Ce matin, les élèves entrant au collège devaient montrer leur pouvoir à leurs futurs professeurs afin de déterminer leur spécialisation.
Ëlie entra dans le gymnase de l’école. Le plafond était si haut qu'on aurait pu y faire voltiger des acrobates. Face à elle, à trente mètres sur une estrade, se trouvaient le directeur du collège et trois autres professeurs qu’elle ne connaissait que de vue.
Le directeur était la seule personne de l'estrade à qui elle avait déjà adressé la parole. Il portait une longue barbe blanche et une sorte de robe de sorcier violette qui, même à l'époque de sa prime jeunesse, ne devait déjà plus être à la mode. Il s'occupait de la maternelle jusqu'au lycée. Il avait suivi le parcours d'Ëlie depuis sa naissance, lorsqu’elle fut placée dans l'orphelinat rattaché à ses écoles.
Si Ëlie avait eu une famille, Monsieur Eluminël aurait été son oncle un peu fou. Il était vieux, peut être 130 ans, mais il était toujours en excellente forme. C'est un âge assez avancé, même pour son espèce et elle se demanda pourquoi il n'avait toujours pas pris sa retraite.
Monsieur le Directeur Eluminël était un enchanteur. C'est le stade qu'on atteint lorsqu'on maîtrise parfaitement un élément. Cet homme était une légende ! Plusieurs rumeurs racontaient qu'une fois un élément parfaitement maîtrisé, certaines personnes développaient leurs compétences dans d’autres éléments, bien que cela restait exceptionnel. Avec un élan de sympathie pour ce professeur, Ëlie pensa surtout qu'il avait développé la compétence de la folie, pour cela, ainsi que pour toute la gentillesse qu’il lui avait témoigné durant toute son enfance, elle appréciait beaucoup ce vieux fou.
- Mademoiselle Fornela, veuillez prendre place, je vous prie. Tonna solennellement le directeur, nan sans se départir de son sourire tendre.
L'un des professeurs présent, Madame Pick, responsable de la matière "Contrôle des éléments", changea son air pincé habituel en une moue condescendante. De toute évidence, ce professeur se faisait déjà une idée du résultat de ce test.
Le directeur poursuivit :
- Aujourd'hui est un jour spécial, c'est le jour de votre spécialisation ! Vous devez présenter vos capacités afin qu'on définisse votre orientation.
“Aujourd'hui est un jour spécial, se dit la jeune fille, intérieurement. C'est le jour de mon humiliation.” Elle essaya de sourire à sa propre remarque, pour se donner du courage ou pour éviter de pleurer. Peut-être un peu des deux. Tout le reste de sa vie allait dépendre de cet instant. Quatre personnes, ne la connaissant pas le moins du monde, allaient décider à quelle tribu elle devait appartenir pour le reste de sa vie.
Était-elle plutôt en phase avec l’élément de la terre ? Une tête brûlée de la tribu du Feu ? Une virtuose du vent ? ou un de ces génies de l'eau ? La plupart des personnes de son âge connaissaient déjà leur appartenance depuis leurs quatre ans environ. Elle se révèlait par leur capacité à contrôler un des quatre éléments.
Mais voilà, Ëlie en était incapable. Ce n'était pas une nouveauté pour elle, mais son incapacité serait enfin révélée à ses nouveaux professeurs.
Fraichement entrée au collège, elle ferait partie des rares personnes non spécialisées de l’histoire et allait être la risée de ses camarades.
Solennellement, elle leva les bras comme pour enlacer son public, ferma les yeux et se concentra. Elle prit quelques secondes pour puiser la magie au fond d’elle-même. Cette énergie que Mère Nature offrait à ses enfants foulant son sol. Elle pria de tout son cœur pour la sentir parcourant ses veines, devina le chatouillement au bout de ses doigts, la chair de poule sur ses avant-bras et le courant, à la fois brûlant et glacé, le long de sa colonne vertébrale. Elle pria, espéra, imagina tout cela à la fois et avec toute la volonté dont elle était capable.
En vain. Ces sensations ne lui appartenaient pas. Elles n’étaient que le témoignage de ses camarades de classe, tellement plus spéciaux qu’elle. Ëlie fit tarir la larme qui pointait au coin de ses yeux, reflua la boule qui pesait dans sa gorge et fit ce qu’elle savait faire de mieux : faire semblant que cela ne l'atteignait pas.
Elle plongea alors en avant, posa son menton contre son torse et fit une magnifique roulade avant. Elle finit son acrobatie sur ses pieds joints, se releva bien droit, les bras encore plus haut et fit une révérence. Elle sourit aux jurés, aussi sincèrement qu’elle en était encore capable. Tout cela n’était qu’un mauvais moment à passer. Pas le temps de s’appesantir sur ce qui lui adviendra. De toute manière, elle ne contrôlait rien, aucun élément, ni même son avenir. Il n’y avait qu'à attendre ce que le destin lui avait réservé.
Un petit rire flûté venant d’une zone cachée derrière les rideaux du gymnase se fit entendre. Iris, l’amie de toujours d’Ëlie, ne l'a quittée jamais depuis leur rencontre à la maternelle. Ses cheveux blonds en bataille et ses yeux bleus étincelants s’accordaient à merveille avec son caractère empathique et innocent. A l’opposé d’Ëlie, dont l’âme flamboyante brûlait à travers ses pupilles pourpres et ses cheveux rouges coupés court.
La gentillesse et la douceur de son amie avait d’abord énervées la jeune fille qui était plutôt bagarreuse, mais c’était sans compter l’acharnement de cette petite tête blonde à se faire aimer et accepter par tout le monde. Les poings de la petite diablesse avaient fini par sceller leur amitié en cassant le nez d’un malotru qui n’avait pas jugé l’amitié de ce petit ange digne de lui. Leurs différences les rapprochaient en se complétant à merveille.
Ëlie entendit ensuite ses futurs professeurs marmonner quelques impressions sur sa performance.
- "Lamentable et ridicule…nom d’une gargouille…une vraie tête de bois...pas un cadeau...".
Cette dernière remarque fut prononcée par Mme Pick, qui allait être responsable de l'épanouissement du contrôle de son élément. En effet, Ëlie n'allait vraiment pas être un cadeau pour elle. Elle allait avoir du pain sur la planche pour lui enseigner quelque chose. Si tant est que cela fut possible. Le directeur reprit la parole :
- Bien Fredëlie, je vous remercie. Asseyez-vous, je vous prie.
Elle prit place sur une chaise loin devant les jurés. Elle attendit que les jurés décident de son sort. Ils discutaient à voix basses et elle ne put entendre que des murmures incompréhensibles et les éclats de voix de monsieur le directeur. Elle observa attentivement ce dernier. Il avait l'air contrarié, presque inquiet. A la manière dont il s'exprimait, on aurait dit qu'il voulait convaincre les autres jurés. Le débat prit fin rapidement. Le directeur se retourna, afficha un large sourire et déclara :
- Mes félicitations, vous êtes spécialisée en eau ! Que Mère Nature vous accompagne.
C’est à ce moment-là qu’Iris décida de sortir de sa cachette, ce qui n'étonna personne. Tout le monde l'avait repérée depuis un moment déjà. Après tout, elle n’avait que dix ans. Elle se jeta dans les bras de sa meilleure amie et déclara :
- Super ! On va être coéquipière !
Premièrement, j'aime beaucoup le principe d'avoir un personnage principal dont la particularité est de _ne pas_ avoir de pouvoir spécial.
Deuxièmement, il y a pas mal de fautes, notamment des verbes au présent au milieu d'un récit au passé simple sans raison visible.
“Aujourd'hui est un jour spécial, se dit la jeune fille, intérieurement. C'est le jour de mon humiliation.” ahahah, ça sent la confiance en soi, c'est bien !
Ooh, du coup, notre héroïne a dix ans, c'est ça ?
Et bien, c'est une belle entrée en matière :)
Son incompétence en magie ne l'aide pas à avoir confiance en elle, malheureusement !
Elle ne s'apitoie pas sur son sort pour autant, c'est pour cela que je l'aime.
Elle a dix ans dans ce chapitre. Mais on l'a retrouve directement au lycée dans le chapitre suivant. C'est un flash-back en épilogue ; )
Merci beaucoup pour tes encouragements !