La huitième semaine de cours avait commencé avec un ciel bas, comme si l'automne avait soudain décidé de tout engloutir dans ses teintes grises et brunes. Le lycée, habituellement agité par les éclats de voix, semblait ralenti, presque étouffé par ce voile de saison. Les élèves ne parlaient plus que des vacances qui approchaient. Certains comptaient déjà les jours avant de retrouver leur famille ou de voyager, d'autres plaisantaient à propos des cadeaux qu'ils recevront pour Noël. Arwen, elle, restait en retrait. Chaque fois qu'une conversation dérivait vers les projets de vacances, elle détournait le regard, consciente qu'elle n'avait rien de spécial à attendre de ces jours de pause. Sa tante Amy, comme son frère, travaillait beaucoup, et ses propres pensées ne faisaient que se perdre dans un brouillard de questions non résolues.
Ce matin-là, dans le couloir, elle marchait aux côtés de Nelly. L'énergie vive de son amie contrastait avec son propre silence. L'afro-américaine, toujours joyeuse d'habitude, semblait pourtant distraite. Elle lançait des coups d'œil rapides vers Layla, qui discutait non loin avec deux autres filles. Sa voix était enjouée, son sourire parfait, mais quelque chose dans son attitude mettait Nelly sur ses gardes. Arwen le remarqua, mais son amie ne fit aucun commentaire. Ce n'était plus des paroles qu'elle utilisait désormais pour exprimer ses doutes : c'était son regard, tendu, parfois méfiant. La jeune fille sentit ce changement comme une pression invisible, mais elle préféra ne rien dire. Elle n'avait pas envie de rallumer une conversation qui finirait peut-être en dispute.
— Tu feras quoi pendant les vacances ? demanda Nelly après un silence.
Arwen haussa les épaules, incapable de répondre autrement.
— Rien de spécial... Et toi ?
— Je pars quelques jours chez ma famille, dans l'État voisin. Mais avant, tu viens avec moi. Un après-midi, juste nous deux. Promis, tu vas pas t'ennuyer.
La brune hésita. Les propositions de sortie avaient toujours pour elle une saveur étrange : elle redoutait l'idée de se retrouver dans des lieux nouveaux, face à des sourires qu'elle n'était pas sûre de mériter. Pourtant, le ton de Nelly ne laissait aucune place au refus. C'était comme une main tendue qu'elle aurait honte de repousser. Alors, elle finit par acquiescer d'un signe discret de la tête.
Le reste de la matinée passa dans une succession de cours sans relief. Mais l'attention d'Arwen fut happée lorsqu'elle croisa Liam, au détour d'un couloir. Il ne se contenta pas de détourner les yeux cette fois : il la regarda droit dans les siens, quelques secondes trop longues pour être anodines. Pourtant, ce regard n'avait rien de bienveillant. Ses yeux sombres, d'ordinaire voilés par une indifférence tranquille, semblaient glacés, comme s'il cherchait à mettre une distance infranchissable entre eux. Arwen sentit une crispation dans sa poitrine. Elle ne comprenait pas ce qui avait changé. Les rares instants de complicité qu'ils avaient eus auparavant lui revinrent en mémoire, et chacun paraissait s'effacer sous cette nouvelle froideur.
Elle détourna les yeux la première, mais le malaise persista longtemps après qu'il eut disparu dans la foule. La voix de son professeur en classe lui parut lointaine, presque brouillée, comme si son esprit s'était détaché de la réalité.
À la pause de midi, elle retrouva Nelly dans la cour. Elles s'installèrent sur un banc, sous un arbre déjà presque nu. Les feuilles mortes s'accumulaient autour d'elles, craquant doucement sous les pas des élèves. Son amie parlait de tout et de rien, mais l'adolescente sentait qu'elle gardait une partie de ses pensées pour elle. À chaque fois que Layla passait à proximité, son sourire s'effaçait imperceptiblement, remplacé par un froncement de sourcils à peine visible. Arwen, sans vouloir relancer le sujet, comprenait ce que cela signifiait. Elle aussi continuait à percevoir quelque chose d'étrange chez Layla, mais elle refusait toujours de mettre des mots dessus.
— Tu rêves, ou tu écoutes ? lança Nelly en riant.
Arwen secoua la tête.
— Désolée, je pensais à... autre chose.
— À quelqu'un, plutôt, ajouta son amie avec un sourire en coin.
La brune sentit ses joues chauffer mais détourna aussitôt le visage. Elle ne répondit pas, et Nelly ne chercha pas à insister. Pourtant, le silence qui suivit parlait pour elle : il y avait bien quelqu'un qui occupait ses pensées, mais elle n'avait aucune envie de prononcer son nom.
Le soir venu, de retour chez sa tante, Arwen s'enferma dans sa chambre. La maison était calme, Amy travaillait tard encore une fois. Elle alluma sa lampe et sortit le vieux carnet qu'elle avait trouvé plusieurs semaines plus tôt. Depuis, elle n'y avait jeté que de rapides regards, incapable de comprendre l'écriture effacée. Mais ce soir, en tournant une page, elle remarqua quelque chose de nouveau.
À la lumière chaude de sa lampe de chevet, certaines lignes à peine visibles semblaient se réveiller. Les lettres, jusque-là effacées, apparaissaient par fragments. Arwen fronça les sourcils et approcha son visage. Les mots étaient incomplets, brisés, mais deux d'entre eux se distinguaient avec une netteté glaçante : "alliance" et "sang".
Un frisson lui parcourut l'échine. Pourquoi ces mots ? Quelle signification pouvaient-ils avoir, dans un carnet qui appartenait autrefois à quelqu'un de sa famille ? Était-ce lié aux gangs dont elle devinait déjà l'ombre sur sa vie, sans oser encore y croire totalement ? Elle resta longtemps à fixer ces lettres, comme si elles allaient soudain se réorganiser pour livrer un secret entier. Mais rien de plus n'apparut.
Elle referma le carnet avec un soupir, consciente que ces fragments ne faisaient qu'ajouter à ses interrogations. Ses pensées se tournèrent malgré elle vers Liam. Était-il, lui aussi, lié à ce mystère ? Sa froideur soudaine avait quelque chose de calculé, presque comme si quelqu'un lui avait ordonné de garder ses distances. Mais pourquoi ?
La nuit avança, et Arwen resta éveillée plus longtemps que prévu. Par la fenêtre de sa chambre, elle regardait les feuilles tomber, éclairées par la lumière des lampadaires. Elles s'enroulaient dans l'air, puis se posaient au sol avec la lenteur d'un cycle inévitable. Elle pensa que, peut-être, sa vie suivait le même mouvement. Ses repères s'effritaient un à un, comme ces feuilles mortes quittant leur branche. Et en dessous, un sol inconnu l'attendait, prêt à l'accueillir ou à l'engloutir.
Elle se serra dans sa couverture, comme pour se protéger de ce pressentiment. Les vacances approchaient, mais elle avait la sensation qu'elles ne lui offriraient pas la paix qu'elle espérait. Au contraire, tout semblait converger vers une vérité plus sombre, plus lourde, qui finirait par se dévoiler tôt ou tard.
OMG. Et si les parents d'Arwen faisaent parti d'un gang ou quelque chose dans le genre, et qu'ils étaient en "alliance" avec un autre gang mais quelque chose s'est passé entre eux et la mort des parents d'Arwen n'étaient au final tout sauf un accident ? Et que Layla est là pour surveiller Arwen afin de l'empêcher de découvrir toute la vérité ?
Désolé je suis trop impliquée dans l'histoire MDRR
Et un grand merci pour tous tes retours ça me fait très plaisir <3
En ce moment j'ai pas trop le temps de lire la suite de ton histoire mais je vais essayer ^^