Les garçons partirent en débandade sans demander leur reste mais en emportant son turban. Dolente de partout, Eleonara cligna des yeux comme à la sortie d’un état second. Elle voulait presser son front à terre, serrer la boucle métallique contre elle et pleurer, pleurer, pleurer jusqu'à l'oubli. Elle se gratta les joues, les bras, le corps. Elle aurait voulu se gratter jusqu'à s'effacer.
Une montée d'énergie glacée pourtant l'obligea à planter ses poings dans la poussière, à ranger la boucle de ceinture et à se relever.
Sa touaille était tombée quelques pas plus loin. Les mains et les genoux tremblants, l'elfe la ramassa et la renoua autour de son crâne tant bien que mal. Elle voulut ôter sa tunique mais n'y parvint pas de suite, celle-ci s'étant coincée au moment de passer par-dessus sa tête. Avec un gémissement plaintif, elle se démena pour combattre l'étau de son col. Une fois libérée, elle attacha sa tunique par-dessus sa touaille, cacha l'Œil de Diutur dans son petit corsage ajouré et rebroussa chemin en frissonnant. Heureusement qu'elle n'avait pas oublié de se maquiller tout le corps : elle n'aurait jamais cru devoir autant se dénuder.
Au moment de survoler le jardin fleuri, elle n'y vit aucun jardinier. Sur l'ordre de ses instincts, elle s'assit sur la balustrade à l’entrée du pont, passa ses jambes de l'autre côté et se laissa choir avec le même abandon qu'un mouchoir.
Elle atterrit sur son coccyx au milieu d'une flore foisonnante, un royaume vert et bourgeonnant scindé par un bassin limpide. Les plantes autour d'elle n'étaient pas très hautes, ce qui la laissait à découvert, en proie à tous les regards. Eleonara se dépêcha de se tapir sous un amoncellement de buissons secs, consciente qu'elle ne pourrait pas s'y cacher longtemps.
La hâte qui lui écrasait l’estomac lui donnait envie de vomir. Son cœur, par ses battements saccadés, menaçait de soulever la peau de sa poitrine, telle une larve désespérée de déchirer sa poche gluante.
Où aller ? Elle ne pouvait ni retraverser le pont couvert, ni retourner à la pharmacie. Elle n’avait pas idée d’où Sebasha pouvait bien se terrer et n’avait plus le sang-froid pour s’inventer une nouvelle stratégie. Elle avait sauté dans la folie de la terreur ; elle ne pouvait qu’aller de l’avant.
En tâtant ses lèvres, Eleonara ne les reconnut pas tant elles avaient enflé. Elle retira ses doigts ensanglantés et fut traversée d'une onde de nausée. Tout ça pour un accessoire ; une boucle de ceinture.
Depuis sa cachette, elle étendit un bras et plongea la main dans la fraîcheur du bassin décoratif. La température la rassura. Espérant que l'eau claire fût propre, elle lava la traînée de sang qui reliait son nez et son menton. Mourir d'une infection maintenant aurait été humiliant.
Elle lut la panique dans les yeux de son reflet, donc les blancs se voyaient trop. Bientôt, les Religiats sauraient.
Puis Arènes.
Et ensuite, les Troyaumes.
Elle ne pouvait pas rester là. Elle s'élança sous le soleil cuisant et coupa à travers le jardin, entouré d'une muraille inégale. Elle trouva un portail et voulut le pousser, mais sans succès car il était fermé.
Elle allait devoir escalader le mur.
Après une forte inspiration, elle plaça ses mains en hauteur et, coinçant un pied dans les tourbillons ornementaux du portail, elle tenta de se hisser. Ses articulations se plaignirent, ses épaules crissèrent ; elle lâcha prise. Ses muscles brûlaient.
Affolée, elle surveilla ses arrières, ainsi que les toits des maisonnettes taillées sur le pourtour du jardin. Comme ce dernier était creusé un étage plus bas dans la roche, elle dut étirer le cou et plisser les yeux, rapprochant son occiput de sa nuque. C'était difficile à dire, mais il ne lui semblait pas que quelqu'un pût la voir depuis si haut. De plus, le portail était entièrement fondu dans l'ombre des cèdres et des orangers du jardin.
Elle retenta sa chance. Encore une fois, la souffrance bouillit et grandit ; lorsqu'elle se changea en transpercement aigu aux épaules, Eleonara détendit ses mains, se retenant au muret grâce à son menton. Elle resta ainsi quelques instants, concentrée à respirer profondément. Ses incisives s'étaient refermées sur sa langue et elle s'était ouverte sous la mandibule. Elle compta jusqu'à trois et, avec un grognement de rage, elle prit appui sur ses coudes et hissa ses genoux sur le muraille.
La douleur n'était plus ; elle était devenue agonie. Les dents scellées et les larmes aux yeux, l'elfe se laissa glisser de l'autre côté. Cette fois, ses jambes purent la réceptionner, bien que ses rotules écorchées apprécièrent mal l'impact du sol.
À peine un obstacle franchi qu'elle se fourvoyait dans un autre : l'incertitude. Eleonara s'enfonça dans les rues arèniennes vides en délaissant, sur son chemin, des gouttes de sang ça et là, une pluie de perles traîtresses qui ne tarderaient pas à germer et à ouvrir d'abominables pétales jaunes.
Où était la bande de voyous, maintenant ?
Au loin, les échos de musique moururent un à un : d'abord les ouds gais, puis les tambours rythmés, puis les grelots. Personne ne finirait cette chanson.
L'air se charger d'une tension crépitante. Eleonara imaginait la ville s'agiter à mesure que la nouvelle de son existence se répandait sur les gradins, dans les coulisses de l'arène et dans chaque demeure. Les murmures accusateurs voyageaient sur la brise marine ; l'elfe le percevait très bien, ce sifflement.
Elle n'avait qu'une envie : se jeter dans un puits.
Une lueur d'espoir vint illuminer son désemparement. Il y avait, dans un coin de rue, une ouverture dans le sol semblable à une bouche d’égout géante, laissée entrebâillée. L'insigne du Bimaristan figurait fièrement dessus. Eleonara s'approcha du trou béant et décala le battant ; son regard se perdit dans les profondeurs d'Arènes. Voilà pourquoi la porte ronde n'avait pu être close : il n'y avait pas d'escalier. Qui employait ce couloir n'avait que peu de moyens de la refermer. C'était un raccourci souterrain pour rejoindre le Bimaristan. À en croire Razelhanout, il en existait six, un pour chaque quartier.
Ne voulant pas prendre de risques, Eleonara s'assit au bord du gouffre avec ses mollets dans le vide, s'avança et chercha à atteindre le lourd battant. Avec un dernier coup d’œil pour ses alentours, elle le tira vers elle, le lâcha et laissa la gravité l'attirer dans l'obscurité.
Le gouffre s'avéra être un court tunnel qui l'amena sans trop de heurts devant une intersection de couloirs souterrains. Eleonara voyait déjà plus clair : elle devinait la chaleureuse luminescence de torches au-delà du croisement. Son sanctuaire temporaire, elle l'avait trouvé : le centre hospitalier était un lieu sacré où ni Religiats, ni escamoteurs ne se rendaient par respect, à moins qu'ils fussent eux-mêmes malades ou blessés.
Elle appuya sa joue contre le gravier et souffla tout l'air qu'elle avait gardé emprisonné depuis la découverte de son secret, son vrai secret. Elle se sentit terriblement seule. À peine s'était-elle accoutumée à la compagnie des humains que leur véritable nature se révélait.
Faute d'une meilleure idée, elle accepta le Bimaristan, cette bulle hors du temps, comme consolation. Avec sa démarche boiteuse, ses vêtements souillés, le sang coagulé sur son front et son faciès déformé par les hématomes et les boutons, elle passerait facilement pour une accidentée. On risquerait de vouloir la soigner, or ça, Eleonara devrait l'éviter à tout prix.
L'elfe rajusta son couvre-chef improvisé et partit explorer clopin-clopant ; elle ne connaissait pas ce secteur et avait du mal à se situer par rapport au passage qu'elle employait d'habitude. Elle marcha donc, accompagnée par les échos de ses pas. « Si je continue tout droit, je finirai sans doute au bâtiment principal. Tous les chemins mènent au Bimaristan, comme on dit. » Elle rencontra bientôt une montagne de couvertures laineuses, sur laquelle elle se rua afin d'en choisir une de teinte discrète. Elle s'en recouvrit de façon à cacher les taches sur ses habits ainsi que le bas de son visage. À en juger l'odeur, Eleonara l'avait piochée dans une pile à linge sale.
En reprenant son chemin, l'elfe nota l'insatisfaction stomacale qui emplissait son corps d'un mal-être étrange et qui se sommait à ses coups et à ses coupures. Ses boyaux se rebellaient. « Juste un effet secondaire de l'anxiété », se persuada-t-elle.
Quoi que ce fût, l'elfe l'avait sous-estimé et en vint même à mettre ses meurtrissures de côté, tant elle était partagée entre la nécessité de disparaître de la surface de la Terre et la violente urgence de courir aux latrines. Le dilemme ne pouvait pas tomber pire... Pourquoi avait-elle si mal au ventre ?
Le chemin souterrain déboucha sur une chambre immense dont les parois étaient criblées de cellules, assez grandes pour accueillir des familles entières. Mal assurée, Eleonara avançait parmi les gens qui conversaient et jouaient à des jeux de société à même le sol. Quand elle croisait du personnel, elle baissait la tête. Elle ne croisa personne de familier, mais elle ne pouvait s'empêcher de craindre ces inconnus. Sur leurs visages attentifs, elle ne lisait que mauvaises intentions et mensonges. Partout.
Elle comprit, en rencontrant un trop grand nombre de regards vitreux qu'elle se trouvait dans la Chambre des aveugles, une découverte qui ne l'empêcha pas de se sentir observée. « Mais ils ne peuvent pas me voir, se rassura-t-elle. Peut-être qu'ils peuvent m'aider à trouver les latrines. »
Sur cette bonne perspective, elle s'approcha à petits pas d'un homme en tailleur qui collait son dos contre une paroi décrépie. Eleonara le choisit pour sa manifeste oisiveté, ne voulant pas déranger une personne déjà occupée. L'Opyrien ressemblait davantage à un tas de voiles immobile et enturbanné qu'à un humain. Ce n'était d'ailleurs qu'à travers une maigre fente que l'on apercevait ses yeux allongés, deux billes à la blancheur si absolue qu'elles semblaient fluorescentes contre sa peau tannée.
— Excusez-moi, pourriez-vous m'indiquer la direction du port, s'il vous plaît ?
Évidemment, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle s'enfuirait de ce cauchemar sur Le Mizmar ; celui-ci ne mouillerait pas à Arènes avant fin mars. Si elle posait cette question, c'était pour se réorienter dans le labyrinthe du Bimaristan ; elle savait également qu'il y avait des latrines dans cette direction.
Un tintement métallique retentit à ses pieds. La boucle de ceinture lui avait échappé. La boule au ventre, elle se dépêcha de la récupérer.
L'aveugle pointa son doigt vers l'est. Il la fixa un instant, puis ses yeux exécutèrent une curieuse danse en zigzag dans leurs mares opaques. Il ne dit rien et se couvrit la bouche d'un geste significatif.
« Un aveugle muet », constata Eleonara.
Elle le remercia, tenta une courbette sur ses genoux déchiquetés et se mit en mouvement, une main sur le bas-ventre. Elle quitta l'aire des aveugles, s'éloigna sous la lueur des torches, gravit des marches et suivit un couloir à mesure qu'il courbait à gauche ou à droite. Son estomac la torturait ; elle devait se faire violence pour ne pas se plier en deux. Une pensée intrusive la secoua : et si elle n'atteignait pas les latrines à temps ?
Eleonara n'en revenait pas : des Arèniens avaient découvert qu'elle était une elfe et sa priorité à elle, c'était de trouver les toilettes.
Son cœur battait si fort qu'elle faillit ne pas se douter qu'une cadence derrière elle imitait la sienne. Quasi imperceptibles, des sandales frottaient la roche, des tissus se pliaient et se fronçaient sous les courants d'airs souterrains. On la suivait. Ses propres pas ne résonnaient pas comme ça : les siens obéissaient à un rythme pressé alors que les autres étaient plus lourds, légèrement décalés et plus espacés, aussi.
Dans un virage, l'elfe tordit furtivement le cou. Ce qu'elle vit la désarçonna : l'aveugle-muet la talonnait. Que lui voulait-il, celui-là ?
Eleonara accéléra. Elle pressentait la présence de son poursuivant sous la forme de fourmillements dorsaux. Se pouvait-il que les bruits du jour fussent déjà parvenus aux huis du Bimaristan ?
L'aveugle-muet maintenait son allure.
La probabilité de se cogner à un cul-de-sac développa un serpent de crainte en Eleonara ; une peur qui se teinta, après quelques foulées, non pas de raison mais de pur instinct de survie. Le couloir s'était vidé de ses passants ; menait-il vers un secteur désaffecté ? Il gagna peu à peu en lumière ; les chemins devinrent de plus en plus étroits et tortueux. Des cavernes, bâties les unes sur les autres, peintes et repeintes. Des fenêtres asymétriques. Des habits colorés pendus sur un fil à linge. Des gens sur les toits.
La prise de conscience l'écrasa comme une masse de plomb. C'était un piège ! Ils n'étaient plus dans le Bimaristan, ils étaient remontés à la surface !
Les picotements s'étaient aggravés. L'aveugle-muet se tenait juste derrière, elle le savait. Il n'avait qu'à tendre un bras pour l'étrangler.
Eleonara inspira fort, planta ses talons et fit volte-face, son ridicule coutelet dégainé et pointé vers l'avant. Sa soif de paix bouillonnait, répandant en elle un flux d'encre chaude et lui infusant des réactions sanguines. À l'instar d'un chat sauvage, elle montrait les dents ; si elle avait eu des poils, sans doute qu'ils seraient hérissés sur son échine.
— Que me voulez-vous ? cracha-t-elle, prête à tout.
L'aveugle cligna une, deux fois comme par étonnement. Il s'approcha, la baignant dans son ombre. Il leva sa main, lentement, la guidant jusqu'à son propre visage. Eleonara s'attendait à peu près à tout, sauf à ça : cette pause, cette attente, cette non-action. Elle ne lâcha pas son couteau pour autant ; au contraire, elle profita pour raffermir sa poigne autour du manche, se préparant à l'offensive.
Le dernier geste de son opposant manqua de lui faire tout lâcher pourtant. Il tira sur le bas de son turban, de façon à découvrir la moitié inférieure de son visage. Du menton, il désigna le coutelet.
— Blesserais-tu un vieil ami, Bronwen ?
Cette voix. Ce regard. Ce nom. Médusée, choquée, tétanisée, Eleonara sentit ses entrailles se liquéfier et ses chevilles se lester de plomb. Elle crut que son cœur se délogeait, heurté hors de sa place par un engin de siège, un bélier. Elle scruta cette face pleine d'énigmes sans y croire, à la recherche de réponses et d'indices, n'y décelant que de nouvelles interrogations. Elle n'avait pas reconnu ces yeux bridés, pas contre cette peau halée. Que leur était-il arrivé ? Leurs iris avaient été gris, jadis, or ils tendaient vers un ivoire impénétrable à présent. Ses joues grêlées étaient creuses et sa barbiche, dorée dans la mémoire de l'elfe, était maintenant livide, elle aussi.
— Je vois que tu me reconnais.
« Et vous me reconnaissez, moi » répondit-elle mentalement, comme sortie d'un songe. Eleonara ne put qu'ouvrir la bouche et laisser ses questions s'enfuir dans un souffle muet.
— Retire cette couverture de laine ; je sais que c'est toi, Bronwen.
Eleonara obéit. L'entendre prononcer son prénom avait fait vibrer la corde d'une lyre enfouie dans sa poitrine.
Il fit immédiatement un pas en arrière.
— Ton… ton visage. Que... qui t’as donné ces coups ? Oh, tu trembles !
Eleonara ne put retenir sa peine plus longtemps. Son corps se contracta, elle tomba à genoux et ses yeux libérèrent un cours de larmes.
Des bras l'entourèrent aussitôt. Propulsée par une violente et incontrôlable émotion, elle s'accrocha aux vêtements de bure qui avaient envahi son champ de vision. Elle inspira leur odeur à en être enivrée, comme pour interdire ce souvenir de fuir.
Givré puis bouilli par ce revirement de sensations, son estomac choisit cet instant précis pour rouspéter à coups de crampes sonores. Embarrassée, Eleonara allait s'écarter, mais son poursuivant la garda dans son étreinte en captive bienheureuse.
— J'ai cru que tu avais péri dans l'épidémie du Don'hill, lui murmura-t-il. Mais j’ai vu les affiches et… je voulais croire que c’était toi. Et.. te voilà.
Eleonara avait la gorge serrée. Elle voulait lui partager son épouvante, son désespoir. Elle n'en eut pas besoin. Sous son oreille pointue, elle percevait les battements irréguliers de cet organe qui le maintenait en vie, lui, et elle se sentit revivre, elle aussi. En fermant les yeux, elle esquissa un ailleurs où il n’y avait ni elfes ni humains ; juste des êtres vivants.
Mais il n’y avait pas de temps.
Elle se décolla de lui et essuya ses cils. Ils se relevèrent. Elle ne se sentait pas bien du tout. Elle avait mille choses à lui dire, mille questions à lui poser et pourtant, la première chose qui sortit de sa bouche fut :
— Il faut vraiment que j'aille aux latrines.
Sur le moment, elle n’eut pas honte. Tout dans l'univers semblait avoir arrêté de tourner, à croire que là-dehors, on avait oublié qu'Arènes hébergeait une elfe. Les questions, les explications et les précautions viendraient plus tard. Dans l'esprit d'Eleonara, il n'y avait qu'une parole, qu'un prénom.
Sgarlaad.
Du haut de ses six pieds cinq pouces et des poussières, le Mikilldien hocha la tête et passa un bras autour de ses épaules, la ramenant vers les spirales souterraines du Bimaristan.
— Suis-moi.
Eleonara sortit des latrines, fardée par le feu de la gêne. Elle avait resserré sa tunique maculée autour de sa tête et réajusté sa couverture de laine autour de ses épaules. Elle allait beaucoup mieux. Alors si sa digestion arrêtait de lui rendre la vie impossible et qu'elle ne touchait plus jamais à une brochette de mulot, peut-être y avait-il encore de l'espoir. Cette journée haute en secousses lui avait fait sentir ses crocs et le soulagement inespéré lui avait amené une étrange faiblesse dans le corps. Vidée d’énergie, elle avait peur de perdre connaissance dans le couloir.
Telle une tour penchée, Sgarlaad l'attendait, appuyé contre une paroi grenue. Les extrémités de son chèche s'enroulaient autour de lui et remontaient sur son grand nez aquilin. Certes, il avait bien changé mais elle reconnaissait son regard doux, ses joues trouées par les cicatrices de l'acné et sa barbiche maintenant argentée. Pour la deuxième fois, Eleonara s'ébahit en l'apercevant ; elle avait toujours du mal à croire qu'il était réellement là avec elle, au bout du continent et au pire des instants. Il était curieux de le voir accoutré à l'opyrienne. De le voir tout court, en fait.
Il semblait à l’aise dans sa djellaba et son chèche clairs. Possiblement même trop : en arrivant vers Sgarlaad, Eleonara découvrit ses paupières abaissées, voire scellées. Comme le Mikilldien ne bougeait pas, elle lui toucha l'épaule. Quelle idée de s'assoupir maintenant, en situation de crise et au milieu d'un couloir par-dessus le marché !
À son contact, le Nordique inspira bruyamment et se redressa avec lenteur. En la reconnaissant, il eut comme un tressautement subtil.
Sa tunique était mouillée au niveau du de sa clavicule gauche.
— Je vous ai pleuré dessus, fit Eleonara, atterrée.
— Ne t'excuse pas. Tu as des ennuis, n’est-ce pas ?
La question la prit de court.
— Je… oui. Je crois que je ne pourrai pas sortir d'ici avant très, très longtemps. On me poursuit et… vous avez vu les affiches. Je suis recherchée, comme vous d'ailleurs.
— Comment est-ce arrivé ? Qui s'en est pris à toi ?
— Hum, c'était un groupe de garçons. Ils ont voulu me voler. Ils n'ont pas réussi. J'ai cassé le nez et potentiellement contribué à l'émasculation de l'un d'entre eux. On m'a rouée de coups et puis... des Religiats sont apparus. Les voyous sont partis, mais... une fabricante de sirop qui veut ma mort sait où j'habite alors je n'ai nulle part où aller.
Eleonara se mordit la lèvre. Ça lui faisait mal au cœur de mentir par omission, de fabriquer une réalité presque vraie, mais elle n'avait pas le choix.
Sgarlaad papillonna des cils. Visiblement, son charabia avait manqué de clarté.
— Viens avec moi ; nous parlerons en lieu sûr. Les murs écoutent, ici.
Ils se remirent en marche. Tandis qu'ils descendaient toujours plus bas dans le froid, l'elfe s'efforçait à espacer ses foulées afin d'égaler le pas décidé du Nordique, fondu dans un silence de mort.
Eleonara leva le regard en diagonale pour étudier la forme surplombante et quelque peu courbée à ses côtés. Non, elle n'avait pas rêvé et ce n'était pas un effet de la lumière non plus. Les sourcils de Sgarlaad, sa barbiche – et ses cheveux, nul doute – étaient incontestablement blancs. Blancs, laiteux, à croire que le Mikilldien avait atteint l'hiver de l'âge et qu'il se fanait. Blancs, avec des soupçons argentés. La jeune elfe plissa les yeux. Les Nordiques vieillissaient-ils plus vite que les communs des mortels ? Non, elle devait se tromper : la peau de Sgarlaad, toute grêlée qu'elle était, ne présentait pas plus de rides. Agnan se trouvait-il dans le même état ? Elle n'osait pas demander.
— Agnan est avec vous ?
Sgarlaad lui fit signe de ne pas parler et qu'il lui répondrait plus tard. Le plus impactant chez lui n'était pas la nouvelle teinte de sa pilosité. C'étaient ses iris. Changés en disques froids et sans couleur, ils revêtaient une plaque de néant dans laquelle il n'y avait aucune fente, aucune fenêtre à la compréhension. Même les pupilles semblaient quelque peu voilées. Quand il la regardait, elle avait l'impression qu'il ne la voyait pas. Elle l'avait retrouvé, mais il restait si peu de lui.
— Je te fais peur.
Sgarlaad l'avait dit sans haine et pourtant la phrase avait résonné dans le couloir et dans l'esprit d'Eleonara comme une cloche fatale. Elle grimaça. « Ça se renifle donc si facilement sur moi ? » Elle ne savait pas si c'était lui, ce compartiment méconnu du Bimaristan, le fait que des humains avaient découvert sa vraie identité, ou un mélange de tout, mais elle sentait ses nerfs flancher.
— Le temps est passé, lui souffla Sgarlaad sans la regarder, mais je n'ai pas changé. Pas tant que cela. Je suis toujours moi.
— Rassurez-moi, vous me voyez, non ? lui chuchota-t-elle.
Ses yeux froids se braquèrent sur elle.
— Ma vision s'est dégradée, mais ne t'inquiète pas, je vois chacun de tes hématomes et chaque croûte de sang dans tes narines.
Eleonara regretta de ne pas avoir de quoi se moucher.
— Comment m'avez-vous reconnue ? Je me cachais le visage.
Maintenant qu'elle avait commencé, elle ne pouvait plus s'empêcher de le questionner.
— Ta voix, tes yeux, ta façon de te mouvoir. Et tu sentais l'ail, rajouta-t-il avec un sourire.
Eleonara s'apprêtait à répliquer quand elle comprit qu'ils étaient retournés à la Chambre des aveugles, où rien ni personne ne semblait avoir bougé. On jouait toujours aux dés, on s'échangeait toujours des cartes, on lisait, on papotait et on écrivait. La halle rocheuse, criblée de cellules, ressemblait à l'intérieur d'un nid d'abeilles.
— Je loge ici, chez les aveugles, lui souffla Sgarlaad. Ce sont eux qui administrent et dirigent le Bimaristan. Des gens m’ont aidé à me cacher. Des gens qui ne font pas de différences entre les humains. S’ils m’ont accueillis, moi, il y aura une place pour toi.
« Entre les humains. » Eleonara pinça les lèvres. Ça y était, les tremblements revenaient. Elle n'osait pas imaginer ce qui se préparait pour elle dehors, là où l'on avait interrompu les tournois. Bientôt, même le Bimaristan saurait ; ses murs hospitaliers se changeraient en cloisons hostiles. Et, inévitablement, Sgarlaadsaurait.
Que ferait-il alors ? Elle était une elfe et lui, un ancien Sylvain.
Eleonara s'agrippa à sa couverture et mordit dedans, ayant oublié qu'elle l'avait emprunté à une pile à laver. Une partie d'elle voulait cesser d'exister, se diluer avec la prochaine mousson. Alors pourquoi s'accrochait-elle encore ? Personne ne pouvait la sauver. Pas cette fois. Elle ne pourrait plus compter sur les amitiés de Bronwen ou sur le déguisement d'Ourébi. Sa dernière chance, comme toujours, était Elé, son ultime recours.
— Donc, pendant tout ce temps, tu faisais semblant d'être aveugle ?
Une pression entre ses omoplates l'incita à avancer. Elle entendit Sgarlaad murmurer :
— Par ici.
Côte à côte, elfe et humain se dirigèrent vers une ouverture en plein cintre creusée à l'encoignure des murs. Eleonara s'attendait à déranger une réunion de famille autour d'un foyer. Il s'agissait cependant non pas d'une cellule, mais plutôt d'un entrepôt ou d'un grenier. Des pots, des jarres et des marmites en terre cuite s'entassaient à travers l'espace, ainsi que des paniers de pommes, de prunes et de tubercules de colocase. Il y flottait une forte odeur épicée, un mélange de gingembre, de cardamone et de sumac qui chatouillait la muqueuse olfactive. Le fond du grenier était tapissé de sacs de riz qui, les uns sur les autres, montaient jusqu'au plafond.
À moins que Sgarlaad eût un petit creux, Eleonara n'avait pas la moindre idée de pourquoi il l'avait amenée ici.
Ce fut alors qu'un homme apparut de nulle part, comme sorti des ombres. Le nouveau venu était chauve avec des lèvres charnues ; sa peau, entièrement peinte en turquoise, était ornée de motifs obscurs. Derrière des paupières rapprochées, ses yeux semblables aux pierres de lune brillaient plus que ceux de n'importe quel voyant. Autour de son cou, par-dessus sa djellaba striée, se balançait un serpent de billes en os.
— Monsieur le Nordique, mon frère, est-ce vous ? articula-t-il d'une voix usée. Je vous reconnais si facilement. Vous dégagez une senteur particulière, fraîche, mais qui en même temps me rappelle celle du poisson. Vous avez quelqu'un avec vous, je crois. Quelqu'un que je ne connais pas. Quelqu'un qui sent l'ail.
Eleonara grimaça. Ça commençait à devenir répétitif.
Sgarlaad se baissa pour prendre les mains du petit homme, refermées autour d'un bâton de marche long et fin.
— C'est bien moi, Monsieur Yousef. Une amie m'accompagne.
Gentiment, le Mikilldien guida les mains bleues de Yousef jusqu'à celles d'Eleonara, qui laissa faire. « Sgarlaad le connaît, se répétait-elle. »
— Puis-je lire votre faciès, jeune fille ? demanda soudain Yousef.
Eleonara loucha de côté, à la recherche de l'approbation du Mikilldien. Celui-ci ramena son menton vers son torse, soulignant le mouvement par un abaissement des cils.
— Je... suppose, balbutia Eleonara avec son accent opyrien fabriqué.
— Allez-y doucement, Monsieur Yousef. Elle est blessée.
Tandis que les doigts étrangers parcouraient l'os de sa mâchoire, la structure de ses joues et de son front, l'elfe se focalisa sur sa respiration, trop éreintée pour s'affoler. Yousef ne fit que la frôler. Quand il eut fini sa lecture tactile, il recula.
— Vous n'êtes pas Opyrienne. Vous êtes la Langue Alanguie recherchée ?
Eleonara tordit la bouche. Elle voulait déjà s’en aller.
— Mon amie a été maltraitée et a besoin d'un refuge, expliqua Sgarlaad. Ai-je votre permission pour l'inviter chez moi ?
Monsieur Yousef demeura immobile et l'elfe eut peur qu'il se fût transformé en statue de jade. Il n'y avait pas de mare sans fond à lire chez lui et pourtant, au travers d'un tic de sa bouche épaisse, elle devina sa contrariété. L'aveugle ne manifesta cependant pas sa confusion par oral. Il se tourna vers Sgarlaad, lui saisit le bras au niveau du coude et déclara :
— Tes amis sont mes amis, frère. Mon toit est le tien et donc le sien aussi. Je pressens une commotion, là-haut. (De son bâton, il désigna le plafond pierreux.) Il est préférable que vous restiez à la Source. Plus de musique. Il ne fait pas bon sortir quand il tonne.
Eleonara se tourna vers Sgarlaad.
—C'est pour ça que vous étiez à la Chambre des aveugles, à la vue de tous ? Pour écouter la musique de la Fête Bovine ?
Il haussa les épaules.
— La musique me manquait. Moins de gens visitent le Bimaristan pendant les festivités et de nombreux patients ont été amenés voir les jeux, alors oui, j'en ai profité.
— Mes fils vous apporterons de quoi vous nourrir, poursuivit Yousef. S'il vous manque quelque chose, montez à l'arrière du grenier et servez-vous, comme d'habitude.
Sgarlaad toucha les doigts de Monsieur Yousef et, se courbant pour y appuyer son front, le remercia. Soucieuse de ne pas rompre un code d'étiquette, Eleonara s'empressa de faire de même, quoique avec maladresse.
Monsieur Yousef partit avec la démarche d'une tortue, les laissant seuls dans le grenier. Eleonara regarda l'Arènien s'éloigner avec l'envie de lui demander pourquoi il l'accueillait, elle, une parfaite inconnue.
Quand elle se retourna, Sgarlaad avait retiré plusieurs sacs de riz de la pile aussi haute que les parois. Il le faisait avec une précaution notable, afin d'éviter qu'une colonne d'aliments s'écroulât. L'elfe eut à peine le temps de formuler une question dans son esprit qu'elle ouvrit la bouche de surprise. Derrière les paquets de riz se poursuivait un corridor délabré et sombre où des paquets et d'autres piles d'objets jonchaient le sol. Sgarlaad ramassa divers produits, qu'il garda pressés contre lui. Avec toutes les allées et les passages du Bimaristan, Eleonara peinait à comprendre comment les infirmiers n'égaraient pas leurs patients. Ce corridor-là n'était toutefois pas aussi bien taillé et fignolé que les autres. Des briques jaillissaient de n'importe où et nombre d'entre elles s'étaient fracassées par terre.
Après avoir enjambé la « muraille », Eleonara aida Sgarlaad à replacer les sacs de riz de façon à reboucher le mur de marchandises.
Ils étaient dorénavant coupés du monde ; il n'était plus question de grenier, ni de Bimaristan ; il n'y avait qu'eux, la muraille de riz et le corridor qui débouchait sur une cage d'escaliers.
Au fur et à mesure qu'ils descendaient, la roche martelée et les dalles se couvraient d'une pellicule humide, à croire que les pierres pleuraient sous la mousse. À la moitié des marches, Eleonara avait déjà manqué de glisser et Sgarlaad aussi, se rattrapant l'un à l'autre juste à temps.
— Pourquoi Monsieur Yousef vous héberge-t-il ? demanda soudain l'elfe.
— Je ne sais pas ce qu'il a vu en moi, mais il m'a ouvert les bras sans hésiter et depuis, je fais la cuisine pour la communauté aveugle. Moi, un Barbare avec un prix sur ma tête. Puis j'ai compris : ceci est un Bimaristan. Le malade est soigné, le mourant apaisé, l'affamé rassasié, le réfugié abrité. Monsieur Yousef est un homme bon, mais l'hôpital ne tiendrait pas debout s'il en était le seul vertueux.
Les escaliers débouchèrent sur un bassin carré, autour duquel montaient quatre parois légèrement inclinées en arrière, un évasement de gradins. Ces derniers étaient hachurés de marches allant dans un sens puis dans le sens opposé, ce qui leur accordait un air plus décoratif que pratique. Les encoignures étaient cachées par quatre templions ouverts et barrés de colonnes. La matière dans laquelle le tout avait été sculpté avait une teinte rosâtre qui se perdait à l'approche de l'eau opaque. Là, la roche se vêtait d'une écume sale, de sel et d'algues, dont les puissants relents emplissaient le lieu.
Bien au-dessus de ce spectacle, Eleonara balaya la halle silencieuse du regard. Il n'y avait personne.
— Où sommes-nous ? s'enquit-elle en se bouchant le nez.
Décidément, ce n'était pas la meilleure journée pour son estomac.
— À la Source des aveugles, répondit Sgarlaad. C'est ici que j'habite.
oui bah tu m'étonnes que le mulot ça rende malade. On n'a pas idée de bouffer ça non plus!
Alors je vais commencer ce commentaire calmement en disant que j'ai quasiment lu ce chapitre en apnée. C'est très très TRES vilain de ta part de faire durer le suspens pendant autant de paragraphes! è_é
ENFIN! Elé a retrouvé Sgarlaad! Quel moment! Que d'émotions! Je t'avoue que ça m'a toute chamboulée T_T C'est TELLEMENT adorable l
D'un côté, je suis ravie qu'elle ne se retrouve pas toute seule face à tous ces ennuis, de l'autre je suis quand même un peu inquiète de la découverte de sa nature d'elfe et des catastrophes que ça risque d'engendrer. Même si Sgarlaad peut être compréhensif, ça risque de compliquer leur relation (toute mimi là <3)
Quoi qu'il en soit, je n'ai pas de critique à faire en tant que telle, le chapitre m'a tenue en haleine, fait vibrer, interrogée...
Je n'ai qu'une hâte, c'est savoir ce que Sgarlaad fabrique ici et dans quel but??
A bientôt
Alice
Je ne recommande pas le mulot, en effet cd
Hahahah tes réactions étaient très drôles à lire! Tant mieux si le suspense valait la peine et tu étais contente de retrouver Sgarlaad ! Ta réaction est exactement celle que je voulais provoquer, chouette ! Surtout si t'étais émue awww !
Tu as raison: ils se sont retrouvés, mais ce n'est pas la fin des ennuis pour Eleonara! Tu te poses les bonnes questions par rapport à Sgarlaad, tu auras les réponses très bientôt :)
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
KYAAAAAAAAAAA*v*
Voila ça va mieux !
Et aussi, purée quand la touaille tombe et que Eléonara est démasquée, je voulais pas y croire, c'est tellement soudain, je m'y attendais pas du tout, pas ici, pas comme ça T___T Très très fort.
J'ai aussi beaucoup aimé la fête des vaches, la folle au sirop qui revient, l'aveugle muet qui suit Elé (très angoissant).
Bref, que du positif !
mais sutout : KYAAAAAAAA *v*
Hahaha, merci pour ton Kya, il était de très bonne qualité sonore et très apprécié xD
POur la touaille, c'est vrai que ça aurait pu se passer de mille différentes manières; je crois que j'ai un peu choisi au pif héhé. Je suis curieuse: comment est-ce que tu pensais que ça allait se passer ?? * grands yeux inquisiteurs *
En tout cas, c'est super si cet enchaînement d'événements t'a plu et t'a fait frissonner un peu aussi (gnark gnark)
Merci pour tes KYAAA enthousiastes, ça me touche :D !
Je cours répondre à ton autre commentaire !!
Que d'émotions ! Alors déjà j'ai bien souffert avec Elé, déjà pour ses blessures et ensuite, la pauvre, prise de diarrhées aiguës alors que la situation est critique (et face au beau et mystérieux Sgarlaad !).
Ensuite, j'étais tellement sûre qu'elle allait tomber sur l'alchimiste, que je n'ai rien compris à ce qui se passait quand Sgarlaad la suit et qu'elle se retourne. Ni même quand il dévoile son visage ! Je me disais : mais pourquoi est-elle aussi contente de revoir l'Alchimiste ? Il est pas HYPER sympa, quand même ? En fait, je m'attendais tellement à l'Alchimiste qu'au lieu de lire "Ses iris avaient été gris, jadis", j'ai lu "ses iris avaient été grillés, jadis", ce qui corroborait tranquillement ma théorie XD. Acte manqué, quoi ! Bref, je suis tombée dans le piège à pieds joints !
Et je suis teeeeeeellement contente qu'elle retrouve Sgarlaad ! Est-ce qu'il est simplement maquillé , ou est-ce que ses cheveux et sa barbe sont vraiment devenus tout blancs ? En tout cas, je suis sûre qu'il porte des lentilles, non ?
Bon évidemment, il reste encore le problème qu'il est sylvain et qu'elle est une elfe. Mais j'ai tellement confiance en Sgarlaad ! Je suis sûre qu'il pourrait l'entendre, qu'elle est une elfe ! Peut-être avec un peu de mal, mais il s'apercevrait que c'est toujours la même personne ! J'espère qu'elle va lui dire. Et j'espère aussi qu'Agnan est avec lui (mais ça ferait peut-être un peu trop de trucs chouettes, d'un coup... ;) )
Un truc me turlupine, quand même : du coup, il y a des fleurs jaunes hyper dangereuses qui traînent un peu partout là où Elé est passée, puisqu'elle saignait. Ça craint, non ?
Aucune remarque sur ce chapitre, en tout cas (sauf mes petits pinaillages, hein, on se refait pas). Je l'ai dévoré sans reprendre ma respiration ! Et bien sûr, je suis impatiente de lire la suite, mais promis, pas de caprice, cette fois, je serai sage ;)
Détails :
"Ses muscles calcinaient." : pas convaincue par "calcinaient", dont la signification est vraiment trop éloignée de ce que tu veux dire, je pense, et qui est plutôt un verbe passif s'il n'est pas dans sa forme pronominale. Donc à la limite : "Ses muscles se calcinaient", mais ça veut dire qu'ils ont fini de brûler et qu'il n'en reste rien. Peut-être vaudrait-il mieux s'en tenir à "brûlaient" ou si tu veux quelque chose de plus imagé, "rôtissaient", "cuisaient" ?
"le centre hospitalier était un lieu sacré ou ni Religiats, ni escamoteurs ne s'y rendaient par respect," : ne se rendaient
"Pourquoi avait-elle si mal au ventre ?" : peut-être parce qu'elle a mangé du MULOT au chapitre précédent ?!
"Alors si sa digestion arrêtait de lui rendre la vie impossible et qu'elle ne touchait plus jamais à une brochette de mulot, peut-être y avait-il encore de l'espoir." : ah ben voilà, c'est bien le mulot !
"Les voyous sont partis, mais... une fabricante de sirop qui veut ma mort sait où j'habite alors n'ai nulle part où aller." : je n'ai nulle pas où aller
"— Agnan est avec toi ?" : dans les phrases précédentes, il me semble qu'elle le vouvoie. Je ne me rappelle pas ce qu'il en était dans le tome 1. Mais peut-être que le changement est voulu ? Pourtant ensuite, elle le vouvoie de nouveau...
"Derrière des paupières rapprochées, ses yeux, pourtant chétifs et semblables aux pierres de lune, brillaient plus que ceux de n'importe quel voyant." : ça me parait bizarre "chétifs" pour des yeux. Plutôt "petits" ou "étroits", non ?
A très vite !
Haaan tu es si rapide ! Je vois que tu as déjà lu le chapitre principal que j'ai posté aujourd'hui !!
Oh, super, le chapitre a eu l'effet voulu ! Et te réactions sont toujours aussi drôles à lire ! 16 chapitres sans Sgarlaad, tu te rends compte ? Je ne sais pas comment j'ai tenu xD (oui je me fais moi-même des caprices ahah)
C'était probablement une des pires journées d'Elé on est d'accord. Je trouve ça intéressant que tu t'attendais à voir l'alchimiste, mais c'est vrai que ça aurait pu ! On dirait qu'il t'a tendu un piège, le fourbe !
"Ses iris avaient été grillés, jadis" xD Tu m'as tuée, là. Mais quelle phrase pleine d'élégance ! J'ai très envie de la placer quelque part juste pour rigoler héhé. Alors clairement, tu voulais le voir très très fort (Amazzard est très flatté).
Concernant Sgarlaad: ce n'est pas du maquillage ou une teinture, ses cheveux sont réellement tous blancs et il ne porte pas de lentilles non plus :P Mais on en reparlera dans les chapitres suivants ^^
Eleonara est tellement habituée à cacher sa nature qu'à mon avis, elle n'est pas prête à faire un aveu tout de suite, surtout qu'elle risquerait de perdre son seul allié sûr au Bimaristan! Mais t'inquiète, c'est tout autant frustrant pour moi: je veux la pousser mais elle ne veut pas xD Et c'est vrai que même si Sgarlaad est compréhensif, sa réaction reste dure à prédire !
ça aurait été beau qu'Agnan puisse se pointer, lui aussi, mais il a un tout autre rôle, tu verras *se frotte les mains*
Oui, tu as 100% raison, les fleurs jaunes ça craint ! Beaucoup même !
Merci pour ton enthousiasme, tes commentaires me boostent à chaque fois ! Et je ne peux pas me passer de tes pinaillages, ils visent tellement juste (oups, c'est vrai, ici Eleonara devrait vouvoyer Sgarlaad!). Et bien vu, c'est bien le MULOT (quelle idée de manger ça d'ailleurs, je ne sais même plus pourquoi j'ai écrit ça xD)!
Je vais vite répondre à ton autre commentaire !