9. La fuite

Notes de l’auteur : voici le chapitre de la semaine, désolée du retard !

Le chauffeur tira, Katy bondit sous le véhicule. La prolsbombe heurta le char dont le rebord doré explosa. La jeune fille eut tout juste le temps de se rouler en boule, des éclats brûlants vinrent se ficher dans son dos. Elle entendit l’homme sauter à terre en vociférant. Elle chercha une issue, ses prunelles affolées couraient sans savoir où se poser.

Le canon du fusil apparut à son niveau. Puis, un étrange crépitement retentit. Le chauffeur poussa une exclamation étranglée et s’effondra, son arme dans les mains.

— Katy ?! s’écria Théodorus.

Elle sortit de sa cachette et se précipita vers lui. Elle enjamba le visage de son agresseur auquel était accroché une sorte d’araignée mécanique.

— Je suis désolée… j’ai sursauté et…

— On a pas le temps, suis-moi.

Le savant balaya la rue déserte d’un regard aiguisé avant de la pousser à l’intérieur.

— On va te soigner et on s’en va ! déclara-t-il en grimpant les escaliers qui menaient à l’étage quatre à quatre.

Il la pressa jusqu’à une salle de bain crasseuse. Il farfouilla dans une armoire et en sortit une trousse de premier secours.

— Assieds-toi où tu peux !

Katy choisit le rebord de la baignoire remplie de bibelots. Elle se déshabilla tandis qu’il sortait du sparadrap, du coton et de l’alcool.

— Fais-moi voir ça…

Elle se retint de grimacer quand il commença à enlever les éclats.

— Heureusement, ce n’est pas très profond.

Il s’empressa de désinfecter et de panser les plaies, avant de bondir sur ses jambes.

— C’est bon, allez, on démarre !

Elle se rhabilla prestement et le suivit dans sa chambre où il prit une grande besace. Il fit le tour de la maison et y fourra quelques feuilles griffonnées, inventions sibyllines, avant d’y mettre des vêtements et des vivres. Puis il s’empara d’une lampe à flamme d’un air déterminé.

Katy le suivit jusqu’au grenier où elle avait dormi. Là, le savant s’approcha d’un grand objet camouflé par un drap, puis, dans un ample le geste, le dévoila. La jeune fille écarquilla les yeux à la vue d’une espèce de mouche géante mécanique, munie d’un siège et d’un porte-bagage.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle.

— Notre seul espoir. Et ce n’est qu’un prototype que je n’ai jamais testé.

Sa phrase se termina dans un rire nerveux. À l’aide d’une manivelle, il fit coulisser un large panneau dans le toit. La vision du ciel nuageux s’imposa au-dessus d’eux.

— Grimpe.

Un peu perdue, Katy monta sur la selle de la mouche mécanique. Pendant ce temps, le scientifique allumait une mèche avec la lampe. Cette mèche était reliée à un épais tuyau.

— Vite !

Il sauta devant la soubrette, la selle de la mouche n’était visiblement pas faite pour deux personnes car la jeune fille manqua de tomber en arrière.

Il appuya sur des boutons et tourna une manivelle, l’engin se mit en mouvement. Ses ailes à battirent l’air, d’abord lentement puis de plus en plus vite. Elle s’éleva dans les airs et passa par l’ouverture du toit. Alors qu’ils montaient de plus en plus haut, il y eut soudain une grande explosion et Katy eut la surprise de voir la maison du scientifique prendre feu.

— J’avais prévu ce genre de scénario, expliqua l’inventeur par-dessus le grondement des ailes, j’ai équipé ma maison d’un système de destruction afin que personne n’accède à mes recherches. J’ai bricolé cet engin pour pouvoir m’enfuir rapidement mais je n’avais pas prévu que j’aurais un passager. Espérons que cette bestiole sache voler. Tiens !

Il lui tendit des lunettes d’aviateur.

Elle contempla l’objet, médusée. Ces lunettes n’étaient plus utilisées depuis des centaines d’années, car plus personne n’avait construit d’engin volant après la fin de la Civilisation Perdue.

Katy avait sous-estimé Théodorus Stew. Non seulement il avait prévu tout un plan d’évasion mais en plus il avait réussi un exploit : construire un engin volant. Pourquoi n’était-ce pas ça qu’il avait présenté aux Amaryens ? Il aurait été sûr d’avoir l’argent.

— Accroche-toi bien, je vais enclencher le turbo.

La jeune fille vit défiler sous elle un nombre incalculable de maisons aux toits pentus et de rues sinueuses. Le coeur battant, elle lança son regard vers le port, dans l’espoir d’apercevoir une dernière fois le Briseur de Vagues, mais les bateaux se ressemblaient tous. Bientôt, il survolèrent les champs, les lumières du Poisson-Chien disparurent peu à peu.

— Il fonctionne ! s’extasia Théodorus.

Katy devait s’agripper très fort au vieil homme si elle ne voulait pas tomber, lui-même était accroché à l’engin volant par des sangles mises au supplice. Ils survolaient la terre à quelques centaines de mètres d’altitude. La nuit tombait, mais le paysage demeurait incroyable.

Elle volait.

Elle voyait s’étendre à l’infini les champs, les forêts, les lacs, entrecoupés de petites tâches de lumière. Elle pouvait apercevoir à l’ouest, à sa droite, les lointaines montagnes de Palse. Elle avait l’impression que ces gigantesques dames de pierres étaient toutes petites, elle aurait aimé les toucher du doigt, mais pour l’heure, ils filaient à toute vitesse vers le sud.

— Où allons-nous ?! cria Katy, ayant du mal à entendre sa propre voix.

— On rejoint la Résistance ! lui hurla le savant.

La Résistance était une organisation qui luttait contre l’Empire amaryen, abritant les restes du gouvernement cocardien et leurs fidèles. Si beaucoup de ses agents étaient infiltrés en terrain occupé, la plupart menaient une guerre ouverte sur la dernière portion de territoire libre de Cocardie, à l’extrême sud-ouest du continent, entre l’Océan d’Azur et les montagnes de Palse. Ce territoire ridicule par rapport à l’Empire se faisait ronger petit à petit, malgré la lutte acharnée de ses habitants.

Les heures s’écoulèrent. Hormis sa position inconfortable et le bourdonnement de la mouche mécanique, Katy appréciait le début du voyage. Quand elle regardait en bas, elle voyait la campagne sauvage, quand elle regardait en haut, elle voyait le ciel qui s’était dégagé, révélant un firmament grandiose. Malheureusement, elle finit par se lasser lorsque des sombres souvenirs vinrent parasiter son émerveillement. Dire que Delphine vivait encore deux jours auparavant…

Quand peu à peu, Théodorus inclina la trajectoire vers les montagnes, Katy put détailler, impressionnée, les reliefs vertigineux de Palse. Alors que le jour se levait, et qu’ils approchaient de leur destination, le scientifique poussa un juron tonitruant.

— Qu’il y a-t-il ?! demanda sa passagère.

— Un problème technique ! Nous allons devoir atterrir en catastrophe !

— Mais nous allons nous faire repérer !

— Je vais nous diriger dans un endroit peu habité !

Malheureusement, les ailes de leur véhicule se mirent à battre de moins en moins vite et ils perdirent vite de l’altitude.

Le pilote les fit précipitamment rejoindre une pente recouverte d’herbe, perdue au milieu des montagnes.

C’est à ce moment que les ailes la mouche cessèrent totalement de bouger. Ils tombèrent en chute libre.

— Katy accroche-toi à moi ! Très fort ! hurla Théodorus en appuyant sur un bouton rouge.

Aussitôt, la tête et l’abdomen de la mouche se séparèrent du thorax, où ils se trouvaient. Celui-ci bascula brusquement en arrière. Dans un désordre de cheveux bouclés, la jeune fille se retrouva pendue par les bras, accrochée à ceux du scientifique. Elle vit au-dessus d’elle qu’un parachute s’était déployé sous leur siège et l’avait fait culbuter. Elle n’eut cependant pas le temps d’être soulagée car ses mains à bout de force lâchèrent le manteau de son sauveur. Prise de terreur, elle se sentit attirée vers le sol. Elle cria, Théodorus aussi. Elle sentit le choc de la chute lui envoyer de douloureuses ondes dans tout le corps. Elle vit vaguement le savant sanglé à son parachute se balancer au-dessus d’elle, puis elle perdit connaissance.

 

___

 

Katy fut réveillée par une puissante odeur de paille qui lui grattait le nez. Elle ouvrit les yeux sur le plafond d’une grange. Elle avait un horrible mal de crâne qui pulsait dans ses tempes à chaque mouvements. Elle se remémora sa chute.

Prudemment, la jeune fille glissa ses pieds dans des chaussons qui avaient été posés près de son lit. Elle chercha une issue et aperçut une échelle qui menait vers l’étage du dessous. Elle l’emprunta, guettant ce qui se trouvait en-dessous. La pièce où elle arriva baignait dans une éclatante lumière du fait des nombreuses fenêtres qui s’ouvraient sur l’extérieur. Elle possédait un ameublement modeste mais chaleureux, quelques fourrures posées çà et là et une délicieuse odeur de pain cuit qui flottait dans l’air.

Près d’une fenêtre, Théodorus ainsi que deux inconnus siégeaient à une table de bois massif. Ils se retournèrent quand elle s’approcha. Ils lui sourirent ; il y avait une grande femme à la peau tannée et aux longs cheveux noirs grisonnants, et un homme bâti comme un géant et pourvu d’une impressionnante barbe frisée.

— Comment te sens-tu ? demanda Théodorus.

— Bien, où sommes-nous ?

— Dans la maison de ce charmant berger et de sa femme, qui est bûcheronne, ils se nomment Gallorn et Tara. Viens, assis-toi.

La jeune fille se demanda si ce n’était pas plutôt l’inverse, lui bûcheron et elle bergère, mais elle ne fit aucune remarque. Elle interrogea le vieillard du regard.

— Oh ! Tu peux parler sans crainte ! répondit-il à sa question muette. Ce sont des alliés de la Résistance.

Toujours méfiante, l’évadée prit place à la table et on lui servit du fromage fondu sur du pain tout juste sorti du four avec un bol de lait chaud. Pendant qu’elle goûtait cet odorant petit-déjeuner, elle continuait d’observer leurs hôtes.

— Comment avez-vous trouvé cette maison ? demanda-t-elle à Théodorus.

— Eh bien, vois-tu, les Résistants ont un code gravé sur leur porte qui informe les autres de leur aide en cas de besoin. Quand tu t’es évanouie, j’ai dû te porter dans le froid jusqu’à cette maison. Nous avons eu une chance extraordinaire, j’ai reconnu le code sur leur porte.

— Et ce code quel est-il ?

— Des arabesques discrètes autour de la poignée, qui peuvent passer pour de simples décorations.

— Tu n’nous crois pas ?

C’était Tara qui avait parlé, son regard serein et calme contrastait aves les traits durs de son visage.

— Laisse-moi t’conter que’que chose : il y a seulement dix ans, on avait deux fils, d’quatre ans d’écart. La guerre avait commencé un peu avant not’ naissance, Gallorn avait fait d’nombreuses allées et venues ent’ la ligne de front et la maison. Quand not’ premier garçon a eu dix-neuf ans, il a été envoyé au front. Il est mort deux mois après son embrigadement. Dans not’ chagrin, on espérait qu’ son sacrifice ne s’rait pas inutile, mais tu connais la suite, la Cocardie a été envahie. Mais il restait encore un bout d’territoire qu’on a appelé « Terre Libre » contrôlé par les Résistants. Not’deuxième fils s’est fait embrigader d’force dans l’Armée amaryenne pour combattre les siens. Il a préféré s’suicider. Alors, dis-moi, tu crois vraiment qu’on est d’leur côté ? On paye pour la Résistance en plus d’nos impôts, c’est l’mieux qu’on puisse faire, ça nous laisse pas beaucoup. Mais c’est pour la cause, et ça vaut plus que tout. Tu crois vraiment qu’on pourrait trahir ?

Katy regarda la femme dans les yeux pendant un long moment.

— Je vous crois.

Les visages de leurs hôtes se fendirent d’un large sourire.

— Tant mieux. Pourrez partir dans cinq jours pour la Terre Libre, en carriole, on vous a réservé une place.

— Merci mille fois, dit Théodorus.

— De rien.  « Ils paieront un jour ».

« Ils paieront un jour », la devise des Résistants.

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Guimauv_royale
Posté le 14/08/2022
Coquilles

- J’ai pas compris comment ils ont le temps de se soigner et de prendre des affaires ? C’est surement moi qui est pas suivie mais bon
- Et Katy à l’air de pas vraiment souffrir j’ai l’impression qu’elle se fiche totalement du fait qu’elle ait le dos déchiqueté, à part quand Theodorus la soigne là elle “grimace” mais c’est tout

- dans un ample le (pas de “le”) geste, le dévoila
- Ses ailes à battirent l’air (pas de “à”)
- les lumières du (de ?) Poisson-Chien disparurent peu à peu.
- Delphine vivait encore deux jours auparavant… (euh il s’était pas passé deux semaine avant l’arrivée du general quand elle a rencontré Theodorus ?)
- qui pulsait dans ses tempes à chaque mouvements (mouvement)
- son regard serein et calme contrastait aves (avec) les traits durs
AudreyLys
Posté le 14/08/2022
merci !
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