La cuisine du restaurant prend feu. Je suis au centre de la pièce, impuissant. Je ne peux plus bouger. Rien ne me fait réagir : ni les flammes, ni la fumée, ni les rires diaboliques des brocolis.
Ces brocolis en ont après moi. Je le sais. Ils me l’ont dit. Je revois leurs regards féroces. Ils ne lâcheront rien. Ils sont plus forts que moi, de par leur supériorité numérique. D’autant qu’une force supérieure, voire divine, semble être de leur côté.
Ma cuisine prend feu dans un silence assourdissant. Je ne peux pas parler, ni crier à l’aide. Les brocolis me terrifient bien plus que ces flammes. Jusqu’au moment où les flammes se personnifient.
Les brocolis se taisent. Les flammes prennent la voix de ma femme. Elle me hurle au visage qu’elle m’a épousé par pitié, pour profiter uniquement de ma notoriété. Si elle avait pu, elle aurait choisi un autre homme, quelqu’un de plus distingué, de plus charmant que moi. Pour elle, jouer la comédie au quotidien est devenu insupportable. Elle est arrivée au bout de sa limite. Elle ne souhaite qu’une chose : révéler au monde entier quel minable je suis en réalité. En citant le nom de tous les journalistes qui seront ravis de l’entendre, elle soutient un regard empli de haine et de dégoût. Ce regard, je ne pourrais jamais l’oublier. C’est un regard que j’appréhendais de voir depuis notre première rencontre. La décevoir à ce point, c’est pire que tout le reste. Pire que l’idée de perdre mon restaurant. Pire que de ruiner ma réputation.
La voix de Désirée disparaît. Le silence laisse place au son de mes larmes. Ces larmes qui me poursuivent jusqu’au réveil de ce vif cauchemar.
Ex : "Rien ne me fait réagir : ni les flammes, ni la fumée, ni les rires diaboliques des brocolis. ". Il s'auto analyse, ce qui est rare dans un rêve.
Et aussi parce que tu supposes ce qui va arriver (ex : Ils ne lâcheront rien), or dans un rêve il n'y a pas de futur, tout se passe au présent , il n'y a pas d'analyse, que du ressenti immédiat (chépas si je suis claire, là...). Il suffirait de rien pour que ce rêve soit vraiment un rêve : utiliser uniquement le présent, comme si tout était en train de se passer, quitte à ce que ça fasse complètement déjanté (art dans lequel tu excelles !). Si tu veux on en parle par MP ou sur ton JDB, tu me diras.
Si un jour, je veux faire une anthologie d'histoires courtes mensuelles, je retravaillerai ça. Merci d'avoir fait ces remarques ! C'est hyper constructif !
Pour répondre à ton commentaire "Avec le (peu de) recul que j'ai, j'ai l'impression que ces rêves brûlés sont un peu le point faible de l'histoire." je suis un peu de ton avis, et plus mitigée par ce chapitre, là, du coup.
En tous cas, c'est vrai que je suis moins impactée pour ma part parce que ça a été dit et redit le coup des cauchemars, des brocolis qui parlent etc., et ça fait pas mal de rêves effectivement. Idem, juste après le chapitre sur le silence, terminer celui-ci sur le mot silence me paraît un peu redondant.
Rien de bien dramatique mais puisque tu posais la question j'irais plutôt dans ton sens :)
Le côté répétitif, au départ, c'était pour montrer qu'à force d'avoir ces rêves, Pierre-Noël perd vraiment la tête. Mais répéter ainsi, sur du court, c'est risqué aussi. Ca peut très vite lasser.
Merci de m'avoir répondu sur ce point !
Merci, sakumo91 !