Par Greg, endormi, le 14 décembre 201*.
« Et quand l’ombre surplombera toute lumière
Ne te perds pas en vaines prières
Personne ne te sauvera de la noirceur
Enfermée dans ton propre cœur. »
Les formes crochues des arbres penchent dangereusement au-dessus de moi et me coupent du ciel que je sais étoilé. Ou bien, l’est-il ? Je ne l’ai jamais vu, d’ici. Aucune trouée ne laisse passer de la lumière, et pourtant je vois. Une allée tortueuse se dessine devant moi. Derrière, tout est obscur, flou et dangereux. Presque autant que ces deux yeux lumineux qui ne me lâchent pas. Jusque-là, il se contentait de m’observer. Aujourd’hui, je le sens fébrile. Au moindre pas que je ferai, il se mettra à me pourchasser. Je me demande ce qu’il arriverait si je n’atteignais pas la clairière, là, quelque part au-delà d’un détour du chemin.
Je n’ai pas envie de courir, je me sens crevé. Je veux juste dormir. Mais j’ai encore moins envie de me laisser attraper, alors je commence à marcher en jetant des coups d’œil derrière moi. Même si je n’en vois que les yeux par intervalles, je sais que la bête est là, rôdant juste hors du chemin, attendant une faiblesse de ma part pour me sauter à la gorge.
Le chemin me semble particulièrement long, plus sinueux que d’habitude, et la forêt, étrangement peuplée, pleine de lucioles qui luisent de mille et une couleurs éclatantes. Je me sens attiré par elles, mais je dois aller jusqu’à la clairière. Les yeux me suivent toujours, calmement presque, bien que je ne m’en sente pas plus rassuré. Où est passée la folle course-poursuite ? Pourquoi, alors que je me sens si fatigué, le monstre ne presse-t-il pas son avantage ?
Et puis, tout à coup, l’allée s’ouvre et la lumière de la lune me frappe de plein fouet, presque douloureusement. Quand l’aveuglement se dissipe, une autre vision s’offre à moi, bien plus effrayante que tout ce que j’ai vécu jusque-là. La bête se trouve devant moi, au milieu de la trouée, sa face déformée par un rictus abject.
« Tu ne peux pas m’échapper. » La phrase résonne dans ma tête, une impression plus qu’une voix.
L’ombre grandit jusqu’à occulter complètement le ciel, emplissant tout l’espace. Derrière moi, l’allée et les lucioles ne semblent plus si sinistres, et je suis sur le point de courir m’y réfugier quand un rayon perfore soudainement la face monstrueuse qui menace de m’engloutir. Une clarté suffisante pour me réveiller et me permettre d’une fois de plus m’enfuir.
« Fuis, fuis, tu ne pourras jamais m’échapper. »
C'est officiel, tu es le roi de l'ambiguïté XD.
Rêve ? Pas rêve ? Prémonition ? Vision du passé ?
Avoue que ça t'amuse de nous mener par le bout du nez ;-)
Que dire de ce chapitre, hormis qu'il intrigue. Est ce prémonitoire, un simple cauchemar, son esprit qui rassemble des pièces du puzzle pour l'avertir ?
Tu ne peux pas me laisser en haleine de cette manière 😅
Le puzzle est encore loin d'être assemblé, mais je prends beaucoup de plaisir à te voir essayer d'assembler les pièces ! Merci pour tes commentaires !