16 Décembre 2049
« Les vraies études, ça n’existera plus à tes vingt ans » me disait ma mère en me voyant plongé dans mes livres d’école. Je ne la croyais pas. Puis la réalité m’a vite rattrapé. A mes dix-huit ans, j’ai fini ma formation générale et parmi les deux choix qui sont proposés aux jeunes diplômés, j’ai gardé en moi cet espoir d’intégrer un jour les bancs de la faculté. J’ai envoyé mon courriel de demande et deux jours plus tard, je reçois une réponse. Elle est brève, simple, efficace : « service communautaire ». Le regard de ma mère – le dernier que j’ai vu d’elle – s’excusait pour d’autres de ne pas m’avoir laissé ma chance. Mais je n’ai pas eu le temps d’y resonger, trop occupé à préparer mon départ vers mon lieu de poste. J’ai quitté ma province pour rejoindre la capitale et une semaine après ce fameux courriel, je suis arrivé derrière mon bureau avec pour seule mission de vérifier les stocks alimentaires de chaque grande surface. Même si ce travail se limite à vérifier si les chiffres de gauche s’alignent aux chiffres de droite, je ne m’en plains pas et il me laisse le temps de me consacrer à mes activités. J’ai beau avoir rejeté la littérature de force à l’aube de ma nouvelle vie, elle m’a toujours retrouvé, à un moment ou à un autre. Un jour, je me suis dit qu’il était temps de réessayer.
J’ai commencé à collecter des livres, de manière plus ou moins légale, puis je me suis mis à étudier passionnément. J’ai manqué quelques nuits de sommeil, ai échappé à certaines vigilances de mon travail mais la recherche m’importait trop. Toute mon énergie s’est mobilisée à cette nouvelle tâche, dont j’ai fait la priorité ultime. Puis comme un rêve d’enfant qui ressurgit une fois adulte, une idée a germé dans mon esprit.
Une idée.
Je n’ai pas su à ce moment-là si elle était ambitieuse ou folle. L’avenir allait me le dire. J’ai saisi très rapidement tous les ouvrages que j’avais pris soin de collectionner, j’en ai fait une longue liste que j’ai joint à un curriculum vitae puis j’ai envoyé le tout au Centre National des Etudes. Je ne répèterai jamais assez qu’il s’agissait des journées les plus longues de ma vie ou il me faudrait plus que ce journal de fortune pour les décrire. Au bout d’une semaine, peut-être un peu plus, je reçois une réponse. Tout me laissait à croire que je n’aurais jamais gain de cause mais la personne chargée de la lecture des courriels s’est faite clémente à la vue de ma demande. Parmi toutes les phrases éparpillées dans la réponse, un seul élément a retenu mon attention :
« Remise du projet de recherche au 31 Décembre 2049 »
J’ai reçu cette réponse le 13 Septembre.
J’ai réfléchi quelques instants.
Puis j’en suis arrivé à cette conclusion :
Cette idée, c’est l’ambition ou la folie.
Seul l’avenir me le dira.
Définitivement - et comme si ça allait te surprendre - j'adore ta plume. Tu nous plonges bien dans ton univers en quelques lignes, et même si c'est un univers angoissant, avouons-le, on se trouve tout de même happé.
Juste, une remarque : pas de majuscule au mois ! ce sont des noms propres (je ne l'avais pas remarqué à la première lecture, tu vois !)