17 | Retrouver Achronie (2/2)

Notes de l’auteur : Chapitre mis à jour le 13.10.23.

JULES.

— Dites Monsieur Jasmin Fleury…

— Oui ?

— L’vio’ comment vous l’avez récup’ déjà ?

Fourbu, Jasmin s’est laissé choir au fond d’sa chaise boisée, a fort soupiro en s’grattant le front pis la tête. Subito, l’enlève son monocle, tire la manche d’son pull et frotti-frotta la loupe. P’tits yeux tirés. Et voir sa frimousse toute ouverte, sans lorgnon aucun, ça creusait les ridules au coin des l’oeils et l’rendait encore plus vieux-vaseux. Sa cicatrice-vague à la joue l’était toute pâlote.

— Le mouvement révolutionnaire de l’Onde, vous connaissez ? éreinte-t-il.

— Les gulus qui graffitient aux murs, l’y soutiennent les Hỳdōrs et les Pensifs ?

— Voilà. Et se rebellent contre le gouvernement eurythméen.

— Ouais… bein c’est quoi ? Naïa d’aujourd’hui ?

Jasmin, l’avait les épaules toutes courbées pendant qu’il nettoyait sa loupilunette et qu’il m’expliquait que pour comprendre faut r’monter à plus loin, au temps de la Belle Guerre. Océane pis Céleste l’y z’avaient trois enfants qu’elles s’occupaient : Noée Elévie, qui l’était la fille d’Océane, pis Jules Orion et Léon Ariel, qui l’étaient des porte-chaos orphelins. Elles les ont élevées les trois pour en faire les héritiers de Naïa, et même plus précisément : des « maîtres-Naïens », ces gens avec des Animas si puissants qu’ils se faufilent dans la tête des gens et changent leur vivème. C’était assez craignos pour les gamins, franch’, et lorsque leurs mères ont été tuées et que le Pandémonium l’a été dissolu après la Belle Guerre, Noée et Jules l’ont voulu trouver une autre façon de s’rebeller.

— Mais Léon ?

— Léon c’est plus compliqué, les sources qu’on garde à son sujet sont minimes et lacunaires. Mais de ce qu’on raconte, il serait resté fidèle à Naïa et aurait veillé à faire perdurer le mouvement de son côté, dans l’ombre.

Et j’frisson et c’est p’t-être d’sa faute si aujourd’hui Naïa ça existe encore ?? Quoiqu’il en soit ! s’exclamo Jasmin. Elévie pis Orion l’y voulaient plus aucune violence et trouver une voie qui libère vraiment les gens, parce que selon eux, Naïa l’avait beau supprimer toute hiérarchisation au sein du Pandé’, son anarchie ça restait une forme d’domination à travers le chaos et ça résolvait en rien l’problème de l’oppression. L’y étaient convaincus que la véritable libération peut venir que d’soi et c’sont eux qui ont ouvert en premier « la Voie du Ciel », ce ch’min dans le Flux qui permet de s’affranchir d’un tas d’trucs. Gneh le « Flux » ? Et là Jasmin m’a tout expliqué ce que c’est, là : toutes nos pensées elles sont dispersées autour du monde, comme il m’expliquait déjà un peu l’autre jour, et ça forme un immense flot d’idéelles, celui qu’aujourd’hui quasi plus personne perçoit mais voilà c’est là. On l’appelle le Flux, et pour Elévie et Orion, si on arrive à l’interpréter, bah on peut mieux s’maîtriser la tête les émotions et après on peut penser au-delà des normes sociales imposées. Autrement dit : s’libérer des mivages ! Ouèche. Carrément. Et même ! Elévie et Orion ont exploré si loin le Flux qu’ils ont réussi à en créer un tout nouveau :« Achronie ». Malheureuso, il s’est perdu aujourd’hui pask’ trop peu d’personnes y vivaient et on a jamais su retrouver le chemin pour y aller, mais l’y a encore de l’espoir et c’est justement ce à quoi travaillent les Ondés d’aujourd’hui : s’ouvrir au Flux, parcourir le Flux, devenir un « flomade », un gnagna qui l’a assez d’expérience pour animer son vivème. L’but c’est s’libérer quoi, quitter l’Eurythmie par ses propres moyens et retrouver Achronie sans que ça soit imposé par personne. Et c’est tout un processus, long et laborieux, qu’ils ont appelé « la Poétique » et que l’Onde enseigne à ses membres.

— Et c’sont ces types-là qui vous ont refilé l’violoncelle ? demandé-je.

— Oui… Ça faisait plusieurs années que j’étais entré dans le mouvement en tant que gemmeur lorsqu’une Ondée m’a donné la tâche de garder ce violoncelle. Depuis, combien de journées et de nuits ai-je passées à tenter de le lire ? Mais comme c’est une gemme à maître, impossible de savoir ce qu’il referme comme idéelles… Sacrebleu je meurs d’envie de savoir. Tout comme l’Ondée lorsqu’elle me l’a refilé : elle m’a dit qu’un jour, un jour… si tout se passe comme prévu, son maître viendra à moi et qu’alors, enfin, on saura.

Ses iris, à c’moment-là, ont vrillé tenaces sur moi. Toute à la grogne, j’ai frotté mon nez dans la couverture. À la lisière de l’éternuement, j’ai ouvert la bouche pour ‘tchoumer, rien n’est v’nu, ça m’a tout piqué les yeux. Fichtre. Ça voulait plus. Et gneh j’étais même pas étonnée qu’il fasse partie de l’Onde ?

— Mais vous l’avez pas fait, bougonné-je final’.

— Quoi donc ?

— Leur dire.

— Dire quoi ?

— Que j’suis là.

L’y m’fixait toujours aussi forté, quoiqu’avec un coloris plus dureté qu’avant.

— Effectivement, admet-il. Je ne leur ai rien dit.

— Et vous avez pas prévu d’le faire.

— Non.

— Pourquoi ? Pourquoi vous leur dites pas que j’peux lire vot’ foutu vio’ ? Pourquoi vous leur dites pas pour l’Anima d’Océane ?

L’asticot laisse trainer un long silence, quasi sans fin, pendant que ça chaloupait dans sa tête et qu’il réfléchissait à sa réponse. Et moi, j’y tenais ardent à c’qu’il m’dise la vérité, sans quoi j’me taillais définitiv’ loin d’là. J’crois que Jasmin l’avait bien compris, pask’ il a fini par avouer :

— En toute franchise, parce que je ne fais plus confiance à l’Onde.

— Vous v’nez d’dire que z’êtes les gentils mecs dans l’histoire !

— Oh oui… ! Le mouvement partait d’une bonne intention, au départ. Mais ça a fini par dégénérer. Depuis le jour où Noée et Jules ont subitement disparu, en fait, sans laisser aucune trace nulle part, et que le mouvement a commencé à tirer profit de son influence pour des fins autres que celles purement idéologiques.

Il grimaçouille. Remet son monocle à l’oeil. Continue :

— Vous voyez, l’Onde est dirigé par un noyau composé de cinq personnes, nommé « l’Ombilic ». Ce n’est un secret pour personne qu’ils ont la main mise sur le marché noir et gèrent le trafic de drogues. À vrai dire, il est même la source principale de leurs revenus. Et pourtant tout le monde ferme les yeux ! Tout le monde considère qu’ils détiennent la sainte parole ! Ça me fâche d’autant plus que leur hypocrisie ne s’arrête pas là : ils nous disent posséder les Animas de Noée et Jules, nous garantissent que leur enseignement de la Poétique est un savoir qui émane directement d’eux. Si vous voulez toutefois mon avis : ce ne sont que des mensonges. Personne, à ma connaissance, n’a jamais vu aucun de ces deux Animas.

— L’O.V.E.A. l’a pas parlé des deux idéelles dans les rats comme quoi c’est leur reconstitution ?

— Oui, totalement ! Mais déjà : comment être sûr qu’il s’agisse effectivement de leur Anima et pas des souvenirs d’eux ?  Je ne m’avancerai pas à caractériser leur nature aussi rapidement. Ensuite, quand bien même ce serait bel et bien leur Anima, rien ne nous garantit que c’est l’Ombilic qui les possède et les contrôlait à ce moment-là.

— Mais pourquoi l’y mentiraient sur ça ?

— Comment ça ?

— Pourquoi dire qu’ils ont leur Anima alors qu’en fait trop pas ?

— Eh bien, personne ne sait vraiment ? Parce que ça légitime leur propos ? Parce que ça leur donne du pouvoir ? Elévie et Orion sont considérés comme les plus grands maîtres-flomades que le monde n’ait jamais connu, forcément on écoute les personnes qui ont une relation privilégiée avec eux.

Un p’tit silence des plus longs silences pendant que j’fronce-nez-réfléchis et que j’mormonne final’ :

— Alors quoi, vous pensez que l’Ombilic veut empêcher de trouver Achronie ?

— Ce sont mes hypothèses, oui. Parce qu’enfin : ce n’est pas pour rien si la Poétique n’a pas évolué depuis plusieurs décennies. Pas pour rien si même nos flomades les plus expérimentés ne parviennent à progresser dans le Flux comme eux l’ont fait. Quelque chose s’est cassé, perdu. Il ne fait aucun doute que la cause en est l’Onde : qu’elle possède les Animas ne change en vérité pas grand-chose, elle n’enseigne dans tous les cas qu’une forme de la Poétique qui l’arrange. Et là, avec Océane… enfin nous avons une piste ! N’est-ce pas fantastique ? Quand bien même Noée s’est détournée de Naïa, il y a tout à parier que l’Anima d’Océane veuille retrouver celui de sa fille, alors imaginez s’il nous menait à lui ! Enfin nous pourrions apprendre directement de Noée, explorer le Flux dans toute sa vérité, finesse et complexité… Et retrouver Achronie ! Oui, c’est cela ! Retrouver Achronie ! Et si le violoncelle renfermait lui aussi des clés sur la véritable Poétique ?

— Ouais. Donc v’voulez être le roi d’un tout nouveau monde à vous tout seul, aigré-je.

— Je n’ai jamais dit ça.

— Vous voulez pas partager !

Jasmin l’a vraiment été agacé par ma remarque, pask’ il s’est levé brusquement, l’hérisse trop quoi, m’observant avec une sacrée fièvre dans les yeux. C’est alors qu’Eustache l’est revenu, cling-cling la porte, mais ni Jasmin ni moi on l’a r’gardé. Quand, étonné d’nous surprendre comme ça, Eustache a demandé c’qu’il se passe, Jasmin a chassé sa question d’un fébrile geste d’la main, comme une vulgaire mouche. Sûr’ment qu’il s’rendait pas compte que c’était Eustache tant l’y tenait à m’répondre pis m’convaincre. Glacément, et jamais j’l’ai entendu parler aussi glacé comme ça, Jasmin m’disait :

— Exactement. Je ne veux pas partager avec l’Ombilic parce que l’Ombilic est fourbe, cachottier, et je refuse, vous m’entendez ? Je refuse de donner sur un plateau d’argent ce que j’estime être une véritable avancée alors que voilà des années que je n’ai cessé de faire du surplace dans mon exploration du Flux. Vous voyez cette cicatrice, là ?

Jasmin l’a subito planté son doigt sur sa joue et ça l’était tellement rouges ses yeux que j’ai glaçouné.

— C’est la marque qu’ils m’ont faite le jour où j’ai été banni de l’Onde. Petite, discrète, et pourtant impossible à rater. Impossible à cacher. Impossible à oublier. Ce n’est qu’une brûlure, Jules, une minime brûlure, mais elle provoque des ravages considérables sur chacun des bannis qui la porte. À chaque croisée de miroir, nous nous rappelons ce que l’Onde nous a fait. Durant chacune de nos conversations, nous savons que le ou les interlocuteurs ne voient que ça. À chaque fois que nous sortons dehors, nous craignons croiser un Ondé qui nous étiquetterait « traître ! » ou « personne indigne de confiance ! ». À chaque fois que nous nous éloignons trop de là où nous avons trouvé refuge, nous redoutons rencontrer un Grisœil qui nous emmènerait aussitôt qu’il voit la cicatrice. Pour mieux dire : c’est une vie de peur et d’humiliation que nous écopons. Onze ans, Jules. Onze ans que je suis bloqué dans cette Brocante et ses petits environs, alors excusez-moi si j’éprouve quelques réticences à vous livrer à l’Onde, mais j’estime que le mouvement a trop démontré sa perfidie par le passé pour avoir confiance en son jugement. Eustache aussi se méfie, Eustache aussi a ses raisons de s’opposer à lui. S’il y est encore, ce n’est que pour récupérer des informations qui pourraient nous être utiles.

Toujours plus c’était la fulmine dans sa tête. Avec ouragan, il m’a pointée du doigt :

— Donc voilà, à présent tu sais tout, Jules.

J’frisson à cause qu’il passe au tutoiement et j’comprends pas pourquoi. Heh ?

— Et maintenant, continue-t-il, je te laisse le choix : soit tu restes avec nous, et ensemble on essaie d’en savoir plus sur le violoncelle, trouver le vivème de Noée, exercer la véritable Poétique, et avec un peu de chance retrouver Achronie. Soit on avertit l’Ombilic, comme Eustache est censé le faire, mais alors ne viens pas pleurer par la suite et me dire que tu regrettes parce qu’ils t’auront utilisée, ou manipulée, ou brûlé la joue. Ils n’hésiteront pas, crois-moi.

J’me balançais en avant en arrière. J’ai grogné des fouillis-mots dans la bouche et Jasmin m’a demandé :

— Qu’est-ce que t’as dit ?

J’ai dit que j’pouvais tout aussi bien fuir. J’ai dit que j’pouvais tout aussi bien aller voir Siloé pour qu’elle m’aide à contrôler Spectrette et m’débarrasser d’Naïa et tiens même aussi de l’Onde que j’découvre archi moisissard.

— Rien.

Brusquette, Jules s’est levée. La couv’ croule à terre, envole des nuagipoussières. Ses jambes chavirent un court instant, ça pointille noir aux yeux avec sa migraine qui revient, mais Jules se r’prend vite et, après avoir récup’ son équilibre, marche s’taille la tête haute, les pieds rapides et fraudeurs. Cling-cling, elle s’éclipse dehors où, à peine la porte ouverte, le ramdam de la Ville Gueulardère lui frappe le corps. Ça lui tenaille encore plus le crâne, les moteurs vrombroum-broum, les klaxons, les cris, les marteaux piqueurs, mais elle continue, toujours elle continuera. Jules s’en va glissante sur les trottoirs, désirant s’volatiliser dans la hurlée’foule et qu’on l’y retrouve plus. C’était pas d’l’avis d’Eustache qui lui court après et qui brame :

— Jules ! Attends, tu peux pas partir comme ça ! Ça se fait pas et tu… tu peux nous aider !

J’roule des yeux au ciel. J’continue tout en beuglant par-dessus l’barouf-au-boulevard :

— T’façon Spectrette est insup’ elle dit jamais rien ! Avec Jasmin, vous espérez grave dans l’vide !

— Et si je te disais qu’on pouvait non seulement voir mais aussi maîtriser les idéelles ? La maîtriser, alors ? Lui faire cracher l’morceau sur ce que contient le violoncelle qui lui a appartenu, par exemple ?

Aussitôt, j’paralysie. Arrêtée là, au milieu des ville-trotteurs et d’leur affolement. Transpi-puants, râleurs, on passe à ma droite, à ma gauche, froisse mes fripes, m’bouscule partout l’épaule, les bras, sans que personne s’excuse jamais. J’me retourne toutefois pas, sens Eustache l’distingoth’ doucement s’approcher dans mon dos. Maîtriser, maîtriser ? Exact’ ce que me propose Siloé ??

— Tu connais pas Océane, lâché-je avec tremblouille. Tu sais pas à quel point elle en fait qu’à sa tête.

— Quand on parvient à placer l’Anima dans une gemme à maître, son contrôle est nettement plus facile, explique-t-il. Plus dirigé, parce que l’Anima est arrimé à un objet en particulier, un objet qui t’appartient à toi seul, un objet dont il ne peut lui-même se libérer. Ce n’est pas comme maintenant, tu comprends ? Où Océane a la possibilité de sauter d’une gemme à l’autre, d’un lieu à l’autre, sans que rien ni personne ne la contraigne dans ses mouvements. Et c’est ceci qui la rend aussi fugace et capricante... tu vois ? Et tout ceci, c’est sans parler du fait que…

Eustache hésite. Il hésite, sous l’vagissement du gosse en fond d’poussette, sous l’klaxon du camion arrêté au feu.

— Enfin Jules, fatigue-t-il alors. C’est aussi une affaire d’apprentissage personnel. Un qu’on peut précisément t’offrir avec Jasmin. Avec toutes les idéelles de la Brocante, il y a matière à s’exercer à la Poétique… Certes beaucoup de notions nous échappent encore, mais nous en connaissons les bases et c’est une éducation qui te sera utile pour tellement de choses ! Comme t’apprendre à gérer tes émotions, sonder ton esprit, arpenter ton monde intérieur. Toute l’idée que tu te fais de la vie, des gens. C’est un art qui t’apprendra à mieux te connaître, toi. Qui t’éclaire pour ce que tu es vraiment. Car enfin, tu ne t’es jamais posée la question, Jules ? Qui es-tu vraiment ? Que veulent dire nos idéelles ? Nos mivages ? Ne sont-ils pas le reflet de ce que nous sommes ? Qui sommes-nous alors, et quel est le sens que nous donnons à nos pensées, à nos actions, à nos existences… à la vie, tout simplement ?

Les yeux brouillés, j’observ’explore les gens rôder dans l’immense boul’vard. Mon regard tombe sur l’béton, les voitures, les camions, les taxis, les passages piétons, les trottoirs, les bistrots, les commerces, les échoppes, les cinoches, les théâtres, les panneaux publicitaires, les buildings, la populas autour, nos cris, nos injures, nos impatiences, puances, bruyances. Mon visage s’lève en direction du soleil là-haut, cinglant et épuisant. Il s’entasse sous le ciel qui crachotte un air ‘touffant. Mais moi j’en sais rien, fichtre, quoi penser d’tout ça, bien que j’entende, assez clairement, tout c’qu’on a construit d’si moche et regrettant. Savoir c’qu’on est ? Trouver l’sens dans c’bloc d’bitume, c’tas d’absurdité ? Est-ce qu’on peut seulement l’trouver ? La compresse au ventre, j’finis par virer loin l’angoisse des questions. J’plisse l’front. J’fixe c’point noir au fond de l’horizon. J’glisse les mains dans les poches du pantalon. Gorge affreuse serrée, comme rar’ment mon propre souffle m’a étouffée. Et comme ça, à l’Eustache, j’rochonne que j’ai besoin d’réfléchir. Et comme ça, loin d’Eustache, j’m’en suis partie, seule et minable tout devant.

J’ai erré. Longtemps. Dans la noirceur du bruit qui m’explosait la tête. Au milieu de l’afflux-peuple, où partout ça troupeau comme du bétail, stupiots salariés aux ch’veux gominés, ch’mises blanches, chaussures noires-lustrées. C’est pas dans mes habitudes, pourtant, d’penser à la vie. Mais là, terrible comme j’en avais l’envie. J’marchais j’musardais, ramassant tout c’que j’savais et tout c’qu’on m’voulait. Toute à la récapitule, c’était : Siloé veut détruire Naïa et l’Onde, pask’ trop dangereux. Du moins c’est c’qu’elle affirme. L’Anima d’Océane pourrait l’y aider selon elle. Jasmin pis l’Eustache veulent apprendre la vraie Poétique et retrouver Achronie. L’Ombilic veut on sait pas trop quoi, ou alors juste continuer son p’tit trafic d’drogues tranquilou-bilou dans son coin. Océanette pis Célestette veulent l’retour du Pandé’, et ça passe par moi qui j’change des vivèmes toussa, encore que j’sais pas comment j’ferai ça. Mais en gros si j’ai bien capische c’est recréer des soldats naïens qui fouterait la destruction partout quoi. Être « maïtre-Naïenne » comme Noée  Elévie avant moi. Océanette toute seule l’y veut retrouver Noée. Juste Noée sa fille. Et moi, au milieu d’toutes ces convoitises, bah moi c’est simple : j’veux rien d’tout ça. V’là.

C’est vrai quoi. Après tout, j’suis Lunéenne et tout c’qui tourne autour des mivages, ça m’concerne que dalle. J’shoote un caillou. Et pis même ! Ok, imaginons que ça m’concerne un soupçon peu. Eh bein, ça change absolum’ rien puisque moi, quoiqu’il arrive, jamais j’choisis un camp. La loyauté ou quoi, le dévouement à une cause, c’est pas mon truc à cause que ça m’enlève toute ma liberté. Féroce comme j’y préfère de loin ma royale insoumission… ¡¡ Oué, total’ ça ! Donc, que ce soit klar : si j’choisis d’rester dans la Brocante malgré tout, c’est justement pour m’les extirper toutes ces responsabilités. Et même… même… et même si ça signifie dire adios à Spectrette.

Le plan, y’a rien d’plus simple : une fois que j’aurai tout appris à maîtriser Océanette avec les bases d’la Poétique, j’la fiche dans une gemme à maître que moi seule j’pourrai ouvrir pis fermer. Dans l’vio’, pourquoi pas ? Comme l’y était un jour à elle ? Et alors, quand on s’y attendra le moins, j’partirai, vivi’ lourdo sur l’dos, dans l’intention évidente d’me délivrer de Spectrette qui m’impose trop d’choses avec vilaino-Naïa.

Sifflotant à l’indiscipline, j’prendrai un bateau cahotant, j’glisserai au milieu de l’Océan. Loin, loin des gens-teignes et d’la Ville Révolutionnaire. Minuit viendra, la macule du ciel avec, et moi, alors que les marins feront roupille, bercés par les vagues chuchoteuses, j’monterai sur l’pont où personne ne vit, ombre furtive au milieu de la nuit. Là-haut, il y aura la Lune, la seule chose d’encore viv’éveillée, qui coulera une main sur mon visage éreinté. Vidée, j’lèverai la tête. J’regarderai le ciel avec nostal’vie, comme si y’avait vraiment des trucs à r’gretter et que la vie m’était indispensable en même temps qu’obligée. J’écouterai le bateau forer les flots, l’Océan bleuir la coque. J’me balancerai dans l’air chaud du soir, la peau collante d’sel et d’sueur. Et pour la toute dernière fois d’ma vie, j’dégagerai l’archet, m’assoirai quelque part, jouerai quelque chose, n’importe quoi. Des broutilles, des éclats d’misère, tout ce que j’tiens d’enfermé dans la poitrine. Ce s’ra la seule fois où j’offrirai mes émotions à la vie, filées dans l’oscillation du son et l’fugitif d’la musique. Ce s’ra tout c’que j’voudrai éliminer hors d’moi, tout l’triste qui s’éclipsera dans la faille du ciel où le monde pleure si facile. À c’moment-là, p’t-être, j’me sentirai un peu responsable d’la beauté du monde, car lorsqu’enfin j’me lèverai, ayant fini d’vibrer à la peine, ce s’ra pour leur enlever à tous la possibilité de s’autodétruire.

Oui. Je s’rai là. Les lèvres gercées à la guerre et la poussière. Le souffle néanmoins gorgé de sable et d’azur. J’monterai l’bras, au bout duquel pendra le violoncelle, et sans un seul r’gard pour tout c’qui m’aura précédé, ni tout c’qui viendra, j’jetterai l’instru’ au milieu du bleu présent. Son chant. Sa haine. Ses promesses d’vengeance. Pour qu’on oublie tout ça, s’oublie, au lieu d’constamment r’sasser l’passé et battre l’avenir. C’est à peine si on entendra l’vio’ ploufer au milieu du ronflement des vagues. À la fin, il restera plus que Jules défiant l’Océan, mordant sur sa lèvre l’interdiction muette de flancher, persuadée qu’il est de ces combats qu’il ne vaut mieux pas mener. Capitalement seule, pauvre en besoins, enfin elle soufflera à la liberté, maître absolue des mers et des terres. Elle dégagera le r’gard en direction des astres qui commandent rien du tout. Pis, tandis que ses mains serr’ront la rambarde à s’en blanchir les phalanges, alors que ça faisait si longtemps qu’elle n’avait pas osé, Jules sourira. C’sera un vrai sourire cette fois, un qui transporte l’hystérie de l’abandon, tant il existera plus personne pour la trahir, lui laisser c’goût âcre dans la bouche lorsqu’elle y a cru mais que jamais elle aurait dû. Et comme ça, elle craquera à la folie des gens qui n’ont plus rien à perdre. Elle rira d’voir qu’il n’y a personne, que l’monde se dépeuple et que c’est bientôt l’vide, qui l’attend. Mais un vide qui lui donne l’vertige, l’ivresse de vivre. Un vide avec lequel elle a toujours aimé flirter sans vraiment oser y glisser. Un vide dans lequel elle s’laissera cette fois aspirer. En roue libre. Sans plus s’arrêter, petite clarté. Qui danse et qui s’en va, sans plus s’retourner, ivre de solitude et de lèvres riant l’dépit de vivre. Celui que jamais, probab’, elle s’avouera.

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Edouard PArle
Posté le 21/02/2024
Coucou Louison !
Ce chapitre permet de clarifier plusieurs points, les antagonismes au sein de l'onde, le positionnement de Jasmin. J'aime bien le fait que Jules ne lui accorde pas spécialement confiance, soit très méfiante. Comme on a son point de vue, c'est donc difficile de savoir qui est "gentil" "méchant" ou du moins bienveillant. Ceci étant, j'ai encore un peu de difficulté à faire tous les liens entre toutes les informations liées à l'univers reçues dans les derniers chapitres, et à faire le lien entre Nova et Jules.
Sinon, un immense bravo pour cette fin de chapitre ! A partir de "Sifflotant à l’indiscipline, j’prendrai un bateau cahotant, j’glisserai au milieu de l’Océan." jusqu-à la fin du chapitre, c'est une masterclass d'écriture ! J'ai été beaucoup touché par ces deux paragraphes, pour leur beauté mais aussi pour les idées développés. L'insoumission, la liberté avec le thème de l'océan, j'ai trouvé ça superbe ! Je trouve qu'on touche là à ce que tu fais de mieux avec le personnage de Jules.
Un grand plaisir !
A bientôt (=
Louison-
Posté le 03/03/2024
Hello Edouard ! Merci pour ton retour et ta lecture :D

C'est chouette si on arrive pas exactement à déterminer qui est "gentil" ou "méchant", j'ai bien envie que ça soit un peu nuancé dans chaque camp :) Oui je comprends sinon que tu aies du mal à créer des liens entre toutes les informations du wb, il est beaucoup trop complexe et je me demande jusqu'à quel point certaines nuances/complexités ne nuit pas à la clarté globale de l'univers ! A terme je pense que je vais essayer de supprimer certaines choses. Quant au lien entre Nova et Jules : haha oui c'est vrai que pour l'instant il y en a pas tant, mais ça va venir :)

Merci sinon pour tes compliments au sujet de la dernière partie ! Je me souviens avoir beaucoup aimé écrire ce bout alors je suis contente si ça se transmet à la lecture, surtout si on ressent bien le désir de liberté de Jules :D

Bisouu !
dodoreve
Posté le 20/02/2023
(Retomber sur l’Onde et le mouvement Naïa, même si c’est précisément au moment où Jasmin explique à Jules de quoi il s’agit, ça me conforte une fois de plus dans l’idée que ce serait pas plus mal d’avoir un lexique)

« Trois gosses qui avaient vécu la Guerre en faisaient partie : Jules Orion, Léon Ariel et Noée Elévie. C’sont eux qui ont fondé l’Onde, avec une politique et philosophie toutefois différente d’Naïa. » Euh gosses c’est-à-dire : quel âge ? Parce que pour fonder un mouvement comme ça hein ? Ou alors c’est gosse dans le sens « enfant de » ? (ce serait le cas avec Noée Elévie après tout)
(Je pose les questions mais c’est pas tout à fait pour des incohérences, juste que ça m’interroge)

« Par exemple, aujourd’hui, il y a un tas d’sous-groupes bien organisés où chacun joue son rôle. Il y a les gemmeurs, qui rapportent la vérité dans une Histoire distordue. Il y a les éducateurs, qui écrivent les tracts et sensibilisent la population aux idéelles et vivèmes. Il y a les penseurs, qui réfléchissent aux conditions nécessaires pour fonder un monde juste. Il y a les graffeurs, qui ramènent l’art dans la rue et protestent en couleur. Il y a les épieurs, infiltrés à l’Observatoire. Il y a les animateurs, qui mènent une chaîne de radio contestataire. Il y a un tas d’autres groupes et il y a l’Ombilic, le noyau central, composé de cinq personnes, qui régente un peu tout ça. » Ça fait sens d’expliquer tout ça puisque tu dis que le groupe voulait davantage d’ordre, mais je me demande tout de même si ça n’alourdit pas toutes les infos qu’on a en tête ? Le début de ton histoire est chargé d’explications et je me demande si ça ne nous allégerait pas de garder ces détails pour plus tard.

Après je vois qu’on a besoin de savoir ce que c’est qu’un gemmeur pour savoir quel était le rôle de Jasmin, mais peut-être que le prendre comme exemple seul permettrait d’éviter la liste qui précède ? (Je balance l’idée mais bien sûr à toi de voir si c’est une solution ou juste une possibilité que tu ne suis pas hein)

« À la lisière de l’éternuement, j’ai ouvert la bouche pour ‘tchoumer, rien n’est v’nu, ça m’a tout piqué les yeux. Fichtre. Ça voulait plus. » J’aime tellement ces petits bouts qui font complètement vivre le dialogue et les personnages. Merci pour ça <3

« Ce qui est sûr : longtemps, l’Onde a pourchassé Noée et Jules sans jamais les attraper de leur vivant, si bien qu’assez vite on s’est résolus à trouver plus que leur vivème. » Je t’avoue ne pas comprendre : « trouver + que leur vivème » ou « ne plus trouver que leur vivème » ? Parce que l’option 1 je vois pas ce que ça donnerait (trouver le mivage lui-même ? Ça me semble impossible vu les conditions qui leur sont laissées)

Par rapport à Jasmin qui ne croit plus en l’Onde, je trouve que ça pose carrément question : vu tout ce qui se répète et ses groupes qui ne mènent à rien, on devrait donc comprendre qu’on ne peut plus croire qu’en soi-même et ne faire confiance à personne ? C’est clairement dans la logique de Jules, mais là où Nova peut s’en sortir avec Max (et le bo pouvoir de l’amitié), je vois pas trop comment la Jules elle va faire avec ses déductions

Ok, du coup c’est Jasmin qui lui impose un choix : c’est carrément cohérent d’un point de vue narratif (je crois lol parce que qui suis-je sinon débile) et je sais pas ça me parle oui

« J’me balançais en avant en arrière. J’ai grogné des fouillis-mots dans la bouche et Jasmin m’a demandé :
— Qu’est-ce que t’as dit ? »
Sache que ça m’a beaucoup, mais alors BEAUCOUP, fait rire. Parce qu’on sait fraîchement que ce tutoiement perturbe Jules et parce qu’on l’entendait bougonner avant que Jasmin s’adresse à elle pour l’en sortir et je sais pas. J’aime bien cette dynamique et surtout : je l’ai ressentie

Ça m’étonne que l’idée de maîtriser Spectrette ça indigne pas complètement Jules ?

« C’est aussi une question d’entraînement. Un qu’on peut précisément t’offrir avec Jasmin. Avec toutes les idéelles de la Brocante, il y a matière à s’exercer… Et puis, c’est un entraînement qui te sera utile pour bien d’autres choses encore ! Comme t’apprendre à gérer tes émotions, sonder ton esprit, arpenter ton monde intérieur. Toute l’idée que tu te fais de la vie, des gens. C’est un art qui t’apprendra à mieux te connaître, toi. Qui t’éclaire pour ce que tu es vraiment. Car enfin, tu ne t’es jamais posée la question, Jules ? Qui es-tu vraiment ? Que veulent dire nos idéelles ? Nos mivages ? Ne sont-ils pas le reflet de ce que nous sommes ? Qui sommes-nous alors, et quel est le sens que nous donnons à nos pensées, à nos actions, à nos existences… à la vie, tout simplement ? » Très cool, à la fois je vois clairement les enjeux qui peuvent se dessiner pour l’histoire, et puis comme on connaît suffisamment Jules là on se dit que ce serait du grand wow si elle se lançait là-dedans, du coup ça donne mais tellement envie de voir ça !

« Le souffle néanmoins gorgé de sable et d’azur. » (et toute l’errance de Jules là en fait jpp c’est si beau et triste et elle)

Cette fin aH si mélancolique ! Et le retour de « petite clarté » ? Du coup je sais pas, ça veut dire qu’elle répond un peu à l’adresse de Céleste qui l’appelait comme ça ? Elle s’y reconnaît ? Je la trouve carrément plus complexe que dans la première version alors que j’y voyais aucun problème initialement, c’est assez cool de voir jusqu’où tu pousses les choses et la réécriture. Puis j’aime trop tes personnages oui <3

voilà pour mon petit passage !
bonne nuit (:
Louison-
Posté le 25/02/2023
(okkk je prends note pour le lexique, je le mettrai en place dès que j'aurai fini mon 2ème jet ! Comme j'ai bientôt fini ça devrait pas trop tarder ^^)

« Trois gosses qui avaient vécu la Guerre en faisaient partie : Jules Orion, Léon Ariel et Noée Elévie. C’sont eux qui ont fondé l’Onde, avec une politique et philosophie toutefois différente d’Naïa. » Euh gosses c’est-à-dire : quel âge ? Parce que pour fonder un mouvement comme ça hein ? Ou alors c’est gosse dans le sens « enfant de » ? (ce serait le cas avec Noée Elévie après tout)
(Je pose les questions mais c’est pas tout à fait pour des incohérences, juste que ça m’interroge) >>> oué t'as raison de poser la question, je vais peut-être enlever la mention "gosse" et juste dire que ce sont eux qui l'ont créé par après ! Parce qu'effectivement ça interroge. Merci d'avoir noté ça !

Pour les diverses rôles de chacun au sein de l'Onde : roh oui t'as raison ça fait trop, je vais probablement enlever ! Faut que je fasse la chasse à ces ptits éléments que je peux chasser de mon texte parce que cette réécriture est waaaay trop longue et bon, plein de trucs sont pas nécessaires, comme là ^^

« Ce qui est sûr : longtemps, l’Onde a pourchassé Noée et Jules sans jamais les attraper de leur vivant, si bien qu’assez vite on s’est résolus à trouver plus que leur vivème. » Je t’avoue ne pas comprendre : « trouver + que leur vivème » ou « ne plus trouver que leur vivème » ? Parce que l’option 1 je vois pas ce que ça donnerait (trouver le mivage lui-même ? Ça me semble impossible vu les conditions qui leur sont laissées) >> Oui c'est l'option 2 ! Merci d'avoir noté du coup cette incompréhension (hm syntaxique ? Est-ce que tu comprends du coup où je veux en venir ou même avec l'option 2 c'est pas clair ?)

"Par rapport à Jasmin qui ne croit plus en l’Onde, je trouve que ça pose carrément question : vu tout ce qui se répète et ses groupes qui ne mènent à rien, on devrait donc comprendre qu’on ne peut plus croire qu’en soi-même et ne faire confiance à personne ?" >> AHAHAHA, oui, on en discutait y'a longtemps avec Momo mais on se disait : en fait les Portiers c'est personne n'est d'accord avec personne et tout le monde a un ego surdimensionné ce qui fait que chacun est convaincu qu'il est celui qui apportera la solution à tout :')) Quant à savoir comment Jules va s'y retrouver au milieu de tous ces gens pas d'accord : à voir dans la suite ^^ Pour le moment c'est le déni profond je solo qu'on me foute la paix, mais ça va évoluer et faudra bien un jour qu'elle prenne parti :) (même si c'est son parti rien qu'à elle, à savoir celui de la liberté éternelle lol, quand je dis que personne n'est d'accord avec personne)

ahaha pour Jules qui bredouille dans sa barbe : heureuse si ça t'a fait rire comme ça !

"Ça m’étonne que l’idée de maîtriser Spectrette ça indigne pas complètement Jules ?" >> oué de ouf, c'est contradictoire et un perso le lui fera remarquer bien plus tard que c'est pas ouf d'emprisonner Spectrette mais Jules lui claquera une réponse que tu découvriras (tavu comme je te tease) mais voilà, une part de Jules est trop en colère je pense contre Spectrette qu'elle se dit qu'elle le mériterait bien.

"Je la trouve carrément plus complexe que dans la première version alors que j’y voyais aucun problème initialement, c’est assez cool de voir jusqu’où tu pousses les choses et la réécriture. Puis j’aime trop tes personnages oui <3" >> Mouh merci, heureuse que tu perçoives cette évolution de Jules par rapport au premier jet <3 Ca me rougiole de plaisir ^^ Et chouette si t'aimes les persos, comme je les perçois plus complets que dans la première version ça me fait aussi plaisir !

Et c'est toute ta lecture qui me fait plaisir ! Alors immense MERCI dodo pour ton passage, vraiment <3 ça réchauffe mon pitit koeur !

Plein de poutouxxxxx sur toi ! (et merci encore)
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