💍17. Pour l'amour d'une fleur💍

Assis aux côtés de la Princesse, le jeune Duc ne put s’empêcher de mimer les réactions de l’attendance les entourant tandis que chacun avait sa faveur à formuler à la prochaine héritière du Royaume. Tous n’étaient venus que dans le seul et unique but de gagner ne serait-ce que sa reconnaissance tels des animaux venus quémander de quoi se mettre sous la dent. Il fallait s’y attendre, tout le monde avait à y gagner et la pieuse Princesse la première. En se mettant ainsi les nobles dans la poche, cette dernière ne rencontrerait ainsi aucune difficulté vers son ascension au trône, bien au contraire, elle a là le soutien de toutes les plus grandes familles : Des plus riches aux plus influentes, que demander de plus ? Cette soirée n’était qu’une vaste opération politique afin d’assurer ses arrières et le fait d’avoir fait appel au Duc pour la soirée n’enlevait en rien à son intelligence car les Varsox possède à eux seuls le plus grand duché du Royaume ce qui fait du Duc l’homme le plus convoité, méprisé, jalousé et aimé de la soirée. En outre, qui ne se priverait pas d’un potin visant à rapprocher les deux plus jeunes gens de la soirée ? Peut-être même que les rumeurs couraient déjà à son insu bien qu’il ne tardera certainement pas à les apprendre dès son levé demain matin.

Profitant d’une pause, la Princesse Sophia se laisse tomber dans le canapé sur lequel ils se sont tous deux installés tout en arborant un étrange regard empli de curiosité à l’attention de l’homme assis à ses côtés.

- Je vous trouve bien silencieux pour un homme qui a la réputation d’attirer les foules. N’êtes-vous pas complètement et totalement dans votre élément présentement cher ami ? lui demande-t-elle sans cacher une pointe de reproche dans ses paroles.

- Disons que les récentes affaires que j’ai eu à traiter m’ont quelque peu fatigué, mais si j’importune Son Altesse alors je prie pour que cette dernière m’excuse. Peut-être devrais-je songé à me retirer, lui répond Jonah sans même prendre la peine de la regarder.

- Vous êtes, je dois le dire, un bon comédien Monsieur. Le duché se porte-t-il si mal que cela ? Ou alors seriez-vous occupé avec un autre type d’affaire étant donné que je n’ai rien entendu concernant ce dernier.

- Oh, mais je me doute que Son Altesse est suffisamment occupée de son côté pour avoir ne serait-ce que la moindre minute à m’accorder. Votre invitation pour la soirée arrivant à la dernière minute en est la preuve à elle seule. Si occupée que cela sonnait d’ailleurs comme une obligation à mes douces oreilles, mais je dois sûrement me tromper.

- Que voulez-vous ? Mon partenaire m’a soudainement abandonnée et je me devais de trouver quelqu’un d’autre pour le remplacer. En outre, mes conseillers m’ont laissé entendre que votre récent emploi du temps avait une disponibilité pour moi car il semblerait qu’à moins de flâner dans les rues de la ville, vous ne faites pas grand chose.

Un rire gras échappe alors au jeune homme tandis que ses yeux quittent la foule profitant de sa soirée pour se poser sur la jeune femme se tenant juste-là, ne cachant en rien la furie qu’elle éprouvait.

- Votre Altesse, vous me voyez désolé si votre dernier partenaire a eu un empêchement, néanmoins je n’aime guère vos sous-entendus alors je vous prierais de ne pas faire de spéculations quand visiblement tout ce que vous semblez savoir sur moi n’est qu’un ramassis de rumeurs, prévient le Duc en soutenant son regard

- Des rumeurs justifiées si je dois compter votre absence précédente. J’espère que le bol d’air frais que vous êtes allé requérir sans prendre la peine de me prévenir vous avez fait le plus grand bien ? siffle-t-elle

- Suis-je votre invité ou votre obligé ?

- Le premier cela va de soit, mais j’attendais de vous un minimum de respect envers ma personne. Or vous voilà à vous précipiter dans les jardins dès que l’occasion s’en présente. Ceci est ma foi, bien étrange.

- Votre Altesse, étant donné que vous avez lancé la conversation, j’ai ouïe dire de mon côté que vous étiez une femme éprise des arts et de toutes formes de beauté. Peut-être comprendriez-vous alors que nous partageons ce trait vous et moi et que, venant de revenir chez moi après des années d’absence, je me devais de vérifier la beauté que l’on louait à cet endroit et plus particulièrement aux fleurs de ce splendide jardin.

- Vous m’en direz tant. Dans ce cas, je présume que vous avez su en voir une qui a retenu votre attention ?

A cette mention, Jonah ne put s’empêcher de pincer sa lèvre inférieure, retenant un délicat mais subtil sourire tandis que la première chose lui apparaissant à l’esprit fut Joséphine. La curieuse Joséphine. Soudain, toute la tension précédemment accumulée semble s’envoler juste par cette simple pensée.

- Je ne saurais vous mentir, Votre Altesse, j’ai effectivement aperçu une fleur d’une rare beauté.

- Sauriez-vous me la décrire dans ce cas ? Je n’ai guère eu le plaisir, contrairement à certain, d’aller me promener et je ne doute pas que je saurais la retrouver quand je reviendrais ici.

Tous deux savaient que cette conversation ne tournait nullement autour des fleurs ou bien même de la beauté des choses, mais bel et bien autour des fréquentations du Duc et ce dernier ne put s’empêcher de garder le silence ayant pour seule réponse à la demande de la Princesse, un large sourire.

- Il y a des fleurs si convoitées, que pour les protéger de toutes formes de mal, il vaut mieux les laisser dans l’ignorance du plus grand nombre, lance le Duc en soupirant tout en se vautrant contre le dossier du sofa.

- Quel dommage, j’aurais aimé l’apercevoir afin d’en profiter. Peut-être qu’une prochaine fois, j’aurais cette chance unique de la voir.

- Peut-être en effet, si cela est encore la saison. Vous savez, les fleurs sont si capricieuses qu’une fois que l’on a posé un regard sur elles, ces dernières semblent disparaître comme pour se cacher.

S’apprêtant à lui répondre, la Princesse est alors brusquement interrompu par l’arrivée soudaine de Maximilien venu trouver le Duc.

- Monsieur, puis-je vous entretenir de quelque chose ?

- Que Son Altesse m’excuse, j’ai visiblement à faire.

- Du moment que cela n’est pas de la botanique, vous êtes tout excusé, Votre Excellence.

Cela est la deuxième fois de la soirée que la jeune femme s’adresse à lui d’une telle manière durant le courant de la soirée et il savait alors à sa façon de le regarder, son intonation ou bien même sa récente curiosité pour ses activités, que cela n’en était pas terminé. La Princesse était jeune, mais pleine d’ambitions et se montrer à ses côtés venait certainement de lui permettre de marquer des points auprès de certains gros portes-monnaies. Il le savait. Bien avant d’accepter l’invitation. Cette soirée n’était qu’un jeu, une pièce de théâtre où chacun faisait semblant de s’intéresser à l’autre afin d’obtenir un service, une faveur ou parfois plus. Sous les grands verres de champagne, les petits fours, les plateaux d’argent et la douce musique, il y avait tout un monde parallèle qui était venu ce soir dans le seul et unique but de régler des affaires.

S’éloignant alors de la mondanité avec son secrétaire pour se retrouver dans un endroit plus tranquille, le jeune Duc en profite pour jeter un coup d’oeil ravi à son ami.

- Voilà encore une situation où tu me sauves grandement la mise Max, je t’en suis reconnaissant.

- Je ne suis pas venu pour vous sauver, Monsieur, mais pour vous faire part d’une chose que j’ai vue, lance dernier d’un ton tout à fait sérieux

- Très bien, s’inquiète le Duc, je t’en prie dis-moi ce qui te tracasse.

- Mademoiselle Conquérant, dit-il brusquement

- Maximilien, soupire Jonah, nous en avons déjà discuté. Joséphine ne viendra pas perturber nos plans, je te le promets.

- Certes, votre récente «amitié» à son égard m’échappe, mais ce n’est pas de cela dont je veux vous parler, mais de sa relation avec le Comte Detina. Voilà que je les ai aperçus tous deux assis à une table, échangeant un bref instant avant que cette dernière ne se lève brusquement et qu’il s’empare de son bras de façon tout à fait violente.

- Ceci est une chose tout à fait regrettable, mais cela appartient à sa vie privée. Pourquoi me rapportes-tu ce fait ? se renseigne le jeune homme curieux que son domestique vienne ainsi lui parler de son amie.

- Je pensais que vous auriez aimé savoir qu’un homme ayant plus que le double de son âge embête votre jeune et nouvelle amie. Ne comptez-vous pas vous ruer chez elle demain matin à la première heure ? Si c’est le cas, j’aimerais être prévenu dès maintenant afin que je puisse faire tous les préparatifs.

- Maximilien...

- Bien entendu je ne fais que vous demander Monsieur étant donné que récemment vous m’avez fait servir de nounou pour sa jeune soeur tandis que cette dernière faisait les boutiques, vous m’avez fait enquêter sur les affaires de son père, vous m’avez fait envoyer une lettre expressément afin que son cadet soit là pour l’enterrement de leur père, continue-t-il sur sa lancée incapable de faire attention au regard de son Maître.

- Maximilien...

- Sans compter les nombreuses fois, sans nul doute dû au hasard le plus improbable, où vous vous êtes retrouvés ensemble et où j’ai dû assumer seul la charge importante de travail que vous avez laissé derrière vous avant de me disparaître sous le nez fuyant ainsi votre responsabilité.

- Maximilien !

Il l’arrête en posant ses mains sur ses épaules tandis que ce dernier se rends compte avoir franchis une limite qui jusque-là, il ne s’était alors jamais permis. Bien entendu qu’il n’avait aucun grief contre la jeune femme et il lui était même reconnaissant d’apporter ne serait-ce qu’un peu de bonheur au Duc, néanmoins il y avait quelque chose chez elle qu’il craignait : Sa capacité à être devenue soudainement le centre de son attention.

Cela fait des années que Maximilien suit Jonah comme son ombre. Des années à le voir grandir, changer et surtout évoluer. Durant leurs nombreux voyages, il l’a vu fréquenter des femmes, flirter ou bien même passer la nuit, mais jusqu’à présent, aucune n’avait su révéler en lui ce côté enjoué, heureux. Jamais encore le Duc ne s’était montré aussi attentionné et curieux envers une tierce personne. Du moins pas depuis le décès de son père.

- Écoute, lui dit-il alors en soupirant, Je sais que dernièrement, je ne t’ai pas rendu la vie facile et je m’en excuse. Il est vrai que nous avons beaucoup à faire toi et moi concernant la récupération du duché et je veux que cela fonctionne. Je veux récupérer ce qui m’appartient de droit, vraiment. Mais avec Joséphine c’est différent.

- Dépasserais-je les limites en vous demandant si vous éprouvez pour elle une quelconque forme de compassion ? Ou peut-être sympathisez-vous car elle a tout récemment perdu son père ? Si c’est cela, je peux le concevoir.

- Je ne saurais te dire, lui avoue-t-il en baissant les yeux, mais chaque moment passé avec elle est d’une agréable douceur ou follement amusant, je ne sais pas vraiment. Joséphine est pour moi une sorte de curiosité.

- Oh donc quand vous aurez résolu le «mystère» vous cesserez de jouer ? Car voilà des semaines que nous sommes revenus et nous n’avons pas fait la moindre avancée dans nos projets car votre attention et votre énergie sont ailleurs.

- Et je m’en excuse, je te promets de faire des efforts à compter de ce jour ! Cela te va comme promesse ? Ou dois-je m’ouvrir le poignet et jurer sur mon sang ?

- Pour être celui qui panse votre plaie ensuite ? Non merci. Mais sachez que je suis heureux de vous voir heureux, Monsieur, sincèrement. Si Mademoiselle Conquérant pour vous apporter une quelconque forme de réconfort, je suis ravis, mais je ne voudrais pas que cela vous empêche de réaliser votre objectif, pas après tout ce temps passé à vous battre et vous débattre.

- Je sais que tu te fais du souci pour moi, vieil ami, mais tout ira bien. Tu verras !

Si seulement cela aurait pu demeurer vrai. Malheureusement, il y a parfois des coups du destin que l’on ne voit pas venir et qui nous frappe si fort que l’on pose indéniablement un genou à terre.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Alison CXC
Posté le 31/03/2021
Oh ! On découvre un peu plus la Princesse dans ce chapitre-ci et elle me plaît quand même pas mal ;) Une femme de caractère qui mène son monde a la baguette: c'est archi plaisant ! Concernant le Duc, c'est vrai que depuis le début je me dit qu'il va venir en aide à Joséphine mais au final... et si c'était l'inverse ? Ou du moins donnant-donnant ? ;) En revanche, je ne comprends pas pour le moment ce projet qui consiste à récupérer ce qui "lui est dû" : il a encore pas mal de mystère autour du Duc et de ses projets et j'ai hâte d'en savoir plus ^^
ManonSeguin
Posté le 01/04/2021
Oui tu découvres enfin la Princesse Sophia que j'aime aussi pas mal car je ne la vois vraiment pas comme une méchante à proprement parlé (bien qu'elle mettra des bâtons dans les roues à nos deux héros ça c'est certain). Pour ce qui est du Duc et de Joséphine, je te laisse découvrir de quoi il va en être...De même pour son passé dont tu auras un gros bout dans le chapitre 20 ! :) Be prepared :D
Vous lisez