Quelque part dans la nuit de ma tête
Il existe une île où depuis un palais imprenable
Je contemple au loin quatre horizons sans voile
Là-bas, rien ne m’atteint, je suis inaccessible
Derrière les oripeaux de la chair
Les basses besognes font tourner leurs rouages
Toute cette machinerie m’échappe
Car je suis loin, si loin, sur mon île du Nord
Dans la douce lumière d’un éternel hiver
La mer sereine et plane comme un ventre endormi
Fait respirer les lieux de ses puissants poumons
La lumière a cette consistance capiteuse
Qui vous enveloppe ainsi qu’un lourd parfum
C’est chez moi, personne ne peut accoster
De terribles récifs protègent cet endroit
Par la force implacable de ma volonté
Le roi du Nord lui-même ne l’a jamais trouvée
Comme Charlotte !! Sauf que moi je me suis lancée dans le commentaire de détail de chaque chapitre (bon après je n'entre pas trop dans le détail non plus mais comme chaque poème change de style, de ton, et souvent de thème je préférais individualiser mes remarques). C'est une image positive cette fois, qui me parle énormément. Je suis très admirative de ton travail dans sa globalité. Il y a quelques années j'avais essayé d'écrire un polar qui commençait par la mort (symbolique) d'une victime de violences et d'abus, jusqu'à remonter à l'origine pour comprendre les racines des violences et leurs conséquences. Je m'étais arrêtée parce que j'ai vite vu que je n'avais pas le niveau, mais te lire est une illustration magistralement exécutée de ce que j'avais en tête !!
Je viens de découvrir, de lire et relire ton récit en vers. Je n'allais pas poster de commentaire sous chaque chapitre, alors j'ai choisi celui-ci, puisque j'ai particulièrement aimé la "consistance capiteuse" de la lumière, même si je trouve que toutes tes images, et le choix de tes mots, sont magnifiques.
Déjà, l'idée même d'un récit policier en vers, c'est formidable, mais ton execution l'est plus encore... J'ai eu très froid en te lisant. Tes hivers sont si vivants sur la page, et je dis tes hivers au pluriel, puisque je trouve que tu mêles très habilement le froid de la saison et le froid de l'âme. On a froid devant l'horreur et devant notre impuissance de lecteurice face à cette horreur. J'ai bien aimé que ce ne soit pas macabre pour autant, il n'y a pas de complaisance, pas de sensualisme gratuit dans la violence, c'est très bien dosé. C'est implacable aussi...
Tu arrives à faire des phrases simples avec des mots justes, c'est très beau.
En gros, j'ai beaucoup aimé.
J'aurais beaucoup à dire dans le détail, mais je vais en rester là et continuer à te lire :)