13 | Le Pandémonium (1/2)

Notes de l’auteur : Chapitre mis à jour le 25.07.23.

JULES.

Glissante au fond de l’ombre-nuit, s’faufilant entre les cônes oranges des lampadaires, Jules cheminait clandestine dans la Ville Ensommeillère. Sa poitrine si peu essoufflée, et sa silhouette qui s’sombre-fond, on ne la voyait pas Jules, on ne l’entendait pas fuser dans le silence de l’obscurité, ce silence qu’elle aime tant lorsque la nuit la Ville est amortie. Éternante furtive me v’là. Et v’là Spectrette devant, qui tenait son fusil en mains comme à la routine, les jambes explosives les épaules solides, ça balançait du vert luminescent ses vêtements de militaire. Régulièrement, Soldatette jetait des vifs regards à l’arrière pour vérifier que Jules suivait bien. Mais Jules tenait le rythme sans problemo, facilito les cuisses en fer, extra foforte quoi. La goguenarde dans le coeur, elle accélère, saute par-dessus un tas d’sacs-poubelles, dépasse Spectrette, ricasse l’endiable, court plus tenace, y arrive enfin à la Brocante. Aucune pause sur les trottoirs, elle s’engouffre sans hésit’ dans la bicoque j’grince-poussière. Porte ouverte, fermée, ça sonnette la clochette, Jules grimaçouille, éternue à cause que l’air grise, fichtre ! s’empare du faux-phare laissé près de l’entrée, lève la lumière en direction d’Spectrette et lui souffle : alors… prête ? On commence par quoi, la Bibliomonde ?

Un lumio-éclair passe sur sa binette fantomale et enriviérée, ses yeux bleus ondulent, Spectrette hoche sa tête. Ses cheveux noirs se lèvent, gonflent, flottent. Un sourimalice. Alors elle se r’tourne. Elle s’dirige là-bas pour monter là-haut. Jules la suit, craquouille des trucmuches par terre. La Brocante qui crcrcrépite tout son bois, ses poutres antiques, ça lui migraine à la tête en même temps que ça lui fiche la flippe à Jules-catimine. Oh ! Salut pelottine-en-gorge, te v’là de r’tour, tu m’quittes jamais vraiment pour longtemps toi, pas vrai ?

Les deux filles passent devant le vio’, et si Spectrette court là-bas devant, Jules y résiste pas de s’attarder devant l’instru’. Curiosée d’savoir c’qu’y s’y trouve. Convaincue que c’est tout l’passé de Spectrette qu’il y a dedans, comme l’vio’ l’était un jour à elle tout ça ? S’approche s’approche, Jules sait que ça donnera rien d’plus que quand elle avait essayé de le lire d’vant Jasmin hier. Mais p’t-être c’était justement pask’ l’y avait Jasmin que ça s’est fermé les sensas’ ? Et si… hein ? L’y avait du nouveau malgré tout ? Dans la pénombre du faux-phare, s’approche s’approche sa main. S’pose tremblouille sur le vivio’ et… et… rien. Que dalle. Enfin si, mais c’est bruissant-amer c’est arrière-goûtant. C’est nébule des nuages qu’on capte pas. Son bras tombe ballant. Elle y r’garde le vio’. Elle y sent Spectrette qui l’observe pas loin. Un long moment s’étire. Jusqu’à ce que :

— Fichtre !

Et Jules scrogneugneu va chercher une chaise toute cabo’, la traîne au sol, la racliracle sur le plancher élimé, la pose là. Sacrément en rogne, elle s’empare du vio’. L’archet. S’assied. Rogne infinie. Le nez froncé. Défie Spectrette du r’gard : toi t’as pas intérêt à te moquer d’moi ! Beh ouais, pask’ dans les faits, c’est stupide d’jouer d’la musique. Franch’ ça sert à rien, sauf p’t-être pour épater la galerie, mais moi j’ai aucune galerie à épater, pas d’ami, pas d’famille. Et pour ceux qui disent qu’la zizique ça aide quand la vie c’est d’la chiasse, c’est du n’imp’ : c’est pas elle qui va faire s’sentir mieux quand ça s’serre dans l’ventre ou coince dans la gorge. Donc, que ce soit klar : si j’finis par accorder l’instru’ malgré tout, c’est juste pour voir comment que ça sonne c’truc-là. Et si j’finis par lever mon archet, vibroter les cordes, jouer un truc, j’sais pas trop quoi, c’est juste pour essayer d’y mettre une idéelle musicale. Voir si j’y arrive. Jasmin l’a dit c’était possible ça. C’est tout. Que dalle d’autre. Pask’ moi, jouer d’la musique pour l’plaisir ou l’oubli ou les émotions : j’suis pas comme ça.

Ainsi, foudroyant Spectrette du regard, les mains moites, j’ai violoncellé un p’tit moment, d’abord avec un tas d’fausses notes et des cordes malovibrées (après tout ça f’sait un bail que j’avais pas joué, plus d’un mois, en fait, depuis que j’ai fui la campagne). Mais peu à peu, j’y ai repris l’habitude, alors ça grinçait mieux, un ‘tit peu mieux, bien que vivi’ était trop grand et que j’avais d’la peine à bien entourer l’instrument de mon vilain et maigrot corps. Bientôt, ça m’a fait vibrer de l’intérieur, avec des couleurs comme noir cafard, rouge irascible, vert solitude, et sans m’en rendre compte, j’ai viragé sur cette tristomélodie que j’avais entendue l’autre jour, enfermée dans l’vio’,

et dont j’arrivais à reproduire les teintes

noir bagarre, rouge courroux, vers la violente

révolution,

ça m’a monté des sanglots que j’ai gardé fermés dans la bouche

lèvres barrières pourpre sang,

et Spectrette qui s’était assise devant moi, son fusil sur ses genoux,

m’observait avec caresse, des cheveux-nuit qui s’allongeaient et flott’ondulaient

autour de son buste, jusqu’au bas des reins,

un océan de noire tristesse.

 

Jules s’est laissée fondre là-dedans, tout ça que c’était les choses,

jusqu’à ce qu’enfin elle réalise :

son bras qui dansait l’archet, il idéellait

tout entier

des doigts jusqu’à l’épaule,

mais cette fois-ci, au lieu d’prendre peur,

elle s’est juste dit : bon, c’est comme ça,

d’autant plus que la sensas’ était plutôt agréable, dans le fond,

tous ces mots drôlement vélivoles dans la tête

et son membre qui picoti-picota, vite sur la peau et dans les veines.

 

Crescendo, accelerando, fortissimo, la méli-mélodie,

pis subito, aux pieds de Jules,

a fleuri comme une prairie,

hein que quoi ?

idéelle,

c’était une pelouse piquées de fleurs,

un peu comme c’était comme ça avant, à la ferme,

et qu’il y avait des pâquerettes, coquelicots, pissenlits et boutons d’or.

 

Un mystère de plus dans les questions de Jules,

mais pour une fois Jules s’en fichait pas mal,

du pourquoi ?

c’que ça veut dire son idéelle,

c’était juste comme ça,

et pis c’est tout,

les joliettes fleurs qui l’éclairaient depuis en bas,

alors elle a continué à violonceller,

s’oublier là-dedans jusqu’à ce que, épuisée

de trop retenir des pleurs,

qu’elle ne pleur’ra jamais,

tout.

       s’éteint.

                    silence.

C’est rare le silence, pourtant. Elle en est presque essoufflée, escamotée, et enrage pask’ des souvenirs sont montés alors qu’elle s’était promis Jules, promis, de ne plus regarder en arrière, là-bas le passé. Seulement v’là : mélodier tout ça, ça lui a rappelé le monsieur qui l’a farouchement gardée dans sa ferme un tas d’années. L’était costaud, l’avait la peau sombre pis des miniots yeux, les plus minuscules que Jules ai jamais vus, enfoncés dans leur orbite, deux billes noires qui cernaient le moindre d’ses mouvements. Sa pelle en main, il la forçait à faire les grosses besognes de la ferme, comme moissonner les champs, longtemps sous soleil-méchant, ramasser la bouse des vaches et des chevaux. Et le ‘blème, c’est que Jules n’était jamais assez rapide, efficace, utile. Un beau jour, Jules a explosé la haine. Elle a commencé à voir Spectrette, pis elle a fugué, une première fois, elle avait douze ans, assez vite la police l’a rattrapée mais, étrangement, regard-miniature l’a jamais réclamée, donc bon, nouvelle famille d’accueil, plus gentille p’t-être, p’t-être pas, sûrement p’t-être, bon elle y sait pas, dans tous les cas Jules avait pas confiance alors elle a fugué, encore, et depuis, elle a sauté d’famille en famille pask’ personne supportait vraiment qu’elle fugue comme ça, éternel électron libre, et à force, Jules ça lui faisait plus mal du tout qu’on l’aime pas. Elle s’était toute habituée à la solitude, mais alors pourquoi, hein ? Hein ?¿ Pourquoi aujourd’hui elle y repense à tout ça, alors qu’elle s’était vouée Jules, vouée, à l’indifférence, et qu’elle a enfin réussi, après toutes ces années d’errance, à s’faire cuirasse et n’habiter plus que le présent, sans personne pour l’aimer, l’attacher à la déception ? D’autant plus qu’à ses souvenirs, étaient mêlées d’autres choses, des écho-idéelles venues du passé, enfermées dans l’vio’, qui disaient :

Noée ! Concentre-toi enfin !

— Mais j’y veux pas… Pourquoi je devrais–

— Je m’en contrefiche que tu ne veuilles pas. Je te rappelle, ma chère, que nous sommes en guerre. Chaque jour, des gens meurent dehors, quand on ne change pas leur vivème, à cause de – oserais-je vraiment te le rappeler ? – tes mères. Je ne permettrai donc pas que des caprices de petite fille mettent à mal notre possibilité d’arrêter cette hécatombe. Tu crois qu’on redresse un monde sans effort ?

— Mais moi j’suis venue ici pour que vous m’appreniez à arrêter la transformation en idéelle, pas l’inverse !

— Le problème, c’est que tu n’entends le Flux jamais mieux qu’en idéelle. Et ce n’est qu’en accédant à la pensée du monde que l’on peut remonter à nos peurs les plus abyssales et retrouver la Crypte, source de tous nos maux. Tu m’as dit, en plus. Tu m’as dit vouloir racheter les fautes de tes mères ! Alors aide-moi, Noée… Je te prie. Tu es la seule ici qui puisses atteindre un état d’hyper-pensée et entendre la Voix du Ciel. Tous nos espoirs résident en ta capacité à retrouver celle du Fléau et délivrer les Pandémoniens du mal qui les ronge.

Crispouille sur ma chaise, mon bras tombe, l’archet glisse à terre. C’est une voix d’homme, rocailleuse et massive, comme un gros bloc de roche qui parlerait là, tout là à travers les années et qui continuerait :

— Vas-y, alors. Comme d’habitude : la métamorphose en idéelle doit partir du coeur. Écoute ta respiration. Détends-la. Là. C’est bien. Commence à… oui. Comme ça. Étends la coulée maintenant. Vers tes épaules, tes bras. Mains. Bien. Ton ventre ensuite... jambes… parfait… reprends le haut maintenant et… attention, c’est souvent là où tu rates…. cou, tête... Merveilleux ! Eh bien voilà ! Ce n’était pas si compliqué, ou bien ? Quand mademoiselle daigne se donner un peu de mal !

Jules attend, attend, mais rien d’plus vient, alors, avec des yeux ronds qui n’y comprennent rien, elle fixe Spectrette dans l’espoir qu’elle lui donne les réponses. Gneh c’est quoi c’délire de Crypte pis Voix du monde pis Pandémo-quoi ? Mais comme d’hab’, que dalle. Ou alors si, mais ça m’y aidait en rien, pask’ primo son étrange sourire des sauvageonnes l’était de retour, celui de fichtre j’arrive pas à interpréter. Pis deuxio, elle a fait un autre truc encore plus farfelu : elle a levé son fusil à la vertical, l’a pointé à terre, le canon en bas, pis elle a semblé scrituré un machin au sol, à même la poussière. Et moi, l’pouls qui poume-poume à vitesso lollo, j’me suis levée, j’y ai appuyé vivi’ contre une commode, j’me suis craintivement avancée, la bouche trop rougi’xplose pask’ après tout, c’était la première fois que Spectrette m’écrivait un gudule. Pis comme ça, accroupie d’vant elle, j’y ai vu :

vie-idéelle

Aussitôt, à cause que ça veut rien dire trop quoi, je l’ai rogné du r’gard pis j’ai pesté :

— Quoi ? Mais ça veut dire quoi ça encore, hé ?

Évid’, Spectrette l’a pas répondu. Lèvres-malice. L’a haussé des épaules, avant d’se lever, longue et imposette face à Jules, pis montrer l’étage du d’ssus d’un mouv’ du menton. Jules grogne. Beh oué, j’sais bien qu’on est là pour une raison et qu’il faudrait qu’on monte, mais tu voudrais pas m’expliquer un peu, avant ? Nan, toujours pas ? Exact’ comme d’hab’ trop quoi ?

Spectrette pouffe pis soudain court là-bas devant. Et Jules, l’humeur grinche, finit par la suivre, la visière d’son béret sèchement baissé. Lèvres en sang-crevasse. Elles bondissent dans l’escalier. Et à mesure qu’elles montent, toujours plus haut, Jules décide d’y oublier tout ça, l’moment mélancoli-vio’ qu’elle vient d’vivre, et la conv’ zarbo qu’elle a entendue. Elle r’foule tout dedans loin d’elle, si loin que lorsqu’elle déboule au quatrième étage, toute suée, le corps tiré à l’élastique, elle a remplacé sa morosité par un sourire frondeur, aguichée à l’idée d’farfouiller en scred’ dans les affaires d’Jasmin et d’Eustache.

C’était son idée à elle, pask’ hé ! Les deux bougres-là y dissimulent des machins à vouloir m’écarter de l’Onde et pas m’dire pourquoi eux l’vio’ ça les captive autant et surtout pourquoi l’Anima d’Océane ça les intéresse comme ça. Jules s’souvient bien comment hier ils ont chuchoté que Spectrette va p’t-être les mener à l’Anima de Noée, mais pourquoi qu’on voudrait l’avoir ? Donc j’y ai proposé à Spectrette de v’nir fouiner, et elle ça l’a grave emballée, elle a levé son fusil en signe de victoire, si fougueuse soudain. J’lui ai ‘xpliqué mon plan : comme les idéelles ça peut être des souv’nirs, avec extra d’chance, y’en a qui portent Jasmin et Eustache discutaillant, traînant sur les étagères d’bidules-trucs pourrissants. Nous suffit d’aller fouir dans les fanfreluches et on la découvre notre vérité cachée ! Ouais ? T’as vu mon idée l’est trop archi démente ! On y gogo ?

— Tu fouines dans la partie droite pis moi la gauche ? proposé-je.

Spectrette a ram’né son fusil sur son épaule, le tient ferme et sec, toute grande là, répond que dalle.

— Quoi, alors tu préfères trifouiller dans la partie gauche pis moi la droite ?

Minablette silence toujours autant. Tic-tic-tic l’horloge là-bas. Mon énormo soupire.

— Franch’ ? Tu m’gaves.

Et Jules gonfle son buste bien que, genre, y’a rien à gonfler quoi, pis comme ça elle s’en va, avec le plus de fierté qu’elle peut, son faux-phare à la main, menton levé, patinante et boudeuse dans la grisouille de la Brocante. Éternelle solitaire, elle s’met au job. Et comme prévu enfin pas trop, elle y trouve rien d’concluant là-dedans. Elle passe sa main sur la bibelotte-d’la-vie-en-crotte, et soit elle sent que dalle, c’pas une gemme c’truc-là, soit les ‘tites sensas’ qu’elle éprouve lui rappellent rien du tout Jasmin ou Eustache. Fichtre ! Et elle s’acharne et elle y passe un sacré bout d’sa nuit, mais si elle découvre pas un truc bientôt, j’jure que Jules-solo va finir follo d’chez lollo !

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Edouard PArle
Posté le 23/10/2023
Coucou Louison
Etant un immense fan de flashbacks (quand c'est bien fait), j'ai forcément beaucoup aimé ce chapitre ! C'est vrai que tu n'en as pas forcément dit tant que ça sur le passé de tes personnages avant l'introduction. C'est très intéressant de voir un peu les états-d'âme Jules, qui va de famille d'accueil en famille d'accueil, préférant la solitude à la possibilité d'un nouvel abandon. Ayant travaillé en maison d'enfant, ça me parle forcément pas mal ce genre de problématiques...
Ceci étant, tu ne dis encore rien sur son passé avant d'arriver dans sa première famille d'accueil, je sens que ça va avoir des liens avec le monde des idéelles. J'imagine que tu nous prépares de belles petites révélations.
Le moment où elle joue du violoncelle est vraiment top ! Au-delà de la beauté de la scène, voir Jules réapprivoiser l'instrument et se laisser porter par les idéelles était superbe. La mise en page est vraiment intéressante pour accompagner ce moment-là.
Bref, un super moment. Je crois que j'ai un faible pour les chapitres tristes xD
Ptite remarque :
"un océan de noire tristesse." joli ! super tournure.
Un plaisir,
A bientôt !
Louison-
Posté le 06/11/2023
Coucou Edouard !
Merciii pour ton retour, et désooo pour le temps de réponse qui est absolument indécent haha <3

Je suis contente si tu as aimé ce chapitre et le fait qu'on revienne sur le passé de Jules ! Effectivement, il y a encore beaucoup de choses qui restent dissimulées ;)

Chouette aussi si tu aimes le moment où elle joue du violoncelle, je me souviens avoir passé pas mal de temps dessus haha.
Je file répondre à la suite !
dodoreve
Posté le 25/12/2022
Coucouuuuu Louison ! Je reviens toutocalme dans ton histoire huhu
Cette fois-ci je n’ai pas relevé grand-chose, j'ai préféré me laisser porter. Le moment où Jules joue du violoncelle <3 forcément, j’ai adoré. J’ai bien aimé sa manière d’être toute renfrognée au début, et de se laisser porter par la musique aussi. Et les détails sur sa vie d’avant c’est cool ! Et avec le niveau de détail qu’il faut je trouve (on ne se sent pas "alourdis" par un trop plein d'infos ou quoi).
Puis à la fin l’expression « bibelotte-d’la-vie-en-crotte » ça m’a beaucoup trop fait rire, voilà.
Chouettas le chapitre en tout cas, je continue huhu
Louison-
Posté le 05/01/2023
HELLOW enfin je te réponds ouèche ! et merciiii pour tout ce que tu dis sur Jules, ça me fait plaisir <3 Elle est toute tristoune Juju, faut lui donner une grosse dose de câlins bibouuuuuu <3

Koeuuur sur toa <3
Vous lisez