17. Les frères-en-l’air

Par Rachael

Le révolutionnaire qui opère la reprise pour la faire servir aux besoins de ses amis peut tranquillement et sans remords se laisser qualifier de voleur ».

Elysée Reclus (Correspondance, t. III, 21 mai 1893)

 

 

Je dormis comme une bûche, dans la chambre prêtée par Jules. Il m’avait assuré avoir un coin où passer la nuit dans la maison du peuple. Je n’avais pas cherché à en savoir plus. Quand je m’éveillai, deux heures sonnaient à l’église voisine. Un rayon de soleil qui se faufilait entre les deux rideaux me chauffait l’oreille, pourtant ce n’est pas lui qui m’avait tiré du sommeil. De discrets petits coups frappés sur la porte s’en étaient chargés.

— Léontine, j’ai une piste !

Après le fiasco de notre expédition nocturne, la voix excitée de Jules me réconforta.

— Deux minutes, tempérai-je, j’enfile mes vêtements.

— Pas habillée ? Dépêche-toi un peu ! On n’a pas toute la journée.

Je l’entendais piaffer d’impatience derrière la porte. Il me faisait penser à Milo, le chien de chasse de mon père, truffe au vent, toujours partant pour l’aventure.

— Je tiens du solide, déclara-t-il en déboulant dans la chambre.

Au bar, il était tombé sur des railleurs qui se moquaient d’une histoire qu’on leur avait relatée.

— Ils clamaient que c’était invraisemblable ; que les types avaient abusé de la verte. Mais l’heure et le lieu concordaient.

— La verte ?

— L’absinthe. À cause de sa couleur. C’est une boisson très populaire, t’en as entendu parler, quand même ?

— Oui, bien sûr ! mentis-je.

Comme Jules se taisait, j’insistai :

— Alors, tu la racontes, cette histoire ?

— Oh, non ! je dis rien. Tu comprends, je ne veux pas t’influencer avec un récit de troisième main. Nous devons aller voir les personnes en question. D’après ce qu’ils ont décrit, c’était… hors du commun. C’est bien simple, personne les a crus.

En chemin, il m’expliqua d’un ton détaché que nous allions interroger des monte-en-l’air. Il me fit jurer d’oublier leur adresse et leurs visages après notre rencontre. D’ailleurs, si je tenais à ma peau…

Je n’avais jamais entendu ce mot ; alors, bien que l’avertissement eût été très clair, le sens profond m’en avait échappé.

— Hum, Jules, promets-moi de ne pas te moquer et de ne pas me traiter encore de petite bourgeoise…

— Ah non, je promets rien. Allez-y ! Qu’est-ce qui vous tracasse, monsieur Léonard ?

Zut, il m’avait prise en défaut. Je devais perdre l’habitude de parler de moi au féminin quand je portais mon avatar.

— Qu’est-ce qu’un « montanlère » ?

Jules fit le geste d’escalader avec ses doigts :

— Un monte-en-l’air, quelqu’un qui monte par les façades ou saute les balcons pour aller dévaliser les rupins.

— Quoi ? Ce sont des cambrioleurs ? Des brigands ?

Je dus afficher une moue scandalisée, car il éclata de rire.

— « La propriété, c’est le vol », a dit Proudhon. C’est l’appropriation du travail des uns par les autres. Alors certains anarchistes ont décidé de corriger cette situation, en pratiquant la « reprise individuelle » : ils reprennent aux riches ce qu’ils ont barboté au peuple.

— Ah oui ? Et qu’en font-ils, de cette fortune ? Ils la distribuent généreusement ?

— Eh ben, oui, figure-toi ! Ils la gardent pas pour eux, si c’est ce que tu sous-entends. Ils en redonnent une grande partie aux pauvres, à ceux qui se sont fait broyer par la société ou la malchance. Aux éclopés, aux orphelins, aux veuves…

Comme je ne répondais pas, il insista :

— T’as vu la femme dans la cour de mon immeuble, en descendant ? Elle est veuve ; son mari travaillait pour les chemins de fer. Il est mort d’un accident sur les voies, y a quelques semaines. Eh bien, les patrons lui ont débité toutes sortes de condoléances bien polies, pour ensuite décréter que leur employé avait été imprudent. Comme s’il l’avait fait exprès ! À part leurs beaux discours, elle a eu droit à rien. Elle a été jetée à la rue avec ses quatre enfants. Tu trouves ça normal ?

— Non, je ne savais pas que ce genre de choses arrivaient.

J’avais cru l’ébranler avec mes reproches, mais c’était lui qui m’avait coincée. J’avais décidément beaucoup à apprendre de cette étrange fraternité des anarchistes.

Jules m’entraîna dans un quartier que je ne connaissais pas, de l’autre côté de Montparnasse. J’y découvris une seconde maison du peuple, plus délabrée que celle qu’il habitait.

— Ici, intima-t-il, tu ne révèles pas qui tu es, ce serait probablement mal vu. T’as qu’à prétendre que tu es mon parent. Mon cousin de Normandie, qui est venu à Paris pour devenir journaliste.

— Je suis Breton, pas Normand.

— Vu de Paris, c’est pareil ; ils savent que je suis d’origine normande.

Allons bon ! J’allais rencontrer des cambrioleurs et tout ce que je trouvais à faire, c’était affirmer puérilement ma fierté régionale. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez moi ?

Au moins, j’avais correctement utilisé le masculin, cette fois.

 

 

Les voleurs étaient deux frères d’une quarantaine d’années, aussi minces et souples que les bambous d’Asie du Jardin des Plantes. Encore plus élastiques que leurs corps, leurs visages de fouine étaient peu remarquables, en dehors du fait qu’ils apparaissaient en tous points semblables. Leurs vêtements sombres n’aidaient pas à les distinguer. Le regard glissait sur eux sans rien pour l’arrêter : faciles à oublier, voilà ! Un atout pour des cambrioleurs. On les imaginait sans peine en train d’escalader les toits la nuit, de raser les cheminées, de se faufiler dans les appartements vides.

Ils ne virent pas mon arrivée d’un bon œil, à tel point qu’un couteau pliant se matérialisa dans la main d’un des deux frères, tandis que l’autre sifflait d’une voix mauvaise :

— T’as une araignée au plafond, Jules. T’amènes personne ici sans not’permission !

Je me tenais trois pas derrière Jules, ce qui m’arrangeait bien.

— C’est mon cousin. Je réponds de lui comme de moi-même.

— Ouais, p’tet, mais c’est pas c’qu’on avait dit !

Les deux me scrutèrent sous toutes les coutures tandis que je prenais l’air le plus ingénu possible. Ils gardèrent leur mine hostile même quand Jules eut expliqué le but de notre visite.

— L’autre nuit, hein ? Qu’est-ce qu’on y gagne ?

— Allez, soyez pas vaches ! intervint Jules, je sais qu’on sera pas les premiers à qui vous la racontez, vot’histoire.

— Ouais, mais ça, on le regrette déjà. Hier au bar, personne a rien pigé. On s’est fait traiter de pochards !

— Oui, mais nous, on est prêt à vous croire, insista Jules, parce que…

Il se tourna vers moi et me fit signe de parler :

— Les quotidiens ont titré hier sur le cambriolage chez M. Bienvenüe, le constructeur du métropolitain. Son neveu et sa nièce ont disparu. Je ne peux m’empêcher d’y voir un lien avec votre histoire. Si je peux rajouter ce que vous allez m’apprendre sur la nuit dernière, ce sera formidable pour lancer ma carrière de journaliste.

Je conclus avec appréhension :

— Je vous serai redevable.

Un éclair passa dans les yeux de l’un d’entre eux et il saisit son frère par le bras. Ils se mirent à discuter avec animation, à voix basse. Pendant leur conciliabule, je m’exhortai au calme, tout en laissant mon regard glisser sur le salon où Jules m’avait emmenée. Il tenait du cabinet de curiosité par la richesse des pièces exposées, mais du capharnaüm par le désordre. L’agencement paraissait abandonné au hasard, si bien que les objets les plus extraordinaires se côtoyaient : livres reliés, instruments de musique en bois rare, meubles en marqueterie, pendules de marbres, statues d’étain, tableaux anciens, fossiles et pierres étranges, un mannequin habillé d’une robe de marquise, une vitrine de petits flacons de verre, un œuf d’autruche au sommet d’une armoire. On se serait presque attendu à voir surgir du précieux fatras quelque duc ou baron pour venir donner le bras à la ravissante marquise sans tête… Il y avait également de l’art nouveau faéerique, peintures et sculptures animées, horloges perpétuelles, massacres d’animaux imaginaires qui remuaient leurs museaux et nous regardaient avec un œil intimidant. Je sursautai quand Gus me fit signe depuis un perchoir entre les oreilles d’une licorne. Il s’agrippait à la corne de la chimère qui protestait en s’ébrouant et il m’envoyait de l’autre main des signaux enthousiastes. Du coin de l’œil, je le vis sauter vers un nouvel objet, avec l’air de s’amuser beaucoup.

L’endroit était d’autant plus extraordinaire qu’il constituait une oasis d’opulence improbable dans cet immeuble populaire en pleine déliquescence. Les frères aimaient s’entourer du luxe des trophées rapportés des appartements qu’ils « visitaient » ; ceux-là n’étaient pas destinés à la revente. Le partage des richesses conservait quelques limites…

Les deux voyous se regardaient toujours ; un infime signe entre eux sembla sceller leur accord :

— Pas de noms, pas d’adresse, stipula le premier.

— Pas de détails sur nous, seulement la scène qu’on va décrire.

— Et tu nous devras une faveur, gamin !

Ils arboraient exactement la même expression, une moue d’attente de ma confirmation. Jusqu’à leurs voix qui étaient identiques. Je m’avouais bien incapable de dire lequel était René et lequel Lucien. J’opinai avec un enthousiasme teinté d’inquiétude. Une faveur ? Cela dit, Léonard n’existait pas vraiment, alors…

— Des disparitions ? J’savais bien qu’il s’était passé quelque chose de pas catholique, fit un des frères.

— Catholique ou pas, ça reste à voir ! ajouta mystérieusement l’autre.

Celui de droite leva la main pour nous faire patienter pendant qu’il rassemblait ses idées ; pareille histoire ne pouvait se raconter à la légère.

— Moi et Lulu, on v’nait d’entrer chez not' tante Adèle, dans les beaux quartiers, près de l’Arc de Triomphe. La tante Adèle, elle est partie en villégiature, alors on vient s’assurer que tout va bien chez elle. On s’attarde un peu, le temps de faire bien tout le tour.

Je notai scrupuleusement les mensonges et leur traduction. Derrière, en effet, le récit prenait forme : ils étaient arrivés vers minuit, puis avaient commencé à inventorier l’appartement déserté par les propriétaires en voyage. Ce n’était qu’une heure et quelques sacs pleins plus tard que la chose s’était produite.

— Un vacarme de fin du monde, que c’était !

— Des sifflements, des grondements, entre machine et ménagerie.

— Pas qu’à moitié affreux ! Et une lumière aussi, comme celle de phares, mais mobile comme des yeux.

— Et bien plus éblouissante, pour sûr !

— On a juste soulevé le côté d’une tenture, histoire de guigner. Des fois que ce serait la police.

Je réprimai un sourire : ils étaient si absorbés dans leurs souvenirs qu’ils en oubliaient leurs faux-semblants.

— Et là, une boule de feu a traversé la verrière de l’immeuble en face et a fait tout exploser.

— On n’y voyait plus rien après, comme quand on se prend le soleil dans les mirettes.

Ils firent une pause dans leur duo parfaitement synchronisé. Leur façon de se renvoyer la balle en enchaînant les phrases sans temps mort était épatante. Là, leur interruption créait un suspense qui m’électrisait. Je revivais la scène de mon côté, les bruits qu’ils avaient décrits me replongeaient dans mes sensations de la veille. Oui, tout correspondait, mais eux avaient l’image qui nous manquait. Je suffoquais presque d’impatience lorsqu’ils se décidèrent à continuer :

— Quand on a retrouvé la vue, on s’est dit qu’on était passé dans l’autre monde. Canés sur le coup, les frérots, parce qu’en face…

— En face, enchaîna le second d’une voix qui tremblait, y avait l’ange de la mort.

— Un ange avec de grandes ailes déployées, plus noires que la nuit, un ange des ténèbres monté sur un cheval gigantesque qui flottait dans le vide. Et tout était devenu silencieux.

— Tous mes poils se sont hérissés ; tiens ! rien qu’à y repenser, ça recommence.

René – je crois que c’était René – exhiba son bras blafard comme une pièce à conviction.

— Derrière, y avait un traîneau, avec des croix de feu qui éclairaient des silhouettes bizarres tout autour. Nous, on était là, comme deux idiots, collés à la fenêtre, trop sidérés pour bouger.

— Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ? m’impatientai-je.

— Trois personnes ont émergé du dessous. Ils flottaient, mais ils n’avaient pas d’ailes.

— Y en avait deux qui tenaient le troisième en criant dans un baragouin inconnu, précisa Lulu. Le troisième, lui, il a causé en bon français.

Je faillis rater la suite, tant la vague de soulagement qui déferla sur moi était puissante. Le troisième, cela ne pouvait être qu’Hippolyte ? Comme les frères continuaient leur récit, je me reconcentrai pour ne rien en perdre :

— Ça devenait presque normal, tout d’un coup… Enfin, non, pas normal, mais c’étaient des gonzes, des gens quoi, pas des figures de l’au-delà.

— Ça nous a rassurés, alors on s’est regardés derrière notre vitre, moi et Lulu.

— On n’aurait pas dû.

— Ah, ça, non ! On n’aurait pas dû.

Leurs yeux ronds se trouvèrent de nouveau, comme à ce moment-là.

— Parce que l’ange a dû voir un reflet…

— Et c’est pour ça qu’il s’est tourné vers nous…

Les deux conteurs paraissaient terrifiés au souvenir l’expérience. Ils marquèrent une pause, dramatique à souhait ; pourtant, j’étais persuadée qu’ils ne jouaient pas, que rien n’était répété, si bien que la vérité la plus profonde sortait de leur bouche.

— Ses yeux étaient d’un vert sans fond. Il a levé une main.

— Il était armé… armé d’une faux qui luisait… au bout d’un long manche.

— Et là, les silhouettes… Elles ont volé vers nous. C’étaient des créatures ailées, comme de petits anges noirs.

— Quand ils se sont approchés, on a vu leur regard de braise et leur gueule pleine de crocs aiguisés.

— Je l’jure, c’était des anges, pas des démons. Y z'avaient pas de cornes ou de pattes de chèvres. Mais y z'étaient horribles.

Tout au souvenir traumatisant de l’expérience, le second frère se trouva à court de mots, alors le premier enchaîna :

— On leur a tiré les rideaux devant le museau, pis on a décarré par l’escalier de service, celui des domestiques.

— Nom d’un chien ! On a pris la tangente vite fait, confirma l’autre.

Ils avaient couru sans s’arrêter jusqu’à tomber d’épuisement une fois la Seine traversée. Là, ils s’étaient rendu compte que personne ne les poursuivait. Après du repos, ils avaient continué à marcher vers Montparnasse. Ils avaient fini dans un café.

— J’ai jamais été aussi content de contempler le lever du soleil que ce matin.

— Cet ange-là, l’était pas venu pour nous. Mais ceux qu’il a embarqués, vingt dieux, on les reverra pas.

— On a étouffé quelques perroquets verts pour eux, vrai de vrai ! Paix à leur âme.

Jules me signifia d’un geste qu’il ne s’agissait nullement d’occire des oiseaux, mais bien de vider des verres. Les deux frères avaient noyé leur terreur dans de l’absinthe, si j’en croyais la couleur du perroquet.

Je les observai. Ils avaient à l’évidence raconté la vérité, on le sentait dans le tremblement de leurs voix ou la nervosité de leur posture. Ils avaient beau être des hommes mûrs, des voleurs aguerris, réapparaissaient dans leurs yeux remplis d’effroi les deux petits garçons qu’ils avaient été autrefois. À n’en point douter, ils avaient rencontré un ange de la mort et ils lui avaient échappé de peu.

Comment tire-t-on son frère des griffes d’un ange des ténèbres ?

 

 

Jules me fit signe de garder pour moi mes commentaires. Les deux monte-en-l’air s’étaient tus, mal à l’aise d’avoir révélé leur terreur à un parfait inconnu – peut-être aussi à Jules. Ils en avaient déjà trop raconté la veille au café et craignaient probablement de devenir la risée du quartier, ce qui n’était jamais bon dans leur profession.

— Attendez ! fis-je pourtant. Vous avez bien entendu l’un des hommes parler français ? Vous vous souvenez de ses mots ?

René acquiesça :

— Je m’rappelle bien, parce que c’était une phrase bizarre.

— C’était une voix plutôt masculine, précisa Lulu. Il a dit : « C’est vous, professeur ? » avec un ton surpris. Hein, René ?

— Oui, y avait de bien meilleures raisons d’être étonné, y m’semble.

— « C’est vous, professeur » ? En effet, voilà qui est étrange…

Je regardai Jules. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était un indice. Si c’était Hippolyte qui avait prononcé cette phrase…

Je perdis le fil un instant, pendant que Jules remerciait les deux frères. Il les assura à nouveau de notre parfaite discrétion :

— Pas de noms, pas d’adresse, pas de détails sur vous, promit-il. On va continuer d’enquêter. Si ça a fait tant de raffut, d’autres personnes ont dû entendre ou voir quelque chose.

— Si vous en apprenez plus, vous savez où nous trouver. Moi et René, on voudrait bien avoir le fin mot de cette affaire.

Sans plus de cérémonie, les deux frères se retirèrent dans leur bric-à-brac précieux comme en une forteresse. Nous partîmes sans demander notre reste. Le fin mot de l’histoire… Moi aussi, j’aurais bien aimé le découvrir. Au lieu de cela, nous tournions en rond autour d’un enlèvement qui devenait de plus en plus ahurissant.

— C’est loufdingue, résuma Jules.

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Raza
Posté le 01/07/2023
Professeur.... tout le monde aime les professeurs! Je ne suis pas sûr de comprendre ce qui amène les monte-en-l'air à leur raconter, mais pourquoi pas après tout. Merci pour le partage! :)
Rachael
Posté le 06/07/2023
Les monte-en -l'air sont contents de raconter cette histoire à quelqu'un qui est prêt à les croire, et puis ils savent qu'ils pourront ensuite demander un service à Jules, donc au final, c'est plutôt bon plan pour eux.
EryBlack
Posté le 23/10/2022
Coucou Rach ! Je reprends ma lecture de la Clairvoyeuse après une longue pause. Les HO sont l'occasion de se replonger dans ma PàL et d'en faire sortir les trésors injustement laissés inachevés !
J'ai reparcouru quelques chapitres afin de me mettre dans le bain, et je pense que tout est en place. Je dois dire que ça aide beaucoup que ton intrigue soit si solide, tes titres de chapitres évocateurs et les informations distillées çà et là mises en valeur par des répétitions et autres mécanismes discrets, mais bien pratiques. Un détail m'a fait tiquer cependant dans ce chapitre, sur la temporalité : "Je revivais la scène de mon côté, les bruits qu’ils avaient décrits me replongeaient dans mes sensations de la veille". Léontine parle-t-elle de l'événement en lui-même ou bien de la vision donnée par le faée ? J'avoue que je me perds un peu dans les jours...
Je suis si heureuse de me replonger dans cet univers et de retrouver ces personnages ! J'avais oublié combien la trajectoire de Léo m'intéressait et me parlait. Dur dur de se défaire de l'éducation qu'on a reçue, dur de dépasser les idées reçues, d'aller voir ce qui se cache derrière les choses... Inconfortable d'une part, mais aussi décourageant parce que ce n'est jamais fini. J'aime bien les notes d'autorité qu'elle a par rapport à Jules, par exemple, ça laisse imaginer des développements intéressants, il va peut-être en avoir marre à un moment et ce serait pour elle un bon moyen d'évoluer. J'aime d'ailleurs beaucoup ce Jules, presque un peu trop je dirais, dans le sens où il me paraît un peu "tombé du ciel". J'espère qu'on aura l'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui, et peut-être sur de petits secrets un peu moins honorables :) (Je dis ça mais en vrai je l'aime beaucoup comme ça, hein...)
Quant à l'enquête elle-même, la piste des Américains est de plus en plus nette : j'ai repéré dans un précédent chapitre une évocation de leurs machines volantes faéeriques et du fait qu'on ignore ce qu'ils fabriquent au juste avec les faées, mais qu'ils pourraient être sacrément avancés... j'ai hâte d'en savoir plus ! La phrase d'Hippolyte va aider, c'est sûr !
Relire les derniers chapitres m'a aussi rappelé à quel point ton histoire était politique, et ça me plaît vraiment beaucoup. La question de l'exploitation des faées est intéressante sur ce plan-là, mais aussi sur le plan fantastique de l'affaire : que veulent réellement les faées ? Est-ce qu'iels se laissent faire par les humains, ou bien est-ce qu'iels les dupent ? Oh que c'est enthousiasmant, cette tension !
Tu me verras sans faute sur la suite et la fin, même si je ne commenterai peut-être que par-ci par-là, vu que pfiouuuh c'est si maîtrisé que souvent je ne vois pas quoi apporter ! Mais sois-en sûre, je passe un super moment !
Rachael
Posté le 24/10/2022
Oh, merci pour ce commentaire, Ery. Il faut que je vérifie la temporalité, parce qu'en effet elle a changé au cours de l'écriture, et c'est peut-être un reste de l'ancienne (mais comme pour moi aussi, ça fait un moment, je ne sais plus...).
Moi aussi, j'aime bien Jules, et son côté "je suis à l'aise dans mon environnement", ce qui n'est pas le cas de Léo.

Politique, ça l'est, c'est sûr, et j'espère qu'on peut ainsi avoir plusieurs niveaux de lecture. C'est pour cela que j'ai choisi cette période de début XXe, avec son côté très pesant et patriarcal, mais aussi un emballement pour les sciences, des évolutions sociales et politiques très importantes (loi de 1905) , les débuts de l'écologie., etc. C'était un moment très intéressant dans l'histoire, bien qu'encore beaucoup trop masculin...
Merci pour ta lecture, j'espère que le déroulement de l'intrigue te plaira, et que tu ne sera pas déçue par la suite. Quoi qu'il en soit, je suis preneuse de tes impressions sur la façon dont tu perçois l'histoire et les persos sur le "long terme".
Des bises !!!

Svenor
Posté le 08/12/2020
J'ai a-do-ré ce chapitre, avec les personnages des cambrioleurs et leur récit, leur maison, etc.

Petite chose que j'ai trouvé étrange, tu décris la maison du peuple où ils vivent comme "plus radicale" que celle de Jules, mais j'ai du mal à imaginer une maison "radicale", peut-être qu'ajouter une explication visuelle permettrait de dissiper ce problème.
Rachael
Posté le 08/12/2020
Ah oui, dans l'idée, c'est plus radical dans son fonctionnement. mais ce n'est pas trop expliqué alors je vais revoir ça ! merci !
OphelieDlc
Posté le 06/10/2020
Je poursuis sur ma lancée, et réitère : la plongée dans l'univers de l'époque est absolument remarquable ! Je me permet de répondre ici au commentaire du chapitre précédent, tu n'es peut-être pas historienne, mais le travail de recherche que tu mènes pour ce roman est un travail d'historienne ! Et très bien mené, qui plus est.

Je n'ai rien à redire sur ce chapitre, c'est pourquoi je vais me contenter de commentaires de lecture : Wahouuuuu ! Si tu voulais nous embrouiller le cerveau, c'est chose faite ! Ok, on a un début d'explication qui laisse entendre qu'Hyppo était en vie à l'instant T, mais... Des anges noirs ? Ma réflexion me pousse à imaginer des faées puisqu'ils prennent l'apparence qu'on veut bien leur prêter mais évidemment, je ne te pose aucune question.
Et je suis d'accord avec Léo, elle est bretonne ! Quelle idée de prétendre qu'elle puisse être normand (au masculin, donc) :))
J'aime beaucoup les deux frères dans la description que tu en as faite, mais aussi dans leurs dialogues façon ping-pong. Ils fonctionnent super bien ! Je ne pense pas qu'on sera amené à les recroiser (mais peut-être me trompe-je ?) ce qui ne fait que me pousser à saluer le boulot que représente la création poussée de ce type de personnages secondaires.

Bon, je file lire la suite !
Rachael
Posté le 07/10/2020
Oui, bon, attention, hein, parce que moi je suis normande ! XD
Je me suis bien amusée avec ces deux frères. Je ne sais pas pourquoi, mais le format jumeaux s'est imposé, de même que le ping pong verbal. Oui, ils sont chouettes, et c'est dommage, en effet, on ne les recroisera plus (enfin, en principe..)
L'embrouillage de cerveau, c'était le but ! mouhahaha !
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