Neo Nitan, capitale de Minzue.
Bryn dormit de nouveau d’un sommeil lourd et se réveilla tard, plein de résolutions : il lui incombait de retrouver ses réflexes professionnels et de remettre sa mission sur les rails. Il installa l’après-midi quelques discrets engins de surveillance à proximité du logement de Yalis. Ce genre de précautions s’imposait : on l’avait prévenu que l’ennemi pouvait lui aussi suivre la piste de sa proie. Après avoir exploré le quartier, il loua pour une semaine un studio dans une résidence à moins de cent mètres de celle de Yalis.
En soirée, avant le dernier concert programmé, Bryn se montra au bar que fréquentaient habituellement les Fenz. Pas encore blasés après leur succès récent, les musiciens y retrouvaient souvent des artistes locaux, de vieux amis ainsi que des fans admiratifs. Pas ce soir : ils avaient à faire. Mais leur absence arrangeait Bryn, en quête d’informations sur Yalis.
Le bar était d’une apparence banale, mais chaleureuse : les clients se vautraient dans de grands canapés rouges fatigués, leurs verres devant eux sur des tables basses aux formes arrondies. Des cercles de lumière jaune et rose créaient des espaces intimes reposants, malgré le bourdonnement des conversations.
Bryn choisit comme poste d’observation un tabouret haut au comptoir. Un petit groupe d’artistes tous plus foutraques les uns que les autres monopolisait l’attention. Bryn se référait là à leur habillement, qui allait du sac à provisions recyclé jusqu’à des robes froufroutantes à dentelles multicolores et à trous pour les filles ou les garçons. Il pensait également à leur posture de rebelles : aucun n’était instrumenté. Ils l’affichaient avec ostentation, en arborant sur leurs vêtements, bijoux ou besaces, le sigle SAIN – Bryn avait appris qu’il signifiait « SAns Implants Neuroconnectées » –, une déclaration de rejet de la société plus explicite et frappante que les œuvres que certains exposaient.
Ils niaient la guerre ou au moins prétendaient l’ignorer. Leur insouciance lui inspirait une certaine envie, teintée de mépris : d’autres se battaient pour que ceux-ci conservent leur liberté.
Ici, à Neo Nitan, pour autant qu’il ait pu en juger, les efforts consentis pour soutenir les forces armées n’empêchaient pas une relative opulence. Le quartier historique de Q’tarmie vibrait et sifflait peut-être moins qu’autrefois, toutefois on préservait les monuments les plus remarquables, creusés dans la merveilleuse roche musicale qui n’existait nulle part ailleurs. Bryn doutait d’avoir l’occasion de visiter ces reliques. Elles suffisaient cependant pour que les touristes viennent ici dépenser leur argent et s’étourdir une dernière fois avant l’assaut inéluctable des troupes de l’Expérion. Artistes et gens de spectacle vivaient de cette manne.
— T’as l’air bien pensif. T’es tout seul ?
La voix le détourna de son observation silencieuse. Elle provenait d’une très jeune fille aux cheveux multicolores, à la tenue minimale. De nombreux trous révélaient davantage de peau qu’ils n’en cachaient, à des endroits habituellement peu exposés. À gauche du nombril, par exemple : sa tunique élégamment déchirée dévoilait une fleur d’un rouge scintillant tatouée sur sa peau. Comme elle tournait pour lui faire admirer le reste d’un pas mutin, il constata que sa fesse droite arborait un autre dessin, dans les bleus et verts, en motifs arrondis chatoyants. Pas vilain, vu les formes de la demoiselle, mais surprenant.
— Je suis étranger ici, répondit-il avec un sourire de fausse timidité. Je n’ose pas importuner les gens. Je suis venu rencontrer les membres du groupe.
— Ce soir, ils jouent ailleurs, ils ne se montreront pas. Je te les présenterai une prochaine fois si tu veux, proposa-t-elle.
— Avec plaisir.
Elle le gratifia d’un sourire carnassier, puis s’assit à côté de lui en posant son verre sur le comptoir. Elle souffla dans sa paille sans cesser de l’observer d’un œil en coin.
— Tu sais que t’es plutôt pas mal comme mec ? J’aime bien tes bijoux.
Bryn caressa d’un doigt distrait l’alignement de boucles sur son oreille droite : sur le lobe une petite émeraude en écho à ses yeux et au-dessus trois anneaux d’argent. Il avait l’habitude de ce genre d’avances. Il en avait quelques fois profité, avec filles ou garçons. Pour le plaisir, ou pour obtenir de l’information.
— Je croyais que toutes les filles ici s’intéressaient à Yalis, hasarda-t-il pour attirer les confidences.
— Pas faux. Il est beau, gentil, drôle et il t’emmène tellement loin avec sa musique.
Elle refit quelques bulles avant d’enchaîner, avec une moue pensive :
— Il te happe dans un univers sans limites, t’entraîne dans des lieux mystérieux qu’on ne peut visiter qu’avec lui. Et il ne parle pas, c’est si… étrange. La relation avec lui est forcément différente, tu vois ?
Bryn avait presque oublié que Yalis ne parlait pas. Il s’exprimait grâce à un communicateur sur lequel il inscrivait ses mots. Bizarre pour un musicien, de ne pas parler. Surtout qu’il chantait. Avec une voix émouvante et dans un jargon incompréhensible. Étonnant. Y avait-il quelque chose qui ne fût pas surprenant, singulier, incongru, à son sujet ?
Bryn se rendit compte qu’elle attendait une réponse.
— Son univers ? Tu veux dire qu’il compose les musiques des morceaux ?
— Tu sors d’où, toi ? Bien sûr qu’il écrit les musiques ; les textes aussi. Depuis qu’il les a rejoints, les Fenz sont devenus géniaux.
— Ah ouais ? Je savais pour les textes, mais pas pour les musiques.
Voilà, elle avait dû le prendre pour un demeuré. Elle haussa d’ailleurs les épaules et conclut d’un :
— Je croyais que tu t’intéressais à Yalis, toi aussi.
Elle gloussa :
— À vue de nez, je dirais que t’es son genre. Enfin, on ignore qui il trouve à son goût finalement, parce qu’il reste discret sur qui bénéficie de ses faveurs. Il y a une certaine… rotation… d’après ce que j’ai compris. Si tu veux mon conseil, il vaut mieux tomber amoureux de sa musique que de lui.
Elle aspira un grand coup dans sa paille et vida d’un trait son cocktail alcoolisé.
— Mais tu peux toujours tenter ta chance !
Elle rit à sa grimace dubitative, lui envoya un baiser du bout des doigts et partit rejoindre une fille habillée et coiffée de manière encore plus excentrique qu’elle.
Ce conseil renvoyait Bryn à ses propres préoccupations du moment. Comment aborder Yalis ? Il n’était pas beaucoup plus avancé. Techniquement, ils s’étaient déjà rencontrés, s’il n’avait pas rêvé ce « viens ». Il ne savait plus très bien. Non, rien ne se passait de façon normale ni habituelle, avec Yalis.
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Le Vieux Marp, recoin de Mu sous l’escalier
Mu rêvait les yeux grands ouverts, couchée sur son petit matelas. Elle avait réussi ! Bien sûr qu’elle allait étudier, comme elle l’avait promis à son père, mais c’était pour Keizo qu’elle quittait le Vieux Marp.
Elle n’avait pas choisi n’importe quel endroit pour ses études. Il fallait un lieu propice à percer les secrets du passé de son éveillé. Et le seul où elle pourrait trouver l’information escamotée, c’était Ione.
Ione : une des rares planètes neutres au sein du conflit.
La planète était protégée de la guerre par la présence de la Fondation Ardéirim, qui détenait aujourd’hui encore le monopole sur certains éléments cruciaux des systèmes hyperespace.
Les puissances en guerre tentaient en vain de rallier Ione à l’un ou l’autre camp, car son gouvernement, épaulé par l’influente Fondation, préservait une stricte neutralité. On commerçait, on accueillait des étudiants ou des immigrés des deux bords, mais on refusait de prendre fait et cause pour l’un des belligérants.
Un équilibre fascinant : qu’il se rompe et tout basculait. Qui perdait l’hyperespace perdait la guerre. Beaucoup de critiques, ici ou ailleurs, notaient que cette absence de décision tendait à prolonger indéfiniment un conflit qui tuait quantité de gens innocents. De mauvaises langues ajoutaient que la planète tirait largement sa subsistance de la fabrication de vaisseaux pour les combattants. Mais comment trancher ? Ione abritait depuis plusieurs siècles une population mixte, humains ordinaires et télépathes. Devait-on privilégier une Alliance de planètes qui éliminait tous les télépathes sur lesquels elle mettait la main ? Ou alors un régime tyrannique conquérant qui avait instauré une hiérarchie raciale fondée sur l’oppression des humains ? Tout politicien ionien aurait préféré se faire avaler par un trou noir plutôt que de se prononcer.
D’ailleurs, Ione avait toujours été pointée du doigt pour sa petite musique dissonante dans le concert des planètes : délaissée au départ et même interdite à la colonisation, elle avait été peuplée par des rebelles et des marginaux. Ils avaient survécu aux redoutables tempêtes ioniennes et avaient bâti une civilisation originale, audacieuse et florissante. Elle avait perdu de sa superbe depuis que la guerre qui la cernait gangrenait toutes les sociétés humaines, mais elle continuait de briller d’un éclat particulier.
Mu s’était découvert sinon une âme, du moins une curiosité de détective, et elle comptait bien dénicher à Ithéus, la capitale, des réponses à ses questions : hors Alliance, les archives anciennes devraient être accessibles. Il n’y avait pas que cela : Keizo avait montré une connaissance ahurissante des systèmes de saut dans l’hyperespace, lesquels avaient été inventés autrefois sur Ione par la Fondation Ardéirim. Mu ignorait si l’hyperespace pouvait mener à Keizo, mais c’était sa piste principale et une seconde bonne raison de rejoindre Ione. Et puis, si on rêvait un peu, Keizo pourrait être attiré par la large population télépathe, ainsi que par la paix qui régnait ici.
Cette espérance s’était traduite en mois d’un boulot titanesque pour décrocher une admission dans une université ionienne. Grâce aux enseignements que Marsou lui avait dispensés au fil des années, Mu détenait les pièces du puzzle, mais elle n’avait jamais cherché à les assembler et manquait de méthode. Coriace, elle s’était acharnée : des examens à n’en plus finir avaient succédé aux cours standardisés et aux exercices.
Et cela avait marché. Elle avait validé la dernière matière !
Taz l’avait finalement autorisée à partir. À contrecœur, certes, mais il n’avait pas osé s’opposer à sa volonté d’étudier sur une des seules planètes neutres qui subsistait.
Elle n’y était pas encore. Elle s’efforçait de dénicher une famille d’accueil sur place et il lui restait quantité de détails administratifs à régler. Mu naviguait entre excitation, appréhension et angoisse. Cela n’allait pas assez vite, les semaines s’enchaînaient, et avec elles augmentait le risque que Keizo soit retrouvé par l’Alliance. Rageant !
Ou pire, par l’Expérion… et ça, c’était glaçant !
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Bryn doutait de tout quand il franchit pour la troisième fois l’entrée de la salle de concert avec un mélange d’appréhension et d’excitation. Une euphorie presque palpable saturait l’air : un courant chaud qui allumait les yeux et chauffait les esprits. Bryn observa autour de lui, perplexe. D’où cela venait-il ? Les spectateurs attendaient le groupe avec impatience, et rien a priori ne les différenciait de ceux de la veille ou de l’avant-veille. La technologie à la disposition de Bryn ne lui donnait pas le moindre indice : température, humidité, éclairage, décompte des auditeurs, score de Waft, tout indiquait un public similaire aux deux soirées passées.
Bryn comprit à l’entrée de Yalis d’où émanait le changement : il rayonnait littéralement, une expression de joie sur le visage. Bryn se demanda pourquoi, avant d’être percuté par son regard. Il se recroquevilla, incapable de lui échapper, comme un animal figé par les phares d’un engin.
— Trop tard pour partir, s’amusa Yalis.
Partir, Bryn n’y songeait plus. Il était le rat hypnotisé par le balancement du serpent, le moucheron englué au centre de la toile de l’araignée, le marcheur attiré par le vide au bord de la falaise.
— Tu es venu pour moi, insista Yalis, tu ne vas pas t’éclipser les mains vides ?
L’insecte pris au piège parvient quelquefois à s’évader : la terreur redonna des forces à Bryn et il recula pas à pas. Les yeux baissés pour se soustraire au regard de Yalis, il bouscula les spectateurs qui s’installaient, franchit la porte à reculons et tourna les talons dans la nuit chaude.
À peine conscient de son environnement, Bryn s’enfuit vers l’appartement qu’il avait loué le jour même. Il aurait aimé marteler le pavé jusqu’à s’étourdir, oublier sa frayeur dans l’épuisement de son souffle court et de son cœur tambourinant, mais son corps répondait en machine bien huilée et accélérait sans montrer le moindre signe de fatigue.
Pourquoi Yalis l’avait-il laissé filer ? Parce qu’indubitablement, il aurait pu le retenir, Bryn en était persuadé.
Cette mission s’annonçait comme un vrai fiasco : Yalis menait le jeu tandis que Bryn pataugeait piteusement. Il ne savait plus du tout où il en était, ni comment poursuivre. Il songea à fuir, réalisa qu’il s’agissait d’abandon de poste, décida d’appeler l’état-major, y renonça deux minutes après et finit par se jeter sur le lit, les mains sur les yeux, en s’exhortant à réfléchir.
Yalis le désarçonnait. Comment cerner quelqu’un qui a substitué la musique à la parole, dont on ignore les motivations, les ambitions ? Quelqu’un qui dissimule sa véritable nature, mais s’affiche au grand jour ?
Il devait protéger cet homme, gagner sa confiance, mais la réalité, c’est qu’il crevait de trouille. On lui avait tant appris, depuis tout petit, que les spions étaient des monstres, des sangsues aspirant les pensées des humains impuissants, qu’il n’envisageait un face-à-face qu’avec une extrême terreur.
Mais les faits ne lui donnaient-ils pas raison ? À quoi venait-il d’échapper ? Avec l’éloignement, cela lui paraissait déjà moins réel. Et s’il s’était emballé, s’il avait fantasmé cette tentative de possession, victime de sa propre imagination ? Jouet d’une paranoïa inoculée par son éducation ? Si la gaieté de Yalis n’avait rien à voir avec lui ? Pourquoi d’ailleurs la présence de Bryn aurait-elle déclenché une pareille réaction ? Pourquoi se donner une telle importance ? Paranoïa doublée d’un ego surdimensionné, joli mélange !
Il grogna, fatigué de se torturer l’esprit, exaspéré de ne pouvoir lâcher prise. Demain, demain il remiserait ses craintes tout au fond de sa conscience, s’approcherait de Yalis, engagerait la conversation. Il n’avait pas le droit d’hésiter.
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Après avoir tourné et retourné dans son lit pendant des heures, Bryn s’enfonçait dans le sommeil de l’épuisement quand ses implants s’activèrent. Son cœur s’emballa, pompa le sang jusqu’à ses tempes et réveilla en sursaut son cerveau en voie d’assoupissement. L’image des caméras-espionnes posées plus tôt lui montrait trois hommes et les capteurs auxiliaires indiquèrent qu’ils sondaient l’intérieur de l’appartement de Yalis avec des ondes caractéristiques des systèmes de combat ennemis.
Bryn attrapa les vêtements étalés sur une chaise, prêts à être enfilés, sauta dans ses chaussures et se rua dehors, en mettant en alerte tout ce qu’il avait à sa disposition comme systèmes de combat.
Et Bryn a beau vouloir remplir sa mission, on sent que c'est un type intelligent qui se pose les bonnes questions. Même s'il a été formaté durant toute sa vie pour détester les spions, son libre arbitre, probablement aussi aidé par l'attirance qu'il éprouve pour Keizo, agit dans le bon sens, me semble-t-il (car rien ne dit encore qu'il ne fera pas un choix en défaveur de Keizo)
J'aime aussi beaucoup l'environnement un peu déjanté, limite décadent, dans lequel évolue Keizo. En même temps, et y compris pour l'explication concernant la planète Ione et les choix politiques des uns et des autres, le parallèle avec notre monde est bien présent et c'est ce que je trouve vraiment très bien vu. Ça pousse à la réflexion.
J'aime aussi le parallèle entre l'évolution de la relation entre Keizo et Bryn et Mu qui, fidèle à elle même, continue de viser le même objectif avec la même vigueur et la même obstination. D'ailleurs toutes ces petites incursions dans la vie du Vieux Marp sont vraiment très sympas.
La peur de Bryn est aussi parfaitement bien retranscrite. Celle qui lui fait fuit Keizo tout d'abord, une peur irraisonnée, incompréssible, et celle qui le fait réagir en parfait soldat face à ces trois personnages qui semblent en vouloir à sa peau. Cette fin est d'ailleurs TOP ! Nous allons de rebondissements en rebondissements.
La force tranquille de Keizo pousse à l'admiration ! Quel homme ! On dirait vraiment qu'il joue au chat et à la souris, sans se soucier plus que ça de la raison pour laquelle Bryn est dans la salle, comme s'il s'avait déjà tout ce qu'il y a à savoir sur lui, ses intentions, sa mission et même le fond de son âme.
Vraiment bravo ! Quant à ton écriture, toujours aussi souple, aussi précise et aussi subtile !
Pour la "force tranquille" de Keizo/Yalis, c'est peut-être aussi un certain fatalisme, qui déteint depuis le lieu où il se trouve (un peu décadent, comme tu l'as remarqué...). Enfin tu verras par la suite... (mais oui, il joue au chat et à la souris avec Bryn à ce stade)
Je trouve le parti pris de représenter ton héros par les yeux des autres personnages vraiment intéressant dans la mesure où, en tant que lectrice, je ne sais pas vraiment où placer Keizo. Vrai gentil ou sacré manipulateur :D En tout cas, ce doute qui plane est très excitant ^^
Deux phrases qui mont désarçonnée :- "
- "En soirée, avant le dernier concert programmé, Bryn se montra au bar que fréquentaient habituellement les Fenz. Trop contents de leur bonne fortune et pas encore blasés après leur succès récent, les musiciens y retrouvaient des artistes locaux, de vieux amis ainsi que des fans admiratifs.
Pas ce soir. Ils avaient à faire." => le "pas ce soir..." m'a parue abrupt posé comme ça à la suite de la description des habitudes du groupe. J'étais partie sur l'idée que Bryn allait là-bas exprès pour les voir... hé ben non.
- "Les puissances en guerre tentaient en vain de rallier Ione à l'un ou l'autre camp, car le gouvernement, épaulé par l'influente Fondation, préservait une stricte neutralité. On commerçait, on accueillait des étudiants ou des immigrés des deux bords, mais on refusait de prendre fait et cause pour l'un des belligérants." => bon alors, j'ai tiqué sur cette phrase parce qu'à ma première lecture, je n'ai pas compris de quel gouvernement on parlait. <br /><br />"Les puissances en guerre tentaient en vain de rallier Ione à l'un ou l'autre camp, car son gouvernement..."? peut-être
Ah, tu as capté le postulat de base du roman : on ne découvre le héros que par les yeux des autres. C'était une idée un peu folle, dans la mesure où ça m'a posé pas mal de problèmes, mais je trouvais ça vraiment intéressant qu'on ne sache jamais ce qu'il pense réellement et qu'on se posoe des questions.
Merci pour les phrases, je vais aller voir ça !
C’est amusant de voir que les lectrices innocentes s’attachent et se rallient tout de suite à Bryn en se méfiant de Keizo alors que moi, je me rallie à celui que je connais et je me méfie du nouveau. (C’est vrai que déjà dans l’autre histoire, je le préférais à son binôme.) Je n’aime pas ceux qui lui veulent du mal et je me méfie de ceux qui ne sont pas clairement de son côté. :-)
Ce chapitre trouve un écho en moi parce que dans un de mes projets, j’ai aussi deux personnages qui tentent de s’approcher du personnage principal (ou central) d’une manière détournée, soit volontairement, soit par manque de choix.
C’est curieux comme Bryn a peur de Yalis ou du moins du face-à-face avec lui. On lui a inculqué des préjugés extrêmes, d’accord. Mais si c’était vraiment si dangereux de s’en approcher, il me semble que sa hiérarchie aurait trouvé un autre moyen. Ils ne peuvent pas totalement ignorer le côté émotif de Bryn.
J’aime bien ce contraste entre les impressions qu’éprouvent les gens en présence de Yalis et ce sentiment qu’ils ont, dès qu’ils sont loin de lui, que tout cela n’était qu’une illusion. C’est une brillante stratégie.
Quelques détails :
la guerre qui la cernait gangrénait toutes les sociétés [J’avais déjà relevé le verbe gangréner/gangrener précédemment et je ne sais pas si tu as finalement choisi la graphie rectifiée.]
Trop tard pour partir, s’amusa Yalis. [Encore un verbe d’incise que je trouve contestable.]
Il songea à fuir, réalisa qu’il s’agissait d’abandon de poste [Je propose toujours de remplacer l’anglicisme réaliser ; « se rendit compte » ou, plus bref, « comprit ».]
les musiciens y retrouvaient des artistes locaux, de vieux amis ainsi que des fans admiratifs. / Pas ce soir. Ils avaient à faire. [Cette transition me paraît très abrupte ; si tu précisais qu’il s’agit d’une habitude ou d’une action répétée, ça passerait mieux, il me semble.]
Non seulement Bryn a des préjugés très forts, mais il a été chargé par le passé d'éliminer des spions, alors il se demande si l'autre peut le percevoir... bref, il se sent peu "qualifié" pour cette mission... mais les autorités ont leurs propres idées (derrière la tête...)
Cette impression divergente entre ce que les gens éprouvent en sa présence et en dehors peut en effet être simplement le reflet de leurs préjugés (ils ont peur mais sont rassurés en le voyant) ou peut au contraire être un reflet de la façon dont ils les manipule... donc on reste dans le flou, mouhahaha !
Merci pour les détails. j'avoue que j'évite en général "réaliser", mais je me l'autorise quelques fois, parce que c'est quand même bien ancré dans le langage, maintenant.
Je suis contente qu'on continue de suivre la progression de Mu dans tout ça. Ione, ça me parle, tu l'évoques déjà dans Naëlmo non ? Ou alors dans le Journal d'un monstre ? Bon, par contre, c'est pas là qu'elle trouvera Keizo, mais peut-être que ça lui permettra de trouver des indices pour se rapprocher de lui.
À part ça, la fin laisse à penser que l'Expérion en a après Keizo, et ça, c'est pas bon signe. J'espère que l'intervention de Bryn va : 1) permettre aux deux de faire un peu plus qu'échanger un regard et quelques pensées 2) faire en sorte que Keizo se sente redevable envers Bryn.
On verra bien !
Le côté Mu, ca permet de voir qu'elle ne lâche pas l'affaire et qu'on va la revoir très bentôt dans "l'action". IOne, en effet est présente dans les deux que tu as évoqués.
Quant à Bryn, oui il a du mal c'est sûr ! ^^