Je planais encore en me dirigeant vers la sortie arrière pour la pause. L’adrénaline fusait dans mes veines, comme après chaque set. Cette fois pourtant, l’euphorie de la musique n’était pas seule en cause. Cette fille. Sa silhouette menue effacée derrière un sweat à capuche large. Son visage m’avait accroché, son expression, harponné. J’avais bloqué sur cet air tourmenté, ces deux paupières closes me fermant l’accès à son âme. Allez savoir pourquoi c’était elle et nulle autre. Je n’avais pu me détacher de sa contemplation alors même que je vidais mes tripes dans cette chanson. Chaque parole semblait la faire vibrer, chaque émotion s’inscrivait sur ses traits fins, autant d’uppercuts que j’encaissais. Interagir avec le public amenait son lot de surprises. Je ne comptais plus les belles filles peuplant la fosse, les échanges de regards et les déclarations que l’on me criait. Pourtant, cela restait abstrait. Contrairement aux autres membres du groupe, je n’avais jamais acté les choses. Jamais je n’avais terminé la soirée avec l’une de nos fans et elles étaient nombreuses sans me vanter. C’était plus fort que moi. Je ne voulais pas d’un coup d’un soir, juste m’envoyer en l’air. Ce n’était pas moi. Malgré notre succès, je ne comptais pas changer ma façon d’être.
A la retrouver juste devant moi, recroquevillée sous le porche, j’en étais resté un instant interdit, incertain sur la conduite à tenir. Et dire que je l’avais prise pour une groupie fanatique. Elle en était bien loin. J’avais discerné les vestiges de larmes sur ses joues pâles. Mon estomac s’était serré face à la fragilité qui émanait d’elle. Lorsque son visage s’était relevé vers moi, une vision fugace m’avait paralysé une fraction de seconde. Morgane…
Alors que je remontais aux abords de l’estrade, mon esprit s’attardait dans l’arrière-cour, sur cette rencontre inattendue. Zoey. J’attrapai par réflexe la bouteille que me tendait Mike et en bus une longue rasade. Dans la semi-pénombre, le public attendait, un doux bruissement et des silhouettes attestaient de leur présence. Cette atmosphère électrique où l’attente était presque palpable, nous nous en nourrissions pour donner le meilleur de nous-même. Je savais que j’allai la chercher des yeux durant le second set. De savoir qu’elle découvrait notre musique pour la première fois rendait cette session encore plus spéciale.
Quoique court, j'ai trouvé ce chapitre très joli et assez profond, parfait pour montrer le point de vue de Trevor sur Zoey. Je suis curieuse de savoir pourquoi Trevor ne se laisse pas aller avec toutes ces filles... Est-ce à cause de Morgane ? Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir voulu s'oublier et l'oublier avec une d'entre elles ?
Détails en vrac :
- Le premier paragraphe n'est pas en justifier, contrairement aux deux autres.
- "elles étaient nombreuses sans me vanter." --> elles étaient nombreuses, [virgule] sans me vanter.
- "A la retrouver" --> À la retrouver
- "Je savais que j’allai" --> Je savais que j'allais (à l'imparfait)
Hâte de découvrir la suite !!!