13 - Zééva

Par Joxan

Sérieux ! Qu’est-ce que je fais encore ici ? Melvin et ses gars explorent probablement encore la région, les machines continuent l’assemblage des armes… je pourrais partir. Pourquoi je reste ? L’alcool n’existe pas dans ces murs.

Depuis un certain temps, je parcours les lieux de bout en bout. À la recherche de rien, et sûrement pas du temps que je perds. Et à force d’hésiter, je ne risque pas seulement de perdre du temps. Si ma complicité avec Sérafino vient à se savoir, je peux faire mes adieux à toute carrière dans la politique. Moi qui voulait seulement rendre justice à mes parents. Arrêter une bonne fois pour toute ce sketch qui autorise encore de garder des âmes prisonnières de ce monde. Même la mort se trouve incapable d’agir.

Tandis que je me perds dans le sous-sol, un bruit s’élève parmi la cacophonie. L’étagère de trophées.

Arme en main, je pari sur Pavel. Ce qui ne loupe pas. Le vieux sort tranquillement de derrière le meuble, me jetant un regard blasé. Ses traits trahissent sa fatigue.

« Zééva.

— Pavel. »

Rien à me dire ?

« Tu peux tirer. Ma mort ne durera pas dans le temps. Sinon tu peux ne rien faire, et me laisser partir régler une affaire bien trop longtemps laisser dans l’oubli.

— Dis m’en plus.

— J’imagine que tu connais mon implication de l’attentat. Je ne compte pas clamer mon innocence, l’explication est… longue. Par contre, je ne suis qu’un pion. Et je compte tuer celui qui m’a amené à la mauvaise case : Yefim Dœrthy. Il est à Omesunaq, et gère la société privée Tseipru qui permet la création, l’exploitation, et la commercialisation des cellules et de ce que ça contient. »

Un peu alambiqué. Ça ne pourrait être que des conneries, cependant j’ai bien envie de le croire.

« Tu ne vas pas tenter de me tuer à la première occasion ?

— Impossible pour les gens comme moi. Tu possède •••• maintenant. Ça te protégera des volonté de meurtre. Tout particulièrement contre Æden. Et si tu ignore qui c’est, tu le sauras assez vite. » déballe-t-il en remplissant plusieurs sacs d’armes, de munitions, et d’eau. « Sur ce, j’y vais. Peut-être à dans une autre vie ! 

— Comment ça ? Je possède quoi ?!

Mes yeux suivent sont départ. Puis mes jambes. Le directeur abandonne tout ici, revenir n’est pas au programme.

À bord de son gros cylindrée, quelques longues secondes s’envolent avant qu’il daigne démarrer le contact. Dans un rugissement, la voiture s’évade de sa place vers les routes envahies par la nature. Au revoir Pavel, je te souhaite que ta quête apporte ce que tu recherches.

Le silence revient, brisé par seulement la caresse du vent sur la cime des arbres, et le chant lointain des oiseaux.

Je devrais éventuellement faire un rapport à Jacob. Hors de question de question de rester ici seule. Soit je reçois du renfort, soit je rentre.

Dans la salle de sécurité, je tape un résumé de la situation : Tempérance partie, scène nettoyée, Mérédith de passage, Pavel en fuite, équipe disparue, renfort demandé. Quant au reste, je verrai ça en temps et en heure. Je vais d’abord me concentrer sur les consignes, et les détails potentiellement passé inaperçus.

 

Encore une fois, je relis tout en diagonale, pendant une bonne heure. Rien d’autre n’attire mon attention. Un interrogatoire attend Jacob.

Par delà les fenêtres à travers lesquelles le crépuscule chasse les derniers rayons de soleil, le vrombissement d’un fourgon s’élève. Enfin de l’aide ?

Sans tarder, je saisis les dossiers confidentiel, mon ordinateur, verrouille la salle et gagne l’extérieur. La manufacture se gèrera d’elle-même, les armes déjà prêtes attendent les soldats.

Du véhicule saute quatre agents, qui à peine un bonjour lancé, se dirige vers le sous-sol. À l’avant, un responsable me signale de monter.

« Bonsoir Madame Kalio. Je suppose que vous n’avez pas eu vent de ce qui s’est passé depuis ce matin ? »

À entendre son intonation rapide et saccadée, beaucoup trop d’évènements marquent cette journée.

« Je crains que non. »

Avant même qu’il ne commence à parler, nos téléphones sonne la notification d’une annonce importante de l’actualité. Iddris veut parler.

L’écran dans ma main, le journaliste apparaît dans son bureau habituel, en direct pour répondre aux questions qui défile à côté.

« Bien le bonsoir population de Niras. Désolé de vous déranger en cette heure de dîner, ce que je m’apprête à vous dire m’oblige à avoir votre attention… »

Merde. S’il parle trop, ça risque de se retourner contre notre plan.

« Cette nuit, le directeur du stand de tir Pavel Hakl a été victime d’une tentative de meurtre. Ceci dit, elle était tout à fait légitime…  »

Une feuille vient se loger dans sa main.

« Il y a douze ans, Niras a brûlé. Il y a douze ans, nombre de nos proches sont partis. Une attaque brutale que monsieur Hakl a mené avec une équipe, en complicité avec Hésékiel Märkinen. Ce crime odieux est resté jusqu’à aujourd’hui impuni pour l’un d’eux. La justice aurait pu être rendu, mais l’affaire, en plus d’avoir été bâclée, a été mise dans les oubliettes. Notre gouverneur actuel, Jacob Waerns, a contribué à ce silence… »

Pourquoi annonce-t-il tout ça maintenant ?

« Je t’invite à la plus grande prudence. Signalez aux autorités compétentes toute information utile. Ne tentez en aucun cas de vous attaquer à ces personnes. Merci de votre attention. N’hésitez pas à poser vos questions ou donner votre avis. Je coupe le direct dans trente minutes. »

L’écran se verrouille. Aucune envie d’en voir plus. Il faut espérer que personne ne se lance dans une vengeance personnelle. 

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