17 — L'Eglise

Par Rouky

La Lueur d’Espoir

 

L'église Sainte-Naamah d'Ossenoir, comme le reste de la ville, avait vieilli avec décadence. Les pierres étaient humides, les vitraux ternis par des siècles de poussière, et l'autel portait les stigmates d'années de solitude. Anselme Devot, le curé, était l'un des rares encore fidèles au poste. Chaque soir, il éteignait les cierges, priant dans un murmure que la paix revienne un jour à Ossenoir.

Ce soir-là, la pluie battait les vitres, et la nef baignait dans une pénombre glaciale, trouée seulement par quelques flammes vacillantes.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter les lieux, il entendit des tambourinements légers à la grande porte. Accompagnés de sanglots.

Il ouvrit doucement. Un enfant se tenait sur le parvis, trempé jusqu'aux os, le visage blême et les yeux rouges d’avoir trop pleuré.

— Que fais-tu ici, mon enfant ? demanda le curé. Où sont tes parents ?

L'enfant, sans répondre à la question, demanda simplement :

— Est-ce que je peux entrer ?

Le curé, méfiant mais ému, hésita.

— Tu es sûr que tu n'as besoin de rien d'autre ? Tu veux que j'appelle quelqu'un ?

Mais l'enfant ne faisait que répéter :

— Est-ce que je peux entrer ?

Après un long silence, Anselme acquiesça.

— Oui, tu peux entrer.

Le regard de l’enfant s'élargit d'étonnement. Sa voix devint plus grave.

— C'est vrai ? Vous m'autorisez vraiment à entrer ?

Il franchit alors le seuil.

Aussitôt, son corps se mit à grandir. Sa peau devint cireuse, ses yeux virèrent au rouge incandescent, ses vêtements fondirent pour révéler une tenue noire, poussiéreuse, démodée.

Un sourire mauvais fendit son visage.

Le curé recula instinctivement et entama une prière. Le spectre s’approchait, chaque pas faisant craquer les dalles anciennes. Anselme recula jusqu'à l'autel, où les derniers cierges brûlaient encore.

L'apparition s'arrêta net à la vue des flammes.

Le curé s'en saisit d'un, le brandissant devant lui.

— Au nom du Christ, recule, monstre !

Le spectre rit, une voix creuse, funèbre.

— Si je ne peux t'atteindre, alors... lui le pourra.

Anselme sentit soudain une présence dans son dos. Il se retourna.

Un homme, aux cheveux gominés, en costume noir, les yeux larmoyants, se tenait là, tenant un long poignard. Le curé, terrifié, brandit le cierge, mais l'homme n'était pas freiné par la flamme.

Il avança, lentement, inexorablement.

Pris en étau, Anselme voulut se tourner pour frapper le premier spectre, mais c'était trop tard.

Une main glacée saisit la sienne, celle qui tenait le cierge. La peau d’Anselme blanchit, puis se craquela comme du verre sous la pression du gel. Sa main se brisa en un craquement atroce, envoyant des morceaux de chair et d’os voler entre les bancs.

Anselme tomba à genoux, hurlant. Il reprit ses prières dans une panique désespérée.

Mais une ombre gigantesque se dessina au plafond. Une main colossale tomba sur lui.

Et là, tout s'effaça.

Depuis cette nuit, l'église Sainte-Naamah n'a plus jamais rouvert ses portes. Le portail reste clos, scellé par des clous noirs. Et chaque soir, à l'heure où les cloches devraient sonner, un rire résonne sous la voûte vide.

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Talharr
Posté le 08/07/2025
Nouvelle mécanique de meurtre. Intéressant.
On comprend bien qu'il n'y a qu'une entité qui contrôle le tout.
Et j'ai hâte d'en apprendre plus sur sa nature.
Rouky
Posté le 08/07/2025
Bientôt bientôt de vraies informations sur ce qui gangrène Ossenoir ^^
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