13 Le temple solaire

Les doigts tapotant nerveusement son biceps, les sourcils froncés, Rose observait avec circonspection la grande bâche noire qui recouvrait l’objet carré. Edmond lui y déplaçait un regard curieux ; Pierre, indifférent, ne s’attendait à rien de particulier. Par contre, pour Laurent, c’était comme si sa vie dépendait de ce qu’il y avait sous cette bâche. Les dents serrées et le teint moite, il faisait les cents pas, agitant ses bras dans tous les sens.

   — Tu comptes parler ou… ? demanda Rose, impatiente.

   La rupture soudaine du silence fit sursauter Laurent, qui regarda Rose avec les yeux plissés. Il avait l’attitude de quelqu’un qui s’apprêtait à faire une mauvaise blague et qui n’assumait pas totalement.

   — Oui bon… voilà… Rose. Depuis que les gars de Crépuscule t’ont échappé, tu m’as demandé de vous trouver un véhicule et…

   Il déglutit, et se rapprocha de la bâche, le frôlant du bout des doigts.

   —… je n’avais pas beaucoup de budget enfin, tu connais nos finances.

   Rose hocha la tête d’approbation.

   — Et tu voulais le véhicule pour notre prochaine mission, alors, j’ai aussi dû faire dans la précipitation.

   Rose souffla, posa ses doigts sur son front en baissant la tête.

   — S’il te plait abrège.

   Laurent prit une grande inspiration, retrouvant une once de courage.

   — Franchement, pour moi, c’est un super choix.

   Il tira sur la bâche, révélant d’un coup ce qu’il y avait en dessous.  Edmond et Pierre sourirent, Rose resta de marbre.

   — Une supercinq ? Vraiment ?

   Laurent se gonfla pour défendre son choix.

   — Mais elle a tout ce qu’il faut ! Quatre portes, bon état –bon mise à part l’aile avant droite-, peu de kilomètres. On en trouve encore des pelles donc elle se fond dans la ville. Petite, légère, maniable… Et tout ça alors que j’avais peu de budget et de temps !

   Rose soupira, mais avec moins de lassitude qu’auparavant. Elle s’approcha de la voiture lentement, en fit le tour en apposant sa main sur différentes parties de la carrosserie. La peinture rouge était en bon état, pas écaillée ; l’aile avant droite, remplacée par une blanche, détonnait un peu avec le reste. Les dessous étaient propres, sans aucune tâche d’aucun liquide, ni rouille apparente.

   — Le moteur il dit quoi ? demanda Rose désormais légèrement intéressée.

   — Oh ça, ça va te plaire ! C’est un 1,4L ! Robuste, et en plus j’ai trouvé ça dans nos affaires, et ça devrait s’adapter dessus !

   Laurent lui donna un carton qu’il posa sur le capot. A l’intérieur il y avait un gros carburateur flambant neuf, un filtre à air compétition et d’autres éléments permettant d’augmenter la puissance du moteur. La guerrière esquissa un premier sourire. Les arguments de Laurent étaient assez percutants. La voiture était discrète et maniable. Ça ne valait pas sa Gord’, mais avec un peu de tonus, elle pourrait se révéler être un bon choix.

   — Tu as les clés ?

   Laurent lui lança, et Rose les rattrapa au vol ; observant le trousseau dans ses mains, elle y découvrit un porte clé en forme de tête de caniche. Elle le montra à son informaticien.

   — Sérieusement ?

   Laurent haussa les épaules.

   — La voiture appartenait à une grand-mère qui ne pouvait plus conduire. D’où l’état. 

   Rose leva les yeux au ciel avant de se diriger vers la portière. Le moteur démarra facilement, tournant dans un beau bruit régulier.

   — Ouvrez la porte, demanda-t-elle à Laurent et Edmond qui s’exécutèrent.

   La porte arrière du hangar s’ouvrait sur une petite cour de gravier, à l’abri de tous les regards puisqu’entourée de bâtiments désaffectés, eux aussi anciens locaux de tri pour les produits de la pêche. Quand les organes du véhicule furent assez chauds, elle partit tester ses performances, effectuant des manœuvres dans des trous de souris, des accélérations et des freinages d’urgence, des marches arrière en slalom pour finir par revenir dans un dérapage contrôlé, sous l’œil médusé d’Edmond, apeuré de Laurent et indifférent de Pierre. En ressortant de la voiture, elle relança les clés à Laurent qui les attrapa à son tour en plein vol.

   — Elle fera l’affaire, lui assura Rose avec cette fois-ci un sourire sincère.

   Laurent ne put s’empêcher de faire un geste de victoire avec ses bras.

    — Je vais installer les améliorations, peut-être l’alléger un peu, lui faire une bonne révision, et elle sera prête pour notre petite sortie de jeudi. Laurent, Pierre, on se voit demain. Edmond, mardi entraînement intensif. Tu te sens d’attaque ?

   Edmond hocha la tête.

   — Bien, alors messieurs, au travail.

 

   Le soir du jeudi, dans une rue proche de la Mairie et de l’Abbaye aux hommes, Edmond attendait patiemment, installé confortablement sur le siège conducteur de leur véhicule d’intervention « flambant neuf ». Il avait revêtu son costume, son arme posée négligemment sur la banquette arrière. La mission de ce soir était la chose la plus périlleuse à laquelle il avait participé de toute sa vie. Alors, venaient naturellement à lui des questions essentielles, comme :

   — Il y a quoi dans le poste ? 

   Rose fut la première à répondre dans l’oreillette. Elle avait escaladé un des petits immeubles se trouvant à côté de l’église Saint-Etienne, et surveillait depuis le toit la zone avec une paire de jumelles.

   — Il y a une cassette coincée dedans dit-elle, mais à ta place j’éviterai de la lancer.

   C’était trop tard. Edmond venait d’appuyer sur power. Le poste, le volume coincé au maximum, hurla :

« OUH HI OUH AH HA, TANG TANG WALLA BA LA BANG BANG ! »

   Il se précipita alors pour l’éteindre, mais n’y arrivait pas.

   — Edmond la discrétion ! pesta Rose.

   — J’essaie, j’essaie ! Ah ! Trouvé ! C’est quoi ce truc ?

   — C’est Witch Doctor, répondit Pierre de sa voix rauque.

   Il se situait sur un autre toit, à l’opposé de Rose, avec une vue imprenable sur l’entrée de l’édifice, concentré sur la lunette de son fusil hypodermique et y observant les alentours au travers du réticule.

   — C’est un groupe Danois kitch, ajouta-t-il dans la vapeur que procurait sa respiration dans la fraicheur de la nuit.

   — Il faut croire que la mamie avait des goûts particuliers, ironisa Rose, regardant à l’horizon sans y déceler l’arrivée quelconque de membre de la secte, puis vérifiant l’emplacement de ses coéquipiers un à un. La lune émettait une lueur blanche si forte qu’on pouvait distinguer clairement les alentours sans aide de lumières artificielles. Laurent était lui assis sur un banc derrière l’église, regardant sa tablette, enveloppé d’un grand manteau noir, laissant l’impression qu’il attendait un transport en commun. Rose lui demanda des nouvelles de sa position.

   — Il y a rien à part une grand-mère qui promène son chien, répondit Laurent.

   C’était bien trop calme. L’église en ruine semblait être déserte. De sa position, Rose pouvait voir tout son ensemble, de son seul cloché encore debout à ses arches cassées. Les hautes barrières de fer érigées autour empêchaient (en temps normal) d’inopportunes visites.

   — Quelque chose cloche, pensa Rose tout haut. Cela ne me plait pas. Je vais aller vérifier à l’intérieur s’ils n’y sont pas déjà. Peut-être que j’y trouverais un indice.

   — Nous on fait quoi en attendant ? demanda Edmond.

   — Vous restez à vos places et vous me tenez informée, répondit-elle. Nous nous en tenons au plan. Il faut que nous les capturions.

   La guerrière rangea ses jumelles, remit son masque, et descendit l’immeuble par la gouttière, avec la souplesse qui la caractérisait. La pansélène avait beau éclairer la place avec une grande clarté, aux yeux des passants, la ratel restait invisible et inaudible. Elle se dirigea vers les barrières qu’elle escalada en quelques mouvements, bondit de l’autre côté, se rapprocha des murs détériorés avant de se déplacer d’ombre en ombre pour finir par s’accroupir à l’entrée de la nef, du moins, ce qu’il en restait.

   — J’y suis, dit-elle aux autres à travers l’oreillette.

   Lançant un premier regard circulaire dans l’obscurité poisseuse qui semblait s’échapper des rayons lunaires, Rose se résolut à attraper sa lampe de poche pour inspecter les lieux. Le déplacement se faisait en zigzag entre les arches cassées et les pans de mur encore  (globalement) debout. Cette église avait toujours était un mystère, car dissemblable de ses contemporaines. Elle datait du 11ème siècle ; les fouilles, les analyses sur ses pierres le confirmaient ; construite dans l’art roman. Tout concordait. Et pourtant, pour Rose et certains experts, dans ces ruines, quelque chose n’allait pas. Comme un pavé décalé de quelques millimètres sur un sol autrement parfait. Contournant les arches en chaloupant, Rose observa des traces de pas sur le sol poussiéreux qu’elle inspecta avec beaucoup d’attention. Fraîches et grossières, elles menaient vers un des larges bancs de pierres blanches qui longeaient le mur le mieux conservé de la bâtisse. A côté de ce banc, gisait un amoncellement de canettes de bière bon marché, écrasées et pas totalement vides.

   Encore des idiots de jeunes.

   Rose fit tout de même le tour du banc, pour s’en assurer. Il y avait plusieurs dizaines de pas qui se recoupaient, autour du premier et du deuxième banc. Elle retrouva même une trace d’urine.

   Quelle bande de petits cons.

   Observant plus précisément les pas autour du deuxième banc, ses yeux se plissèrent. Entre celui-ci et le dernier, les marques de pas étaient toutes identiques, sauf une.

   Bizarre.

   Elle s’agenouilla, inspectant la trace. Un puissant souffle sur le sol poussiéreux permit de dégager d’autre empreintes bien distinctes des précédentes ; infimes, quelqu’un avait prit soin de les effacer.

   Bingo.

   Rose suivit les traces soigneusement gommées, s’approchant du troisième banc. Là encore, quelque chose clochait. Les empreintes ne tournaient pas autour du banc, et les pieds n’étaient en aucun cas bien placés ; pas la moindre marque devant, comme si les personnes ne s’étaient jamais assises.

   — Alors tu vois quelque chose ? demanda Pierre qui s’impatientait du silence.

   — Peut-être, j’ai trouvé des traces effacées.

   Rose se mit à quatre pattes, inspectant le tour du banc de pierre. Constitué d’un gros bloc de pierre blanche, surmonté d’une plaque en roche plus noble, ces bancs étaient assez volumineux. La guerrière trouva autre chose : des traces de doigts, grossièrement effacées, dans un des coins du socle. Et ce décalage… La plaque aussi semblait être déplacée de quelques millimètres ; une singularité visible seulement pour un œil aiguisé.

   Rose plaça sa lampe dans sa bouche, et tira de toutes ses forces sur la pierre. A sa grande surprise, et non sans difficulté, la lourde plaque bougea quelque peu.

   Oh putain !

   L’excitation s’empara de tous ses membres : une fente de quelques centimètres s’était créée. Elle y plaça ses doigts, et tira de nouveau de toutes ses forces. Aux grés de mains efforts, le plaque se désolidarisa du bloc et Rose découvrit un trou assez large pour laisser passer deux personnes : un passage secret. Son cœur martelait dans sa poitrine : l’ouverture contenait un escalier s’enfonçant profondément dans l’obscurité. Des traces de pas grossières étaient cette fois-ci bien visibles sur les marches.

   Bordel ils sont déjà passés…

   Un vilain frisson parcouru l’échine de Rose. Une bise balaya la poussière derrière elle.

   — Je viens de découvrir un passage secret. Comment cela se fait que je ne sois pas au courant de cela ? Que personne n’avait jamais remarqué ?

   — Nous ne pouvons pas tout savoir, philosopha Pierre. Qui y aurait pensé ?

   J’y aurais pensé.

   Elle soupira de frustration, son souffle se vaporisant dans les reflets de la lune.

   — Bon, Je descends.

   Rose sauta dans le trou, et suivit les escaliers qui menaient à une galerie à demi éboulée, composées de plusieurs couloirs, se coupant en des angles perpendiculaires. L’endroit était un brin humide, poussiéreux, et semblait très ancien. Sur les murs, il y avait différents signes et sigles de corporations anciennes, ainsi que des écriteaux en latin.

   — Alors, qu’est ce que tu vois ? demanda Laurent, jouant toujours avec sa tablette. Ici toujours R.A.S.

   Le faisceau de la lampe torche se baladait aux quatre coins du passage, surlignant chaque encadrure, chaque chemin dérobé.

   — Ça ressemble au sous-sol d’un temple, répondit sobrement Rose.

   La lumière balaya le mur de droite, sur lequel apparurent quelques symboles. La jeune femme souffla dessus et y passa la paume de sa main. Les pictogrammes, profondément sculptés dans la craie, lui étaient partiellement connus.

   — C’est… on dirait les armoiries des templiers.

   Rose parcouru de son doigt les rainures et les suivit. Son pousse frôla une sorte d’accroche en dessous ; frottant de nouveau, elle découvrit cette fois-ci des lettres. Prenant un peu de distance, elle contempla le sceau et sa devise écrite en latin.

   Le soleil nous protègera

   — Tu as trouvé quelque chose d’intéressant ? demanda Pierre.

   — Je… j’ai l’impression que c’est une commanderie des templiers… Une des armoiries y ressemble mais… je n’explique pas le soleil. Ni la devise d’ailleurs. Ah, là il y a bel et bien le symbole des templiers.

   L’adrénaline pulsait dans ses veines. Avançant encore un peu, elle souleva un nuage de poussière ocre, qui la fit tousser.

   — En tout cas, mis a part moi et nos derniers visiteurs, l’endroit n’a pas dû être visité depuis bien longtemps. Toujours rien dehors ?

   — Rien, répondit en chœur le reste de l’équipe.

   — Alors je continue.

   La suite du couloir en pierre blanche révéla son nouveau lot de surprises. Se reflétant sous la lumière artificielle de la torche, une plaque de marbre accrochée au mur scintilla, attirant le regard. Rose procéda comme elle l’avait fait précédemment ; apposant sa main dessus, elle enleva le surplus de poussière, faisant apparaître un texte en lettre d’or. Au dessus de ce texte, le symbole des templiers trônait, à côté de l’autre en forme de soleil rouge que la guerrière ne connaissait pas.

   — J’ai trouvé une date… 1565. Bizarre.

   — Bizarre ? Pourquoi ? demanda Edmond.

   — Les templiers ont disparu sous le règne de Philippe le bel, au début du quatorzième siècle.

   — Une branche secrète ? suggéra Laurent. Il y en a eut, on le sait.

   — Oui mais ce n’est pas officiel. Alors, écrire cela sur un mur sous une église… c’est un peu culotté non ?

   — Il y a quelque chose d’autre avec ? demanda Edmond dont la voix ne cachait pas la curiosité enfantine.

   — Oui, c’est ce que je suis en train de déchiffrer.

   Rose plissa les yeux en glissant ses doigts sous les écriteaux. Le temps avait fait son œuvre et certains mots étaient partiellement effacés.

   — Il est écrit « Plaque à la mémoire de l’évènement : ici, sous cet édifice, a été occis le démon et fils du diable, la bête, sous la lame d’un des nôtres, chevalier du temple solaire, chevalier des fils des templiers. » J’ai traduis grossièrement, mais l’idée est là.

   — Un… démon ?

   — C’est une image, répondit Rose. Il devait s’agir d’un chef de guerre, où peut-être même de quelqu’un comme nous. Pas un vrai démon.

   Enfin j’espère.

   Le cheminement du couloir principal se trouva stoppé par un effondrement conséquent, dans un amoncellement grossier de poutres en chêne et de pierres, certaines larges comme des poubelles. Les traces de pas des précédents visiteurs se terminaient elles aussi ici, rebroussant ensuite chemin. La torche se balada un moment sur le tas de débris, sans y déceler la moindre chose intéressante.

   — Bon, je ne peux pas aller plus loin, tout est éboulé. Et pas la moindre présence de nos affreux. Et vous quelque chose ?

   — R.A.S pour moi, répondit Edmond.

   — Pareil sur le toit, répondit Pierre.

   Il y eut un silence. Laurent ne répondant pas tout de suite.

   — Laurent ?

   — Je… je ne suis pas sûr de moi, mais je crois qu’il y a un camion poubelle au loin.

   Il y eut un nouveau silence.

   — … et ?

   — Les poubelles passent le mercredi et le samedi normalement dans ce quartier.

   — C’est peut être rien dit-elle. Il fait quoi là ?

   — Pour l’instant il est à l’arrêt. Je ne vois pas les personnes à l’intérieur. Ah, il repart. Il va vite ce con là… Il accélère encore. Il vient vers l’église ! IL FONCE VERS L’EGLISE ! ROSE PROTEGE TOI !

   A peine eut-elle le temps d’entendre le grondement du camion que par réflexe, Rose sauta à plat ventre. Un énorme fracas métallique et de pierres qui s’entrechoquent retentit au dessus, et fit vibrer si fort la galerie qu’une nouvelle partie du plafond s’effondra sur elle. Il y eut un instant en suspens où chaque autre membre resta crispé à son poste, avant que la voix inquiète de Laurent demande :

   — Rose, ça va ?

   Recouverte de poussière et de quelques petites pierres, la guerrière n’avait rien.

   — Je vais bien ! répondit-elle. Une partie de la galerie s’est effondrée mais je suis intacte ! Qu’est ce qui s’est passé en haut ?

   — Ils ont enfoncé la grille et ont pénétré l’enceinte de l’église ! répondit Laurent.

   — Qu’est ce qu’ils font ? demanda Rose, préoccupée. Pierre tu les vois ?

   — Absolument pas ! répondit-il. Ils ont créé un nuage de poussière avec tout ce fracas !

   — Continue d’observer, ordonna-t-elle, et si tu en as un dans ta mire, tire ! Il faut qu’on les attrape !

   L’oreille aux aguets, Rose resta un moment immobile dans les débris. Le camion semblait s’être arrêté juste au dessus de la galerie effondrée. A tâtons, elle s’en rapprocha le plus possible, enquêtant sur le moindre son suspect. Il y eut les vibrations caractéristiques d’une grosse perceuse, avant que le camion ne s’éloigne, imité de bruits de pas rapides qui le suivait. Quelques secondes suffirent à la jeune femme pour deviner ce qui se tramait :

   — OH NOM DE DIEU !

   Rose sauta par terre, protégeant sa tête.

   BOUM !

   L’onde de choc de l’explosion fit écrouler une autre grosse partie de la galerie, projetant des gerbes de craies et de bois pourris. A l’extérieur, ses trois compères observèrent chacun de leur côté le spectacle avec stupeur.

   — Rose, Rose ? Tu m’entends ? demanda Pierre. Tu vas bien ?

   La réponse fut assez tardive. Rose ne reprit conscience de ce qui venait de se passer qu’au bout de quelques secondes. Sortant d’un tas de débris, elle ne put que constater le champ de ruine qu’était devenue la galerie. Toussant tout en se dépoussiérant les bras, elle répondit :

   — Ça va, ça va, ne vous inquiétez pas, je suis entière. Qu’est ce qu’il s’est passé ?

   — Ils ont fait exploser une partie de l’église, là où tu te trouvais, répondit Pierre. On dirait bien qu’ils avaient pour but de t’enterrer ici !

   Rose toussa de nouveau.

   — Ils n’ont pas réussi. Mais je ne pense pas que c’était leur but. Vous n’avez rien vu de la scène ?

   — Absolument rien avec cette purée de pois ! répondit Pierre.

   — Le camion est reparti aussi vite qu’il était arrivé, indiqua Laurent.

   La guerrière bouillonna contre elle-même. Le plan avait totalement échoué, ils étaient partis. Qu’étaient-ils venus vraiment faire ici ? Le moindre indice dans ces décombres se révélerait d’une importance capitale.

   — Bon, on a cinq minutes avant que la police ne rapplique, dit-elle en explorant les décombres. Je vais essayer de chercher des indices, et on décampe dans quatre minutes maximum. Eddy, fait chauffer la voiture.

   Le paysage autour s’était totalement modifié des suites de l’explosion : des couloirs étaient désormais clos, tandis que des trous béants ouvraient de nouvelles pièces. La plaque de marbre était réduite en pièce à terre. En se retournant, le pied de Rose crocha sur un objet métallique qui faillit la faire trébucher. L’acier terne brillait mollement sous les feux de la lampe, révélant des contours familiers : il s’agissait d’une jambière d’armure. Tirant de toutes ses forces dessus, Rose ne parvenait ne serait-ce qu’à la décoincer : l’artefact semblait résolu à ne pas bouger. Déblayant tout autour, elle découvrit une autre jambe, le torse, les bras et la tête d’une armure complète. En séparer les différentes parties se révéla impossible : l’armure semblait être scellée d’un bloc. Sur son poitrail, bien que fortement abîmé et défraichit par le temps, on devinait le même soleil que sur les armoiries sculptées sur les murs.

   — Les gars, ramenez vous. Je crois que j’ai trouvé un indice. Mais il est lourd.

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Miss Harmonie
Posté le 15/02/2021
Bonjour, bonsoir.
Je passe ici pour te dire que j'aime toujours autant Rose.
L'histoire je l'aime aussi je te rassure.

Ah oui au passage, ce n'est qu'une idée, hein.
Mais ça serait bien que Rose est un nom de " super-héros "
Batman est Bruce Wayne, Superman est Clark Kent, Kara Danvers est Supergirl.

Tu vois où je veux en venir ?


Je te conseille d'aller lire Une femme comme les autres (tome 1 - Saga de lumière qui est enfin disponible sur mon mur. Il y a un clin d'œil que tu va sûrement reconnaître dans le chapitre 2, si tu veux que je l'enlève pas de problème.

À la prochaine !
Laurence Acerbe
Posté le 21/02/2021
Rose à un nom de "super humain", il n'est juste pas beaucoup cité dans ce livre ;). C'est la Ratel (et je te laisse chercher quel animal sympathique c'est ;). )
Je vais lire très prochainement :D (un peu occupée en ce moment x) )
A la prochaine !
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