Je passais un très bon moment avec Jonathan. Il était très différent des autres garçons que j'avais pu rencontrer dans ma vie. Tout comme Antoine, il semblait être une sorte d'exception monolithique, un être en particulier ayant échappé aux stéréotypes et s'étant forgé une personnalité et une opinion au-delà des influences stéréotypées.
En outre, Jonathan ne manquait pas d'adresse dans la pratique du laser-game. Et même si nous ne remportions que deux victoires d'affilées, je ne pouvais qu'admirer la façon dont il avait su improviser sur un terrain qu'il ne connaissait pas. Je notais même certains de ses choix stratégiques, à priori étranges, qui s'étaient finalement révélés plus brillants qu'il n'aurait lui-même pu le croire.
Cependant, il manquait très nettement de dextérité par rapport à moi, surtout lorsqu'il s'agissait de jeux où les réflexes étaient la clef de la victoire. Cela s'expliqua lorsque je lui accordais finalement une pause, pour que l'on aille déjeuner à la cafétéria de la salle d'arcade.
— En fait, avoua-t-il après une longue gorgée de limonade. Je joue surtout à des RPG, où il s'agit de prévoir, de réfléchir et d'improviser sur le tas un minimum, je n'ai pas de très bons réflexes.
Il prit une bouchée de son hamburger avec prudence, n'étant visiblement pas un habitué des fast-foods. Et je ne pus réprimer un petit sourire lorsque ses yeux s'écarquillèrent.
— Hé, mais c'est super bon en fait ! s'exclama-t-il.
— Haha, tu en doutais ? Ça reste un établissement Lindermark, même pour une cafét' de salle d'arcade.
— Tu m'as dit que tu avais rencontrée tatie Emily, comment va-t-elle ? demanda-t-il en essuyant les coins de sa bouche. Ça fait longtemps qu'elle n'est pas venue me voir.
— Elle va bien, même si elle a du mal à convaincre certaines personnes de sa bonne volonté, répondis-je en piochant dans mes frites. Elle va sauver un village d'une sécheresse, et ils finissent par croire qu'elle veut les rendre dépendant de sa technologie, pour les avoir sous son contrôle.
— Hé bien... il faut dire qu'ils ont en partie raison, me fit remarquer Jonathan.
Je manquais de m'étouffer avec mon thé glacé et toussais à plusieurs reprises avant de relever la tête :
— Comment ça ? Tu sais des trucs que je sais pas ?
— Pas vraiment, non... répondit-il avant de reprendre une bouchée. Mais si elle veut faire accepter son projet Reine Blanche, elle va devoir gagner la confiance et le soutien de pas mal de monde. Ses démarches sont altruistes, mais pas désintéressées.
— Bah, de toutes façons je ne crois pas au désintéressement, déclarais-je en finissant ce qu'il restait de mes frites. On agit toujours selon des motivations qui nous sont propres. Rendre le monde meilleur, se donner bonne conscience, le sentiment d'accomplissement, il y a toujours un objectif à la clef.
— Haha, on croirait entendre ma mère ! pouffa Jonathan, qui avait bien entamé son burger.
— Le Dr. Walsh est une pragmatique ? Ça ne m'étonne pas, remarque. (je haussais les épaules) Quand on a un certain niveau en sciences, on est obligé d'admettre certaines limites.
— Heu... non, enfin, je veux dire... Tu peux garder un secret ? demanda Jonathan, l'air un brin anxieux.
— Oui, pourquoi ? répondis-je, soudainement curieuse.
— J'ai... une autre maman, elle est encore plus intelligente que ma mère biologique et tatie Emily réunies, expliqua-t-il un peu laconiquement.
Je pris quelques gorgées de mon thé glacé pour réfléchir. Il était tentant pour moi de me dire que l'éducation exemplaire qu'avait reçue Jonathan était due au fait qu'il avait été élevé par deux femmes particulièrement intelligentes. Mais ça aurait été un raccourci bien trop facile.
— Bah, si tu tiens à ce que ça soit un secret, je ne dirais rien, mais avoir deux mamans, à notre époque, ça ne choque plus que les gens assez vieux ou assez idiots, fis-je simplement remarquer.
— Hé bien, disons que maman Tabita préfère ne pas se faire remarquer...
— C'est pas banal comme prénom, mais je te promets de ne pas en parler, si tu y tiens. Enfin, pas à des gens qui ne la connaissent pas déjà, précisais-je avec un sourire en coin.
— Haha, je vois, ça a piqué ta curiosité ! (il s'essuya la bouche après avoir fini de manger) Je ne sais pas si j'ai le droit de t'en dire davantage, mais si tu as l'occasion d'en parler avec ma mère, essaie de lui demander.
— Justement, je voulais lui poser des questions sur les reines, expliquais-je. La Reine Noire a réussi à me transmettre son cauchemar à travers mes nanites, et je suis tenue de résoudre les problèmes qui y sont liés, concluais-je en terminant mon thé glacé.
— C'est curieux, normalement, les nanites qu'on injecte dans le sang n'acceptent pas n'importe quel signal, fut-ce-t-il de la Reine Noire, remarqua Jonathan d'un air songeur.
— C'est Evelyne Dunkelgrau qui me l'a expliqué de cette façon, en tous cas.
— Oh, elle doit savoir mieux que moi dans ce cas, maman a dit qu'elle était très compétente, malgré son manque d'expérience.
Je haussais les épaules et changeais le sujet de la conversation, j'avais l'intention de profiter de mon nouveau camarade de jeu jusqu'à la dernière minute où il devrait partir.
Il s'avéra être un redoutable adversaire au billard, ainsi qu'au bowling. Cependant, je parvenais sans peine à prendre ma revanche au babyfoot et au air-hockey. Il était en effet très compétent dès qu'il pouvait prendre le temps de réfléchir à la manière de faire, mais dans le feu de l'action, ses réflexes étaient généralement insuffisants, du moins par rapport aux miens.
Vers quinze heures moins le quart, je le laissais à son arrêt de bus afin qu'il rejoigne ses cours de l'après-midi, qui semblaient en effet se dérouler non loin de mon lycée, vu l'arrêt auquel il disait descendre. Je retournais donc chez moi afin de pouvoir réfléchir tranquillement et me détendre un peu. Cela faisait très, peut-être même trop longtemps que je n'avais pas eu de journée aussi chargée.
Lorsque j'entrais enfin dans ma chambre, je me déshabillais et pris une douche rapide, avant de me mettre en pyjama pour le reste de l'après-midi. Après quoi j'envoyais un message au Dr. Walsh, via Discord. Je me présentais brièvement en tant que "nouvelle Lili" et lui demandais si elle avait des disponibilités pour me parler du projet Reine Blanche.
Ne m'attendant pas à une réponse immédiate, je décidais d'allumer mon PC et de me lancer dans mes jeux en ligne, afin d'y accomplir les objectifs journaliers et de m'avancer sur les hebdomadaires. Au final, ces objectifs ne rapportaient pas de si bonnes récompenses que ça, mais le fait qu'ils soient limités dans le temps avait tendance à titiller ma fibre complétiste et entretenir ma motivation.
Un peu plus tard, Antoine m'envoya une demander pour rejoindre ma partie, et je l'y invitais avec plaisir tout en enfilant mon casque et rajustant mon micro.
— Yo, Antoine.
— Yo, Lili, quoi de neuf depuis tout à l'heure ? Tu t'es bien amusé avec "Jojo" ?
— Haha, ricanais-je. Tu as consulté le tableau des scores en ligne du laser-game Lindermark. Il a choisi un pseudo en rapport avec le mien.
— Ouais, et sur la photo de la victoire, t'as l'air bien plus enjoué que lui ! C'est rare, d'habitude t'as une tête sérieuse ! commenta-t-il.
Nous commençâmes à jouer, partant à l'assaut de nos objectifs communs tout en continuant à discuter.
— En fait, il n'est pas très expérimenté, mais il try-hard toujours quoi qu'il arrive. C'est rare de voir une telle motivation chez quelqu'un qui découvre un jeu pour la première fois, fis-je remarquer.
— Je vois, c'est le contraire de la chance du débutant. On pourrait appeler ça... "La ferveur du noob" ?
Nous éclatâmes de rire, ce qui faillit nous faire rater un de nos précieux objectifs ; heureusement, nous parvînmes à nous reconcentrer rapidement.
— Ce que je dis, c'est que c'est dommage qu'il n'habite pas dans le coin, expliquais-je. C'est un anglais en stage linguistique chez nous, sinon on aurait pu former une équipe redoutable.
— Il faudra que tu l'invites sur notre serveur Discord, déclara Antoine. Histoire qu'on voit ce qu'il a dans le ventre !
— Et merde ! J'ai oublié de lui demander son numéro et ses réseaux sociaux ! pestais-je.
Je tournais ensuite mon attention vers mon second écran, où je laissais justement ouverts mes divers réseaux et playlists. Une notification avait particulièrement attiré mon attention, puisqu'elle provenait du Dr. Lili Walsh.
— Antoine, je vais devoir te laisser, je dois parler à la cheffe du projet Reine Blanche.
— Ça roule, je reste co' jusqu'à vingt-trois heures.
Je mis fin à notre conversation vocale et retirais mon casque avant de jeter un œil au message que j'avais reçu. Très concis, et qui m'agaça légèrement :
"La nouvelle Lili ? Prouve-le."
Je serrais les dents et affichais un petit sourire en coin. J'avais exactement ce qu'il fallait pour lui clouer le bec. Antoine était à remercier pour m'avoir donné indirectement cette idée. Je me rendis donc sur le site du laser-game pour récupérer la photo de Jonathan et moi, après notre victoire écrasante contre une équipe complète. Je recadrais ensuite la photo sur nos visages, je changeais l'étalonnage des couleurs pour un peu plus de glamour et ajoutais quelques cœurs rouges et roses. Je ricanais. Normalement, une telle image m'aurait immédiatement filé la nausée, mais elle allait certainement s'avérer très efficace.
— Héhé, alors qu'est-ce que vous dites de ça, docteur ? ricanais-je en envoyant l'image modifiée.
Il ne me fallut même pas attendre deux minutes avant de recevoir un appel vocal de Lili Walsh. Je décidais d'attendre trois ou quatre sonneries avant de décrocher, histoire de lui apprendre un peu à douter de moi.
— Allô ? Ici l'authentique nouvelle Lili, déclarais-je en prenant l'appel.
— Très drôle, répondit le Dr. Walsh, dont la voix trahissait une bonne cinquantaine. J'espère pour toi que tu n'as pas d'intentions déplacées envers mon fils !
— Allons Docteur, c'est un adolescent en bonne santé, taquinais-je. Vous pourriez lui en vouloir de prendre un peu de bon temps ?
— Blague à part, Lili, je peux savoir ce que tu me veux ? demanda-t-elle sans se démonter.
Je m'éclaircis la gorge en tentant de reprendre mon sérieux.
— Oui, pardon... Il me faudrait toutes les informations qui pourraient m'être utiles à propos des reines.
— Je vois, c'est donc toi dont parlait Dunkelgrau, je dois bien admettre que les noms que tu as choisis font l'unanimité au labo', expliqua-t-elle avec un certain enthousiasme. En ce qui concerne ta demande, j'ai peur de ne pas avoir grand-chose d'autre à t'expliquer que tu ne saches déjà... Elles ne sont pas si différentes l'une de l'autre, tu sais ?
— Attendez, en quoi sont-elles semblables ? demandais-je en passant une main dans mes cheveux. L'une est un cauchemar vivant qui souhaite régner par la terreur, et l'autre m'a été décrite comme une divinité solaire et bienveillante.
— Bah, tu es jeune... ricana le Dr. Walsh. Tu crois encore en des concepts très basiques de bien et de mal. Nyarlathotep, comme tu l'as nommée, cherche le bien des gens, même si ce n'est pas évident à comprendre.
— Je ne pense pas que mon jeune âge ait quelque chose à voir là-dedans, docteur, répondis-je, un peu vexée. Je vous signale que j'ai capté le cauchemar de Nyarlathotep avec mes nanites, j'ai vu sa conception du bien, et c'est révoltant. Mais changeons de sujet, ces reines sont-elles capables de tuer ? C'est important.
Un silence s'installa, puis j'entendis comme le grincement d'un vieux fauteuil, le bruit d'une cane sur le sol, puis la voix d'une autre femme, sans parvenir à entendre exactement ce qu'elle disait.
— Je te passe quelqu'un qui t'expliquera les choses mieux que moi, déclara simplement Lili Walsh.
J'entendis des bruits de pas et le son de la cane du docteur s'éloigner. Mon casque grésilla un instant et une nouvelle voix se fit entendre.
— Ah, notre nouvelle Lili. Que puis-je pour toi ?
— Vous êtes... la mystérieuse deuxième maman de Jonathan ? demandais-je en haussant un sourcil.
— Exactement ! Et à ce titre, je ne peux pas t'autoriser à le toucher, toute Lili sois-tu !
— Haha ! C'est un avertissement ou une menace ? pouffais-je, amusée par la maladresse de la déclaration.
— Ne me dis pas qu'il est déjà trop tard ?! s'étrangla la voix à l'autre bout du fil.
— Bordel, c'était une plaisanterie ! m'exclamais-je. Je ne compte pas faire ce genre de choses avec Jonathan !
— Comment ? Tu oses dire que notre fils n'est pas assez bien pour toi ? Tu dois être homosex-
— Ça suffit, oui ?! coupais-je, battue à mon propre jeu, entendant le Dr. Walsh pouffer de rire en arrière-plan. Je peux au moins savoir à qui j'ai à faire ?
— Très bien, je me présente : Tabita Shôgi, initiatrice du projet Reine Blanche, déclara mon interlocutrice. Et je tiens à signaler que toute erreur ayant entraîné une division du cerveau quantique serait forcément une erreur humaine ! ajouta-t-elle en appuyant bien sur ces mots, déclenchant les râles protestataires de Lili Walsh.
— Je connais la rumeur selon laquelle le progrès de la fondation Lindermark serait basé sur la découverte d'une technologie extraterrestre, expliquais-je. Ces mystérieux artefacts dont Emily m'a parlé ont forcément été laissés là par quelqu'un. Et vous, vous êtes certainement la personne à l'origine des aventures vécues par Emily, et comme vous venez de le sous-entendre de manière assez grossière, vous n'êtes pas humaine, concluais-je, espérant lui démontrer que je n'étais pas à sous-estimer.
Un bref silence s'installa de nouveau, puis j'entendis les deux mères de Jonathan ricaner, comme un rire complice que l'on échange avec quelqu'un qui nous a aidé à faire une bonne blague.
— Je vois, tu es intelligente, concéda Tabita. Tu es bien digne du titre de Lili, mais tu n'as pas encore mérité de sortir avec Jonathan.
— Ça a arrêté d'être drôle, soupirais-je.
— Plus sérieusement, reprit mon interlocutrice. Je suis originaire de la strate dimensionnelle qui précède la vôtre, ou pour faire très grossier, une version alternative de votre système solaire. Je suis venue vous donner un coup de main contre l'avis général de mes concitoyens, la plupart préfère attendre que vous vous autodétruisiez gentiment, afin qu'on puisse venir poser nos bagages.
— Dans ce cas, vous pouvez remercier Lindermark, répondis-je aussitôt, lui montrant bien que la révélation ne me choquait qu'à peine. Sinon vous auriez récupéré un caillou sans vie et couvert d'immondices.
— Allons ma petite, c'est moi qui ai fait de Lindermark ce qu'elle est !
— Vous allez me donner l'information que j'ai demandée où je dois venir vous tirer les tentacules ?! m'emportais-je.
— Pour ta gouverne, je suis parfaitement anthropomorphe ! précisa Tabita. Et pour répondre à ta question, cela dépend de ce que tu entends par "tuer".
— En ce qui concerne Nyarlathotep en particulier, est-elle capable de tuer quelqu'un directement ? Si je dois l'affronter, cela me semble être une information utile !
— Les deux reines ont l'interdiction de tuer, mais chacune contourne cette interdiction à sa manière. Celle que tu appelles Nyarlathotep est capable de te confier une pomme sans te prévenir qu'elle est empoisonnée, et t'interdire formellement de la manger, tout en sachant que tu pourrais finir par vouloir y goûter. Elle considérera alors que c'est ta désobéissance qui t'a tuée, m'expliqua-t-elle avec un flegme olympien.
— Très peu subtile, cette comparaison, remarquais-je.
— Attend de savoir comment Hélène contourne cette interdiction, déclara Tabita. La Reine Blanche ne cherchera jamais à tuer, par quelque moyen que ce soit, mais sa nature même fait que des gens seront prêt à tuer en son nom, ou même à tuer pour tenter de l'atteindre.
— Je vois, on dirait les deux facettes du Dieu biblique... c'est sans doute pour cette raison que les reines ont décidées qu'elles avaient besoin l'une de l'autre. Mais pourquoi moi ? Il y a visiblement des gens plus compétents pour accomplir cette mission.
— Plusieurs facteurs sont en jeu. Tout d'abord, l'emplacement du proto-implant, que vous appelez "artefact". Ensuite, il fallait un esprit fort, capable de comprendre et de maîtriser beaucoup de notions qui échappent à la plupart des humains. Tu étais la candidate idéale, et puis les reines t'ont choisie, toi, pour cette épreuve, conclût Tabita, presque à contre-cœur. Crois bien que je n'aime pas laisser une enfant humaine faire ce que je pourrais moi-même accomplir facilement.
Malgré cette conversation, riche en révélations qui soulevaient bien trop de choses pour que je puisse y penser tout de suite. Malgré l'angoisse latente qui m'envahissait, je sentais paradoxalement naître en moi un courage et une vindicte que je n'avais jamais connus.
— Très bien, arrangez-moi une audience royale dans ce cas, demandais-je simplement.
— C'est ça ta conclusion ? m'interrogea Tabita, visiblement amusée. Je dois admettre que tu es bien plus téméraire que ne l'était Emily à l'époque... Mais un mystère m'échappe toujours. Comment la Reine Noire est-elle parvenue à t'atteindre avec son cauchemar ?
— Le Dr. Dunklegrau pense que mes nanites ont captées le signal émit depuis l'artefact du lycée, résumais-je.
— Non, ça ne marche pas comme ça, soupira mon interlocutrice. Evelyne avait définitivement besoin de ces vacances... (elle toussota) Cependant, moi, j'ai bel et bien accès aux paramètres de tes nanites, et je peux t'obtenir une "audience royale" comme tu le dis si bien. Cependant, j'en limiterai strictement la durée. Crois-moi quand je te dis qu'il ne faut pas rester trop longtemps au contact de ces deux-là.
— Très bien, dans ce cas, invitez-les dans mes rêves dès ce soir, puis-ce que ça semble possible. J'ai assez attendu, je compte passer à l'action, déclarais-je, déterminée.
— Ah, Emily avait dit la même chose. Mais je te conseille de prendre davantage de temps. Elle, elle n'affrontait pas une divinité.
— Vous allez le faire, oui ou non ? grognais-je.
— C'est d'accord, Lili, mais je te préviens, pour ta propre sécurité, pour ta propre santé mentale, ne défis par une reine, déclara Tabita d'un ton plein de morgue. J'apprécie ton effronterie et ton intelligence autant que n'importe qui, mais cette nuit, tu feras face à des entités qui dépassent de loin Emily Lindermark, qui me dépassent de loin... Alors je te conseille de faire preuve d'humilité
— Je ferai de mon mieux, répondis-je dans un soupir. Comme disait mon grand-père, son "mieux" est la chose la plus grande que l'on puisse accomplir.
Je raccrochais.