13 | Le Pandémonium (2/2)

Notes de l’auteur : Chapitre mis à jour le 25.07.23.

JULES.

Relents d’papiers mâchés, j’fronce du nez. Là-haut, j’repère : y’a un bouquin qui pulse aux idéelles. J’peste. Il était obligé d’être aussi là-haut celui-là ? Levée sur la pointe des pieds, j’y ai mon bras qui s’grandit mais grrrien à faire, impossible d’récup’ le livre quoi. J’sais y’a des échelles, j’sais pas trop où mais flemme. J’pose mon phare-à-la-main. J’grimpouille ça ira plus vite, les pieds les doigts sur les rebords de l’épaisse biblio’. Hop! j’y chippe l’livro, aussitôt touché qu’ça m’hérisse les poils tellement ça idéelle là-d’dans. J’ricasse si fière sacrée trouvaille. J’redescends, sautante sur l’parquet grinçant, ça envole la poussière, j’tousse, mufle-souriante, j’jette un oeil sur la couv’ et tout d’suite j’gronchonne. Sérieux ? J’y ai quand même pas fur’té tout ça pour r’tomber sur ça ? Mais fichtre à la fin ! L’dico-codex Eustache me l’a déjà montré c’t aprèm c’est bon là, c’est pas ça que j’cherche ! C’truc-là il pue le bleu la mer les mouettes qui crottent la mer et pis c’est tout ! Rogneugneuse, j’fourre l’miniot livre pourquoi il est si lourd d’abord dans la poche d’ma salopette, là où y’a déjà la photo d’Océane que j’ai récup’ d’Siloé. J’reprends mon faux-phare j’me tourne et j’surprends Spectrette qui m’fixe baba là-bas.

— Quoi encore ? aboyé-je.

Et j’allais descendre d’un étage le sang explosif comme pas permis, crevée en plus j’dors jamais assez, lorsque Soldatette lève son bras, m’montre quelque chose au fond. J’pose mes mains sur les hanches, la rage du regard, ça la rigolamuse. Vraiment ?? Et c’est que maintenant que tu t’décides à m’aider ? Tu le sais que t’es insup’ là foutument casse-pieds, dis-moi ? J’m’approche néanmoins. J’suis là. Elle pointe du doigt un tout gros volume sur une étagère, j’le sors, l’est archi plus épais que l’dico-codex mais curieusement plus léger. C’lui-là c’est sûr : aucune idéelle dedans. Mais pourquoi Spectrette tu veux que j’sonde un truc tout vide ? Pis t’es partie où d’abord ? Ah. Là-bas dans l’canap’ mauve, tu pouf-pouf l’coussin d’à côté pour que j’te rejoigne. Je r’nifle un rire, roulant des yeux, à la limite d’pleurer tant j’y ai envie d’dormir, nan mais tu dérailles Spectrette ?¿ Tu crois vraiment qu’on va faire la lecture ensemble ?! C’est un manuel d’Histo’ en plus ! La discipline hypra j’te-noie-dans-l’sommeil quoi ! Éruditette secoue sa tête, un brin agacée, j’finis par m’asseoir pask’ t’façon j’ai pas d’autre piste.

Et ça l’y faisait une sacrée scène à voir.

La Brocante était plongée dans une obscurité presque totale, et pis il y avait ces deux filoues installées là qui ‘claircissaient un peu ça. L’une d’elle scintillait du vert militaire, du noir-cheveux miroitant, des rivières-peau presque translucides, l’autre avait son faux-phare posé sur le coussin et ça renard-ombrait son décharn’corps, la courbure de son dos. Un béret qui sombre sa binette, ses yeux qui s’colorient comme les olives lorsque Jules lève la tête en direction de Spectrette. Tachouillent les rousseurs. Et les courtes mèches de cuivre qui mordent ses joues. L’olivacé l’orangé fondaient dans le mauve du canap’, autour les particules de poussière pétillaient, emportées par le souffle de la Maison qui respirait comme ça : crr-crr-kerak-crr-critch-crr-scrr-critch-cratch-scrr-vrr-kerak-vrr-tic-tic-tac et Jules aurait presque pu entendre de la vaisselle qui tinte, du thé qu’on verse, une tasse qui tombe et s’brise, tsing, coeur sursauté, mais elle a dû rêver. Comme d’hab’ ça déraille là-dedans, ou alors c’sont des idéelles-sons qui l’insupp’ et la Brocante qui murmurisse son langage à elle. Jules s’coue violemment sa tête, examine la couv’ de l’énormo livro et ça dit ça raconte l’Histo’ de l’Eurythmie depuis ses débuts. Mais pas les fables comme cet aprèm. La vraie Histo’. Scientifique tout ça. C’est barge. Archi trop barge. Jamais d’la vie j’perds mon temps à lire tout c’truc là quoi ! Effrontément, j’ouvre j’trouve la table des matières, pis j’fiche ça devant la tête de Spectrette pour qu’elle me dise exactement c’que j’dois lire. Mes yeux grognons. Et t’as intérêt à… et ça la rigole, et j’fulmine plus, avant que son doigt pointe un chapitre nommé « le Pandémonium ».

Ok, on y go. Et j’y lisouille, marmonnant dans ma bouche les mots pask’ c’est plus facile comme ça, et j’y capische pas tout tout d’suite alors j’dois m’y reprendre à plusieurs fois mais lorsqu’enfin toutes les infos s’sont casées là-d’dans mon crâne, j’y ai un frisson qui m’court partout à cause que c’est terrible.

À c’que j’suis cap’ d’comprendre, l’Eurythmie c’est pas l’seul monde possible dans nos têtes. Les grattes-passé l’y expliquent que ces endroits qui naissent à l’intérieur d’nous, c’sont des « mivages » et que si l’Eurythmie est un tout grand mivage, le meilleur qui existe, durant la Belle Guerre y’en avait un autre qui existait et il s’appelait le Pandémonium. Et le Pandé’, ça bigre-flippe pask’ son but c’était d’détruire l’Eury’ afin d’ramener tout l’monde chez lui, où il y aurait zéro Loi, rendre à l’esprit son explosif originel. Là-bas c’était tout noir tout féroce, comme une anti-Eurythmie, tirant son essence non pas de « l’harmonie, l’ordre, la vertu », mais de « l’irrationnel, le chaos, le non-sens de l’existence ». C’était deux gouvernements différents : la République face à l’Anarchie. Les histo’doctes l’y précisent encore, le Pandé’ c’était le dénuement rendu au monde, ou encore la mort avant la mort, et que v’là les gens là-bas, à cause que y’a aucune règle ou loi morale, souverains d’eux-mêmes, ils deviennent tout enragés pis surtout monstrueux à saigner un tas d’copains et ça r’commence minuit demain.

La trembouille mes mains. Je r’lève le visage un court instant. Moi c’est vrai les guerres quand on les apprenait à l’école, ça m’a jamais vraiment parlé. C’était juste des grandes puissances militaires et des alliances tout ça, avec des pays qui s’agrandissent et rapetissent, des hommes qui politiquent tout derrière des grands bureaux. Mais maintenant, j’réalise que si le Sublunaire avait ses guerres à mener, y’en avait une autre qui rageait dans nos têtes. Sûr’ment que c’était elle en fait, qui menait la barque : la guerre idéologique. Quand les Lunéens sauvaient un bout de terre, les Eurythméens sauvaient un bout d’esprit. Le manu’ ça dit : « Déterminés, les Eurythméens prirent les armes pour défendre la dignité des âmes, l’harmonie-vivre. En face, les Pandémoniens glorifiaient la violence créatrice, la liberté assassine, tout en scandant : ô comme tu es belle, éternelle insoumission ! » J’y comprends alors que c’était assez les ordrés, sages dans leurs bottes, contre les oragés, la carabine pour seul bras. Et ça aurait pu m’simplifier toute la Guerre, ouèche ! Seul’ment à lire la suite, ça m’y laisse un tas d’questions, comme : si les Eurythméens c’étaient les nobliaux des coeurs, pourquoi l’ont promulgué cette « Solution Idéale » pour mettre fin à la Guerre ? À savoir la zigouillade massive des gens nés sous le signe du Cancer, Scorpion et Poissons, trois signes ralliés à l’élément de l’eau, des « Hỳdōrs » comme l’y ‘xpliquent ça ?

En vrai, leur théorie ça s’tient, puisque ça écrit : ces gens-là, les porte-chaos, c’sont eux qui ont fait naître le Pandémonium. Eux qui le nourrissent si fort chaque jour. Eux leur personnalité ingérable aux pulsions meurtrières qui s’guérissent pas. Et bien sûr c’est terrible, mais leur présence déséquilibre le cosmos entier. Alors on peut pas rester là sans rien faire ou ils engraisseront le Pandé’ jusqu’à anéantir toute l’Eury’, nos belles valeurs morales. Le chaos submergera nos têtes et bientôt nous serons tous des assassins. Reste qu’une solution viable : épurer notre société de ces gens-fléau afin d’atteindre un état de paix permanent. Une dernière violence qui soldera toutes les violences, rien d’autre qu’une « Solution Idéale ». Coincer ces gens en prison n’y aurait rien changé, leurs Idées auraient continué à circuler. Ce n’était donc pas tant les criminels à éliminer que les pensées-criminelles en elles-mêmes. Les porte-chaos n’étaient, dans le fond, que les malheureux vecteurs d’une sombre morale. Des êtres sur qui la fatalité, par le mouvement des astres, s’est acharnée et dont il fallait se défaire jusqu’à ce que le mal, en lui-même, ne soit jusqu’à même plus envisagé.

Frottant mes paupières assommées, j’soupiro violent. Et quoi mais quoi ?! Les gens ont adhéré à tout ça ? Primo, personne pour voir l’énorme contradiction là-dedans ? Éradiquer la violence par la violence ? Franch’, même moi j’suis cap’ de la voir ! Pis aussi, comment croire que les soleils du ciel, tout ça, ça peut vraiment influencer nos façons d’être et qu’on naît gentils on naît méchants ¡¿ La turlutaine que c’est quoi ! Et ça m’émeute d’autant plus que leur blabla-à-mort-les-Hỳdōrs, ça a fonctionné de grave. Suffit d’lire les chiffres qui comptent les trépassés : infini d’coups d’fusil, taratatatatata, des usines à meurtres et zlik ! un morceau d’la popul’ décimée. Askip’ ça existe plus aucun criminel sur terre, chic adios la guerre alors ! Sans personne pour s’dire que les malfaiteurs, en vrai, l’y s’situaient pas du bon côté d’la carabine.

Et j’allais fermer l’bouquin pask’ toutes les pages sont bourrées d’crétineries, mais mon attention a été attirée par la page d’après qui parle du mouvement Naïa. Ma gorge s’assèche. Elle est là. Spectrette. Ou plutôt, Océane Libelle. Debout sur une estrade, elle s’tient sacrément droite comme ça. Un micro devant elle, un drapeau derrière, la foule fulminée autour. Son poing levé. Son corps puissant, tendu à la colère, recouvert d’sa combi’ verte d’militaire. Son souffle, j’pourrais presque l’entendre respirer, respirer, respirer, un soupir viril et musclé. Sa face déformée par la rage porte des plaies, des croutes et d’sales violaçures, tellement que ça m’fiche la flipouille tout ça. Sur la photo, elle est vraiment remplie d’une cruelle fureur, comme un ouragan, prête à bastonner le monde et tout le méchonner, et soudain j’me demande si Siloé a pas raison quand elle dit que l’Anima d’Océane, il est tout dangereux à cause des terribles idées qu’il porte en elle. J’phase un moment sur l’image. Final’, j’détache mon r’gard pour lire c’qu’on dit sur le mouv’ Naïa. Et le manu’, il crache grave dessus.

Ça raconte qu’avant la Belle Guerre, durant la Grande Correction, il existait déjà c’groupe d’artistes insurgés contre l’idéologie qui s’mettait en place en Sublunaire, avec l’cosmos tout harmonieux tout ça, l’cosmos qui dicte les actions morales pour la vie humaine. Ils s’insurgeaient encore plus contre le gouvernement eurythméen qui poussait à l’extrême ce système de pensées. En gros, ils réprouvaient cette organisation sociale en douze Maisons, martelant : ça casse nos libertés, statue nos créativités, détermine toute la vie ! C’sont eux qui ont fait éclater la Belle Guerre : ils ont construit une philosophie qui prônait la liberté à travers le chaos, s’sont donnés un nom, « Naïa », jusqu’à créer ce nouveau mivage, le Pandémonium, dont le modèle serait l’opposé exact de l’Eurythmie. Eux l’y voulaient une hiérarchie horizontale, aucune autorité centralisée, des individus autogérés et libres, un pouvoir qui émane du peuple. Après, dans les faits, du moins c’est ce que baradine le manu’, y’avait bien un noyau à tout ça. Océane Libelle en faisait partie. L’était l’une des grandes meneuses, la charismatique rassembleuse des troupes, avec une autre copine : Céleste Volia. Le manu’ raconte même qu’elles étaient celles à l’origine de Naïa, celles à l’origine du Pandé’, celles qui les graissaient le plus ardemment par leurs idées de dégénérées. Deux femmes si libres qu’elles étaient libres de tuer. Deux révolutionnaires qui désiraient se venger pour tout l’mal qu’on leur faisait à eux les porte-chaos. Ça passait par des actes de terroristes. Ça passait par le changement des vivèmes. Raison pour laquelle il fallait les traquer traquer traquer, les abattre abattre abattre. Succès ! L’O.V.E.A. l’a final’ trouvé la Crypte où elles s’cachaient et renfermaient l’énergie du Pandémonium. L’Office l’a tout détruit, exécuté Océane et Céleste, tué les derniers porte-chaos. Le Pandémonium forcé’ a vu ses idées flétrir, ses fondements s’écrouler. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de ce mivage. La Solution Idéale a porté ses fruits, mais pour que l’état de paix perdure, toute naissance hỳdōrienne, ainsi que les solstices d’été qui portent deux signes en eux, Gémeau et Cancer, sont à proscrire. On ne peut tolérer une présence qui agit comme un virus sur nos consciences. À peine une vilaine idée conçue qu’elle pourrit instantanément les fondements mêmes de l’eurythméisme, tout ce qui, alors, nous constitue en tant qu’individu mais aussi en tant que nation portée vers le juste équilibre des passions et la pureté morale. Souvenez-vous : sérénité, fidélité et solidarité mènent à l’Harmonie, ô sempiternelle Eurythmie. Tolérer une marge de chaos, fut-elle fine, n’aboutirait qu’à un déséquilibre complet, renversant tout ce que nous avons vaillamment bâti lors de cette sombre mais glorieuse Belle Guerre.

J’y lève la tête. J’fixe Spectrette a’c de gros yeux et j’y ai ma gorge qui s’enroule, mes lèvres qui éclatent rouge. Déjà… on retrouve l’délire de la Crypte et quoi et si c’est Noée qui a réussi à la retrouver la Crypte et a tout fait exploser ? Ensuite… gnark. Moi quand même j’veux pas tout croire l’manu’ d’Histo’. Siloé m’avait déjà parlé en partie de Naïa,  Jasmin aussi, mais là j’ai des détails en plus, et j’veux pas penser que Spectrette l’était tellement la haine et tellement libre dans sa tête qu’elle tuait des gens, comme ça, pour s’venger à cause qu’on l’a dite porte-chaos. Sérieux, la liberté c’est bien, mais là ça va un peu trop loin, nan ? Donc l’manu’ c’est des crétineries, pas vrai ? Hein dis Fusillette que ça raconte n’importe quoi l’livrot pis que toi t’es pas une fusilleuse de gens, hein ? Et qu’Eustache et Jasmin ils ont aucune raison d’avoir peur d’toi ?

Proj’tée dans la panique, j’me recule sur l’canap’ loin le plus… d’elle… la respiration qui s’saccade, les mains qui tremblent sur mes g’noux… à cause que quand même à force ça m’fait sérioso douter que tout le monde parle aussi mal d’elle. D’une voix toute enrouillée, j’fluette encore : c’est faux tout ça ? Hein dis-moi ? C’sont des bêtises toi t’as pas créé un mivage où c’est l’ravagisme hein pas vrai, pas vrai ?? Toi t’es pas un Anima qui coltine la guerre et le meurtre, hein dis-moi ?

Et j’y veux tellement, tellement, mais alors tellement qu’elle s’coue sa tête et qu’elle m’dise que l’manu’ : c’est 100% d’fichaises. Elle n’en fait rien. À la place, elle reste assise là, toute calme et majestueuse, à caresser son arme de ses mains, long fusil allongé sur ses cuisses. Elle dévisage Jules avec un regard fendu, bourré de larmes qui coulent, coulent, rivièrent sur ses joues. Gracieuse et… triste. Infinio triste, un sourire cassé qui lui craquouille le coeur à Jules… Chagrinette ne dément pas, n’approuve pas non plus. Réagit juste par ses pleurs du silence, si bien que Jules y sait pas c’qu’elle est Spectrette. Une sanglante ou pas, une regrettante ou pas ? Une qui veut rendre sa liberté au monde, p’t-être bien, mais à quel prix ?

Hoquet nerveux. Soupir tremblotant. Gémit. Un petit peu au pâle, un petit peu au froid. Jules s’recroqueville plus encore, s’boule dans l’coin du canap’. Elle peut pas s’empêcher d’se dire que si Spectrette l’a voulu que Jules lise tout ça… c’est que c’est vrai cette vision d’elle et de Naïa. Pourquoi vouloir m’apprendre des trucs qui s’raient des mensonges ? Ça f’rait pas sens. Nan. Pas sens… Donc elle veut que j’sache qui elle est pour qu’après je… la voix d’Siloé m’revient en tête qu’elle chuchotait l’Anima d’Océane vous a choisie en tant qu’héritière de la pensée naïenne. Elle veut que vous releviez le mouvement et menez sa vengeance à exécution en plongeant la Ville dans un bain de sang. Quoi c’est vraiment ça que tu veux Spectrette ??? C’est pour ça que tu m’as amenée dans cette Ville ? Pour que j’la détruise ?

Jules y veut plus la r’garder. Dégage dégage oust ! y serre les paupières tellement fort que ça la mal aux yeux, sanglot qui monte, sanglot qu’elle mange, épaules qu’elle griffonne de ses ongles, tout ça jusqu’à ce que, complèt’ vannée, le corps qui fourb’hurle, Jules fonde dans le sommeil, accompagnée d’sa raplapla’vie et d’ses cauchemars de l’habitude qui lui donnent des nuits encore plus éreintantes qu’ses maudites journées.

Son rêve de cette nuit, c’était une mer survoltée qui rougeait des vagues si sombres que le ciel entier dégoulinait la saignée grasse de l’aube où les marins ont été pendus aux nuages de nos rêves un peu trop fous un peu trop mieux que ça la tourbe qui s’enterre aussi bien qu’elle se réenterre et réenterre et sème sa terre de soldats à peine debout qu’ils sombrent au soir de clair lune criant à l’assassi’vie ¡ et ça commence et ça n’arrête plus cette tête qu’on bourre d’idéaux à défendre ces mains qu’on fourre-flingues ces jambes qui courent mais n’avancent JAMAIS dans la bourbe vermeil où se creusent les tombes elles sont poursuivies pourtant nos jambes par ce rire glaçant impitoyable qui hilare comme c’est facile de presser sur la gâchette ¡ juste un doigt qui clic et pan ¡ une première mort c’est toujours elle la plus difficile après tout roule la vie ma farce oui nous rions nous tous aucune limite à notre mitraillette lorsque nous nous retrouvons là et que nous tournons sur nous-mêmes en taratatatatant le monde entier même ceux que nous avons un jour cru aimer et que nous nous esclaffons à nous tordre les boyaux tellement ça fait du bien d’être suprême depuis ce jour où nous avons enseveli nos remords en même temps que notre humanité et que nous tuons, tuons, tuons, pour un monde où chacun serait aussi libre que je le suis, maître pandémonienne au coeur si haï que je ne vous écoeure même plus.

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Edouard PArle
Posté le 30/10/2023
Coucou Louison !
Clairement les derniers chapitres sont parmi mes préférés et celui-là un des meilleurs. J'ai adoré en apprendre davantage sur Spectrette, l'ambiguité du personnage qui pleure devant Jules découvrant ses combats passés. Une femme si libre qu'elle était libre de tuer, c'est une idée super intéressante et qui questionne beaucoup : jusqu'où peut on aller pour défendre des idées ou libertés ? L'idée du manuel d'histoire clairement orienté pour découvrir ces événements est intéressant car on se doute que tout ne s'est pas passé exactement ça, ça laisse place à d'autres révélations plus tard.
Très intéressant de Jules commencer à se questionner sur ce que Spectrette veut vraiment, à la remettre un peu en cause.
J'adore aussi l'opposition Eurythmie Pandenonium, chaos contre ordre extrême, c'est ultra intéressant. On comprend mieux l'origine du nom "Belle Guerre".
Bref, un chapitre passionnant qui donne envie de plonger toujours plus dans ton univers (=
Mes remarques :
"C’était juste des grandes puissances militaires et des alliances tout ça, avec des pays qui s’agrandissent et rapetissent, des hommes qui politiquent tout derrière des grands bureaux." j'aime bien ce passage !
"Sans personne pour s’dire que les malfaiteurs, en vrai, l’y s’situaient pas du bon côté d’la carabine." très sympa cette tournure (=
Un plaisir,
A bientôt !
Louison-
Posté le 06/11/2023
Re- !
Aah cool si tu apprécies davantage ces derniers chapitres ! Cela dit ça m'étonne pas, le début est extra lent et manque pas mal d'enjeux, là il y a un autre tournant quand même x) Je sais qu'il faudrait à terme que je retravaille ce début pour le dynamiser, là il est trop mollasson, surtout du côté de Nova ;) M'enfin bon, je verrai tout ça plus tard, mais j'ai conscience disons qu'il y a une restructure de fond à faire ^^

Ouiii pour Spectrette, chadore l'écrire hihi, elle me fait extra bader x) Pour le manuel d'histoire woui c'est cool si tu captes bien qu'il y a des éléments vrais et d'autres faux !
Sinon le Pandéééé, yees cool aussi si tu apprécies l'opposition du chaos contre l'ordre extrême, j'aime bien questionner différentes formes de gouvernement et je trouve intéressant de traiter de l'anarchisme :) Je sais qu'au début c'est pas mal diabolisé mais j'espère apporter des nuances au fil du roman et montrer qu'il y a des trucs bons et mauvais autant du côté de l'Eurythmie que dans celui du Pandémonium ^^

Merci pour tes remarques finales, je suis contente si ces tournures te parlent !

Merci encore, et à vite ! Je viens te lire de ce pas héhé <3
dodoreve
Posté le 25/12/2022
« grrrien à faire » ahah dorja

Tiens au fait je l’ai pas dit tout à l’heure mais : Jules qui idéelle toujours plus, ce truc de dingue ? Ça ouvre des possibilités hyper larges :o

C’est moi ou Jules grimpe dans la bibliothèque ???? C’est du joli ça bravo

« C’truc-là il pue le bleu la mer les mouettes qui crottent la mer et pis c’est tout ! » lol

« C’est un manuel d’Histo’ en plus ! La discipline hypra j’te-noie-dans-l’sommeil quoi ! » g mal

« Et j’y lisouille, marmonnant dans ma bouche les mots pask’ c’est plus facile comme ça » ah je l’y vois tant !

« Les grattes-passé l’y expliquent que ces endroits qui naissent à l’intérieur d’nous, c’sont des « mivages » » Du coup c’est une info qu’on a pour la première fois alors qu’on ne découvre pas le mot pour autant ? Je ne sais plus à quel point on comprenait ce que c’était quand on le croise plus tôt, mais je me souviens que c’est le cas. Petite suggestion : perso je trouverais pas ça de trop que tu rappelles cette connexion dans le texte pour que nous on puisse recoller les wagons ensemble ? Je dis des bêtises mais juste un commentaire de Jules en mode « ah oui machin en parlait des mivages ok je comprends mieux » pour porter notre sentiment à nous de « ok je comprends mieux » ? C’est pas si compliqué à comprendre en vrai mais c’est plutôt pour *intégrer* vraiment le terme (je sais pas si tu vois ce que je veux dire). En gros : j’ai eu le vague souvenir de ce terme, et jme dis que là ça serait pas de trop que tu entoures cette apparition un peu plus, mais c’est moi ça je chipote, c’est pas un must have évidemment

(j’ai l’impression que c’était super nazement formulé comme suggestion, toutes mes excuses j’espère que ça te sera utile et pas désagréable)

(en plus en vrai je me souviens peut-être pas assez de ce qui précède donc y a de grandes chances que mon commentaire soit pas du tout valide, t’en fais ce que tu veux)

« C’était deux gouvernements différents : la République face à l’Anarchie. » Je trouve ça politiquement hyper fort si c’est écrit tel quel dans le livre :o Parce que bon, l’Anarchie c’est pas censé être irrationnel ? D’ailleurs parler de gouvernement ça pose carrément question ? En fait ça m’interroge oui, est-ce qu’on parle vraiment d’organisation politique anarchiste, ou est-ce que c’est juste le livre qui dit Anarchie mais qui aurait juste pu écrire « gros bordel » ?
Et la République comme système idéal d’ordre et de vertu ça interroge aussi je trouve huhu Surtout que bon on a vu que c’était pas turbo fun l’Eurythmie non plus
Bref je trouve ça assez stimulant, même si j’ai envie de décortiquer qui dit quoi et comment exactement et surtout *pourquoi*.

« Sûr’ment que c’était elle en fait, qui menait la barque : la guerre idéologique. » oué stylé

« Déterminés, les Eurythméens prirent les armes pour défendre la dignité des âmes, l’harmonie-vivre. En face, les Pandémoniens glorifiaient la violence créatrice, la liberté assassine, tout en scandant : ô comme tu es belle, éternelle insoumission ! » Le Pandé a l’air bien plus fun hein

« Coincer ces gens en prison n’y aurait rien changé, leurs Idées auraient continué à circuler. Ce n’était donc pas tant les criminels à éliminer que les pensées-criminelles en elles-mêmes.  » C’est cool en vrai que ce soit une « contrainte » dans ton monde et que ça justifie rationnellement un génocide ! C’est horrible on est d’accord, mais je trouve ça bien que ça soit justifié par un argument aussi solide et froid plutôt que juste « on les aimait pas du coup on les a exterminés ». Et je trouve que ça fait carrément réfléchir sur le pouvoir des idées et la manière dont elles peuvent combattre ou survivre !

Yay les réactions de Jules après <3

« Et le manu’, il crache grave dessus. » À partir de là je trouve qu’on arrive à faire davantage la part des choses sur les infos qu’on ressort du livre et le regard biaisé que ce livre porte sur lesdites infos ! J’aime beaucoup, forcé

Ah c’est vraiment cool les infos sur le mouvement Naïa et sur Spectrette, et je comprends carrément Jules après ! C’est assez complexe en fait, parce qu’on comprend que ok l’Eurythmie c’est pas si idéal que ça et que bon la Solution idéale euh non, mais la possibilité que Spectrette puisse être « si libre dans sa tête qu’elle tuait des gens » c’est carrément dérangeant. On se demande quelle est la part d’interprétation du livre et qu’est-ce qu’on ferait de la vérité vraie. Je trouve ça cool comme sentiment : ne pas avoir une réaction ou une réponse toute faite à apporter à ce qu’on lit.

Ah la fin est dingue ! Hyper amère et tout, c’était turbo stylé et ça fait plaisir de retrouver ce rythme :D

Je relis pas mon commentaire yolo redis-moi si y a des trucs pas clairs bisous ouèche
Louison-
Posté le 05/01/2023
Ouiii Ju’ qui idéelle toujours plus c’est le sang <3 (et même qu’elle grimpe dans la bibliothèque totally ;)))) (spies)

« Les grattes-passé l’y expliquent que ces endroits qui naissent à l’intérieur d’nous, c’sont des « mivages » » Du coup c’est une info qu’on a pour la première fois alors qu’on ne découvre pas le mot pour autant ? Je ne sais plus à quel point on comprenait ce que c’était quand on le croise plus tôt, mais je me souviens que c’est le cas. Petite suggestion : perso je trouverais pas ça de trop que tu rappelles cette connexion dans le texte pour que nous on puisse recoller les wagons ensemble ? Je dis des bêtises mais juste un commentaire de Jules en mode « ah oui machin en parlait des mivages ok je comprends mieux » pour porter notre sentiment à nous de « ok je comprends mieux » ? >> oui effectivement vous avez déjà vu le terme mivage mais c’était chez Novaaaa du coup je peux pas tellement écrire que le terme évoque qqch à Ju’ comme de son côté c’est la première fois qu’elle le voit. Je vois totalement ce que tu veux dire cela dit, recoller les wagons pour mieux intégrer le terme, mais je sais pas si je peux les recoller ces wagons avec mes deux pdvs différents :/ Si t’as une autre de tes idées de génie je suis preneuse !

Pour la république face à l’anarchie : ouééé c’est vraiment deux organisations politiques différentes qui s’opposent, et pas juste anarchie = chaos. J’ai carrément pas la place de développer ça dans le tome 1 mais clair qu’on va en discuter dans le tome 3 et je pense que le 4 ce sera full anarchie. J’ai bien envie de montrer dans quelle mesure c’est cohérent ce système et qu’on peut y tirer du bon ^^ Il est trop connoté négatif ce terme hélas, et clair que dans le tome 1 ça reste anarchie = n’importe nawak sérieux c’est qui ces Pandémoniens, mais on corrigera le tir plus tard ouèche. Du moins j’ai bien envie ^^ (surtout que bon la soi-disant république en Eurythmie LOOOOOOL)

Ouh nice si ça te paraît bien « légitimé » le génocide, c’est un peu un truc dans mon histoire je suis gneh why j’ai fait ça, et en même temps bon, c’est là maintenant j’aurais bien de la peine à supprimer ça, et bref, si AU MOINS ça fait sens et c’est pas juste le simple : « ouèche tuons des gens », peu représentatif de la réalité, c’est déjà ça :)

Ooh cool si on arrive à faire la part des choses ! D’ailleurs hésite pas à me dire dans la suite si t’oublies des choses et te souviens plus qui est Naïa les Pandémoniens et d’autres trucs. Vraiment ça m’est plus qu’utile <3 Momo a pas eu de souci et Célian je crois pas non plus, sauf pour Anima un temps il savait plus trop ce que c’était, mais Romane avait oublié plusieurs trucs et elle me suggérait que je mette plus de rappels et je suis assez d’accord avec elle. Faut juste que je gère bien le dosage de ces rappels et que j’infantilise pas le lecteur, dooonc avoir des retours sur ça m’aide pas mal. Comme ça je sais mieux où je dois les insérer mes ptites piqures de rappel hihi, j’ai conscience que c’est un peu compliqué mon worldbuilding, surtout qu’à un chapitre on dit ça et parfois le chapitre d’après tel personnage dira : euh no ça c’est un mensonge. DONC J’AI LE RISQUE DE PERDRE TOUT LE MONDE C’EST TERRIBLE ET C’EST SI LONG MON HISTOIRE WHY WHY WHY WHY.

« Ah c’est vraiment cool les infos sur le mouvement Naïa et sur Spectrette, et je comprends carrément Jules après ! C’est assez complexe en fait, parce qu’on comprend que ok l’Eurythmie c’est pas si idéal que ça et que bon la Solution idéale euh non, mais la possibilité que Spectrette puisse être « si libre dans sa tête qu’elle tuait des gens » c’est carrément dérangeant. On se demande quelle est la part d’interprétation du livre et qu’est-ce qu’on ferait de la vérité vraie. Je trouve ça cool comme sentiment : ne pas avoir une réaction ou une réponse toute faite à apporter à ce qu’on lit. » >> Aaaaah je suis trop heureuse de lire ça si tu savais <3 <3 Merciiii. J’avais trop envie de faire en sorte que finalement aucun des « camps » est « mieux » que l’autre, et que tous les personnages ont un peu leurs intérêts avec leurs méthodes et que chaque décision peut être assez discutable. Franch’ l’Eurythmie c’est naze, et la révolution c’est cool mais Naïa ils sont pas funs, et l’Onde l’autre mvt révolutionnaire c’est bofibof aussi leurs méthodes, si bien que parfois ça m’arrive de pencher pour l’Eurythmie ahahha. SI J’ETAIS LES PERSOS JE SAIS PAS DANS QUEL CAMP J’IRAI VOILA.

Sinon merciiii pour ta lecture, tes autres ptits commentaires, t’es plus qu’adorable et je meurs d’amour et je te fais les milliers poutoux du monde. BIOUBIOUBIOUMERCI.
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