Eleonara recopia des tablettes pendant toute la période de la mousson. L'air réchauffé s'était chargé d'humidité et les orages arrosaient l'Opyrie d'est en ouest. Sous les abondantes averses, le bassin central d'Arènes avait débordé et rempli la place ronde jusqu'aux murs. Les citadins, préparés pour braver les précipitations, avaient étanché leurs habitations grâce à des panneaux, de l'argile et des sacs de sable. Nombre d'entre eux traversaient à présent le bassin élargi sur des barquettes en roseau ou employaient, pour se rendre dans les quartiers opposés, des couloirs souterrains dont les entrées étaient protégées.
Il n'était pas rare d'observer des jarres et des pots alignés devant les portes ou des bambins joindre les mains et boire l'or du ciel. Pas une goutte n'était perdue : un système de rigoles amenait le surplus d'eau à des réserves sous terre en prévision des mois arides.
Durant les accalmies, les hérons se mouillaient les pattes dans les flaques de rosée et de boue ; les enfants jouaient aux Religiats et aux voleurs. À la pharmacie pourtant, rien n'avait changé : les clients entraient et sortaient, demandant onguents, sédatifs, pansements et cures miracle. Pendant les heures de pointe, Eleonara peinait à se concentrer, surtout quand Razelhanout s'exilait dans sa jungle domestique, obsédé par la conceptualisation d'une nouvelle invention. À ces moments-là, c'était l'elfe qui gérait la boutique en imitant l'accent opyrien. Faute d'avoir déniché un apprenti, l'apothicaire l'avait désignée assistante provisoire. Bien qu'il lui eût montré l'emplacement et la classification des divers flacons, poudres à diluer et essences à vaporiser, l'elfe aurait préféré être supervisée de près : ça lui aurait évité de vendre un laxatif à la place d'un antitussif.
Si certains médecins et rivaux traitaient ouvertement Razelhanout de charlatan, les habitués de son établissement ne juraient que par ses anti-vomitifs. Face à sa clientèle, Razelhanout n'était que charme et tact. Il savait séduire la confiance des acheteurs, se mettait de leur côté, écoutait leurs petits malheurs et les flattait juste assez pour glisser une pincée de médisances sur ses concurrents.
— Ces macaques volent mes pousses pendant la nuit et envoient leurs fils piétiner mes herbettes, je vous le jure !
Entre le zénith et le milieu de l'après-midi, les visites se raréfiaient. Alors, Eleonara jouait à la déchiffreuse. Comme la piste des Nordiques avait refroidi, elle fixait longtemps le mystérieux langage du billet provenant de Hêtrefoux. Les caractères rappelaient l’opyrien ancien, mais se reliaient de manière inhabituelle voire maladroite. L'ordre des lettres avait-il été brassé ?
Elle tenta de désenlacer les curieuses arabesques, qui, à force d’être analysées, se déliaient dans son esprit. Elle classait les symboles dans un tableau récapitulatif, sans pourtant pouvoir en faire grand-chose. En effet, il lui aurait fallu un,voire plusieurs, textes pour s’assurer que sa catégorisation était correcte et complète. À court d’idées, Eleonara remplaçait les signes les plus fréquents par des voyelles et tentait de décrypter des mots courants tels que « et » ou « il » dans l'espoir de s'en servir comme clef. Bien que ces devinettes tardaient à porter leurs fruits, Eleonara s'interdisait de se décourager.
Face à la stagnation de ses recherches pourtant, elle avait du mal à contenir sa frustration. La Maison de Sagesse, les Mysticophiles, les érudits, la science ; tout à Arènes criait la connaissance et elle, elle restait enfermée dans une bulle d’ignorance. Elle bouillait, elle voulait savoir. Les piles de tablettes ne semblaient pas avoir de fin et ses boutons la grattaient encore plus. Elle voulait retrouver Agnan et Sgarlaad, mais elle ne le pouvait pas si elle demeurait plantée derrière le comptoir du matin au soir. À force d'écrire fiévreusement à longueur de journée, son poignet avait pris de la rouille. Razelhanout y appliquait toutes sortes de compresses et de massages mais son entorse ne désenflammait pas. C’était le moment de mettre fin à cette agonie.
Son désir de parcourir les allées ensoleillées se raffermit lorsque la mousson se termina et que les artères d’Arènes, transformées en torrents escarpés, séchèrent, lavées de la poussière et des débris minéraux s'y étant accumulés pendant l'année.
La brocante et la caserne étaient peut-être des impasses, mais Eleonara avait eu assez de temps pour réfléchir à son prochain plan d’attaque. Elle n’était pas parvenue à décoder les tablettes de cire de Sebasha, mais ce n’était pas faute d’avoir essayé. Des armes tranchantes, des tablettes de cire, un métier douteux ; la Peau Sombre était une énigme, un obstacle à ses investigations et Eleonara comptait y remédier.
Un soir, elle eut une idée ; elle but beaucoup de thé épicé pour s'empêcher de dormir. Couchée sur le toit de la pharmacie, elle attendit que Sebasha quittât ses draps comme chaque nuit, quelques heures avant l'aube. Dans le noir, Eleonara compta jusqu'à dix avant de l'imiter. Avec un peu de chance, elle rentrerait avant le petit-déjeuner, un repas que Razelhanout qualifiait de vitalisant et d'essentiel.
S'efforçant à maintenir une marge suffisante mais pas exagérée, Eleonara se laissa glisser sur l'échelle et s'élança dans les venelles, les yeux épinglés à la tunique blanche qui serpentait à travers les rues. Quand celle-ci faisait volte-face, alertée par un crissement de gravier, l'elfe se collait contre une façade, se rangeait dans l'embrasure d'une porte ou s'accroupissait derrière un perron déformé par les siècles de précipitations. La tête couverte, Sebasha avançait d'un pas vif, ses longues tresses colorées dansant entre ses omoplates. Les vigiles de Cerveille l'avaient appelée Oreille Tisseuse, Pupille Fileuse et Main Couseuse ; Razelhanout l'avait nommée Cueilleuse. Qu'est-ce que ça voulait dire ?
Eleonara passa devant une verrerie, puis une fonderie. L'Opyrienne décrivait des détours incroyables. Où mènerait son errance ?
Il n'y avait qu'une chose dont l'elfe était sûre : cette descendante de chameliers évitait les Religiats avec adresse et expertise. Si un garde se matérialisait au coin d'une rue et qu'un croisement s'avérait inévitable, Sebasha pivotait, changeant fluidement de direction, entamait une discussion avec un marchand, se plaquait contre la première colonne d'une arcade, se baissait pour caresser un chat ou, dans un tour de cape, s’éclipsait entre deux cavernes. Eleonara n'aurait jamais osé se promener ainsi sous leur nez, mais peut-être était-ce là qu'ils regardaient le moins.
L'Opyrienne vira devant un mausolée toute en arcs outrepassés. Lorsque l'elfe arriva à la hauteur du monument cependant, il n'y avait plus une mouche qui volait. Eleonara slaloma entre les maisonnettes excavées et les portes mal fermées, rebroussa chemin puis s'élança à gauche. Pas de Sebasha. Elle décida alors de rejoindre un axe principal et s'en félicita aussitôt ; le scintillement d'une robe pâle cligna au bout de l'avenue. Soulagée, l'elfe entama sa descente. Voir l'allée si dépeuplée à cette heure intermédiaire l'enchanta, tisonnant en elle le souhait de s'ébrouer, de dégourdir ses articulations au triple-galop à la manière des troupeaux sauvages de la Calavère. Elle était seule ; pourquoi ne pas se faire plaisir ?
Piquée d'adrénaline, Eleonara se débrida et, jouant des genoux, bondit de marche en marche en direction de l'arène centrale, se propulsant toujours plus fort, toujours plus haut. Cette légèreté dans ses bras et ses jambes expulsa sa solitude et son égarement dans un monde trop vaste, ainsi que les disparus, les morts, les revenantes et l'inconnu.
Soulevée par cet entrain libérateur et cette vitesse grisante, l'elfe n'aperçut pas la forme qui s'avançait vers elle depuis la droite, prête à lui couper le chemin. Avec un patatras et un éclat de céramique brisée, Eleonara se retrouva sur son derrière, sonnée par un impact qui lui garantirait une belle constellation d'hématomes.
Avant qu'elle n'eût intégré ce qui venait de se passer, un picotement froid se déroula sur son échine. Ça, c'était l'appréhension. Un ruisseau visqueux gouttait au bout de son nez et ses doigts montraient de la résistance pour se séparer du sol. Ça, ce n'était pas l'appréhension. Son épiderme était ventousé aux escaliers.
En papillonnant ses paupières lourdes, Eleonara examina la femme qui tentait de se relever devant elle, trempée et collante. Toutes deux avaient été arrosées d'une concoction mielleuse, naguère contenue dans un récipient dont il ne restait plus qu'un éventail de tessons éparpillés.
Eleonara se lécha le coin des lèvres. Du sirop d'abricot. Un coup d’oeil à ses environs et elle voulut se frapper le front : Sebasha s’était évaporée.
— Maudite sois-tu, maladroitissime !
Debout, l'Arènienne à peine heurtée contractait sa face comme un raisin pressé. Les petites étoiles rouges sur son nez, ses joues et son front s'effaçaient à moitié ; sa coiffure, un vrai méli-mélo de tresses simples et plaquées, était engluée et brillante. Diutur savait combien de temps il avait fallu pour natter sa tête entière et combien il en faudrait pour tout défaire, laver et tresser derechef.
— Regardes-tu seulement où tu vas ? s'égosilla la femme, vision d'ire et de tempête. Ce sirop était destiné à l'émir, nom d'un serpent à sonnettes, et maintenant, il est fichu, tout est fichu ! Tête en l'air ! On devrait te jeter dans le bassin et attendre l'éclair !
Eleonara s'excusa du mieux qu'elle le put. Concocter une telle quantité de sirop pour l'étaler sur des pavés, ce n'était à souhaiter à personne ; mais elle avait du mal à compatir avec quelqu'un qui voulait la voir foudroyée. Elle non plus n'était pas au sommet de son bonheur : elle avait perdu la trace de Sebasha. Accroupie, elle voulut feindre d'être aimable et rassembler les débris de terre cuite, or la femme lui administra une claque royale sur l'os iliaque.
— N'essaie même pas, vaurienne ! Il n'y a rien que tu puisses faire. Tu as ruiné ma journée, ma semaine, ma fin de mois. Tu es fort jeune pour t'endetter, et c'est une grande dette que tu me dois, crois-moi. Pour compenser mon désarroi, j'exige de toi un dédommagement juste. Pour me complaire, tu me livreras ton secret le plus noir, le plus pesant, le plus embarrassant.
— Ce que vous demandez est illégal, affirma-t-on franchement.
À l'entente de cet accent einhendrien issu de nulle part, Eleonara se figea dans sa mare gluante. Elle ne les avait pas vus arriver. Silencieux, tels des poissons nageant dans les ombres et rapides comme les bourrasques, deux Religiats se tenaient à quelques marches au-dessus d'elles, leurs lances à bout de bras.
La confectionneuse de sirop rajusta sa robe rayée bleu-rouge d'un geste rageur.
— Il ne manquait plus que ça, marmonna-t-elle entre ses dents. Des Religiats.
Elle pressa mèches tressées une à une afin d’en retirer le miel et contesta tout haut :
— Je demande ce que je veux ; j'ai droit à une compensation ! Somme toute, c'est elle qui s'est ruée sur moi et non pas le contraire !
Eleonara ne savait plus où regarder. Les yeux des moine-soldats, comme attirés par des aimants, passaient du pot cassé à l'Arènienne et de l'Arènienne à Eleonara.
— Quel gâchis ! Que s'est-il passé ?
Ce n'étaient pas des moines-soldats de dernière promotion, mais des hommes avec au moins une demi-décennie d'expérience ; les chances qu'Eleonara les eût croisés au Don'hill étaient maigres.
Avec un soupir de soulagement, elle se passa la main sur le visage pour se débarrasser du liquide sucré pesant sur ses cils. La femme aux mille tresses se permit de relater l'incident à sa place.
— Cette splendide scélérate a intentionnellement cassé mon broc de sirop destiné à Sa Grandeur et...
La plaignante n'avait pas prononcé deux phrases que les Religiats l'interrompirent.
— Toi, jeune fille. Qu'est-ce que tu trafiques ici ?
Eleonara n'aimait vraiment pas leur façon de la mesurer. Elle avait commis une étourderie, d'accord, mais ça ne faisait pas d'elle une criminelle. Son chèche ne s'était pas délogé, elle avait pensé à se maquiller ; son déguisement était intact, on n'avait aucune raison de l'accuser.
— Je suis scribe, dit-elle, les sourcils froncés.
Ça ne répondait pas exactement à leur question, mais les soldats eurent l'air de s'en contenter.
— Qui t'emploie ?
Eleonara préféra ne pas mentionner Sebasha.
— Un pharmacien.
— Lequel ?
Les trois humains, hommes et femme, l'étudiaient respectivement avec suspicion et rancœur.
Les yeux en fente de la confectionneuse s'arrondirent d'un coup ; elle attrapa Eleonara par sa tunique et, d'un coup de griffe, libéra le pan du turban qui lui voilait le bas du visage, avant de la repousser brusquement.
— Une Peau Pâle ! Malade, qui plus est ! Et elle sent l'ail !
Ce fut au tour des Religiats de tirer sur ses habits.
— D'où viens-tu ? Qu'as-tu contracté ? Qui sont tes parents ?
— Je... mes parents ?
Eleonara était si bouleversée qu'elle ne put s'empêcher de bégayer. Son accent l'avait-il trahi ? Mais elle n'avait prononcé qu'une pincée de mots !
Ce fut en reconsidérant les étoiles déteintes sur le visage de la confectionneuse de sirop qu'elle comprit. Elle avait dû effacer le khôl en se frottant les yeux !
Elle crut halluciner en s'entendant dire, pour se rattraper :
— Mon père était un Religiat et ma mère une érudite opyrienne.
C'était la première chose qui lui avait traversé l'esprit. Un pur réflexe. Elle n'avait jamais connu ses parents ; les inventer était un jeu d'enfant.
— Une hybride, lâcha un Religiat. Je n'avais jamais vu ça.
— Quel est le nom de ton père, gamine ? s'enquit son camarade
— Sire Flavin.
Eleonara regretta immédiatement sa réponse. Sire Flavin n'était pas un Religiat, mais un Sylvain, commandant d'une compagnie à son propre nom qui gardait l'extrémité nord de la forêt de Hêtrefoux. À en croire Agnan, Sgarlaad avait servi sous ses ordres, à une époque.
Les deux Einhendriens secouèrent la tête ; ils devaient savoir qu'elle bluffait.
— Je m'en fiche de qui l'a enfantée, s'écria la femme aux tresses. Je m'en fiche de qui nettoiera cette route : les chiens errants et la mousson s'en occuperont. Ce que je veux, c'est une indemnisation pour mes pertes !
— La fille vous remboursera en temps voulu. Pour l'instant, elle vient avec nous. Elle pourrait être porteuse d'un mal contagieux. Pour éviter toute épidémie, nous la ferons examiner.
— Mais j'ai besoin d'une compensation sur-le-champ!
Eleonara était mortifiée. Ses yeux balayaient les éclats collants de céramique disséminés entre leurs pieds, ainsi que la coulée sucrée qui évoluait en direction du bassin. Le cœur battant, le regard zigzagant, elle réfléchissait à pleine allure à une ruse, une boutade, un tour de main qui pût la tirer d'affaire.
— Votre nom et votre adresse, s'il vous plaît, madame, disaient les Religiats. Nous vous recontacterons.
— Mais !
— Nous vous recontacterons. Je répète : votre nom et votre adresse.
— Jarabe, grogna la femme. Madame Jarabe, secteur nord-ouest, couloir des artisans, confiserie Jarabe.
Un tremblement nerveux secoua les chevilles d'Eleonara, puis ses mollets, puis ses cuisses. Les Religiats avaient chacun posé une paume sur ses épaules. Ce toucher humain lui occasionna un début de nausée. Elle se sentait si minuscule entre ses escortes ; si elle s'était crue maligne avec ses demi-vérités, elle était maintenant convaincue d'être la plus godiche des abruties. Une lueur orangée naissait à l'horizon. Si elle ratait le petit-déjeuner, Razelhanout allait la tuer.
Eleonara avait envie de s'énerver, et beaucoup, car elle savait ce qui l'immobilisait : elle n'osait pas s'échapper. Sa peur d'être rattrapée écrasait l'attrait de la liberté. C'était un fait, honteux, mais un fait quand même. Elle avait vu de quoi étaient capables les moines-soldats novices et ceux-ci étaient mûrs et expérimentés. Leurs réflexes étaient plus aiguisés que les siens et leur connaissance des quartiers de loin supérieure.
Tandis que les Religiats s'éternisaient à envoyer paître Madame Jarabe, le soleil baignait les ruelles dans la douce promesse de son règne de fer.
Petite sotte. Tu ne vas tout de même pas abandonner avant d'avoir joué. Leurs lois ne sont pas tes lois, souviens-toi.
Un Religiat se tourna vers elle.
— Retire ton chèche, s’il te plaît.
Ce fut comme une piqûre d'étincelle ; ses pieds réagirent avant qu'elle n'en formulât l'idée. Eleonara se propulsa vers la droite et s'envola pour la course la plus effrénée de sa vie. Elle n'était pas à moitié droguée comme la dernière fois, à Terre-Semée. Elle n'était plus faible et malnutrie, comme à la prison des Onerres. Depuis qu'elle avait fui la taverne du Saint-Cellier, ses muscles atrophiés s'étaient développés ; elle pouvait décamper et sauter comme n'importe qui.
Les extrémités de son chèche fouettant dans son élan, Eleonara slalomait et bifurquait avec rapidité dans les espaces étroits et poussiéreux, quand son cœur faillit sauter hors de sa gorge. Au coin de rue à gauche, un Religiat était apparu, lance pointée. Coupée dans sa course, l'elfe dérapa, fit jaillir des étincelles sous ses sandales en roseau et se dépêcha de déguerpir dans l'autre direction.
Elle enjamba un panier abandonné, terrorisa un chat errant et esquiva de justesse une vielle dame recourbée. Une injure éclata dans son dos. Sans savoir si l'insulte venait de la grand-mère ou d'un Religiat, Eleonara s'efforça à maintenir sa cadence essoufflante.
Les zones résidentielles multipliaient leurs carrefours et leurs virages serrés, créant un labyrinthe aussi pratique pour brouiller les pistes que pour s'égarer. Eleonara craignait de tomber nez-à-nez avec un moine-soldat ou une impasse. Autour d'elle, des rideaux s'ouvraient et on manqua de lui verser un pot de chambre sur le crâne. Bientôt, les chemins seraient bondés et circuler librement serait impossible.
N'entendant plus de pas résonner derrière elle, Eleonara ralentit et se retourna, méfiante. Personne. Ses oreilles pointues remuèrent sous son turban. Seuls lui parvenaient les bourdonnements des abeilles ainsi que les conversations atténuées émanant des murs des habitations. Inspirant de grandes bouffées d'air chaud, elle marcha d'un pas vif, se hissant parfois sur la pointe des pieds afin de s'orienter selon ses trois repères : le bassin central, le phare et l'inclinaison de la ville. Elle s'était aventurée trop loin, sans réfléchir à comment rentrer.
Alors qu'elle reprenait lentement son souffle, trois ombres se dressèrent dans son dos et l'urgence la piqua à nouveau ; elle détala par là où elle était venue. Nul besoin de guigner pour deviner de qui il s'agissait.
Eleonara courait tout droit. À chaque fois qu'elle traversait un croisement, elle distinguait les silhouettes des Religiats la pourchasser sur des chemins parallèles, happées une seconde sur deux par les maisonnettes entre les ruelles. Elle avait compris leur tactique. S'ils avaient tantôt été trois, ils était devenus quatre, puis six. Derrière, à droite, à gauche, ils la suivaient telle une meute de guépards. Inévitablement, leurs routes finiraient par converger sur la sienne... et alors, elle serait perdue.
Élevant des nuages de sable derrière elle, Eleonara reconnut alors l'enclos des chevaux de Monsieur Zachare. Sans plus y réfléchir, elle fit volte-face, grimpa par-dessus la clôture et tomba à genoux de l'autre côté. Entre les chevaux qui hennissaient et s'écartaient, elle se releva avec une rotule écorchée et, en boitant, plongea dans la cavité rocheuse qui servait d'écurie. La respiration sifflante et agitée, elle s'affaissa devant une silhouette familière qui, en cet instant, l'emplit d'un agacement sans bornes.
Moins résistant à l'astre cuisant que les pur-sangs opyriens, Voulï se cantonnait à l'ombre. Il releva la tête de son abreuvoir en voyant Eleonara se traîner dans la paille de sa stalle. Son regard était venimeux.
La bouche sèche et les yeux versés en arrière, l'elfe prit appui contre un mur, cherchant à reprendre sa respiration tout en évitant de tousser. En sautant la clôture, elle s'était râpé un genou et tordu le poignet. Ses poumons et sa cage thoracique, pas aussi extensibles que voulu, menaçaient de craquer en pompant l'air. Sous son chèche, ses oreilles s'agitaient. Où étaient les Religiats ? L'avaient-ils vue faire demi-tour ?
— Par ici ! Par ici !
— Je l'ai vue virer dans cette direction !
En percevant ces cris, Eleonara sut que c'était fini. Tôt ou tard, un moine-soldat pénétrerait l'écurie et tout serait fini.
Cette cavalcade lui rappelait la nuit à la prison des Onerres où elle avait découvert un trousseau de clefs dans sa cellule. Elle avait galopé comme une détraquée et sa fuite avait échoué. « Et rebelote », prédit-elle, découragée.
Voulï renifla ses orteils couverts de poussière et voulut en croquer un. Puisant dans ses dernières forces, Eleonara repoussa son chanfrein.
— Ton maître est-il toujours en vie, au moins ? chuchota-t-elle. Évidemment, tu n'en sais rien, sale bestiole. En temps normal, je préfère que tu ne parles pas, mais là, si tu pouvais m'aider, ça m'arrangerait.
L'animal fit demi tour sur lui-même et la fouetta avec sa queue.
Eleonara ne sut pas si ce fut cette offensive, la boucle mikilldienne qui chauffait contre son ventre, les premiers symptômes d'une insolation ou la souvenance d'un jeune garçon au crâne pelé, mais sa main trembla et la peau autour de ses paupières se mit à brûler. Telle une condamnée à mort, elle vit défiler des clignotements de son vécu. Les bouffonneries d'Agnan et ses éclats rieurs crépitèrent dans le creux de son oreille, suivis de la voix apaisante et sage de Melvine lui lisant un livre. S'interposa alors Sgarlaad, patient, attentif, réservé, qui lui serrait la main, une promesse sur les lèvres. Agnïnwur et moi ferons tout notre possible pour te tirer de là.
Contrairement au flacon de l'alchimiste, ses souvenirs ne pouvaient être égarés et, contrairement à l'argent, personne ne pouvait les lui voler. Le temps pouvait en altérer les détails, mais jamais il ne porterait atteinte à leur essence, gravée dans le marbre de son esprit. Au creuset de la peur et du danger, le passé lui découpa une rosace sur le paradis. Quand Eleonara s'entourait d'eux en son for intérieur, elle se croyait presque humaine.
Ces évocations avaient toutefois un revers d'amertume. Que valaient ces amitiés si elles n'étaient pas dirigées vers elle, l'authentique elle, mais l'humaine qu'elle incarnait ? Ourébi la scribe, Bronwen la moniale meurtrière, Eleonara l'esclave. Elle ne savait plus qui elle était. Sous quelle forme, sous quel nom était-elle née ? Qui serait-elle demain ? Des larmes, lames d'eau et de sel, lui piquèrent les yeux. « Elé. » Elle n'avait jamais cessé d'être Elé, son prénom elfique. Comment cette petite luciole avait-elle pu se reléguer au tréfonds de son identité ? La face ombrée de la Dame conquit sa rétine et ses comptines ses tympans. N'es-tu pas censée chercher Hêtrefoux ? semblait-elle lui reprocher.
— Nous recherchons une jeune Peau Pâle. Maigrichonne, toute vêtue de blanc, les joues peinturlurées. Elle se cache dans les parages, possiblement autour de votre demeure. L'auriez-vous vue ?
Eleonara reconnut la voix du premier Religiat arrivé sur la scène du broc de sirop pulvérisé. Entre les soupirs rauques de Voulï, sa propre respiration sibilante et le tambourinement déchaîné retentissant dans ses oreilles, elle n'entendit pas la réponse. Faisaient-ils le tour de l'enclos ? Devait-elle lorgner hors de sa cachette et profiter de s'échapper ? Ses forces s'étaient épuisées et un point sous ses côtes lui faisait terriblement mal. Dans cet état, elle n'irait pas loin.
Des pas frottaient la terre sableuse et se firent de plus en plus proches. Eleonara zyeuta autour d'elle, paniquée. Saisissant qu'elle cherchait à ne pas être vue, Voulï hennit à pleins poumons.
« Tais-toi ! supplia l'elfe en le désintégrant du regard. Tais-toi ou je t'arrache les poils qui te restent ! »
— Hé.
Un torse bronzé, velu et dégoulinant de sueur bloquait le rai de soleil illuminant le couloir de l'écurie. Le menton avancé et les pommettes taillées dans l'ambre, Zachare s'avança pour se tenir au-dessus d'elle comme un ciel chargé et orageux.
— Tiens, tiens. Jeune Ourébi. Maintenant que les Langues Alanguies sont parties, je crois que je mérite quelques explications. Te revoir est une agréable surprise, mais qu'est-ce qui te prend de profaner ma propriété sans ma permission ?
— Je suis vraiment déso...
La main plaquée sur un œil – celui qu'elle croyait démaquillé – Eleonara tenta de se remettre debout, mais un élancement tranchant ajoura son genou droit. Elle se retint à la paroi pour ne pas tomber. À cause du sirop, sa peau collectionnait les brins de paille et refusait de s'en séparer.
— Je suis vraiment désolée. Les Religiats me poursuivaient. Puisqu'ils ne sont plus là, je m'en vais immédiatement, promis. Pardon encore pour l'intrusion. Au revoir.
Elle voulut le contourner clopin-clopant ; il l'en empêcha par l'extension d'un bras.
— Top, top, top. On ne bouge pas. Ce n'était pas une bonne initiative de courir. Les Religiats doivent croire que tu es coupable de quelque chose.
Il pencha sa tête pleine de bouclettes-escargots et lui arracha la paille collée à son coude.
— Et tu caches le faux œil, Peau Pâle.
Penaude, Eleonara enleva sa main de son orbite. Voulï voulut lui rentrer dedans le crâne baissé, mais Zachare claqua de la langue juste à temps et le retint par le licol.
— Il est très affectueux, relativisa-t-il. Tu sais, les pâlichonnes, ça ne grouille pas les rues d'Arènes. Mis à part les Religiats, bien sûr. Tu peux être rassurée : ils ne viendront pas ici ; je les ai redirigés vers un autre quartier.
— M... merci, c'est très aimable à vous.
— Comment as-tu atterri en Opyrie, Langue Alanguie ? Ton accent est remarquable.
— Euh, c'est une longue histoire, je ne veux pas abuser de votre temps.
Embarrassée par cette entrevue forcée, Eleonara voulut à nouveau boiter vers la sortie, or l'éleveur équin lui adressa un « tss tss » dissuasif. Il lui désigna une botte de foin et lui fit signe de s'y asseoir. Zachare s'appuya contre un mur et la fixa, amusé.
— Je savais que tu trouverais une excuse pour rendre visite à notre ami quadrupède, mais de là à enquiquiner les Religiats...
— Ce n'est pas ce que vous croyez ; je vous l'ai dit : on me poursuivait !
— C'est ça, c'est ça. Il te plaît, Voulï, pas vrai ? Je conçois qu’il puisse être de mauvais augure, tu sais. Pas qu'il le soit, hein, il ne m'a jamais dérangé, moi. Aussi paisible qu'un oasis, celui-là. Tout aussi rafraîchissant aussi ; ça change de voir d'autres bêtes, d'autres jambes, d'autres croupes. C'est juste que... son propriétaire aurait commis un meurtre. Ça fait des mois que le pauvre Voulï est là et que personne ne s'intéresse à lui. À part toi. C'est pourquoi, jeune Ourébi, je suis prêt à te faire un prix spécial Zachare. Si tu le souhaites.
Eleonara n'était pas d'humeur à négocier et ne songeait qu'à une chose : rallier la pharmacie. Aussi le coupa-t-elle court dans ses avances marchandes.
— Non merci. Je n'ai pas d'argent, de toute façon.
— Qui a parlé d'argent ? Le troc est courant ici.
— Je n'ai rien à troquer.
— Non, non, non, tu n'as pas compris. Ce que je te demande, en échange de ce magnifiquissime destrier, ce n'est qu'un touuut petit service, assura l'éleveur en écrasant une fourmi imaginaire entre son pouce et son index. Tout petit. Riquiqui.
Départagée, Eleonara tordit sa bouche de travers. D'un côté, elle désirait voir contre quoi Monsieur Zachare était disposé à lui céder le poney d'Agnan ; de l'autre, elle ne voulait pas se laisser embobiner.
Le marchand ne manquait pas d'encouragement : s'il n'en recevait pas d'autrui, il en générait suffisamment pour lui-même.
— C'est une offre unique ! s'exclama-t-il en brassant l'air plein de poussière. Je te ficelle Voulï ainsi que ses harnachements dans un paquet fort avantageux à une condition : que tu acceptes de faire une commission pour moi auprès des Mysticophiles.
Eleonara ne croyait pas ses oreilles.
— Les Mysticophiles ? Les Vendeurs de Secrets ?
— Oui. Ça te dit ? Voilà ce que tu demanderas. J'aimerais connaître la vraie identité ainsi que l'origine de mon dernier acheteur, un homme douteux ayant emmené le meilleur étalon que je possédais. Demande aux Vendeurs s'il le traite bien, ce qu'il en a fait et où je peux le retrouver pour rescaper mon cheval, si besoin.
L'elfe s'attendait à ce que Zachare rajoutât des conditions supplémentaires, or, comme rien ne semblait venir, elle s'enquit, déconcertée :
— C'est tout ? Je fais juste ça et vous m'offrez Voulï ?
— Voulï et tous ses harnachements, confirma-t-il. Paquet spécial, je te rappelle. Unique en Opyrie. Et une paire d'éperons si tu te décides cette semaine.
Eleonara pinça les lèvres. C'était trop facile ; il devait y avoir une attrape. On ne parlait pas d'un poussin unijambiste, mais d'un poney adulte.
— Si je veux obtenir les réponses à vos questions, je dois céder quelque chose en échange, dit-elle en plissant les yeux comme pour mieux se rappeler les règles du mysticopolium. Des secrets. Mais je ne connais pas vos secrets, moi.
L'Arènien coinça ses mains sur ses hanches et rit à gorge déployée.
— Jeune Ourébi, il n'y a plus aucun doute : tu n'es pas d'ici. Ce sont tes propres secrets que tu fourniras, évidemment ! Si je baisse autant mes prix, il faut que t'y mettes du tien ! Il est interdit de divulguer des secrets qui ne t'appartiennent pas. Les Vendeurs de Secrets sont à cheval sur cette règle-là. Oh, ne tire pas cette tête, voyons ! Chaque Arènien a rendu visite aux Mysticophiles au moins une fois dans sa vie ; ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs. C'est drôlement pratique, mine de rien, pour retrouver ce qu'on a perdu ou pour savoir si son épouse entretient un amant. Puisque tu es là, Einhendrienne, autant faire ton baptême du feu. En adulte responsable, je t'accompagnerai, parole de Zachare.
Sebasha avait interdit à Eleonara de consulter les Vendeurs, mais apparemment, ils étaient des négociants à qui l'on faisait appel pour un oui ou pour un non.
— Vous y êtes déjà allé ? demanda l'elfe.
— Bien sûr, mais pas depuis longtemps.
— Pourquoi ?
— Ha, c'est pourtant évident : je n'ai pas de secrets. Ma vie, je la raconte à tout le monde. Je suis un livre ouvert. Mes secrets ne valent rien, parce que tout le monde les connaît.
Eleonara considéra sa réponse avant de rebondir.
— Votre femme vous trompait ?
— Ce... ce n'était qu'un exemple ! Revenons à nos moutons. Contrairement à moi, toi, tu es une fosse à secrets, Langue Alanguie. Rien que le récit de comment tu t'es infiltrée dans cette ville doit valoir la peau du derrière !
— Je ne risque rien ? En allant voir les Mysticophiles, je veux dire.
— Pas plus que chez un autre marchand. Ne te laisse pas berner, c'est tout. Il ne faut jamais se laisser berner par un marchand.
L'index en l'air, il suspendit son discours, réalisant qu'effectivement, lui aussi était marchand. Il reprit aussitôt :
— Âme charitable que je suis, je vais te conseiller. Conseil numéro un : prépare une stratégie à l'avance. Pense à plusieurs secrets peu compromettants et fais-en une liste. Pas par écrit, non, non, dans ta tête. Tu dois les connaître par cœur dans leur ordre d'importance. Choisis bien tes mots. Quand tu l'auras faite, ta liste, reviens me voir et nous irons au mysticopolium ensemble.
Devant les yeux pétillants et le sourire agrandi de l'éleveur, Eleonara loucha vers la bête dodue et dépilée qui les observait, soupçonneuse. L'elfe n'était pas une fanatique de quadrupèdes, mais un poney ne se résumait pas qu'à un organisme carburant du foin dont les flatulences sentaient l'herbette : c'était un moyen de transport endurant, un bon investissement si elle décidait un jour de quitter Arènes. C'est ça ou marcher seule dans le désert et crever, souligna son for intérieur, peu enthousiasmé. Il avait raison : on ne parlait pas de n'importe quel poney, mais de Voulï, alias l'animal du Mal. Le garder, le nourrir, l'avoir dans son champ de vision... Avoue, ça sera horrible, mais moins horrible que mourir de soif avant d'avoir rejoint Hêtrefoux.
Eleonara inspira fort et hocha la tête. « Pour Agnan. Pour Sgarlaad.»
— Je le ferai. En attendant, réservez-moi Voulï.
— Avec plaisir, chérissime Ourébi.
Super chapitre, plein de rebondissement !
J'ai beaucoup aimé la course poursuite, que j'ai trouvé haletante mais aussi drôle, a imaginer Elé avec son maquillage qui coule, et couverte de sirop qui attire les pailles xD
J'ai aussi beaucoup aimé ce moment ou elle ne sait plus qui elle est, entre Eléonara, Bronwen et Ourébi !
Quand le garde lui demande d'enlever son chèche j'ai eu un pic de sueur :O
coquille : une mausolée -> un mausolée
Je pense qu'aller vendre ses secrets est une très mauvaise idée... Elle a intérêt a bien choisir ses secrets ! et c'est clair qu'elle ferait la fortune des trafiquants de secrets, avec tout ce qu'elle cache !! Mais bon, tout pou Vouli !!
Ohhh je suis trop contente que ce chapitre et surtout la course poursuite t'aient autant enthousiasmée parce que j'ai ADORé l'écrire ! Je me passais des musiques rapides en boucles et mon niveau d'adrénaline devait être très haut xD Le maquillage qui coule, c'es un excellent ingrédient pour rajouter du drama haha ! Même chose pour la paille !
C'est cool si ça mini crise d'identité t'ait parlé ! Je voulais faire une sorte de petit debriefing sur sa vie juste avant qu'elle "affronte la mort", genre flash-back ou comme ça et voilà ce que ça a donné. Maintenant j'imagine juste Voulï devant elle en mode "wtf meuf c'est pas le moment" xD
C'est vrai qu'elle a eu chaud avec son chèche pour ce coup-ci !
Eleonara a tendance à penser que les mauvaises idées sont de bonnes idées... on verra ce que ça donne :D
Merci de suivre les aventures d'Eleonara et compagnie !!
Quant à ce chapitre... Oui ! Rien à dire : ça bouge, ça surprend, ça se lit en apnée, et on sent bien que ça va déboucher sur quelque chose d'énorme ! Elé DECIDE de suivre Sebasha, elle décide de courir, elle décide de s'échapper : on retrouve plus l'héroïne du tome 1, finalement, et c'est génial ! La poursuite est trépidante (je me suis vraiment demandée si les religiats allaient la rattraper), l'introspection à l'ombre de l'écurie est évidemment très intéressante (on se dit que quand elle reverra les nordiques, elle leur avouera son secret !), et la négociation avec Zachare, dont on ne sait pas trop s'il est fiable ou pas, promet une suite palpitante. Parce qu'elle en a, des secrets, Elé ! Et même si elle fait une liste, il y a des chances pour que ça ne se déroule pas comme elle l'attend ! Tout ça pour récupérer Vouli ! Il a de la chance, ce poney XD !
Bref, j'ai adoré ce chapitre !
Détails :
"et que les artères d’Arènes, transformées en torrents escarpés, se séchèrent," : séchèrent (pas se séchèrent)
"L'Opyrienne vira devant une mausolée toute en arcs outrepassés. " : un mausolée
"Cette légèreté dans ses bras et ses jambes expulsa sa solitude et son égarement dans un monde trop vaste, ainsi que les disparus, les morts, les revenantes et l'insu." : l'insu ? tu veux dire le hasard ? L'inconnu ? Je ne l'ai jamais vu utilisé comme ça (mais ça ne veut pas dire que c'est faux :) )
"Avant qu'elle n'eût intégré ce qui venait de se passer, un picotement froid se déroula sur son échine et le sang s'évada de ses vaisseaux faciaux." : la dernière partie m'a d'abord laissé penser qu'elle saignait du nez.
A très vite !
Je t'avoue que j'ai un faible pour les course-poursuites et je me souviens de l'adrénaline que je ressentais en écrivant celle-ci. (en me passant des musiques de films en boucle évidemment) ! Bref, c'est super que ce chapitre t'ait plu !
Eh oui, il est gâté, ce Voulï xD
Je vais corriger ces coquilles !
Merci pour commentaire et ta lecture :)
à toute !