Cher journal, aujourd’hui il m’est arrivé quelque chose de surprenant. J’ai passé la journée à la bibliothèque de la ville, parce que c’était la « journée nationale de lecture pour les apprenants ». J’ai lu des poèmes sur la bienveillance, un roman ayant les actions magnanimes de l’État comme thème principal, ainsi que quelques nouvelles sur l’entraide entre citoyens. Mais des policiers sont arrivés, ils ont regardé derrière une étagère dédiée au théâtre d’État, et y ont découvert un sombre couloir. Ils ont sorti beaucoup de livres de cette fameuse galerie. Je n’ai pas eu le temps de bien les voir, mais j’ai vu des livres d’« Histoire », de « psychologie », même si je ne sais pas ce que ça veut dire, et des vieux dictionnaires. Quelques minutes après, ils ont emmené le bibliothécaire en chef. Du coup, il a parlé très fort en utilisant des mots incompréhensibles. Il disait qu’il en avait « mare » de la « sang-sûre » et du « propre-à-gant-de » de l’État. Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit de ne pas me « laisser faire ». Cela non plus, je ne sais pas ce que ça veut dire… Les policiers ont mis une serviette devant sa bouche, et il avait beaucoup plus de mal à parler.
Quand j’ai regardé dans la rue, j’ai vu qu’ils brûlaient les livres. J’ai demandé pourquoi à l’un des policiers. Il m’a répondu qu’ils étaient trop vieux pour pouvoir refléter la réalité de notre présent avec exactitude, et qu’il valait mieux allumer un feu avec.
En rentrant chez moi après cette journée, je suis passé devant la maison du bibliothécaire en chef. Les gentils brocanteurs étaient en train de récupérer ses bien pour pouvoir les partager à d’autres citoyens. J’imagine que son nom a été enlevé de la liste des citoyens vivants à Sainte-Fraternité qui figure à la mairie. Je me demande où il est maintenant…
J’ai remarqué qu’un train passait chaque jour par ma petite ville pour se rendre au Centre des réactifs non-conventionnels, avec quelques personnes à son bord qui font de drôles de têtes. D’après ma mère, ce centre aide les personnes qui en ont besoin pour pouvoir vivre en harmonie avec les autres dans notre beau pays. En revenant à la maison, je l’ai vu partir au loin. Quand je vois ses phares éclairer les campagnes de mon pays, je le trouve majestueux. Je trouve apaisant le fait de le voir filer vers l’horizon.
J'aime aussi le format court de tes chapitres. Malgré leur longueur, tu manies extrèmement bien les mots, c'est agréable à lire.
Je valide fort !
J'espère que tu valideras la suite également.
J'aime l'innocence de l'observation. Je me demande quel âge à ton protagoniste du coup ! Le fait que le vocabulaire négatif soit exclus biaise peut-être mon jugement et il me semble très jeune.
Le protagoniste est un enfant, il est très jeune en effet ^^