Estelle arriver pour lui tendre la bouteille d’eau. Il la remercie et un petit silence s’installe. J’interviens.
- Tu maîtrises quel genre de magie ?
- La magie des ténèbres.
-Oh, je laisse échapper surprise avant de reprendre, pas classique. Tu dois être le premier que je rencontre.
- Le premier ? Je ne me pensais pas si rare.
- A vrai dire, si. D’habitude, je confie toujours les nouveaux arrivants avec des personnes qui maîtrisent le même genre de magie, mais je crois que je vais devoir improviser ! Ah et il te faudra aussi faire le tour de la base. Je peux m’en charger. Tu connais beaucoup de choses sur la magie ?
- Pas vraiment. admet-il, grimaçant.
Sans en prendre ombrage, j’hausse les épaules avec nonchalance. Il n’est ni le premier, ni le dernier dans ce cas. Pourtant, je note qu’il évite de s'étendre sur le sujet. Effrayé par son pouvoir ? Là aussi, il ne sera ni le premier ni le dernier. D’un autre côté, je n’ai jamais été vraiment exigeante. Il a survécu, pour le reste, il aura le temps d’apprendre.
Doucement, Liberty s’avance. Tout en elle évoque une délicatesse et une minutie qui la caractérise. Ses cheveux bleus allongés se bouclent et s'étirent dans une queue de cheveux qui s’arrête seulement dans sa nuque. Deux mèches lisses et droites commes des piques tombent droit devant ses oreilles jusqu’à ses épaules. De cette coiffure excentrique se détachent deux cornes étirées qui se courbent brutalement avant de repartir, aussi droites que ses pointes de cheveux symétriques. Pourtant, ce que j’ai toujours admiré chez elle, c’est la grâce de ses mouvements. Tout en elle, jusqu’à son regard lavande dégage une douceur. Pourtant, elle n’exprime aucune hésitation, tout à l’inverse, elle semble toujours savoir quoi faire. Ses mouvements flottent, fluides mais pas moins lents et pas plus hésitants. Elle devine d’avance ma question et m’adresse tout juste une œillade.
- Oui, il peut marcher. Cependant il est encore en convalescence ce qui veut dire pas d'entraînement ou de combat, glisse-t-elle avec autorité. Elle reprend avec un air féroce, sinon Mathia Doragon, meneuse des Monarques Pourpres ou pas, j’interviendrai.
-Je capitule ! Je cède aussitôt et lève les mains en l’air, prenant un air faussement indigné. Je tiens à ma vie, merci. Ystafel me craint, mais des fois je me dis que je ne suis pas la pire menace.
- Liberty n’est pas dangereuse. Intervient Estelle, sans comprendre l'ironie.
- Si, c’est la seule personne qui peut donner mon nom complet sans ciller. C’est terrifiant !
- Ravie de l’apprendre Mathia, mais est ce que tu peux laisser tes sarcasmes de côté ?
- Allons, il n’y a que mon ton qui est sarcastique. Le fond est on ne peut plus honnête, j'abhorre les mensonges.
Souriante, je lui glisse un clin d'œil amusé. Un instant, la guérisseuse se trouble mais elle se reprend très vite, habituée à mes petits manèges. Pourtant, je sens que la remarque la fait réfléchir. Elle le dissimule de manière convaincante, mais je sens qu’elle est surprise d’être qualifiée de terrifiante. Elle secoue la tête, un peu agacée. Je me tourne vers Eiden. Ce dernier semble mal à l’aise d’assister à ce genre de confrontation. Le pauvre, ça aussi ça ne sera pas la dernière fois. Pour une fois, je retiens une remarque sarcastique et j’opte plutôt pour lui annoncer le programme.
“Prêt à faire un tour de ton nouveau chez toi ? Tu verras ça vaut un hôtel cinq étoiles. En plus petit chanceux, tu as le droit à une visite animée par moi même !
D’un petit mouvement, Eiden se lève en me remerciant. Nerveux, il joue avec une de ses mèches de cheveux et alors que je me tourne, je sens son regard sur moi, comme s’il cherchait à me comprendre. Qu’est ce que Liberty a raconté sur moi ? Sans doute les précisions classiques, comme quoi je suis la meneuse des Monarques Pourpres, une mage surpuissante et que je garantis la sécurité des Elsekers. Et même quelques humains qui ont voulu aider ceux qui manient la magie. Ce qui m’intrigue plus en revanche, c’est ce qu’elle a mentionné pour mon caractère. Si je parie qu’elle a fait une mention sur mes sarcasmes et ma confiance en moi - dont je ne manque pas !- le reste est voilé de mystère.
“Tu as le droit de l'assommer !” lance la guérisseuse au loin et j’entends Estelle laisser échapper un petit cri d’indignation.
Je glousse, imaginant un moment Eiden me donner un coup derrière la tête avant de revenir vers Liberty après m’avoir trainée. Ce dernier me jette un coup d'œil pensif avant d’observer le grand couloir dans lequel nous nous trouvons. Le bleu délavé du mur ne lui échappe pas, mais je le surprends surtout à regarder les Chimères et Mage qui passent. Certains discutent entre eux, d’autres se baladent seuls, une chimère aux oreilles de chat et aux cheveux blanc pâle - Solange marche en écoutant de la musique . Tous me saluent et je présente Eiden qui semble ravi de ne pas avoir à le faire. Seule Solange continue son chemin sans s’arrêter, trop prise dans sa musique.
-Timide ? Ou alors, gêné d’être le centre de l’attention ? J’hasarde en m’adressant à Eiden.
- Moins on s’intéresse à moi, mieux c’est, marmonne t’il en enfonçant sa tête dans ses épaules.
- Gêné d’être le centre de l’attention et mauvaise estime de soi, je diagnostique ce qui le fait grimacer. Et si on s’intéressait à toi, ce serait vraiment si mal ?
- J’ai passé ma vie à me faire oublier et ça m’a permis de survivre. Je ne sais pas vraiment gérer l’attention.
- Tu n’as pas répondu à ma question, je note en en posant pourtant une autre, cela fait combien d’années que tu fuis Ystafel ?
- Depuis tout petit. Je passais de village en village en évitant les contrôles.
- Et comme dans les villages ils sont moins vigilants, je complète, ça t’as permis d’éviter les Chasseurs. Classique.
- Jusqu’à ce que j’en croise un…
Un petit soupir ponctue sa remarque et son regard se fait lointain, comme s’il se rappellait de tout ça. Son expression me rappelle celles des Elseker perdus dans leurs mauvais souvenirs. Je ne suis pas dans sa tête, mais je devine sans difficulté le fil de ses pensées. Il se remémore le combat, comment il a commencé et surtout, comment il a terminé. C’est ce que tous les survivants font en arrivant ici. Ils se souviennent du avant, de ce qui les a amené ci. Certains n’ont pas cette chance et finissent enfermés dans un laboratoire pour devenir chasseur ou alors pour servir de rat de laboratoire. Un jour, tout ça changera, il n’y aura plus de capture, de laboratoire, juste la liberté. Je me battrai pour, quoi que ça puisse coûter.
- Mais si tu n’en avais pas croisé, tu ne serais pas ici, je commente en posant ma main sur son épaule. Il sursaute et j’ajoute avec un sourire bienveillant, et ici, ça veut dire à l’abri. Tu sais ce que j’ai pensé quand je t’ai rencontré ? Tu as survécu et c’est le plus important.
Silencieux, Eiden me regarde, comme s’il réfléchissait à ce que je viens de dire. D’un pas léger, je me recule et retire ma main. Je ne cherche pas des héros, juste des survivants. Si je garde ces mots pour moi, je le pense avec véhémence.
- Merci, finit-il par dire dans un souffle.
Je lui réponds avec un clin d'œil avant d’annoncer que nous reprenons la visite. Dans un premier temps, je lui montre la salle à manger, une large pièce lumineuse où de nombreuses tables sont disposées pour permettre de poser son plat. Quant à la nourriture, elle est exposée sur divers meubles et placée de manière définie. Si les entrées se situent au tout début et près de la porte par laquelle nous venons d’entrer, les desserts eux se trouvent à la fin. Je ne suis pas peu fière de l’embarras du choix, nous avons différents menus et une grande diversité de dessert et d’entrées. Aussi surprenant que ce soit, nous nous approvisionnons directement en ville. Sous le nez d’Ystafel qui envisage très probablement que certains membres des Monarques sont infiltrés dans la société sans pour autant parvenir à les débusquer. Je le précise à Eiden qui semble admiratif et je ne peux m’empêcher de laisser échapper un sourire, très satisfaite de moi.
Nous continuons et je présente très succinctement la bibliothèque, suivie du bureau administratif et de mon bureau qui est placé juste à côté. Si je ne peux pas faire l’impasse sur les deux pièces, je prends le pari qu’Eiden n’y viendra pas souvent, surtout pour mon bureau. Si je ne le mentionne pas, je me tourne vers le nouvel arrivant et explique avec nonchalance.
- Je te montrerai la salle d’entraînement un peu plus tard. Pour l’instant, direction la salle de jeu !
- Vous avez une salle de jeu ? s’étonne-il.
- Ça me semblait important. Histoire de souffler un peu, s’amuser, tout ça.
Eiden approuve et je sens que j’ai piqué sa curiosité. A vrai dire, la salle de jeu est tout ce qu’il y a de plus banal, mais je crois que c’est cette simplicité qui plaît. Les plus jeunes y vont souvent pour s’amuser avec les jouets en tout genre ou essayer des jeux de sociétés là ou les plus âgées s’y retrouvent pour discuter. Un îlot de paix, isolé du reste du monde.
- Ce n’est pas ce que j’imaginais des Monarques Pourpres. Que vous avez une salle de jeu, admet le jeune homme avec une expression embarrassée, comme s’il avait honte de l’admettre.
- Ah oui ? Tu imaginais des salles d'entraînements partout et une ambiance militaire ? Je demande, amusée.
-...Quelque chose du genre.
Je laisse échapper un petit rire, pas vraiment vexée. Après tout, les Monarques se targuent d’être un groupe rebelle, ce n’est pas si surprenant qu’Eiden ait ce genre de présupposés. Celui-ci finit par sourire, amusé à son tour. Mon rire se calme et nous reprenons la visite, nous dirigeant vers la fameuse salle de jeu.
Et c’est là que les premières explosions retentissent.
Premier chapitre intéressant qui explique entre autres le titre du roman. Les descriptions sont bien effectuées ( on se représente bien liberty par exemple) et je m'y retrouve pas trop mal au niveau des personnages.
Quelques remarques :
"formation te plait ?" -> plaît
"d’entrainement un peu plus tard." -> entraînement
Bien à toi
Je suis rassurée de voir que je m'en sors bien sur les descriptions, c'est un exercice que je redoute toujours en fait xD
Merci à toi pour ton retour, je vais corriger ça !
On change complètement de ton dans ce premier chapitre par rapport au prologue, ce qui est assez surprenant même si somme toute tout à fait classique. Jusqu'ici j'ai préféré le côté introspectif du prologue, mais un peu plus de dynamique ne fait pas de mal non plus.
On découvre Mathia (prénom un peu déroutant, au passage, mais très joli), la meneuse de la rébellion/résistance dite des Monarques Pourpres, protectrice auto-proclamée des Elsekers, et télépathe. Je vais être honnête, son caractère disons rentre-dedans est un peu trop appuyé à mon goût. Je pense qu'on aurait pu le comprendre sans qu'elle en rajoute à ce point, et qu'elle prenne tous les personnages qui la connaissent à témoin pour le souligner. Sa façon d'interagir avec Estelle peut se comprendre (comment ne pas vouloir s'amuser un peu avec quelqu'un qui prend tout au pied de la lettre ? ^^) mais beaucoup moins son attitude avec Eiden. C'est un réfugié, il est désorienté, il a été blessé même si on l'a soigné, pourquoi l'entourner de la sorte dans un tourbillon de futilité ? Drôle d'accueil, donc, même s'il ne semble pas vraiment s'en formaliser à terme. Et sa flamboyante fierté, à la fois sur la peur qu'elle insuffle à Ystafel et son ingéniosité pour contourner ses battues, frise la prétention. Elle en est d'ailleurs punie à la fin, lors de l'attaque...
Liberty me plaît bien. Non seulement son design est intéressant (cornes, cheveux bleus), mais son tempérament est un peu moins martelé, et donc plus agréable à découvrir. Une soigneuse de talent, orientée objectif au détriment de la paperasse, ça, ça me parle. Une femme concrète, c'est bien ce qu'il faut à ce mouvement clandestin.
Quant à Estelle, d'une naïveté qui la fait tout prendre au premier degré, elle m'a fait sourire. Ses ailes sont sympa aussi. Une véritable petite fée, en fait. ^^ Va-t-elle s'endurcir avec le temps, ou bien sa candeur est non négociable/intrinsèque à sa chimérie ?
En ce qui concerne le rescapé, Eiden, il est simplement discret. Presque trop, en fait. Ça me l'a immédiatement rendu suspect. Est-ce qu'il ne serait pas un espion ? Est-ce qu'il est derrière l'arrivée des bombes à la fin du chapitre ? Ou bien est-ce une pure coïncidence ? Le fait qu'il détienne une magie rare est également source de méfiance. D'ailleurs, le fait que Mathia le lui admette aussi ouvertement m'a surprise. Tout comme son "diagnostic" à voix haute, qui manque cruellement de tact, à mon sens. Mais bon, je pense que c'est le tempérament de la jeune femme, et je vais devoir m'y faire. Il n'est pas mal écrit, au contraire, il m'agacerait simplement dans la vraie vie, voilà tout. Mais pas d'inquiétude, c'est toujours bon signe de pouvoir écrire des personnages qui déclenchent des réactions, bonnes ou mauvaises, car ça prouve qu'ils ont au moins un peu de profondeur ! =)
Autre détail qui m'a fait tiquer sur Eiden : pourquoi n'a-t-il jamais recherché les Monarques Pourpres ? Il en connaît clairement l'existence, mais au lieu de chercher un asile permanent, il a passé sa vie à aller de village en village ? C'est une étrange stratégie.
En résumé, un premier chapitre très appuyé sur le caractère des personnages présentés, et qui termine littéralement pas un BANG. Je serai là pour la suite ! À bientôt. =)
Note orthographe (puisque je ne peux pas m'en empêcher, mais tu peux me dire d'arrêter, je ne m'en formaliserais pas) :
- la "a" de "a priori" ne prend pas d'accent, car c'est du latin (tout comme "a posteriori").
- "tu lui as dis" -> tu lui as dit
- "il n’y a que mon ton est sarcastique" -> qui est (il manque juste un mot)
- "comme s’il se rappelle de tout ça" -> se rappelait
- "comme s'il réfléchit" -> réfléchissait
Excuse moi de mon retard de réponse, j'avais oublié de surveiller Plume d'Argent ^^'
J'ai préféré reprendre avec quelque chose de plus léger pour permettre de souffler un peu, même s'il y a aura sans doute quelques chapitres dans la même veine que le prologue !
En ce qui concerne Mathia, je suis consciente que son fort caractère peut très vite agacer. C'est assumé de ma part qu'elle soit aussi orgueilleuse et excentrique, même si j'essaie justement que ce ne soit pas aussi appuyé. Je prends bonne note de ce que tu me dis, je retravaillerai sans doute à l'avenir pour que ce soit moins marqué. D'autant que je pense que c'est d'autant plus visible face à Eiden qui lui est tout l'opposé. J'espère cela dit que son développement la rendra plus appréciable à tes yeux.
Je suis contente que Liberty te plaise d'ailleurs !
Pour ce qui est d'Estelle, elle restera aussi candide dans la suite. C'est un personnage avec qui j'aime beaucoup écrire justement parce qu'elle est très naïve.
Je pense que la suite de l'histoire devrait t'éclairer sur si Eiden est un espion ou non ^^. Pour ce qui est de Mathia, effectivement elle est très (trop) directe. Ce sera mentionné plus tard, mais elle est bien plus à l'aise avec les actions que les mots comme ça peut se ressentir dans ses interactions avec les autres.
Eiden n'a essayé de rejoindre les Monarques Pourpres par prudence. Même s'ils essaient de venir en aide aux Elsekers, ils sont difficiles à trouver. D'autant qu'Ystafel n'hésite pas à utiliser certains de ces Elsekers pour piéger ceux qui les cherchent. Comme il n'y a proprement rien qui prouve qu'untel est des Monarques ou non, beaucoup ne prennent pas le risque. Dans la majorité des cas, ce sont plus les Monarques Pourpres qui trouvent des Elseker que l'inverse ! J'espère que ça rend un peu plus clair le pourquoi Eiden n'a pas cherché à les rejoindre !
C'est noté pour les fautes, je vais les corriger de ce pas, merci ! (Et non, ça me dérange absolument pas, j'ai tendance à ne pas faire assez attention quand j'écris x))
Merci à toi pour ton commentaire et j'espère que la suite te plairas ! (Je pense que je le posterai dans le courant de la semaine prochaine si j'arriver à avancer correctement !)