Katy regardait le village de Tara et Gallorn s’éloigner, elle poussa un discret soupir. Elle avait passé cinq jours en compagnie du couple. Ses doutes quant à leur sincérité s’étaient envolés. Honnêtes, généreux et en même temps si sombres, ils se battaient pour leurs idées. Tara lui avait prêté ses vêtements de jeune fille et la fugitive trouvait ces habits de montagnarde très agréables.
Un caillou au milieu du chemin fit tressauter la carriole et tira Katy de sa mélancolie. Elle jeta à œil à Théodorus, qui griffonnait quelque chose dans un carnet de notes acheté la veille. Elle reporta son attention sur les montagnes majestueuses qui s’élevaient, impassibles, jusqu’au ciel.
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Le voyage fut long, presque deux jours de carriole.
Plutôt que de passer par les grandes routes controlées par les Amaryens, ils ne prirent que des chemins de montagne. La charrette les déposa aux abords d’un chemin pierreux et étroit. Ils avaient pour consigne d’emprunter le sentier qui les mènerait jusqu’à un col où un passeur les feraient pénétrer en Terre Libre.
Gravir la pente fut une formalité pour Katy mais une épreuve pour Théodorus. Le savant ahanait sur le sentier, agrippé à son bâton de marche. La jeune fille vint le soutenir comme elle put, prenant sur elle tous leurs sacs.
— Tu n’as… pas à faire ça… Je suis un boulet, je finirai bien tout seul et…
— Ne racontez pas de bêtises. Vous n’êtes pas costaud, mais votre cerveau sera utile pour la Résistance.
Il hocha vaguement la tête.
— C’est pour la Résistance que tu m’aides ? finit-il par demander.
Elle détourna le regard.
— Non. C’est parce que je le veux.
— Pourquoi ?
Elle haussa les épaules.
— Concentrez-vous sur vos jambes au lieu de bavasser, vous allez avoir un point de côté.
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Comme prévu, une grotte les attendait le long du col. Un homme jaillit d’une crevasse à leur arrivée, pointant une arme sur eux. Théodorus lui donna aussitôt les mots de passe de la Résistance. Le garde hocha la tête et leur proposa à manger et des couchettes pour la nuit. Il parlait le moins possible, chaque mot semblait lui être un effort et il ne les utilisait que par nécessité. Il ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait de pouvoir s’exprimer. Il ne leur confia d’ailleurs pas son nom, et son visage resta cacher dans l'ombre de sa capuche. Ils reprirent la route au petit matin sous ses indications sommaires.
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Ils furent directement amenés au QG de la Résistance pour rencontrer le commandant en chef du fait de la réputation de Théodorus. Le bâtiment qui servait de base était un ancien château fort, doté d’installations dernier cri.
Ils furent conduits par des gardes en uniforme noir dans le bureau du commandant. C’était une pièce exiguë et froide, dénuée de meubles, hormis la table et les chaises qui étaient placées au milieu. On pouvait avoir une vue panoramique de la ville et des campagnes par une meurtrière dans le fond. Ils attendirent là pendant vingt bonnes minutes avant que le commandant ne fasse son entrée.
La jeune fille ne l’avait pas du tout imaginé comme ça, c’était même le contraire. Elle avait pensé à un vieil homme aux cheveux grisonnants fumant un cigare. Elle se retrouvait devant un colosse à la peau aussi foncée que le bois de la table et dont la veste d’uniforme aux manches déchirées était ouverte pour dévoiler le dessin précis de ses muscles puissants. Difficile d’estimer son âge, mais il ne devait pas avoir plus de quarante ans. Il était accompagné par un homme de son âge, plus petit pâle, habillé d’une blouse blanche.
Le commandant s’assit et darda ses yeux, dont le blanc contrastait avec le reste de son visage, sur le savant qui se tenait en face de lui.
— Je suis Otto, le commandant en chef de la Résistance. Et voici le professeur Écuyer. Professeur, reconnaissez-vous en cette personne Théodorus Stew ?
Écuyer hocha vivement la tête.
— Et cette jeune fille, à vos côtés ? reprit le commandant.
— Il s’agit de la fille d’une amie, Anodetta Pumbleton, fit Théodorus. Je me porte garant pour elle.
— Ne serait-elle pas celle qui a éborgné le Général Gobelstein ?
Katy se tendit.
— Si… c’est exact, les nouvelles vont vite à se que je vois.
— Nous avons étudié votre candidature à intégrer la Résistance depuis le télégramme de Tara Cadun. Les savants qui travaillent pour nous, le professeur Écuyer en premier, nous ont assuré que vos recherches étaient révolutionnaires.
Sa voix avait un timbre si grave que Katy sentit des vibrations se propager dans la table. Il parlait en alycien avec un accent typiquement cocardien, tout comme Théodorus.
— Très certainement, répondit celui-ci, j’aurais pu vous montrer mon modèle de véhicule volant, malheureusement, il a été détruit au cours de notre voyage. J’ai apporté quelques projets audacieux.
Il tendit un paquet de feuilles à Otto, qui les donna immédiatement à Écuyer.
— Vous verrez cela avez vos collègues. En votre qualité de scientifique vous allez travailler pour notre armée. Si vous refusez, nous vous reconduirons à la frontière.
— Ne vous en faites pas, c’est bien ce que je comptais faire. En revanche, il me faut un vrai laboratoire avec les équipements nécessaires.
— Nous avons cela, mais il se trouve à quelques kilomètres de mètres de la ligne de front. Nous sommes en train d’en construire un dans la ville balnéaire des Sables d’Onyx, mais cela prendra du temps.
Théodorus se mordit la lèvre.
— La ligne de front, vous dites. Je suppose que je n’ai pas le choix.
— En effet.
Il plissa les yeux et son regard transperça Katy
— Quant à cette jeune personne, peut-elle être utile ?
La question était posée d’une voix dure et implacable, l’intéressée retint un frisson.
— Elle peut être mon assistante ! s’empressa de dire le savant. Elle en a les capacités !
Katy jeta un coup d’oeil étonné à son bienfaiteur. Son assistante ? Pourquoi pas, après tout, peut-être le génie scientifique était-il héréditaire.
— Soit.
Il se passa ensuite une chose très étrange : Otto sourit. Jusqu’alors, il avait était aussi démonstratif qu’un bloc de granit. Mais en instant, il arborait un sourire paternel et chaleureux, tinté d’une certaine lassitude.
— Bienvenue à la Résistance, alors. Rupert ! appela-t-il.
Un garçon svelte aux cheveux roux sortit d’un recoin d’ombre. Katy sursauta, elle ne l’avait pas repéré. Il s’avança nonchalamment vers eux. C’était un grand jeune homme maigre au visage constellé de boutons et aux yeux gris à moitié cachés par sa tignasse ébouriffée.
— Oui ? fit-il d’une voix atone.
— Fais leur une visite rapide du QG et emmène-les au laboratoire n°5.
— Bien, commandant.
— Je vous attendrai au laboratoire, indiqua le professeur Écuyer.
Sans jeter un seul regard aux visiteurs, Rupert les invita à le suivre. Il y avait quelque chose d’étrange dans sa démarche souple et son attitude relâchée. Il paraissait indolent, pourtant quelque chose dans sa manière de se mouvoir rappelait à la jeune fille un fauve à l’affût.
— Je m’appelle Rupert Gimly, j’ai vingt-et-un ans, dit le garçon alors qu’ils déambulaient dans un labyrinthe de couloirs. Je suis l’intendant de la Résistance. Comme le commandant passe le plus clair de son temps sur le champ de bataille ou à planifier des plans d’attaque, c’est moi qui m’occupe de la paperasse. Officiellement.
Katy haussa un sourcil à ce dernier mot, attendant une explication qui ne vint pas. Ils montèrent un escalier en colimaçon qui semblait ne plus finir et arrivèrent au sommet du donjon. De grande fenêtres étaient creusées dans la pierre, par lesquelles on avait une vue incroyable sur la région. Katy remarqua même la ligne de front et les fumées qui s’en échappaient. Plusieurs vigies scrutaient l’horizon pour repérer des attaques ennemies.
— Bon, puisque le comandant a dit que je devais vous faire un topo rapide, voilà. Vous l’auriez deviné, ici c’est le QG, classé en Zone Rouge.
— « Zone rouge » ?
— Oui, selon les risques d’offensive, on donne une couleur aux différentes zones ; il y a cinq catégories. La Zone Noire, c’est le front et ce qui en est proche. La Zone Rouge désigne plutôt des attaques au canon à l’intérieur de la Terre Libre et des villes proches du front. Zone orange, ce sont toutes les grandes villes qui risquent des attaques si le front cède. Zone Jaune, c’est pour les petites villes et les villages relativement éloignés de l’ennemi. Et puis il y a la Zone Verte, mais elle n’existe plus ici.
Katy embrassa le paysage du regard. Effectivement, on pouvait voir de nombreux et anciens impacts d’obus qui mouchetaient la cité entourant le château.
— Toute la ville est occupée par les soldats Résistants, hébergés par des civils. Mais la plupart des honnêtes gens ont fui vers la campagne ou d’autres villes plus grandes. Tous ceux qui ne peuvent pas apporter de contribution militaire, financière, médicinale ou scientifique doivent travailler dans les champs et les usines. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à aller dans les Terres Occupées, tout le monde doit participer. Presque toutes nos voies commerciales, maritimes ou routières, sont bloquées et nous devons subvenir à nos besoins. Nous avons créé plusieurs services qui assurent la coordination des tâches et l’approvisionnement. Ici, l’entraide est primordiale, il faut que tout le monde amène sa pierre à l’édifice.
Pour illustrer ses paroles, il désigna à ses interlocuteurs plusieurs grands bâtiments. Puis il les invita à redescendre.
Ils traversèrent de nouveau une série de couloirs et d’escaliers, avant de déboucher sur la cour du château. De là partaient et arrivaient plusieurs véhicules. Dans un coin, un officier entraînait des nouvelles recrues. L’image d’une fourmilière en pleine activité traversa l’esprit de Katy.
Rupert les guida jusqu’à un char mécanique qui semblait les attendre.
— Il est temps de vous emmener à votre lieu de travail.
Le voyage dura plus d’une heure, la ligne de front avec ses explosions et ses fumées était de plus en plus discernable. Katy sentit de mauvais souvenirs remonter.
Ils arrivèrent finalement au laboratoire, perdu dans un amoncellement d’usines d’armements. C’était sans doute à l’origine un bâtiment prestigieux, mais avec la guerre, il n’était plus entretenu qu’au strict minimum : son immense façade était sale, et quelques tuiles manquaient au toit.
— Vous dormirez ici, expliqua leur guide en les faisant entrer. Vous avez tout le nécessaire pour vivre convenablement, vos repas seront calculés en fonction de votre âge et de votre poids afin que vous n’ayez droit qu’au strict minimum. Pleins d’autres scientifiques travaillent ici ; l’objectif du moment est d’inventer quelque chose de léger et facile à produire tout en étant efficace, la tâche n’est pas aisée.
L’intérieur de la construction tranchait radicalement avec l’extérieur. Au dehors, rien ne laissait paraître de la propreté et l’ordre du laboratoire. Une multitude de savants s’activaient avec frénésie dans la gigantesque structure, aidés par deux fois plus d’assistants. Le professeur qui avait affirmé l’identité de Théodorus vint les accueillir.
— Rebonjour, les salua-t-il en tendant la main à son confrère. Je suis Pierre Écuyer, donc…
Comme il parlait en cocardien, Katy ne put comprendre la suite de ses paroles, mais il se tourna de toute manière bien vite vers elle.
— C’est un honneur de rencontrer la fille d’Anodetta Pumbleton ! Votre mère est très célèbre dans le milieu, j’espère que vous serez aussi brillante qu’elle, poursuivit-il en alycien.
Katy hocha la tête, retenant une moue dubitative.
Plusieurs scientifiques vinrent les saluer chaleureusement, puis la conversation se concentra sur les explications des projets en cours. La jeune fille avait du mal à suivre, malgré le fait que tous faisaient l’effort de parler dans sa langue natale.
D’après ce qu’elle avait compris, le professeur Écuyer avait inventé les plans d’une armure rétractable qui se fixerait sur le torse et permettrait de protéger le coeur, le ventre et les poumons tout en gardant une grande capacité de mouvements.
Rupert était depuis longtemps reparti, aussi discret qu’une ombre. Tous les savants présents parlaient avec enthousiasme, mais Katy ne pouvait s’empêcher de penser que tout cela était inutile. L’Empire grignotait peu à peu la Terre Libre, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne l’envahisse totalement. Les Résistants n’avaient qu’un seul espoir : la mort de l’Empereur, âgé de quatre-vingt-quatorze ans, et l’éclatement de ce qu’il avait créé. Mais la vieillard semblait prêt à tenir plutôt longtemps qu’eux.
- La jeune fille ne l’avait pas du tout imaginé comme ça, c’était même le contraire. (La fin de la phrase est un peu moche)
- Difficile d’estimer son âge, mais il ne devait pas avoir plus de quarante ans. Il était accompagné par un homme de son âge, (ya un répétition de “age”)
- reconnaissez-vous en cette personne Théodorus Stew ? (En ?)
- les nouvelles vont vite à se (ce) que je vois.
- il a (y a un espace en trop) été détruit au cours de notre voyage.
- il a été détruit au cours de notre voyage. J’ai apporté quelques projets audacieux. (La transition des 2phrases est bizarre j’aurais mis “mais j’ai quand même apporté…)
- — Vous verrez cela avez (avec) vos collègues.
- — Ne vous en faites pas, c’est bien ce que je comptais faire. (Y a pas l’espace au debut du tiret)
- De grande (s) fenêtres étaient creusées
- Zone orange (t’as pas mis la Majuscule à orange)
- Une multitude de savants s’activaient (s’activait ?) avec frénésie dans la gigantesque structure, aidés (aidée ?)
- Mais la (le) vieillard semblait prêt à tenir plutôt longtemps qu’eux.