9. Le vol et le voeu

Par Jowie
Notes de l’auteur : 13/03/2020

Aussitôt rentrée, Eleonara s’empressa de faire ce qui la démangeait depuis longtemps : un plan aérien d’Arènes. Sur un coin de son cahier, elle la représenta comme une orange coupée à la moitié et divisée en six quartiers, avec en son centre, le bassin principal et, à ses alentours, les faubourgs. Elle dessina la pharmacie de Razelhanout dans le secteur nord, la brocante dans le secteur nord-est et la caserne dans le secteur sud. C’étaient des points éparpillés que sa logique peinait à relier. Il lui manquait des indices.

Les jours suivants s'écoulèrent entre labeur et apprentissage. Eleonara assumait les commissions, s'occupait du potager, nourrissait Pia et les poules. En plus de lui donner des cours d'opyrien ancien approfondi, Razelhanout lui enseigna à fabriquer de l'oxymel et des pilules de raifort. Elle était constamment occupée et en mouvement ; en fin d'après-midi, ses sandales ne sentaient pas la lavande. Sa peau exposée passa d'une rougeur rappelant la viande crue à un rose flamand. Elle pela et, peu à peu, sous les soins de Razelhanout, elle se fortifia et développa une teinte légèrement brune ; même ses taches de rousseur s'étaient foncées. Quant à sa malédiction, rien ne pouvait la freiner : de nouvelles plaques carmines avaient éclos au creux de ses coudes et entre ses doigts, qu'elle cachait avec ses manches trop longues.

Une fois, elle réussit à s’éclipser et à rejoindre la brocante derrière laquelle Zachare avait retrouvé Voulï. Hélas, le commerce était fermé et ses propriétaires, à en croire la pancarte sur la porte du commerce, étaient partis faire fortune en Einhendrie et ne seraient pas de retour avant l’année prochaine. L’elfe soupira. Et maintenant ?

La caserne. La localiser lui fut corsé, mais elle finit par la trouver. Dû à la densité de Religiats circulant entre les dortoirs et les écuries et gardant toutes les issues, l’elfe dut se contenter d’inspecter l’établissement à une distance raisonnable, son chèche rabattu sur son visage. Peu de portes, des fenêtres étroites et trop hautes ; il était difficile de s’imaginer quelqu’un y entrer par effraction. Elle n’en retira pas plus de cette inspection, mais au moins, sa conscience était tranquille : elle avait vu la caserne de ses propres yeux.

 

En l'espace de quelques semaines, Eleonara s'habitua à voir n'importe qui s'inviter dans la pharmacie avec n'importe quoi comme accoutrement, fard, parure ou accent. Ainsi les vieillards à la peau craquelée vêtus de rien de plus qu'un pagne ne la déstabilisaient plus. Après un rude début, son ouïe avait fini par s'accoutumer aux particularités de l'einhendrien parlé par les Arèniens. L'elfe décida de se calquer sur leur prononciation et leur intonation pour les imiter avec plus d'authenticité. Impressionné, Razelhanout l'instruisit alors sur les particularités les plus imagées de leur langage.

— Si ça peut t'éviter des moments d'embarras au souk, sache que crever la moustache signifie bénéficier d'un certain panache, tandis que si quelqu'un tond les goélands, c'est qu'il est perfectionniste, compris ?

Un autre passe-temps du pharmacien consistait à ressasser les percées scientifiques pour lesquelles les Troyaumes étaient redevables aux Opyriens. La césarienne, les amputations, l'anesthésie, les opérations oculaires et artèriennes étaient courantes et pratiquement sans danger en Opyrie, alors qu'en Einhendrie, ces termes étaient soit méconnus, soit annonceurs d'une mort quasi certaine.

— Rien que d'imaginer que les Einhendriens curent le mal de dents en les brûlant à la chandelle, ça me donne les frissons. Et quand je pense que là-bas, les barbiers coupent les cheveux, brûlent les verrues, pratiquent les saignées et extirpent le cal des pieds... Sainte Hygiène !

Si Eleonara se fatigua vite de ce puéril jeu de qui-est-mieux-que-qui typique des humains, ses observations quotidiennes lui forgèrent la certitude que la civilisation opyrienne s'était érigée sur les connaissances de l'Ancien Temps ; un passé et un héritage que l'Einhendrie avait rejeté.

Les écus que Razelhanout lui glissait de temps à autre pour la remercier rendaient ses tirades beaucoup plus agréables à écouter et le travail, plus doux à exécuter. Eleonara économisait chaque sou, s’imaginant déjà chevaucher Voulï en direction de Hêtrefoux. Un transport plus agréable aurait été souhaitable, mais faute de mieux, elle devrait se contenter d’un poney au caractère rugueux.

 

Un soir, Eleonara traversa silencieusement la salle de préparation où Razelhanout réduisait du gingembre. Concentré sur son livre de notes, il ne lui prêta pas attention et continua à marmonner dans sa barbe pointue. Une de ses narines remua cependant.

Après un « bonne nuit » lui aussi ignoré, l'elfe le contourna sur la pointe des pieds et se glissa à l'extérieur par la porte postérieure. Dans l'arrière-cour, les poules s'étaient pelotonnées les unes contre les autres, tandis que Pia la fixait, attentive. La jument suivit l'elfe des yeux quand cette dernière positionna l'échelle et se hissa sur le toit. Là-haut, elle étendit sa natte de roseaux tressés, déroula ses couvertures et se coucha.

Pour être la scribe de Sebasha, elle ne la voyait pas souvent. La Chevaucheuse de dunes s’était réduite à un froissement de draps à l'autre bout du toit. Parfois, elle ronflait ; mais au petit matin, elle était, pour la plupart du temps, déjà partie. L’elfe avait du mal à supporter ses absences et à ne pas cultiver sa colère ; n’étaient-elles pas censées enquêter ensemble ? Sebasha l’avait-elle recrutée uniquement pour ne pas devoir assister Razelhanout elle-même ?

Emballée dans sa couette comme une chenille dans sa chrysalide, Eleonara réalisa avec flemmardise qu'elle avait oublié de laver son visage avec la détestable infusion à l'ail. Avec un grognement replié au fond de la gorge, elle se redressa. Décidément, avoir le cœur rongé par la culpabilité et le faciès meurtri par des boutons et des plaques écarlates, ce n'était pas suffisant : il fallait en plus sentir mauvais.

À terre, Pia hennit. Son écho avait à peine retenti qu'un battements d'ailes chaotique fusa derrière Eleonara. Celle-ci se retourna sur le qui-vive et eut juste le temps d'apercevoir une imposante forme noire perchée sur la couronne d'un parapet avant qu'elle se propulsât pour se mêler au ciel d'encre.

L'elfe crut perdre sa mâchoire de sidération. Elle se tint à la demi-cloison du toit-terrasse, étira le cou et scruta la noirceur parsemée d'étoiles. Avait-elle rêvé ? Un oiseau de cette taille, il n'y en avait pas mille sortes.

Une Harpie. Une Harpie en Opyrie.

Une ombre plumée plana au-dessus de l'abri. Sans hésiter, l'elfe enjamba la demi-cloison et, agile, se laissa glisser sur l'échelle. Une fois à terre, la première pensée qui la traversa fut : « Que mangent les oiseaux messagers du Mikilldys ? » Un coup d’œil à ses alentours suffit à l'inspirer.

Elle attrapa une poule par le cou et agita au-dessus de sa tête la pauvre bête qui, arrachée à son état de somnolence, piaillait à en perdre le bec.

— Ouh ouh, Harpie ! héla Eleonara. Regarde la belle poule juteuse ! Regarde ! Viens !

Le rapace plongea, exécuta une ellipse puis s'éleva à nouveau. En ce faisant, il se rapprocha d'une torche. Entre deux clignements, l'elfe décela un soupçon de plumage brun. Or les Harpies étaient noir de jais, à l'instar des corbeaux. Cette vision la mit en doute. S'agissait-il réellement d'un oiseau messager du Nord ?

— Nom d'un phacochère ! Repose cette poule immédiatement !

— Je crois qu'il y a une Harpie ! s'exclama Eleonara, le doigt pointé vers le voile céleste, sans pourtant lâcher le gallinacé tétanisé.

Monsieur Razelhanout, sorti en trombe de son laboratoire, avait plus l'air de vouloir lui faire avaler une savate que de s'adonner à l'observation aviaire.

— Une quoi ?

— Une Harpie. C'est comme un gros corbeau qui vient du...

— Par tous les esprits de tous les fleuves, Ourébi, tu ne sais pas reconnaître un aigle ?

Eleonara laissa filer l'air qu'elle venait d'aspirer.

— Quoi, mais... ah bon ? Oh. Dommage.

— Quoi, dommage ? Et relâche cette pauvre bête, enfin !

Eleonara desserra son étau pour libérer la poule dans son enclos. Le cou rentré, le volatile fila rejoindre ses compagnes et les épouvanta avec une unique plainte stridente.

Puis, plus un cri, plus un battement. Juste la nuit, dévorante. Et Razelhanout, les poings sur ses hanches émaciés qui bombardait son assistante du regard. Les têtes de certains voisins dépassaient de leurs fenêtres, alertés par le boucan. Ils grommelaient, leurs yeux soulignés par les cernes. Des Nocturnes réveillés trop tôt ?

Maintenant que l'elfe y pensait, une Harpie en Opyrie aurait été trop beau pour être vrai. Si ça se trouvait, ces bêtes du Nord détestaient la chaleur.

Harpie ou pas, cette apparition était un signe : le signe qu’Eleonara ne devait pas perdre espoir et qu’il était l’heure d’arrêter d’attendre et de prendre les choses en main.

 

Eleonara passa la fin de l'après-midi suivant à désherber, arroser, surveiller le potager et collectionner des piqûres de moustique. Elle se retrouva également à devoir amadouer la poule qui lui avait servi d'appât. Depuis, le volatile fuyait aussitôt qu'elle apparaissait dans la cour et s'enterrait dans son nid dans une volute de poussière, de paille et de plumes.

Croyant soudain entendre un claquement de porte provenant de la boutique, l'elfe y accourut dans le cas où Razelhanout aurait besoin d'assistance avec un client. Au pas de course, elle coupa à travers la salle de préparation et repoussa le rideau de perles.

La personne qui venait de franchir le seuil n'était pas un client. C'était Sebasha.

Quand cette dernière rentrait inhabituellement tôt à la pharmacie, elle ramenait toujours des piques et des tranchants. Glaives, sagaies, épieux, il s'agissait toujours d'outils différents qui, après deux nuits, disparaissaient de vue. Ce n'était pas vraiment leur évaporation qui inquiétait Eleonara, mais plutôt le fait de ne pas voir ce que l'Opyrienne en faisait, de ces lames et ces armes de jet. Les revendait-elle contre des citrons ? Razelhanout avait mentionné que la Chevaucheuse de dunes était une sorte de cueilleuse. Se pouvait-il qu'elle fût trafiquante d'armes ?

Dans tous les cas, ses trouvailles ne prenaient pas poussière dans la pharmacie. Monsieur Razelhanout était inflexible sur ce point : il n'y aurait pas d'armes sous son toit. Profitant de la spécificité de cette interdiction, Sebasha les affûtait une par une sur le toit.

Ce jour-là toutefois, Sebasha ne ramenait rien d'acéré ou d'aiguisé, mais des tablettes de cire qui, empilées entre ses bras, lui arrivaient à la jugulaire.

L'apothicaire, occupé à classifier des petits bocaux dans ses tiroirs muraux, avait suspendu sa main en l'air alors qu'il rangeait l'huile de myrrhe.

— Quelque chose ne va pas ? demanda Sebasha en déposant sa tour de tablettes à terre.

Quelque chose ne va pas ? éclata Razelhanout en rabattant un tiroir d'un coup de poing. Ourébi a voulu assassiner Algèbre ! Elle a vu un aigle, l'a pris pour une harpe volante et...

— Une Harpie ! rectifia Eleonara. J'ai cru que c'était une Harpie !

De rage, il redressa son turban.

— Je m'en fiche de ce que c'était ou de ce que tu as cru que c'était ! Tu as secoué ma pauvre et innocente Algèbre sous le bec d'un prédateur !

— Cessez de crier, vous allez réveiller les frères Louroum ! sermonna Sebasha. Qui est Algèbre ?

— Ma poule préférée, évidemment ! cracha le pharmacien avec une voix qui s'éraillait. Tu devrais savoir, depuis le temps !

Sebasha considéra l'elfe puis le pharmacien avant de montrer ses grandes dents d'ivoire et de laisser filer un long rire. Un rire fou, mais muet.

D'une couleur qui rappelait de plus en plus les aubergines, Razelhanout serra les poings. Il grogna et s'exila dans la salle de préparation.

Avec un clin d’oeil, l'Opyrienne apostropha Eleonara. Elle débarrassa la balance ainsi que la paperasse sur le comptoir.

— Scribe, prépare-toi pour l'aube de ta première tâche.

L'elfe roula des yeux devant ce dramatisme et s'assit sur le tabouret derrière le comptoir. Avec un sourire de machinatrice à qui tout réussit, l'Opyrienne lui plaça une tablette de cire sous le nez.

— Je veux que tu recopies ce qui est écrit ici sur ceci.

Le « ici », c'était la tablette, noircie par une écriture minuscule qui ressemblait d'avantage à des empreintes de fourmis – des symboles inintelligibles, fiers gardiens de leurs secrets. Le« ceci » se référait à un rouleau parcheminé, immaculé.

Eleonara sentit une étrange curiosité lui picoter les doigts avant d’être écrasée par une enclume de doute. Encore du travail ? Avait-ce au moins un rapport avec ce qu’elles enquêtaient ?

— Auriez-vous encore le message que vous m’aviez soumis alors que nous voyagions avec les Harassi ?

Elle devait mettre la main sur le billet venant de Hêtrefoux. Le décoder serait corsé, voire impossible, mais essayer était son devoir, son obligation. Sans doute renfermait-ils des informations sur comment s’y rendre ou sur la situation actuelle de la Forêt. Et s’il s’agissait d’un échange entre Sylvains ?

Les lèvres tatouées de la Peau Sombre s’étirèrent.

— Le voici, dit-elle en produisant le billet de vélin.

Eleonara la remercia et examina tour à tour le texte à recopier et celui à déchiffrer. Ce n'étaient pas les mêmes signes. À quoi jouait Sebasha ? Pourquoi lui présentait-elle ces écrits ? Et surtout, où allait-elle les chercher ?

— Tu as mon autorisation pour garder le billet. Ce n’est après tout qu’une copie.

— Une copie ? Pourrais-je voir l’original ? Qui sait, il pourrait nous fournir des indices intéressants !

— Te le céder ne dépend pas de moi, hélas. Peut-être un jour. En attendant, regarde la copie avec passion jusqu'à ce que les lettres te parlent. Tu m’en donneras des nouvelles. Mais donne la priorité aux tablettes de cire. Je passerai reprendre les fruits de ton application demain.

— Demain ? Vous voulez que je copie ces choses pour demain ?

— Oui, mon travail me le demande. J’ai pris du retard.

Eleonara inspira fort.

— Mais quel est votre travail, au juste ? Vous êtes plutôt réservée à ce sujet. Et en quoi consistent ces notes ?

— Je rassemble de l’information.

— Et ?

— Rien de plus.

— Je suis désolée, protesta l’elfe frustrée par ces réponses minimalistes, mais ces signes ne me disent rien du tout. Je ne connais aucun de ces alphabets. Je vais faire n’importe quoi. Et la passion, je ne la ressens pas trop, là. Ce n'est ni de l'einhendrien, ni de l'opyrien ancien, ni du...

Elle se tut juste à temps. Du mikilldien. Tandis que les Nordiques traçaient de grands symboles aérés et complexes, essentiellement grâce à des barres, le symboles sur les tablettes n'étaient qu'un écoulement de vaguelettes liées, surmontées ou surmontant occasionnellement de petites étoiles d'encre.

— Pas important, assura Sebasha avec un mouvement nonchalant de la main. Je ne te demande pas de déchiffrer les tablettes ; je peux les lire aisément puisque je les ais codées moi-même. Je veux que tu dessines chaque trait avec la plus grande précision que tes veines puissent exprimer. Je t’en serai reconnaissante.

L'elfe contracta ses poings sous le comptoir et, les dents serrées pour contenir la boule de feu qui lui remontait depuis l’estomac, cracha :

— Mes amis sont là-dehors ; il leur est peut-être arrivé malheur. Je n’ai pas le temps de copier un charabia que je ne comprends pas !

— Chuuuut ! lui ordonna Razelhanout depuis la salle de préparation.

La Chevaucheuse de dunes se fit toute grande et sombre, aussi terrible qu’un orage naissant. Elle plaqua ses deux mains sur le comptoir.

— Ne t’ai-je pas dit qu’il faudrait s’épauler ? Le fait que tu copies ces tablettes me permet d’enquêter pour nous deux. Sinon, nous n’avancerions pas. Qui de nous connais mieux les règles de ce lieu ? Qui ?

Eleonara se concentra sur sa respiration pour ne pas prononcer ce qu’elle pourrait regretter.

— C’est vous, articula-t-elle à contrecoeur.

Comme la Peau Sombre demeurait impassible, elle soupira et écrasa sa joue contre son poing, le coude sur le comptoir. Du coin de l’œil, elle vit Sebasha lui soumettre quelques feuillets d'essai puis s’immobiliser, penchée au-dessus d'elle à la manière d'un vautour avide. Eleonara soupira une nouvelle fois. Somme toute, elle lui était redevable. Sans Sebasha, sa vraie identité aurait été exposée depuis belle lurette et sa mise à mort aurait succédé à une sympathique séance de torture. Mais tout de même, leurs investigations stagnaient depuis leur arrivée. Sebasha priorisait-elle la piste de l’Abbé et de Tomislav au détriment de celle des Mikilldiens ?

Plus son esprit manipulait cette idée, plus Eleonara se souvenait de l’avertissement de Monsieur Djimbi, le nomade.

Avec un geste mécanique, l’elfe rangea le billet à décoder pour ce concentrer sur les tablettes à copier. Elle se mit à griffonner sur le parchemin du mieux qu'elle le put.

— Tu ne m'as toujours pas éclairé en quoi consiste l’alliance entre les Nordiques et toi, souligna Sebasha. On n'obtient pas facilement la confiance des Nordiques.

Si Eleonara s’était arrêtée d’écrire, elle aurait vu le diamant incrusté dans sa canine étinceler.

— Je ne sais pas ce que vous vous imaginez, répondit l’elfe sans lever les yeux de sa feuille. Avez-vous déjà entendu parler d'appréciation mutuelle ? Ils m'ont beaucoup appris, vous savez ? À rire. À me réjouir du lendemain. À dire merci quand on reçoit un compliment.

— Je sais qu'ils sont venus te visiter alors que tu étais dans la tombe murale. Que t'ont-ils dit ?

— Au revoir.

— Et ?Ont-ils parlé d'où ils iraient ?

— Juste qu'ils partaient en Opyrie comme pour tous les autres moines-soldats et convers. Pensez-vous qu'ils devaient se rendre ailleurs après Arènes ?

— Je ne sais pas.

Eleonara invita un silence avant d'ajouter:

— Ne me dites pas que vous les soupçonnez aussi.

Elle se retourna pour lire l’expression de l’Opyrienne.

— Je ne les soupçonne pas. Mais c’est cette histoire de somnifère que je ne comprends pas. S’ils ne voulaient pas tuer l’Abbé et Tomislav, quel besoin d’endormir les convers ?

Eleonara fit tourner son calame entre ses doigts, comme indécise. Elle s’était posé la même question.

— Pour s’échapper ? Pour fuir la caserne ?

— Le même jour que les assassinats ? Fort suspect, non ?

— Et s’ils avaient fui pour sauver leurs vies ?

— Ils n’auraient pas endormi les convers ; ils n’auraient pas acheté de somnifère. Ils n’auraient rien planifié, rien prémédité. De loin ou de près, ils sont impliqués. J'en mettrais ma main au feu.

Eleonara ne trouva aucun argument solide pour la contredire et fixa la tablette et le rouleau devant elle. Avec son expérience de moniale copiste, elle se connaissait en calligraphie ; or, ne saisissant pas une parole de ce qu'elle transcrivait, elle devait sans cesse contrôler la direction de ses traits, l'inclinaison de ses boucles ainsi que leurs proportions. Quelle genre de textes confidentiels trimballait Sebasha pour devoir les crypter elle-même ?

Cette dernière dut être satisfaite de son effort car, lorsque l'elfe guigna derrière elle, le visage rougi et une migraine entre les tempes, la Chevaucheuse de dunes n'était plus là.

 

Les jours suivants, l'exercice scriptural se réitéra. Eleonara se dédiait entièrement à la copie des tablettes de cire et ne sortait que très peu. Pour se conformer aux brefs délais, elle travaillait de l'aube au coucher de soleil. Elle avait beau y mettre du sien, sa maladresse et un mal de poignet la rattrapaient, si bien qu'elle se retrouvait parfois à recommencer ses pages à zéro. L'activité lui demanda cependant de moins en moins de concentration et d'énergie à mesure qu'elle se familiarisait avec les petits symboles. Quand au message venant de Hêtrefoux, marqué d'une sorte de patte d'oiseau, elle n'avait qu'à le regarder pour se décourager. Sebasha n’avait elle demandé à aucun érudit de la Maison de Sagesse de les lui traduire ou n’y étaient-ils pas parvenus ? Ou alors était Eleonara la seule à bénéficier de cette confidence ? Elle avait beau le reparcourir et tourner Parle trois et tu liras quatre dans tous les sens, elle n’aboutissait sur aucune piste. Qu’est-ce qui pouvait être à la fois parlé, lu et compté ? Des mots, des phrases, des lettres bizarroïdes ? Son acharnement se changea en frustration. Ces symboles cachaient quelque chose ; quelque chose d’important dont elle frôlait la surface encore et encore, sans jamais arriver à la moelle. Quel don avait Hêtrefoux pour la tourmenter, s’insinuer dans ses espoirs et l’obséder !

Razelhanout, lui, grommelait à longueur de journée. En plus d'occuper une partie de son comptoir, Eleonara ne pouvait ni faire les courses ni se rendre au puits aussi souvent qu'il le désirait. L'elfe, elle, n’en était pas ravie non plus : son confinement l’empêchait d’enquêter activement sur les Nordiques. Elle attendait également un instant de libre pour renégocier avec Monsieur Zachare, l’éleveur de chevaux.

— Préparez-vous, menaça le pharmacien. Je m'en trouverai un, d'apprenti.

Eleonara leva les yeux. Entre les plantes, les meubles et les habitants de la maison – en comptant les deux Nocturnes dans l'armoire –, n'étaient-ils pas déjà trop, dans cette pharmacie ?

 

Eleonara profitait de ses pauses pour nettoyer son calame ou gribouiller sur ses feuilles de brouillon. Cette fois pourtant, ses pensées filèrent bien loin et sa main se fit esclave de son inconscient. Elle bâilla, frotta ses yeux fatigués et considéra sa feuille. Si ses dessins distraits et ses ratures se mélangeaient à des suites de mots aléatoires sans queue ni tête, elle reconnut, dans cette pagaille d'encre et de taches, trois prénoms : Agnan, Sgarlaad, Melvine.

Une tiédeur s'épanouit entre ses deux poumons, semblable à la sensation de quand elle abusait d'origan. À la retombée de sa surprise, Eleonara sourit. Soigneusement, elle plia le brouillon en deux et nourrit la flamme de sa bougie. Le buvard noircit, fuma, puis se consuma totalement. Eleonara en profita pour faire un vœu : que Diutur leur permît de se retrouver.

— Ça sent le brûlé ; Ourébi, qu'est-ce que tu fabriques ? ronchonna Razelhanout depuis la salle de préparation. C'est bientôt l'heure de se coucher, les Louroum vont reprendre la pharmacie.

— C'est rien, euh, juste ma bougie qui sent mauvais. Je me dépêche.

Elle souffla et tut le feu. Son vœu était déjà parti loin, très loin. Il s’était faufilé par la fenêtre, avait chevauché le vent et montait toujours plus haut, vers Diutur.

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Aliceetlescrayons
Posté le 18/03/2020
Je suis super contente de retrouver cette affreuse carne de Voulï <3 J’espère qu’Élé va réussir à le récupérer (et qu’il ne va pas essayer de la tuer en remerciements…) Je trouve qu’Éléonara s’en est plutôt bien sortie en prétendant qu’il était hanté par un mauvais esprit. Ils font vraiment un duo génial, ces deux-là ^^
La description du banquet est extrêmement vivante (mais aussi dégoutante…) Je plains la pauvre Melvine d’être plongée au milieu de cette cour de gros crasseux et surtout d’intrigants…
Super idée le plan d’Élé : il m’a permis de visualiser Arènes de façon plus simple ^^
Par contre, j’ai peine à croire qu’elle souhaiterait monter Voulï. S’encombrer de sa présence, oui, à cause du lien qu’il a avec les Nordiques mais monter dessus? Il la boufferait, non?
Si je comprend bien, par rapport aux commentaires d’Isapass, je lis une version corrigée? Parce que, moi, je n’ai pas du tout une impression de longueur ou de manque de fil rouge. Et je trouve, comme Sorryf, qu’il est normal pour Élé de profiter un peu d’une période plus calme, entourée par des gens bienveillants. Franchement, je comprendrais même qu’elle veuille tout laisser tomber et rester à Arènes.
Mais bon, j’imagine que ce n’est pas ce qui est prévu XD
A très bientôt pour la suite!
Jowie
Posté le 19/03/2020
Ouaaah mais tu as vraiment tout enchaîné, c'est super !
Eh oui, Voulï est de retour, pour le meilleur ou pour le pire xD
Ah ben voilà, tu as découvert la cour de Morglier... ce n'est pas la plus brillante de l'Einhendrie, je te l'accorde ! Melvine est à deux doigts du traumatisme xD
C'est juste, ceci est une version remasterisée de ce chapitre ! Et je crois que tu es la première à la lire ! Je suis comblée qu'il fonctionne bien maintenant; j'avais peur de trop accumuler les longueurs ToT Le plan d'Arènes était d'ailleurs une nouveauté, c'est super s'il t'a aidé à mieux imaginer le lieu !
C'est vrai, je pense aussi qu'Eleonara recherche le calme et maintenant qu'elle a mûri, elle peut éviter certaines bêtises. Mais juste certaines :D
Merci pour tes commentaires et j'espère que la suite te plaira ! Et si quelque chose te semble bizarre, n'hésite pas à me le signaler ;)
à bientôt !
Jowie
Posté le 19/03/2020
Oh, j'ai oublié un détail par rapport à Voulï : tu as raison, le monter semble peu probable dit comme ça. Je vais reformuler de manière plus péjorative, du genre : c'est entre ça et retraverser le désert à pied... xD
Sorryf
Posté le 11/03/2020
Olala merci d'avoir épargné la cocotte innocente !
Je n'ai pas compris pourquoi Elé voulait tant voir et attirer la harpie ? j'ai rigolé qu'elle ait confondu avec un aigle. Pauvre Elé !
Ces papiers codés me rendent fooooolle ! je veux les décrypter ! mais c'est pas évident sans les avoir sous les yeux, raaaah c'est trop frustrant è.é
Je me demande ce que mijote Sebasha avec ses armes et ses codes :O

J'ai lu le commentaire d'Isa, et je ne sais pas trop quoi te conseiller. C'est vrai que ce début de tome est très calme, personnellement pour le moment ça me dérange pas, je vois pas encore assez loin dans ta trame pour me prononcer. J'aime beaucoup voir Eléonara en sécurité, donc c'est agréable pour moi tous ces chapitres sans grande tension... mais c'est vrai que a long terme, il en faudra...
Eléonara est quelqu'un qui fuit les emmerdes, et qui cherche avant tout la sécurité (je te dis ma lecture hein, je suis pas en train de t'expliquer ton perso xD) ce qui se comprend vu ce qu'elle a vécu. S'enfermer au Don'hill pour le restant de ses jours lui a paru être une bonne planque alors que n'importe quel autre héros aurait jamais voulu de ça. Si ça avait pas dérapé, elle y serait encore. Du coup, ça ne m'étonne pas du tout que là avec Razelnout, elle mette de côté tous ses objectifs au profit de sa petite routine en sécurité. Elle l'a déjà fait avant, et je trouve que ça colle au perso et que c'est crédible, et même touchant. Donc, plutôt que la faire bouillir d'impatience d'agir comme le propose Isa, tu as aussi la possibilité de la faire envisager de rester là pour toujours, oublier les milkidiens et hêtrefoux (meme si elle se l'avoue pas), s'accrocher a la stabilité qu'elle a trouvé... parce que je me doute que tôt ou tard tout ça va être renversé ! Bien sur, c'est un peu planplan, mais je trouverai ça intéressant aussi. Arf, j'ai peur de te donner de mauvais conseils et de ruiner ceux d'Isa que je comprend bien quand meme ! ce que j'essaie de dire, c'est que pour moi la lenteur de ces chapitres et l'inaction de Elé ne me pose pas de problème parce que je m'attends a un événement de type "le passé la rattrape", les emmerdes qui lui tombent dessus alors qu'elle demande qu'a être tranquille, comme ça s'est déjà produit jusque là. Isa s'attend a ce que Elé agisse, je pense, et du coup c'est normal qu'elle trouve ce début long, vu que Elé ne fait rien du tout xD... Peut-être que tu pourrais nous orienter plus clairement vers un côté ou vers l'autre, selon comment tu vois l'évolution de ton perso... je sais pas. Si j'avais pas lu le com d'Isa, mon com a moi aurait fait 3 lignes xD
Jowie
Posté le 13/03/2020
Hey Sorryf !
Aucune poule n'a été blessée lors de l'écriture de ce livre :D
Les Harpies sont des oiseaux messagers du Nord ;) s'il y en avait eu une en Opyrie, c'est qu'elle avait un message à livrer à un Nordique et donc la suivre aurait peut-être aidé à pister Agnan ou Sgarlaad. Hélas, ce n'était pas une Harpie ;)

J'avoue que c'est difficile de décrire un code par des descriptions. Imagine toi ça comme tu veux xD

Merci pour ton avis concernant ce début plus calme. En effet, je pense que rajouter des explosions partout n'est pas la solution mais plutôt souligner la signification de ce qui se passse par rapport aux buts d'Eleonara (retrouver les Nordiques, trouver un moyen d'aller à Hêtrefoux...). Par exemple, obtenir Voulï serait pratique dans le sens où il pourrait lui servir de transport le jour où elle décide de quitter Arènes pour aller à Hêtrefoux.
Après, je suis d'accord avec toi : Eleonara, au fond, veut avoir la paix et ne cherche pas à se mettre en danger pour rien. Aussi, Arènes l'émerveille et elle veut y apprendre plein de choses ! Du coup, ce n'est pas facile de mélanger tous ces aspects, mais je n'abandonne pas ^^

Sinon, comme j'ai dit à Isa, j'ai tenté de rendre Eleonara plus active quant à ses enquêtes. Elle a notammentdessiné un plan de la ville pour visualiser l'emplacement des indices trouvés; elle proteste contre Sebasha qui la laisse copier des tablettes seule sous prétexte que c'est la seule façon qu'une des deux puisse enquêter. Eleonara la suspecte également de favoriser l'investigation sur la mort de Tomislav et l'Abbé au détriment des Nordiques. Aussi, Eleonara est allée faire un tour du côté de la brocante (celle-ci est fermée: les propriétaires sont partis en Einhendrie et ne seront pas de retour avant une année. ); ainsi que de la caserne (dû à la présence des Religiats, elle ne peut pas vraiment s'approcher, mais assez pour comprendre que les fenêtre sont trop hautes et les portes trop gardées pour que l'on puisse y entrer par effraction.)
Brefouille je vais garder tout ça en tête pour les prochains chapitres ;)
Merci beaucoup pour ta lecture et ton avis franc et développé <3
Isapass
Posté le 10/03/2020
J'ai bien peur que mon commentaire ressemble un peu aux précédents... Tu vas finir par me détester ! Mais je vais en profiter pour essayer d'affiner mes remarques.
Comme d'habitude, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ensemble de scène de la vie d'Ele : c'est très bien écrit, c'est beau, c'est drôle (j'ai adoré l'épisode de la poule, bien sûr), visuel. Les personnages sont toujours aussi cohérents et attachants.
Mais encore une fois, j'ai trouvé que ça manquait d'un événement qui "secoue" un peu l'histoire. Je ne doute pas que ce qui se passe (entre la soi-disant harpie et les tablettes de cire cryptées) sera très important pour la suite. Mais comme je ne sais pas comment le raccrocher au reste, j'ai l'impression que c'est un chapitre où il ne se passe pas grand chose (désolée, je suis un peu dure). J'ai toujours l'impression d'être dans le flou dans ce tome.
Du coup, j'ai réfléchi pour savoir à quoi pouvait tenir cette impression de flou et je crois que c'est parce qu'il manque un fil rouge. Précédemment, je t'avais déjà parlé des enjeux d'Elé qui n'était pas très visibles. En fait, c'est la même chose. On ne sait pas quel est le but d'Eleonara, quelle piste elle va suivre, et plus globalement, on ne sait pas où va le tome.
Quand je lis un roman, j'aime bien pouvoir deviner ce qui va se passer ensuite. Là, je n'ai pas assez d'éléments pour le faire. Je pense que pour toi, c'est évident que le fil rouge est la recherche des Mikilldiens et l'enquête sur la mort de l'abbé et de Tomislav ? Mais de mon point de vue de lectrice, je ne le vois pas. Dans le chapitre, tu dis "L'elfe, elle, n’en était pas ravie non plus : son confinement l’empêchait d’enquêter activement sur les Nordiques.", mais on a pas vraiment l'impression qu'elle enquête.
Je pense qu'il faut que ce soit beaucoup plus présent : qu'elle y pense plus souvent, qu'elle (se) pose plus de questions, qu'elle profite de ses déplacements pour enquêter... Et si elle ne peut pas agir parce qu'elle doit attendre Sebasha, elle devrait bouillir, supplier Sebasha de l'aider, envisager de partir de chez Razelhanout pour découvrir toute seule ce qui s'est passé... Bref, il faudrait qu'on sente que c'est sa priorité absolue.
Là, on sent bien que c'est ce qu'elle voudrait, mais comme déjà dit, on a plus l'impression qu'elle se laisse porter (et qu'elle joint l'utile à l'agréable en apprenant des choses au passage).
Quant aux événements qui ne sont pas dépendants d'elle, peut-être qu'il faudrait un peu plus montrer, maintenant, comment ils sont liés entre eux, pour aider à tracer ce fameux fil rouge (ou même des fausses pistes, c'est pas grave : mieux vaut avoir des chemins qui ne mènent (volontairement) à rien, que pas de chemins du tout, à mon avis).
Là on a : le mot à déchiffrer, les mises en garde du bédouin, le retour du poney, le visage familier du jeune guide, les tablettes de cire, les armes, la harpie, les mysticophiles, les somnifères... Bref, depuis le début, tu sèmes plein d'indices plus alléchants les uns que les autres, mais au chapitre 9, on a d'explication ou même de progression sur aucun d'eux.
C'est très tentant de vouloir garder le suspense sur certains éléments le plus longtemps possible, mais il faut faire attention à ne pas larguer son lecteur, je crois.
Comme d'habitude, on peut échanger sur ce thème si besoin !

Détails :
"Concentré sur son livre de notes, il ne lui prêta pas attention et continua à marmonner sans sa barbe pointue." : dans sa barbe pointue
"La Chevaucheuse de dunes était devenue qu'un froissement de draps à l'autre bout du toit." : la phrase ne fonctionne pas parce que quand on utilise "que" dans le sens de limiter la quantité, il faut mettre une négation. Mais ici ce serait assez moche. Du coup je te propose : La Chevaucheuse de dunes se réduisait/s'était réduite à un froissement de draps.
"Eleonara réalisa avec flemmardise qu'elle avait oublié de se laver son visage " : "de laver son visage" ou "de se laver le visage"
"Décidément, avoir le cœur rongé par la culpabilité et les faciès meurtri par des boutons" : le faciès
"Une Harpie. Une Harpie en Opyrie." : je ne me rappelle plus : on en a vu dans le tome 1, des harpies ? Ce sont les oiseaux des Mikilldiens ?
"Or les Harpies étaient noir de jais, à l'instar les corbeaux." : des corbeaux
"Monsieur Razelhanout, sorti en trombe de son laboratoire, avait plus l'air de vouloir lui faire avaler une savate que de s'adonner à l'observation aviaire." : j'adore !
"Eleonara la remercia et examina tour à tour le texte à recopier et le celui à déchiffrer." : il y a un "le" en trop
"Sebasha n’avait elle demandé à aucun érudit de la Maison de Sagesse les lui traduire ou n’y étaient-ils pas parvenus ?" : de les lui traduire
"Ou alors était Eleonara un des seuls privilégiés de cette confidence ?" : Ou alors, Eleonara était-elle un des seuls... + pas convaincue par l'expression "privilégiés de cette confidence". Un des seuls quoi privilégiés ? Destinataires ? Bénéficiaires ?
"Que pouvait être à la fois parlé, lu et compté ?" : Qu'est-ce qui pouvait être
"Quel don avait Hêtrefoux pour la tourmenter, s’insinuer dans ses espoirs et l’obséder !" : je n'ai pas compris pourquoi tu fais référence à Hêtrefoux à ce moment
"Elle attendait également un instant de libre pour renégocier avec Monsieur Zachare." : je repréciserais qui est Monsieur Zachare, pour être sûre que les lecteurs resituent
"Quand elle faisait une pause, Eleonara profitait de nettoyer son calame ou de gribouiller sur ses feuilles de brouillon." : Eleonara en profitait pour nettoyer son calame ou gribouiller...

Des bises !
Jowie
Posté le 13/03/2020
Hey Isa !

Merci tout d'abord pour avoir pris le temps de lire et écrire un commentaire franc et détaillé (on est là pour ça !)

J'ai pris le temps de réfléchir à comment résoudre ce problème et en effet, je suis également arrivée à la conclusion que ce n'est pas seulement ce qui se passe, mais comment le personnage y réagit et comment ça affecte son cheminement vers son but final (donc ici, ça serait : retrouver les Nordiques et Hêtrefoux). Comme tu l'as dit, pour moi, le lien entre les indices trouvés et les buts d'Elé sont clairs, mais sont plutôt implicites à la lecture. J'ai donc repris mon histoire et retravaillé cet aspect-là, en précisant à chaque fois la réaction d'Elé en trouvant l'indice ainsi que qu'est-ce que ça lui apportait. Déchiffrer le billet venu de Hêtrefoux pourrait lui donner des indices sur comment s'y rendre, par exemple, et obtenir Voulï serait utile pour avoir un moyen de transport le jour où elle voudra se rendre à la Forêt.
Bref, j'ai bien fait attention qu'à chaque chapitre, on avance un peu sur les axes principaux de ce tome, c'est à dire : l'enquête sur les Nordiques, la quête de Hêtrefoux, sa relation avec Sebasha et bien sûr sa culpabilité par rapport à ce qui s'est passé au Don'hill.
Du coup, quoi de neuf ? Eleonara a dessiné un plan de la ville, pour visualiser l'emplacement des indices trouvés, elle proteste contre Sebasha qui la laisse copier des tablettes sous prétexte que c'est la seule façon qu'une des deux puisse enquêter. Eleonara la suspecte également de favoriser l'investigation sur la mort de Tomislav et l'Abbé au détriment des Nordiques. Aussi, Eleonara est allée faire un tour du côté de la brocante (celle-ci est fermée: les propriétaires sont partis en Einhendrie et ne seront pas de retour avant une année. ); ainsi que de la caserne (dû à la présence des Religiats, elle ne peut pas vraiment s'approcher, mais assez pour comprendre que les fenêtre sont trop hautes et les portes trop gardées pour que l'on puisse y entrer par effraction.) Peut-être que j'ai oublié quelque chose, mais tu vois un peu l'idée ;) J'espère que c'est plus clair ! Il n'y a pas de mal d'avoir insisté sur ce point, je vais le garder en tête pour la suite !
Sinon, par rapport aux Harpies : oui, on en voit une dans le tome 1, quand Agnan et Elé voyagent seuls en direction de Terre-Semée, elle le voit enrouler un message autour de la patte d'un grand oiseau noir particulièrement laid. (En fait, il communiquait avec Sgarlaad). C'est juste, ce sont les oiseaux messagers du Nord ;)
Merci pour ton commentaire qui me pousse à améliorer mon texte !

à toute !
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