10 Juillet

Par PtiLu
Notes de l’auteur : le texte qui va suivre est un début d'esquisse de brouillon. Il est fort probable qu'il subisse des changements à l'avenir et qu'il y ait donc des incohérences avec les anciennes versions. Désolé d'avance '^^

Si on présentait tous cet été comme une période qui allait être fantastique, légendaire, inoubliable, en réalité il commença de manière totalement habituel : tout le monde se cloitra chez soi, à organiser des fêtes, se baigner dans les piscines et se défouler sur les consoles de jeux. C'est là le problème lorsque tu habites dans une petite ville : il ne se passe pas grand-chose. D'ailleurs autre excuse à sortir lorsque vous n'arrivez pas à faire quelque chose ou que vous ne parvenez pas à suivre vos rêves : ce n'était pas ma faute, j'habitais dans une petite ville de campagne, on ne m'a pas laissé ma chance. Bref tout ça pour dire que le message que je reçu cet après-midi-là sonna comme l'annonce de la fin du calme ambiant (et aussi pour montrer que je ne suis jamais aussi inventif que lorsque je me cherche des excuses). Ce texto était de Maelys. Il disait « viens au QG, now ». Le QG était le nom que nous donnions au fast-food le plus proche du lycée. C'était un de ses restaurants aux banquettes rouges et aux néons bleus, seule source de lumière de la salle ainsi enveloppée d'un halo fantomatique irréel. Prêt à tout pour tromper cet ennui et effacer cette torpeur gluante et collante qui semblait s'être abattue sur la ville ces derniers temps, j'acceptais mais avec une certaine inquiétude : je me demandais ce qu'il se passait pour qu'elle me convoque de la sorte.

A peine après avoir passé les portes du fast-food, je m'étais rendu compte que je m'étais inquiété pour rien, comme souvent d'ailleurs. Le grand sourire que Maelys avait sur les lèvres suffit à me rassurer. Ses cheveux châtain étaient tout emmêlés, preuve qu'elle était partie précipitamment de chez elle. Elle était vêtue d'un sweat-shirt décoré d'un personnage de film d'animation, tenu classique des vacances. Ce qui était plus étrange c'est qu'elle avait un rouleau de papier rouge entre ses jambes qu'elle ne cessait de triturer comme si sa destinée était écrite à l'intérieur.

- Alors que me vaux cette convocation madame la juge, dis-je en m'asseyant face à elle.

L'air incroyablement fière, Maelys se leva et déroula devant moi le rectangle de papier qui en réalité était une affiche sur laquelle on pouvait lire : « grand concours d'écriture d'été ».

- Qu'est-ce que c'est ? demandais-je, perplexe.

- Puisque monsieur passe son temps à écrire des livres mais ne souhaite pas nous en montrer un seul, voici ce que tu vas faire durant ces vacances.

Je comprenais mieux pourquoi elle était si heureuse de tenir cette affiche. J'ai toujours aimé écrire, noircir des pages et torturer des personnages. Mais jamais je n'avais jamais fait lire à qui que ce soit ce que j'écrivais. Ce n'était pas un blocage (enfin techniquement si mais...) juste que plus je mettais du temps avant de faire lire un de mes écrits à quelqu'un plus longtemps ça restait un rêve que j'avais... et non quelque chose que j'avais raté. Absent valait mieux que recalé selon moi. Il y avait de ça et aussi mon incapacité à me concentrer suffisamment sur une idée en particulier pour finir un roman car si j'en avais entamé une bonne centaine... je n'étais arrivé au bout d'aucun, parasité par toutes les autres pensées et idées qui tournaient dans ma tête. Voilà pourquoi elle était si contente d'avoir trouvé ce concours : elle m'avait piégé, elle avait réussi à trouver un levier pour m'obliger à faire lire ce que j'écrivais. « Mais attends personne ne t'obliges à y participer » avais-je pensé.

- Et pourquoi j'y participerai ? demandais-je alors.

- Tu ne sais pas quoi faire l'année prochaine pas vrai ?

- Exact.

- Et tu ferais tout pour être fixer ?

- Tout, n'importe quoi.

- Alors tu vas te bouger le cul pour m'écrire une histoire digne de ce nom pour le concours ! Comme ça tu seras fixé sur la possible existence ou non d'une carrière d'écrivain parce que je suis sûr ! (elle avait élevé la voix pour que je ne puisse pas l'interrompre, ce que j'avais commencé à faire) je suis sûr que c'est une des nombreuses questions que tu te poses à propos de ton avenir.

Je pris quelques secondes afin de réfléchir à ce qu'elle venait de dire... Bon en vérité c'était pour trouver quelque chose pour la contredire mais je n'en trouvais aucun : tout ce qu'elle avait dit était vrai et je ne pouvais pas protester.

- Là on peut dire que tu m'as bien eu lui dis-je en souriant

- Eh oui je suis plutôt contente de moi sur ce coup-là, ironisa-t-elle. Ça veut dire que c'est d'accord ?

- Je vais y réfléchir.

- Je prends ça pour un oui.

- Mais tu ne te rends pas compte, écrire un livre c'est quelque chose de complexe il faut trouver une histoire, une intrigue et...

- Merde.

- Quoi ?

Elle ne m'écoutait pas, trop perdue dans ses pensées pour ça. Elle fixait un point derrière moi, tétanisée. Alors je me suis retourné et compris sur l'instant. Debout à l'entrée du fast-food (qui était derrière moi) se trouvaient les deux personnes que nous avions le moins envie de voir : Iris et Julie. Vous vous souvenez de notre groupe d'ami au collège que Maelys regrettait ? Iris était l'une de ces membres. Alors pourquoi sa présence nous dérangeait ? En fait dès que nous sommes rentrés au lycée elle est devenue très très proche de la dénommée Julie. Jusque-là pas de problème, c'était même plutôt cool de les voir ensemble... au début. Sans qu'elle ne s'en rende compte Julie l'avait manipulé afin de la dresser contre nous. Cette fille l'avait poussé à croire que nous avions toujours était contre elle... et elle l'a crût malgré tous nos efforts pour lui prouver le contraire. Alors elle a eu des paroles et des gestes très durs, en particulier avec Maelys. Ces deux-là était aussi très proche au collège. Mais sous l'influence de Julie des choses sont sorties, des choses qui auraient toujours dû rester enfouies. Iris avait partagé avec qui voulait bien l'écouter les confidences et les faiblesses de Maelys. Ça l'avait détruite. Ça avait détruit notre groupe. Toute cette rancœur qui avait pour origines des évènements étant arrivés il y a plusieurs années restait néanmoins palpable ce jour-là, largement densifié par Julie qui mit un point d'honneur à la raviver dès qu'elle rentra en disant :

- Tiens l'inadapté sociale et l'handicapée sont de sortie.

A ces mots Maelys sembla se pétrifiée. J'ai regardé Iris d'un regard brulant, lui demandant de manière tacite comment elle pouvait tolérer ça. Aucune réponse, juste un gloussement goguenard pour montrer son adéquation avec les dires de Julie. Je fis mine de me levais mais le regard de Maelys m'en dissuada :

- Laisse tomber, me dit-elle alors qu'ils s'éloignaient vers le fond de la salle, sans cesser de nous couver d'un regard noir.

- J'allais juste... Je devais... Je voulais seulement savoir s'il restait encore un peu de celle que nous connaissions.

- C'est peine perdue répondit-elle, l'air incroyablement las tout à coup, je crois que toute traces de l'Iris d'avant ont disparues. Elles se sont évaporées dès lors qu'elle a rencontré Julie.

- Je ne comprends pas... Ce n'est pas possible de changer aussi rapidement et radicalement. Tout le monde dit que les Hommes ne peuvent évoluer, que le naturel revient toujours au galop et pourtant... Pourtant aujourd'hui je suis incapable de reconnaître une fille que je connaissais par cœur il y a peu.

- Ceux qui disent qu'ils ne parviennent pas à changer c'est qu'ils ne le font pas pour les bonnes raisons je pense.

- Comment ça ?

Elle prit une gorgé de son soda, le regard dans le vague, avant de répondre :

- Si Iris est aussi méconnaissable aujourd'hui c'est parce quelqu'un l'a poussé à évoluer. Si on te répète tous les jours que tu devrais te conduire de telle façon, au bout d'un moment tu finis par l'intégrer.

- Quoi alors c'est juste ça ? Julie lui a répété encore et encore qu’elle ne se comportait pas de la bonne façon et elle a fini par l'intégrer ? Mais alors on a qu'à lui dire le contraire et tout redeviendra comme avant

- Ce n'est pas aussi simple, dit-elle en riant doucement d'un rire sans joie, déjà il faudrait qu'elle accepte de nous écouter ce qui est peine perdu, d'autant que son « copain » n'acceptera jamais que l'on s'approche de lui. Ensuite ça ne fonctionnera pas parce qu'il te manque la raison principal qui a poussé Iris à changer : plaire

- Plaire ?

- A ton avis pourquoi on cherche à modifier notre façon d'être ? C'est pour plaire aux autres, pour s'intégrer. Julie lui a dit ce qu'elle devait faire pour qu'il l'apprécie, elle s'est exécutée. Mais ne le blâme pas pour ça, on est tous pareil : j'ai vu bien des personnes faire des choses qu'elles ont toujours détesté pour paraitre cool et intègre. On est tous pareil. On porte des masques à chaque instants de notre vie, on les change sans cesse selon la situation. Quand je vois des dictons du style « restez vous-mêmes, vous ne plairez peut-être pas à tout le monde mais vous serez appréciez par les bonnes personnes » ça me fait doucement rigoler. C'est impossible de se comporter de la même façon avec nos amis qu'avec notre famille ou notre compagnon de vie. Si nous étions incapables de jouer les caméléons, nous ne pourrions avoir de relation

- Même moi qui déteste le changement ? ironisais-je

- Je doute que tu parles de la même façon avec moi et avec ton père répondit-elle en haussant les épaules.

- Touché dis-je en souriant.

Maelys prit son verre et en vida le contenu. Quand elle le reposa, elle me fixait avec une étincelle malicieuse dans les yeux. Je compris d'où elle venait lorsqu'elle me demanda :

- Mais au fait je viens de penser... ça en est où avec Thaïs ?

- Oh eh bien on se mari la semaine prochaine, répondis-je, sarcastique.

- Non mais, sérieusement, tu comptes lui dire ce que tu ressens ?

- A quoi ça sert ? L'année prochaine elle sera dans une prépa scientifique de la ville voisine et moi... Moi je ne sais même pas où je serai. En fac d'histoire ou en master de physique... Je n'en sais rien. Je ne vais pas me lancer dans quelque chose qui a une date de péremption immuable.

- Il y a un temps pour tout, un pour apprécier être avec elle et un autre pour s'inquiéter de l'existence ou non d'un avenir ensemble.

- Je crois que je ne supporte pas perde le contrôle sur les choses pour simplement « vivre le moment présent ».

- Alors tu es un idiot Luc Mojici, dit-elle en souriant.

- Oui, ça c'est sûr.

Son téléphone sonna soudain, mettant fin au calme qui s'était établi entre nous. Elle regarda la notification qu'elle venait de recevoir, le visage éclairé par la lumière bleuté de son écran puis se leva et me dit :

- Bon, ce n'est pas que parler avec toi soit désagréable, bien au contraire, mais il faut que j'y aille ma mère à besoin de mon aide. Bon et n'oublie pas je veux voir ton nom s'afficher sur la liste des participants au concours dès la semaine prochaine ! Après il ne te restera plus qu'à écrire un roman... Qu'est-ce que tu fais encore assis là ? Tu crois qu'il va se rédiger tout seul ?

Elle me salua de la main et sorti du fast-food me laissant là, souriant mais ressassant encore et encore ce qu'elle venait de me dire... sans remarquer les regards noirs que me lançaient Iris et Julie.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Louison-
Posté le 18/02/2021
Agréable de retrouver tes personnages ! Surtout qu'il y a du concret, maintenant que Luc se voit "obligé" d'écrire son roman ;) Et la réflexion menée autour de la thématique de plaire aux autres était joliment menée :)
PtiLu
Posté le 20/02/2021
Merci beaucoup !
Shangaï
Posté le 25/04/2020
Un deuxième chapitre tout aussi agréable à lire que le premier !
L'intrigue ce met gentiment en place :)

"Ce n’était pas un blocage juste que plus je mettais du temps avant de faire lire un de mes écrits à quelqu’un plus longtemps ça restait un rêve que j’avais… et non quelque chose que j’avais raté. Absent valait mieux que recalé selon moi." Comme ce passage fait écho... Refuser d'avouer qu'on écrit ou de faire lire ce que l'on fait par peur de l'échec !

Attention, tu oublie souvent de mettre un point à la fin de tes lignes de dialogue !
PtiLu
Posté le 26/04/2020
Hey Shanghaï xD
Merci, merci beaucoup ça me flatte énormément.
Maintenant que j'y fait gaffe c'est vrai qu'il y en a très peu... Je ferais attention dorénavant^^
Vous lisez