16. Faucheur qui roule...

Par Neila

— Tu devrais attacher ta ceinture.

— On est des faucheurs, c’est pas un accident de voiture qui va nous tuer.

J’ai reporté mon regard sur la route, histoire de ne pas tester cette hypothèse. Lancés à bord de notre 205 volée, on avait laissé Suez derrière nous pour s’engager sur la 50, aussi déserte que le paysage aride et rocailleux du Sinaï, direction Israël. Le plan était d’abandonner la voiture une fois arrivé à la frontière, de se rendre invisible pour traverser au nez et à la barbe des agents de la douane, puis de dénicher un nouveau véhicule. En attendant de tomber sur un aéroport.

La perspective de prendre l’avion m’inquiétait un peu. D’après Sacha, les systèmes de l’appareil étaient aussi susceptibles de se détraquer en notre présence que les postes de radio, les télés et les téléphones. L’anecdote de son dernier vol, tandis qu’elle traquait Sam à travers l’Europe, n’était pas pour me rassurer. Elle avait dû user de ses pouvoirs pour éviter les problèmes et le pilote s’était retrouvé à naviguer à vue en pleine nuit, toutes communications coupées. Il s’en était fallu de peu qu’ils entrent en collision avec un autre avion. Mais c’était ça ou rouler à travers la moitié de l’Asie en semant des voitures volées derrière nous. Je me laissais jusqu’à l’aéroport pour décider ce qui me tentait le plus : le potentiel crash en avion ou le road-trip de deux semaines. Une chose était sûre, dans un cas comme dans l’autre, je ne serai pas revenu à temps pour l’école.

Il fallait que j’appelle mon père. De préférence avant que le collège ne s’en charge. Apprendre que je manquais les cours ne le ferait pas tomber de sa chaise – il s'imaginerait que je ne m’étais pas réveillé. Rentrer et découvrir l’appartement vide, en revanche, ça risquait de le mettre dans tous ses états. Je sais ce que vous vous dites : « Gros zozo, tu pensais sérieusement régler cette affaire de Chevalier noir en deux jours ? ». Probablement pas, mais comme, apparemment, les faucheurs pouvaient se déplacer d’un bout à l’autre de leur territoire en un clin d’œil, j’avais espéré qu’on trouverait une façon de se téléporter en Afrique. Là, on aurait passé un coup de fil à nos petits camarades en utilisant la ligne perso du Baron, on leur aurait donné rendez-vous, disons, pour le week-end prochain, puis on serait rentrés à Florence prendre le goûter. J’avais peut-être sous-estimé l’ampleur de la tâche et les dangers qui nous attendaient. L’allée retour express que j’avais imaginé s’était transformé en tour du monde de l’enfer. Et je n’avais même pas de slips de rechange. Bravo Enzo.

Pendant que je me creusais la cervelle sur mes problèmes de sous-vêtements et sur ce que j’allais bien pouvoir raconter à mon père, Sacha s’énervait sur le poste de radio. Elle cherchait de la musique, sûrement pour couvrir la voix d’Hervé qui avait décidé de pousser la chansonnette – ambiance Louis XIV garantie. Les rares stations qu’on captait ne semblaient pas trouver grâce aux oreilles de Sacha. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer qu’elle non plus n’avait pas emporté de sac à dos… Peut-être qu’elle stockait ses vêtements et sa brosse à dents dans la poche sans fond de son manteau de faucheur ?

— Quoi encore ? a-t-elle lâché.

— Hein ?

— T’es nerveux et ça m’énerve. C’est la ceinture qui te met dans cet état ? T’as été agent de la sécurité routière dans une autre vie ou quoi ?

— Euh, non. Enfin, j’en sais rien, mais… je pensais à mon père.

J’ai préféré garder mes préoccupations sous-vestimentaires pour moi.

— Il sera de retour demain et j’ai aucune idée de ce que je vais bien pouvoir lui dire.

Sacha m’a jeté un coup d’œil, sans cesser de bidouiller la radio.

— Dans ce cas là, dis rien.

Ça m’a donné la nausée. Derrière nous, Hervé continuait de roucouler, une main en l’air, qui mimait les modulations de sa voix.

— Nan, je peux pas lui faire ça, ai-je dit. Il serait mort d’inquiétude.

Elle est restée silencieuse, le regard obstinément fixé sur le poste. Les grésillements ont fait place à un homme qui parlait à toute allure en arabe, peut-être une chaîne info.

— Tu leur as dit quoi, toi, à tes parents ?

La route qu’on suivait ne comptait pas de lampadaires, les seules sources de lumière étaient les voyants du tableau de bord et l’écran de la radio : impossible, donc, de lire l’expression de Sacha, mais son doigt s’est figé au-dessus du bouton alors qu’elle s’apprêtait à changer de station. Il s’est bien écoulé deux secondes avant qu’elle le presse et réponde, d’un ton aussi sec que le désert :

— Rien.

Mon instinct me soufflait de ne pas poursuivre dans cette direction. J’avais beau tenir le volant, ça n’empêcherait pas Sacha de me coller une châtaigne. D’un autre côté, maintenant que le sujet était sur le tapis, une tonne de questions se bousculaient dans ma tête. Sacha avait dit avoir passé des mois à me courir après – enfin, à courir après Sam. Même en utilisant les transports fantômes, je l’imaginais mal être de retour chez elle tous les matins pour prendre le petit-déjeuner avec sa famille… Est-ce qu’elle avait fugué ? Mis les voiles sans rien dire à personne ?

C’était plus fort que moi. Malgré la châtaigne qui me pendait au nez, j’ai insisté.

— Mais… ils risquent pas de s’inquiéter ?

Sacha a laissé échapper un rire, qui n’avait rien de joyeux.

— Je pense pas, nan.

Mon cœur s’est serré. Soit ses parents étaient morts – absents ? disparus ? – soit ils n’en avaient rien à faire de leur fille. Je ne savais pas ce qui était le pire. Sacha a asséné son poing, non pas sur mon pif mais sur la radio, puis a aboyé à l’adresse d’Hervé :

— Tu veux pas la boucler un peu !

Ce dernier a sursauté si fort qu’il s’est retrouvé dans le coffre. Les phares et les voyants de la voiture ont clignoté et j’ai senti les pneus déraper sur l’accotement. J’ai redressé avant qu’on parte dans le décor.

— Mi… mille excuses, a bafouillé Hervé, devenu invisible.

Sa honte et sa frayeur mêlées nous traversaient comme des lames de glace. Hervé avait beau être du genre à bondir en apercevant son ombre, l’idée qu’il puisse avoir peur de nous, même une micro seconde, m’a attristé. Sacha s’est tassée tout au fond de son siège, a ramené ses genoux contre sa poitrine et rabattu son keffieh sur sa tête.

— J’suis crevée, a-t-elle marmonné. J’ai besoin de faire un somme.

— Okay…

Mon cœur est resté froissé comme une boule de papier. J’ai eu envie de m’excuser – je n’aurais pas dû insister – mais le silence m’a paru préférable. La radio s’était éteinte. La présence d’Hervé était à peine perceptible. Recroquevillée contre la portière de la voiture, Sacha a ajouté tout bas :

— Je veux pas te déprimer, mais la vie de faucheur, c’est pas compatible avec une vie de famille.

Après ça, elle n’a plus rien dit. Les yeux fixés sur le tronçon de route éclairé par le halo des phares, je me suis soudain senti très seul, derrière mon volant, perdu dans l’immensité obscure du désert.


 

Sacha et Hervé ont tous les deux réémergé une heure plus tard, alors qu’on traversait la petite ville de Nekhel. Les premiers mots de Sacha ont été :

— Arrête-toi, faut que j’aille pisser.

Hervé a paru extrêmement choqué. Ce n’était sûrement pas le genre de terme qu’employaient les dames du seizième siècle. Je me suis garé à la sortie de la ville, sur le parking d’une station essence ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On a tous les deux filé aux toilettes, qui réussissaient l’exploit d’être plus crasseuses et puantes que celles du collège.

Sorti le premier, j’en ai profité pour me dérouiller les jambes en faisant quelques pas devant la boutique de la station. Il n’était même pas minuit, mais j’étais épuisé. J’avais encore mal au crâne et des douleurs fantômes un peu partout dans le corps. Le coup de khépesh d’Azraël m’avait laissé une magnifique zébrure violette en travers de la poitrine. J’aurais sans doute dû demander à Sacha de prendre le volant, mais je n’étais pas sûre qu’elle sache conduire, et puis elle n’était pas en bien meilleure forme. Ses mains étaient toujours bleues, comme si un camion leur était passé dessus.

J’ai tiré mon Nokia de ma poche. Mon père avait essayé de me joindre deux fois, ainsi que mes grands-parents. La batterie n’affichait plus qu’une barre. Évidemment, je n’avais pas pensé à emmener le chargeur. Autre réalisation : est-ce que j’allais pouvoir appeler depuis l’étranger ? Dieu bénisse mon opérateur R mobile et ses velléités de conquête du monde : le téléphone avait du réseau, même ici. J’ai pris une profonde inspiration, puis lancé l’appel en serrant les fesses. Ce hors forfait allait nous coûter une fortune, mais c’était un cas de force majeur.

J’ai attendu, compté les bips. Finalement, j’ai atterri sur le répondeur.

— Hey, salut p’pa ! Euh, tu dois être au lit. Je me rends compte qu’il est tard. Enfin bon… J’appelais juste pour te donner des nouvelles, te dire que, euh…

Ma voix s’est éteinte. J’avais le cœur lourd. Je voulais tout lui raconter. Mon père avait toujours été une crème avec moi, il ne m’avait jamais pris pour un cinglé, malgré les choses bizarres que je pouvais dire ou faire. Quand j’étais tout gamin et que je pointais du doigt un fantôme au détour d’une ruelle, il lui faisait coucou. Mais lui annoncer que j’étais la réincarnation de la Grande Faucheuse et que j’avais dû partir à l’autre bout du monde pour trouver le moyen de vaincre un chevalier maléfique, ça risquait de le convaincre que j’avais bel et bien fondu un fusible.

Je ne pouvais pas lui dire toute la vérité, mais je pouvais peut-être lui en dire une partie ? Les mots sont sortis tout seuls.

— Je me suis fait une amie. C’est tout récent, mais, euh… elle a besoin d’un coup de main. Pour un truc. Alors… je vais passer la nuit chez elle lundi. Peut-être même la semaine.

J’ai grimacé. Je savais qu’il n’allait pas aimer ce dernier point.

— Je suis désolé, j’aurais voulu te demander la permission d’abord, mais c’est vraiment compliqué. Et important. Je peux pas tout t’expliquer au téléphone, mais je le ferai quand je rentrerai. Par contre, j’ai presque plus de batterie alors… t’inquiète pas si je réponds pas.

J’ai failli conclure par « je t’aime ». Ces dernières vingt-quatre heures, j’avais frôlé la mort un paquet de fois, qui savait si j’aurais l’occasion de rentrer et de le retrouver. Mais ni mon père ni moi n’étions des habitués des grandes déclarations d’amour, alors je me suis ravisé. Ça l’aurait inquiété plus qu’autre chose.

— Sois prudent sur la route. Ciao.

J’ai raccroché. L’espace de quelques secondes, j’ai continué à fixer le téléphone, espérant et redoutant qu’il me rappelle. Une vague de chagrin mêlé d’affection est venue m’envelopper comme une couverture. J’ai relevé les yeux vers Hervé, qui m’observait, debout près de la voiture, particulièrement déplacé dans ce décor de station essence sur fond de désert. Il m’a souri tristement.

— Tu es vraiment un bon fils.

— Pas tellement, ai-je répondu en m’ébouriffant les cheveux. À cause de moi, il va se faire du mouron, c’est sûr.

— S’il savait quelles nobles actions tu entreprends, il serait empli de fierté ! a assuré Hervé en tapant sa canne sur le sol.

J’ai lâché un demi-sourire et me suis retourné pour balayer le parking du regard.

— Où est Sacha ?

— Hum… en train de dévaliser cette échoppe, il me semble, a-t-il répondu en désignant la boutique.

Effectivement, je l’ai aperçue de l’autre côté des vitres, qui passait entre les rayons. Elle avait revêtu son manteau de faucheur sous lequel disparaissaient snacks et sandwich. Ma conscience a grimacé, mon estomac a gargouillé. Le type accoudé derrière la caisse tendait le cou vers le fond du magasin. J’ai décidé d’entrer pour faire diversion.

Une odeur d’épice flottait dans l’air. Les haut-parleurs diffusaient de la musique du Moyen-Orient. Les petits yeux du caissier se sont aussitôt posés sur moi, avant de dévier vers le parking. J’ai commencé à flâner devant les rayons, le plus loin possible de Sacha. Je sentais le regard du type sur ma nuque. Mon attention a été attirée par les câbles qui pendaient sous les essuie-glace et les bouteilles de liquide de refroidissement. Il y avait des chargeurs de téléphones et des convertisseurs de prise à brancher sur l’allume-cigare. La veine ! J’ai dégainé mon portable et cherché le chargeur qui convenait.

Mon enthousiasme s’est dilué quand je me suis présenté à la caisse. Je n’avais que des euros bien sûr, et une pièce de dix lires qui avait échappé au changement de monnaie du début d’année. J’ai tenté le coup, accompagné d’un sourire. Ça n’a pas ému le caissier. Il m’a dévisagé, l’air de se demander si je me payais sa tête – à défaut de pouvoir me payer autre chose – puis il m’a aboyé dessus façon Sacha. J’ai décampé à la Hervé et suis allé me cacher derrière le volant de la voiture. Sacha m’a rejoint quelques secondes plus tard. J’ai démarré sans traîner, avant que mon nouveau copain ne vienne enquêter par ici.

— C’était quoi, ce numéro ? a-t-elle lâché, tout en déversant sandwichs, paquets de chips, gâteaux et barres chocolatées sous le pare-brise.

— J’essayais de faire diversion. Pour pas qu’il te remarque.

Elle a pouffé, dévissé le bouchon d’une bouteille de Coca et allongé les jambes au milieu de son butin.

— Et qu’est-ce que tu crois qu’il aurait fait ? À part mouiller son slip.

— Disons que j’essayais d’épargner son slip alors.

Sacha a continué à scruter mon profil, comme si elle s'efforçait de lire dans mes pensées. Elle a reniflé et tiré deux paquets de sa poche, qu’elle a tendus sous mon nez : une prise allume-cigare et un chargeur de téléphone portable.

— Oh !

— C’est bien ça que tu voulais ?

— Ouais, merci !

En fait, derrière ses airs de fille qui s’en fiche, Sacha pouvait se montrer plutôt attentionnée.

— Pas la peine d’en faire un plat, c’est rien qu’un chargeur.

— D’accord. Mais, euh… tu peux ouvrir le paquet ?

— T’es vraiment un assisté.


 

La bonne ambiance a fait son retour. Chaque fois que je demandais à Sacha de me déballer quelque chose à manger, elle en profitait pour me le coller dans le nez. Pendant qu’on se gavait de sandwichs halal et de chocolat, Hervé nous racontait comment Sam et lui étaient devenus amis. Apparemment, les esprits errants de la noblesse française avaient organisé un bal en mon honneur, avec décapitation à la clé : ma décapitation. Hervé, qui ne partageait pas les idées révolutionnaires de ses compères, était venu m’avertir du traquenard.

— Quand je te dis qu’il faut se méfier des esprits, a commenté Sacha, la bouche pleine de chips.

J’ai eu peur que ses propos ne vexent Hervé. À ma grande surprise, il était de son avis.

— Dame Sacha n'a point tord. Nombre d’esprits préfèrent errer dans le monde des vivants, au risque d’y perdre la raison, plutôt que rejoindre le grand inconnu qu’est l’au-delà. De fait, ils redoutent les faucheurs comme la mort.

— Mais toi, pas, ai-je fait remarquer.

Il a agité la main, comme pour démentir mes propos. Pour la première fois, je me suis demandé…

— Hervé… qu’est-ce qui te retient dans le monde des vivants ?

Les crouk crouk et crac crac se sont suspendus du côté de Sacha. J’ai levé les yeux vers le rétro, où se reflétait le visage pâle et fermé d’Hervé.

— Euh, je veux pas que tu t’en ailles, hein ! ai-je ajouté, réalisant que ma curiosité aurait pu passer pour du zèle.

Hervé m’a adressé un sourire un peu triste.

— Ne te tracasse point, la question est légitime. Hélas, j’ignore la réponse… Bien sûr, tous les esprits errants prétendent de même, mais je vous prie de bien vouloir me croire. Sam et moi en avons beaucoup discuté, il a tenté de m’aider à trouver le repos à maintes reprises – je ne demande pas mieux, soyez-en sûr ! – malheureusement, jusqu’à hui, rien n’a fonctionné.

C’était sûrement mon rôle de lui assurer qu’on trouverait la solution mais, en toute honnêteté, je n’avais pas du tout envie de faire mon travail. Être aussi attaché à lui, après seulement trois jours, ça pouvait sembler étrange. Sauf qu’en y réfléchissant, lui et moi, on se connaissait déjà dans une autre vie. J’avais beau ne pas m’en souvenir, les sentiments, eux, étaient bien là.

J’ai gardé le silence. Mes yeux passaient du rétro à la route quand une silhouette blanche a surgi dans le halo des phares.

— Attention ! a crié Sacha.

Envoyant valser ma barre de céréale, j’ai repris le volant à deux mains et fait un écart brutal avant d’appuyer sur le frein. La voiture a dérapé dans un crissement de pneu. Sacha et nos snacks ont été projetés contre la portière passager, puis sont revenus s’écraser sur moi tandis que le véhicule s’immobilisait dans une ultime secousse.

Le sang battant aux oreilles, je suis resté tétanisé, les mains crispées sur le volant pendant que Sacha vomissait toutes les insultes de son répertoire.

— Machine du diable ! a beuglé Hervé.

Les ballottements de la voiture n’avaient pas d’emprise sur lui, mais il me semblait l’avoir vu se jeter sur la banquette pour faire comme si.

— Ce genre d’incident n’arriverait point avec un bon destrier !

Précipitant au sol les emballages de sandwichs et de gâteaux qui avaient enseveli mes genoux, je me suis redressé pour balayer la route du regard. Elle était déserte, comme les alentours.

— J’ai pas rêvé, il y avait quelqu’un ?

La lumière des phares a vacillé, la radio s’est allumée sur une chanson qui devait dater des années 90 et une langue de froid m’a léché la nuque.

— Nan, pas quelqu’un, a rectifié Sacha, et elle est passée en mode faucheur.

J’ai senti la présence se couler dans mon dos, aussi, je n’ai pas sursauté en découvrant la femme plantée derrière la vitre. Ses vêtements – un voile, une tunique et une longue jupe – étaient entièrement blancs et couverts de poussière. On aurait dit qu’elle s’était roulée dans le sable, ou qu’elle marchait à travers le désert depuis des kilomètres. Les orbites creuses, le regard éteint, elle me fixait sans ciller. Hervé a couiné. Sacha a levé son revolver et je me suis tassé au fond de mon siège pour ne pas rester dans sa ligne de mire.

— Vous croyez que c’est le Chevalier qui l’envoie ? ai-je glissé.

— Hum… a grommelé Sacha. Je sens pas d’autres esprits aux alentours. Ça fait maigre pour une embuscade, mais c’est peut-être juste une distraction…

Bien que la femme ne soit pas menaçante, Sacha avait raison. Avec sa capacité à échapper à nos radars, le Chevalier pouvait débarquer à n’importe quel moment. Je suis resté sur mes gardes.

— S’il vous plaît, a dit la femme d’une voix aussi apathique que son regard.

J’ai descendu la vitre, par politesse. Si elle voulait nous tuer, ce n’était pas ça qui l’arrêterait.

— S’il vous plaît, emmenez-moi. Je dois aller à la frontière.

— C’est une dame blanche ! a soufflé Hervé, recroquevillé entre Sacha et moi.

— Oh. Une auto-stoppeuse fantôme ? Qu’est-ce qu’on fait ? On la prend ?

— Oui ! a fait Hervé.

— Non, a fait Sacha.

— S’il vous plaît, a répété la femme, comme un disque rayé. Je dois aller à la frontière. Je dois retrouver mes enfants.

Malgré son absence totale d’expression, elle irradiait la terreur et le chagrin. Je doutais de plus en plus qu’elle ait un quelconque lien avec le Chevalier : elle ne semblait pas consciente de son état. Je ne la voyais pas obéir à des ordres.

— Si nous n’accédons pas à sa requête, elle va attirer le malheur sur nous, a dit Hervé à voix basse.

— Nan, c’est si on la prend qu’elle va nous mettre dans la merde, a objecté Sacha.

— Hum… les deux cas de figure sont possibles, à vrai dire.

On était bien avancé. Sur la route, l’esprit attendait, pas vexé pour deux sous par nos messes basses pas si basses ou par l’arme pointée sur elle.

— On trace, a insisté Sacha. On a pas de temps à perdre avec ces conneries.

— Mais… ai-je commencé, on y va, à la frontière. Ça nous ferait pas perdre de temps du tout.

Même dans le noir, j’ai capté le regard.

— En plus, c’est pas notre travail ? ai-je insisté. S’occuper des esprits errants ? On va pas la laisser là, comme ça ?

— En théorie, on devrait la faucher – elle est déjà bien mûre – mais ça risquerait de nous faire repérer.

— Déposons-la alors. Si ça se trouve, c’est ce qui la retient dans le monde des vivants. Elle a peut-être juste besoin qu’on l’emmène à destination.

Sacha m’a donné un coup de crosse sur la tête.

— Aïe !

— C’est un mauvais esprit, gros nigaud ! C’est déjà fichu pour elle.

Hervé a marqué son approbation d’un toussotement. C’était peut-être stupide, mais je n’arrivais pas à me faire une raison. En plus, cet esprit-là ne me paraissait pas si dangereux. Je ne détectais aucune soif de meurtre ou de vengeance, juste un besoin viscéral d’atteindre sa destination.

— Comment tu peux en être si sûre ? ai-je demandé tout en massant la bosse qui me poussait sur la tête. T’as déjà essayé d’aider un mauvais esprit ?

Sacha a ouvert la bouche, puis l’a refermée. J’ai cru qu’elle allait me donner un nouveau coup de crosse, au lieu de quoi elle a croisé les bras et s’est laissée retomber au fond de son siège en jurant. Je me suis tourné vers la dame, tout sourire :

— On vous dépose.

— J’te préviens, a grondé Sacha, si c’est un piège et qu’on se fait tuer, j’te tue.

— Ça me va.


 

La présence de la dame blanche a jeté un froid, dans tous les sens du terme. Assise sur la banquette arrière, droite comme un i, elle gardait le visage tourné vers l’obscurité insondable du désert. Hervé se tenait le plus loin possible d’elle – un peu plus et il serait sur la route – et Sacha continuait de bouder, ne lâchant l’esprit des yeux que pour me lancer des regards assassins ou appuyer rageusement sur le bouton de la radio. Celle-ci n’arrêtait pas de s’allumer, passant toute seule d’une station à l’autre. Le coup classique.

J’ai attendu, espérant que notre passagère finirait par s’ouvrir, nous donnerait plus d’information sur les circonstances de sa mort ou ce qui la retenait ici, mais, pardonnez-moi le jeu de mots, elle était muette comme une tombe. La radio indiquait onze heures cinquante-cinq quand je me suis décidé à prendre les devants.

— Alors, comme ça, vous voulez passer la frontière ?

J’avais réorienté le rétro central pour la surveiller. L’absence de réaction était totale.

— D’où vous venez ?

Toujours rien. Sacha a roulé des yeux.

— Tu te fatigues pour rien.

— Les dames blanches ne sont guère loquaces, a ajouté Hervé.

Lentement, très lentement, elle a tourné la tête vers lui. Hervé s’est crispé mais, en parfait gentleman, a tenté un sourire et ôté son chapeau à plume pour la saluer. Croiser un duc français du seizième siècle en plein Sinaï devait être au-delà de ce qu’elle pouvait intégrer, car elle a battu des cils et elle est retournée à sa contemplation du vide. La radio continuait de chanter. Je ne m’avouais pas vaincu.

— Vos enfants… vous deviez les retrouver à la frontière ?

Cette fois, j’ai fait mouche.

— Mes enfants, a-t-elle répété d’une voix lointaine. Mes petites filles… Ils les ont prises.

Mes entrailles se sont nouées si fort que j’en ai eu la nausée. L’exaspération de Sacha s’est momentanément envolée. Je n’avais pas envie d’entendre la suite. J’avais l’intuition que cette femme avait vécu des atrocités sans nom : le genre de chose dont des gamins de nos âges ne devraient même pas connaître l’existence. Mais il fallait bien que quelqu’un l’entende. Il fallait que quelqu’un sache.

— Qui les a prises ? ai-je péniblement articulé.

Le regard de la dame a pivoté vers le rétro et s’est planté dans le mien. Ses yeux se sont écarquillés, comme si elle prenait soudain conscience de où et avec qui elle se trouvait.

Ça approche, a-t-elle soufflé, et sa voix s’était faite rocailleuse, grave.

— Quoi ?

Sa main a jailli et s’est refermée sur mon épaule. Hervé a gémi, Sacha a brandi son revolver.

La vie. La mort devra remplacer la vie.

L’horloge digitale est passée à « 00 : 00 » : l’esprit a ouvert la bouche en grand et poussé un hurlement à déchirer les tympans. On aurait dit le croisement entre une alarme incendie et le grondement d’un chat possédé par le diable. Avant d’avoir pu m’en empêcher, j’ai lâché le volant et plaqué mes mains sur mes oreilles. Bien sûr, la dame avait attendu que nous abordions un virage pour nous faire profiter de sa belle voix.

La 205 a quitté la route à pleine vitesse et dévalé la pente en cahotant. La tête entre les bras, je me suis cogné contre la portière, contre le volant, contre Sacha, le souffle coupé par la ceinture de sécurité. La gravité s’est inversée, les paquets de gâteaux, de sandwichs et de chips ont décollé et m’ont bombardé comme une pluie de grêlons. Sur le coup, je n’ai pas réalisé que la voiture était partie en tonneau.

Je ne sais pas trop combien de tours nous avons faits. Un moment donné, quelque chose de plus lourd que le reste m’a tamponné le crâne et j’ai dû perdre connaissance, car je ne me souviens pas avoir senti la voiture s’immobiliser. Sans transition, j’étais assis la tête en bas, les bras ballants dans le mauvais sens.

Des diodes de lumière dansaient devant mes yeux, clignotaient dans le noir. J’ai voulu inspirer à plein poumon, mais une douleur aiguë m’a traversé la poitrine, comme un coup de poignard entre les côtes. La ceinture me retenait pendu à mon siège en me cisaillant la gorge.

Poussant sur un bras, tirant sur la ceinture, j’ai dégluti, battu des cils et tourné la tête. Une silhouette était étendue en travers du plafond, sous la banquette arrière.

— Sa… cha… !

Mes cordes vocales ont vibré, mais mes conduits auditifs étaient comme remplis de coton. Je n’entendais rien, en dehors de mon cœur qui jouait de la grosse caisse et de mes tympans qui sifflaient à n’en plus finir. À tâtons, j’ai trouvé l’attache de la ceinture de sécurité et pressé le bouton pour me libérer. Je suis tombé comme une masse, cul par-dessus tête. Un nouvel éclair de douleur a traversé ma cage thoracique, puis mes jambes ont vacillé sur le côté et j'ai fini couché sur le flanc.

Il m’a fallu quelques secondes pour retrouver mes esprits et mon souffle. Je devais avoir une ou deux côtes cassées, peut-être pire, mais c’était sans importance. La seule chose qui m’inquiétait, c’était l’état de Sacha. J’ai tourné la tête et aperçu sa tresse qui reposait sur le ciel de toit comme un serpent mort. Dans un effort, j’ai tendu le bras jusqu’à elle, pris une inspiration douloureuse et appelé :

— Sacha…

Pas de réponse.

— Hervé… !

J’avais voulu crier, mais ma voix semblait réduite à un gémissement. Sacha ne réagissait pas. Hervé avait disparu. J’étais seul.

Ravalant une bouffée de panique, j’ai roulé sur le dos et regardé autour de moi. Mon Nokia pendait au bout de son chargeur. Les secours. Il fallait que j’appelle les secours. J’ai débranché le téléphone.

Bouger n’était peut-être pas la chose à faire, mais mon cerveau n’était plus capable de former des pensées complexes. Les mêmes idées tournaient en boucle, viscérales, obsédantes : Sacha ; quitter la voiture ; appeler les secours ; Sacha… Mon corps était passé sur pilote automatique. J’ai rebasculé sur le ventre et poussé contre la vitre transformée en mosaïque d’éclats de verre. Ma paume s’est enfoncée.

Le téléphone serré dans mon poing, j’ai rampé à travers la fenêtre. Elle n’a pas opposé plus de résistance qu’un filme plastique. Arrivé à l’air libre, je me suis levé en titubant. Ma tête bourdonnait comme un essaim d’abeilles et mes genoux s’entrechoquaient. La voiture gisait sur le dos, un unique phare encore allumé, sa carcasse fumante. Je me suis jeté sur la portière arrière pour tenter de l’ouvrir. Coincée. Sans que j’y pense, ma faux s’est matérialisée dans mes mains.

J’avais oublié le Chevalier, oublié les mauvais esprits et tout le reste : tout ce qui importait, c’était sortir Sacha de là. J’étais si concentré sur la tâche que je n’ai même pas réalisé avoir fait apparaître mon arme sans revêtir mon manteau. J’ai découpé la porte comme une vulgaire feuille de papier alu et elle est tombée dans le sable avec un bruit mat. Renvoyant la faux au néant, j’ai plongé dans l’habitacle pour en extraire Sacha.

Il aurait mieux valu laisser les professionnels s’en charger, mais nous étions sur une route déserte, en pleine nuit. Qui savait combien de temps les secours mettraient à arriver. La voiture exhalait de gros panaches de fumée. Il me semblait important de nous en éloigner.

J’ai tiré Sacha à l’écart et me suis agenouillé au-dessus d’elle. C’était ma faute. J’avais lâché le volant. J’avais insisté pour emmener l’esprit. La voix et les gestes fébriles, je l’ai appelée, palpée. Dieu merci, son cœur battait et sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration. Son visage et ses cheveux étaient poisseux : couverts de sang.

— Ça… ça va aller, ai-je bégayé, sans trop savoir qui j’essayais de convaincre.

J’ai repris le téléphone que j’avais fourré dans ma poche et me suis figé, les yeux sur l’écran. Je ne connaissais pas les numéros d’urgence égyptiens.

J’ai tenté le 112, au cas où : rien. La bile m’est remontée dans la gorge et mon cœur s’est mis à cogner encore plus fort contre mes côtes endolories. Qu’est-ce que je devais faire ?

J’étais un faucheur, j’avais tous ces pouvoirs incroyables, je pouvais affronter des cavaliers sans tête, des squelettes et des trains fantôme sans sourciller, mais un banal accident de la route ma laissait démuni. Plus que tout, c’était la vision de Sacha, couverte de sang, inanimée, qui me donnait la sensation de me noyer dans un océan de glace. Malgré nos capacités de guérison accélérée, elle ne se réveillait pas.

Et si elle mourait… ? D’accord, elle se réincarnerait, mais ce ne serait plus vraiment Sacha, non ? Elle disparaîtrait, comme Sam, et je me retrouverais seul avec ces pouvoirs et cette mission qui me dépassaient. Seul face au Chevalier noir.

Non, Sacha ne va pas mourir comme ça, ai-je objecté. Et puis tu peux aussi compter sur Hervé.

En désespoir de cause, j’ai essayé des numéros au hasard – 110, 120, 130… J’envisageais de la prendre sur mon dos, passer en mode faucheur et déployer toutes mes forces pour courir jusqu’à Nekhel quand le miracle s’est produit.

Des lumières sont apparues sur l’horizon noir. Des phares de voiture.

J’ai gravi le talus que nous avions dévalé et me suis précipité au milieu de la route. Les élancements qui traversaient mes côtes m’ont vite passé l’envie de sautiller en agitant les bras. Je me suis contenté de tendre mon téléphone, écran allumé.

Accompagnés d’un ronronnement de moteur, les spots de lumière se sont rapprochés, jusqu’à m’engloutir. J’ai détourné le regard, aveuglé, priant pour que le conducteur m’ait remarqué à temps. Les pneus ont crissé. Des portières ont claqué. J’ai relevé la tête vers les deux silhouettes que je distinguais péniblement derrière la lueur des pleins phares.

— À l’aide !

J’ai pointé le doigt dans la direction de la carcasse fumante de la 205, tout en contournant le véhicule des nouveaux arrivants.

— On a eu un accident, mon amie est…

— ’Abaq hayth ’anat ! a aboyé une voix d’homme.

Il n’avait pas l’air de bonne humeur. C’est là que j’ai remarqué les armes automatiques braquées sur moi, ainsi que les uniformes. Un mot s’étalait en gros sur leur gilet pare-balles et leur casquette, reconnaissable d’où qu’on vienne : « Police ».

Finalement, même lorsque le destin m’accordait une faveur, il s’arrangeait pour l’enrober d’une couche de complications.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
BeuldesBois
Posté le 12/03/2023
Team optimiste, je pensais comme Enzo que c'était une bonne idée de prendre l’autostoppeuse avec eux. Enfin, ça dépend ce qu'on cherche, si c'est l'aventure, c'est pari gagné xD.

Je rigole, je rigole, mais je m'inquiète quand même pour Sachatouille. Ce serait bête qu'elle meurt et qu'elle reboote alors que c'est l'un des seuls alliés capables de guider Enzo. (Mais que ce serait absurde, du coup xDD) Bon, comme il me semble que Baba Yaga est citée dans les chapitres suivant, je pense que Sacha survie, puisque c'était sa volonté à elle d'y aller. Mais je reste alerte, mdr.

Parlant de la Yaga...
C'est en réalisant que je n'avais pas lu de passage sur elle encore que je me suis rendue compte...... que je n'avais pas lu tout ce qui est en ligne encore ! Parce que je l'attends cette rencontre, j'ai hâte !
Quel bouquetin, pt*in. J'étais persuadé d'avoir tout lu, alors qu'il me reste vla les chapitres, je ne sais pas d'où je sors ça, je suis vraiment à côté de mon cerveau. Et depuis un certain temps. Je pense qu'il n'y a plus de retour possible, c'est mon état éternel maintenant.

Merci pour ces souvenirs en 205 avec ma mère folle du volant aux commandes <3 (Enfin... sans accident je veux dire.) Tout droit projetée en enfance.

Juste une petit chose pour le vocabulaire, tu dis plusieurs fois que Sacha est sur le toit de la voiture, après l'accident. Du coup je la voyait à l'extérieur, mais comme la voiture était retournée, c'était une géométrie un peu complexe dans ma tête ? Peut-être plutôt parler de plafond, ou de ciel de toit ? (Même si c'est plus le revêtement que la carrosserie en elle-même ça, mais si ça évite des répétitions, je sais pas x'))

Je file sur la suite hihihi gros bisous mon Demi <3 !
Neila
Posté le 16/03/2023
Beulou. <3 C’est toujours un petit bonheur de se réveiller et trouver un de tes commentaires. Je m’y attends jamais. xD
Toi et ton indécrottable optimisme ! Mais oui, Enzo cherchait l’aventure, c’était ça.
Faut pas t’inquiéter, c’est encore trop tôt pour tuer des perso. :p Puis ce serait vraiment con, comme façon de mourir, ouais. Surprenant, c’est sûr, mais un peu naze. Je cherche pas à révolutionner le genre, je laisse ça à d’autres.
Pas la peine d’en venir aux bouquetins, voyons. XD ça arrive à tout le monde. Pis c’est pas plus mal, comme ça t’as plein de chapitres en réserves (ou t’aurais peut-être préféré ne pas avoir autant de chapitres en réserves ? Ça peut devenir encore plus dur de s’y remettre quand y a beaucoup à lire). Ton cerveau va très bien, voyons. Sois gentille avec lui. è.é
Ben de rien pour le souvenir ! (je vois tellement ta mère foncer comme une dingue dans une 205, mdr)
Lol. Oui, Sacha a glissé par la fenêtre et roulé sur le toit ! J’ai rectifié ce choix de mot. Plafond, t’as raison, c’est plus approprié. Et ciel de toit, je connaissais même pas, mais ça semble approprié qu’Enzo utilise un vocabulaire précis en ce qui concerne les voitures. Heureusement, Beul la mécano est là. <3 J’te jure, je sais pas ce qui m’a pris de décidé que le narrateur serait mécano, j’y connais tellement rien en voiture… je me suis tiré une balle dans le pied. x’D
J’espère que la suite de l’aventure te fera passer un bon moment. Te sens pas obligée de t’arrêter pour laisser des com, hein. Si t’as pas le temps, ou juste rien de particulier à dire, trace ma fille. Après, je songe à envoyer le bousin au concours Gallimard à la fin du moins, donc hésite pas à être sévère et à le dire si y a des trucs qui vont pas. è.é
<3 <3 <3
MichaelLambert
Posté le 12/11/2022
Salut Neila,
A nouveau quel bel équilibre entre calme et action ! J'ai beaucoup aimé ces moments de rapprochements avec Sacha, Hervé et le message à son père. C'est délicat cette manière que tu as de mettre beaucoup d'humanité dans une aventure de fantômes !
J'ai adoré ta manière de construire la surprise de la fin du chapitre : on sent très bien que la décision d'Enzo avec la dame blanche est une mauvaise idée mais comme lui on veut y croire tout en sachant que c'est Sacha qui avait raison.
Au passage, j'ai relevé deux coquilles :
"aux toilettes, qui réussissaient l’exploit d’être plus crasseux et puant que ceux du collège." -> "plus crasseuses et puantes que celles du collège."
"Renvoyant la faux du néant d’où elle venait," -> "renvoyant la faux au néant"
Vivement la suite (et la guérison de Sacha !)
Neila
Posté le 14/11/2022
Re coucou,
Re merci. ^^ C’est important que les personnages tissent des liens, ouais. Pour moi, c’est ce qui fait la saveur des histoires : les personnages et leurs relations, conflits. L’intrigue, c’est juste une excuse. :p
Peut-être qu’un jour, la gentillesse d’Enzo ne se retournera pas contre lui. Lui il y croit, en tout cas.
Encore des coquilles toujours plus de coquilles raah !!
Merci merci !
MichaelLambert
Posté le 14/11/2022
Comme on dit chez moi : on ne fait pas d'omelette sans laisser de coquille ! ;-X
MarineD
Posté le 20/10/2022
Hello ! Ça fait plaisir de retrouver ta plume pleine d'humour après tout ce temps. Comme d'hab, Enzo est un super personnage, j'ai beaucoup aimé le message laissé à son père, tout en simplicité et sincèrité.

Les 2 petits trucs que j'ai noté :

"Hervé a paru extrêmement choqué", j'aurais pensé qu'il s'était fait au langage actuel, même s'il ne l'utilise pas, et il a déjà passé un peu de temps avec Sacha. Je verrais plus un truc qui montre que ça lui plaît pas trop d'entendre ça mais sans forcément être choqué.

"Autre réalisation" le mot réalisation m'a paru assez bizarre dans ce contexte, je l'utiliserais plutôt pour quelque chose de concret (un projet, une oeuvre), mais pas une pensée abstraite au sens tu te rends compte d'un truc.

Va falloir que je me rapelle un peu où ils allaient avec les prochains chapitres que je ne manquerai pas de lire ^^
Neila
Posté le 29/10/2022
Coucou Marine, ça fait plaisir de te retrouver !
Je note tes remarques. Après, dans l'idée, les esprits errants sont pas vraiment capables d'évoluer, ils sont un peu coincés dans leurs états d'esprits et c'est tout le problème. Je précise aussi qu'avant de connaître Sam, Hervé ne traînait qu'avec des morts. Enfin bon. C'est dur d'imaginer comment le fantôme d'un noble du 16e siècle réagirait aujourd'hui. x'D Faudra certainement que je reprenne des trucs.
Ils vont en Sibérie, consulter l'esprit de Baba Yaga en espérant qu'elle pourra leur dire où le Chevalier cache leurs souvenirs. ^^
Merci beaucoup pour ta lecture et pour ton commentaire !
Isapass
Posté le 04/09/2022
Salut Néné ! Quel bonheur de retrouver Enzo, Sacha et Hervé ! J'ai relu le chapitre précédent histoire de me remettre dans le bain. J'ai bien fait parce que juste avant ta pause, il s'était passé pas mal de choses ! Mais finalement, je n'ai eu aucun mal à raccrocher les wagons.
J'avais suggéré dans mon commentaire précédent que ce serait pas mal de faire un petit lien vers le père d'Enzo, à quoi tu m'avais répondu que tu comptais le faire dans ce chapitre. Et en effet, la scène est bien là et elle est nickel : pas de solution miracle pour rassurer le brave homme, Enzo compose comme il peut. Quant à Sacha, les miettes d'info sur son cas donnent plus de questions que de réponses, mais la conversation est touchante et paraît très crédible entre deux ados de cet âge.
J'ai beaucoup aimé la scène de la station service et les fou-rires qui font des petites bulles bienvenues. En effet, depuis quelques chapitres, l'ambiance est devenue plus dramatique : l'ampleur de leur tâche, le manque de confiance entre les faucheurs, les combats, les révélations d'Hervé sur les capacités du Chevalier qui volent les pouvoirs des faucheurs... ça fait beaucoup.
Du coup, l'apparition de la Dame Blanche et le désaccord entre Sacha, Hervé et Enzo (est-ce qu'il faut la prendre en stop ou pas, éternel dilemme) semble encore de l'ordre du grand guignol... jusqu'à l'accident.
Là on est vraiment en plein drame et l'impuissance d'Enzo est palpable et poignante, très bien rendue. Quant à la fin... honnêtement, je m'attendais depuis le début du chapitre à l'arrivée de la police. Je croyais même qu'ils allaient débouler à la station service. Mais évidemment, il fallait que ce soit au pire moment ! La phrase de fin est grandiose, d'ailleurs !

Tout ça pour dire que l'alternance entre action et introspection et les ascenseurs émotionnels sont toujours aussi bien gérés, tels que je m'en souvenais. On ne s'ennuie jamais et malgré la longueur de tes chapitres, j'ai toujours envie de tuer pour avoir la suite (ou au moins de menacer, ne soyons pas si violentes). La forme est nickel, le ton inimitable d'Enzo est toujours présent. Bref, c'est un régal.
A bientôt pour la suite !
Neila
Posté le 09/09/2022
Salut Isa ! C’est moi qui suis heureuse de retrouver tes commentaires. ^w^ (désolée pour la réponse un peu tardive, j’ai trop du mal à me motiver après le boulot... >.<)

T’as relu le chapitre d’avant ? Mais quel courage. xD Tant mieux si tu as pu raccrocher les wagon ! Le risque avec ces grandes pauses en plein milieu de l’histoire c’est que le lecteur oublie des info critiques et soit paumé. V.V
Je suis soulagée que tu valides la scène du coup de fil au père ! J’ai pas l’intention d’opter pour une solution de facilité avec le papa, je trouve que ce serait dommage (et pas crédible). Pis la solitude des faucheurs, c’est un peu le point noir au cœur de l’histoire, mais si je veux qu’on y croit il faut que je montre pourquoi c’est si compliqué pour eux de garder le contact avec des gens « normaux ». è.é
C’est vrai que l’ambiance était devenue lourde. À la base, c’est quand même censé être une histoire rigolote. x’D Mais c’est plus fort que moi, si un moment donné, les protagonistes prennent pas les menaces un peu aux sérieux, y a pas d’enjeux et moi, une histoire sans enjeux, ça me passionne pas des masses. Mais. J’espère ne pas perdre non plus l’humour qui, je crois, fait quand même un peu la saveur des faucheurs. è.é
Bon, je serai vite retombée dans le drame avec l’accident… ^^’ Mais mais ! Le prochain chapitre est plein de gignoleries. Très rassurée en tout cas que l’alternance fonctionne.
Moh, mais merci pour tous ces compliments. <3 Je poste la suite ce weekend, promis.

A bientôt !
LionneBlanche
Posté le 04/09/2022
Coucou, Neila ! Oh la joie en voyant que tu avais publié un nouveau chapitre ce matin ! ^^ Yeah !!!!!! ^^ (je m’inquiète un peu, parfois ^^)
Maintenant j’essaie de m’en remettre… ^^ Je savais que c’était une mauvaise idée le coup de la dame blanche ! Enzo, sérieux ! Ok, aider les esprits, tout ça, mais prendre une dame blanche en stop ! Tout le monde se doute que ça va mal finir ! Elles sont calmes jusqu’à un certain moment ou endroit et puis paf ! Je lui avais dit, en plus, derrière mon pc, qu’il ne fallait pas ! Les personnages ne m’écoutent jamais.
Mais c’est que j’ai vraiment eu la trouille quand elle a crié en plus. ^^ Je te jure, Neila, que je l’ai entendu et que tous les poils de mes bras se sont dressés. (je vis mes lectures avec une certaine facilité, surtout quand c’est bien écrit)
Pf, et Sacha inconsciente maintenant : elle va le démonter… ^^ J’espère pour Enzo qu’elle aura une petite amnésie, parce qu’en plus, il y a des chances pour qu’elle émerge en prison, tout à cause de lui. ^^ Je n’aimerais pas être à sa place…
Accident, deux enfants au volant seuls dans un pays étranger… Si ça se trouve, ils n’ont même pas de papiers ! Je vois mal comment ils pourraient s’en tirer sans passer en mode faucheur et attirer du même coup le chevalier noir et ses sbires…
Au début, j’ai eu peur que la dame blanche soit une faucheuse ^^ Il faut dire que depuis la rencontre avec celle d’Afrique du Nord, mais aussi je me méfie des collègues…

Ce chapitre a commencé tout doux et j’ai noté un bon point dès les premières lignes, car, mine de rien, même très succinctement, tu m’as rappelé comment a fini le chapitre précédent. J’ai une mémoire particulière, handicapante, et tu m’as ramené direct dans le fil de l’histoire : aucun moment de flottement.

Tu t’en doutes, j’ai bien aimé que tu évoques l’évident retard d’Enzo chez lui, qu’il s’inquiète de la peur de son père. Le message était d’ailleurs très touchant et au moins, même si le papa sera loin d’être serein, il aura quelque chose à quoi se raccrocher. C’était un joli moment. Il a aussi permis d’avoir la confirmation que tout ne va pas bien entre Sacha et sa famille, même si je m’en doutais. Elle est plus douce qu’elle n’y parait la demoiselle, on le voit avec le chargeur. Elle doit être soulagée, mine de rien, de ne plus être seule.
Beau moment aussi que l’interrogation sur ce qui retient Hervé dans ce monde : on sent la tendresse entre les deux garçons et… Mon esprit cherche déjà à résoudre le mystère, même si, moi non plus, je ne veux pas qu’il parte.

Pour ce qui est d’éventuelles choses à revoir… Si jamais j’en trouve, je te le dirais, mais là, pour l’instant…
Oh ton histoire et trop bien, en vrai ! J’adore ! <3

À très bientôt : je saute sur le prochain chapitre dès qu’il est en ligne ! ^^
Neila
Posté le 07/09/2022
Coucou LionneBlanche. ^^
On peut dire que tu t’es (re)lancée au bon moment ! Bon, il me reste encore 3/4 chapitres à écrire avant la fin du tome, donc je promets pas qu’il n’y aura pas d’attente, mais je vais essayer de pas trop traîner.
Ah, les vilains personnages ! Mais c’est tout Enzo, ça. Même s’il sait que ça va probablement se retourner contre lui, il choisira toujours de faire la chose gentille (et stupide).
T’as vraiment eu peur ? OoO Damn. Je pensais pas réussir à faire peur avec mes histoires, j’essaye même pas pour tout t’avouer. x’D Mais c’est chouette, ça veut dire que t’étais vraiment dedans !
Le coup de l’amnésie, ce serait trop facile. :p Il échappera pas à la fureur de Sacha. Et je confirme, ils n’ont pas de papiers (Enzo n’a que des tournevis dans ses poches).
Mais oui, j’oublie pas le papa, même si ça fait un moment que j’en ai plus parlé. Même s’il y a eu beaucoup de chapitres et de mots sans une évocation au père, techniquement, il s’est écoulé que deux jours depuis qu’Enzo est parti et il a a peine eu un instant pour souffler. Mais Enzo va devoir s’expliquer auprès de son père à un moment ou à un autre, j’y tiens. Je trouve ça dommage et trop facile la façon dont les parents sont souvent balayer sous le tapis dans ce genre d’histoire où un jeune héros part à l’aventure. En tout cas, je suis contente que la scène t’ait semblé touchante. <3
Sacha et Hervé, il va falloir attendre un petit peu pour en apprendre un peu plus. En attendant, les paris sont ouverts.
Je suis ravie que le chapitre t’ait plu ! Tant mieux si tu n’as rien relevé d’ennuyeux. ^w^ Je prends.
Merci beaucoup pour ta lecture. <3 À très bientôt pour la suite !
Vous lisez