13) Les autres

 

— C'est ainsi que le système éducatif proposé par Lepeletier de Saint-Fargeau fut abandonné, en faveur de celui de Nicolas de Condorcet, que vous connaissez certainement très bien ! expliqua notre professeur, monsieur Nazaryan. Et comme je vous l'ai dit au début de cette introduction, notre lycée, Châteauvert, s'inspire quant à lui, de la pédagogie d'Élise et Célestin Freinet. (Il fit claquer le capuchon de son feutre et tapota les noms qu'il venait d'écrire avant de se retourner vers nous) Nous parlons ici d'un système qui ne met pas les élèves en compétition et encourage la coopération et la personnalisation du rythme de travail.

Son regard se posa alors sur la main levée de Phybie Paillet, dont le bureau était placé à droite du mien.

— Mademoiselle Paillet ? fit le professeur.

— Monsieur, c'est un peu compliqué ! On est sensé faire quoi en vrai ? Je veux dire, en pratique, ça va donner quoi ? demanda-t-elle.

Un bref rire diffus parcouru la salle de classe. Non pas un rire moqueur pour la question posée, mais un rire de connivence pour une question que chacun aurait voulu poser, sans oser le faire.

— Excellente question, déclara monsieur Nazaryan en désignant une étagère au fond de la salle. Une des tâches de vos professeurs, consistera à établir un emploi du temps, une liste d'objectifs pédagogiques à atteindre au cours de l'année, puis du trimestre, puis du mois. Vous trouverez toute la documentation nécessaire à apprendre par vous-même, ainsi que des exercices et contrôles que vous pourrez remplir spontanément, afin que vos acquis soient validés ou non par vos enseignants, qui vous aideront à vous améliorer. Moi-même, je serais votre professeur d'histoire.

— Ça veut dire que vous nous ferez même pas cours ? s'étonna Phybie, approuvée une nouvelle fois par un rire collectif.

— J'aurais pour priorité d'accompagner chaque élève individuellement. Mais si je l'estime nécessaire, ou si vous le demandez, je vous dispenserai des cours magistraux, répondit monsieur Nazaryan. Y a-t-il d'autres questions ? demanda-t-il en faisant courir son regard sur la classe. Mademoiselle Melnikova ? fit-il en fixant la personne assise devant moi.

La fille en question, qui portait l'uniforme du lycée, avec jupe longue, leggings et nœud papillon, retira ses épaisses lunettes rondes. Ses cheveux m'impressionnaient, si longs, naturellement raides et parfaitement noirs. Elle avait certainement le problème inverse au mien, c'est-à-dire qu'elle devait avoir du mal à leur donner du volume, là où les miens étaient impossible à lisser. Je ne vis cependant pas son visage de là où j'étais. Mais j'entendis son français impeccable, malgré son léger accent des pays de l'est.

— Monsieur, selon les documents que nous avons reçus en même temps que nos uniformes, il est possible pour un élève de prendre l'initiative de créer une activité extrascolaire. Puis-je me proposer d'initier à la musicologie ceux qui le désirent ? J'en ai les compétences, cela ne ralentira en rien mon apprentissage scolaire, et il ne me faut rien d'autre qu'une salle libre et un piano.

Je tiltais un bref instant en haussant les sourcils. Je me souvenais très clairement de la vision imposée par le cauchemar de la Reine Noire, qui impliquait une pianiste. Cette Melnikova, quel que soit son prénom, était-elle affligée d'une ombre en forme de chaînes ? Tout comme Phybie était affligée de celle en forme de cœur sanguinolent ?

— Très bien, fit notre professeur avant de s'éclaircir la gorge. Laissons parler la démocratie dans ce cas. Ceux qui sont pour, levez la main !

Je levais la main sans hésiter, rapidement imitée par la grande majorité de notre classe. La fille qui avait fait la proposition n'osa pas lever la main cependant, preuve d'une certaine humilité. Pourtant, j'estimais qu'elle était bien en droit de le faire. Après tout, quel candidat ne votait pas pour lui-même ? Il s'agissait là d'un acte de cohérence.

— Très bien, répéta monsieur Nazaryan. Alors voyons voir, nous avons treize mains levées sur vingt élèves, la proposition est donc acceptée. (Il marqua une pause) Et même quatorze si l'on estime que mademoiselle Melnikova approuve sa propre idée.

Un rire parcourut la salle. Rire auquel je participais évidemment avec plaisir.

— Je vous donnerais un formulaire à remplir, puis en fonction des salles et matériel disponible, moi et mes collègues vous proposerons des horaires au plus vite, cela vous convient-il ? demanda notre professeur.

— Oui, tout à fait, répondit simplement Melnikova.

Monsieur Nazaryan se tourna alors en direction de l'horloge accrochée au mur, juste au-dessus du tableau, et déclara :

— Bien, je vous retiens depuis déjà une heure et demi. Ce jour étant votre premier dans ce lycée réformé, je vais vous laisser quartiers libres. Ce sera l'occasion pour vous d'échanger librement avec vos camarades et professeurs, puis d'éventuellement proposer et arranger vos activités extrascolaires. Évidemment, vous êtes libres de simplement rentrer chez vous, ou de me retrouver autour de la machine à café ! conclut-il, déclenchant un rire collectif.

Lorsqu'il posa sa sacoche en cuir sur son large bureau, afin d'y ranger ses affaires, le reste de la classe ne se gêna pas pour faire de même. Pour ma part, j'échangeais un regard entendu avec Antoine et me dirigeais vers la fameuse étagère où étaient stockées toutes les leçons que nous aurions à apprendre au fil de l'année. Nous jetions un œil dans celles qui avaient été prévues pour le mois en cours.

— Rien de compliqué, fit simplement Antoine. Deux ou trois trucs que je ne connais pas encore... Mais c'est simplement les maths. En histoire et en français, je vais beaucoup plus galérer.

— Tu as toujours été un scientifique plutôt qu'un littéraire, répondis-je en feuilletant le programme en histoire. Moi, par contre, ce sont les dates que je n'arrive pas à retenir.

— De quoi tu parles ? ricana mon ami. Porcupine Tree te permet d'inscrire n'importe quoi dans ta mémoire à long terme, sans aucune difficulté.

— Oui, cependant, commençais-je en rangeant les fiches que je consultais. En espérant que ça ne soit pas considéré comme de la triche, concluais-je en marchant vers la sortie.

— Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda Antoine en me suivant.

— Je vais aller voir Nazaryan, puis j'irais à l'hôtel Lindermark pour poser quelques questions à Améthyste.

— Oh, tu pourrais m'avoir un autographe ? (Je roulais des yeux pour toute réponse) Haha, je plaisante, mais tu n'oublies pas quelque-chose ? demanda-t-il en désignant un coin de la classe.

Je me tournais alors vers l'endroit qu'il pointait. Là, il y avait plusieurs autres élèves qui discutaient autour du bureau de Phybie Paillet, cette dernière semblant avoir du mal à leur expliquer les événements de tout à l'heure.

— Et merde... OK, je vais régler ça vite fait, soupirais-je.

Je m'approchais alors du petit groupe, ne manquant pas d'attirer les regards. Puis je m'arrêtais en face de Phybie et lui demandait devant tous les autres :

— Est-ce que ça va ? Tu as eu de la chance que le sol ne soit pas en vrai marbre.

— C'est surtout Dimitri qui a eu de la chance, héhé ! ricana une fille à côté de moi, me souriant largement.

Elle portait également l'uniforme du lycée, pantalon, veste, chemise, mais pas de cravate ni de nœud papillon, son style était décontracté. Sa peau basanée et sa carrure athlétique, en plus de ses cheveux coupés courts, lui donnaient une aura très singulière. Sportive, décontractée, une dent contre Dimitri, elle avait beaucoup de choses pour me plaire.

— On s'est juste légèrement disputés, je pense qu'il était malade, expliquais-je simplement. Le pauvre, il est venu m'emmerder alors qu'il n'allait pas bien.

Je reçu quelques rires, surtout de la part de la sportive de service.

— Il a pas été très sympa, mais il pensait pas à mal, intervint timidement Phybie, attirant de nouveau les regards vers elle. Mais t'aurais pas dû rentrer dans son jeu, ça se termine toujours mal, les disputes...

Quelques élèves autour d'elle acquiescèrent, mais la sportive n'en faisait pas parti. Je décidais donc de me la mettre dans la poche, me tournant vers elle.

— Comment tu t'appelles au fait ? demandais-je.

— Layla, répondit-elle avec enthousiasme.

— Plutôt cool, répondis-je. Ça veut dire "nuit", si je me souviens bien.

— Ouais, répondit-elle en haussant un sourcil. Et toi tu t'appelles Liliane, ça veut dire quoi ?

— Ça fait référence à la fleur de lys, renseignais-je. Mais mon surnom depuis le collège, c'est "Porc-épic". Et ça signifie clairement que si on me cherche, on me trouve, concluais-je en levant les yeux vers les autres élèves attroupés.

— Bien envoyé ! déclara Layla en me tapant sur l'épaule.

Je lui adressais un regard qui signifiait clairement que ce geste était de trop. Elle sembla comprendre, réagissant avec un petit rire nerveux avant de pincer ses lèvres.

— Bien, je n'ai rien d'autre à dire, soupirais-je. Je préférerai simplement qu'on s'ignore lui et moi. Et ça vaut aussi pour son pote Damien, qui est venu m'emmerder devant le portail.

Ni les autres élèves rassemblés autour de Phybie, ni cette dernière, ne semblaient avoir quelque-chose à redire. Alors je me contentai de m'éloigner en lançant simplement :

— Et si j'étais toi, je ne voudrai pas d'un petit ami capable de me bousculer aussi violemment, juste parce qu'il est énervé contre quelqu'un d'autre.

Je rejoignis alors Antoine dans le couloir, tenant mon cartable sur une épaule.

— Alors ? demanda-t-il tandis que nous marchions dans le couloir.

— J'ai bien établi les choses, et il ne semble pas y avoir de mal entendu particulier. En tous cas, plus maintenant.

— Ça t'a pas empêché de planter ta petite graine de discorde en partant, remarqua-t-il, m'ayant visiblement entendue.

— Je fais ce que je dois faire.

— Au fait, t'avais pas parlé d'une silhouette athlétique dans ton cauchemar ? demanda mon ami.

— Oui, je sais, et cette Layla possède une forte personnalité, mais je vais procéder par étape, si tu veux bien. Et cette Melnikova est clairement la silhouette au piano...

— Il ne nous en manque plus qu'un seul, fit remarquer Antoine tandis que nous descendions les escaliers. La seule silhouette masculine que tu aies vue, il me semble ?

— Oui, mais rien ne presse pour le moment, j'ai surtout besoin de réfléchir, et d'en parler avec Lindermark.

— Je croyais que tu allais voir Améthyste ?

— Dans l'espoir qu'elle m'aide à contacter Emily, précisais-je. Elle a l'air très sympathique, mais ça m'étonnerait qu'elle trempe dans des domaines scientifiques.

— Hoho, t'es rude ! pouffa Antoine.

Je m'arrêtais soudain en bas des escaliers et fis signe à mon ami de continuer son chemin. Il comprit pourquoi et s'exécuta, lorsque je tournais la tête vers Dimitri, adossé au mur sous la cage d'escalier. Je m'approchais alors de lui, voyant qu'il me dévisageait.

— Est-ce que ça va ? demandais-je.

— Arrête, t'en as rien à foutre... souffla-t-il, visiblement fatigué.

— Alors, on fait quoi ? demandais-je. Tu vas essayer de te venger ? Et je me vengerai en retour ? Et on passera une année scolaire formidable en se mettant sur la gueule ?

— Je me souviens très bien de ce qui s'est passé, le porc-épic ! déclara-t-il en se redressant lentement. Je sais pourquoi tu fais autant la folle : Lindermark t'a transformée en monstre, comme elle ! T'as des genres de pouvoirs maintenant. T'as obligé mon cerveau à m'angoisser pour Phybie, alors que c'était de ta faute, c'est toi qui m'as mis la haine, déclara-t-il en me pointant du doigt.

— Tu as retenu mon surnom de porc-épic, j'apprécie, répondis-je avec un sourire en coin. Mais tu devrais aussi te souvenir qu'il te suffit de ne pas approcher ce genre d'animal pour ne pas te faire piquer.

— Alors arrête de te la jouer ! Tu crois que t'as rien fait, mais tu regardes tout le monde de haut ! s'écria-t-il.

— Je n'agresse personne physiquement, moi ! rétorquais-je en m'approchant de lui. Je ne vais pas aborder les gens comme toi et ton pote le faites devant le portail ! Je ne m'en prends pas à Phybie alors que je suis en colère contre quelqu'un d'autre !

— C'est toi qui m'as frappé en premier, sale folle, répliqua-t-il.

— C'est toi qui m'as cherché, et qui a levé la main sur moi, ne déclare pas la guerre si t'as pas les couilles de te prendre des coups, Dimitri ! crachais-je avec tout le mépris du monde.

Je le vis blêmir, se mordre la lèvre, puis regarder autour de lui. Normalement, ce genre de pauvres débiles faisaient cela pour s'assurer qu'il n'y avait pas de témoin avant d'aller agresser leur victime.

— Écoute moi bien, fit-il en s'approchant à son tour, baissant le ton de sa voix. Moi et Damien, on te calcule pas, on te parle pas, et toi tu t'occupes pas de nos affaires, c'est clair ?

— Tu vois, c'est exactement ce que je voulais depuis le début, répondis-je en imitant le ton de sa voix. Comme c'est ironique ! Je voulais qu'on s'ignore, tu es quand même venu m'emmerder, et maintenant c'est toi qui veux qu'on fasse comme ça.

— Tu vas faire comme ça oui ou non ?! me pressa-t-il.

— Pas tant que tu n'auras pas reconnu l'ironie de la situation ! rétorquais-je. Allez ! Dis-le !

Il garda le silence. Puis il ramassa son cartable.

— Ouais t'as raison, ouais, c'est ironique... C'est putain d'ironique. Maintenant tu nous lâches ! conclut-il en disparaissant au détour du couloir.

Il avait employé un ton bien singulier pour formuler sa phrase, comme s'il voulait donner l'impression que l'ironie qu'il reconnaissait n'était pas celle que j'avais soulevée. Cependant, je ne le relevais pas comme une preuve de son éventuelle intelligence. À mon sens, il avait simplement employé ce ton sarcastique pour ne pas avoir l'impression d'admettre quelque-chose.

Je sortis alors mon téléphone de la poche de ma veste et envoyais rapidement un message à Antoine, lui précisant qu'il n'avait pas besoin de m'attendre. Puis je me dirigeais vers la machine à café, au rez-de-chaussée, non-loin de l'infirmerie. Evelyne Dunklegrau et monsieur Nazaryan y discutaient avec inquiétude de madame Lefèvre, la professeure d'arts plastiques du lycée, et de son étrange absence injustifiée, en ce jour particulièrement important.

— Monsieur, vous vouliez me parler ? demandais-je en m'approchant.

— Oh, oui, déclara le professeur d'histoire en se tournant vers moi, un billet à la main. Auriez-vous de la monnaie sur cinq euros ?

J'affichais un sourire en coin avant de ricaner. Ce bonhomme ne manquait ni d'humour ni de sagesse. Et la manière qu'il avait d'engager notre échange en me demandant un service, me plaçant virtuellement en position de supériorité, n'était pas pour me déplaire. Je fouillais rapidement mon portefeuille et en tirait les pièces demandées, rangeant ensuite le billet qu'il me tendait.

— Et à propos de ce qui s'est passé dans le couloir ? demandais-je, soucieuse de me débarrasser du sujet.

— Hé bien, mademoiselle Dunkelgrau m'a tout expliqué, répondit-il en attrapant son café. Je pense comme elle que vous étiez en état de légitime défense, mais que vous auriez pu vous abstenir de... (il sembla chercher ses mots, faisant un vague geste de la main) Enfin bref, de le frapper alors qu'il était déjà au sol.

— Elle lui a simplement transmis sa propre anxiété, précisa l'infirmière en sirotant son café. Enfin, le double dans le cas présent.

— Ah, oui, merci, déclara monsieur Nazaryan en touillant le contenu de son gobelet. En tant que professeur, je n'ai pas à donner mon avis sur les augmentations technologiques et ce qu'elles impliquent, surtout à une élève qui en a fait l'objet. (Il toussota) Cependant, et même en espérant que vous n'ayez plus à le faire du tout, j'aimerai qu'à l'avenir, vous n'infligiez pas une quantité indue de vos émotions à vos camarades. Je pense que monsieur Papazian, votre grand-père, serait d'accord avec moi. Il a été mon professeur de dessin, c'était un homme bon et juste.

Je souriais amèrement, ce qui ne manqua pas de faire hausser un sourcil à mon professeur, tandis qu'Evelyne se contentait de se cacher derrière son café, qu'elle semblait boire à grandes gorgées.

— Monsieur... commençais-je, sans rien montrer de mon agacement. Voudriez-vous savoir ce que je ressens lorsque quelqu'un, à fortiori un inconnu, me parle de mon grand-père comme si de rien n'était ? proposais-je en lui tendant la main.

Contre toute attente, il ne sursauta pas lorsque j'activais Porcupine Tree. Tout juste tourna-t-il les yeux vers l'infirmière lorsque celle-ci déclara :

— Une telle maîtrise à un si jeune âge, frau Lindermark ne faisait pas mieux à son époque.

— Alors, professeur ? demandais-je simplement, la main toujours tendue.

— Très bien, répondit-il, me tendant sa main libre. J'accepte, si vous promettez de suivre mon avis au sujet de votre don, conclut-il.

— Très bien, j'accepte également, mais arrêtez de me vouvoyer, ça me déplaît.

Je n'eus pas à me concentrer très fort pour invoquer les couleurs de mes sentiments à l'égard de ceux qui brandissaient le nom de mon grand-père comme un argument. Et lorsque mes doigts effleurèrent à peine ceux de monsieur Nazaryan, ce dernier se crispa brièvement, puis retira sa main en évitant soigneusement de ne pas le faire trop brusquement, pour ne pas révéler à quel point il était choqué de mes émotions, où même du fait que je puisse réellement les transmettre.

— Très bien, tu m'as convaincu, souffla-t-il en tenant son gobelet de café à deux mains, soucieux de ne pas laisser voir qu'il tremblait légèrement. Nous sommes donc d'accord, et j'espère que ton année scolaire se passera au mieux.

Je ne répondis rien, me contentant de hocher la tête et de tourner les talons. Que pouvais-je rajouter d'autre, après tout ? Je venais littéralement de lui faire part de mes sentiments.

— Papazian, une dernière chose ! m'interpella-t-il. (Je m'arrêtais pour me retourner) Tu ne devrais pas mépriser les ignorants.

Je pris une seconde pour réfléchir à cette phrase qui me semblait incomplète, puis elle fit soudainement sens. Il faisait référence à mes émotions, vu qu'il venait de les recevoir. Et il avait raison : une partie de ma rancœur venait du fait que je reprochais aux gens d'ignorer qu'entendre parler de mon grand-père me faisait de la peine. Je les méprisais de croire qu'ils me faisaient plaisir. Mais évidemment, ça n'allait pas de soi, pas pour les autres.

— Je m'en souviendrai, dis-je simplement, me dirigeant vers la sortie.

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